Voyage Au Bout de la Viande

  • il y a 4 mois
Documentaire sur la consommation de la viande, utile ou nocive ?

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Transcription
00:00La viande est l'un des éléments les plus fréquemment utilisés dans notre alimentation.
00:06Mais sait-on vraiment d'où elle vient et ce qu'on mange ?
00:10Dans l'Union Européenne, les gens considèrent la viande comme quelque chose qui tombe du ciel.
00:16Elle peut traverser 7 ou 8 pays avant d'arriver dans les supermarchés.
00:21La viande fait un long voyage d'un pays à l'autre, parfois d'un continent à l'autre.
00:26Au final, qu'y a-t-il dans l'emballage ?
00:29Une barquette de viande hachée contient la chair de 150 porcs et d'environ 60 bovins.
00:35Nous avons suivi la piste de négociants véreux comme Vili Zelten,
00:39l'un des acteurs principaux du scandale de la viande de cheval,
00:42et remonté les filières de la fraude.
00:48On a déchargé les camions, c'était du cheval.
00:50Comment convertit-on de la viande de cheval en produit pur bœuf ?
00:54Et comment cette viande finit-elle par se retrouver dans des lasagnes surgelées ?
00:58Pour moi, il est clair que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
01:03Selon un informateur, le prochain scandale ne serait qu'une question de temps.
01:08Il y a sûrement encore en stock quelques milliers de tonnes invendues,
01:11qui sont au moins contaminées, voire carrément mélangées à de la viande de cheval.
01:19Face à ces criminels sans scrupules, les pouvoirs publics sont impuissants.
01:24On parle de marge de 1000% ou plus.
01:27Ça attire beaucoup de monde.
01:48La viande, la plupart d'entre nous en mange tous les jours.
01:51C'est un produit de masse, souvent bon marché.
01:54En moyenne, un Européen en consomme 66 kilos par an.
01:57On en trouve partout et en permanence.
02:00Mais sommes-nous capables de retracer l'origine de tous ces rôtis, viandes hachées ou côtelettes du rayon frais ?
02:14Les supermarchés rassurent le consommateur avec des noms qui fleurent bon la campagne.
02:22En Allemagne, l'enseigne de Hardisk und Netto met ainsi en avant la marque Guttbrennholz.
02:27Son logo ? Une jolie maison de maître, promesse d'authenticité.
02:35Guttbrennholz ?
02:36Ça fait très sérieux, très campagne, en fait.
02:41C'est une grosse exploitation agricole, c'est ça ?
02:44C'est peut-être que la provenance est plus précise ?
02:50C'est peut-être un peu comme l'autre marque, là.
02:52Genre un domaine agricole où la transformation est faite sur place.
03:00Nous avons creusé la question.
03:02Sur son site, Netto présente cette marque comme un gage de création.
03:06En Allemagne, c'est la même chose.
03:09Nous avons creusé la question.
03:11Sur son site, Netto présente cette marque comme un gage de qualité.
03:15Mais impossible de savoir où se trouve ce fameux domaine du Guttbrennholz.
03:26Alors nous avons posé la question à l'enseigne.
03:28Est-il possible d'avoir l'adresse du domaine et de le visiter ?
03:35Réponse de Netto, Guttbrennholz est une marque maison.
03:38Une marque de distributeurs.
03:40Les produits, eux, viennent de différents fournisseurs.
03:45Nous avons voulu rencontrer ces fournisseurs.
03:47Et surprise, au lieu de fermes bucoliques, nous avons découvert des zones industrielles.
03:52Comme ces abattoirs situés en Bavière.
03:55Ils appartiennent au groupe hollandais Vion.
03:57L'un des fleurons de l'industrie charcutière en Europe.
04:00Parmi ses clients, les produits Guttbrennholz de Netto.
04:06On abat ici 12 000 porcs et 3 000 bovins par semaine.
04:09Le site est protégé par des barbelés et des capuchons.
04:12Les abattoirs sont à l'intérieur de l'industrie charcutière.
04:15Les abattoirs sont à l'intérieur de l'industrie charcutière.
04:18Les abattoirs sont à l'intérieur de l'industrie charcutière.
04:22Le site est protégé par des barbelés et des caméras de surveillance.
04:34Changement de région, même fournisseur.
04:37Ces abattoirs situés en Thuringe appartiennent également au groupe Vion.
04:41Ils fournissent une autre marque de distributeurs, Wilhelm Brandenburg.
04:47Nous avons voulu en savoir plus sur le label Wilhelm Brandenburg
04:50que l'enseigne Rève qualifie de « viande de qualité bouchère ».
04:58Réponse de l'enseigne, la boucherie de qualité Wilhelm Brandenburg
05:01est un établissement dont les sites de production se trouvent à
05:04Francfort, Dreieck, Netphen et Thiemendorfenstrand.
05:09Chiffre d'affaires annuel de cette boucherie, plus de 650 millions d'euros.
05:14Il ne s'agit pas d'un petit établissement mais d'une usine.
05:17Bilan, les deux marques font tout pour évoquer une réalité qui n'existe pas.
05:47C'est pour ça que je ne mange plus de viande.
05:50Ça montre que très souvent ce qui est marqué sur l'étiquette n'est pas vrai.
05:55Le phénomène ne se limite pas à l'Allemagne.
05:58En France, Aldi commercialise des produits sous l'étiquette « Boucherie Saint-Clément ».
06:02Le nom évoque un établissement artisanal mais la viande de porc
06:05vient en partie d'un grand abattoir allemand.
06:08En réalité, le nom d'une marque, même quand il sonne bien,
06:11ne dit rien de la provenance de la viande.
06:14Or, que dit la loi en matière d'étiquetage ?
06:17En fait, tout dépend de l'animal.
06:20Selon la réglementation européenne, toutes les viandes ne se valent pas.
06:23Depuis la crise de la vache folle, la viande de bœuf cru doit porter une étiquette
06:27mentionnant le pays de naissance, d'engraissement, d'abattage et de découpe.
06:33Pour les porcs et la volaille, l'indication de la provenance n'était pas obligatoire.
06:37Au 1er avril 2015, tout devrait changer.
06:40L'étiquette devra alors mentionner le pays d'élevage et d'abattage des animaux.
06:44Cette décision a été prise à Bruxelles.
06:47Ses directives valent pour tous les pays de l'Union européenne.
07:01Nous voici dans la capitale de l'Europe, siège de la Commission européenne.
07:05Cette dernière fixe la règle en matière d'étiquetage de produits alimentaires.
07:09Les États membres sont ensuite responsables de l'application des lois votées ici.
07:17Monique Goyens est directrice générale du BEUC,
07:20le Bureau européen des unions de consommateurs.
07:23Cette fédération milite pour une transparence accrue des circuits de la viande,
07:27trop opaque du fait de la multiplication des étapes de fabrication.
07:31On peut prendre l'exemple d'un porc né en Belgique,
07:34puisque nous avons beaucoup d'élevages en Belgique.
07:37Il va ensuite être engraissé en Italie,
07:40et peut-être aussi abattu là-bas.
07:43Mais après ça, on va le transporter en Pologne,
07:46pour qu'il soit transformé.
