On s'est rencontré dans le 9.3
Réalisation: Jonathan Favorel.
Direction artistique: Eve Claudel.
Ici-Même et Là Aussi, 2021.
Direction artistique: Eve Claudel.
Ici-Même et Là Aussi, 2021.
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Art et designTranscription
00:00Allô ? Oui allô, bonjour !
00:23Bonjour ! C'est le CCAS.
00:25Qui ? Le CCAS de Noisy.
00:27Je connais pas. C'est la mairie, quoi.
00:29Ah, d'accord.
00:30En fait, j'appelle pour prendre de vos nouvelles, pour savoir comment vous allez.
00:34Ça va.
00:35Vous allez bien ? Vous avez quelque chose de particulier à me dire ?
00:38Ah oui, j'ai des feuilles devant chez moi. Vous pouvez venir les ramasser ?
00:42Euh, ça non, je peux pas.
00:44Comment ça vous pouvez pas ?
00:45Bah, c'est pas de mon ressort.
00:47Bah alors, qu'est-ce que vous faites ?
00:48Je passe des appels.
00:50Mais j'ai besoin qu'on m'enlève les feuilles.
00:52Je peux pas m'en occuper. Vous avez appelé la mairie ?
00:54Bah, c'est vous la mairie, non ?
00:56Oui, mais je suis pas du service de la voirie.
00:58Vous êtes de la mairie ?
00:59Oui, mais...
01:00Mais à quoi vous servez, alors ?
01:01À passer des appels.
01:02Mais j'ai vraiment besoin qu'on m'enlève ces feuilles, et si je tombe ?
01:06Faites attention quand vous sortez de chez vous, et appelez la mairie.
01:09Mais puisque c'est vous la mairie, je comprends pas.
01:11Moi, je suis bénévole à la mairie.
01:14Bon, euh, attendez, je vais en parler à mon supérieur, et je vous rappelle plus tard, ok ?
01:19Promis, vous me laissez pas attendre comme ça, hein ?
01:21Oui, oui, je vous rappelle tout à l'heure.
01:23Bon, merci.
01:24Bonne journée.
01:25Bonne journée.
01:28Au départ, nous devions produire un film racontant le quotidien des bénévoles,
01:32leur travail tout au long de l'année, et notamment avec les seniors.
01:35Mais la Covid-19 ne leur a pas permis d'aller à la rencontre de ces populations,
01:38si ce n'est par quelques brefs appels téléphoniques.
01:41Alors nous avons décidé d'aller dans la rue, les rencontrer, les interviewer.
01:44Et les histoires qu'ils ont racontées ont beaucoup touché les jeunes.
01:47Et c'est cela que nous allons vous donner maintenant.
01:49Ces parcours de vie, plus ou moins proches de la réalité,
01:52mêlés aussi avec le quotidien des bénévoles, ce qu'ils ont vécu tout au long de l'année.
01:56Pour cela, les jeunes et les seniors qui en avaient envie ont joué la comédie.
02:03Au départ, nous avons voulu être bénévoles pour l'unicité,
02:06parce que nous voulions être utiles à la société.
02:08Nous avons envie d'aider les personnes moins fortes,
02:10les personnes en situation de handicap, les plus jeunes, les plus âgés.
02:14L'arrivée du coronavirus a probablement augmenté cette envie.
02:18Mais la Covid-19 a aussi changé nos plans.
02:21Encore.
02:23Il faisait vraiment, mais vraiment froid ce matin-là.
02:25J'étais chargée de tenir le micro, mais je n'avais pas de gants,
02:28donc c'était vraiment douloureux de le tenir.
02:30Je ne sentais plus mes doigts.
02:31De plus, le micro ne fonctionnait pas correctement,
02:33et j'entendais plus le vent que la personne interviewée.
02:41Papa ?
02:42Oui, ma fille.
02:43J'ai quelque chose à te demander.
02:45Je t'écoute.
02:47Voilà, dimanche il y a un bal et j'aimerais bien y aller.
02:50Tu n'as pas l'âge pour ça.
02:51Mais je ne suis plus une petite fille, papa.
02:53Tu as déjà l'occasion d'aller au cinéma avec tes copines,
02:55de te promener dans les parcs de la ville.
02:57Elles ont le droit de faire plein de choses, d'autres et moi non.
02:59Écoute, si leurs parents sont inconscients, ce n'est pas mon problème.
03:02Mais pour le bal ?
03:04Ça commence à quelle heure ?
03:06À 6 heures.
03:07Et t'aimerais y rester jusqu'à quelle heure ?
03:09Comme tu veux, papa.
03:11Avec qui tu veux y aller ?
03:13Mes copines.
03:14Comment vous allez y aller ?
03:16A pied.
03:17C'est où déjà ?
03:18Dans la salle entre l'église et la mairie.
03:20Bon écoute, j'y réfléchis, on en rediscute plus tard.
03:36Ah, papa.
03:37Comment tu me prends, papa ?
03:39Je ne me rappelle pas de t'avoir dit oui.
03:41Mais tu n'as pas dit non non plus.
03:44Bon, tu rentres à 17h30 par contre.
03:4617h30 ? Mais c'est trop tôt !
03:48Ok, 18h mais tu vas t'habiller, s'il te plaît.
03:50Mais je suis habillée.
03:51Ah non, tu n'es pas habillée.
