• il y a 5 mois
animée par Chaib Hammadi, où des experts de différents domaines partagent leurs visions des métiers d'avenir. Ce débat thématique a pour objectif sera orienté sur la #FormationContinue et la pérennité des connaissances professionnelles

Invités:
✅Pr Redouane Belouali | Directeur | Ecole Internationale Mohammed VI de Santé Publique et du Centre Mohammed VI de Formation Continue
✅Salaheddine Chafouk | Business Développement Manager | ESSEC Business School Campus Afrique
✅Pr Hassan Esmili | Ex Doyen fondateur | Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Casablanca

Abonnez-vous et activez les notifications pour rester informé de nos prochaines vidéos !

#MétiersDAvenir #Santé #IA #Ingénierie #Numérique #Éducation #LHeuredeExperts #FormationContinue
Transcription
00:00Cette émission vous est présentée en partenariat avec l'Ecole Internationale Mohammed VI de Santé Publique et ESSEC Business School Campus Afrique.
00:12Bonjour à vous tous. Le Maroc en marche dans un pays en formidable expansion socio-économique et plus que jamais leur est à la libération des énergies.
00:21Les défis sont tellement grands, ils sont tellement structurants aussi, que tous les secteurs d'activité sont appelés à se mettre en ordre de marche.
00:29En premier lieu, l'appareil productif certes, mais aussi et surtout l'arsenal dit instructif mis à disposition dans les grandes écoles de formation.
00:40La question est aussi de savoir ce qu'il en est après la période d'apprentissage, ce qui nous ramènera à la formation continue,
00:50tant les métiers sont appelés évidemment à évoluer, à changer, voire à disparaître complètement.
00:56Et pour en débattre, j'ai le plaisir d'accueillir le professeur Ridwan Belwali, directeur de l'Ecole Internationale Mohammed VI de Santé Publique et du Centre Mohammed VI de Formation Continu.
01:06Bonjour Sih Belwali, merci d'être là, merci d'avoir répondu à notre invitation.
01:11J'ai le plaisir également de recevoir Sih Salahuddin Shafouk, Business Development Manager de l'Ecole ESSEC Business School Afrique.
01:19C'est bien ça cette fois-ci. Merci beaucoup Sih Shafouk.
01:22Et Sih Hassan Sméli, merci à vous. Vous êtes doyen fondateur de la faculté des lettres et des sciences humaines de Casablanca,
01:30ancien directeur du pôle études et recherches du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. C'est bien ça.
01:37Merci beaucoup Sih Sméli. Merci d'avoir répondu en tout cas tous à notre invitation.
01:42On va parler de l'état des lieux, je commencerai par vous Sih Belwali, l'état des lieux justement de la formation continue ici au Maroc.
01:49Voilà, où est-ce que nous en sommes aujourd'hui ?
01:52D'accord, merci beaucoup. Moi je vais parler de l'état des lieux, pas en général, mais spécifiquement dans le domaine des sciences de la santé.
02:01Mais je pense que ça s'applique en gros à tous les domaines.
02:06Aujourd'hui, nous avons deux pôles. Le premier pôle, c'est les parties prenantes qui sont les meneurs de la formation continue.
02:18Et le deuxième pôle, c'est les bénéficiaires de la formation continue.
02:23Donc au niveau du premier pôle, on a une complexité.
02:29Si je prends l'exemple du domaine de la santé et je pose la question qui sont les parties prenantes, je trouve en gros quatre parties prenantes.
02:42Il y a bien entendu d'abord le ministère de la santé et de la protection sociale qui est responsable de la stratégie et de mise en place de la politique, de la législation, tout ce qui concerne la formation continue.
02:56D'autre part, il y a toutes les universités et les sociétés savantes qui sont les spécialistes de contenu.
03:06C'est eux qui sont capables de produire des formations continue avec des objectifs et avec un contenu.
03:13Mais il y a aussi, étant donné le contexte, les organismes d'assurance maladie, par exemple, ou les associations qui ont aussi un mot à dire, aussi bien en termes de financement qu'en termes de contenu, etc.
03:26Ça, c'est le premier pôle. Le deuxième pôle, c'est les bénéficiaires.
03:30Si je prends tous les professionnels de santé au Maroc, aujourd'hui, pour répondre à votre question, l'accès à la formation continue est encore un peu compliqué pour différentes raisons.
03:48L'accès géographique, les gens qui sont très éloignés en milieu rural ont moins d'accès que les gens qui sont dans les grandes villes.
03:56L'accès financier aussi. L'accès en termes de contenu, l'offre n'est pas très suffisante pour répondre à tous les besoins exprimés par les bénéficiaires.
04:07Bon, je vais m'arrêter là.
04:09Vous avez évoqué deux pôles. Il existerait aussi peut-être un troisième pôle au niveau des étudiants eux-mêmes.
04:16Parce que la définition de la formation continue, en réalité, c'est un ensemble d'activités qui commence lorsqu'on a terminé la formation initiale.
04:26Quelqu'un qui a fait une licence ou un master ou même un doctorat, il a terminé ses études initiales et c'est là où il faut qu'il y ait une conscience qu'on ne termine pas.
04:37L'adage, le terme très connu dans ce domaine, c'est apprendre tout au long de la vie.
04:43Personne ne doit dire, ça y est, j'ai terminé mes études.
04:48D'ailleurs, il y a des termes que moi je n'aime pas.
04:51Par exemple, lorsqu'un étudiant est en master, on dit qu'il prépare un PFE, projet de fin d'études.
04:57Ce terme, fin d'études, il prête à confusion.
05:01C'est quelqu'un qui, ça y est, à la fin, ne va plus apprendre.
05:04Au bout de sa mission.
05:06Apprendre, c'est tout au long de la vie.
05:08Aujourd'hui, il y a beaucoup d'articles qui sont publiés, y compris pour le Maroc.
05:14Par exemple, un des articles que j'ai lu récemment, on a posé la question sur la formation continue à des groupes de médecins.
05:24Il n'y avait que 25% qui avaient cette conscience qu'ils vont apprendre tout au long de la vie.
05:30Il y avait beaucoup de personnel qui ont dit, bon, moi j'ai appris, j'ai ma spécialité, ça y est, je commence à travailler.
05:37Et l'évolution du savoir, l'évolution des technologies aujourd'hui, elle est tellement rapide que l'apprentissage devient, je vais dire, tous les jours.
05:49Bon, maintenant, peut-être qu'on va parler des modalités de formation continue.
05:53Avant, les gens venaient en classe devant un prof.
05:57Aujourd'hui, la situation devient plus complexe, mais c'est un autre sujet.
06:01Voilà, justement, c'est Shafouk, cette expression, fin d'étude, vous aussi, c'est une expression que vous écartez,
06:07dans la mesure où là aussi, est-ce que beaucoup d'intervenants, justement, participent à l'évolution de l'apprentissage et de la formation continue, vous aussi à votre niveau ?