07:49Et enfin, l'expédier, mettons, au Danemark ou en Grande-Bretagne,
07:52où il sera vendu.
07:55Et il y a parfois encore d'autres étapes intermédiaires,
07:58si bien que la viande peut traverser sept ou huit pays
08:01avant d'arriver dans les supermarchés.
08:04Les porcelets naissent sur une exploitation donnée.
08:07Quelques semaines plus tard, on les transfère sur un site d'engraissement,
08:10souvent situé dans un autre pays.
08:13Puis, au bout de six mois, on les envoie à l'abattoir.
08:16De la naissance au supermarché,
08:19la filière porcine de la viande,
08:22compte au minimum quatre étapes.
08:25Le consommateur est-il informé du parcours du produit qu'il achète ?
08:28Nous avons voulu le vérifier à Leipzig,
08:31dans les enseignes d'Aldi Nord et de Lidl.
08:37Aldi commercialise la marque Bauern Gluck,
08:40et Lidl la marque Landjunker.
08:43On sait déjà qu'il ne faut pas se fier aux noms écrits sur l'emballage.
08:46Mais qu'en est-il de l'indication de provenance obligatoire ?
08:49L'établissement de transformation doit toujours être indiqué.
08:52Mais peut-on retracer tout l'itinéraire
08:55suivi par les produits de ces deux marques ?
08:58L'étiquetage obligatoire ne permet pas de remonter
09:01au-delà du lieu d'abattage ou de découpe.
09:04En Allemagne, Lidl et Aldi
09:07proposent à leurs clients de flasher l'étiquette
09:10pour vérifier la provenance des barquettes.
09:13On peut télécharger gratuitement l'application sur son smartphone.
09:16Nous l'avons testée.
09:19Résultat, les 500 g de viande hachée de Lidl
09:22proviennent de 8 régions d'Allemagne.
09:25Même chose pour la viande hachée d'Aldi Nord.
09:28500 g, 8 régions.
09:31Si le contenu d'une seule barquette
09:34provient de 8 sites différents,
09:37elle doit contenir les morceaux de dizaines de porcs et de bœufs.
09:40Mais combien exactement ?
09:44Aldi nous a renvoyé à ses fournisseurs.
09:48Lidl nous a confié qu'il était très difficile
09:51de répondre à la question.
09:54Un même nom revient dans la liste des fournisseurs
09:57de viande hachée des deux enseignes.
10:00Le site de transformation de Reda Wiedenbrück.
10:03Nous nous rendons sur place.
10:06C'est le plus grand abattoir porcin d'Allemagne.
10:09On abat ici environ 25 000 bêtes chaque jour.
10:12C'est la plus grande ville française d'Aldi.
10:27A leur arrivée, tous les cochons portent
10:30un numéro d'identification sur leur oreille.
10:33Ils viennent d'un rayon de 150 km.
10:36Beaucoup de sous-traitants, pour la plupart de grandes stations d'engraissement,
10:39sont en contact à l'état de porcelet.
10:42L'abattoir ne vérifie pas leur provenance.
10:48Ici, nous entendons un terme que nous allons constamment rencontrer
10:51au cours de notre enquête.
10:54L'autosurveillance.
10:57Chaque opérateur de la chaîne d'approvisionnement
11:00est tenu de pratiquer l'autosurveillance.
11:03A leur arrivée, les bêtes sont placées dans une porcherie d'attente
11:07Il faut éviter le stress.
11:10C'est important pour le bien-être des animaux.
11:13Mais le stress a aussi des effets négatifs sur la qualité de la viande.
11:16Quand le porc est stressé avant l'abattage,
11:19ça nuit à ses qualités gustatives.
11:22Et ça a aussi un impact sur la durée de conservation du produit.
11:28On diffuse de la musique pour apaiser les cochons.
11:31Au bout de quelques heures, dans l'aire d'attente,
11:34les bêtes sont étourdies au dioxyde de carbone avant d'être abattues.
11:41Étape suivante.
11:44Les animaux sont morts depuis environ 20 minutes.
11:47Nous remarquons un changement.
11:50Beaucoup d'entre eux ont perdu leur tatouage auriculaire.
11:53Juste après l'abattage,
11:56chaque bête reçoit un nouveau numéro d'identification.
12:00La chaîne d'abattage passe environ 1400 porcs à l'heure.
12:09Chaque animal est filmé.
12:20Les demi-carcasses vont reposer 18 heures en chambre froide.
12:23À ce moment-là, les bêtes sont toujours identifiables.
12:30Joseph Trilling, le directeur qualité de l'établissement,
12:33nous explique le système de suivi
12:36qui permet de remonter jusqu'au lieu d'engraissement de chaque animal.
12:39Le lieu de naissance, en revanche,
12:42n'est pas du ressort des abattoirs et des usines de transformation.
12:48Toute entreprise d'engraissement possède un numéro d'identification,
12:51un numéro d'enregistrement de traçabilité du bétail.
12:54Et on le retrouve tatoué en partie sur chaque porc.
12:57On a ici SO pour Zost
13:00et le numéro de l'entreprise.
13:03Ce numéro permet de savoir de quel élevage vient ce porc.
13:06Nous enregistrons ce numéro dans notre base de données
13:09avec le code d'abattage et celui du crochet.
13:16Tous les crochets contiennent une puce
13:19à laquelle est attribué un numéro de série.
13:22Et ces trois numéros nous permettent d'identifier les bêtes de chaque exploitant
13:25ici dans la chambre des demi-carcasses.
13:33A l'abattoir, on trie les bêtes non pas en fonction de leur provenance
13:36mais en fonction de leur qualité.
13:39On va ainsi créer des lots destinés, par exemple,
13:42à la production de viande hachée.
13:45Lors de la découpe, le système lit l'information
13:48délivrée par la puce du crochet.
13:52A partir de là, les porcs ne sont plus identifiables.
13:55On scie les demi-carcasses en trois morceaux.
13:58Chacun d'eux va être séparé, transformé
14:01et réuni en lots avec des centaines d'autres morceaux.
14:04La cuisse va devenir un jambon.
14:07Les côtes, des côtelettes.
14:10L'animal se perd dans le système.
14:13La traçabilité est désormais impossible.
14:16Ce morceau, par exemple,
14:19peut encore délimiter sa zone de provenance
14:22mais impossible d'identifier un site en particulier.
14:27Ces épaules de porc sont destinées à la production de viande hachée.
14:34Au bout de la ligne de fabrication,
14:37un mélangeur assemble la viande de porc avec de la viande de bœuf
14:40issue des abattoirs bovins de l'usine,
14:43selon les exigences des enseignes.
14:50Une mêlée, l'unité de gestion de base,
14:53donne 4000 paquets de viande hachée pour Aldi et Lidl.
14:58Les étiquettes flashées nous ont indiqué 8 régions.
15:01Il s'agit non pas des sites d'engraissement mais des abattoirs.
15:047 pour le bœuf et 1 pour la viande de porc,
15:07celui de Reda-Wiedenbrück.
15:12Mais les sites d'origine des animaux ne sont pas indiqués.
15:15Et pour cause, ils sont trop nombreux.
15:19Est-ce que vous pouvez nous dire combien d'animaux
15:22entrent dans la composition d'une barquette de viande hachée ?
