• il y a 5 mois
En s’attaquant aux fondements philosophiques et moraux de l’humanisme, l’animalisme ne vise-t-il pas à détruire les libertés individuelles qui sont à la base de notre pacte social ? Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de défendre la consommation de viande, non parce qu’elle serait absolument bonne en elle-même, mais parce qu’elle représente un moindre mal au regard de ce que nous proposent aujourd’hui ses adversaires. En effet, le carnivorisme raisonnable et raisonné est devenu l’emblème de la fière résistance d’un style de vie humaniste, tempérant et modéré, tolérant et respectueux, non seulement des humains, mais aussi des animaux.
Pour Jean-Claude Poizat, agrégé de philosophie, docteur en sciences politique et auteur de "Pro Steak - Le carnivorisme est un humanisme", tout doit être fait pour limiter le plus possible la souffrance animale. Mais ces exigences n’impliquent pas que l’on doive renoncer totalement, ni aujourd’hui ni demain, à l’élevage ou à la nourriture carnée.

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Transcription
00:00Nous assistons au réveil des amoureux de la France.
00:03Nous vivons dans les urnes le sursaut des défenseurs de l'intérêt national.
00:07C'est bel et bien aussi le début d'une grande bataille culturelle et civilisationnelle
00:11dans laquelle TV Liberté revendique toute sa place.
00:15Dans les semaines et les mois à venir, TVL va avoir un rôle prépondérant indispensable.
00:21En fin de semaine passée, la mobilisation en faveur de TV Liberté a été importante,
00:26soyez-en remerciés.
00:27Cette aide n'est pas encore suffisante.
00:29Alors, nous comptons sur votre engagement.
00:32Libérons-nous des chaînes.
00:33Merci de votre soutien, maintenant.
01:00Jean-Claude Poisa, je vous présente à nos téléspectateurs.
01:03Vous êtes agrégé de philosophie et docteur en sciences politiques.
01:06Vous publiez l'ouvrage que voici, Prostec, avec en sous-titre
01:11« Le carnivorisme est un humanisme », à retrouver comme d'habitude.
01:16J'espère que ça ne brille pas trop sur la boutique de TV Liberté.
01:20Alors, Jean-Claude Poisa, vous dites que la viande n'est pas un produit alimentaire comme les autres.
01:27Est-ce que vous pouvez nous donner les différences ?
01:32Quelles différences voyez-vous ?
01:34Oui, bonjour.
01:36Merci de me recevoir.
01:38Écoutez, d'abord, il y a une première différence, j'allais dire, qui saute aux yeux,
01:43c'est que c'est un produit alimentaire qui est issu d'un être vivant.
01:48Et de ce fait, effectivement, c'est un aliment qui suscite une réaction très ambivalente,
01:56comme je l'explique dans le livre.
01:57C'est-à-dire, je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué.
02:00Les fruits et les légumes sont aussi, d'une certaine manière, du vivant.
02:06Alors, oui, mais là, c'est un débat, justement.
02:12Ce sont des vivants.
02:13Alors, certains auteurs considèrent que ce sont des êtres qui ne sont même pas forcément vivants.
02:18Mais enfin, en tout cas, ils ne sont pas sensibles, déjà.
02:21Ils n'ont pas les mêmes caractéristiques.
02:23Disons que nous avons une proximité, évidemment, avec les animaux,
02:25et en particulier avec les mammifères terrestres.
02:27Et donc, c'est cette proximité, en fait, qui pose problème, si vous voulez, qui est gênante.
02:31Et un des aspects de cette proximité, c'est la sensibilité.
02:34En fait, ce sont des êtres sensibles comme nous.
02:36Et donc, il faut les tuer.
02:39Potentiellement, ils peuvent souffrir.
02:41Donc, ils peuvent avoir des caractéristiques communes avec l'être humain.
02:44Donc, toute la question est de savoir,
02:46est-ce qu'on n'est pas à la limite d'une forme de cannibalisme, en réalité ?
02:50C'est un argument qui est utilisé, justement, par les adversaires de la viande,
02:53de la consommation de viande, qui disent qu'au fond,
02:55manger les animaux, c'est une forme de cannibalisme.
02:57Émeric Caron, entre autres, utilise d'ailleurs cet argument.
03:01Voilà, nous mangeons des êtres qui, d'une certaine manière,
03:03font partie de notre famille, en quelque sorte.
