André Kaas coupable idéal malgré lui
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00:00Mais au ministère de la Justice, ils peuvent vous donner quoi ?
00:03La plus belle fille ne peut mettre que ce qu'elle a, ils n'ont rien à donner.
00:07Donc, ils peuvent vous donner des regatons, des pelures,
00:13rien, des déchets, l'obol.
00:16En gros, ils vous donnent 2,5% ou 2% de ce que vous avez perdu,
00:20et puis estime-toi content et dégage.
00:30Quand André Casse ne se relevera jamais véritablement de cette affaire.
00:50C'est quelqu'un qu'on a brisé, c'est quelqu'un qu'on a ruiné.
00:52Si le meurtrier a fait le pire, l'État français, lui, de son côté,
00:58ça a été pas mal non plus, il a complètement massacré ma famille.
01:01On s'est retrouvés à la rue du jour au lendemain.
01:02Je me suis retrouvé à devoir travailler à même pas 16 ans
01:05pour pouvoir subvenir à mes besoins.
01:07On a l'impression que la justice n'a pas trouvé
01:10et que presque elle lui a fait payer.
01:12J'estimais qu'on aurait pu l'anonymiser davantage sur certains critères.
01:17Quand vous êtes médiatique, les gens se disent c'est lui.
01:19L'affaire Casse, ce n'était pas que de la prison,
01:21c'était une couverture médiatique très impressionnante.
01:28Nouveau riche, obsédé sexuel, gros juif, assassin,
01:37rien n'a été épargné à André Casse après le meurtre de son épouse en 1992.
01:42Un meurtre qu'on l'a accusé d'avoir commandité
01:45et pour lequel il a passé 3 ans derrière les barreaux pour rien.
01:50Un homme ruiné, une famille bousillée,
01:53deux soi-disant complices injustement accusés,
01:56des magistrats désavoués, une indemnisation au rabais.
02:02Que sont devenus ces acteurs ?
02:04Qu'a changé cette affaire au niveau des lois,
02:06des investigations scientifiques,
02:08des méthodes d'enquête, de l'approche judiciaire,
02:11du droit des victimes ou encore de la réparation ?
02:14Avec Imen Gouali, nous avons décidé de retrouver les protagonistes de l'affaire Casse
02:18et d'analyser avec eux les conséquences et les répercussions de ce dossier hors normes.
02:26France Bleu, Haute-Normandie.
02:29André Casse est libre, mais il a tout perdu.
02:31Son épouse, son travail, sa maison, son argent
02:34et quelques belles années loin de ses enfants.
02:39Retour au 5 avril 1992.
02:42A l'époque, André Casse, sa femme Sylviane et leurs 4 enfants
02:46habitent une somptueuse villa aux alentours de Rouen,
02:49à Anneville-en-Bourville.
02:51Une maison tape à l'œil,
02:53dans laquelle la famille Casse mène une vie confortable et heureuse.
02:57Ce 5 avril 1992,
02:59la fille aînée de Casse veut aller au cinéma.
03:02Toute la famille décide de s'y rendre.
03:04Toute la famille, sauf la mère, Sylviane,
03:07qui se ravise au dernier moment.
03:09Au retour, c'est l'horreur.
03:11Sylviane Casse git dans sa chambre à l'étage.
03:15C'est moi qui ai découvert dans la chambre, bah...
03:17Grandon téléphone autour et crie le bébel, quoi.
03:20Madame Casse a d'abord subi des violences
03:23dans un escalier qui est maintenant à la cave,
03:25puisqu'on retrouvera des traces de sang.
03:27Et l'autopsie précisera ensuite
03:30qu'elle a eu un fort traumatisme crânien.
03:32Elle avait le fil du téléphone qui était autour de son cou,
03:36mais elle a été tuée par la veinte de l'horreur.
03:39Et à bout tout chat.
03:43L'arme, une carabine qui appartient au Casse,
03:46est posée sur le ventre de Sylviane.
03:48Ses bijoux, des tableaux et sa voiture ont disparu.
03:52L'enquête, d'abord confiée aux gendarmes,
03:54s'oriente vers un crime crapuleux,
03:56un rôdeur ou un cambrioleur.
04:01Mais un an et demi plus tard, l'enquête change de main.
04:04Elle est confiée aux policiers de la PJ de Rouen,
04:07qui soupçonnent tout de suite André Casse.
04:10Car pour eux, l'homme a un comportement bizarre.
04:13Il n'a pas l'air très atteint par la mort de sa femme.
04:16Au contraire, il mène grand train et petit deuil.
04:19La preuve, il organise des fêtes somptueuses.
04:22Et 2 semaines seulement après la mort de Sylviane,
04:25il installe chez lui sa maîtresse.
04:28On n'a pas vu d'objection à ce que
04:30l'une de ses plus anciennes maîtresses
04:32vienne habiter à la maison.
04:34Je préférais ça que de le voir dans un état épouvantable.
04:38Mais pour les policiers,
04:40le comportement de ce promoteur immobilier
04:42au train de vie clinquant fait de lui le coupable idéal.
04:45Car André Casse vit effectivement une vie dissolue.
04:48C'est un aficionado des boîtes échangistes et des partouses.
04:52Un mari et la libido conquérante
04:54qui collectionne autant les maîtresses
04:56que sa femme collectionne les amants.
04:59Visiblement, mes parents avaient un accord.
05:01Je préfère être à 50 % dans une bonne affaire
05:04qu'à 100 % dans une mauvaise.
05:06Elle préférait partager papa avec d'autres femmes
05:09que de vivre sans lui.
05:11André Casse a même poussé l'immoralité
05:14jusqu'à compter sa belle-mère parmi ses nombreuses conquêtes.
05:18Et voilà que cette belle-mère le charge, justement.
05:21Elle l'accuse d'être responsable de la mort de sa fille
05:24et va plus loin.
05:26Sylvia n'avait peur.
05:28Elle m'avait dit qu'il voulait qu'elle se tue,
05:32qu'elle se jette contre un arbre, quoi.
05:34Elle m'avait dit, si je mourais,
05:36financièrement, il serait bien.
05:38André Casse avait donc un mobile, l'argent.
05:43On s'aperçoit qu'André Casse,
05:46à la suite de la mort de son épouse,
05:48perçoit une assurance vie assez importante,
05:50de plusieurs millions de francs.
05:52Donc l'équation est vite faite.
05:53J'ai besoin d'argent.
05:54La mort de ma femme peut me rapporter 3 millions de francs.
05:56Je tue ma femme.
05:58Qu'à cela ne tienne.
05:59Le 8 novembre 1993,
06:01un an et demi après le meurtre de sa femme,
06:03André Casse est interpellé.
06:05Pendant qu'il est en garde à vue,
06:07ses enfants sont entendus dans le bureau d'à côté.
06:11Les policiers ont été très clairs.
06:12Ils ont dit que c'était mon père
06:14qui avait fait assassiner ma mère,
06:15qu'ils avaient les preuves.
06:16J'aurais dit, ben, montrez-les-moi.
06:20Ces preuves, elles ont, dès le départ,
06:22orienté la suspicion des policiers.
06:25Il s'agit du témoignage de 2 petits malfrats,
06:28un dealer et un toxicomane,
06:30qui viennent de se faire pincer
06:31et qui accusent André Casse
06:33d'avoir commandité le meurtre de sa femme.
06:37Toujours d'après ces dealers,
06:39on serait fait appel à des hommes de main
06:41pour exécuter Sylviane,
06:43Malek Mestoui et un certain Driss,
06:452 hommes qui sont, eux aussi,
06:47arrêtés et jetés en prison.
06:50On m'explose la porte
06:52et on rentre chez moi à 6h du matin.
06:54On me met les menottes.