06:18Alors, je rejoins parfaitement M. Bilouali dans ce qu'il a dit, et les études n'ont pas une fin.
06:26Par contre, ils ont, moi je rajouterais autre chose, c'est que les apprentissages que nous faisons et les études que nous faisons, ils ont une date d'expiration.
06:34Et ça, c'est très important, parce que c'est là où vient toute la notion d'apprentissage tout au long de la vie.
06:42Le monde, il est devenu, on parle de monde vu-cas, c'est-à-dire vulnérable, incertain, on est dans la complexité en permanence.
06:54Et si on ne se met pas à jour, on risque d'être obsolète dans la manière de faire notre travail ou dans les compétences que nous avons.
07:04Et on voit après le paradigme qui est en train de changer, le rapport que vous avez, je pense, qui est le point central de cette série de débats,
07:14qui est le Future of Jobs, le futur du travail et les métiers d'avenir, fait par le World Economic Forum.
07:21Il parle de ça, où on est en train de changer de paradigme et on change d'un apprentissage ou même de recrutement sur la base de credentials,
07:35c'est-à-dire de diplôme et d'expérience professionnelle, plutôt vers un recrutement à travers les compétences.
07:43Et quand on parle de compétences, on parle de formation tout au long de la vie parce qu'il y a des compétences nouvelles qui s'ajoutent à n'importe quel métier
07:53et à n'importe quelle carrière et il y a des compétences qui disparaissent ou qui doivent être mises à jour.
07:59Donc, on est en perpétuelle quête de savoir, surtout avec l'abondance de l'information, la démocratisation un peu de l'accès à la formation.
08:12Tout le monde maintenant peut rentrer sur YouTube et se former sur n'importe quel sujet, que ce soit technique ou même sur des soft skills.
08:20Mais notre rôle en tant qu'école de formation, université ou institution d'enseignement supérieur, c'est d'accompagner les participants,
08:34les cadres ou les diplômés qui sont sur le marché du travail, les professionnels et les entreprises, à répondre à ces besoins, à s'adapter, à contextualiser ce qu'ils sont en train de faire.
08:48Et on est dans une logique de partenaire du monde professionnel pour les aider à naviguer ce monde qui est devenu très complexe et très incertain.
08:58Je m'adresse à vous, professeur Smilly. Je rappelle que vous êtes ancien directeur du pôle études et recherches du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique.
09:06On a entendu quand même de la formation du futur. J'imagine que les temps ont beaucoup changé.
09:11Le terme même de formation a peut-être complètement été bouleversé au cours des dernières années.
09:17Qu'est-ce qui fait la différence en matière de modalité, justement ?
09:21D'abord, je vous remercie pour votre invitation.
09:24Au niveau de la formation continue, effectivement, au niveau du Conseil, on a beaucoup réfléchi à la question.
09:29Dans la vision stratégique, il y a une partie importante réservée à la formation continue.
09:36Et on insiste surtout sur un lien organique entre la formation initiale et la formation continue.
09:41On ne peut pas faire de la formation continue sans avoir fait de la formation initiale.
09:44Et même pour les gens qui pensent à la formation continue, ils ont en background déjà toute la formation initiale.
09:51Il y a un rapport vraiment très étroit entre les deux.
09:56Tout à l'heure, mes collègues ont parlé de la fin des études dans la formation initiale comme un début de quelque chose.
10:09Moi, je l'assimile souvent à un permis de conduire.
10:13Quand on a un permis de conduire, ça ne veut pas dire qu'on sait vraiment conduire.
10:18On apprend à conduire.
10:19On a l'autorisation de commencer à apprendre à conduire dans la vie, dans la circulation réelle, dans la pratique, etc.
10:26C'est un début d'apprentissage.
10:28Pour les sciences de la santé, c'est grave.
10:31Moi, j'ai été étonné par le chiffre que vous avez donné de 25 %.
10:34C'est grave que 25 % seulement des médecins soient conscients
10:39qu'ils sont dans un processus d'apprentissage qui dure jusqu'à la fin de leur carrière.
10:44C'est grave parce que ça change tellement qu'un médecin risque de perdre son métier.
10:51Dans quelques années, il risque carrément d'être out par rapport à l'utilisation de la technologie, au niveau de tout.
11:00Comment ça se fait que les médecins ne soient pas véritablement conscients de l'enjeu, de l'importance ?
11:07Parce que là, vous dites pratiquement 25 %, c'est un médecin sur quatre qui n'est pas conscient de se remettre en question.
11:15C'est ça la question.
11:18Je vous remercie pour votre observation, de dire qu'il faut qu'il y ait un lien entre la formation initiale et la formation continue.
11:28Je donne l'exemple de l'université où je travaille, l'université Mohamed VI des sciences de la santé.
11:34Lorsque cette université a démarré, il y avait à peu près sept facultés, médecine, pharmacie, sciences infirmières, ingénierie biomédicale, santé publique, etc.
11:49On a commencé par la formation initiale.
11:52On forme des gens pendant soit trois ans pour la licence, ou les masters, ou les doctorats en médecine, etc.
12:00Mais juste après, les décideurs, ceux qui gèrent l'université, ils ont tout de suite pris conscience et je pense qu'ils ont été très clairvoyants.
12:13Ils ont créé un centre de formation continue qui est similaire à une faculté, mais qui pour toutes ses disciplines créait des formations continues.
12:24Est-ce que c'est une obligation ? Est-ce que beaucoup de médecins, effectivement, suivent ce cheminement-là ?
12:29D'abord, c'est une perception positive. Ils sont dans une université, ils savent, un médecin par exemple, il voit tous les jours qu'il est dans la faculté de médecine pour la formation initiale,
12:43mais il voit s'afficher devant lui tous les jours des formations continues.
12:47Et nous avons aujourd'hui des médecins, en dernière année par exemple, en cinquième ou en sixième, qui déjà sont allés chercher des formations continues complémentaires.
12:57Pas seulement les médecins. Donc, je pense que durant sa vie à l'université, le professionnel, quel qu'il soit, un médecin, un génie, etc., doit rencontrer la formation continue.
13:10Parce que s'il quitte l'université et qu'il n'a pas rencontré cette formation continue et s'apercevoir de son utilité, peut-être qu'il ne sera pas très motivé à aller chercher des formations continues.
13:24Donc, je pense que les universités ont un rôle crucial de mettre en place des systèmes de formation continue qui accompagnent les formations initiales durant même la vie de l'étudiant à l'université.
13:40Est-ce que la difficulté, c'est de ne pas faire comprendre, de ne pas réussir à faire comprendre aux étudiants qu'effectivement il n'existe plus véritablement de fin d'études ?
