• il y a 6 mois
Le Rassemblement national et Jordan Bardella tentent de rallier à leur camp l’électorat féminin, en vue des élections législatives anticipées. Mais quel est le bilan et quel est le programme du RN, sur la question des droits des femmes ? On en a discuté sur Twitch avec Johanna Luyssen, cheffe adjointe du service Société et Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial.

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00:00Si on prend les dernières discussions parlementaires sur les droits des femmes en France et ce qu'a fait l'ERN,
00:06c'est bien simple, c'est que globalement, ils ont été contre à peu près tout.
00:08Pourtant, l'ERN cherche plus que jamais à se donner une bonne image sur ce sujet.
00:12Marine Le Pen a soutenu l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.
00:17On savait que l'opinion était largement pro cette constitutionnalisation,
00:21donc en fait, ils se sont dit que ça ne sert à rien de s'accrocher à quelque chose sur lequel on sera de fait perdant,
00:26de fait aussi parce que ça sera voté par ailleurs, et qu'on va passer pour les réacs anti-avortement.
00:30Donc c'était une occasion en or gratos de se faire un petit vernis, etc.
00:37Alors que l'électorat féminin du RN est en hausse d'après le dernier sondage d'Ipsos,
00:42l'ERN est-il vraiment devenu un parti protecteur des droits des femmes et des minorités de genre ?
00:46Et quel est le risque en cas d'accession au pouvoir du Rassemblement National ?
00:50C'est-à-dire qu'en France, il n'y aura plus de débat sur le fait d'avorter ou non.
00:53On peut réduire les semaines, on peut enlever le déremboursement, comme je le disais tout à l'heure,
00:56on peut interdire aux mineurs d'avorter.
00:58En fait, il y a pas mal de choses qui peuvent se passer autour de ça.
01:01Et moi, je me dis que si jamais ça basculait, le 7 juillet prochain...
01:06Donc imaginons que Jordan Bardella ait été Premier ministre...
01:07Ou même qu'on ait 250 parlementaires du RN, pas forcément une majorité absolue, mais une grande majorité,
01:13ça permettrait à certains politiques locaux de s'autoriser à enlever les financements du planning, et que ça soit concret.
01:19Avec Sarah Durocher, présidente nationale du planning familial,
01:22et Johanna Leuysen, chef adjointe du service Société à Libération,
01:25on s'est intéressés à la question de l'extrême droite face aux droits des femmes et des minorités de genre,
01:29à quelques jours des élections législatives.
01:31Je pense que c'est un trait commun à tous les partis d'extrême droite dans le monde, par ailleurs,
01:36c'est d'être profondément hostile à toutes les libertés des femmes.
01:40Et après, ils ont tous des stratégies différentes pour faire semblant que ça n'est pas le cas.
01:45On discute de tout ça maintenant.
01:47Quand on évoque le RN et la thématique des droits des femmes,
01:53vous, qu'est-ce que ça vous évoque déjà au premier abord ?
01:55Même d'un point de vue un peu plus historique, quand on prend un petit peu de recul,
01:59qu'est-ce que ça dit ce rapport entre le RN et les droits des femmes ?
02:04Tu commences, tu commences comme tu veux.
02:06Historiquement, c'est un parti qui n'est pas du tout lié aux droits des femmes,
02:10puisqu'il est considéré comme un parti extrêmement machiste,
02:14il ne s'adressait pas aux femmes, on avait Jean-Marie Le Pen,
02:17après, il y a eu la guerre, Bruno Maigret,
02:19tout ça était quand même très masculin, très orienté, masculin.
02:25Et tout a basculé un peu en 2011, au moment de Marine Le Pen,
02:29qui a par ailleurs, me rappelait encore un collègue aujourd'hui,
02:33qui a quand même été traité de la blonde,
02:35qui a elle-même subi pas mal de préjugés, de remarques sexistes.
02:41Donc, il y avait une culture qui était, et qui est encore en vérité, assez masculine,
02:45puisque, même s'il y a eu une féminisation du parti,
02:47il reste que quand même, le plus gros des instances sont quand même aussi encore masculines.
02:52Donc, c'est un parti qui, historiquement, est associé à une forme de misogynie,
02:59de femmes à la maison, de conservatisme, d'hostilité,
03:02ça en parlera bien mieux que moi à l'IVG, évidemment,
03:06et en général, à tout ce qui peut être de l'ordre des libertés reproductives.