03:54Bon.
03:56C'est mieux comme ça ?
04:00C'est mieux, oui. On est chez nous, c'est bon.
04:03J'y vais.
04:04Attends, attends, attends. Laisse-moi y aller, s'il te plaît.
04:11Oui ?
04:12Bonjour monsieur, je viens chercher Raymond pour aller au bal.
04:16Un instant, s'il vous plaît.
04:18Dis-moi, ta copine elle a drôlement changé.
04:21Mais c'est François, tu ne vois pas ?
04:22Je me suis dit que si c'était un garçon, tu ne serais plus rassurée.
04:27Je vais bien veiller sur votre fille, monsieur.
04:29Et je la ramène à l'heure, promis.
04:32Je compte bien sur vous pour veiller sur elle.
04:34Par contre, j'irai la chercher moi-même.
04:36Ah, d'accord.
04:38À 18h, devant la salle. T'es compris ?
04:40Oui, merci papa.
04:47J'ai trouvé que l'ancien temps est vraiment différent de celui de maintenant.
04:51La personne était en admiration devant notre génération.
04:54Mais j'ai pensé le contraire.
04:56Je trouve que rien ne veut plus rien dire.
04:58Les générations se dégaradent d'après moi.
05:01Je trouve, comme cette personne l'a dit,
05:03que la communication, l'échange entre les gens au quotidien,
05:06n'est plus aussi présent qu'avant.
05:09Comparé à l'ancien temps, je trouve que les faits ne sont pas les mêmes.
05:13Comparé à l'ancien temps, je trouve qu'il y a plus de liberté au niveau des filles pour sortir.
05:20Il y a moins de contraintes. Il y a plus de liberté.
05:24Au niveau des métiers, je ne sais plus si les filles doivent faire ci ou ça.
05:29Il n'y a plus les métiers de filles.
05:31Il y a plus les métiers, un métier tout simplement.
05:44Et là, le prof s'arrête de parler et nous dit comme ça.
05:47Interrogation surprise.
05:49Non, et t'avais révisé ?
05:51Attends, parce qu'André s'est levé.
05:53Il a dit, monsieur, je me permets de vous interrompre,
05:55mais aujourd'hui c'est la Sainte-Anatole
05:57et on ne peut pas faire d'interrogation le jour de la Sainte-Anatole.
05:59Ah ouais, c'est vrai ça ?
06:01Mais non, mais comme c'est un métropolitain,
06:03on peut lui faire croire n'importe quoi sur la culture martiniquaise.
06:06Salut tout le monde !
06:07Salut !
06:08Bonjour !
06:09Bonjour !
06:10Bonjour !
06:11Salut tout le monde !
06:12Salut !
06:13Coucou, comment ça va ?
06:14Bonjour ma chérie, ça s'est bien passé aujourd'hui ?
06:16Très bien passé.
06:17Très bien même, papa.
06:19J'ai battu mon record en hauteur en ciseaux.
06:221m70.
06:24Merci les filles.
06:27Mais papa, il faut que je te dise quelque chose.
06:30Quoi ma chérie ?
06:33Papa, aujourd'hui j'ai fait 1m70.
06:36C'est pas rien, c'est beaucoup.
06:41Et mon professeur, il m'a demandé de me personnaliser sur cette discipline.
06:50Mais pour cela, il faut que je parte quelques temps à Guadeloupe.
06:53Comment ça ?
06:55Mais papa, mon professeur m'a demandé, je peux m'entraîner de plus en plus,
07:00faire des compétitions régionales, nationales,
07:04et devenir prof de sport.
07:06Mais pour cela, il faut partir à Guadeloupe.
07:09Quelques temps.
07:12C'est non.
07:14Mais papa...
07:16Y a pas de mais, non c'est non.
07:18La Guadeloupe c'est trop loin et on ne connait personne là-bas.
07:22Papa, c'est mon rêve.
07:24Je veux pas savoir, t'es trop jeune.
07:26Elle aura bientôt 16 ans.
07:27C'est bien ce que je dis, elle est trop jeune.
07:29Et de toute manière, le sport c'est pas un vrai métier,
07:32et encore moins un métier pour une femme.
07:34Tu vas rester ici avec nous et apprendre un vrai métier.
07:37Mais papa, si c'est son rêve.
07:39Y a pas de mais, non c'est non.
07:41Et n'essaye pas avec ta mère, elle sera d'accord avec moi de toute manière.
07:44Le sujet est clos.
07:49Bah, il veut que note bien, je ferai autre chose.
07:54N'importe quoi.
07:55La preuve, t'es plus forte que la plupart des garçons de Martinique.
07:58Je vais continuer à faire le sport, mais d'une autre façon.
08:01Je suis désolée Josseline.
08:02Il est dur papa parfois.
08:06Ouais.
08:08Bon, il fait chaud.
08:09Vous voulez pas qu'on aille au jardin se rafraîchir
08:11avant que les moustiques viennent nous piquer ?
08:13Ah bah oui, c'est une bonne idée.
08:16Mais Josseline ne regrettera pas.
08:18Sa vie a été comblée par ses enfants et ses petits-enfants.
08:21En fait, à l'époque, ce qu'a vécu Josseline,
08:24mes grands-parents et mes parents l'ont vécu.
08:27À l'époque de ma grand-mère, on pouvait pas divorcer comme ça.