13:52C'est ça toute la difficulté. Parce qu'arrivés au bout du cursus, on les a vus, on a vu beaucoup d'étudiants même d'ailleurs faire des mouvements de grève parce que pour eux,
14:01même s'ils ne veulent pas continuer jusqu'à 7 ans de formation au niveau de la médecine, pour beaucoup d'entre eux, fin d'études exercées dans la vie active.
14:12Est-ce que toute la difficulté, encore une fois, n'est pas de leur faire comprendre que la vie professionnelle continue, que la formation professionnelle en elle-même continue ?
14:22Alors ça, c'est un peu, c'est une réalité à laquelle ils vont être en face dès qu'ils sortent sur le marché du travail.
14:31Et quand ils vont vouloir gravir les échelons, on va leur dire il faut un exécutif MBA pour les postes de direction, il faut faire un exécutif MBA dans telle grande école américaine, anglaise ou même au Maroc.
14:49Donc c'est une réalité qui va rapidement, on va dire, ils vont être efforcés de la prendre en compte rapidement.
15:02On le voit plutôt sur des métiers plutôt que d'autres, sur des formations plutôt que d'autres.
15:06Par exemple, les ingénieurs sortis d'école, rapidement, ils vont se dire j'ai besoin quand même d'avoir une formation en finance, en marketing ou en management général,
15:20parce qu'ils ont eu une formation très très technique, mais ils n'ont pas les compétences pour, c'est pas qu'ils n'ont pas les compétences,
15:27mais c'est juste qu'ils veulent rapidement acquérir les disciplines ou au moins comprendre le même langage et avoir le même langage que leur directeur financier,
15:43que leur directeur des opérations ou que leur DRH ou leur directeur marketing et commercial.
15:49Donc dans mon expérience professionnelle, j'ai vu que les ingénieurs, c'était ceux qui viennent le plus rapidement et très en avance par rapport aux autres formations.
16:03Les médecins aussi, depuis la libéralisation du secteur avec l'entrée en vigueur de la loi qui permettait à des non-médecins de monter des structures,
16:16des établissements de santé, mais que la direction de l'établissement est confiée à un médecin.
16:23On a vu beaucoup de médecins qui sont venus pour nous dire je veux faire un exécutif MBA, je veux comprendre c'est quoi le marketing, c'est quoi,
16:30comment gérer les risques, comment gérer un établissement de santé d'un point de vue financier pour qu'il y ait une performance financière,
16:39mais en même temps garder une qualité de service.
16:42Donc des fois c'est ou bien le changement ou le trigger, c'est-à-dire le déclencheur, c'est un cadre réglementaire qui change,
16:55où le métier dans sa nature n'a pas cette palette de compétences assez holistique pour pouvoir exercer en entreprise.
17:04Les chefs d'entreprise aussi, ceux qui choisissent le parcours d'entrepreneurial, ils sont obligés au moins d'acquérir d'autres compétences,
17:17ou bien techniques ou en soft skills.
17:21Pour répondre clairement à la question, les écoles font cet effort, mais il faut que l'étudiant et le futur professionnel soient conscients de l'importance de l'apport de la formation continue.
17:40Et c'est exactement ce que dit M. Bilouali, que l'université peut faire l'effort qu'elle veut, mais à la fin il n'y en a que 25% qui se disent que je dois faire une formation continue par la suite.
17:54Mais ils vont se heurter à la réalité rapidement.
17:58Une réalité effectivement qui est quand même assez rapide, c'est une époque qui bouge.
18:02Professeur Smilly, c'est bien de remettre à chaque fois ces connaissances en cause, en question,
18:08mais moi je me mets aussi à la place d'un étudiant à 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans après le bac.
18:15C'est épuisant, c'est légitime, c'est humain.
18:19Qu'est-ce qu'il va se demander ? Il va se dire maintenant je cherche plutôt beaucoup plus à m'investir dans la vie active et gagner ma vie.
18:25Ce n'est pas la même chose.
18:27C'est-à-dire qu'effectivement quand il est étudiant à plein temps, il consacre tout son temps aux études.
18:32Mais là il sort, il est dans un métier et c'est le métier qu'il réclame.
18:37C'est-à-dire qu'au bout de quelques années, il faut qu'il se dise, comme disait tout à l'heure mes collègues,
18:43mais est-ce que je suis vraiment encore apte à exercer ce métier-là ?
18:47Et la question est lui posée par le contexte lui-même, par ses résultats, etc.
18:54Moi je crois que d'abord la formation continue, la culture de la formation continue,
19:00l'apprentissage tout au long de la vie...
19:02Nous avons cette culture justement ici au Maroc effectivement, les gens sont conscients de cette culture-là.
19:06Donc ça doit être acquis à la formation initiale.
19:09Il faut qu'au bout de 3, 4, 7 ou 8 ans d'études, le lauréat, l'apprenant, se rende compte ou soit convaincu
19:19qu'au début ils n'ont pas à faire, que son diplôme est une entrée en matière et non pas un couronnement.
19:25C'est très important comme conviction.
19:30Bon ça c'est l'aspect personnel, la conviction personnelle.
19:34Mais il y a le contexte qui lui impose aussi.
19:36Et là on différencie les métiers.
19:38Si un médecin a 6 ans dans son cabinet, il est dans le train de ses consultations quotidiennes, etc.
19:45et il ne veut rien voir par ailleurs, au bout de quelques temps il va voir que sa clientèle diminue de plus en plus
19:51et il va se demander pourquoi.
19:53Si au contraire il est ouvert, il va vers les congrès, il suit la formation, etc.
19:59Là on se rend compte.
20:01Nous tous je crois, en allant chez un médecin, on se rend compte de celui qui est vraiment à la page,
20:06qui suit les choses et celui qui est...
20:09Il y a des médecins qui refusent même de faire une électrographie.
20:12Ils vous disent, je n'aurai pas besoin.
20:15Il y a encore son matériel classique, etc.
20:20Mais il n'y a pas que les médecins.
20:22Moi j'aimerais, si vous permettez, intervenir sur un autre métier dont on parle.
20:29La base, c'est le métier de l'enseignant.
20:32Le métier de l'enseignant, au niveau de l'enseignement scolaire,
20:38les enseignants sont plus ou moins conscients de la nécessité de la formation continue.
20:42Seulement, la formation continue est organisée au niveau central et c'est un peu du folklore.
20:47C'est-à-dire que les gens vont une fois, deux jours par an peut-être,
20:52et on leur organise des festins.
20:55Ils sont là ensemble, ça discute, ça rigole, ça mange, etc.
21:01Mais quand on mesure la formation, le rendement, on se rend compte que c'est vraiment très faible.
21:08Et donc il y a cette formation continue qui continue à être pratiquée de cette façon-là.
21:17Et puis il y a le nombre.
21:20Parce que nous avons quelque chose comme 400 000 enseignants.