03:11Donc voilà, c'est un parti qui a longtemps été associé à ça,
03:14et qui a opéré, depuis quelques années, une sorte de petite muque,
03:18alors que ça a été très lent,
03:19mais, et c'est beaucoup de, comme on verra sans doute plus tard,
03:23mais de ripollinage, et de petites choses de façade,
03:27mais qui derrière masquent un vrai conservatisme qui est évidemment resté.
03:32Mais voilà, il s'est passé quelque chose en termes d'images,
03:35et si cette vidéo de Jordane Bardella d'hier veut dire quelque chose,
03:39c'est certainement que cette bataille des images en mode TikTok,
03:43on dit des choses, on affiche des choses,
03:45là, il y a quelque chose qui a très clairement été gagné,
03:48et je pense que les résultats récents le prouvent.
03:50Oui, on va en parler évidemment de cette vidéo de Jordane Bardella.
03:53Sarah, est-ce que tu peux me donner, toi du coup, ta vision par rapport à ça ?
03:56Et pendant que tu parles, je vais m'attendre un tout petit peu pour tourner un tout petit peu la caméra,
03:59mais tu peux développer ton propos.
04:01Oui, il n'y a pas de soucis.
04:02Du coup, moi, je rejoins Johanna sur pas mal de choses déjà qu'elle a pu partager.
04:08Pour moi, c'est l'ennemi du droit des femmes,
04:10c'est l'ennemi de la parole associative,
04:13c'est l'ennemi de la démocratie
04:15et c'est l'ennemi aussi du droit des personnes LGBTQIA+.
04:18Mais pour moi, féminisme et LGBTQIA+,
04:20on reparlera sûrement de la vidéo,
04:23mais il y a des choses qui manquent et qui montrent bien, en fait,
04:26que ce parti n'est pas féministe.
04:28C'est aussi le lien avec des personnes qui attaquent les féministes dans le monde entier,
04:33des liens avec aussi des dirigeants politiques européens
04:38qui menacent en permanence le droit des femmes et le droit des personnes LGBTQIA+.
04:43Et puis, c'est aussi le symbole d'attaque que les féministes vivent en France
04:47et que les antennes du planning vivent en France.
04:48Mais je pense qu'on aura l'occasion d'en parler.
04:50En tout cas, pour moi, c'est l'ennemi.
04:52Le RN ne rime pas avec féministe.
04:54Et pour moi, c'est représentatif de l'extrême droite
04:57et du droit de conservatrice forte
04:59et avec une montée aussi,
05:02qu'on peut juste dire, en tout cas, c'est que les votes le montrent.
05:05Mais en termes de communication, j'ai trouvé ça d'un dégoût, cette vidéo.
05:09Et en même temps, ça fait peur.
05:11Il y a une première question dans le chat.
05:13Est-ce que le RN est un parti misogyne, selon vous ?
05:17Ah oui.
05:18Clairement ?
05:18Il est purement misogyne.
05:19On va peut-être pouvoir en parler via la vidéo.
05:21Mais en tout cas, oui, il est misogyne.
05:25Ça veut dire qu'à partir du moment où vous êtes contre le droit des femmes,
05:29que vous utilisez le vocabulaire des féministes en instrumentalisation.
05:33Il n'y a aucune sincérité dans ce discours-là.
05:36Et que bien évidemment, il n'y a pas d'exception à la française.
05:39L'extrême droite est contre le droit des femmes et misogynes.
05:42C'est certain.
05:42Enfin, moi, en tout cas, c'est mon avis.
05:44Je ne sais pas, Johanna, ce que tu en penses.
05:45Mais en tout cas, moi, il représente ça.
05:48Mais je pense que c'est un trait commun à tous les partis d'extrême droite dans le monde.
05:52Par ailleurs, c'est d'être profondément hostile à toutes les libertés des femmes.
05:57Et après, ils ont tous des stratégies différentes pour faire semblant que ça n'est pas le cas.
06:02Et beaucoup instrumentalisent, sans en parler aussi,
06:05mais instrumentalisent évidemment la question de la xénophobie,
06:10la question de l'immigration, en l'articulant avec la question des droits des femmes
06:16pour essayer de faire semblant qu'ils les protègent
06:20et en jouant sur cette question de la sécurité, etc.
06:23Mais le fond de sauce, il est le même partout,
06:27que ce soit en Italie, en Hongrie, en Pologne, en Allemagne.
06:32Je veux dire, on est sur des traits communs qui sont absolument les mêmes.
06:38Parce que de toute façon, à un moment donné,
06:41quand le patriarcat s'exprime, de toute façon,
06:43il s'exprime politiquement toujours de la même façon.