03:05– Justement, vous dites Claude Lévi-Strauss, Jean-Claude Poisa,
03:09vous dites, enfin, Claude Lévi-Strauss dit ceci,
03:12tuer des êtres vivants pour s'en nourrir pose aux humains,
03:15quoi qu'ils en soient conscients ou non,
03:17un problème philosophique que toutes les sociétés ont tenté de résoudre.
03:22Alors, pourquoi cette tentative est restée vaine ?
03:28– La tentative de résoudre ce problème,
03:30je ne dirais pas forcément qu'elle est restée vaine,
03:32mais effectivement, le problème à résoudre,
03:34c'est ce que les anthropologues appellent le meurtre alimentaire,
03:36c'est-à-dire le fait qu'il faut tuer pour se nourrir.
03:40Et donc, il y a une forme, si vous voulez, de mauvaise conscience, en fait,
03:43qu'habitent les mangeurs de viande, quels qu'ils soient,
03:46et donc, il y a besoin, effectivement, de neutraliser cette mauvaise conscience
03:50ou de la mettre à distance, donc il y a différentes stratégies.
03:54Une des stratégies, c'est la ritualisation,
03:56j'ai consacré un chapitre au sacrifice animal dans l'Antiquité,
04:00le sacrifice animal, on peut considérer qu'il avait cette fonction
04:03de neutralisation de la culpabilité,
04:06une sorte de mise à distance de la mort animale
04:08qui permettait, du coup, de consommer cet animal
04:11sans avoir trop de scrupules, finalement.
04:15Et justement, nos sociétés modernes, qui ne pratiquent plus,
04:18en tout cas les sociétés occidentales, chrétiennes,
04:20qui ne pratiquent plus le sacrifice animal,
04:22ont peut-être, paradoxalement, beaucoup plus de mal à gérer
04:24cette mauvaise conscience-là.
04:26– Alors, pour vous, la consommation de viande,
04:29vous l'expliquez bien dans votre ouvrage,
04:31a été déterminante dans les principales époques
04:34de notre histoire occidentale.
04:36Alors, quel rôle a-t-elle joué cette viande ?
04:40– Alors, oui, je retrace une sorte d'histoire
04:43de la consommation de viande en remontant à la préhistoire
04:47et en passant par l'Antiquité, le Moyen-Âge, l'époque moderne,
04:50et je montre effectivement le rôle qu'elle a pu jouer.
04:53Alors, des rôles très différents,
04:55mais toujours un rôle quand même assez décisif à chaque époque.
05:01Alors, que ce soit un rôle, je dirais, sur le plan matériel,
05:04puisque c'est un aliment qui est nourrissant,
05:06qui a été utile à la construction, je dirais,
05:08certains biologistes estiment que la consommation de viande
05:11a permis le développement du cerveau humain,
05:13a permis d'apporter des sources d'énergie dont notre organisme avait besoin.
05:16Et puis, à d'autres époques, la viande a joué un rôle aussi très symbolique,
05:20elle était un symbole de puissance,
05:22elle permettait d'établir un lien avec les dieux,
05:24elle permettait d'assurer la cohésion de la société,
05:27de la communauté politique,
05:29notamment dans la police, par exemple, antique.
05:31Donc, si vous voulez, elle a joué toujours, la viande,
05:33un rôle assez central dans la plupart des civilisations,
05:36et notamment dans la civilisation occidentale, à différents moments.
05:39J'évoque aussi le Moyen-Âge.
05:42Il y a un historien qui s'appelle Bruno Loriaux,
05:44qui parle de l'obsession de la viande au Moyen-Âge,
05:46une sorte d'obsession de la société.
05:48Je reprends au fond son idée.
05:50Et puis, aujourd'hui, dans la société contemporaine qui est la nôtre,
05:53il y a une consommation de viande qui est massive,
05:55qui est extrêmement importante,
05:56et qui entraîne aussi certaines conséquences
05:58qui ne sont pas toutes forcément positives.
06:00On va peut-être y revenir après.
06:02Alors, justement, vous dites que cette consommation de viande
06:04a eu un rôle central dans l'histoire de notre civilisation occidentale.
06:09Mais, au fond, est-ce que la viande est nécessaire à notre alimentation ?
06:13Alors, ça, c'est une bonne question.
06:15C'est l'argument principal qui va être utilisé aujourd'hui par les antiviandes,
06:18de dire qu'on pourrait s'en passer.
06:20Alors, si vous voulez, je dirais oui et non, en fait.