08:31C'était pas aussi facile.
08:32Moi je pense qu'aujourd'hui, on a de la chance d'avoir
08:35beaucoup de liberté en tant que femme,
08:38même s'il y a encore beaucoup de choses à faire.
08:41Il y a encore beaucoup de tabous par rapport à la femme,
08:44que ce soit la sexualité, que ce soit les droits,
08:48même par rapport aux règles.
08:50Quand on est à l'école, on voit beaucoup plus de...
08:54On apprend beaucoup plus vite ce que c'est le sexe de l'homme
08:59plutôt que le sexe de la femme.
09:01Et quand on est une femme, c'est plus difficile du coup de se connaître,
09:04de ne pas se connaître.
09:05Je pense qu'à l'heure actuelle, avoir un enfant, c'est compliqué.
09:10De mon point de vue, je trouve ça un peu égoïste
09:13de ramener un enfant qui a rien demandé
09:16dans un monde qui n'est pas forcément bienveillant.
09:20On peut certes avoir des enfants,
09:22et c'est vraiment pour moi une des plus belles choses,
09:24de donner la vie et d'éduquer des enfants,
09:27même dans ce monde qui peut paraître chaotique.
09:30Le monde continue, même s'il y a des choses
09:32qui sont en train de se détruire sur la planète.
09:35Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
09:38bancs publics, bancs publics,
09:41en se foutant pas mal du regard oblique,
09:44des poissons honnêtes.
09:46Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
09:49bancs publics, bancs publics,
09:52en se disant des « je t'aime » pathétiques,
09:54ont des petites gueules bien sympathiques.
09:58Mon amour, je voudrais te parler de quelque chose d'important.
10:03Tu sais, j'aimerais avoir des enfants.
10:08L'idée me plaît, mais je pense vraiment que
10:11nous devrions faire d'autres choses avant.
10:13Oui, mais c'est vraiment quelque chose d'important pour moi.
10:17Je sais, je dis juste que nous devrions prendre le temps d'y réfléchir.
10:20Ça fait déjà un moment qu'on est ensemble, le temps il commence à passer.
10:23Oui, mais nous avons quand même beaucoup de choses à faire avant.
10:27Comme quoi ?
10:29Je sais pas.
10:31Se découvrir, voyager, aller au cinéma, au théâtre,
10:34toutes ces choses qui nous font vibrer.
10:36Avoir des enfants n'empêche pas de continuer à faire ces choses-là.
10:39Mais regarde, Ernest et Genevièvre, Michel et Glantine,
10:43depuis qu'ils ont des enfants, on ne les voit plus.
10:45Mais nous ne sommes pas comme eux, nous sommes différents,
10:47nous pouvons faire les choses différemment.
10:49Je sais, mais il faut prendre le temps d'y réfléchir.
10:52Attendre, attendre, ça fait déjà un moment que j'y réfléchis.
10:55Et vraiment, je veux des enfants.
10:58J'ai une maladie difficilement curable
11:00et je ne veux pas prendre le risque de transmettre à ma descendance ce fardeau.
11:04Et c'est maintenant que tu me le dis, après tout ce temps ?
11:06Je ne voulais pas te faire de peine, je ne voulais pas t'inquiéter.
11:09Je crois que tu comprends pas, j'ai besoin d'avoir des enfants, c'est important pour moi.
11:14Est-ce altruisme ou égoïsme ?
11:16Altruiste, de ne pas vouloir transmettre ce fardeau à ma descendance.
11:21Égoïste, de ne pas devoir supporter ce fardeau à la place de mon enfant.
11:25Égoïste ou altruiste, je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est que moi, je veux des enfants.
11:30Je sais, mais je me suis fait une raison, crois-moi.
11:33Et moi, je ne peux pas me faire à cette raison-là.
11:36Mais nous pourrions faire d'autres choses, ou adopter un chat, par exemple.
11:40Mais je suis allergique aux chats !
11:42Ah oui.
11:44Je suis désolée, mais ça ne va pas être possible.
11:48Non, ne pars pas !
11:56Le monsieur a partagé avec nous sa vie et comment il l'a perçue.
11:59Certaines de ses paroles m'ont fait me poser des questions et j'y ai repensé toute l'après-midi.
12:04Le monsieur qu'on a interviewé nous a dit qu'à cause de la crise du Covid-19, son entreprise a fermé.
12:12Entrez !
12:16Bonjour monsieur Ajaté.
12:17Bonjour madame.
12:18Comment allez-vous ?
12:19Bien, merci et vous ?
12:20Ça va, installez-vous, je vous entends.
12:26Bon.
12:27Si je vous ai fait venir, c'est pour parler de la situation actuelle de la société.
12:31Oui, je vous écoute.
12:33Alors voilà.
12:34Suite à la crise du coronavirus et du confinement pendant ces derniers mois, la société est en grande difficulté.
12:40Oui, j'en ai entendu parler.
12:42Je suis sincèrement désolée.
12:44Je sais la qualité de votre travail et votre engagement chez nous pendant toutes ces années,
12:49mais nous sommes dans l'obligation de vous licencier.
12:52Quoi ?
12:53Me licencier ?
12:55Mais...
12:56Je savais qu'on avait des difficultés.
12:58Mais pas qu'on en était là ?
13:00Eh oui.
13:01Mais ça fait plus de 15 ans que je travaille pour vous.