06:45Donc là-dessus, il y a une ligne qui n'a absolument pas bougé.
06:50Mais il y a des petites choses de façade, encore une fois,
06:53qui ont été des cendres de gravité qui ont été déplacées.
06:56Ça, c'est certain.
06:57On va venir après, je vois des questions dans le tchat
06:59sur les dangers pour les droits des femmes si le RN arrive au pouvoir.
07:02On va l'aborder plus concrètement sur certaines mesures
07:05pour comprendre précisément de quoi il s'agit
07:07quand on parle du coup de ce danger aussi pour les droits des femmes
07:10si le RN arrive à être au pouvoir.
07:11Mais avant ça, on parlait du coup de cette façade.
07:14Quand vous avez vu cette vidéo de Bardala,
07:16est-ce que vous vous y attendiez aussi à cette espèce de récupération ?
07:19Et qu'est-ce qu'elle veut dire, en fait, cette vidéo,
07:22à la base, dans cette volonté de s'adresser aux femmes ?
07:25Je m'attendais totalement à cette récupération,
07:27puisque c'est ce qu'ils font depuis quand même pas mal de temps désormais.
07:30Ils ont très bien compris que les femmes votaient
07:33et peut-être qu'ils l'ont compris et d'autres parties auraient pu le comprendre avant.
07:37C'est tout à fait la même réaction.
07:39On en parlait tout à l'heure, mais je crois que oui.
07:41À un moment donné, c'est vrai qu'il y a toute une frange de la population féminine,
07:47notamment dans ce qu'on appelle la pauvreté laborieuse,
07:51qui a été totalement oubliée des partis,
07:53qui a été lâchée par les socialistes il y a une dizaine d'années.
07:56Enfin, c'était l'objet de rapports, etc.
07:58À un moment donné, le RN s'est engouffré là-dedans.
08:01Je pense que les mouvements des Gilets jaunes ont aussi joué dans le fait
08:06qu'on a visibilisé justement ces femmes, notamment ces mères célibataires,
08:09mais pas seulement, des femmes qui étaient sur les ronds-points
08:13et qui disaient leur mal-être social auquel personne ne répondait
08:17et sont devenues le parti de l'empathie pour cette raison-là.
08:19Enfin, ils ont récupéré quelque chose qui préexistait.
08:22Donc ça ne m'étonne pas du tout qu'aujourd'hui,
08:24afin de se donner un petit vernis de respectabilité,
08:28ils essayent d'instrumentaliser cette question
08:31en prenant, comme Jordane Bardelal a fait dans la vidéo,
08:34quatre trucs qui sont non seulement mal faits
08:37ou qui ne viennent pas d'eux,
08:39ou alors, de toute façon, ils ont à peu près voté contre ou dit l'inverse,
08:42ou enfin, bon, il n'y a rien qui tient.
08:45Mais ils essayent en tout cas de faire semblant
08:47qu'il y a deux, trois sujets qui les intéressent là-dedans.
08:53Oui, et en fait, moi, quand j'ai vu la vidéo,
08:56en effet, ça ne m'a pas surprise et je rejoins Johanna sur le fait que nous,
08:59depuis la constitutionnalisation sur l'avortement,
09:01on voyait une petite musique s'installer, et même un peu avant.
09:05Mais tous les débats qu'il y a pu y avoir, évidemment,
09:08et je rejoins tout à fait Johanna, ça veut dire que
09:11moi, j'ai regardé les débats au niveau des élections européennes
09:15et à quel moment, en tant que femme, on se sent concernée par ces élections.
09:17Ça veut dire quels sujets sont abordés autour du droit des femmes.
09:22On n'arrête pas de répéter que le pire ennemi
09:26pour les femmes et le droit des femmes et des personnes LGBTQIA+,
09:29c'est l'extrême droite.
09:31Donc, à un moment donné, j'aurais aimé que ce soit des candidats de gauche
09:35qui fassent une vidéo face caméra et qui s'adressent
09:39aux femmes en disant, attention, vous pouvez être le barrage.
09:42En Pologne, il y a eu des élections.
09:44L'extrême droite est arrivée au pouvoir.
09:46Il y a eu d'autres élections après,
09:47et c'est grâce aux femmes qui sont allées voter.
09:49Ça veut dire qu'on s'est adressé aux femmes pour aller voter.
09:52Et moi, je suis assez déçue que l'on ne voit pas les femmes
09:56comme un électorat potentiel d'émancipation,
09:59avec un programme d'émancipation que je qualifie dans le Front populaire.
