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00:00Tout ça avec Gauthier Rybinski. Bonjour Gauthier.
00:02Bonjour Pauline.
00:03Un certain nombre de cadres du Parti Démocrate américain, Mathieu m'a bien l'évoqué,
00:06manifestent de plus en plus clairement leur souhait de voir nommer un ou une remplaçante à Joe Biden
00:12dans la course à la présidence américaine. Mais est-ce qu'il n'est pas trop tard ?
00:16Si vous voulez, le pari qu'avait fait le Parti Démocrate et ses représentants, ses têtes pensantes,
00:23c'était qu'au fond, quand on regarde les deux candidats, certes Joe Biden n'est pas dans la meilleure des formes,
00:29mais vous aurez remarqué aussi que quand il parle d'une actualité la plus brûlante,
00:34que ça soit le Proche-Orient, que ça soit l'Ukraine, il est en général extrêmement pugnace et présent.
00:40Et donc l'idée du Parti Démocrate, c'est-à-dire au fond, est-ce que les citoyens, les électeurs,
00:46ne vont pas se rendre compte que d'un côté, il y en a un qui est peut-être en bonne santé, mais encore,
00:50mais qui dit des inepties, en plus de mensonges, et de l'autre, quelqu'un qui a peut-être une santé fragile,
00:56mais qui, lui, est au charbon. Le problème, c'est qu'il y a eu ce débat.
01:01Et que là, la difficulté pour Joe Biden, c'est que même sur des thèmes où il aurait dû être extrêmement à l'aise,
01:07l'avortement, les infrastructures, et qui sont des thèmes, le chômage, qui sont des termes qui lui profitent,
01:13où son action a été réelle, et bien même dans ces thèmes-là, il n'a pas marqué une forme de, non pas d'agressivité,
01:20mais là aussi de punacité qui aurait pu, qui aurait dû l'aider à montrer la vacuité et le vide de ce que représentaient
01:27les propositions de Donald Trump. Et là, évidemment, il y a grand doute, grand doute, parce qu'au fond, on se dit,
01:32si même dans les questions, dans les thématiques qui lui sont favorables, qui sont favorables aux démocrates,
01:38il n'est pas capable de marquer des points, alors quand on va lui mettre entre les pattes quelque chose comme
01:43les affaires de son fils, par exemple, dans lesquelles il n'est pas responsable, et il risque de s'en mêler encore plus,
01:49et de donner raison à son contradicteur. Le problème aussi, c'est que vous avez des électeurs qui sont, d'une part,
01:56extrêmement, mais ça c'est pas propre aux Etats-Unis, qui regardent beaucoup plus la forme que le fond,
02:01parce que sinon, le fond n'est pas très favorable à Donald Trump, et puis surtout, des électeurs, ça c'est très étrange,
02:08qui sont exigeants vis-à-vis du candidat démocrate, sur les affaires, sur sa santé, et qui par contre, sur Donald Trump,
02:16les électeurs de Donald Trump, acceptent n'importe quoi. Alors, on va pas faire la litanie, mais enfin, regardez par exemple,
02:22ce qu'était le puritanisme des républicains il n'y a pas longtemps, une affaire comme celle de Stobie Daniels,
02:27était quelque chose qui aurait dû être rédhibitoire pour le candidat. Non seulement une relation adultéride,
02:32avec une actrice pornographique, etc. La pudibonderie républicaine aurait, il y a dix ans encore, balayé ce candidat.
02:40Or là, elle l'admet, donc c'est là qu'il y a un problème pour les démocrates, c'est qu'ils sont encore dans des vieux réflexes,
02:47et pourquoi pas, c'est peut-être leur honneur, mais la donne a changé.
02:51Est-ce que ces remplaçants existent vraiment au sein du camp démocrate ?
02:55Oui, il y en a. Alors, Mathieu faisait allusion à Kamala Harris. Il y a deux problèmes. Kamala Harris, elle n'a pas prouvé...