13:05Je sais, c'est compliqué pour tout le monde.
13:07Tout le monde, mais là on parle de moi.
13:09Toutes ces années à passer ici.
13:11Et vous n'êtes pas les seuls à être en difficulté.
13:13Je vous rappelle que je suis syndiqué, au cas où vous auriez oublié.
13:16Je n'ai pas oublié.
13:17Et soyez assurés que ce n'est pas le cas.
13:20Je n'ai pas oublié.
13:21Et soyez assurés que si nous avions pu, nous vous aurions gardé notamment parce que vous êtes syndiqué.
13:26Mais la réalité est bien pire que je dis difficulté.
13:29Nous allons devoir liquider la société.
13:31Pardon ?
13:32Vous avez bien entendu.
13:34Parce que si vous fermez, vous ne devez pas être les seuls.
13:36Et on va être nombreux à être sur le carreau.
13:38Encore une fois, je suis vraiment désolée.
13:40Nous allons à tout prix essayer de vous aider dans la mesure de nos possibilités.
13:44Bien.
13:45Je dois à présent recevoir quelqu'un d'autre.
13:47Je vous raccompagne ?
13:49Vous allez le virer lui aussi ?
13:51Oui.
13:52Je suis désolé pour vous.
13:54Ça ne doit pas être facile non plus.
13:56Et après avoir viré tout le monde, je vais me virer moi-même.
13:58C'est assez étrange, non ?
13:59Mais vous n'en faites pas.
14:00Avec un poste comme le vôtre, vous allez vite retrouver quelque chose.
14:03On va vous demander partout.
14:05Allez, bon courage à vous.
14:06Bonne journée Monsieur Jadet.
14:09Je vais essayer.
14:10Au revoir.
14:11Au revoir.
14:13Je voulais fêter ces 70 ans.
14:15Et cette année qui a été difficile pour tout le monde,
14:18tout a été annulé.
14:20Nous nous sommes retrouvés,
14:22beaucoup de personnes de ma génération, isolées.
14:27Plus de contact avec le CCAS, avec les télédansants.
14:30Les réunions avec les enfants intergénérations.
14:33Ça a été une cassure difficile à supporter.
14:39Plus rien à envisager.
14:42Mais nous avons été plusieurs fois sollicités par le CCAS
14:49qui a pris de nos nouvelles par téléphone.
14:51Et je les en remercie.
14:53Ainsi que les jeunes qui nous ont interviewés.
14:56Ils ont fait ça avec vraiment une grande amitié,
15:00quelque chose d'émotionnel entre eux et nous.
15:03Et je les remercie sincèrement.
15:05Ça a été un moment très agréable.
15:07Mais pour eux aussi, c'est une période difficile.
15:10Il ne faut pas penser qu'à nous.
15:12Et j'ai des personnes de 90 ans qui ont subi la guerre.
15:16Mais qui eux m'ont toujours dit, nous on connaissait l'ennemi.
15:20Mais vous hélas, on ne le connaît pas.
15:22Et ça, c'est une période difficile
15:24qu'il va falloir que tous ensemble,
15:26on surmonte.
15:28Et c'est mon souhait le plus absolu.
15:38Allô?
15:39Bonjour, c'est le CCAS de Noisy-le-Sec.
15:41J'appelle pour prendre de vos nouvelles.
15:43Le quoi?
15:44Le CCAS de Noisy-le-Sec.
15:46J'appelle pour prendre de vos nouvelles.
15:48Je ne comprends pas.
15:50Est-ce que vous allez bien?
15:52Hum...
15:53Do you speak English?
15:55Oh, hum...
15:56Oui, oui.
15:57Oui, oui.
15:58Oui, oui.
15:59Oui, oui.
16:00Oui, oui.
16:01Oui, oui.
16:02Oui, oui.
16:03Oui, oui.
16:04Oui, oui.
16:05Oui, oui.
16:06Oh, hum...
16:07Anglais?
16:08Anglais?
16:09Hum...
16:10Vous sortez?
16:11You go outside?
16:13Je ne comprends pas.
16:15Hablas espagnol?
16:17Quelle langue parlez-vous?
16:19Hola?
16:20Que linguae habla?
16:21Sprechen Sie Deutsch?
16:23Allemand?
16:25Allô?
16:26Sprechen Sie?
16:28Je ne comprends pas.
16:30Parle Italiano?
16:31Minate Illinika?
16:32Fala Portuguesa?
16:34No.
16:35Je ne comprends pas.
16:40Je ne comprends pas.
16:41Je ne comprends pas.
16:42Je ne comprends pas.
16:43Je ne comprends pas.
16:44Comment pouvons-nous en parler?
16:45Je n'entends pas.
16:46Je ne comprends pas.
16:47Comment pouvons-nous en parler?
16:48La personne qu'on a interviewée se promenait dans la rue.
16:52Ce fut très motivant qu'une personne âgée accepte de nous consacrer son temps malgré le froid et la neige.
16:59Aujourd'hui, à cause du coronavirus, c'est très difficile de voyager.
17:03pour les personnes, pour les migrants qui quittent leur pays,
17:08pour essayer de venir dans un autre pays,
17:13pour essayer d'avoir une vie meilleure.
17:33Pour moi, l'éthique à l'école, il oublie un culot.
17:39Papa, maman, j'ai eu l'accord de Boumidame.