10:04Et quelque part, c'est l'ERN qui s'adresse d'abord aux femmes pour aller voter.
10:09Et je vous avoue que je n'étais en même temps pas surprise
10:12en me disant, ça y est, ça arrive en fait.
10:15Et pourquoi d'autres ne s'adressent pas à elles ?
10:18Je trouve que la réponse de la gauche n'est pas à la hauteur
10:20de celle de l'extrême droite.
10:22Il y a encore du temps.
10:24Il y a eu plein de propositions de loi qui ont été portées,
10:26qui, bon, nous on travaille, mais on pourra en parler
10:29avec des parlementaires alliés de gauche de manière très régulière.
10:32Et bien sûr qu'on leur fait confiance.
10:34Mais à un moment donné, je pense que quand l'extrême droite
10:37est aux portes du pouvoir,
10:38je pense que les femmes sont dans une forte capacité
10:41à pouvoir se mobiliser et à se déplacer.
10:43On va parler du coup de cette vidéo de Jordan Bardala,
10:46qui, pendant deux minutes trente, va aussi parfois sur des aspects
10:49très précis du bilan des députés du RN à l'Assemblée nationale.
10:54Et le premier petit extrait que je voulais vous montrer,
10:56c'est, alors attendez que je le retrouve, il est ici.
10:59Alors déjà, il s'adresse aux femmes françaises,
11:02aux femmes de France.
11:03Je l'ai ici.
11:05Et alors, c'était le premier extrait.
11:07Ça fait toujours un petit frisson.
11:13Femme est libre et elle le restera.
11:16À l'Assemblée nationale, nos députés se battent au quotidien
11:19pour obtenir des avancées et je souhaite qu'ils continuent de le faire.
11:23Ces derniers mois, nous nous sommes battus pour une meilleure prise en charge
11:26des femmes atteintes d'endométriose,
11:28pour le rétablissement de la demi-parte fiscale pour les...
11:30C'est déjà sur ce premier extrait que je voulais vous entendre,
11:33sur l'endométriose, puisqu'il mentionne quelque chose
11:36qui aurait été défendu et amené par les députés du RN.
11:41Qu'en est-il par rapport à cela ?
11:44Alors, ils ont fait une espèce de piège à la gauche
11:46en profitant d'une niche parlementaire pour faire passer,
11:50pour mettre sur la table cette proposition de loi sur l'endométriose,
11:53qui en réalité était elle-même...
11:56C'est déjà un piège à la gauche,
11:59mais en plus, elle était piégeuse dans sa formulation,
12:01puisqu'en vérité, si on veut mettre l'endométriose
12:05au sein des maladies et des affections longue durée,
12:07il faut le faire par décret, il faut que le gouvernement le fasse.
12:09Le gouvernement n'y était pas favorable.
12:11Donc, pour pallier ça, ils ont suggéré de créer une nouvelle catégorie
12:15dans laquelle ils auraient mis l'endométriose d'affections longue durée.
12:18Mais en fait, cette catégorie n'était, selon toutes les associations concernées,
12:22pas protectrice. C'est-à-dire que,
12:24justement, la question de la prise en charge,
12:26par exemple, ils ne prenaient pas en charge les transports ou des choses comme ça.
12:29Donc, c'était absolument incomplet,
12:31comme des gens qui ne s'occupent pas vraiment des droits des femmes,
12:33en vérité, et qui font semblant de... Ils ont fait un coup
12:36en prenant quelque chose qui, effectivement,
12:38est désormais beaucoup plus présent dans le débat public,
12:42un sujet qui est, par ailleurs, extrêmement important et concernant,
12:45mais en le tordant pour en faire quelque chose
12:48à leur sauce et pour faire un coup politique,
12:52et pour, encore une fois, participer de cette stratégie
12:54de dédiabolisation, de ce petit vernis de respectabilité qui leur permettrait
12:59d'arriver plus facilement au pouvoir.
13:02Donc voilà, finalement, ils ont fini par retirer cette proposition de loi,
13:06qui, par ailleurs... Enfin, il y avait des choses sur l'endométriose
13:08qui étaient proposées par la gauche depuis longtemps,
13:09parce qu'en vérité, la gauche, elle travaille sur ces sujets-là.
13:12Comme le dit Sarah, la gauche,
13:14il y a une gauche qui bosse pour les droits des femmes, par ailleurs.
13:16D'ailleurs, on peut peut-être rappeler ce que c'est que l'endométriose,
13:18je ne suis pas sûr qu'on ait défini...
13:19Oui, oui, c'est une infection, c'est une maladie...
