• il y a 6 mois
Antoine Goretti revient sur l’agression homophobe qu’il a subi, suite à un tournage qu’il a réalisé pour FRAICHES. Un moment choquant pour lui qu’il a décidé de partager avec nous
Transcription
00:00Donc les mecs ont baissé leurs vitres et un des mecs qui était au volant me dit
00:03« ça y est t'as fini de faire le tapin, sale tapette ».
00:05Salut tout le monde, je m'appelle Antoine Goretti, je suis créateur de contenu, comédien
00:09et j'ai aussi une petite agence d'influence.
00:10Et aujourd'hui, je viens raconter le jour où j'ai vécu ma première situation d'homophobie
00:15après un tournage que j'ai réalisé avec Fresh et une marque de make-up pour le mois des Fiertés.
00:18La semaine dernière, j'ai fait un tournage un petit peu particulier avec Piche où j'ai vécu sa vie.
00:23On m'a dragqueenisé.
00:25C'est incroyable, c'est magnifique.
00:34On dirait vraiment Kim Kaze.
00:35Et c'était hyper intense comme expérience, hyper sympa aussi à vivre.
00:42Il y avait une belle équipe, il y avait une bonne atmosphère, une bonne vibe.
00:45L'idée de ce tournage, c'était de montrer qu'il y avait aussi des alliés à la communauté LGBT
00:50et qu'on pouvait tous s'ouvrir l'esprit pour essayer de vivre un peu mieux ensemble.
00:53Sauf qu'à la suite de ce tournage, j'ai dû rentrer chez moi en enlevant évidemment les vêtements,
00:58mais en gardant le maquillage parce que c'était trop long de l'enlever sur place.
01:00Je suis reparti en scooter, il était à peu près 22h30 dans les rues parisiennes.
01:03En arrivant au feu rouge, il y a une voiture qui se stationne à côté de moi
01:06avec deux personnes, vitres fermées.
01:08Et j'entends un truc un peu de loin qui me dit en gros...
01:13Pardon, ça me paraît tellement moi étonnant de vivre ce genre de situation.
01:17Qui me dit en gros, sale PD.
01:19Donc là, je suis un peu déjà surpris, étonné,
01:22parce que je n'avais même pas l'impression que ça s'adressait à moi à la base.
01:25Et je demande en fait de répéter.
01:26Donc les mecs ont baissé leurs vitres et un des mecs qui était au volant me dit
01:30« ça y est, t'as fini de faire le tapin, sale tapette ».
01:32Moi sur le moment, j'avoue que c'est la première fois de ma vie que je ne réagis pas.
01:35Après la longue journée qu'on a passée et toutes les émotions que j'ai traversées.
01:38Parce qu'effectivement, on a mis cinq heures de make-up,
01:41on est allé dans une viewing party où j'étais mélangé avec toute la communauté queer
01:45et où j'étais un peu dans une safe place et un peu dans un mood
01:48où j'avais l'impression d'avoir été une femme pendant deux heures
01:51et j'avais l'impression même de ne plus être Antoine et d'être une autre personne.
01:55Donc j'étais un peu dans un trop-plein d'émotions
01:58qui fait que je n'ai pas trouvé les mots.
02:01Je les ai juste regardés, je les ai laissés partir.
02:03Je ne me suis pas senti attaqué moi personnellement,
02:05vu que je ne suis pas homosexuel.
02:07Mais en même temps, je sais que ça m'attaquait moi aussi
02:10dans la représentation que ces personnes-là pouvaient se faire de qui j'étais.
02:13Alors moi, j'en ai subi qu'une fois et que ça m'a surpris.
02:15J'imagine qu'une personne homo, elle pour le coup,
02:17elle doit en subir déjà beaucoup au quotidien.
02:19Et je me dis mais comment on peut faire pour rester quand même sain d'esprit
02:23et ne pas péter un plomb à chaque fois que quelqu'un nous fait une remarque ?
02:26Parce que de l'homophobie ordinaire, il y en a.
02:28Mais là, c'était de l'homophobie hyper violente et hyper ciblée.
02:31Ce qui est étonnant en fait, c'est que j'ai l'impression que dans la société actuelle,
02:34on est maintenant dans une sorte de clivage beaucoup plus grand.
02:37Il n'y a plus vraiment d'entre-deux, il n'y a plus de nuances.
02:39Il y a soit des gens qui sont hyper ouverts d'esprit,
02:42soit des gens qui sont complètement fermés d'esprit sur plein de sujets,
02:44que ce soit sur l'homophobie, sur le racisme, sur l'antisémitisme.
02:47Et j'ai l'impression que le fossé se creuse.
02:49Ça fait peur en fait de se dire que maintenant,
02:51les gens ne sont même plus capables de se remettre en question
02:53sur des sujets qui sont quand même des sujets naturels.
02:55C'est-à-dire que la sexualité d'autrui, ça ne t'attaque pas toi en tant que personne,
02:59ça ne devrait même pas te déranger.
03:01Et pourtant, ça existe, il faut faire avec.
03:02Il faut aussi essayer de voir ce qu'on peut mettre en place
03:04pour essayer de faire comprendre aux gens que c'est normal en fait
03:07d'avoir toutes les couleurs dans la planète sur laquelle on vit.
03:10Et en même temps, d'essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là.
03:13Parce que si on ne comprend pas la base du problème,
03:16on ne peut jamais régler le problème.
03:17S'il y a un message à passer à la communauté LGBT,
03:20vous n'êtes pas tout seul, il y a aussi des alliés avec vous.
03:22Et je comprends maintenant ce que vous vivez au quotidien,
03:24donc il faut continuer à avoir la tête haute et continuer à avancer
03:28et continuer à assumer qui on est,
03:29parce qu'il n'y a que comme ça que les choses vont bouger.
03:31Mais si j'ai un message surtout à faire passer aux gens
03:33qui sont peut-être de l'autre côté, qui sont dans l'homophobie ordinaire,
03:36qui ont un tonton un petit peu homophobe, un petit peu raciste,
03:38qui ne savent pas trop où se situer, qui sont mal à l'aise par exemple
03:41quand ils voient des garçons ou des filles s'embrasser dans la rue.
03:43Essayez de prendre un peu de recul par rapport à la situation.
03:45Dites-vous que c'est comme ça, c'est la vie,
03:48il y a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel dans la vie.
03:50Et le plus important, c'est juste de laisser les gens vivre
03:52du moment que ça n'attaque pas votre propre liberté et votre intégrité.
03:56On a assez de place, il y a assez de gens sur cette planète
03:59pour ne pas s'offusquer, pour ne pas être indignés de qui on aime.
04:01Et quand il y a de l'amour, de toute façon,
04:03généralement, c'est que du positif.
04:04Donc, juste essayez de les comprendre et essayez de vous ouvrir un peu l'esprit.

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