15:25Oui, je peux vous répondre précisément.
15:28Chaque barquette de viande hachée provient d'une mêlée.
15:31Et une mêlée, c'est 2 tonnes.
15:34Pour les produire, on a utilisé la viande d'environ 150 porcs
15:37et 60 bovins.
15:40Pour le consommateur donc, impossible de connaître
15:43la provenance des animaux.
15:46Les responsabilités individuelles n'existent pas.
15:55On ne pourrait pas mettre la photo d'un seul animal sur une barquette.
15:58C'est impossible du fait des quantités à transformer.
16:01Si je prélève par exemple sur un animal 8 kg
16:04destiné à la production de viande hachée,
16:07ça veut dire que ces 8 kg deviennent l'unité de base.
16:10C'est une unité beaucoup trop petite.
16:13Économiquement, ce n'est pas viable.
16:17Résumons-nous, quand les volumes sont énormes,
16:20il est impossible d'indiquer exactement la provenance de la viande.
16:23C'est le prix à payer, car la production de masse
16:26réduit le coût de la viande. Un argument imparable.
16:32Chaque jour, 500 tonnes de viande transformée
16:35quittent le site de Redavidenbrück pour alimenter les Hardiskund
16:38en Allemagne et dans le reste de l'Europe.
16:41La viande commercialisée en France par Aldi sous le nom de Boucherie Saint-Clément
16:44vient aussi de l'usine Tenise.
16:53Mais alors, qu'en est-il à plus petite échelle dans les boucheries de quartier ?
16:56Les artisans produisent-ils eux-mêmes leur viande ?
17:04Nous avons rencontré une ancienne négociante en viande.
17:07Elle connaît bien la filière.
17:10Elle a travaillé de nombreuses années pour le compte de différentes sociétés.
17:13Selon elle, le client de la boucherie de quartier
17:16a peu de prise sur le circuit de la viande.
17:20L'indication « Fabrication maison » ne veut rien dire.
17:23D'après notre informatrice, les produits viennent souvent de grossistes
17:26qui fournissent aussi le Hardiskund.
17:31La charcuterie est achetée en gros, la viande aussi,
17:34et jusqu'à 80% des produits de l'étal.
17:37C'est une sorte de saucisse du boucher
17:40et on le fait passer pour une fabrication maison
17:43alors que ça vient souvent de grands abattoirs et de gros centres de transformation.
17:46On change juste l'étiquette et on le met sur l'étal.
17:51On ne peut pas toujours se fier à l'indication d'origine
17:54ou à une mention « Fabrication maison ».
17:57Dans un système de production de masse,
18:00ces indications précises sont impossibles.
18:03Et légalement, elles ne sont pas obligatoires.
18:06C'est le cas de l'indicatif « Reinild Bening » du Bund,
18:09une ONG environnementale allemande.
18:12Le consommateur n'a aucune idée de la provenance de sa viande.
18:15Il ne peut pas davantage identifier l'élevage d'où provient l'animal.
18:18Il est donc pratiquement impossible d'acheter un produit en connaissance de cause.
18:24C'est cette tromperie légale qui fait que les consommateurs
18:27choisissent le produit le moins cher,
18:30parce qu'ils n'ont pas les moyens de connaître la qualité de ce qu'ils achètent.
18:34Dès qu'on permettra aux consommateurs de faire la différence,
18:37dans les rayons des supermarchés,
18:40entre la viande issue d'élevage industriel
18:43et celle provenant d'élevage paysan respectueux des animaux,
18:46les marchés évolueront en fonction de la demande.
18:50Que savent les enseignes du lieu de naissance ou d'élevage des animaux ?
18:53Nous n'avons obtenu aucune réponse précise à ce sujet.
18:56Peut-on se fier à l'indication « viande allemande »
18:59ou « viande d'origine française » indiquée sur l'étiquette ?
19:03Pas toujours.
19:07Exemple, Lidl vend de la viande dite « de qualité allemande ».
19:11A la suite de notre demande de renseignements,
19:14nous avons appris que près d'un tiers de la viande de porc hachée
19:17que nous avions achetée provenait d'animaux nés à l'étranger.
19:24Dans la barquette des Chines de porc,
19:27l'une des bêtes du lot n'est pas née en Allemagne.
19:30L'indication indiquée sur l'étiquette est donc trompeuse.
19:33Mais c'est tout à fait autorisé.
19:36Jusqu'au 1er avril 2015, à la différence du bœuf,
19:39un porc n'aura pas besoin d'être né en Allemagne ou en France
19:42pour être qualifié d'allemand ou de français.
19:46Pourtant, selon Monique Goyens,
19:49les consommateurs veulent être informés de la totalité du parcours
19:52suivi par un animal.
19:56Nous avons mené des enquêtes dans différents pays d'Europe
19:59et ces études ont clairement montré que le consommateur voulait savoir
20:02d'où provenait la viande.
20:05Il veut connaître le lieu de naissance de l'animal,
20:08le lieu d'engraissement et d'abattage.
20:11Il y a différentes raisons à cela.
20:14Mais l'une de ces raisons, c'est qu'il veut connaître le circuit
20:17emprunté par le produit qu'il achète.
20:20Alors pourquoi les étiquettes ne sont-elles pas plus précises ?
20:23La commission Barozo avait refusé une proposition de loi
20:26visant à mieux informer le consommateur,
20:29qui prévoyait notamment d'indiquer le lieu de naissance des porcs et de la volaille.
20:32Trop cher. C'est le verdict d'une étude de 2013.
20:43Frédéric Vincent était le porte-parole du commissaire chargé de la santé
20:46et des consommateurs, dont le mandat s'est terminé en novembre 2014.
20:49Il peut nous expliquer pourquoi la commission a rejeté
20:52cette motion. Principal argument ?
20:55Des indications obligatoires augmenteraient considérablement
20:58le prix de la viande.
21:04Si les animaux étaient nés et avaient été élevés et abattus
21:07dans un même pays, on pourrait l'indiquer sur l'étiquette.
21:10Mais pour des animaux dont la durée de vie est courte,
21:13quand on a une volaille née en Pologne, élevée en Hongrie et abattue en Allemagne,
21:16est-ce qu'on a besoin de mettre ces trois pays sur l'étiquette ?
21:20Non, on va en indiquer un seul.
21:23Ce serait trop compliqué et trop cher de tout indiquer.
21:29Réponse des associations de consommateurs.
21:32Pour les clients, le surcoût serait indolore.
21:39L'argument du coût additionnel de l'étiquetage a été contredit
21:42par une étude que nous avons menée.
21:45Si on prend l'exemple d'une barquette de lasagne,
21:48le surcoût serait de 1,5 cent.
21:51Ce n'est pas de nature à rebuter le consommateur.
21:54Mais si on veut indiquer la provenance de la viande,
21:57il faut améliorer sa traçabilité.
22:00Et c'est ça le coeur du débat.
22:03L'industrie ne veut pas payer pour ça.
22:06Dans ce cas, poursuit Monique Goyens,
22:09l'industrie devrait garantir que les informations sont exactes
22:12et sont portées garantes.
22:15Selon les associations de consommateurs,
22:18le rejet de la motion est dû au travail de lobbying
22:21des grands groupes et des syndicats de l'agroalimentaire.