21:24Comment faire de la formation continue à 400 000 enseignants,
21:29et surtout lorsque c'est centralisé ?
21:31C'est le ministère, ce sont les académies qui reçoivent les instructions du ministère,
21:36et ça se dispatche comme ça au niveau des inspecteurs, etc.
21:39Ça ne peut rien donner. Vraiment ça ne peut rien donner.
21:43Moi je considère que, je dis ça et j'assume,
21:47que le métier d'inspecteur ou bien il doit être réformé d'une manière vraiment très radicale,
21:53ou bien il va disparaître.
21:55Parce que ça ne sert à rien de rendre visite à un professeur dans sa classe une fois tous les trois ans,
22:00et se dire qu'on est en train de faire évoluer quelque chose parce qu'on inspecte,
22:04parce qu'on donne une note pour la promotion, etc.
22:07Vu ce nombre, 400 000, vu le nombre d'établissements, etc.,
22:13la formation continue ne peut être que décentralisée,
22:16réellement décentralisée jusqu'à la plus petite unité,
22:20c'est-à-dire l'école elle-même, l'établissement.
22:22Et là, il faut des conditions.
22:25Des conditions d'avoir la culture du travail en équipe, par exemple.
22:30Le métier, je le dis souvent, le métier d'enseignant est un métier collectif d'équipe par excellence.
22:37Or malheureusement, il est pratiqué d'une manière solitaire.
22:42Le maître ou le professeur vient à l'école, il va à la cafée prendre un thé peut-être,
22:47puis après il rentre dans sa classe, il ferme derrière la porte,
22:50personne ne sait ce qu'il fait. Personne.
22:53Sauf l'inspecteur qui vient une fois tous les trois ans.
22:56Et maintenant on parle d'école pionnière,
23:00mais les écoles pionnières, il y a des conditions pour qu'il y ait réellement...
23:04Il ne suffit pas de postuler pour être une école pionnière.
23:07Il faut que le staff soit réellement une équipe.
23:10Il faut que la formation continue soit organisée à l'intérieur,
23:13selon les besoins de chaque établissement.
23:15Si on n'a pas les moyens, on peut, là, effectivement, s'organiser en réseau,
23:22faire venir des formateurs, organiser la formation à distance,
23:26qui est de plus en plus maintenant efficace.
23:28Il y a des moyens de bien suivre la formation à distance,
23:32contrôler est-ce que l'employé ou le cadre a suivi cette formation,
23:38est-ce qu'il a obtenu des résultats, etc.
23:40Il y a beaucoup de moyens maintenant.
23:42Et ce n'est que de cette façon-là qu'on peut, je crois,
23:45réellement construire une formation continue et efficace.
23:48L'enseignement au Maroc, on le connaît.
23:51Effectivement, c'est un handicap qui est au long cours.
23:54Et Dieu sait que c'est aussi la première marche vers la médecine, vers l'ingénierie.
23:59Est-ce que c'est un handicap, quelque part,
24:02que vous ne ressentez pas, vous aussi, à votre niveau ?
24:05Parce que tout part, effectivement, de l'enseignement,
24:07et ça aboutit vers vous.
24:09Est-ce que, là aussi, il n'y a pas quelque chose aussi à faire,
24:12peut-être ne serait-ce que de la formation continue ?
24:15Et Dieu sait que les mouvements, peut-être un peu de contestation,
24:18on en a entendu parler il y a quelques semaines dans ce domaine-là.
24:22Est-ce que vous ne subissez pas aussi, quelque part,
24:26toutes les difficultés ressenties dans le domaine de l'enseignement,
24:31en tout cas à votre niveau, au niveau de l'enseignement supérieur, déjà ?
24:34De l'enseignement primaire jusqu'à...
24:36Bien sûr, c'est évident.
24:38Si on reçoit la qualité même de la formation,
24:43l'une des variables qui fait que le produit final est de très bonne qualité
24:49est sa formation au niveau primaire et secondaire.
24:52C'est indiscutable au niveau des langues.
24:54Il faut savoir qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'études qui se font
25:00et on pose la question aux entreprises et aux firmes internationales et nationales
25:05quelles sont les compétences les plus demandées.
25:10Aujourd'hui, on ne demande plus...
25:12Les employeurs ne demandent plus les compétences techniques.
25:16Ils savent que si tu viens chez moi, je vais t'apprendre toutes mes procédures, etc.
25:21Les deux premières compétences les plus demandées dans les études les plus récentes,
25:26il y a une compétence comportementale,
25:30critical thinking, comme on dit.
25:32Adaptative.
25:33Adaptative.
25:34Et il y a une compétence data analysis.
25:39Quelqu'un qui ne sait pas analyser des données,
25:42qui ne sait pas réfléchir d'une manière critique,
25:47on ne peut pas aller loin avec lui, même s'il a des compétences techniques.
25:51Donc, il y a de plus en plus une réorientation des formations.
25:55Je donne l'exemple de centres où je travaille.
25:59On a eu conscience de ça.
26:01On a travaillé avec des universités au niveau national,
26:04au niveau international, surtout américaine.
26:07On a découvert que ce domaine-là est de très grande priorité,
26:11les sciences comportementales.
26:13On a même créé au niveau du centre un département de sciences de comportement,
26:18leadership et sciences de comportement, comme ça il s'appelle.
26:21Et on a vu qu'il y a des grandes institutions,
26:25comme le ministère de finances, comme l'OFPPT, comme l'ACNOPS,
26:29qui ont tout de suite demandé ces formations pour leur cadre supérieur.
26:35Pourquoi ?
26:36Parce qu'ils ont de très bons cadres dans le domaine des finances, du management, etc.
26:41Mais il y a toujours un problème.
26:43Je donne un exemple.
26:45Est-ce que les gens, dans un seul projet, sont capables de travailler ensemble ?
26:49Est-ce qu'il y a une compétence en termes de communication,
26:53en termes de gestion de conflits, etc. ?
26:57Il y a beaucoup d'administrations aujourd'hui
27:01qui ont des cadres ingénieurs, administrateurs,
27:04qui sont de très bonne qualité.
27:06Mais il y a souvent le comportemental qui manque.
27:09Donc on a créé...
27:11Ce que je veux dire par là, en conclusion,
27:13c'est que les universités, l'académie, ne doivent pas s'enfermer sur elles-mêmes.
27:19Il faut créer des systèmes de veuille et sortir.
27:22Il faut avoir les yeux très ouverts au niveau national et international.
27:28Et tout de suite, trouver des niches ou des domaines
27:32qui peuvent apporter un plus chez nous, au Maroc.
27:36On a un rôle, pas seulement de former,
27:39mais d'aller chercher les besoins, de construire les besoins.
27:43Et ça, je pense que c'est quelque chose qui manque,
27:47je pense, au niveau de l'université.