06:23C'est-à-dire, la viande n'est pas strictement nécessaire,
06:26au sens où, effectivement, notre organisme pourrait la preuve.
06:29Les végétariens peuvent survivre, et même les véganes.
06:33Mais à quel prix ?
06:34C'est-à-dire, au prix d'un régime extrêmement drastique
06:38et en étant extrêmement vigilants,
06:42parce que le fait de ne pas consommer de viande,
06:44et a fortiori de ne pas consommer des produits animaux,
06:48crée des manques, et potentiellement des carences,
06:51qui peuvent être très graves pour la santé.
06:53Carences en fer, carences en vitamines, en minéraux, etc.
07:00Donc, si vous voulez, la viande apporte ses nutriments essentiels
07:04de manière simple, accessible à tous.
07:07Autrement dit, c'est un aliment de santé pour la plupart d'entre nous.
07:12Et s'en priver, c'est prendre le risque de nuire à sa propre santé.
07:15Donc, je dirais qu'il faut être extrêmement vigilant
07:17quand on se lance dans un régime végétarien, et a fortiori végane.
07:21Il faut être quand même bien informé, très conscient et très vigilant.
07:25Alors, justement, cette consommation de viande en 60 ans,
07:29elle est passée de 71 millions de tonnes à 339 millions de tonnes.
07:34Alors, vous allez vous faire une réponse un peu relative,
07:37mais est-ce que c'est devenu excessif, à vos yeux,
07:40339 millions de tonnes par an ?
07:43Elle a été multipliée par 5, effectivement, en 60 ans.
07:46Alors, excessif, là encore, si vous voulez,
07:51c'est la conséquence effectivement de l'industrialisation,
07:53du développement économique.
07:56Il faut quand même rappeler que cette évolution a permis,
08:00justement, au plus grand nombre d'accéder à une alimentation
08:04plus diversifiée, plus saine, plus équilibrée.
08:06Donc, il y a quand même une amélioration globale de la santé.
08:09Alors, maintenant, ce qu'on constate aujourd'hui,
08:11c'est plutôt les effets pervers, effectivement,
08:13la surconsommation et ce qu'on appelle les maladies de civilisation.
08:16L'obésité, c'est très frappant aux États-Unis, par exemple,
08:19mais on s'aperçoit que ça vient aussi en Europe.
08:21Et toutes les maladies liées, maladies coronariennes, diabète,
08:24certains cancers, etc.
08:26Mais je pense qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain,
08:28c'est-à-dire qu'il ne faut peut-être pas oublier quand même
08:32que notre alimentation s'est quand même beaucoup améliorée
08:34au cours du siècle dernier,
08:38par rapport à ce qu'elle pouvait être avant.
08:40On a éliminé la famine, on a éliminé quand même le manque alimentaire,
08:45mais en contrepartie, effectivement,
08:47il faut être vigilant aujourd'hui sur une surconsommation.
08:50La viande n'est pas la seule en cause.
08:52D'abord, il y a la qualité de la viande qui est en cause,
08:54et puis il y a beaucoup d'autres produits, le sucre, le gras, etc.
08:57La viande en elle-même, me semble-t-il,
09:00lorsqu'elle est de bonne qualité et qu'elle est consommée modérément,
09:03n'est en rien nocive à la santé.
09:06Alors ça, c'est les côtés positifs pour l'humain,
09:09mais cette industrialisation,
09:10cette mécanisation de la consommation de viande a aussi,
09:15on le voit, entraîné des maladies pour les animaux,
09:19et puis aussi des mauvais traitements.
09:21Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui invoqueront cet argument ?
09:25– Si vous voulez, là encore, j'ai utilisé cette expression tout à l'heure,
09:28ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain,
09:30c'est-à-dire que du fait qu'on constate certaines dérives
09:33dans certains abattoirs ou dans certaines entreprises,
09:37on procède par une sorte de généralisation,
09:39c'est-à-dire que tous les abattoirs,
09:40toutes les entreprises dans lesquelles on élève des animaux
09:42pour les tuer et les manger,
09:44sont des lieux de maltraitance animale, etc.
09:47Il y a une généralisation très abusive
09:49qui consiste à rejeter en bloc quasiment toute la filière industrielle de la viande.
09:53Donc moi, j'essaie d'apporter des nuances.
09:55En France et en Europe, il y a une charte très précise
09:58qui encadre les droits des animaux,
10:00qui vise à préserver leur bien-être.