06:56On met les menottes à ma femme.
06:57On emmène mon fils.
06:59L'inspecteur Morel,
07:01il me dit, tu sais pourquoi t'es là ?
07:03J'ai dit, ben, non.
07:04Il me dit, ben, t'es là pour avoir tué Mme Casse.
07:08Et on sait que c'est le gros juif qui l'a commandité.
07:10Le gros juif.
07:11Ben, comment c'est comme ça ?
07:13Un gros juif bourré de fric et vicieux
07:16qui se serait débarrassé de sa femme
07:18pour récupérer encore plus d'argent.
07:20Voilà la thèse des policiers.
07:22Une thèse qui ne résiste pourtant pas
07:24aux premières vérifications.
07:26À commencer par la préméditation.
07:28C'était pas possible.
07:30C'est-à-dire que le cinéma,
07:31c'est moi qui avais décidé d'y aller,
07:32avec mon ex-mari à l'époque.
07:34Mon père avait insisté
07:36Y a pas de préméditation possible.
07:38Pour commanditer un assassinat,
07:39il faut savoir quand la personne sera là.
07:42C'était impossible techniquement.
07:46André Casse ne pouvait donc pas prévoir cette sortie.
07:49Comme il ne pouvait pas prévoir
07:51que Sylviane se raviserait à la dernière minute.
07:54Mais qu'importe.
07:55Il avait un mobile, l'argent.
07:58Mais là encore, ça ne tient pas.
08:00Sylviane Casse avait transféré le bénéfice
08:02de son assurance vie, de son mari, à une banque.
08:06Car elle était endettée.
08:09On ne peut pas lui attribuer ce mobile.
08:12C'est pas possible.
08:13Dès lors qu'on sait qu'il savait
08:15que le bénéficiaire avait été changé,
08:17c'est fini.
08:18Ce mobile n'existe plus.
08:19Il faut en trouver un autre.
08:20Quant aux dealers et aux toxicomanes
08:22qui ont mis en cause le puissant tome d'affaires,
08:25ils ont menti.
08:26L'un d'eux ne l'avouera
08:27que lors d'une première confrontation
08:29avec André Casse
08:30devant le juge d'instruction.
08:32S'il a menti, c'était pour négocier une peine.
08:35Pour sauver sa peau,
08:36il accuse même les policiers
08:38de lui avoir tout soufflé.
08:40Il a dit...
08:41Moi, tout ce qu'on m'a dit de dire,
08:42c'est les inspecteurs qui m'ont dit,
08:43qui me l'ont fait marquer.
08:44Tout ce que j'ai signé,
08:45c'est les inspecteurs qui m'ont dit de le marquer.
08:47L'accusation s'écroule.
08:49Mais pas de quoi émouvoir le magistrat instructeur
08:52qui refuse de remettre André Casse
08:54et ses soi-disant complices en liberté.
08:57Que le juge d'instruction ait été totalement influencé
09:01par le chef d'enquête de la 2e partie,
09:03c'est-à-dire au niveau policier,
09:05c'est une évidence.
09:07Et que l'enquête policière
09:09ait été faite exclusivement à charge,
09:12c'est une évidence aussi.
09:15Pendant ce temps,
09:16André Casse reste en prison.
09:18Et pendant ce temps,
09:19ses enfants sont livrés à eux-mêmes.
09:22Et nous, on est laissés tout seuls.
09:24C'est-à-dire que le juge d'instruction
09:25n'a pas donné un seul ordre
09:27pour qu'on s'occupe de nous.
09:32Jusqu'en juin 1995,
09:34un an et demi après,
09:36le juge d'instruction reconnaît enfin
09:38qu'il n'y a plus aucune raison de garder Casse
09:40et ses soi-disant complices en détention.
09:42Alors il les libère.
09:44Mais le parquet fait appel aussitôt.
09:46Retour en prison, 3 semaines plus tard.
09:49Surréaliste.
09:51L'occasion pour André Casse
09:53de narguer l'institution judiciaire.
09:55Dans une ultime provocation,
09:57l'homme d'affaires décide
09:59de devancer son retour en prison.
10:01Et il se présente de lui-même à la maison d'arrêt.
10:03Problème, quand il arrive,
10:05les portes sont closes.
10:07On me dit, on n'a rien pour vous,
10:08on a téléphoné au greffe
10:09et manifestement, on ne peut pas vous accepter.
10:11Alors, je ne sais pas ce qui se passe.
10:13Je vais appeler les gendarmes à Duclerc
10:15pour leur demander s'ils ont un élément quelconque
10:16qui permettrait de rentrer.
10:18Mais là, ça fait 2 fois
10:19que je me présente spontanément.
10:21Je dirais que ça commence à devenir le grand guignol.
10:23André Casse se gausse et provoque.
10:25C'est difficile de sortir,
10:27mais c'est aussi difficile de rentrer.
10:29L'homme d'affaires finira par réussir
10:31à rentrer en prison.
10:33Il va y rester plus d'un an.
10:35Jusqu'à l'arrivée d'un nouveau procureur,
10:37Joseph Schmitt.
10:39Le magistrat comprend tout de suite
10:41que rien ne colle dans cette affaire.
10:43Monsieur le procureur,
10:45dans l'affaire Casse, c'est vous
10:47qui avez pris conscience de l'erreur judiciaire
10:49et vous avez eu le droit de se nouer.
10:51Qu'est-ce qui vous a convaincu ?
10:53C'est au fur et à mesure que j'ai commencé
10:55la lecture de ce dossier,
10:57tranquillement, à tête reposée,
10:59tous les jours un petit peu,
11:01parce qu'il était énorme,
11:03je me suis dit...
11:05Je n'aperçois toujours pas
11:07d'élément qui me prouve
11:09réellement la culpabilité.
11:11Étais-je convaincu
11:13de l'innocence de monsieur Casse ?
11:15J'étais convaincu, en tout cas,
11:17d'une chose.
11:19C'est que par rapport à l'exigence
11:21de la preuve
11:23qui est posée par le code de procédure pénale,
11:25les preuves,
11:27la conviction,
11:29l'intime conviction des jurés, par exemple,
11:31ça ne peut pas être purement subjectif.
11:33Même si le code,
11:35au moment où le président
11:37les envoie en délibéré,
11:39leur dit
11:41votre intime conviction.
11:43Vous déciderez en fonction
11:45de votre intime conviction.
11:47Mais l'intime conviction
11:49doit se faire par rapport
11:51à l'impression que des preuves
11:53objectives peuvent laisser
11:55sûr dans leur esprit.
11:57Or là,
11:59quelles preuves objectives ?
12:01Aucune. Il n'y avait strictement rien.
12:03Grâce à l'intervention
12:05du procureur Schmitt,
12:07le 16 octobre 1996,
12:09André Casse et ses pseudo-complices
12:11sont enfin libérés.
12:13J'ai cherché ni père ni mère,
12:15j'ai pris rien du tout.
12:17Je me suis rhabillé, parce que j'étais en pyjama.
12:19Je me suis rhabillé
12:21et puis on est là, tous les trois,
12:23devant la porte de la prison.
12:25Les trois hommes obtiennent
12:27enfin un non-lieu
12:29et l'enquête redémarre.
12:31Elle est de nouveau confiée aux gendarmes,
12:33mais à l'époque, 5 ans après les faits,
12:35difficile de découvrir la vérité.
12:37Il y a bien une piste
12:39mise de côté par les policiers,
12:41c'est une photographie qui avait rendu visite
12:43à Sylviane Casse quelques jours avant sa mort.
12:45Un homme violent
12:47qui vient justement d'être incarcéré
12:49pour l'agression d'une femme seule chez elle
12:51dans des circonstances
12:53étrangement similaires.