17:42Je vais pouvoir partir en métropole et trouver du travail.
17:44Oh, ma chérie, tu es sûre que tu veux nous quitter ?
17:47Tu ne veux pas rester encore un peu ?
17:49N'écoute pas ton père, ma chérie.
17:51Je suis très contente pour toi.
17:53Vis ta vie.
17:54Ici, il n'y a rien. C'est pauvre.
17:57Mais par contre, tu vas nous écrire.
18:00Tous les jours.
18:01Mais oui, je vous enverrai de l'argent.
18:04Je suis tellement contente.
18:05Ne vous inquiétez pas, je pourrai mieux vous aider.
18:10Cher papa et maman, j'espère que vous allez bien.
18:13J'ai mis du temps à vous écrire,
18:14parce que j'aurais voulu vous envoyer de meilleures nouvelles.
18:17Je ne suis pas du tout heureuse ici.
18:19On m'avait promis une formation, un travail en arrivant en métropole.
18:22Mais je me retrouve à m'occuper d'une famille,
18:24les enfants, le ménage, la lessive, les repas,
18:26et tout ça, pratiquement sans salaire.
18:28C'est le retour de l'esclavage.
18:30Je ne sais que faire.
18:31Je pense à tous nos ancêtres qui se sont battus pour que cela s'arrête.
18:34Et je me retrouve maintenant dans la même situation qu'eux.
18:37Je pense que je ne vais pas tenir longtemps.
18:40Juliette ! Monsieur vient de rentrer.
18:42Il est saoul comme un cochon.
18:43Il faudrait lui faire à manger pour l'aider à dessouler.
18:45Mais madame, il est minuit.
18:47Justement, j'ai envie d'aller dormir,
18:49alors je vous laisse vous en charger.
18:51Oui, madame.
18:52C'est décidé, demain je pars.
18:54On verra bien ce qui se passera.
19:01Une petite pièce, s'il vous plaît.
19:06Une petite pièce, s'il vous plaît.
19:12Une petite pièce, s'il vous plaît.
19:31Excuse-moi, jeune fille, mais d'où viens-tu comme ça ?
19:33De Guadeloupe.
19:34Oh, comme toi. Moi, je suis Martine Hickez.
19:37Mais comment t'es-tu retrouvée ici ?
19:39Tu n'as pas de famille ou d'amis chez qui aller ?
19:41Je suis arrivée en métropole avec Bumidome.
19:44Bumidome, ne m'en dis pas plus.
19:46Tu sais, c'est ce programme qui promet aux jeunes antillais une place en métropole.
19:49Comme ce qui est arrivé à Marie.
19:51Ah, tu as été exploité comme à l'époque négrière, c'est ça ?
19:53Oui, et je me suis enfuie.
19:55Tu as eu raison.
19:56Écoute, tu peux venir à la maison.
19:58On ne roule pas sur l'or.
20:00Mais tu trouveras un moyen pour pouvoir te retourner.
20:04C'est vrai ?
20:05Vrai de vrai ?
20:07Vous allez m'aider à m'en sortir ?
20:09Oui, vous irez avec nous.
20:14Juliette a passé trois mois chez nous.
20:16Elle a pu passer une formation à l'hôpital Larivoisière
20:19et a commencé à travailler dans les hôpitaux.
20:25Aujourd'hui, le programme Bumidome n'existe plus.
20:27Et ça permet de se demander pourquoi les gens partent de chez eux.
20:30Au final, ils quittent leur pays où ils ont peut-être quelque chose pour venir là
20:33en espérant avoir mieux et au final, ils n'ont pas mieux.
20:36Il faudrait leur donner une chance d'avoir les mêmes opportunités que nous,
20:39parce que c'est des êtres humains,
20:41d'avoir une opportunité partout, que ce soit dans notre pays ou leur pays,
20:45pour qu'ils aient les mêmes droits et les mêmes chances que nous.
20:57Mais qu'est-ce que tu fais Rachid ?
20:58C'est moi Ahmed.
20:59Je m'en fous, va plutôt nettoyer la cuisine.
21:04Mais qu'est-ce que tu fais Redouane ?
21:05C'est moi Ahmed.
21:06Je m'en fous, tu as fini de récolter les pommes de terre ?
21:08Non.
21:09C'est monsieur qui m'a dit de faire la vaisselle.
21:11Fais ce que je te dis et puis c'est tout.
21:18Mais tu t'en fiches de moi Farid ?
21:19C'est moi Ahmed, mais c'est madame qui m'a dit de récolter les pommes de terre.
21:22Oui c'est ça, la cuisine je te dis.
21:25Mais qu'est-ce que tu fais Youssef ?
21:27C'est moi Ahmed.
21:28Je m'en fous, elles sont les pommes de terre.
21:30Mais c'est monsieur qui m'a dit de faire la vaisselle.
21:31Tu as fini de récolter ?
21:32Non.
21:34Alors une fois que tu auras fini de récolter, tu iras les vendre aux voisins qui les vendront au marché, c'est clair ?
21:38Mais en parlant de vendre, le mois dernier je n'ai touché que la moitié de mon salaire et pas encore ce mois-ci.
21:43Tu ne vas pas te plaindre en plus, fais ce que je te dis et puis c'est tout.
21:48Mais qu'est-ce que tu fais Amine ?
21:49C'est moi Ahmed.