22:24Ils ont réussi à imposer leurs arguments.
22:28Berlin, France
22:42A Berlin, nous avons rendez-vous avec la Fédération allemande
22:45des détaillants de produits alimentaires.
22:48Nous voulons savoir ce qui empêche de mentionner clairement
22:51la provenance de la viande de porc sur l'emballage.
22:55La Fédération représente les intérêts
22:58des grands groupes de la filière.
23:03Pour Christian Butcher, son responsable de la communication,
23:06indiquer la provenance exacte des produits,
23:09c'est risquer de se retrouver avec des emballages
23:12aux notices interminables, surtout pour les produits transformés.
23:15Mais il a aussi un autre argument en réserve.
23:18Mentionner des informations supplémentaires
23:22sur la provenance implique des coûts supplémentaires.
23:25A partir de là, la question est de savoir
23:28si la chaîne d'approvisionnement peut absorber ce surcoût
23:31ou s'il faut le reporter sur le consommateur.
23:34Si le consommateur dit « je trouve ça bien,
23:37mais je ne suis pas prêt à payer pour avoir cette information »,
23:40on se trouve face à un dilemme qu'il faut résoudre.
23:43Un surcoût dont aucun consommateur ne voudrait,
23:46c'est manifestement l'argument massue de la filière.
23:49Mathias Wolfschmidt est expert pour l'ONG de défense des consommateurs.
23:52Il pense que l'objectif de l'industrie
23:55est surtout de préserver sa flexibilité.
23:58Dans l'Union Européenne, les gens considèrent la viande
24:01comme quelque chose qui tombe du ciel.
24:04Ça va dans le sens des intérêts de l'industrie alimentaire
24:07parce qu'elle veut avoir les mains libres sur les marchés,
24:10le marché de la viande en particulier,
24:13et ne pas avoir à indiquer aux consommateurs
24:16d'où vient la viande utilisée pour chaque lot produit.
24:22Ce qui compte, ce sont les intérêts de l'industrie de transformation,
24:25pas ceux des consommateurs,
24:28qui vont dans le sens d'une plus grande transparence.
24:33La filière viande dépend de sa capacité à opérer
24:36sur les marchés internationaux.
24:39On achète en fonction du cours et de la demande.
24:43À Berlin, nous rencontrons un grossiste en viande.
24:49Norbert Kunz est dans le métier depuis 30 ans.
24:52Les commerçants comme lui doivent être flexibles.
24:55Ils achètent dans le monde entier
24:58car le marché de la viande est depuis longtemps un marché global.
25:05Quand quelqu'un a envie d'un steak argentin,
25:08d'un produit américain ou encore d'agneau néo-zélandais,
25:11ça ne peut pas provenir d'Allemagne.
25:14Sur le territoire allemand, nous avons environ clients
25:17et on voit passer entre 900 et 1000 tonnes de viande et de charcuterie par mois.
25:21Norbert Kunz n'achète que des produits dignes de confiance
25:24dont il connaît la provenance.
25:28Nous n'avons que des produits conformes aux normes européennes.
25:31Les produits qui viennent d'Amérique ont été contrôlés.
25:34Nous avons un importateur qui les fait venir en Allemagne,
25:37ensuite le produit nous est livré
25:40et on le distribue avec notre garantie.
25:44Revoilà l'autosurveillance.
25:47Le grossiste garantit son produit
25:50et part du principe que son fournisseur fait de même.
25:53Mais que se passe-t-il quand un maillon de la chaîne manque à ses obligations ?
25:56C'est ce qu'a illustré le scandale de la viande de cheval en 2013.
26:02C'est criminel, c'est tout ce qu'on peut dire.
26:05Il y en a qui ont dû se faire du souci.
26:08C'est un problème majeur, mais je connais des entreprises
26:11qui ont eu de sérieux ennuis à cause de ça.
26:14L'un de ces entrepreneurs a accepté de nous parler à visage couvert.
26:17Son entreprise a acheté et transformé, sans le savoir,
26:20de la viande de cheval.
26:23Résultat, un million de pertes en créances de recours.
26:26L'entreprise a perdu de gros clients.
26:29Notre informateur ne croit plus en la fiabilité du système.
26:33Nous l'avons expérimenté à nos dépens.
26:36Nous avons fait confiance au système et, en retour,
26:39nous avons été punis par des pertes catastrophiques.
26:42On faisait confiance au système, nous aussi.
26:45La bombe explose en janvier 2013.
26:48En Irlande et en Angleterre, on découvre de la viande de cheval
26:51dans des hamburgers certifiés pur bœuf.
26:54Très vite, le scandale fait tâche d'huile pour devenir
26:57l'une des plus grandes affaires de fournisseurs.
27:00Dans toute l'Europe, on découvre de la viande de cheval
27:03dans des préparations alimentaires qui ne devraient pas en contenir.
27:06Beaucoup d'entreprises sont contraintes
27:09de retirer leurs produits du marché.
27:12En France, la société Spangero est au cœur de l'affaire.
27:15Le scandale porte sur 550 tonnes de viande de cheval
27:18frauduleusement étiquetée bœuf et vendue comme telle à Comigel,
27:21apparemment à son insu.
27:24L'entreprise de transformation distribue ses plats préparés
27:28dans les supermarchés de toute l'Europe.
27:31Le minerai de cheval provenait de Roumanie.
27:34Les enquêtes seraient encore en cours.
27:40Retour en janvier 2013. Nous sommes à Berlin,
27:43à l'Office fédéral pour la protection du consommateur
27:46et la sécurité alimentaire.
27:49Une cellule de crise vient d'être mise en place.
27:52Les experts tentent de comprendre comment cette viande de cheval
27:55est dans le circuit alimentaire.
27:58Ils savent que dans le drame qui s'est joué,
28:01Spangero n'est qu'un second rôle.
28:04Il y a quelque part de plus gros poissons.
28:07Leur enquête met au jour une chaîne d'approvisionnement tentaculaire
28:10aux ramifications opaques.
28:13La multiplication des intermédiaires empêche de remonter tout le circuit.
28:16Mais les experts vont tout de même parvenir à leur fin.
28:20A partir des premiers produits identifiés en Irlande,
28:23il reconstitue un immense réseau de fournisseurs
28:26qui s'étend à travers toute l'Europe
28:29et implique des négociants, des usines de transformation,
28:32des fabricants et des chaînes de distribution.
28:35Voici le circuit de la viande.
28:40Il s'avère qu'une seule société néerlandaise a fourni
28:4350 000 tonnes de viande de cheval à des entreprises
28:46de transformation basées dans toute l'Europe.
28:50Deux ans plus tard, les experts estiment avoir répondu
28:53à de nombreuses questions.
28:56Mais il reste des zones d'ombre.
28:59Ce scandale a mis en lumière la vulnérabilité
29:02de la chaîne d'approvisionnement face aux malversations.
29:08La chaîne est très ramifiée
29:11et quand un système possède de nombreux points de relais,
29:14on a beaucoup d'acteurs.
29:17De facto, le risque est plus élevé
29:20que lorsqu'il n'y a qu'un seul acteur.
29:23Deuxièmement, les sommes en jeu sont énormes
29:26et ne font qu'augmenter.