27:49Il n'y a pas cette recherche active.
27:51Parce que, comment on définit les besoins ?
27:53Il faut faire des enquêtes,
27:55des benchmarks au niveau international,
27:57il faut avoir des entretiens avec les décideurs,
28:00avec les clients, etc.
28:02Et là, on définit les besoins.
28:04Ça, c'est un volet.
28:06Le deuxième volet dont je voudrais vraiment parler,
28:08qui me tient vraiment à cœur,
28:10c'est le volet pédagogique.
28:13La formation ne doit pas être une transmission de connaissances.
28:18Aujourd'hui, les connaissances sont disponibles,
28:21libres,
28:23dans tous les sites,
28:27l'Internet offre.
28:29Plus qu'Internet,
28:31parce que le problème de l'Internet,
28:33c'est que les gens se perdent.
28:35Et il y a aujourd'hui des ressources électroniques,
28:38où on trouve des ouvrages
28:40et des articles de bonne qualité.
28:42Mais la plupart des professionnels
28:44n'ont pas accès à ces ressources électroniques,
28:47parce que souvent, elles sont payantes.
28:50Donc, il faudra trouver un système
28:52pour que le professionnel,
28:54qu'il soit santé ou autre,
28:56ait accès à ces ressources électroniques.
28:59En termes d'ouvrage,
29:01je parle par exemple de Cairn, de PubMed, etc.
29:03Il y en a qui sont gratuits.
29:08Les universitaires, ils ont accès,
29:10parce que l'université, le CNRST, etc.
29:13sont abonnés, donc nous,
29:15nous avons tous un code, on a accès.
29:17Nous, lorsque quelqu'un s'inscrit chez nous
29:19en formation continue,
29:21on lui donne accès.
29:23Pendant une longue période,
29:25plus longue que même sa formation.
29:27Juste pour l'habituer à ce qu'il peut se former tout seul.
29:30Parce que la formation n'est pas seulement en classe.
29:33Le deuxième volet,
29:35nous pensons qu'il n'existe plus
29:38de formation unique classe.
29:40La formation est devenue complexe.
29:43C'est un mix entre les MOOC,
29:46Nous, on a déjà construit des MOOC,
29:49et on a commencé dans toutes les formations continues.
29:52Pour chaque module, par exemple,
29:54avant même de venir,
29:56l'apprenant, il reçoit un MOOC, etc.
29:59avec les textes, les vidéos,
30:01il fait de l'auto-évaluation avant même de venir.
30:03Donc, on lui donne 100% des connaissances.
30:06Lorsqu'il vient chez moi à l'université,
30:08c'est uniquement pour pratiquer.
30:10Il va venir au centre de simulation,
30:12pratiquer avec des mannequins,
30:14rencontrer des professionnels de haut niveau
30:16qui ont réussi, etc. pour discuter avec eux.
30:19Mais il ne vient pas pour que je lui présente des PowerPoints.
30:24On a même interdit cette présentation classique
30:27et vraiment dépassée
30:29de transmission de connaissances.
30:31Il ne va pas se déplacer de Tangier jusqu'à Casablanca
30:34pour que je lui fasse une présentation.
30:36Alors que je peux lui envoyer, discuter avec lui en ligne.
30:39Donc, c'est ce changement de paradigme
30:41au niveau de la pédagogie
30:43qu'il faut aussi tenir en compte.
30:46Il y a d'autres études et d'autres publications.
30:49On a demandé à des médecins, à des infirmiers, etc.,
30:53pourquoi ils ne sont pas...
30:55leur perception de la formation continue.
30:58Et il y a à peu près les deux tiers
31:01qui ont dit que c'était des transmissions de connaissances
31:04et donc ils n'étaient pas intéressés.
31:06Moi-même, j'ai fait des entretiens il y a longtemps
31:09et une sage femme m'a dit
31:11moi j'ai des petits-enfants,
31:13pourquoi je vais me déplacer
31:15et je sais qu'on va juste me présenter
31:18des présentations et discussions.
31:21On peut me les envoyer par e-mail, c'est très simple.
31:24Je vais les lire et je vais chercher sur Google et comprendre.
31:27Donc, il y a le volet pédagogique
31:30de la formation initiale aussi,
31:32surtout de la formation continue,
31:34est très important.
31:36Je pense qu'aujourd'hui, on doit se démarquer
31:39de la pédagogie traditionnelle
31:41de transmission de connaissances
31:43vers une pédagogie
31:45où il y a un mix.
31:47Je donne les connaissances avant même qu'ils viennent
31:50et j'organise des ateliers de pratiques, etc.
31:54Et j'insiste encore sur cette question
31:57de science comportementale
31:59et la science des données.
32:02Nous-mêmes, on a été tellement
32:06abîmés par cette question
32:09qu'on a créé une formation continue
32:11et même un master
32:13qu'on appelle Health Data Science.
32:15Parce qu'on a observé
32:17que la science des données existe
32:19dans les écoles d'ingénieurs,
32:21mais
32:23la science des données de la santé,
32:26parce que les milliards de données de la santé
32:29au niveau des hôpitaux, des centres de santé, des cabinets,
32:31c'est énorme.
32:33On passe de ce Big Data
32:35et ça a attiré beaucoup de publics
32:38parce que les gens se sont aperçus,
32:40il y a des gens qui se sont aperçus
32:42qu'ils peuvent changer de carrière
32:44à travers ce type de formation.
32:47Ils faisaient quelque chose dans l'administration, etc.
32:50et ils se sont aperçus
32:52qu'en faisant une formation en science des données de la santé,
32:56ils peuvent occuper un autre poste
32:58au niveau d'un hôpital ou d'un ministère, etc.
33:01Le comportement de la pédagogie,
33:03Sybille Ouelli a vraiment insisté sur ces deux volets
33:06et j'imagine que vous les prenez aussi en considération,
33:09à l'ESSEC par exemple.
33:11Tout ce qui est pédagogie,
33:13je rejoins parfaitement M. Ouelli,
33:15c'est-à-dire que
33:17quand les professionnels viennent
33:19dans des grandes écoles
33:21comme l'Université Mohamed VI des Sciences de la Santé
33:23ou à l'ESSEC,
33:25c'est aussi pour l'expérience.
33:27Ils ont des attentes de très haut niveau
33:30et il faut leur faire atteindre leurs objectifs,
33:33c'est-à-dire en termes d'acquisition des compétences,
33:36mais avec une manière qui est,
33:38entre parenthèses, très disruptive.
33:40Ce qui met une pression supplémentaire
33:42sur nos académiciens,
33:44sur nos professeurs,
33:46pour innover dans la façon de délivrer la formation
33:50et aussi sur nous en tant qu'école
33:53pour trouver des partenariats
33:56avec le monde hors enseignement.