10:03Et donc, le paradoxe, c'est que je pense qu'en France et même en Europe,
10:06on est une région du monde où on est le plus vigilant sur ces questions.
10:10Or, si on fermait les abattoirs et les lieux d'élevage en France et en Europe,
10:15les Français continueraient de consommer de la viande
10:17et ils seraient amenés à importer de la viande de pays hors Union européenne
10:21où ces normes sont souvent beaucoup moins bien respectées, voire absentes.
10:27Donc si vous voulez, je pense qu'il faut introduire un peu de nuance aussi dans ces débats
10:30et prendre en considération quand même les réalités.
10:33Et je pense que, bien sûr,
10:35il faut que les élevages soient peut-être à taille raisonnable
10:38et qu'on prenne en compte le bien-être animal,
10:41ce qui entraîne aussi une prise en compte de la santé.
10:44La santé des animaux, c'est évidemment la santé des consommateurs en bout de chaîne.
10:47Donc, se préoccuper du bien-être de la santé animale,
10:50c'est se préoccuper aussi de notre bien-être, de notre santé.
10:52A nous, ça c'est évident.
10:53Alors vous allez également, Jean-Claude, poser ça sur la thématique du goût.
10:57On sait qu'il y a certaines personnes qui sont littéralement dégoûtées
11:00par l'odeur de la viande.
11:02Il y en a pour qui, et c'est mon cas, ça provoque un appétit irrépressible.
11:06Comment vous expliquez cette différence ?
11:12C'est ce que je disais au début.
11:13En fait, il y a une ambivalence.
11:14C'est-à-dire que la viande peut susciter effectivement une très forte appétence
11:18et elle peut aussi éventuellement susciter parfois ou chez certaines personnes
11:22une forme de répulsion qui peut être extrêmement puissante également.
11:25Ça peut s'expliquer par différentes raisons.
11:27Celle qu'on a évoquée tout à l'heure, la mort de l'animal.
11:30Il y a des gens qui ne supportent pas cette idée
11:32qu'on puisse tuer des animaux pour les manger
11:35ou qui ne supportent pas même ne serait-ce que la vue du sang.
11:37Il y a beaucoup de gens aussi qui n'aiment pas la viande saignante
11:40ou la viande rouge à cause de son aspect qui rappelle justement le sang.
11:43Et après, il y a aussi des craintes liées à ce que vous avez évoqué,
11:47c'est-à-dire les maladies.
11:49La viande potentiellement peut être porteuse de maladies.
11:52Il y a certaines viandes comme les steaks hachés qu'on doit cuire à cœur
11:55comme le recommandent les cuisiniers et les gastronomes
11:59parce qu'il peut y avoir des germes et que ça peut être contaminant.
12:02Donc, il faut quand même faire attention avec cet aliment
12:04à la manière dont on va le consommer pour éviter de se contaminer.
12:08Je pense que c'est ça aussi qui se suit de la méfiance
12:10plus évidemment les épisoutilles, les épidémies qui ont touché les élevages.
12:15Par exemple, on a beaucoup parlé de la crise de la vache folle vers 1996.
12:19Ça avait beaucoup marqué les esprits.
12:21En définitive, il y avait eu assez peu de victimes humaines, j'entends.
12:25Je ne dis pas que c'était beaucoup de bruit pour rien,
12:28mais on a fait beaucoup de bruit médiatique
12:31et en définitive, on a quand même réussi à juguler et contrôler cette épidémie.
12:35Cette méfiance a des causes rationnelles,
12:38mais il faut en même temps garder la tête froide
12:41et se dire qu'en principe et de manière générale,
12:43la viande n'est pas spécialement plus dangereuse.
12:45Il y a aussi des intoxications avec des végétaux.
12:48On a vu des gens s'intoxiquer avec des graines ou des aliments végétaux.
12:52Donc, le danger de l'alimentation ne vient pas que de la viande.
12:55On sait que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
12:59qui était le ministre de l'Agriculture sous le quinquennat Sarkozy,
13:03a récemment fait la promotion de ce qu'on appelle la viande végétale.
13:07Qu'est-ce que ça vous évoque ?
13:09Il y a des lobbys industriels.
13:13Il y a un lobby de l'élevage qui est très puissant,
13:17mais il y a aussi des lobbys industriels qui visent à promouvoir des nouveaux produits,
13:22notamment des produits à base de végétaux.