29:29Pour moi, il est clair que ce scandale
29:32est seulement la partie émergée de l'iceberg
29:35et il n'y a plus que jamais des raisons de craindre
29:38que ce genre de choses se reproduisent.
29:41L'enquête le prouve.
29:44Un seul négociant hollandais a fourni
29:4750 000 tonnes de viande frauduleuse.
29:54On reproche notamment à Vili Zelten
29:57d'avoir mélangé de la viande de cheval et du bœuf sans l'indiquer.
30:00Nous avons voulu savoir comment fonctionnait ce système.
30:12Nous sommes à Oss, dans le sud des Pays-Bas.
30:15C'est dans cette zone industrielle d'apparence banale
30:18que se trouvait le siège de la société de Vili Zelten.
30:21À partir d'ici, il livrait quelques 500 entreprises
30:24dans divers pays d'Europe.
30:27Nous avons rendez-vous avec Michel Hall.
30:30Il est conseiller de la Confédération syndicale des Pays-Bas.
30:33L'usine a fermé, le site est aujourd'hui abandonné.
30:36Michel Hall s'est occupé des salariés
30:39qui ont perdu leur emploi quand Vili Zelten a mis la clé sous la porte.
30:42Les ouvriers, souvent d'origine polonaise,
30:45travaillaient dans des conditions déplorables.
30:48Ils ont raconté à Michel les pratiques peu orthodoxes de l'usine.
30:54Ils devaient redécouper de la viande décongelée
30:57et la ré-étiqueter.
31:02Elle était ensuite vendue comme de la viande fraîche,
31:05de la viande bio en plus.
31:09Mais quand on décongèle de la viande
31:12qui est restée longtemps surgelée,
31:15elle se met à pourrir très vite.
31:18Elle devient verte quasi instantanément.
31:21Alors ils retiraient les parties vertes,
31:24puis ils la remballaient et la ré-étiquetaient.
31:27Donc ils savaient ce qu'ils faisaient ?
31:30Oui, ils étaient au courant, bien sûr.
31:33Ce n'est pas tout.
31:36Les viandes de cheval, et en grande quantité.
31:47Ils nous ont dit que deux fois par semaine,
31:50des camions avec des plaques d'immatriculation anglaises et allemandes
31:53arrivaient sur le site.
31:56Ils devaient décharger ces camions,
31:59qui transportaient des chevaux.
32:02Il y en avait 20 à 50 par camion.
32:05Villeselten n'a donné qu'une seule interview.
32:08Il nie tout en bloc.
32:11Tout ce ramdam pour quoi ?
32:14Peut-être un seul cheval ?
32:20Pour Michel Hall, c'est une mauvaise plaisanterie.
32:23Un ancien ouvrier polonais confirme sa version des faits.
32:27On a collé des étiquettes qui disaient « bœuf » sur de la viande de cheval.
32:30Il n'y avait pas d'autres étiquettes, d'ailleurs.
32:33Mais alors, pourquoi aucun d'eux n'a parlé ?
32:36En fait, les employés étaient complètement dépendants de l'entreprise.
32:39Un système parfaitement huilé.
32:45Si tu parlais, tu perdais non seulement ton emploi,
32:48mais aussi ton logement, ta société,
32:51ta famille.
32:55C'est tout simple.
33:01Mais comment a-t-on pu faire passer tant de chevaux pour du bœuf ?
33:04Et d'où venaient ces chevaux ?
33:25Nous avons posé la question à Simone Timmer,
33:28une journaliste néerlandaise qui a enquêté sur le sujet.
33:31Réponse ?
33:34Les chevaux provenaient d'Irlande.
33:37Là-bas, les bêtes s'achetaient pour presque rien.
33:40Une aubaine pour les trafiquants.
33:45Du fait de la crise, beaucoup de gens ont dû renoncer à garder leurs animaux,
33:48surtout en Irlande,
33:51un pays qui compte énormément de chevaux.
33:54Là-bas, on vendait des bêtes aux abattoirs pour de toutes petites sommes.
33:57Certains les abandonnaient même.
34:03On pouvait trouver beaucoup de chevaux errants dans le pays.
34:06Un gang criminel s'est emparé de toutes ces bêtes
34:09et les a convoyés par bateau en Angleterre,
34:12dans un abattoir chevalin, le Red Lion.
34:16Selon les experts, jusqu'à 70 000 chevaux ont ainsi disparu.
34:19La combine était bien rodée.
34:22Les trafiquants équipaient les bêtes de fausses puces.
34:29Certains chevaux avaient été soignés au phénylbutazone,
34:32un antidouleur.
34:35Dans l'Union européenne, aucun cheval ayant absorbé ce médicament
34:38ne doit se retrouver dans la filière Bouchère.
34:41Les fraudeurs ont simplement falsifié le passeport des chevaux,
34:44notamment indiquer les traitements médicaux suivis.
34:47Les bêtes pouvaient alors être abattues
34:50et les fraudeurs faisaient un confortable bénéfice.
34:55Au départ, ces chevaux n'avaient aucune valeur marchande.
34:58Mais grâce aux documents falsifiés, ils valaient soudain 500 kg de viande.
35:01Et ensuite, s'ils étaient revendus comme viande de bœuf,
35:04leur valeur augmentait considérablement.
35:07C'était une bonne combine.
35:10Les chevaux munis de fausses puces et de faux passeports
35:13transitaient ensuite d'Irlande en Angleterre.
35:16Leur destination, un abattoir chevalin, le Red Lion.
35:28L'abattoir est aujourd'hui fermé.
35:35Cette vidéo y a fortement contribué.
35:38Fin 2012, une association de protection des animaux
35:41a caché des caméras dans l'abattoir
35:44pour filmer les mauvais traitements infligés aux animaux.
35:50L'association ne s'est pas arrêtée là.
35:53Elle a dissimulé des émetteurs sur les camions qui quittaient l'abattoir
35:56pour suivre la piste de la viande de cheval à travers toute l'Europe.
36:01Les transporteurs ont aussi livré la viande aux Pays-Bas,
36:04dans l'usine de Villyzelten.
36:07C'est la preuve que l'entreprise traitait de la viande chevaline.
36:12De la zone industrielle DOS, la viande a été livrée dans toute l'Europe,
36:15avec des étiquettes frauduleuses.
36:22Ces dernières années, on a sévèrement taillé dans les effectifs
36:25de nos services d'inspection sanitaire.
36:30Avec la récession, on a licencié énormément de gens.
36:33Du coup, tout le système s'est un peu effondré
36:36et plus personne n'allait contrôler les usines.
36:40Parfois, on envoyait simplement des étudiants.
36:44Certains sont même allés sur le site de Villyzelten
36:47et ils ont vu les carcasses de cheval pendus à des crochets.
36:51Mais les ouvriers leur ont dit
36:53« Non, non, c'est juste une race particulière de vache ».
36:56Et ils ont gobé ça.
36:58C'est complètement idiot.
37:03Comment peut-on vendre frauduleusement la viande de 70 000 chevaux
37:06sans que personne ne s'en aperçoive ?
37:15Comment la viande est-elle contrôlée à l'intérieur des frontières européennes ?