13:23Enfin, comment dire ? Je ne veux pas dire les mauvais termes...
13:25Non, non, non, c'est ça, c'est une maladie, voilà,
13:28une inflammation au niveau des parois utérines,
13:32qui fait qu'en fait, il y a des douleurs qui sont insupportables,
13:36des saignements insupportables, qui posent la question aussi,
13:38bien évidemment, de la grossesse.
13:40Et en fait, on a très souvent dit que les femmes n'avaient pas vraiment mal,
13:43qu'il y a eu un déni complet de cette douleur, en fait.
13:49Et donc, il y a eu une reconnaissance en termes de maladie.
13:51Et bien évidemment que c'est quelque chose d'important et essentiel,
13:54puisque nous, les féministes, on le disait depuis longtemps
13:57et on l'observait et on croyait les femmes par rapport à ça.
14:00Et donc, voilà, c'est en tout cas un sujet qui n'est pas très clivant,
14:03quand même, il faut quand même se le dire, si je peux me permettre.
14:07Oui, absolument, c'est bien pour ça qu'ils l'ont pris,
14:09c'est qu'ils savent que ça concerne, je crois,
14:11à peu près 2 millions de femmes en France, c'est très important.
14:15Et de fait, il n'y a pas d'enjeu sociétal, social, etc.
14:20à dire qu'on veut aider les femmes atteintes d'endométriose.
14:23Donc, en fait, ça peut être très facile.
14:25Et surtout, la manière dont ils l'ont fait, encore une fois,
14:27montre que c'était un coup, en fait, que c'était rien de plus qu'un coup.
14:31Alors, dans sa vidéo, Jordan Bardala, il parle aussi,
14:32et tu le mentionnes tout à l'heure, Sarah, de l'inscription de l'IVG dans la Constitution,
14:36en disant, voilà, nous, on a toujours défendu l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
14:40Et, pour exemple, Marine Le Pen a voté pour.
14:44Quelle était ta réaction par rapport à ça ?
14:45En fait, alors là, c'est quelque chose qu'on sentait énormément.
14:49En plus, c'était à l'Assemblée nationale,
14:50donc il n'y avait vraiment pas beaucoup de risques.
14:51C'est passé largement.
14:53Il faut quand même observer que c'est la moitié des parlementaires qui ont voté.
14:56Donc, ce n'était pas pour.
14:56Il n'y avait pas de consigne de vote, il faut le rappeler.
14:58Donc, ça veut dire que ce n'est pas un engagement réel,
15:00en tout cas du Rassemblement national.
15:02Je pense que ça a été une très belle stratégie de communication
15:05de la part du Rassemblement national.
15:07Je peux vous assurer que c'est grâce aux féministes et grâce à la gauche
15:10qu'aujourd'hui, l'avortement est dans la Constitution.
15:14Nous, on est, le planning, dans une position particulière,
15:16c'est-à-dire qu'on refuse de parler au Rassemblement national.
15:19Et en même temps, je peux vous assurer que pour être avec plein d'associations
15:22qui n'ont pas forcément les mêmes positions,
15:24qui ne sont pas forcément favorables non plus à aller parler
15:26avec le Rassemblement national,
15:28le Rassemblement national ne travaille pas avec les féministes.
15:31Ça veut dire que la construction de son discours,
15:32la construction de leurs propositions de loi,
15:35elles sont basées seulement sur une stratégie politique,
15:37sur une communication,
15:38avec des choses qui sont très peu clivantes.
15:41Moi, j'aurais bien aimé qu'il parle de l'allongement des délais sur l'avortement,
15:44sur la clause de conscience, parler d'éducation à la sexualité,
15:48parler des droits des personnes LGBT.
15:49Parce que moi, je considère que quand on est féministe,
15:52la question des droits des personnes LGBT, QA+, c'est essentiel.
15:56Il n'en a pas parlé.
15:57D'où le fait qu'en fait, que ce discours n'est en rien féministe
16:00et en rien s'adresse aux femmes et aux minorités de genre.
16:03Donc, finalement, je pense qu'il a pris des sujets qui étaient vraiment assez simples
16:10et qu'il a voulu communiquer et s'adresser à,
16:13en termes de messages politiques, c'est une communication importante.
16:16Et en effet, moi, je persiste et je signe que je travaille aujourd'hui
16:19avec des parlementaires et on l'a vu pendant l'IVG dans la Constitution,
16:23où il y a vraiment eu quelque chose aussi de femmes politiques.
16:25Ce n'est pas si vieux que ça que les femmes politiques sont aussi présentes.