12:55Tout ajouté,
12:57ça peut laisser penser
12:59que c'est intéressant
13:01de poursuivre sur cette piste.
13:03Une piste qui ne mènera nulle part.
13:05À ce jour,
13:07la justice n'a réussi à établir aucun lien
13:09entre le vendeur de lithographie
13:11et le meurtrier de Sylviane Casse
13:13qui court toujours.
13:19Aujourd'hui, André Casse
13:21tente de refaire sa vie.
13:33André Casse, aujourd'hui,
13:35quel regard portez-vous sur votre affaire ?
13:37Je dirais que
13:39ma femme est décédée
13:41le 5 avril 1992.
13:45C'est très beau ce jour-là.
13:47Ça a été un drame.
13:49Ensuite, avec les enfants,
13:51nous nous sommes regroupés.
13:53J'avais quatre enfants avec Sylviane.
13:55Nous nous sommes regroupés.
13:57Tout se passait assez bien.
13:59Les enfants avaient une bonne éducation,
14:01vivaient convenablement.
14:03J'avais eu aussi un cinquième enfant
14:05qui est venu après.
14:07Tout le monde était réuni, tout allait bien.
14:09Deux ans plus tard, on est venu m'arrêter,
14:11me mettre en prison pour une durée de trois ans
14:13sur un mobile qui n'existait pas.
14:15Et qu'en 48 heures
14:17d'enquête sérieuse,
14:19on aurait pu parfaitement prouver
14:21qu'il n'y avait aucun mobile.
14:23Pourquoi, selon vous, cet acharnement judiciaire
14:25contre vous ?
14:27L'acharnement judiciaire intervenait d'un policier.
14:29Nous étions voisins et nous partageons la même maîtresse.
14:31Mais ça, je ne l'ai appris qu'après.
14:33Nous habituons à proximité géographique.
14:35Ça l'a beaucoup intéressé.
14:37Et il a fait une enquête.
14:39Et c'est très amusant, d'ailleurs,
14:41parce qu'un dealer ouanais se fait arrêter
14:43à la frontière liloise.
14:45En général, ce sont les policiers lilois
14:47qui vont s'occuper de lui.
14:49Non, là, spécialement, il a voulu faire les 300 km
14:51pour aller voir ce dealer.
14:53Le malheureux dealer dira,
14:55lors de notre confrontation,
14:57que si le policier n'avait pas fait les questions
14:59et les réponses lors de son interrogatoire,
15:01c'est exactement ce qu'il a dit,
15:03la phrase exacte.
15:05Ces accusations, ce passage en prison,
15:07ça détruit, vous, votre famille ?
15:09Le passage en prison a détruit ma famille
15:11dans le sens où il n'avait plus de mère
15:13et après, ils n'ont plus eu de père.
15:15Donc, les enfants, plus de maman,
15:17plus de papa.
15:19Les enfants, plus aucun revenu.
15:21Les enfants, plus de possibilité
15:23de continuer leurs études, leurs trains de vie
15:25tels qu'ils étaient.
15:27Les enfants, vous me pestifierez, forcément.
15:29Plus les fils de l'assassin que les fils de la victime.
15:31Et donc, là-dedans,
15:33si le meurtrier a fait le pire,
15:35l'Etat français,
15:37lui, de son côté, ça a été pas mal non plus,
15:39il a complètement massacré ma famille.
15:41Pour eux, ça a été dramatique,
15:43parce que c'est des gosses qui ont dû avoir
15:45le même parcours scolaire,
15:47avec les mêmes atouts dans la vie,
15:49voyager à l'étranger, professeur,
15:51cours particuliers,
15:53enfin, tout ce que l'argent vous permet
15:55de donner à vos enfants pour les éduquer
15:57parce que c'était des gosses de riches
15:59quand je suis rentré en prison,
16:01c'était des gosses de pauvres
16:03quand je suis sorti de prison.
16:13Julien Casse, votre vie a été ruinée,
16:15tout comme celle de vos frères.
16:17On s'est retrouvés avec ma soeur
16:19qui avait 21 ans à l'époque,
16:21moi qui avais 15 ans et demi,
16:23mon petit frère qui en avait 13,
16:25ma mère qui avait 3 ans,
16:27donc on s'est retrouvés à la rue
16:29du jour au lendemain,
16:31ruinés sur un plan financier,
16:33maintenant sur un plan affectif,
16:35une entraide entre frères et sœurs,
16:37on a tout affronté,
16:39on sait qu'on sera soudés jusqu'au bout,
16:41ruinés d'un côté et riches de l'autre.
16:43Savoir que la justice, la police
16:45a ruiné les chances de retrouver
16:47l'assassin de votre mère...
16:49C'est ce qui nous dérange le plus.
16:51Malheureusement, mon père a fait de l'incarcération,
16:53mais personne n'a fait des incarcérations
16:55qui ont été injustifiées.
16:57C'est ignoble, c'est inhumain,
16:59mais ce qui nous dérange le plus,
17:01c'est de ne jamais avoir pu savoir
17:03qui était l'assassin de notre mère.
17:05C'est quand même la chose la plus horrible
17:07dans tout ce qui s'est passé.
17:09Déjà, un, qu'elle soit assassinée,
17:11deux, que mon père soit incarcéré,
17:13mais qu'en plus, on ne connaisse pas
17:15la personne qui a assassiné notre mère,
17:17la pire des choses qui puissent exister.
17:19Et le gros souci, il est là.
17:21Les chances de retrouver l'assassin de Sylviane Cass
17:23sont relativement faibles,
17:25à moins d'un miracle.
17:27Il y a eu des vraies failles d'enquête
17:29dès le départ, c'est-à-dire que,
17:31si vous voulez, on est parti dans tous les sens.
17:33On a cherché un peu
17:35dans toutes les directions
17:37sans aller au bout de chaque piste
17:39ou sans pouvoir aller plus loin.
17:41Des failles et des lacunes.
17:43Les expertises balistiques
17:45ont été faites à la légère.
17:47Impossible de savoir précisément
17:49comment Sylviane Cass a été tuée.
17:51Et que dire de l'autopsie ?
17:53Les empreintes de la victime
17:55n'ont jamais été relevées.
17:57Si longtemps après, impossible donc
17:59d'effectuer des comparaisons avec les empreintes
18:01relevées sur la scène de crime.
18:05Monsieur le procureur,
18:07pourquoi l'enquête a-t-elle raté ?
18:09Je crois que la difficulté de cette enquête,
18:11c'est qu'on est en présence
18:13d'un crime improvisé.
18:15Et personne n'a été vu.
18:17Il y a eu des traces
18:19qui ont été relevées sur le téléphone
18:21dont le fil avait été arraché.
18:23Si on avait eu le fichier
18:25des empreintes génétiques
18:27qui a été créé qu'en 2004,
18:29peut-être qu'on aurait pu
18:31passer ces traces.
18:33Mais dans l'affaire Cass,
18:35on pourrait le faire aujourd'hui ?
18:37On pourrait mettre l'ADN retrouvé
18:39sur la scène de crime ?
18:41Non, je crois que c'est trop tard.
18:43Toutes les traces ont disparu.
18:45Aujourd'hui,
18:47ces progrès scientifiques
18:49ont quand même leurs limites.
18:51Sans aller aussi loin dans la police scientifique,
18:53à l'époque, on avait déjà
18:55la balistique, l'empreinte digitale.
18:57Est-ce qu'il y a des choses
18:59qui n'ont pas été faites correctement ?
19:01Les empreintes digitales
19:03avaient été relevées.
19:05On les a confrontées
19:07à toutes les personnes
19:09qui ont été mises en cause.
19:11Et aucune n'a donné
19:13de résultat positif.