13:25Je pense que ça explique aussi une partie de tout ce discours anti-viande qu'on entend,
13:30qui, à mon avis, est poussé aussi par le marketing.
13:34C'est-à-dire que dénigrer ou disqualifier la viande d'élevage,
13:39c'est une manière de mettre en avant des nouveaux produits supposés
13:43« plus sains, plus éthiques », ce qu'ils ne sont pas toujours.
13:48Donc là encore, je pense qu'il s'agit d'être très prudent.
13:52Et puis, il y a l'argument du goût.
13:54Ces aliments ne sont pas toujours, à mon avis, à la hauteur de ce qu'on pourrait en attendre.
13:58Dans un pays comme la France, qui est un pays de gastronomie,
14:00où on a des aliments, des produits animaux d'une qualité quand même très importante,
14:04ce serait quand même dommage de renoncer à ces produits
14:07pour les échanger contre des produits industriels, ultra-transformés
14:11et d'une qualité finalement assez médiocre.
14:13Alors, vous vous en prenez beaucoup dans votre ouvrage, évidemment, à la cause animaliste.
14:19On a pu voir les déclarations de ce député Léphy, Émeric Caron,
14:25qui fait la promotion de l'animalisme.
14:29Est-ce que vous pouvez nous donner un petit peu un aperçu de leurs arguments
14:35et pourquoi nous dire que, vous dites, leur projet est d'inspiration totalitaire ?
14:42Vous allez quand même loin là, non ?
14:44Oui, il y a un potentiel.
14:48Alors évidemment, vous allez me dire, moi ça fait sourire,
14:50parce qu'on se dit les animalistes, ils ont fait…
14:52Le parti animaliste vient de faire 2% aux élections européennes,
14:54donc on se dit que la menace que représente ce parti n'est pas si grande que ça.
14:58Néanmoins, oui, je pense qu'il y a un mode de pensée
15:01qui consiste à vouloir imposer finalement sa conception à l'ensemble de la société.
15:07Et ça, oui, évidemment, ça me pose problème.
15:13Quant aux arguments, j'en évoquais un tout à l'heure,
15:16c'est Émeric Caron, il met en avant la proximité avec les animaux,
15:19le fait qu'on partage avec eux une certaine sensibilité.
15:21Donc, il les considère au fond comme des semblables.
15:24Les animalistes, de manière générale, disent que les animaux sont nos semblables,
15:27et donc, puisqu'ils sont nos semblables, ils sont aussi nos égaux.
15:30Bon, je ne partage pas ce point de vue.
15:33Sans aucune animosité, moi, je répète et je tiens à le dire,
15:38j'aime les animaux, je me considère comme l'ami des bêtes,
15:41mais je possède un chat, dans mon entourage,
15:45je connais plein de gens qui ont des animaux domestiques,
15:48des animaux de compagnie, tout ce qu'on veut.
15:50Mais je ne considère pas l'animal comme l'égal de l'homme.
15:53Ça, c'est un point, si vous voulez, qui me paraît non négociable.
15:57Qu'on respecte les animaux, oui, qu'on les traite de manière correcte
16:02en fonction de leurs besoins, etc.,
16:04mais qu'on les élève, si je puis dire, au même niveau que l'humain,
16:07et qu'on revendique pour eux les mêmes droits que les humains,
16:09là, ça me paraît quand même, pardon de le dire, mais une espèce de folie.
16:12Donc oui, ça, c'est l'argument principal.
16:15Et on trouve notamment chez Peter Singer, toute une réflexion,
16:19il s'agit de défendre l'égalité de considération pour tous les animaux.
16:23Si on réfléchit un petit peu, concrètement,
16:25ça paraît fou aussi d'envisager de traiter tous les animaux à égalité,
16:29sachant que derrière le mot animal, vous avez des êtres vivants
16:34qui appartiennent à des espèces extrêmement différentes.
16:36Donc, qu'est-ce qu'il y a de commun entre une vache, un chien,
16:38un moustique, une huître, un poulpe ?
16:41Comment traiter tous ces êtres à égalité sur un pied d'égalité avec l'humain ?
16:45Si on prend les choses à la lettre, ça n'a aucun sens.
16:48Maintenant, si on rentre dans les détails,
16:50on peut considérer que certains animaux qui sont proches de l'homme,
16:54comme par exemple les chiens, les animaux de compagnie ou les chevaux,
16:57pourront être traités avec certains égards davantage que les animaux nuisibles
17:01comme des rats ou des cafards ou des lapins qui viennent détruire des récoltes.