37:22Nous rencontrons un détective spécialiste de l'intelligence économique.
37:26Pour le compte d'industriel du secteur,
37:29il étudie les flots de marchandises en Europe
37:31et met au jour des réseaux de trafiquants.
37:34Sa tâche n'est pas facile.
37:36Avec la libre circulation des marchandises au sein de l'Union Européenne,
37:40il n'y a plus de contrôle sanitaire aux frontières.
37:46On a supprimé les inspecteurs des services vétérinaires
37:49qui étaient postés aux frontières de chaque pays européen
37:52et contrôlaient pratiquement tous les chargements.
37:55Ça veut dire qu'il n'y a plus de médecins-conseils,
37:58plus d'agents publics pour immobiliser un camion frigorifique,
38:01mettons, à la frontière entre la France et l'Allemagne,
38:04et examiner ce qu'il transporte pour voir si c'est légal.
38:12Les contrôles sont rares, mais ils subsistent néanmoins.
38:15Alors les trafiquants ont trouvé la parade,
38:18une ruse vieille comme le monde.
38:21Quand il s'agit de transport international,
38:24par exemple vers l'Irlande, vers l'Angleterre,
38:26ou depuis l'Angleterre vers le continent,
38:28on fait ce qu'on appelle des chargements de couverture.
38:31C'est-à-dire que sur le premier mètre de la remorque, côté hayon,
38:34on va charger de la viande bovine,
38:36et derrière c'est rempli de viande de cheval.
38:39500 entreprises ont ainsi reçu de la viande de cheval
38:42à la place de viande bovine.
38:4550 000 tonnes ont été rappelées.
38:48Les autorités néerlandaises n'ont pu en saisir que 5%.
38:52Tout n'a pas encore été consommé.
38:55Notre informateur est convaincu que des milliers de tonnes
38:58sont encore stockées dans des entrepôts frigorifiques.
39:06La viande de bœuf se conserve plusieurs années,
39:09et on peut prolonger sa durée de vie d'un an ou un an et demi
39:12après la date de péremption,
39:14si elle rentre dans les critères biologiques et microbiologiques.
39:19Il y a sûrement encore en stock quelques milliers de tonnes invendues
39:22qui sont au moins contaminées,
39:24carrément mélangées à de la viande de cheval.
39:29Pour notre informateur, le prochain scandale alimentaire
39:32éclatera avant deux ans.
39:35En cause, un manque de transparence,
39:38qui provient du fait qu'on produit plus qu'on ne consomme.
39:47Cela a un effet négatif dans le sens où les quantités
39:50produites de façon saisonnière ne peuvent pas s'écouler
39:53ou être transformées assez vite.
39:59Certains négociants en profitent pour constituer des stocks.
40:05Et quand le marché revient à la normale,
40:08ils remettent les produits en circulation.
40:12Donc, malgré la concentration de la filière,
40:15le circuit de la viande est devenu plutôt complexe.
40:19Les escrocs mettent à profit ces chaînes d'approvisionnement complexes.
40:26Le procès de Vili Zelten va s'ouvrir au printemps 2015 aux Pays-Bas,
40:29deux ans après le scandale.
40:32Les autorités françaises et britanniques que nous avons contactées
40:35n'ont pas donné d'informations sur l'enquête en cours.
40:49En Allemagne, le scandale de la viande de cheval
40:52a aussi donné lieu à des enquêtes.
40:55Mais à chaque fois, le parquet d'Oldenburg a dû abandonner les poursuites.
40:58Il était impossible de prouver la complicité
41:01des entreprises incriminées.
41:08Dans le domaine de la fraude alimentaire,
41:11il est effectivement difficile de prouver que la viande
41:14ne respectait pas la réglementation.
41:17Cette difficulté vient de la nature même du produit.
41:20La viande ne reste pas longtemps stockée et souvent,
41:23elle a disparu quand les enquêteurs arrivent sur place.
41:26De surcroît, il est difficile de prouver que les personnes responsables
41:29savaient que leur produit n'était pas en règle.
41:32Pour les personnes lésées par ces fraudes,
41:35l'impuissance de la justice est difficile à accepter.
41:47Ce qui est important là-dedans pour les victimes innocentes
41:50de ce genre de malversations,
41:53c'est que des gens comme M. Zelten ou sa société
41:56savaient ce qu'ils faisaient.
41:59Ils ont volontairement violé la loi
42:02et malgré tout, ils ont réussi à rebondir.
42:05Certes, leurs entreprises ont fermé,
42:08mais ils se sont débrouillés pour s'en sortir.
42:11Alors que les petites structures,
42:14elles, ont fait faillite.
42:17C'est ce qui laisse un goût amer dans cette histoire.
42:24Nous serions donc à deux doigts d'un nouveau scandale.
42:27Et de la viande de cheval serait encore en circulation
42:30dans des préparations alimentaires.
42:37Des lycéens de Boerum l'ont prouvé.
42:40Florian Schaller est professeur de biologie.
42:43En cours, ses élèves pratiquent des tests ADN
42:46sur des préparations alimentaires,
42:49comme ces bâtonnets de poisson surgelés.
42:52D'abord, on doit préparer l'ADN.
42:55On doit l'isoler en fait.
42:58Et après, on doit montrer s'il y a bien du saumon ou du cabillaud
43:01dans les bâtonnets de poisson.
43:04C'est ce type de test qu'une autre classe a effectué
43:07dans trois kebabs de la région,
43:11Les élèves ont trouvé de l'ADN de cheval
43:14dans les cônes de viande de l'un d'eux.
43:17Oui, on a été surpris.
43:20Parce qu'il y avait eu le scandale juste avant
43:23et le producteur avait changé.
43:26Et pourtant, il y avait encore du cheval dans la viande.
43:29Ces travaux pratiques en laboratoire
43:32comptent dans la moyenne des lycéens.
43:35Avec un équipement adéquat et des directives claires,
43:39La méthodologie en elle-même est assez simple.
43:42Les élèves peuvent la mettre en pratique et la comprendre,
43:45d'autant plus que la théorie est abordée en cours.
43:51Pourquoi cette viande de cheval est-elle encore en circulation ?
43:54Selon notre informateur, la filière n'est soumise
43:57qu'à des contrôles aléatoires.
44:02C'est uniquement pour se rassurer.
44:05On ne peut tester qu'une infime partie d'une livraison
44:08qui, elle, va être négative au contrôle,
44:11et dans ce cas, tout va bien.
44:14Mais ça n'empêche pas que toute une palette du même chargement
44:17peut éventuellement être positive,
44:20c'est-à-dire contenir de l'ADN de viande de cheval.
44:25Mais pour la filière,
44:28il est impensable d'envisager de tout contrôler.
44:32Imaginez qu'on teste la moindre barquette de lasagne.
44:35Il n'y aurait plus rien dans les rayons des supermarchés.
44:38Tout serait dans des laboratoires pour être analysé.
44:41On ne peut pas se le permettre.
44:47Alors, pour découvrir les fraudes,
44:50on a parfois besoin d'un lanceur d'alerte.
45:02Comme Miroslav Strecker.
45:08En 2007, il a révélé un vaste trafic de viande avariée en Allemagne.