19:15C'était aussi des éléments
19:17défavorables à l'accusation.
19:19Aujourd'hui, on aurait plus de chances
19:21de la résoudre, cette affaire ?
19:23Oui, je crois que les gendarmes
19:25étaient sur une bonne piste.
19:27Mais on leur a retiré l'enquête.
19:29Où est-ce qu'on en est aujourd'hui
19:31dans l'enquête sur la mort de Sylviane Cass ?
19:33Depuis ce non-lieu
19:35et mon départ
19:37de la magistrature,
19:39il n'y avait eu aucun
19:41complément d'enquête effectué.
19:43Je pense qu'après, il n'y en a pas eu non plus.
19:45Est-ce qu'il y a encore des recherches ?
19:47Je pense que les recherches
19:49maintenant sont arrêtées.
19:51C'est ce qu'on fait habituellement.
19:53Sauf si on reçoit
19:55une information.
19:57Soit parce que quelqu'un
19:59a été un complice
20:01qui a dû remors.
20:03Soit parce que
20:05un témoin se révèle
20:07brutalement. C'est assez compliqué.
20:09Vous n'y croyez plus ?
20:11Je suis
20:13assez optimiste
20:15pour toujours croire jusqu'au dernier
20:17moment qu'on y arrivera.
20:19Il faut croire toujours, oui.
20:21Je me pose la question de temps en temps
20:23et je me dis qu'un jour, ça arrivera peut-être.
20:25Que penser aujourd'hui
20:27des raisons qui ont conduit à ce fiasco
20:29judiciaire ?
20:31Le comportement d'André Cass, peut-être ?
20:33En effet, l'homme d'affaires
20:35n'a jamais donné de lui le spectacle
20:37qu'on attendait, ni en tant qu'époux,
20:39ni en tant que veuf.
20:49Partout où il est passé,
20:51il a laissé un sentiment de froideur,
20:53de cynisme et de désinvolture.
20:57Il n'a jamais joué le rôle de la justice.
20:59C'est-à-dire qu'il a joué...
21:01Dire joué, c'est exagéré,
21:03mais en fait, il s'est défendu
21:05avec sa personnalité
21:07et il n'était pas discret.
21:11Il n'avait pas le poids
21:13et la tristesse
21:15de l'innocent
21:17qu'on a injustement accusé.
21:19C'est un homme qui a
21:21beaucoup d'énergie et de vivacité.
21:23Je pense que c'est ça
21:25qu'il a payé.
21:27La personnalité d'André Cass, sulfureuse,
21:29son libertinage,
21:31ses mœurs contraires à ceux qu'on attend
21:33dans la bourgeoisie
21:35provinciale,
21:37ont été déterminants
21:39du traitement du dossier.
21:41Ça me paraît être une évidence.
21:45André Cass a donc payé au prix fort
21:47ses multiples provocations.
21:49Mais il y a autre chose qui a joué contre lui.
21:51C'est sa religion.
21:53Un antisémitisme
21:55odieux qui figure noir sur blanc
21:57dans l'une des pièces du dossier.
21:59Cette pièce,
22:01c'était
22:03un témoignage
22:05dans lequel on évoquait
22:07cinq fois
22:09le terme de juif.
22:11C'était le gros juif,
22:13c'était
22:15la femme du juif,
22:17etc.
22:19Et je pense
22:21que
22:23cet aspect-là
22:25a été aussi
22:27probablement
22:29négatif pour André Cass.
22:31En raison de tous ses préjugés,
22:33sans preuve, sans mobile
22:35et sans aveu, Cass a passé
22:37trois années derrière les barreaux
22:39et plus de huit autres sous contrôle judiciaire.
22:41Après ce long combat
22:43pour faire reconnaître son innocence,
22:45l'homme d'affaires a dû se lancer
22:47dans une nouvelle bataille,
22:49celle de l'indemnisation.
22:57Yves Charpenel,
22:59la réparation d'un préjudice,
23:01comment ça se calcule,
23:03sur quels critères ?
23:05Ça se calcule sur les critères
23:07des éléments que vous apporte la personne
23:09qui demande à être indemnisée.
23:11Donc les critères peuvent être subjectifs,
23:13comme la souffrance morale,
23:15et puis les critères objectifs.
23:17Si à cause de la détention, par exemple,
23:19on a perdu son emploi,
23:21c'est un manque à gagner qui est établi
23:23et qui va permettre au juge de dire
23:25qu'il a subi pour telle qualité
23:27et telle quantité de préjudice.
23:29Qu'est-ce que le préjudice moral ?
23:31C'est le retentissement
23:33sur votre morale,
23:35sur quelque chose qui n'est pas matériel.
23:37Les médecins font parfois
23:39des échelles de souffrance
23:41en disant que cette personne,
23:43sur l'échelle de 1 à 10,
23:45a souffert 5 ou 6 ou 7.
23:47C'est quelque chose qui est subjectif
23:49car vous ne souffrez pas de la même manière
23:51selon votre histoire.
23:53Si quelqu'un a été détenu 10 fois
23:55et détenu la 11e fois à tort,
23:57il est victime d'un préjudice,
23:59mais qui n'est pas de la même nature
24:01que la personne qui n'a jamais eu affaire à la justice
24:03et qui se retrouve jetée à tort en prison.
24:05Et en droit pénal,
24:07qu'est-ce que c'est que le préjudice matériel ?
24:09C'est la même chose,
24:11sauf que là, la souffrance se quantifie.
24:13Autrement dit, la détention vous a coûté combien ?
24:15L'exemple typique,
24:17c'est votre femme ou votre mari
24:19qui vient vous voir régulièrement
24:21et vous demandent de l'argent pour venir vous voir.
24:23C'est un préjudice matériel.
24:25De même, vous étiez agent commercial
24:27dans une société,
24:29vous touchiez N euros par mois,
24:31vous ne les touchez plus quand vous êtes en prison.
24:33Si vous n'avez pas été mis en prison,
24:35vous auriez continué à les toucher
24:37et il faut en justifier,
24:39notamment par votre avis d'imposition.
24:41Justifié, argumenté, étayé,
24:43André Casse a dû se battre
24:45pour faire payer à la justice son préjudice.
24:47Il a considéré que la justice
24:49avait brisé sa vie, sa carrière
24:51et qu'il fallait qu'il obtienne
24:53une décision au plus haut de l'institution judiciaire.
24:55Il voulait être blanchi,
24:57mais aussi remis en état,
24:59comme on dit.
25:01Cette affaire lui avait coûté 12 ans de sa vie.
25:03S'il bénéficiait d'un non-lieu,
25:05il fallait qu'on le remette en état
25:07et qu'il retrouve la situation florissante
25:09qu'il avait au moment où tout lui est tombé dessus.
25:13Lui, à l'époque, avait envisagé
25:15de demander un tribunal arbitral,
25:17comme Bernard Tapie,
25:19en se disant
25:21« Je suis une affaire considérable,
25:23avec cet ego considérable qu'il a,
25:25pourquoi je n'aurais pas
25:27le même tribunal que Bernard Tapie ? »
25:29André Casse n'a pas eu droit
25:31au tribunal arbitral.
25:33C'est la Cour d'appel de Rouen
25:35qui s'est chargée de statuer sur son indemnisation.
25:37Un parcours long et compliqué.
25:39C'est à la victime
25:41de la détention
25:43de démontrer le lien de causalité.
25:45M. Casse a été incarcéré
25:47pendant près de 3 ans.
25:49Il s'est passé beaucoup de choses
25:51et beaucoup de documents ont disparu.
25:53Et lorsqu'il est en état
25:55de venir devant
25:57la commission,
25:59il ne détient plus
26:01suffisamment de preuves
26:03et c'est ce qui va lui être reproché
26:05par la justice.