34:00Par exemple,
34:02on peut appeler des militaires
34:05pour faire des stages de leadership
34:08parce que la stratégie aussi
34:11qui vient du monde militaire,
34:13on peut demander...
34:15Des fois, c'est aussi des choses
34:18qui sont très intéressantes
34:20et c'est là où, je pense,
34:22le rôle de l'université ou de l'école
34:24est très important.
34:26C'est d'avoir une relation privilégiée
34:29avec le client.
34:31Surtout, on voit,
34:33il y a une tendance au Maroc,
34:35c'est de plus en plus d'entreprises
34:38qui veulent faire des formations sur mesure
34:41pour un groupe de cadres.
34:43Avant, on était plutôt sur...
34:45On envoie quelqu'un faire un diplôme par-ci,
34:48un diplôme par-là,
34:50une formation à l'étranger
34:52et on ramène un formateur
34:54pour le faire au Maroc.
34:56Mais c'est comme si on voulait
34:59mettre tout le monde dans le même moule.
35:02Alors que la formation,
35:04aujourd'hui, on parle de micro-learning,
35:07d'adapter la formation à chacun.
35:10Les besoins sont différents,
35:12les compétences sont différentes.
35:14Dans une même classe,
35:16on peut avoir quelqu'un
35:18qui a un très bon esprit analytique
35:20dans la résolution de problèmes,
35:23mais pas dans l'analyse des données.
35:26Et cette complémentarité,
35:29il faut faire travailler
35:32ce groupe de participants ensemble.
35:35C'est des ateliers interactifs,
35:37c'est des workshops,
35:39on peut faire du co-développement
35:41pour les participants,
35:43on peut faire du coaching des fois.
35:45Et quelque chose qui est très puissant aussi,
35:48c'est de leur montrer,
35:50de ramener des experts,
35:52ou de faire intervenir des experts,
35:54c'est très bien,
35:56mais il faut les emmener des fois en voyage
35:58pour voir comment ça se passe ailleurs.
36:00On a eu cette expérience deux fois
36:02avec deux groupes marocains,
36:04et l'impact était juste impressionnant.
36:07C'est-à-dire, au retour de leur voyage,
36:10ils ont inscrit dans leur roadmap
36:13quelque chose auquel ils n'avaient jamais pensé.
36:16Ça a été validé par les plus hautes instances du groupe,
36:20et c'est un très, très grand groupe marocain,
36:22parce qu'ils se sont rendus compte
36:24qu'effectivement, c'est quelque chose
36:26qu'ils voyaient très, très loin,
36:28mais quand ils sont partis voir de leurs propres yeux
36:31l'impact et l'étendue
36:34de ce changement,
36:37ils se sont dit, il faut qu'on se prépare.
36:40Est-ce que ça va venir tout de suite,
36:42ou plus tard,
36:44mais on veut être prêts quand ça va arriver chez nous.
36:48Et juste pour revenir sur le point
36:51dont vous avez parlé tout à l'heure
36:53sur la culture de la formation continue au Maroc,
36:55je pense qu'elle est présente,
36:57mais elle est présente chez les professionnels,
37:00chez les bénéficiaires de la formation.
37:03On a un marché du travail qui est assez tendu,
37:06c'est-à-dire que la plus grosse pression,
37:09elle est sur les diplômés
37:11pour avoir leur premier emploi.
37:13Peut-être pas dans la médecine,
37:15parce que les métiers réglementés,
37:17en général, on n'a pas de problème.
37:19Les métiers d'ingénieur
37:21et les gens qui ont fait les grandes écoles,
37:24ils ont moins de challenges
37:27que des étudiants qui ont fait l'université
37:31ou la faculté publique.
37:33Et donc ce challenge d'avoir son premier emploi,
37:36des fois, malheureusement,
37:39les diplômés, ils dépannent,
37:42c'est-à-dire qu'ils prennent ce qui se présente à eux en premier
37:45parce que malheureusement, ils n'ont pas le choix,
37:48ils n'ont pas ce luxe de choisir
37:51vraiment la carrière qu'ils veulent.
37:53Des fois, c'est une bonne surprise,
37:55ils se trouvent dans une carrière
37:57ou dans un métier qui les intéresse
37:59et forcément, ils se disent,
38:01je n'ai pas fait d'études dans ce domaine,
38:03maintenant, je suis dedans,
38:05pour performer, je dois me former.
38:08Donc tout de suite, rapidement,
38:10il va se dire dans sa tête,
38:12le meilleur moyen, c'est que je me forme.
38:14Les plus curieux, ils commencent sur Internet,
38:16ils vont se former, ils vont faire de l'auto-formation
38:19et c'est très bien.
38:21Et il y en a qui sont encore plus ambitieux,
38:23qui ont besoin de cette légitimité,
38:26une crédibilité sur leur CV.
38:28Donc il va voir le diplôme ou un certificat
38:32et il va le mettre dans son diplôme
38:34pour être reconnu comme expert.
38:36Il a l'expérience,
38:38mais il veut aussi le certificat ou le diplôme.
38:41Des fois, c'est le contraire,
38:42c'est-à-dire des gens qui trouvent un emploi
38:46dans leur domaine de formation,
38:49mais rapidement, ils se rendent compte
38:51que ce n'est pas ce qu'ils veulent.
38:53Et là, on parle de reconversion professionnelle.
38:56Exactement.
38:57Et c'est là aussi tout l'enjeu
38:59de l'offre de formation continue
39:02qui doit répondre à des participants
39:07qui ont différentes motivations,
39:09différentes contraintes
39:11et leur permettre rapidement
39:14d'acquérir les compétences nécessaires
39:18pour performer dans leur carrière
39:21ou pour un entrepreneur,
39:24de réussir son projet.
39:26C'est similaire quand vous entendez Cybèle Ouelli,
39:29par exemple,
39:30Cy Chafour, qui a également parlé avec passion
39:32de leur métier,
39:34de la vision qu'ils ont,
39:36en tout cas du futur,
39:38de l'intelligence artificielle, de la data,
39:40en tout cas des énormes défis,
39:42des challenges dans lesquels le Maroc s'est engagé.
39:46Comment voyez-vous justement la position
39:48de l'enseignement dans tout ça,
39:50dans cette aventure formidable
39:52dans laquelle notre pays s'est engagé ?
39:54Est-ce que la position,
39:56en tout cas l'apport de l'enseignement
39:58d'une manière générale
39:59est à la hauteur des attentes exprimées
40:01selon le moyen d'entendre ?
40:04C'est une question difficile,
40:06très juste, mais difficile aussi.
40:08Je suis tout à fait ravi d'entendre
40:11mes collègues parler des besoins
40:13de la formation continue
40:14et des besoins du rapport avec l'université.