17:08On ne traite pas tous les animaux de la même façon, ça n'est pas vrai.
17:11– Au-delà du politique, vous dites que l'idéologie végétaro-animaliste
17:17comporte une dimension religieuse.
17:19Alors, quels en seraient les dogmes à ce moment ?
17:22– Il y a différentes versions.
17:23Je viens d'évoquer M. Caron.
17:24M. Caron écrit lui-même dans un de ses ouvrages qu'il croit à la réincarnation.
17:29Donc, il s'appuie au fond sur une doctrine très ancienne
17:32qui renvoie à la doctrine pythagoricienne.
17:35D'ailleurs, certains adeptes de la secte pythagoricienne
17:39refusaient de manger des animaux en raison de cette théorie de la réincarnation
17:43parce que ça reviendrait à dire que potentiellement,
17:45quand vous mangez un animal,
17:46cet animal est peut-être habité par l'âme d'un humain qui s'est réincarné.
17:49Donc, potentiellement, vous mangez peut-être un de vos parents quand vous mangez un animal.
17:52Ça, c'est un des arguments qui est utilisé.
17:55Donc, ça suppose de croire à la réincarnation.
17:57Moi, je respecte toutes les croyances,
17:59mais personnellement, ce n'est pas ma croyance.
18:02Mais donc, effectivement, on voit que le végétarisme
18:04est basé sur certaines croyances d'ordre métaphysique et religieux.
18:08Après, il y a un autre aspect que je développe,
18:10c'est effectivement le gnosticisme,
18:12c'est-à-dire une sorte d'hérésie religieuse qui s'est développée au IIe siècle de notre ère
18:16et qui a été combattue par le christianisme
18:18et qui, à mon sens, revient d'une certaine façon aujourd'hui sur le devant de la scène
18:22et qui consiste à vouloir, en quelque sorte,
18:25purifier totalement l'homme du mal,
18:28à considérer que la création est entachée par le mal
18:31et qu'il faut purifier la création.
18:33Ce qui est contraire au dogme chrétien,
18:35c'est-à-dire qui revient à dire qu'il y aurait un malin génie
18:38qui dominerait l'univers et qu'il s'agirait de purifier cet univers.
18:43Ce que je dis là, ce n'est pas une pure invention,
18:47il suffit de lire les textes des auteurs
18:50pour trouver ces développements-là dans leurs ouvrages.
18:53Donc, vous trouvez des considérations d'ordre métaphysique, religieuses,
18:56comme je viens de le dire, dans les ouvrages des animalistes.
18:58Justement, à propos de religion, Jean-Claude Poisa,
19:01est-ce qu'il vous arrive d'entendre les animalistes
19:04s'en prendre aux pratiques d'abattage rituel
19:07des communautés, qu'elles soient juives ou musulmanes,
19:10présentes sur notre territoire français ?
19:13C'est un sujet compliqué parce que récemment,
19:18il y a eu une petite polémique qui a surgi
19:22à propos d'un abattoir qui se trouvait en Bourgogne.
19:25Il y a une association qui s'appelle L214,
19:27qui est spécialisée dans ces happenings,
19:30qui sort des vidéos pour montrer les mauvaises conditions
19:33et il se trouve qu'en l'occurrence,
19:35il s'agissait d'un abattage rituel musulman.
19:38Par ailleurs, on citait Marie Caron tout à l'heure,
19:42la question qui avait été posée,
19:44et il avait en quelque sorte évacué la question
19:47en disant que ça ne posait pas de problème.
19:49On sent qu'il y a une certaine gêne face à ce problème,
19:52et de fait, c'est un problème très complexe
19:54parce que si vous voulez défendre les animaux,
19:57vous devez effectivement prendre en compte
19:59le fait que l'abattage rituel juif et musulman
20:01ne respecte pas les normes telles qu'on les a définies
20:05dans la loi française.
20:06La loi française stipule que l'animal doit être étourdi
20:08avant d'être abattu.
20:09Or, selon l'abattage rituel juif et musulman,
20:11l'animal doit être conscient quand il est abattu.
20:13Donc là, vous avez une contradiction.
20:14C'est un fait.
20:15Donc, qu'est-ce qu'on fait avec cette contradiction ?
20:16C'est ça la question.
