• il y a 5 mois

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Transcription
00:00Ça fait une dizaine de jours que je doute de diffuser ces images.
00:03Je vous en ai montré certaines à Babette, j'en ai montré à Laurent,
00:05j'en ai montré à Pierre Lescure qui m'a conseillé de les diffuser.
00:07Ça fait dix jours que je me dis, est-ce que je les montre ?
00:09Est-ce que je vais donner de la lumière à ces gens-là, etc.
00:11J'ai eu la chance de couvrir, pour cet avou, la présidentielle 2022.
00:15Je n'ai pas vécu ça.
00:16Je n'ai pas vécu ça.
00:16Sur le terrain, dans le Loiret, il y a quelques jours,
00:18il y a un homme qui est venu me voir.
00:20C'est étrange parce qu'il était dans la même séquence
00:22que vous avez évoquée tout à l'heure avec ses voisines.
00:24À Montargis, dans le lieu spécial.
00:25C'était avant la diffusion du sujet.
00:27Il m'a dit, mais vous, Mohamed, vous n'êtes pas comme les autres.
00:29Vous n'êtes pas comme les autres bougnoules.
00:31Et c'est ça que, depuis quelques jours, qu'on peut voir.
00:33Ça a été un peu la même chose à Villers-Cotterêts.
00:35Et quand j'entends sur certains plateaux dire que la parole ne se libère pas,
00:38moi, ça me touche parce que c'est des messages
00:40continu depuis le 9 juin, qui arrivent quatre à cinq fois par jour.
00:43Avant, ça arrivait une fois par mois.
00:45Et ce n'est pas que virtuel, ce n'est pas que sur les réseaux sociaux.
00:47Quand on fait face à quelqu'un et qu'il est filmé,
00:50et qu'il vous dit, mais vous, vous n'êtes pas comme les autres.
00:52Vous, vous travaillez, vous n'êtes pas caché.
00:55On l'a diffusé, ça.
00:56Et cette parole, elle n'existait pas lors de la présidentielle 2022,
00:59que j'ai eu la chance de suivre pour cette avoue.
01:00Je n'avais jamais vécu ça.
01:01J'en ai vécu avant, auparavant le 9 juin, un message par mois,
01:05un message tous les trois, quatre semaines.
01:06Là, c'est quatre, cinq messages par jour.
01:09Et c'est assez désagréable.
01:10Et c'est désagréable aussi pour nos proches qu'on reçoive.
01:12Je pense notamment à ma maman et à ma sœur.
01:14Et on se dit, mais pourquoi ? Voilà, pourquoi ?
01:17Ça dit quelque chose du climat et des craintes qu'on peut avoir
01:20au soir du 8 juillet prochain.
01:22Mais surtout, je voudrais juste dire un truc.
01:24J'aimerais bien qu'on arrête de m'essentialiser
01:26en fonction de mon prénom ou de mon nom
01:28ou de ma prétendue origine ou de ma prétendue religion.
01:31J'aimerais bien que, si on me disait, par exemple,
01:32vos sujets, Mohamed, sont nuls, ça ne me dérangerait pas.
01:35Je l'accepterais, mais j'en ai marre qu'on me dise,
01:37tu es un bico, tu es un musulman, tu es un salarable.
01:40Qui, qui connaît ma vie, en fait ?
01:41Qui sait, le soir, quand je rentre à la maison,
01:44quelles sont mes valeurs, quelles sont mes origines,
01:47j'aimerais bien qu'on se dise, qu'on l'essentialise
01:49en tant que journaliste français qui vit en France
01:51depuis l'âge de trois semaines, un mois,
01:54et qu'on arrête de me dire, tu es un sale bougnou,
01:56tu es un sale bico, tu es un sale musulman,
01:57tu es un sale un tel, un tel.
01:59Juste qu'on me dise, tu es un journaliste
02:00et qu'on n'accepte pas tes valeurs,
02:02qu'on n'accepte pas tes propos, tes sujets, peut-être,
02:04mais qu'on arrête de me ramener à ce côté
02:07rebeu, musulman, arabe, bico.
02:09Je suis un Français, journaliste, citoyen, c'est tout.
02:12Et rien d'autre.
02:13Et en fait, c'est assez bouleversant de se dire
02:16qu'on se bat tous les jours pour fédérer les gens.

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