21:50On s'en fout, tu pourrais t'appeler bico que ça nous irait, fais ce qu'on t'ordonne et puis c'est tout.
21:54Non mais ça ne va pas, je ne suis pas votre bico, je ne suis pas votre esclave, je suis moi Ahmed, votre employé.
21:59Je sais que vous traitez vos chiens mieux que moi.
22:01Mais viendra un jour où la gérée retrouvera son indépendance et nous vous mettrons dehors à cause du mal que vous faisiez.
22:07Et ça, c'est pour mon salaire.
22:10Lors des interviews, j'ai ressenti de la compassion pour Mohamed et Juliette.
22:14Tous les deux ont dû quitter leur pays et nous qui sommes nés dans un pays riche, on a plus d'opportunités, moins de restrictions.
22:40Allô ?
22:41Oui, bonjour madame de la rue, c'est le CCAS de Noisy-le-Sec, je vous appelle pour savoir comment vous allez.
22:47Le CCAS ?
22:48Oui, le CCAS, vous allez bien ?
22:52Je n'ai pas vraiment de morale cette année.
22:54Ben oui, pourquoi, qu'est-ce qu'il se passe ?
22:57C'est mon mari, je crois qu'il est mort.
23:01Mais pourquoi vous dites ça ?
23:03Ça fait quelques jours qu'il est parti, il n'est pas revenu.
23:07Vous avez appelé la police ?
23:09Je pense.
23:11Les hôpitaux ?
23:13Je ne me souviens pas.
23:14Et vous, comment vous vous sentez ?
23:16Je crois que j'ai des problèmes de mémoire.
23:19On ne vous a rien diagnostiqué ?
23:21Ça fait un moment que je n'ai pas vu le médecin, je ne sors pas de chez moi à cause du Covid.
23:27Vous n'avez pas de mémoire ?
23:29Je ne sors pas de chez moi à cause du Covid.
23:32Vous avez passé une bonne journée ?
23:34Je passe mes journées à regarder par la fenêtre en espérant qu'il revienne.
23:39Vous avez appelé ses amis ?
23:41Je ne connais aucun de ses amis.
23:43Vous avez un animal de compagnie ?
23:45Oui, un chat, il s'appelle Félix, comme mon mari.
23:51Écoutez, madame de la rue, je vais appeler ma collègue et je vais parler de la disparition de votre mari.
23:56Surtout, restez bien chez vous, on vous appelle dans une heure.
23:59Je ne vais pas sortir de chez moi de votre façon.
24:03Merci madame de la rue, à bientôt.
24:05Au revoir madame de la rue.
24:15Allô ?
24:16Allô Francine, c'est Cindy, je viens de parler à madame de la rue et je suis inquiète.
24:21Madame de la rue ? Oui, je vois de qui il s'agit, que se passe-t-il ?
24:25Elle avait l'air complètement désorientée. Je vais vous donner son adresse.
24:29Désorientée, c'est-à-dire ?
24:31Elle m'a longuement expliqué qu'elle attendait son mari devant la fenêtre pendant des heures.
24:34Ah, c'en est là. Vous avez bien fait de me prévenir, je vais vous envoyer quelqu'un.
24:38Son mari est décédé il y a plus de deux ans.
24:42J'ai grandi avec un grand-père qui était en maison de retraite et qui avait Alzheimer.
24:46A chaque fois que j'y allais, il se rappelait très peu de moi, de mon frère, mais il se souvenait toujours de ma mère.
24:52On s'est aussi rendu compte que, finalement, pas mal de gens ont fait du bénévolat.
24:57On ne pensait pas qu'il y en avait tant, que les personnes plus âgées le faisaient aussi,
25:02que ce soit des personnes en situation d'handicap ou des personnes dans le besoin.
25:06Salut Camille ! Monique m'a dit que tu aurais peut-être besoin d'aide.
25:09Non, c'est bon, je veux juste remplir un document pour postuler un emploi.
25:12T'es sûre ? Mon cours d'alphabetisation commence dans 20 minutes.
25:15Ça va, je te dis.
25:16Ok, je comprends que tu veux le faire seul et je ne vais pas te le faire à ta place.
25:20Je veux juste te faciliter la tâche.
25:22Ah ouais ? Et comment ? Je suis à mon nom de bras ?
25:24Mais non, arrête ! Regarde, et si on le faisait sur l'ordinateur au lieu de faire sur ton smartphone ?
25:29Ça serait mieux, non ?
25:31Oui, mais j'arrive jamais à le brancher.
25:32Mais si, regarde, d'abord on va le brancher.
25:35Et voilà ! Là, c'est bon ?
25:37Oui.
25:38Ok, bah tu m'appelles si t'as besoin d'aide, je suis à côté.
25:41Oui, oui, ça va.
25:43Ah, attends, comment je fais pour connecter l'ordinateur à l'imprimante ?
25:47Alors, tu fais comme ça, plus tu cliques là, et voilà ! Là, c'est bon ?
25:53Oui, merci.
25:54D'accord, tu m'appelles si t'as besoin d'aide, je suis à côté.
25:57Oui.
26:01Au fait Camille, je voulais te dire, tu as sacrément progressé ces jours-ci.
26:05Je suis fière de toi.
26:06Mais je ne serai jamais une personne normale.
26:09Mais c'est quoi d'être une personne normale ? Le but c'est d'être toi.