20:17Évidemment, on est partagé entre, d'un côté,
20:19ceux qui veulent défendre les droits et les traditions
20:21des juifs et des musulmans,
20:22et ceux qui veulent défendre les droits des animaux.
20:25C'est très embarrassant pour tout le monde.
20:29Voilà.
20:30J'évoque cette question dans mon livre.
20:32Je ne prétends pas apporter une réponse définitive,
20:34mais je note que les animalistes sont très embarrassés
20:36avec ce sujet-là.
20:37– Vous allez aussi expliquer, Jean-Claude Poizat,
20:39que le projet animaliste consiste à séparer l'humain de l'animal.
20:45On entend certaines personnes, d'ailleurs, dire qu'il faudrait
20:47supprimer l'équitation parce que l'homme exploiterait le cheval.
20:51Pourquoi ?
20:52Est-ce que vous dites que cela entraînerait cette séparation
20:56à la disparition de très nombreuses espèces animales ?
21:01– En fait, ce qu'il faut bien voir, c'est qu'effectivement,
21:03vous avez souvent un discours public où on dénonce l'industrie agroalimentaire,
21:09les excès, etc.
21:11Et on pourrait croire que les animalistes voudraient simplement
21:15revenir à une forme d'élevage, au fond, paysan, traditionnel,
21:18respectueux des animaux, etc.
21:19Mais en fait, non.
21:21Les animalistes, les théoriciens…
21:24Je cite par exemple un ouvrage qui s'appelle « Zoopolis »,
21:27qui est écrit par un philosophe américain qui s'appelle Will Kymlicka.
21:31Il n'est pas le seul.
21:32Beaucoup d'animalistes revendiquent effectivement la fin de l'élevage
21:36et la disparition, d'ailleurs, ça va beaucoup plus loin,
21:39de tous les animaux domestiques.
21:40Ce qui est en cause, c'est la domestication des animaux.
21:44Ces animalistes remontent jusqu'à la révolution néolithique.
21:46Le mal vient de la révolution néolithique.
21:48À partir du moment où l'homme a domestiqué l'animal
21:50pour s'en servir, pour satisfaire ses propres besoins,
21:53la méchanceté envers les animaux a commencé à ce moment-là
21:56et le mal s'est installé.
21:57Donc il faut revenir sur toute cette histoire.
21:59Vous avez raison, l'équitation est en cause.
22:01Récemment, la mairie de Paris, en 2023,
22:03a pris la décision d'interdire les promenades à dos de poney
22:06dans tous les parcs parisiens.
22:07Cette interdiction va rentrer en vigueur à partir de l'année prochaine,
22:11au long du fait que l'équitation à dos de poney
22:14est une maltraitance pour les poneys.
22:16Utiliser les animaux, de quelque façon que ce soit,
22:19est une maltraitance.
22:21Quand bien même les animaux seraient correctement traités,
22:23c'est fondamentalement une maltraitance.
22:25Donc oui, la conséquence si on applique ce programme,
22:27c'est de séparer l'homme de l'animal,
22:29de remettre en cause le lien millénaire
22:32qui s'est établi par la domestication entre l'homme et les animaux.
22:34C'est ça qui est en jeu.
22:35Je pense que le grand public ne mesure pas forcément très bien cet enjeu-là,
22:39mais il est présent.
22:41Pour les animalistes, au fond,
22:43il s'agit de défendre les droits des animaux sauvages,
22:49c'est-à-dire ceux qui vivent loin de l'homme
22:51et à distance des humains,
22:53mais il ne faut pas que des animaux vivent
22:55sous la dépendance de l'être humain.
22:57– Vous militez pour la défense de la consommation de viande,
23:02quels sont justement les arguments que vous mettez en avant en ce sens ?
23:07– Moi, ce que je dis,
23:09pour prolonger votre question précédente,
23:11si on appliquait le programme des animaux,
23:13ça entraînerait la disparition et la destruction de nombreuses espèces.
23:15C'est théorisé.
23:16L'auteur que je cite, Will Kymlicka,
23:18théorise la disparition des vaches.
23:20Quand vous voyagez en France, prenez le train, la voiture,
23:24vous êtes habitué à voir des vaches dans les prés,
23:26des moutons, des animaux, toutes sortes d'animaux
23:28qui font partie du paysage français traditionnel.
23:32Si on applique le programme des animalistes,
23:35il va falloir intégrer le fait que tous ces animaux doivent disparaître.