16:29Et il y a eu un travail fabuleux de fait entre la société civile,
16:32les associations et les parlementaires.
16:35Mais en rien, nous voudrions travailler avec des parlementaires du RN.
16:39Et en rien, ils nous sollicitent pour travailler ensemble, en tout cas.
16:42Mais d'ailleurs, il y a une réflexion dans le tchat.
16:44J'avais peut-être manqué une question juste dessus.
16:46Mais du coup, là, il y a une réflexion de quelqu'un qui nous dit.
16:48Alors attendez, du coup, je l'ai perdu.
16:50Par ailleurs, beaucoup d'élus locaux du RN, de façon concrète,
16:54coupent les subventions au planning familial.
16:57Alors, ça, c'est vraiment un sujet.
17:00On est beaucoup interrogés là dessus.
17:02Moi, je suis présidente nationale, donc ça veut dire qu'on est une confédération.
17:05Les associations sont autonomes, donc j'ai les informations qu'on me donne.
17:09Ce que je peux dire juste, c'est que nous, on a des alertes de manière régulière.
17:13On a des attaques, mais on pourra en reparler
17:15parce que c'est des attaques d'attaques de locaux,
17:16des menaces et insultes concernant les militantes,
17:20comme tout activiste féministe d'Europe et du monde entier.
17:23Et en même temps, il y a des appels à enlever les financements du planning.
17:26Ça se fait au niveau de l'Assemblée nationale, au niveau du Sénat,
17:29via des tribunes de presse de droite.
17:32Et évidemment, aussi l'appel à enlever des financements locaux.
17:35En fait, pour moi, c'est là où ces élections sont hyper importantes.
17:39Ça veut dire qu'on a déjà eu 88 parlementaires
17:41qui ont été élus du Rassemblement national,
17:44ce qui nous a démontré une augmentation d'attaques de nos locaux,
17:47mais aussi cette espèce de parole qui peut en face dire
17:51on veut enlever les financements du planning.
17:53Et moi, je me dis que si jamais ça basculait le 8 juillet,
17:56enfin le 7 juillet prochain.
17:57Donc, imaginons que Jordan Bardella était premier ministre.
17:59Ou même qu'on ait 250 parlementaires du Rassemblement national,
18:02pas forcément une majorité absolue, mais une grande majorité.
18:05Ça permettrait à certains politiques locaux
18:07de s'autoriser à enlever les financements du planning et que ça soit concret.
18:11Il y a un truc qu'on a, et je ne veux pas parler à la place des personnes
18:14parce que je ne suis pas objective, nous sommes adorés le planning familial.
18:17À chaque fois qu'on est attaqué, on est soutenu.
18:20Et ça, merci beaucoup pour les personnes qui nous soutiennent,
18:22en fait, parce qu'il est essentiel.
18:24On est en train de vivre un raid hyper violent depuis 48 heures,
18:27mais on a énormément de soutien aussi de personnes qui nous disent
18:30qu'on est importante et qu'il faut qu'on continue à exister.
18:32Un raid qui est lié au fait que vous avez annoncé le...
18:35Politiquement.
18:36Mais en tout cas, moi, je dis simplement que, en fait,
18:40le planning vit des menaces et des attaques et des menaces d'intimidation
18:43aussi de manière très importante depuis un an et demi.
18:46Et que bien évidemment que la question des financements,
18:48de toute façon, certains l'ont déjà dit, d'enlever les financements du planning,
18:51ça serait une des conséquences.
18:53Voilà, on résistera.
18:54Mais en attendant, c'est quelque chose, en effet,
18:57une petite chanson depuis quelques mois
18:58qui arrive à nos oreilles de manière très régulière.
19:02Tu parlais aussi dans les exemples que tu disais.
19:04Tu disais que tu aurais voulu entendre aussi Jordan Bardella et l'ERN
19:07parler de l'allongement du délai pour l'IVG.
19:12Alors ça, ça avait été acté que ça passe de 12 à 14 semaines.
19:15Oui, ça a été voté.
19:16Et l'ERN, comment s'était comporté l'ERN à ce moment là ?
19:20Il n'était pas là, l'ERN, il avait très peu de parlementaires à cette époque là.
19:23Mais par contre, ce qu'on sait, c'est que
19:26ce n'était pas dangereux pour l'ERN de faire entrer l'avortement dans la Constitution,
19:29parce que déjà, à l'Assemblée, c'était une majorité qui était sûre.
19:33Sans l'ERN, ça serait passé, en fait.