26:12Sache-le, je suis fière de toi.
26:17Merci.
26:25Effectivement, le bénévolat, c'est une chose magnifique.
26:31Parce qu'au moins, on peut aider les gens qui en ont besoin,
26:35qui n'ont pas les moyens de s'acheter ce que tout le monde pourrait avoir.
26:40Je me suis inscrit dans ces associations parce que j'étais en colère contre l'État, en gros.
26:51Je voyais des gens qui mouraient de faim, qui clamaient à manger partout et qui n'avaient rien.
27:01Effectivement, le Parlement a passé une loi qui interdit que les magasins en général,
27:10les petits ou les grands, se débarrassent des invendus.
27:14Notre peur est tellement grande qu'on met beaucoup trop de côté,
27:17on tue beaucoup trop d'animaux, on dévaste beaucoup trop de forêts.
27:20C'est qu'on a peur de ne pas avoir suffisamment à manger, donc on va mettre de côté.
27:24Sauf qu'aujourd'hui, on surconsomme de cette manière, on met trop de côté.
27:27Le gratin de reste.
27:31Ça, c'est un truc.
27:33Avec tout ce qu'il y a dans le frigo, avec des oeufs.
27:36On met des pâtes, des oeufs et tout ce qu'il y a dans le frigo.
27:38Nous, c'était surtout une omelette.
27:40Oui, bien sûr.
27:42On peut mettre de la sauce, on peut mettre de la sauce mélangée.
27:47Par exemple, quand il restait du pain, ça faisait un dessert.
27:50Du pain perdu.
27:51Du pain perdu, parfaitement.
27:53On a de plus en plus de monde, ça c'est clair.
27:56Cette année, en 2020, on était à 380 familles.
28:04Et là, on en est à 440.
28:09Rien que sur Noisy.
28:27Bonjour.
28:29Bonjour.
28:30On vient vous voir pour savoir si vous avez des emmandus aujourd'hui.
28:35Ah ouais, je te reconnais, tête de chou-fleur.
28:38Encore pour votre assaut là-bas ?
28:41Encore à mendier ?
28:42Vous voulez venir tous les jours ?
28:44Non, on vient que le mardi et le jeudi.
28:49Toi, je ne te connais pas par contre.
28:51Comment tu t'appelles ?
28:53Je m'appelle Audrey.
28:54Audrey ?
28:56C'est moche comme nom.
28:58On va recommencer, mais tu vas me donner un nom qui fasse envie.
29:04Allez, salut toi.
29:06Je ne te reconnais pas.
29:07C'est quoi ton nom ?
29:08Je m'appelle Audrey, je ne vais pas changer de prénom pour vous.
29:11Non mais ça va pas.
29:12Pourquoi tu parles à ces jolies filles comme ça ?
29:14Ça va, on rigole.
29:15Mais tu ne vois pas comment elles sont belles ?
29:17Tu ne dois pas leur parler comme ça.
29:18Je les taquine, c'est tout.
29:20Écoute, donne-leur des trucs plutôt, ok ?
29:22Ouais, t'as raison.
29:23Les bananes, ça vous va ?
29:24Oui, ça va.
29:25Pommes de terre ?
29:26Ouais.
29:30Merci.
29:31Hé, attendez. Maintenant, donnez vos numéros.
29:34Non, on ne vous donnera pas nos numéros, on est beaucoup trop jeunes pour vous.
29:37Comment ça trop jeunes ? On n'est pas trop jeunes.
29:40Ben si, on peut être nos pères.
29:42Non, on ne nous donnera pas nos numéros.
29:44Ah bon ? Des jolies nanas comme vous, là ?
29:46Regardez les fruits qu'on vous donne.
29:48Il y en a qui vous en donnent des aussi beaux, non ?
29:50Ouais.
29:51Allez, vous ne faites pas envie ma banane ?
29:54Non, vous êtes écœurants. Viens, on s'en va.
29:57Au revoir.
29:58Au revoir.
29:59C'est n'importe quoi, ça.
30:01Gratitude, je te jure.
30:02Tiens.
30:09La mission qui m'a le plus marquée, c'était la Croix-Rouge,
30:12parce qu'on a fait de la distribution alimentaire.
30:15J'ai vu des personnes qui étaient dans le besoin
30:18et ça m'a fait du bien de leur apporter quelque chose.
30:24Je les voyais repartir avec le soin et ça m'a fait du bien.
30:48Bonjour.
30:49Alors, je suis venue ici parce que je suis dans une situation assez précaire.
30:53Je voudrais savoir si vous pouviez m'aider, j'ai deux enfants et j'ai besoin de les nourrir.
30:56Et vous n'êtes pas sur les listes, c'est ça ?
30:58Non, c'est la première fois que je viens ici.
31:00D'accord.
31:01Alors, exceptionnellement, on va vous faire un panier,
31:03mais il faudra aller voir votre assistante sociale.
31:05Vous avez une assistante sociale ?
31:06Oui.
31:07Bon, vous pourrez aller la voir, ça nous permettra de continuer à vous aider.
31:09Un adulte et combien d'enfants ?
31:11J'ai deux enfants.
31:12D'accord, on va vous faire un panier.
31:14Qu'est-ce que vous voudriez ?
31:15Quand on a rien, on prend ce qu'on nous donne, vous savez.
31:17Je comprends, ça doit être très difficile.
