"Les compétences dans ce domaine sont conjointes, partagées", détaille Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste, à propos du rôle du chef des armées

  • il y a 3 mois
Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste et professeur de droit public à l'université de Lille, était en direct ce jeudi dans BFM Story. 

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00:00Tout cela, effectivement, on peut comprendre que ce soit difficile à comprendre parce que tout s'entremêle un petit peu.
00:06Premièrement, le domaine réservé, c'est une construction politique et doctrinale.
00:09La Constitution ne le prévoit pas. Il ne figure nulle part dans la Constitution.
00:14Et il est de tradition républicaine que le Président de la République, effectivement,
00:18ait un domaine réservé en matière de défense et d'affaires internationales.
00:24Mais ce n'est que pure tradition républicaine.
00:26Et si le gouvernement, le Premier ministre, refuse de le lui laisser,
00:30eh bien, le Président de la République ne pourra rien faire.
00:32Que dit la Constitution ?
00:34La Constitution dit qu'article 15, le Président de la République est le chef des armées.
00:39Mais elle complète en disant que c'est le gouvernement qui dispose de la défense nationale.
00:44Tout cela signifie, en réalité, que les compétences dans ce domaine sont conjointes, partagées,
00:51et que le Président de la République, effectivement, peut décider d'engager des troupes
00:55parce qu'il est le chef des armées, mais il ne peut le faire qu'avec l'accord,
00:59et notamment ce que l'on appelle le contre-sein du Premier ministre,
01:02c'est-à-dire que si le Président de la République veut prendre un décret pour engager des troupes,
01:07il faut que le Premier ministre vienne apposer également sa signature.
01:11Donc, soyons concrets, vous venez de l'évoquer, Jean-Philippe de Rosier,
01:14si le chef de l'État veut envoyer des troupes en Ukraine,
01:16son Premier ministre devra être d'accord avec lui, il devra être sur la même ligne, quoi, en fait.
01:20Absolument, absolument. Mais ce qui vaut dans un sens vaut dans l'autre.
01:23C'est-à-dire que si le Premier ministre veut engager des troupes quelque part,
01:26en Ukraine ou ailleurs, il ne pourra pas le faire sans l'accord du Président de la République.
01:31Il faut que les deux, effectivement, convergent dans la même direction
01:35et se mettent d'accord sur cet engagement de troupes
01:38ou sur une autre décision qui concernerait les affaires militaires.

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