19:35Ça a été une opportunité pour le Rassemblement national de finalement dire
19:39on n'est pas contre, parce qu'il y a eu un moment, un débat sur l'avortement.
19:41Et c'est comme ça que c'est passé au Sénat de dire
19:43si on vote contre, ça veut dire qu'on est contre l'avortement.
19:45Il faut se rappeler que l'ERN est pour un avortement avec la loi de 1975,
19:51c'est à dire pas de remboursement, pas d'accès aux mineurs.
19:54Un délai de huit semaines.
19:56Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
19:57Ça veut dire que comme dans tous les pays européens, comme en Pologne, par exemple,
20:00on peut restreindre l'avortement, restreindre son accès.
20:03Et c'est une manière d'attaquer l'avortement aussi.
20:05On va en parler aussi de l'exemple de la Pologne.
20:08Mais juste avant, il y a une question aussi dans le tchat.
20:12Le planning familial est pour l'avortement jusqu'à combien de semaines ?
20:15Demande SAPFR.
20:18Nous sommes pour du sans délai.
20:20Voilà ce qui peut peut être interpeller les personnes.
20:24Nous, on écoute vraiment la question de la parole des femmes
20:26et on a des situations de femmes aujourd'hui qu'on accompagne à l'étranger
20:28pour pouvoir avorter parce que le délai n'est pas suffisant.
20:31On serait sur une, on va dire vraiment plutôt une position publique
20:35à dire jusqu'à 22 semaines.
20:37Ça veut dire c'est vraiment ce qui se passe en Hollande et en Espagne.
20:40C'est un critère européen.
20:43Mais on en est loin d'être là.
20:44Il faut savoir quand même pour information,
20:46s'il y a des jeunes personnes aussi et des personnes en termes d'infos,
20:49de pourquoi ça bloque l'allongement des délais.
20:52C'est tout simplement parce qu'en France,
20:53vous pouvez interrompre une grossesse jusqu'à terme,
20:56puisque vous avez l'IVG, qui est une interruption volontaire de grossesse.
21:00Et après, vous avez l'IMG, qui est une interruption médicale de grossesse,
21:03qui est souvent en fait suite à une maladie au niveau du fœtus,
21:08une situation qui fait qu'on va stopper la grossesse.
21:12Et il y a aussi le fait d'une détresse psychosociale pour les femmes.
21:16Évidemment, les femmes sont très peu entendues là dessus.
21:18Je vous parle, par exemple, moi,
21:19j'ai accompagné pendant 15 ans des femmes au planning.
21:22Et moi, j'ai eu des situations de femmes qui avaient été victimes d'un viol,
21:25par exemple, à qui on a refusé des interruptions médicales de grossesse
21:29et qui sont parfois obligées d'ouvrir une grossesse qu'elles ne souhaitent pas
21:32ou en tout cas d'aller à l'étranger.
21:34Donc, nous, on est dans une position à un minimum de 22 semaines.
21:38On parlait de la Pologne et de ce qu'ont pu dire les eurodéputés du RN,
21:43parce qu'au moment où le Parlement européen voulait condamner la Pologne,
21:47qui venait d'interdire la quasi-interdiction de l'avortement en Pologne,
21:51les députés européens du RN avaient du coup l'occasion de s'exprimer à ce moment là.
21:56Comment se sont-ils exprimés, Johanna, à ce moment là, les députés du RN ?
21:59C'est un peu confusant de condamner, évidemment.
22:02Mais ça, c'est parce qu'en fait, ils sont très cohérents là dessus.
22:05Ils ne vont pas...
22:06Encore une fois, ce que disait Sarah, sur la constitutionnalisation de l'IVG,
22:12en vérité, ils l'ont fait parce qu'ils se sont dit si on s'accroche à ce totem là,
22:15alors que dans l'opinion publique, on savait que l'opinion était largement pro cette constitutionnalisation.
22:24Donc, en fait, ils se sont dit que ça ne sert à rien de s'accrocher à quelque chose
22:26sur lequel on sera de fait perdant, de fait aussi parce que ça sera voté par ailleurs,
22:30et qu'on va passer pour les réacs anti-avortement.
22:32Donc, c'était une occasion en or gratos de se faire un petit vernis, etc.
22:40Mais déjà, ce n'est pas la totalité d'entre eux qui ont fait ça,
22:43parce qu'il y en a quand même aussi qui ont continué à maintenir leur position par ailleurs,
22:47parce qu'il y a quand même une variété au sein du RN de mouvements de pensée,
22:51il faut quand même le dire aussi.