40:17Et je crois que ça rompt
40:22avec un passé assez récent
40:25où l'université tendait la main
40:29à l'entreprise,
40:30et l'entreprise était très, très, très, très
40:34paraississante, mais disons réservée
40:37par rapport à cette main tendue
40:40parce qu'on ne croyait pas
40:42vraiment à l'apport de l'université, etc.
40:45Maintenant, avec justement,
40:47avec la formation continue,
40:48avec la tendance, dont a parlé Sebouah Ali,
40:51d'abandonner la transmission
40:54parce que les connaissances sont disponibles partout,
40:56mais on a besoin d'encadrement,
40:59on a besoin de...
41:01Le professeur, l'enseignant,
41:03c'est un des métiers qui sont les moins menacés
41:07de disparition,
41:08mais qui vont être transformés
41:10de fond en comble.
41:11C'est-à-dire que le prof qui vient dans un amphi
41:14édicte ou improvise même son cours,
41:18c'est dépassé, tout ça.
41:19Maintenant, on est dans la formation hybride,
41:21c'est-à-dire qu'effectivement,
41:23l'étudiant reçoit le cours
41:27ou le contenu que veut transmettre l'enseignant
41:32avant la séance du cours.
41:34Et quand il vient,
41:35il a déjà vu le cours du professeur,
41:37il a vu les références auxquelles il les a envoyées, etc.
41:41Et il vient pour la pratique,
41:43soit pour discuter, soit pour intervenir, etc.
41:46Et je vais plus loin,
41:47c'est-à-dire que si on va vraiment dans ce sens-là,
41:50aussi bien au niveau de la formation continue,
41:52de l'initiant que de la formation continue,
41:54parce que même dans la formation continue,
41:56il peut y avoir des fraudes au niveau des cadres,
41:59au niveau des employés qui peuvent faire semblant
42:01qu'ils ont acquis la formation sans l'avoir suivi jusqu'au bout.
42:05Maintenant, on peut arriver à un stade
42:08où on demande à l'apprenant,
42:11lui donnant accès à tout ce qu'il veut
42:14au moment d'une évaluation,
42:16un examen même au niveau du baccalauréat.
42:19Venez, moi j'ai fait cette expérience d'ailleurs
42:21il y a quelques années,
42:23venez, vous avez accès à votre cours,
42:25vous avez accès à toutes les références sur place
42:28et répondez à l'évaluation.
42:31Au début, les étudiants sont ravis,
42:34mais ils se rendent compte combien c'est difficile.
42:37C'est beaucoup plus difficile que de donner une feuille blanche
42:40et un sujet et lui dire, allez, dissertez.
42:43Il peut y avoir même des écouteurs et travailler,
42:46mais quand il a à faire une analyse
42:48d'un certain nombre de documents, etc.,
42:50ça c'est autre chose, ça demande une formation différente.
42:53Ça c'est un premier point.
42:55Le deuxième point qui répond aussi à votre question,
42:58c'est la question de la transversalité des formations.
43:01C'est-à-dire qu'on est de moins en moins
43:04dans des formations trop spécialisées
43:07et fermées.
43:09C'est-à-dire que par exemple, je ne sais pas,
43:11le médecin, je dis n'importe quoi,
43:14cardiologue qui, dès qu'il y a un pépin en dehors du cœur,
43:16il vous dit, je ne peux rien faire, allez-y voir eux.
43:19Ça c'est de moins en moins, je crois,
43:22je parle d'un médecin en présence d'une autorité,
43:25je crois que c'est de moins en moins valable.
43:27On a besoin de transversalité,
43:29on a besoin des gens ouverts,
43:31des gens qui ont de l'empathie avec les malades,
43:36par exemple si on parle de santé,
43:37ou avec les étudiants,
43:39ou avec des gens en difficulté d'une manière générale,
43:41et ça fonctionne comme ça.
43:43Il y a une, comment on peut appeler ça,
43:45une intelligence affective, en quelque sorte,
43:47qui met en relation les deux parties,
43:51enseignant, enseigné,
43:53malade ou patient, médecin,
43:56ingénieur, client qui veut faire,
43:59je ne sais pas, qui a un projet immobilier,
44:01ou qui a n'importe quel...
44:02Il y a autre chose que le simple diplôme,
44:06qui va être de plus en plus désuet au niveau de la sélection,
44:10parce qu'on ne demande pas un diplôme,
44:12on va arriver peut-être à un stade
44:14où on ne demande plus de diplôme,
44:15on demande les compétences,
44:16et on vérifie les compétences,
44:17c'est ça ce qu'on demande.
44:18Il nous reste trois minutes, une minute chacun,
44:21bien sûr qui nous servira de conclusion.
44:24Votre espoir, votre vision actuelle en tout cas,
44:27de ce qu'est la formation continue aujourd'hui au Maroc,
44:31j'aurais voulu vous entendre là-dessus pour terminer.
44:34Très rapidement, je pense qu'il y a un triangle à considérer.
44:39Il y a le triangle de quels sont les besoins,
44:42quelle est l'offre et quelle est la demande.
44:46Qui définit les besoins ?
44:48En général, c'est les autorités,
44:50que ce soit publiques ou privées,
44:52que ce soit santé, etc.,
44:53c'est eux qui définissent les besoins
44:55en fonction de la demande qu'ils ont écoutée des bénéficiaires.
44:58Et qui donne l'offre ?
45:00A mon sens, c'est beaucoup plus les universités et les sociétés savantes.
45:04Mais ici, il y a un dysfonctionnement
45:06parce qu'aujourd'hui au Maroc,
45:08on voit que beaucoup d'administrations,
45:10pas seulement la santé et l'éducation dont vous avez parlé et d'autres,
45:13eux-mêmes s'occupent de faire de la formation.
45:16Je pense que ces administrations ou entreprises
45:19ou cliniques privées ou publiques, etc.,
45:22leur rôle, c'est de définir les besoins et les cahiers de charge.
45:26Mais celui qui doit faire la formation,
45:29c'est les autorités académiques, c'est les universités.
45:33Il y a ce dysfonctionnement qui existe toujours,
45:36qu'on observe, on voit des administrations,
45:39à l'intérieur même de l'administration,
45:41organiser des séminaires, comme il a dit notre ami,
45:44avec des repas, etc., etc.
45:47Je pense qu'il faut abandonner ce style de formation continue.
45:51Il faut laisser l'université jouer son rôle et les autres jouent.
45:55Mais il faut être à l'écoute de la demande,
45:58il faut faire des enquêtes, des enquêtes, etc.,
46:01écouter la demande des bénéficiaires.
46:03Je donne très rapidement un exemple.
46:06Lorsque nous avons observé ce mouvement qui existe au Maroc
46:10de l'assurance maladie obligatoire,
46:13on a fait aussi des enquêtes dans ce contexte d'assurance maladie,
46:19quels sont les nouveaux besoins ou même de nouveaux métiers.