23:38Les vaches doivent disparaître au déchant.
23:41L'élevage doit disparaître.
23:44Au nom de la reconstruction d'une nouvelle relation bienveillante
23:47entre l'homme et l'animal, qui revient en réalité à dire
23:49que l'homme ne doit plus avoir aucune relation avec les animaux.
23:52Ça, c'est un discours radical,
23:55mais qui est tenu par beaucoup de philosophes animalistes.
23:57Moi, je défends à l'inverse le lien entre l'homme et l'animal,
24:01qui s'est noué depuis des millénaires
24:03au travers de l'élevage et de la domestication,
24:05que ce soit le chien, le cheval, les vaches, les cochons,
24:08la plupart des animaux qui font partie de notre environnement
24:12et de notre entourage, nous avons noué une relation avec eux.
24:15Donc déjà, au nom de ça, je défends une certaine tradition de l'élevage,
24:19qui pour moi est aussi une défense des animaux.
24:22C'est une manière aussi de défendre les animaux.
24:24Alors évidemment, l'élevage existe en partie aussi
24:28en vue de tuer certains animaux pour pouvoir consommer leur chair,
24:33comme le cochon, comme certaines vaches, comme les moutons, etc.
24:39Moi, ce que je dis, c'est que l'abattage animal,
24:43s'il est pratiqué, encore une fois, dans le respect des lois
24:46et dans le respect du bien-être animal,
24:48est un mal nécessaire si on veut continuer de consommer de la viande.
24:52Et comme je le disais tout à l'heure,
24:54consommer de la viande fait partie d'un régime alimentaire
24:56qui est sain pour l'homme et pour les sociétés humaines en général.
24:59Donc je défends simplement cette idée-là,
25:02qui me paraît une idée de bon sens,
25:04et qui s'inscrit aussi dans une tradition gastronomique,
25:07pastorale, française, européenne,
25:10qu'on va retrouver quand même dans la plupart des sociétés humaines.
25:15Est-ce que, Jean-Claude Poisa, pour terminer,
25:17il y a un moyen de rendre notre consommation de viande
25:22encore plus réfléchie et qualitative qu'elle ne l'est aujourd'hui ?
25:27Oui, vous avez raison.
25:29Moi, je plaide pour une consommation réfléchie et qualitative.
25:34Certains excès…
25:36On constate aujourd'hui, par exemple,
25:38que le fast-food se développe considérablement partout dans le monde,
25:40et en particulier en France.
25:42La consommation des fast-food a explosé.
25:44Le premier sandwich consommé en France aujourd'hui,
25:46c'est le hamburger qui est, si je puis dire,
25:48passé devant le traditionnel baguette-jambon-beurre.
25:52Moi, ce que je dis, c'est que nous avons des traditions
25:54gastronomiques et culinaires en France
25:56qui sont excellentes à tout point de vue,
25:58sur le plan gustatif, sur le plan nutritionnel, diététique.
26:01Elles sont très bonnes, elles sont excellentes.
26:03Et on a en partie renoncé à ces traditions
26:06au long de la modernité ou d'une modernisation
26:08qui, aujourd'hui, malheureusement, on le constate,
26:11entraîne des effets pervers qui font une dégradation
26:13de la qualité de notre alimentation
26:15et donc des problèmes de santé,
26:17et notamment dans la jeune génération,
26:19qui a perdu aussi en partie des repères alimentaires.
26:21Voilà ce que je dis.
26:23Et ça, on ne le dit pas trop.
26:27On a des campagnes publiques en faveur
26:29de manger moins gras, moins sucré, moins salé,
26:31mais on ne dit pas clairement aussi
26:33qu'on a perdu nos repères alimentaires
26:35et que peut-être qu'il serait bon d'y revenir
26:37dans l'intérêt des Français et des consommateurs.
26:39Des repères alimentaires aussi
26:41qui nous empêchaient autrefois
26:43de manger de la viande le vendredi,
26:45mais c'était lié aussi
26:47à la déchristianisation
26:49de notre société.
26:51En tout cas, merci à vous, Jean-Claude Poisa.
26:53Je rappelle le titre de votre ouvrage,
26:55le voici, Prostec,
26:57et avec le sous-titre
26:59« Le carnivorisme est un humanisme ».
27:01C'est édité chez Albain Michel,
27:03à retrouver sur la boutique
27:05de TV Liberté.
27:07Merci à vous, monsieur.
27:09Merci.

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