31:22Ne vous en faites pas, nous allons vous soutenir et vous allez vous en sortir.
31:25C'est que temporaire.
31:26Mais si je peux vous demander quelque chose, je voudrais bien du lait et des couches Taïka, si vous avez.
31:30Oui, bien sûr.
31:31On va vous faire un panier et on vous l'apporte à l'entrée.
31:33Merci mille fois.
31:34Et n'oubliez pas d'aller voir votre assistante sociale.
31:36Au revoir, madame.
31:37Au revoir.
31:38Merci.
31:40Quand j'ai rencontré les anciens, j'étais vraiment excitée au début,
31:45parce que je savais qu'on allait les interviewer sur leur vie.
31:50Eh bien, j'ai été excitée parce que je n'ai jamais entendu parler de ça de mes grands-parents,
31:55parce qu'ils sont partis plus tôt, plus tôt quand j'étais petite fille.
31:59Donc, oui, j'étais définitivement excitée et après avoir terminé l'interview,
32:06j'ai été reconnaissante d'entendre un morceau de leur vie comme ça.
32:16Allô, on est là.
32:18Chut les enfants, grand-père se repose.
32:22Oh, bonjour les enfants, comment ça va ?
32:24Ça a été l'école aujourd'hui ?
32:26Oui, ça va, ça a été.
32:28On a parlé de la grande guerre, comme tu nous la racontes souvent.
32:33Odie, tu nous racontes l'histoire où tu étais cachée dans les tranchées si longtemps ?
32:38Les tranchées, bien sûr, mais va me chercher un verre de vin que je me réchauffe la mémoire.
32:46Alors non, là ça ne va pas du tout, ce n'est pas du tout le moment.
32:49Déjà, les enfants, il faut aller faire le devoir,
32:52il faut m'aider à préparer le dîner, à laver la cuisine.
32:54Les filles, il faut aller laver vos tenues du dimanche.
32:57Et toi Christian, j'aimerais bien que tu ailles me chercher du bois dans la cabane.
33:00Allez.
33:03Tu exagères un peu, Madame de Gaulle.
33:05Tu pourrais leur laisser un peu plus de temps ?
33:07On est jeudi demain, ils n'ont pas école.
33:09Madame de Gaulle, ah ouais, tu exagères.
33:12Mais bon, si tu veux.
33:13Les enfants, vous pouvez revenir.
33:19Dis, grand-père, pourquoi tu appelles maman Madame de Gaulle ?
33:22Vous connaissez tous le général de Gaulle ?
33:24Oui.
33:25Eh bien, il paraît qu'avec sa femme, en fait, il est totalement insignifiant.
33:30C'est elle qui prend toutes les décisions du couple.
33:41Maman, il faut que je file, j'ai un rendez-vous, je suis déjà en retard.
33:44Et Louane, elle est cool avec Mamie.
33:46Et les filles, bonjour sur les portables, vous savez qu'elles n'aiment pas ça.
33:49Ouais, c'est bon, on sait.
33:53Coucou les filles, comment ça va ?
33:55Vous avez passé une bonne semaine ?
33:57Ouais, ça va.
33:58Ou alors, vous allez me raconter ça, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
34:01Bah, rien de spécial, Mamie.
34:03N'importe quoi.
34:04Tu ne lui as pas raconté l'histoire avec la preuve de maths ?
34:06Mais non, je ne peux pas.
34:08En fait, Mamie, Kelly, elle s'est fait choper.
34:10Non, pas devant Mamie, c'est trop la honte.
34:12Ça suffit.
34:13Et si on jouait à la bonne paye ?
34:15Ouais, ok.
34:19Je me souviens, quand j'étais plus jeune,
34:22la preuve de physique m'a un jour surprise en train de regarder par-dessus l'épaule de ma voisine.
34:28Ah non, ce n'est pas possible.
34:30Ça suffit, ces téléphones portables.
34:32Il y en a marre.
34:33Rangez-moi ça.
34:35Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
34:39Ce n'est pas possible.
34:41C'est ce genre de choses qu'on a fait cette année.
34:43C'était très enrichissant.
34:45Même si à cause du Covid, on n'a pas pu faire quelques missions,
34:50mais c'était vraiment très enrichissant.
34:53Et ça nous a appris beaucoup de choses.
34:55Humanité, solidarité, plein de choses.
34:59C'était super.
35:03Cette personne ne maîtrise pas les technologies d'aujourd'hui,
35:06mais on n'arriverait certainement pas à utiliser celles de son époque.
35:09La plupart des personnes âgées qu'on a rencontrées s'inquiètent de notre futur,
35:13se demandent ce qui va se passer pour nous.
35:15Et pourtant, ils en ont vécu des difficultés.
35:17Mais c'est rassurant, quelque part,
35:19de voir que certains des générations passées se rendent compte
35:22de la difficulté qu'on peut vivre aujourd'hui.
35:25C'était enrichissant,
35:27d'écouter les histoires de ces personnes de la même génération.
35:30Les gens se contentaient de très peu,
35:32mais malgré tout, pouvaient être heureux.
35:35Ce qui m'a le plus touchée,
35:37c'est les messages dédiés aux jeunes générations.
35:39Ils nous ont pratiquement tous dit la même chose,
35:42profiter de la vie, même dans la situation actuelle.
35:55Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
36:25Abonnez-vous !