45:11Cet ancien chauffeur de poids lourd
45:14a été témoin d'une escroquerie caractérisée.
45:17Il ne regrette pas de l'avoir dénoncé,
45:20même s'il en a subi les conséquences.
45:23Non, je ne regrette pas.
45:26Et si ça se reproduisait, je n'hésiterais pas à le refaire.
45:32Juillet 2007.
45:35Miroslav Strecker part de Hambourg au volant de son camion
45:38en direction de Vertigen, en Bavière.
45:41A bord du semi-remorque, plus de 11 tonnes de viande.
45:48C'était de la viande de catégorie 3,
45:51c'est-à-dire en l'occurrence des produits impropres
45:54à la consommation humaine.
45:57Il y avait entre autres des morceaux de viande de porc,
46:00mais aussi du foie de mouton de Nouvelle-Zélande,
46:03qui était encore dans son emballage d'origine.
46:06Et d'après l'étiquette, la date de péremption
46:09était dépassée depuis 4 ans.
46:12Miroslav arrive à destination,
46:15une usine de transformation de viande.
46:18Il est étonné, ça ne cadre pas avec les déchets d'abattoir
46:21qu'il transporte. Le comportement du patron
46:24éveille aussi ses soupçons.
46:27Au moment de décharger, j'ai dû me placer
46:30non pas de manière à faciliter le déchargement,
46:33mais pour que du dehors, on puisse voir le moins possible
46:36le contenu du camion.
46:39Le patron arrache les étiquettes indiquant la catégorie de la viande
46:42et les fait disparaître.
46:45Miroslav en est maintenant convaincu. Quelque chose cloche.
46:48Il appelle la police. Elle ne se considère pas compétente
46:51et lui dit de s'adresser à la Chambre de l'Industrie et du Commerce,
46:54laquelle le renvoie à son tour vers les services de l'inspection du travail.
46:57Miroslav Strecker transportait la viande
47:00pour le compte d'une société belge. Sur le territoire allemand,
47:03seules les entreprises agréées peuvent négocier entre elles des déchets d'abattoir.
47:06Cette règle ne s'applique pas aux structures étrangères.
47:09C'est la faille exploitée par les fraudeurs.
47:12Exemple. Une société berlinoise vend de la viande
47:15de catégorie 3 au chez Wigoldstein.
47:18De là, elle est transportée vers une usine belge.
47:21C'est possible.
47:24Et les scandales de la viande avariée
47:27qui ont éclaté en Allemagne ces dernières années
47:30l'ont bien montré.
47:33Il n'est pas exclu que par le biais de ces sous-produits d'abattoir
47:36ou déchets d'abattoir,
47:39que la viande avariée n'ait jamais été vendue en Allemagne.
47:42Elle n'a jamais été vendue en Allemagne.
47:45Elle n'a jamais été vendue en Allemagne.
47:48Le patron de l'usine de Vertigen était connu
47:51des services de répression des fraudes.
47:54Wolfgang L. avait été condamné quelques années plus tôt
47:57pour une fraude aux subventions.
48:00Il a été arrêté à la suite d'une perquisition.
48:03L'enquête a prouvé que pendant des années,
48:06cette viande impropre à la consommation
48:09avait été vendue en Allemagne.
48:12C'est ce qu'on appelle une fraude.
48:15Pendant des années, cette viande impropre à la consommation
48:18avait été vendue à des producteurs de kebabs berlinois.
48:26En tout, l'affaire porte sur 180 tonnes.
48:32Cette fois, le procès a bien eu lieu.
48:36Mais la chambre compétente était surchargée.
48:39Il s'est écoulé 4 ans avant le procès.
48:42Au final, le gérant a été condamné à une peine de prison.
48:45Deux co-accusés s'en sont tirés avec un sursis.
48:48Le patron de la société a bénéficié d'une remise de peine de 3 mois
48:51pour avoir dû attendre 4 ans avant d'être jugé.
48:54Deux ans de réclusion pour une fraude.
48:57Les enquêteurs n'ont pas pu prouver que cette viande non-comestible
49:00avait occasionné des dommages corporels.
49:03Sinon, la peine aurait été plus lourde.
49:06Le problème du parquet, à Oldenburg et ailleurs,
49:09c'est la lenteur des processus administratifs et judiciaires.
49:12Le procès a été annulé.
49:15Le procès a été annulé.
49:18Le procès a été annulé.
49:21C'est la lenteur des processus administratifs et judiciaires.
49:24La viande avariée est souvent déjà dans le commerce
49:27et parfois même consommée quand nous commençons à enquêter.
49:30Nous avons toujours un temps de retard.
49:33C'est un vrai problème.
49:36Direction Vertigen en Bavière.
49:39Nous savons de sources sûres que le négociant en viande
49:42habite toujours sur place.
49:52L'usine est aujourd'hui à l'abandon.
49:55L'ex-patron a purgé sa peine
49:58et on lui a retiré sa licence professionnelle.
50:06Il accepte de nous parler au téléphone.
50:09Il considère sa fraude comme une erreur.
50:12Aujourd'hui, il dit s'être retiré.
50:15Aujourd'hui, je suis retiré des affaires.
50:18Aujourd'hui, je suis retiré des affaires.
50:21Je suis un retraité.
50:24Le fait est que malgré l'interdiction d'exercer son activité,
50:27un condamné peut facilement continuer à travailler dans la filière.
50:35En comparaison, le destin de Miroslav Stryker paraît bien injuste.
50:38Il a bien été décoré par le ministère de l'Agriculture allemand,
50:41mais il a perdu son emploi.
50:49J'ai été licencié
50:52au motif que l'entreprise de transport perdait des contrats
50:55tant que je travaillais pour elle.
50:58Plusieurs clients ne voulaient plus que je mette les pieds chez eux.
51:03Aujourd'hui, Miroslav Stryker est chauffeur de bus.
51:06Il ne veut plus travailler pour la filière de la viande.
51:11On parle de marge de 1000% ou plus
51:14et ça, ça attire beaucoup de monde.
51:18L'argent.
51:21Tout ce qui compte, c'est de faire des bénéfices.
51:24Une arnaque juteuse qui rapporte beaucoup
51:27et pendant plusieurs années.
51:30C'est le dénominateur commun de beaucoup de scandales autour de la viande.
51:33Comment de telles malversations peuvent-elles échapper au contrôle des autorités ?
51:36Pour Foodwatch, c'est clair.
51:39En Allemagne, mais aussi en France,
51:42les pouvoirs publics ne travaillent pas dans la transparence,
51:46c'est ce qu'on observe dans un système fédéral comme l'Allemagne
51:49avec plus de 400 autorités compétentes sur tout le territoire,
51:52mais c'est aussi le cas dans un système centralisé comme la France
51:55où les autorités ne travaillent pas de façon plus transparente.
52:01Le public, les consommateurs français,
52:04ne savent pratiquement rien de ce que trouvent les autorités sanitaires
52:07quand elles effectuent des contrôles.
52:11Nous avons voulu savoir comment la viande était contrôlée en Allemagne.
52:14Manfred Brehm est agent des services vétérinaires au niveau du Land.
52:17Il effectue aujourd'hui un contrôle de routine
52:20dans un atelier de découpe de l'Allgäu.
