Nous avons reçu Jonathan Millet, réalisateur.
Il nous parle de son premier long-métrage de fiction « Les Fantômes », qui suit le parcours d’Hamid, un exilé syrien sur la trace de son ancien bourreau, au cinéma dès aujourd’hui.
Le film est né d’un long travail d’enquête sur les cellules d’exilés syriens chargées de débusquer les criminels de guerre du régime de Bachar al-Assad et de Daesh qui ont tenté en Europe de se faire oublier.
Ce film est inspiré de faits réels.
Il nous parle de son premier long-métrage de fiction « Les Fantômes », qui suit le parcours d’Hamid, un exilé syrien sur la trace de son ancien bourreau, au cinéma dès aujourd’hui.
Le film est né d’un long travail d’enquête sur les cellules d’exilés syriens chargées de débusquer les criminels de guerre du régime de Bachar al-Assad et de Daesh qui ont tenté en Europe de se faire oublier.
Ce film est inspiré de faits réels.
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00:00Petit à petit, le sujet de la Syrie est vraiment délaissé, comme si une guerre en chassait une autre.
00:04Le premier invisible qui m'a intéressé, c'est évidemment cette histoire de Syriens qui luttent pour la justice internationale.
00:11Je commence à entendre parler de chasseurs de preuves, qui sont donc des Syriens en Syrie,
00:16qui, dans l'idée qu'un jour il puisse y avoir une question de justice, locale ou internationale,
00:21se disent qu'il faut collecter des preuves qu'il y a eu de la torture.
00:24Donc ils essaient de garder des photos, des témoignages de fossoyeurs, des témoignages de gens qui sont passés par les prisons,
00:31pour prouver que Bachar el-Assad a bien utilisé la torture contre son propre peuple.
00:34Au-delà de ça, le film c'est aussi le portrait d'un homme, le portrait d'Amid,
00:38et j'avais envie de raconter à travers lui un autre invisible, c'est-à-dire celui du trauma.
00:42Une fois qu'on est arrivé dans le pays visé, soit la France, l'Angleterre, l'Allemagne,
00:48en fait on transporte en soi des traumas dont on met des mois ou des années à se remettre.
00:53Et donc il y a toujours une injonction de « mais regarde ici, on va t'aider, il va y avoir de l'argent, de la possibilité de travailler, une possibilité de vie meilleure. »
01:00Mais en fait quand ces traumas ne sont pas écoutés, soignés, aidés,
01:05et bien malgré tout, ces exilés transportent en eux, on appelle ça la mémoire de la douleur, des espèces de nébuleuses de nerfs,
01:11qui fait qu'un son, une situation, un mot, redéclenchent immédiatement un trauma,
01:19c'est-à-dire toutes les images absolument insoutenables auxquelles ces gens ont été confrontés,
01:24que ce soit encore une fois des deuils dans le pays d'origine ou la dureté de la violence de la route.
01:30J'ai voulu m'emparer de ça pour raconter à quel point l'arrivée dans un pays n'est pas la fin de toutes les problématiques.
01:37Et c'est aussi ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir raconter à quel point ce n'est pas une histoire qui ne se passe que dans le lointain,
01:41mais qu'on est tous partie prenante dans le fond de cette histoire.