46:22Et on a découvert qu'il y a des lacunes très importantes
46:25chez certains professionnels.
46:27On a créé des masters, des diplômes universitaires, etc.,
46:31dans ce domaine, pour les organismes d'assurance maladie,
46:35tout ce qui est économie et financement de la santé.
46:38Donc il faut laisser l'université faire son rôle,
46:41l'administration faire son rôle,
46:43et écouter les bénéficiaires sur ce triant.
46:46C'est à vous.
46:48J'aimerais bien juste partager avec vous quelques chiffres
46:52que je trouve très intéressants.
46:55Il y a une étude qui a été faite par un économiste,
46:58dont j'ai oublié le nom, mais je peux le chercher,
47:01qui a trouvé qu'en 2018, 60% des travailleurs dans le monde entier
47:06avaient des jobs qui n'existaient pas en 1940.
47:11Donc en 80 ans...
47:13C'est quand même beaucoup plus rapide.
47:15Exactement.
47:17IBM, dernièrement, j'ai vu un autre chiffre qui était aussi intéressant,
47:20qui disait que la shelf life, c'est-à-dire la durée de vie
47:24d'une compétence, surtout technique, est de deux ans et demi.
47:28Donc avec l'intelligence artificielle,
47:31avec tous ces changements que nous sommes en train de voir,
47:36on va dire que le rythme s'accélère.
47:40Donc ça a pris peut-être 80 ans pour créer des jobs
47:43qui n'existaient pas en 1940.
47:45Ça va être moins, forcément.
47:48Après, il ne faut pas s'alarmer.
47:51C'est-à-dire que la technologie va créer de nouveaux jobs
47:55et on aura de nouvelles opportunités.
47:58On va peut-être même avoir des jobs qui sont plus riches
48:01et qui ont plus de sens,
48:03ce qui est très bien pour tout le monde.
48:05Mais il faut accompagner, d'un point de vue macroéconomique
48:09pour le pays, il faut absolument mettre le point
48:13sur la formation tout au long de la vie
48:16parce que ça permet de...
48:19On a reçu dernièrement une grande entreprise
48:23dans le secteur automobile à côté de nous,
48:27sur le campus de Bourg-Nadel,
48:29qui disait que le Maroc formait de très bons ingénieurs,
48:33de très bons techniciens,
48:35mais ils ont beaucoup de problèmes dans le middle management.
48:38Donc les gens qui vont être le lien,
48:41c'est vraiment la cheville ouvrière d'une entreprise.
48:44C'est la strata des middle managers qui sont au milieu.
48:48Ils sont les responsables directs hiérarchiquement des techniciens
48:53et les relais pour les ingénieurs.
48:56Et c'est eux qui drivent le business,
48:59qui font en sorte de faire tourner la machine.
49:02Donc ça, je pense que...
49:04Je finirai avec un dernier exemple,
49:07c'est l'Egypte, qui a un problème de devise,
49:10comme tout le monde le connaît.
49:12Ils ont passé un contrat avec Udacity,
49:15qui est comme Coursera, une plateforme d'enseignement en ligne,
49:19pour former des Égyptiens sur les technologies.
49:22Ils ont formé 150 000 personnes en deux ans.
49:25L'objectif, c'était de les former sur la technologie
49:28et de les permettre d'être des freelancers.
49:31A la sortie, donc ces 150 000, pas tous,
49:34mais pour ceux qui ont fait le métier de freelancer sur la technologie,
49:38c'est-à-dire prendre des missions à l'étranger,
49:42ils ont fait ramener au pays 200 millions de dollars de rentrées de devise.
49:46Donc c'est un investissement dont le retour était juste impressionnant.
49:50Ça a comblé le vide pratiquement.
49:52Merci beaucoup.
49:53Donc aussi Sméli, c'est à vous, l'éducation, l'enseignement,
49:56la formation continue, votre point de vue à ce niveau-là.
49:59J'aimerais qu'on arrive à la conviction
50:03que la formation continue s'organise à la base
50:06et non pas au sommet.
50:08Au sommet, comme disait Sybille Ouelli,
50:10il faut une orientation, un cadre général, peut-être.
50:16Mais plus on descend,
50:18ce sera au niveau des académies, par exemple, un peu plus précis,
50:21mais au niveau des besoins réels de l'école,
50:25il faut que ce soit à la base,
50:27mais il faut qu'il y ait réellement une équipe de travail
50:30qui définisse leurs besoins dans le cadre d'un projet d'établissement.
50:33Très important, on ne va pas parler de ça.
50:35Il faut travailler maintenant de plus en plus,
50:37il faut travailler en mode projet.
50:39Si on ne travaille pas en mode projet, c'est de l'anarchie, c'est n'importe quoi.
50:42Donc il faut travailler en mode projet,
50:44mais un mode projet autour duquel il y a tout un staff qui travaille,
50:49qui peuvent évaluer en évaluation interne avant évaluation externe leur travail, etc.
50:55Et là, on peut organiser la formation continue.
50:58D'un autre côté, il y a les centres de formation des enseignants eux-mêmes.
51:04Les centres de formation des enseignants doivent intégrer justement cette culture
51:08de l'apprentissage tout au long de la vie.
51:12Parce que malheureusement, effectivement, dans le domaine de l'éducation,
51:15les gens ne sont pas encore, surtout au niveau de l'enseignement supérieur.
51:19Je me rappelle du temps où on travaillait ensemble avec le professeur Hervoucher-Lahumot
51:25sur la formation continue, etc., des facultés de médecine.
51:28Les enseignants supérieurs considéraient qu'avoir la formation continue,
51:34c'est instaurer de l'inspection au niveau de l'enseignement supérieur et refusaient absolument cela.
51:39Merci beaucoup, messieurs.
51:41Le professeur au pluriel avec un S, Redouane Belwali,
51:44directeur de l'École internationale Mohamed VI de santé publique et du centre,
51:48Mohamed VI de formation continue, Salahuddin Shafouk de business development.
51:55On aurait pu parler de l'Afrique aussi.
51:57C'est vrai que malheureusement, nous sommes en manque de temps, mais on y reviendra,
52:00je suis sûr et certain.
52:01Business Development Manager à l'École ESSEC, Business School Afrique, Hassan Smidi.
52:07Merci beaucoup, doyen fondateur de la faculté des lettres et des sciences humaines de Casablanca,
52:13ancien directeur du pôle études et recherches du Conseil supérieur de l'éducation,
52:16de la formation et de la recherche scientifique.
52:18Merci infiniment d'avoir répondu à nos questions.
52:21C'était l'heure des experts.
52:22Merci à vous et à très bientôt.
52:25Cette émission vous a été présentée en partenariat avec l'École internationale Mohamed VI de santé publique
52:30et ESSEC Business School Campus Afrique.
52:37Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

Recommandations