03:03Elle n'a pas vraiment brillé pendant le premier mandat.
03:05Mais en même temps, il faut remarquer que ce n'est pas facile pour un vice-président ou une vice-présidente.
03:10Il est un petit peu là au cas où, donc c'est compliqué de se trouver un rayon d'action qui lui soit favorable.
03:17Mais il y a aussi le fait que rien ne dit, rien ne stipule que la vice-présidente,
03:23qui doit donc « régner » quand il y a une défaillance du président,
03:28mais rien n'est stipulant ce qui concerne la colistière dans une campagne.
03:32Est-ce que la colistière dans une campagne électorale doit être amenée à remplacer le président ou la présidente en fonction ?
03:40Et puis, il y a d'autres candidats. Mathieu faisait allusion à Pete Buttigieg qui avait fait une campagne remarquée.
03:47Il y a Gavin Newsom, le gouverneur de Californie. Il y en a d'autres.
03:51Le problème, c'est que d'une part, faire monter maintenant un candidat qui va devoir en 3-4 mois mettre les bouchées doubles pour être à la hauteur,
03:59avec un certain nombre d'électeurs qui seront déboussolés.
04:03Et puis surtout, encore une fois, l'idée que ce n'est pas forcément le fond qui va jouer,
04:08mais un certain nombre de questions anecdotiques ou relativement limitées.
04:14Je prends par exemple Newsom, le gouverneur de Californie qui a été maire de San Francisco.
04:19San Francisco qui a beaucoup pris en criminalité.
04:23Alors qu'encore une fois, Donald Trump et l'immensité de ses inepties, on ne lui en tient pas rigueur pour l'instant. C'est bien ça le problème.
04:31Joe Biden a toujours affirmé qu'il voulait protéger la démocratie américaine face à un Donald Trump
04:38qui préreprésente la tendance la plus à droite et la plus réactionnaire de l'histoire moderne du pays.
04:43Pourquoi dans ce cas ne perçoit-il pas l'extrême gravité de la situation actuelle ?
04:49Parce que son premier mandat n'est pas mauvais de ce point de vue-là.
04:53Il est largement imparfait, il est largement insuffisant.
04:56Quatre ans pour réduire la fracture dont on a souvent parlé,
04:59qui est non seulement sociale mais qui est politique, qui est culturelle.
05:02C'est deux mondes aujourd'hui aux Etats-Unis qui ne se parlent plus ou qui n'ont pas même le même langage.
05:07Donc c'est compliqué.
05:09Mais lui est persuadé qu'il n'a pas fait du mauvais boulot.
05:12C'est en partie vrai.
05:14À partir de là, la transition américaine, c'est qu'un président qui n'a pas fait un mauvais travail dans son premier mandat
05:19peut tout à fait rempiler pour un second.
05:21Et là, si vous voulez, c'est ne pas voir ce que prépare Donald Trump et son équipe.
05:27C'est-à-dire par exemple une mainmise totale sur la justice.
05:30Ils ont déjà la Cour suprême.
05:32C'est une régulation des libertés.
05:34Régulation, c'est un mot tendre que je donne.
05:37Régulation des libertés.
05:39Et n'oublions pas une chose aussi, c'est que le trumpisme, ce n'est pas qu'un mouvement politique.
05:43C'est une sorte aussi de société parallèle.
05:45Je vous donne un exemple pour terminer.
05:47Vous vous souvenez du candidat qui était opposé à Barack Obama,
05:53qui était le mormon et qui n'était pas vraiment à gauche, c'est le cas de le dire.
05:59Eh bien, aujourd'hui, Mitt Romney dépense 5000 dollars par jour pour lui, sa femme et ses enfants
06:05parce qu'il craint d'être assassiné par des hommes de main de Trump.
06:08Ça en dit aussi long sur ce que le trumpisme peut être et non pas quelque chose d'extravagant uniquement.