26:07Avec toute l'énergie qui le caractérise,
26:09André Casse monte un volumineux dossier.
26:11Expertise financière à l'appui,
26:13il démontre point par point
26:15chacune des pertes causées par sa détention.
26:17M. Casse,
26:19il a, si vous voulez,
26:21perdu d'abord la chance,
26:23la possibilité qui lui était offerte
26:25de mener ses affaires à bien.
26:27La vente de 19 immeubles
26:29qui sont véritablement bradés,
26:31ça doit constituer une perte.
26:33Eh bien, nous n'avons pas été entendus
26:35là-dessus. De même, on n'a pas
26:37été entendus sur la
26:39perte à l'occasion de la vente
26:41de la maison de M. Casse.
26:43Je rappelle que cette maison avait été évaluée
26:45de l'ordre de 680 000 euros.
26:47Elle est vendue de l'ordre de
26:49160 ou 170 000 euros.
26:51D'autant qu'André Casse a été
26:53interpellé et emprisonné non pas à une
26:55mais à deux reprises.
26:57Entre ces deux passages en prison,
26:59l'homme d'affaires a tenté de reprendre
27:01ses affaires en main, de limiter les dégâts.
27:03Mais sa deuxième incarceration,
27:05ce deuxième coup,
27:07lui a été fatal.
27:09Il est bien évident que
27:11lorsque André Casse
27:13est remis en liberté
27:15par le juge d'instruction,
27:17on dit enfin
27:19la justice est en train
27:21de se rendre compte
27:23de l'erreur et qu'il faut faire machine arrière.
27:25Un mois après,
27:27il est remis en détention sur une décision
27:29de la chambre de l'instruction.
27:31Ce que disent ses créanciers,
27:33ce que disent ses partenaires,
27:35ce que disent
27:37ses associés, c'est
27:39il n'y a pas de doute, André Casse
27:41est nécessairement coupable. Et à partir
27:43de là, tout va véritablement
27:45s'effondrer. Les gens
27:47qui lui avaient fait confiance jusqu'à présent
27:49vont dire on ne peut plus faire confiance,
27:51il y a manifestement
27:53quelque chose qui implique
27:55André Casse dans le meurtre de
27:57son épouse. Pour ces deux passages
27:59en prison, en juillet 2005,
28:01la cour d'appel de Rouen accorde à André
28:03Casse 70 000 euros.
28:05Une somme censée dédommager son
28:07préjudice moral. En revanche,
28:09aucun préjudice matériel
28:11ne lui a été reconnu.
28:13Écoeuré, Casse dépose
28:15un recours devant la Commission nationale
28:17de réparation de la détention provisoire,
28:19l'instance d'appel compétente
28:21dans ce type de dossier.
28:23Finalement, cette nouvelle commission
28:25lui accorde un peu plus de
28:27103 000 euros, soit 40
28:29fois moins que les 4 200 000 euros
28:31que l'homme d'affaires estimait avoir
28:33perdu. Si nous avions
28:35obtenu
28:37entre 50 et 60%
28:39de cette somme-là, on aurait
28:41probablement été dans
28:43une juste indemnisation
28:45mais celle qui a été offerte
28:47est une indemnisation
28:49véritablement
28:51je dirais
28:53même pas un minima,
28:55elle est insuffisante,
28:57elle est inique.
28:59Cette indemnisation est ridicule
29:01parce qu'elle est venue de la fortune
29:03qu'il avait, qu'il avait amassée
29:05de lui-même, c'était pas un héritage,
29:07c'était pas le loto,
29:09c'était vraiment son travail
29:11et sa réussite personnelle.
29:13Donc c'est vrai que la justice,
29:15on a l'impression, si vous voulez,
29:17que la justice n'a pas trouvé
29:19et que presque elle lui a fait payer
29:21de ne pas avoir trouvé la vérité dans cette histoire.
29:23Donc on a l'impression que jusqu'au bout,
29:25André Casse a dû payer son innocence.
29:27Une indemnisation au rabais.
29:29L'avocat général Yves Charpenel
29:31avait estimé que l'Etat français
29:33devait à André Casse
29:35la somme de 539 000 euros.
29:37Soit 5 fois plus
29:39que ce que la justice lui a accordé.
29:41Yves Charpenel,
29:43vous, vous avez considéré
29:45qu'il fallait lui donner combien ?
29:47J'estimais qu'on aurait pu l'indemniser
29:49davantage sur certains critères
29:51mais globalement la commission, comme toujours,
29:53a motivé et équilibré.
29:55Par exemple, elle a retenu le préjudice moral
29:57en disant que dans sa situation,
29:59être resté deux périodes longues de prison
30:01pour ensuite avoir un non-lieu
30:03était une souffrance particulière.
30:05C'est la répétition de la souffrance.
30:07Il a obtenu, et j'avais soutenu cette position,
30:09un préjudice sexuel,
30:11puisqu'on a fait établir par des spécialistes,
30:13c'est-à-dire des professeurs experts,
30:15qu'entre le moment où il a été mis en prison
30:17et le moment où il en est sorti,
30:19il pouvait établir que ça avait une influence
30:21sur sa vie sexuelle qu'il établissait
30:23comme ayant été particulièrement dynamique
30:25sur son tonicité après la détention.
30:27Et donc, les experts ont objectivé
30:29et j'ai estimé que ça justifiait
30:31au moins une partie des sommes qu'ils demandaient.
30:33Quand il a perdu sa maison,
30:35quand il a perdu son entreprise,
30:37quand il a perdu sa prospérité
30:39et sa superficie financière,
30:41franchement, quelques dizaines
30:43de milliers d'euros, c'est pas juste.
30:45Oui, mais parce qu'on vous avait un regard
30:47avec le recul de l'affaire qui est terminée.
30:49Mais la loi prévoit un certain type de montant,
30:51le délai statistique moyen
30:53qui ne veut pas dire grand-chose
30:55puisque ça dépend des situations,
30:57il est de l'ordre de 70 euros par jour de détention.
30:59Mais elle prévoit surtout de n'indemniser
31:01que les préjudices qui sont directement
31:03et exclusivement liés au séjour en prison.
31:05Mais la perte de sa maison ?
31:07Elle n'est pas forcément liée qu'à la prison,
31:09elle est liée au retentissement
31:11dans la région où il vivait
31:13de cette affaire. L'affaire Casse,
31:15ce n'était pas que de la prison,
31:17c'était une couverture médiatique
31:19très impressionnante, sa réputation
31:21qu'il était en prison. Et après qu'il soit allé en prison,
31:23a évidemment contribué à l'appauvrir.
31:25Avec le recul,
31:27est-ce que son indemnisation, ce qu'il a touché,
31:29vous paraît juste ?
31:31Elle l'est nécessairement du point de vue juridique.
31:33D'un point de vue humain, je ne suis pas compétent pour le dire.
31:35Je dirais que par rapport au dossier qu'on a examiné,
31:37je pense que c'était une décision équilibrée.
31:39Une décision qui n'est susceptible
31:41d'aucun recours.
31:43André Casse n'aura pas un centime de plus.
31:45Aujourd'hui encore,
31:47le promoteur ne s'en remet pas.
31:49103 000 euros, c'est ce que la justice
31:51vous a finalement accordé.
31:53Qu'est-ce que vous en pensez de ce montant ?
31:55C'est une indignité, c'est honteux.
31:57Ça ne correspond à rien.
31:59Et on m'a dit, c'est bien parce que ça,
32:01plus 70 000 à l'été moral,
32:0370 000 euros pour passer
32:053 ans en prison, à vivre à 3 dans 12 m2,
32:07et avoir toutes mes affaires détruites,
32:09ma vie détruite.