52:23Il vient ainsi une fois par trimestre inspecter le stock et la production.
52:26En parallèle, les vétérinaires locaux
52:29procèdent aussi à des contrôles.
52:32Manfred Brehm veille principalement au respect des règles d'hygiène
52:35et des indications d'origine.
52:39Je contrôle les étiquettes
52:42et différents morceaux de viande par sondage
52:45pour voir si je remarque quelque chose de particulier.
52:52Cet atelier ne traite que de la viande de bœuf.
52:59On va regarder par exemple l'étiquette de ce morceau.
53:02Elle indique la provenance de la viande.
53:05Elle vient d'une bête née en Allemagne,
53:08élevée en Allemagne, abattue en Allemagne.
53:11On a les trois « D » pour Deutschland
53:14et elle est aussi découpée en Allemagne.
53:20Et vous vous fiez à ce que dit l'étiquette ?
53:23En l'occurrence, oui.
53:26L'atelier de découpe se contrôle lui-même
53:29et se fie à la parole de son fournisseur.
53:32Toujours ce principe d'autosurveillance.
53:35La seule obligation des entreprises,
53:38c'est de tenir à jour un système de traçabilité
53:41de leur propre activité.
53:47Comme le veut la procédure,
53:50Manfred Brehm procède à des contrôles aléatoires.
53:53Quand une étiquette incomplète attire son attention,
53:56il effectue des tests.
53:59Il donne toute satisfaction.
54:02L'abattage a manifestement été soigné.
54:05Certains endroits sont critiques
54:08et assez délicats.
54:11Comme ici, au creux de l'épaule.
54:14Il arrive qu'il y ait des résidus d'abattage,
54:17mais elles ont l'air parfaites.
54:20Ici, pas de test ADN pour vérifier l'espèce des animaux.
54:23L'abattoir est à côté,
54:26il faut trouver de la viande de cheval déguisée en bœuf.
54:29On procède à ce type de test dans les structures à plus haut risque.
54:35Ce sont les entreprises qui s'occupent
54:38de viande coupée en petits morceaux.
54:41Concrètement, celles qui fabriquent de la saucisse
54:44et de la viande hachée.
54:47Le vétérinaire demande les papiers d'un animal
54:50issu d'un lot, toujours de façon aléatoire.
54:53Toutes les informations,
54:56comme la marque auriculaire et le passeport, sont disponibles,
54:59y compris le bilan sanitaire.
55:02Son travail est terminé pour aujourd'hui.
55:05Les deux piliers du système,
55:08ce sont donc les contrôles aléatoires et l'autocontrôle.
55:11Dans ce contexte, découvrir des activités criminelles
55:14relève souvent du hasard.
55:17Ce constat vaut aussi pour l'instance
55:20des contrôleurs de denrées alimentaires
55:23qui inspectent les commerces et la restauration.
55:26Nous avons rencontré Anja Titus et Manfred Voller
55:29de la Fédération des contrôleurs de denrées alimentaires.
55:32Ils se battent pour qu'on augmente leurs effectifs,
55:35actuellement insuffisants,
55:38et ils déplorent des contrôles inadaptés à l'ère moderne.
55:41Les flots de marchandises sont devenus plus complexes.
55:44Aujourd'hui, ils sont mondiaux
55:47et ils ont lieu au niveau local, ce qui est normal.
55:50Le problème, c'est qu'au-delà des frontières administratives
55:53de la ville ou de l'arrondissement,
55:56les autorités de contrôle locales ne sont plus compétentes.
55:59Ce fonctionnement conduit à des pertes d'informations
56:02parce qu'on n'a pas encore mis en place
56:05de système d'échange de données.
56:08Entre les strates fédérales, régionales et locales,
56:11les données ne sont pas transparentes.
56:14Il arrive que la viande ne soit pas contrôlée
56:17avant d'arriver au supermarché.
56:20Mais on tombe aussi parfois dans l'excès inverse.
56:23Il est tout à fait possible qu'en un seul jour,
56:26un même produit soit analysé 3, 4, 5 fois sur le territoire.
56:29Et là, on peut s'interroger sur le bien fondé de la démarche.
56:32Et les inspecteurs ne communiquent pas du tout entre eux.
56:35Il faut bien le dire.
56:38On ne peut pas savoir quand tel produit a déjà été retiré
56:41dans 3 landers et plusieurs arrondissements.
56:47Qu'en disent les politiques ?
56:50Réponse du ministère allemand de l'Agriculture.
56:53La responsabilité première pour la sécurité et la qualité
56:56des produits alimentaires incombe, selon la réglementation européenne,
56:59aux chefs d'entreprise.
57:04En clair, les responsables politiques parient eux aussi
57:07sur l'autosurveillance.
57:10Le scandale de la viande de cheval n'a rien changé.
57:13Mais la filière a-t-elle renforcé ses contrôles sur le cheval ?
57:16Ce n'est pas facile de le savoir.
57:19Parce que chaque entreprise effectue ses contrôles aléatoires
57:22selon une approche fondée sur les risques.
57:25Et celles-ci varient d'une structure commerciale à l'autre.
57:28Dans l'ensemble, on peut tout de même dire
57:31que les entreprises effectuent environ 75 000 analyses
57:34de leurs produits alimentaires.
57:37Le chiffre semble élevé.
57:40En réalité, il signifie que la majeure partie des produits
57:43arrivent dans le commerce sans être testés.
57:46En résumé, les autorités sanitaires font des contrôles aléatoires
57:49pour tester l'autocontrôle des entreprises.
57:52Et chaque opérateur de la chaîne se repose sur son fournisseur.
57:55De toute façon, le risque zéro n'existe pas.
58:01Il faut toujours un premier cadre de contrôle.
58:05Il faut toujours un premier cas avant de pouvoir s'adapter.
58:08Ce qui fait que le fraudeur a toujours l'avantage sur le contrôleur.
58:11Et à mon avis, on ne pourra jamais combler complètement ce temps de retard.
58:19Au cours de cette enquête, nous avons parcouru 70 000 kilomètres
58:22pour aboutir à la conclusion qu'il est illusoire
58:25de vouloir connaître la provenance de la viande.
58:28Nous produisons à une telle échelle
58:31que des indications détaillées sont impossibles.
58:34D'ailleurs, ni les politiques ni l'industrie ne le souhaitent.
58:37Et le consommateur ?
58:40Est-il responsable des fraudes parce qu'il achète souvent le moins cher
58:43et ne regarde pas la provenance ?
58:46Le consommateur n'est pas en cause.
58:49Si l'industrie veut augmenter ses marges au maximum
58:52et que les sociétés choisissent pour chaque étape
58:55de la production de viande le pays le moins cher,
58:58elles doivent prendre leurs responsabilités
59:01et indiquer aux consommateurs chacune de ces étapes.
59:08Au final, le consommateur n'a aucune prise sur la production de viande.
59:11Nous sommes étrangers au processus de fabrication.
59:17Mais en tant que client, nous avons un pouvoir.
59:20Nous pouvons demander d'où vient la viande que nous achetons.
59:23Et lorsque nous nous soucierons vraiment de sa provenance,
59:26nous pourrons enfin influencer le circuit de la viande.
59:56Sous-titrage Société Radio-Canada

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