32:11Et on m'a dit, vous savez, vous auriez pu confier
32:13à un mandataire de justice
32:15vos affaires pour qu'elles continuent.
32:17J'ai compris que mes affaires étaient basées
32:19sur moi et sur du commercial.
32:21Qu'est-ce que quelqu'un allait vendre
32:23mes opérations à part moi ?
32:25Je suis tombé dans des réponses
32:27absolument surréalistes,
32:29dans des gens qui n'en avaient rien à foutre.
32:31Et je suis tombé devant des gens
32:33qui ne voulaient pas reconnaître leur tort,
32:35même quand ils étaient épatants.
32:37Mais, omis à la justice,
32:39ils peuvent vous donner quoi ?
32:41La plus belle vie, ce qu'elle a,
32:43ils n'ont rien à donner.
32:45Rien que des regatons,
32:47des pelures,
32:49rien des déchets,
32:51le bol.
32:53En gros, ils vous donnent 2,5%
32:55ou 2% de ce que vous avez perdu,
32:57et puis estime-toi content et dégage.
32:59Et les impôts qui vous attendent,
33:01ils disent, stop !
33:03On te l'a donné de la main gauche,
33:05on te le récupère de la main droite.
33:07Finalement, j'étais 12 ans,
33:09je suis rentré en prison,
33:11j'avais 40, 41 ans.
33:13Je, comment dire,
33:15pesais à l'époque,
33:17d'après le plus grand expert comptable
33:19qui avait à Rouen,
33:21expert auprès de la Cour d'appel,
33:234,2 millions d'euros.
33:25Je suis sorti avec 3 000 francs en poche.
33:27J'avais toute une série de voitures,
33:29une propriété, 31 maisons,
33:31je n'avais plus rien.
33:33Vous avez réussi, je ne sais pas s'il faut parler de réussite,
33:35à vous faire adhéminiser pour préjudice sexuel.
33:37Oui.
33:39J'avais une vie qui était extrêmement intense,
33:41et en prison,
33:43les conséquences de la prison
33:45ralentissent un peu,
33:47comment dire,
33:49cette liberté où c'est...
33:51Cette vie sexuelle.
33:53Ma vie sexuelle.
33:55J'ai trouvé que c'était,
33:57là, c'était fun, je dirais,
33:59parce que c'était vraiment très symbolique,
34:01mais c'était vraiment le fait d'expliquer
34:03que dans tous les domaines de la vie,
34:05vous étiez traumatisé parce que vous viviez.
34:07Et ne m'étant pas donné à l'homosexualité,
34:09sympathisant, non pratiquant,
34:11ces trois années de détention
34:13ne m'ont pas intéressé
34:15vers d'autres rapports humains
34:17que les rapports auxquels j'étais habitué avec des dames.
34:19Le parquet général avait requis
34:21539 000 euros.
34:23A votre avis, pourquoi il n'a pas été suivi ?
34:25C'est tout simple.
34:27Les magistrats,
34:29y compris la Cour de cassation,
34:31ont horreur de montrer qu'ils sont trompés.
34:33Une grosse anonymisation, c'est une grosse erreur.
34:35Une petite anonymisation, c'est une petite erreur.
34:37Ca vous semble injuste ?
34:39Ca donne surtout, pour mes enfants,
34:41le sentiment de l'injustice.
34:43Ca veut dire qu'ils sont maintenant, aujourd'hui...
34:45Aujourd'hui, on part du principe,
34:47tu travailles beaucoup,
34:49tu gagnes ta vie parce que t'as beaucoup travaillé,
34:51cet argent va te permettre
34:53de développer ta famille, élever tes gosses,
34:55tout va bien se passer.
34:57Et les gosses ont aperçu que même quand c'était comme ça,
34:59on pouvait pas avoir confiance.
35:01Donc quand on parle de démocratie,
35:03quelque part, mon fils qui est en Chine,
35:05ou que l'on dit, oh là là, la Chine,
35:07c'est pas démocratique, il est mort de rire.
35:09Parce que lui, il parle de mon affaire,
35:11et il dit que
35:13ça peut pas être pire en Chine.
35:15Les enfants d'André Cass ont, eux aussi,
35:17été indemnisés par la justice.
35:19Mais par une autre juridiction,
35:21la CIVI, la Commission d'indemnisation
35:23des victimes d'infractions.
35:25Le principe est sensiblement le même,
35:27il existe une grille de tarifs
35:29censée déterminer le prix de la douleur.
35:31Julien Cass,
35:33est-ce que vous, vous avez été indemnisé ?
35:35Uniquement sur le fait
35:37que ma mère était assassinée.
35:39Alors ça a été un peu compliqué,
35:41puisqu'au départ, la justice nous donnait
35:4345 000 euros.
35:45Par enfant ?
35:47Par enfant.
35:49Et ce qui s'est malheureusement passé,
35:51c'est que la cour a fait appel.
35:53Ils n'étaient pas d'accord de la décision
35:55qu'ils trouvaient trop généreuse en notre égard.
35:57Donc on a été rejugé,
35:59par un enfant, pour l'assassinat
36:01uniquement de notre mère.
36:03Pas pour l'incarceration de notre père,
36:05pas pour la chance qu'on a perdue,
36:07pas pour tout ce qu'on a perdu,
36:09mais uniquement pour son assassinat.
36:11Qu'est-ce que vous en pensez
36:13de ce montant et de cette décision ?
36:15C'est toujours très compliqué.
36:17Comment est-ce qu'on peut juger
36:19la valeur d'une personne ?
36:21Donner un montant,
36:23c'est extrêmement compliqué.
36:25Donc on a eu un montant,
36:27de s'acheter une maison,
36:29ça ne remplace pas une maman.
36:31Le montant n'a pas une grande importance.
36:33Vous dites qu'on n'a pas été indemnisé
36:35à la hauteur de tout ce qu'on a perdu.
36:37Qu'est-ce que vous pensez avoir perdu ?
36:39Aujourd'hui, c'est une chance.
36:41J'aurais pu faire des études, des choses.
36:43Tout ça, je n'ai pas pu le faire.
36:45Je me suis retrouvé à devoir travailler
36:47pour pouvoir subvenir à mes besoins.
36:49Qu'est-ce qu'on a perdu ?
36:51Une adolescence,
36:53une vie humainement normale,
36:55les amis, les bacs,
36:57les copains, les fêtes,
36:59et à se retrouver dans une vie d'adulte
37:01du jour au lendemain.
37:03Autres laissés pour compte,
37:05Malek Mestoui et Driss,
37:07les soi-disant hommes de main d'André Cass.
37:09Comme lui, ils ont fait 3 ans de prison
37:11sur la foi d'accusations mensongères.
37:13Comme lui, ils ont toujours
37:15crié leur innocence.
37:17Malheureusement pour eux, ils n'ont pas eu le même écho.
37:19Aujourd'hui,
37:21Malek Mestoui comme Driss ont le sentiment
37:23qu'ils ont été broyés par la justice
37:25qui ne les a jamais aidés à se relever.
37:29Malek Mestoui, comment allez-vous aujourd'hui ?
37:31Ça va, ça va.
37:33Beaucoup de souvenirs, mais ça va.
37:35Le plus dur, c'était quoi ?
37:37Être privé de liberté, l'hygiène,
37:39et puis marcher une main devant,
37:41une main derrière. Une fois qu'on était dans les divisions,
37:43après...
37:45Vous savez, on rentrait en prison pour un mois,
37:47vous pouvez prendre 10 ans derrière.
37:49Rien qu'à vous battre, ou aller au cachot,
37:51ou être mal noté,
37:53ou être pris en grippe par quelqu'un, et puis ça y est.
37:55Et vous, en plus, vous étiez innocent.
37:57Bien sûr.
37:59C'est encore plus dur de vivre en prison quand on sait qu'on est innocent ?
38:01Maintenant, je le sais, oui.
38:03Parce que
38:05quand je suis arrivé, je disais
38:07je suis innocent, j'ai rien à voir, je suis innocent.
38:09Tout le monde
38:11compatissait devant moi, mais derrière,
38:13tout le monde me rigolait au nez.
38:15Parce qu'ils me disaient, on est tous innocents ici.
38:17Tout le monde est innocent en prison.
38:19La sortie de prison, ça s'est passé comment ?
38:21Très très mal. Je me suis retrouvé
38:23sans femme,
38:25sans enfant, sans maison,
38:27sans voiture,
38:29sans habits, sans rien. Je suis retourné
38:31chez ma mère, à 44 ans.
38:33Voilà.
38:35Votre femme, vous avez quitté.
38:37Oui, je la comprends.
38:39Ça faisait 3 ans, il fallait pas vivre avec une photo.
38:41Je la comprends très bien.
38:43Moi, j'aurais fait pareil.
38:45Vous avez retrouvé une femme ?
38:47Une femme, oui.
38:49Qui est la mère de mes enfants, maintenant. J'ai deux enfants.
38:51Et vous avez été indemnisé ?
38:53Oui.
38:55Surnoisement.
38:57Pourquoi surnoisement ?
38:59C'est-à-dire que
39:013 ans, prison.
39:03Avec mon avocat,
39:05on avait demandé 500 000.
39:07Ils m'ont donné 73 000.
39:09Vous enlevez 30 % pour l'avocat,
39:11vous faites le calcul.
39:13Il me restait un gros 40 000.
39:15Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui ?
39:17Je suis en pré-retraite.
39:19Voilà.
39:21Je suis avec ma mère, mes frères, mes sœurs.
39:23Est-ce que vous en voulez à la justice ?
39:25Pas à la justice.
39:27J'en veux à la France.
39:29Hum.
39:31Parce que moi, depuis 1856,
39:33je suis français.
39:35Et j'ai toujours été français.
39:37Ma famille a toujours été française.
39:39Puis quand on arrive
39:41dans une affaire comme ça,
39:43on n'est plus français.
39:45On n'est plus rien.
39:47On n'est plus qu'un numéro.
39:49Et la police, vous lui en voulez à la police ?
39:51J'en veux pas.
39:53Elle fait mal son travail, c'est tout.
39:55Y a des bons policiers, puis y a des mauvais policiers.
39:57Je suis tombé sur les mauvais.
39:59C'est tout.
40:05Chaque jour depuis,
40:07André Casse tente de reprendre
40:09le cours de sa vie.
40:11Mais plus de 20 ans
40:13après le meurtre de sa femme,
40:15son passé le poursuit.
40:17Il a repris
40:19son activité principale
40:21qui était l'immobilier,
40:23promoteur immobilier.
40:25Donc il essaie de lancer des constructions,
40:27des projets de construction,
40:29des lotissements,
40:31des villas, notamment les maisons en bois.
40:33Et il y parvient,
40:35mais le souci, c'est qu'il n'a pas la confiance des banques,
40:37il n'a pas la confiance des notaires,
40:39il n'a pas la confiance de ses interlocuteurs habituels
40:41pour faire ses affaires.
40:43Et donc, en fait,
40:45il est obligé d'utiliser des connaissances
40:47de la famille, des prêtenants, comme on dit,
40:49pour pouvoir monter ses opérations.
40:51Ce qui est une dette trop lourde
40:53puisque, si vous voulez,
40:55il est obligé de porter comme la honte
40:57de ce qu'il n'a pas fait.
40:59Et comme si le sort s'acharnait,
41:01André Casse a été victime d'un nouveau cambriolage
41:03qui a failli très mal tourner.
41:05C'était le 19 juillet 2011.
41:07Vers 19h30, alors qu'il rentre chez lui
41:09d'une promenade en famille,
41:11sa compagne, ses enfants et lui
41:13se retrouvent nez à nez avec les voleurs.
41:17Et là, évidemment,
41:19vous, vous donneriez votre portefeuille,
41:21vous n'auriez aucune réaction.
41:23Lui, il faut qu'il s'en mêle
41:25et qu'il essaie d'attraper des cambrioleurs
41:27qui veulent s'en prendre à sa maison,
41:29ses proches, lui-même, etc.
41:31Donc, en fait, il ne peut pas s'en empêcher.
41:33C'est une force de réaction
41:35qui est inhérente à André Casse
41:37et qui fait que,
41:39quand il veut se défendre,
41:41il se défend avec ce qu'il trouve
41:43à portée de main, évidemment.
41:45Donc, se saisir d'un sabre,
41:47poursuivre sabre au clair,
41:49un petit peu comme dans Pirates des Caraïbes,
41:51vous voyez, l'ambiance est quand même...
41:53C'est un film, quoi,
41:55souvent avec lui.
41:57Et donc, c'est vrai qu'il poursuit
41:59les voleurs
42:01et il les atteint.
42:03D'un coup de sabre,
42:05l'un des cambrioleurs est blessé à la main.
42:07Pour cette altercation,
42:09André Casse et son fils sont placés
42:112 fois en garde à vue,
42:13avant d'être finalement relâchés.
42:15Alors, il y a une autre histoire,
42:17c'est cette histoire de cambriolage
42:19dont vous avez été victime
42:21et dans cette affaire, vous l'avez mauvaise.
42:23Oui, parce que ça m'a valu d'être en garde à vue
42:25à 2 reprises,
42:27mais d'un autre côté, je me suis dit
42:29si Brigitte, ma nouvelle compagne,
42:31qui venait de se séparer de moi,
42:33avait été trouvée assassinée
42:35en un cambriolage,
42:37on m'aurait de nouveau accusé
42:39d'avoir commandité le meurtre de ma nouvelle compagne
42:41puisque nous nous séparions, on aurait dit
42:43elle savait des choses sur lui,
42:45donc il a organisé la même chose et on l'a fait disparaître.
42:47Donc je suis parti du principe que je préférais
42:49me retrouver aux assises
42:51s'il l'avait fallu pour avoir tué
42:53les cambrioleurs
42:55qui étaient venus mettre en danger
42:57comment dire, mon ex-compagne,
42:59mes enfants,
43:01ma famille et ses petits-enfants.
43:03Je préférais nettement
43:05ça
43:07que de me retrouver aux assises pour rien,
43:09pour avoir fait organiser
43:11un meurtre.
43:13Heureusement pour elle, je suis arrivé à temps.
43:15Je serais rentré une heure plus tôt,
43:17Sylviane ne serait pas morte et on n'aurait pas eu l'occasion
43:19d'en parler.
43:23Et voilà que le nom d'André K
43:25s'est encore associé à une nouvelle affaire.
43:27Deux ans plus tard,
43:29en avril 2013,
43:31une émission de radio met en lumière un litige
43:33supposé entre André K
43:35et une trentaine de clients pour lesquels
43:37il devait construire des maisons
43:39dans un éco-quartier.
43:41Des maisons qui n'auraient jamais été livrées.
43:43Muriel Gauchet
43:45affirme, elle, être l'une
43:47des victimes d'André K, mais sur un autre
43:49projet.
43:51Muriel Gauchet, vous êtes en colère contre André K,
43:53pourquoi ?
43:55Nous avons signé un contrat
43:57qui nous permettait
43:59d'avoir
44:01un logement
44:03dans le château de Werp
44:05qui appartenait à M. Kass.
44:07Ce logement nous permettait
44:09d'avoir un locataire
44:11et cela nous permettait
44:13de réduire
44:15et même de ne pas payer du tout d'impôts.
44:17Mais actuellement,
44:19ça nous a fait perdre énormément d'argent
44:21plutôt que de nous en faire gagner.
44:23Je peux dire très remontée contre M. Kass.
44:25Vous l'avez déjà rencontré ?
44:27Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer M. Kass
44:29parce qu'il était déjà très difficilement joignable.
44:31J'ai eu au départ de l'affaire,
44:33c'est-à-dire en 2009,
44:35des contacts avec sa secrétaire.
44:37J'ai eu peut-être une fois ou deux fois
44:39des contacts avec lui, mais c'était des contacts très brefs.
44:41Ou il me promettait
44:43qu'il allait faire quelque chose, que les travaux
44:45allaient avancer, qu'il allait me rappeler,
44:47mais j'attends toujours qu'il me rappelle.
44:49Et il m'avait d'ailleurs donné son numéro de portable,
44:51et j'ai réussi à le joindre sur le portable.
44:53Vous avez perdu combien dans cette opération ?
44:55Au départ, c'est un appartement de 140 000 euros.
44:57Nous avons déjà débloqué 98 000 euros.
44:59Donc en tout, nous avons déjà
45:01remboursé aux alentours de 15 à 20 000 euros.
45:03Et nous continuons
45:05à en rembourser
45:07des ordres de 750 euros
45:09tous les mois,
45:11qui ne nous apporte rien du tout,
45:13parce que nous n'avons absolument rien du tout à côté.
45:15Pas de logement, pas de remboursement d'impôts.
45:17Et ça nous pose beaucoup de problèmes tous les mois,
45:19c'est pour ça que nous avons essayé de contacter
45:21un avocat, mais ce qui va être encore plus difficile,
45:23parce que les frais
45:25que nous allons engager justement pour cet avocat
45:27s'élèvent approximativement
45:29à plus de 10 000 euros.
45:31Et bien sûr, nous ne les avons pas actuellement,
45:33puisque nous n'arrivons pas à nous faire rembourser.
45:35Donc financièrement, ça devient très très difficile.
45:37Difficile, ça veut dire ?
45:39Difficile, c'est-à-dire qu'à chaque fois de mois,
45:41nous sommes en négatif à la banque.
45:43Et sans en rajouter,
45:45c'est vrai que tous les fins de mois,
45:47ça devient difficile d'avoir,
45:49on va dire, pas d'avoir de la viande dans notre assiette,
45:51mais on ne peut pas sortir, on ne peut pas partir en vacances,
45:53je ne peux pas dire aux enfants
45:55je ne peux pas vous emmener au cinéma,
45:57je ne peux pas vous acheter un jeu.
45:59Et oui, effectivement, parce que les 724 euros qui partent tous les mois,
46:01j'aimerais bien les donner à mes enfants pour qu'ils s'achètent des jeux.
46:03Ah ben non, ça part pour rien du tout.
46:05Ils en sont où les travaux ?
46:07Apparemment, ils doivent être hors d'eau, hors d'air,
46:09c'est-à-dire qu'on ne peut même pas loger à l'intérieur,
46:11il doit y avoir des murs, un toit, et c'est tout.
46:13Donc c'est complètement vide,
46:15on ne peut même pas y habiter, on ne peut rien faire,
46:17et les travaux sont complètement arrêtés.
46:27On a rencontré monsieur et madame Gaucher,
46:31qui vous accusent
46:33dans l'affaire du château de Werp,
46:37d'avoir pris de l'argent
46:39dans un projet que vous avez lancé,
46:41pour lequel ils attendent
46:43et pour lequel ils n'ont toujours rien.
46:47Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
46:49Je ne connais pas, personnellement, monsieur et madame Gaucher.
46:53J'ai dirigé un membre d'une société
46:55et j'avais un actionnaire
46:57qui m'a débarqué
46:59de manière à ce qu'il ne soit plus gérant.
47:01Cet actionnaire est mort, malheureusement,
47:03en mars dernier.
47:05C'est une opération immobilière
47:07qui a été faite, logiquement.
47:09La société est aujourd'hui en dépôt de bilan
47:11et le notaire actuel
47:13de l'opération, qui est un type très bien,
47:15est en même temps client
47:17de l'opération et apparemment,
47:19il essaie de réunir tous les clients pour terminer l'opération
47:21et il y a assez d'argent
47:23pour ce que j'en sais.
47:25Mais ça fait plus de deux ans que je ne suis pas gérant de cette affaire.
47:27Donc aujourd'hui, vous dites que l'opération
47:29va se terminer, que monsieur et madame Gaucher
47:31ainsi que toutes les autres personnes
47:33vont finir par avoir leur bien.
47:35Non, je peux dire aujourd'hui que le notaire
47:37qui est client
47:39a la motivation pour le faire.
47:41On peut dire qu'on a un bon espoir.
47:43Cela ne vous regarde plus aujourd'hui ?
47:45Il y a deux ans que je ne suis plus gérant de cette société.
47:47Le simple fait, c'est que quand vous êtes médiatique,
47:49les gens se disent que c'est lui.
47:51Aujourd'hui,
47:53qu'est-ce que vous pouvez faire ?
47:55Je suis en liquidation judiciaire moi-même.
47:57Je vais d'abord demander ce qu'on peut faire pour moi
47:59aujourd'hui, à titre personnel.
48:01Je suis locataire de la maison
48:03où nous sommes aujourd'hui.
48:05Je ne suis pas locataire de rien.
48:07Non, aujourd'hui, ce qu'ils peuvent faire,
48:09c'est espérer que le notaire,
48:11avec les autres copropriétaires,
48:13sur la masse des fonds nécessaires,
48:15puisse terminer l'opération
48:17et la finir le mieux du monde.
48:19Manifestement, d'après ce qu'on a pu m'en dire,
48:21puisque je ne suis pas dans les secrets,
48:23ça doit pouvoir se finir
48:25dans le cadre du budget qui reste.
48:27Aujourd'hui, André Cass
48:29s'est inscrit pour la première fois de sa vie
48:31comme demandeur d'emploi.
48:33Depuis sa sortie de prison,
48:35toutes les affaires qu'il a montées ont fait faillite.
48:37C'est quelqu'un qu'on a brisé.
48:39C'est quelqu'un qu'on a ruiné.
48:41C'est quelqu'un qui avait une très belle situation,
48:43quand même assez exceptionnelle,
48:45qui s'était fait tout seul.
48:47C'était un self-made man à la française
48:49et qui, impliqué dans une affaire
48:51de, comme on dit, d'assassinat,
48:53évidemment, tout s'arrêtait
48:55du jour au lendemain.
48:57Je pense qu'André Cass ne se relevera
48:59jamais, véritablement,
49:01de cette affaire
49:03et qu'il traînera toujours avec lui
49:05le poids
49:07de cette détention.
49:09La justice a restitué
49:11à André Cass son honneur,
49:13mais visiblement pas à la hauteur
49:15de l'injustice ressentie.
49:17Difficile destin en France
49:19que celui d'innocent.
49:21Aujourd'hui, plus de 20 ans
49:23après la mort de votre femme,
49:25comment est-ce que vous voyez l'avenir ?
49:27Je dirais qu'aujourd'hui,
49:29j'ai plusieurs choses
49:31qui peuvent me faire espérer,
49:33mais je dirais, l'avenir,
49:35c'est très difficile.
49:37Quand vous avez perdu, il y a 20 ans,
49:39à la fois tout ce que vous aviez
49:41et le crédit des banquiers
49:43qui travaillaient et que l'État
49:45refusait de vous anonymiser
49:47à hauteur de vos pertes.
49:49À partir de là, qu'est-ce que vous voulez
49:51espérer comme avenir ?
49:53L'avenir, ils me l'ont détruit.
49:59Sous-titrage ST' 501