22:52Mais voilà, en tout cas, donc oui, effectivement, sur ces trucs-là.
22:56Mais de toute façon, si on prend les dernières discussions parlementaires
23:00sur les droits des femmes en France et ce qu'a fait le RN, c'est bien simple,
23:03c'est que globalement, ils ont été contre à peu près tout.
23:06Donc, la loi Rixin sur les quotas de femmes dans les conseils d'administration,
23:11ils étaient contre.
23:12Enfin, je ne sais pas, on pourrait les lister comme ça, les différentes choses.
23:17Mais il y a eu toute une série de propositions de loi qui ont été faites
23:23et qui ont parfois été votées, sur lesquelles ils se sont soit abstenus,
23:27soit ils ont été contre.
23:29Et quand ils ont parlé des femmes, par exemple, sur les retraites,
23:31c'était autour d'une politique nataliste.
23:33Oui.
23:34Parce que c'est ça aussi qui est porté, mais tu voulais peut-être en parler à un autre moment.
23:37Non, vas-y, je t'en prie.
23:39En tout cas, une politique nataliste, ça veut dire qu'il faut faire des enfants.
23:42Voilà, on ne fait pas assez d'enfants en France.
23:45Il y a cette espèce d'inquiétude.
23:46Ce qui a toujours été une politique du RN, même depuis le Front National à l'époque.
23:49Oui, et de l'extrême droite de manière hyper générale.
23:51Mais pendant les débats qu'il y a pu y avoir sur les retraites,
23:54c'était en fait, il n'y a pas assez d'enfants, donc ça ne paye pas nos retraites.
23:56C'est quand même...
23:57Enfin, je réduis un peu le discours, mais on a entendu quand même des parlementaires
24:02parler d'une politique nataliste comme en Hongrie.
24:04Donc, moi, je vous le dis, en Hongrie, les femmes n'ont pas le choix.
24:07Elles doivent remettre la femme à son rôle de maternité,
24:12à son rôle de rester à la maison, en fait.
24:14Et donc, bien évidemment que moi, j'ai regardé hier sur BFM,
24:19il y avait des candidats qui étaient présents.
24:23Et à un moment donné, il y avait tout un débat sur l'immigration.
24:25Et en fait, il y avait des personnes qui disaient, mais on a besoin d'immigration.
24:29Et en fait, monsieur Tanguy a dit, mais non, il faut faire des enfants, quoi.
24:34Voilà donc cette espèce d'injonction à faire des enfants auprès des femmes,
24:38c'est quelque chose qui est très réducteur en France.
24:41Et moi, j'aimerais dans le monde entier que les femmes aient le choix d'être mère ou pas,
24:45d'avoir un nombre d'enfants qu'elles veulent ou pas, de rester à la maison ou pas.
24:47Ce n'est pas la question.
24:48Ce n'est pas juste...
24:49C'est juste d'avoir le choix.
24:51Et en fait, une politique nataliste, ça impose un rôle social des femmes
24:55qui est loin d'être émancipateur, en tout cas.
24:58Et en tout cas, c'est des choses que ça faisait très longtemps
25:00que nous, on n'avait pas entendu et qui reviennent de manière régulière
25:04lorsqu'il y a des débats socials comme les lois de migration, comme la loi retraite.
25:08Voilà, c'est quelque chose qui arrive de plus en plus souvent.
25:11Oui, parce que sur la natalité, l'unique motivation, c'est de dire
25:14en fait, on va faire des enfants comme ça, on ne prend pas d'étrangers.
25:16Point. C'est leur seul point.
25:18C'est ça. Il faut qu'ils soient blancs.
25:19Et il faut qu'ils soient blancs, bien sûr.
25:21Il ne faut pas non plus trop mélanger parce que sinon, ça ne va pas non plus.
25:24Donc voilà, c'est en vérité tous les...
25:26Il y a une instrumentalisation des sujets liés aux femmes
25:30et qui servent uniquement.
25:32La matrice absolue du RN, c'est la xénophobie
25:38et c'est la haine de l'étranger et c'est l'empêchement de l'immigration.
25:41Donc, en fait, à partir de cette matrice là, on va développer.
25:44Donc, on va expliquer typiquement le discours sur les violences sexistes
25:48et sexuelles.
25:49Ça va être lié aux étrangers et uniquement aux étrangères,
25:52qu'on sait très bien que la majorité, parce que ça, il en a parlé
25:54dans le discours Bardella également.
25:56Mais on sait que la majorité des agressions sexuelles, des violences
25:59sexuelles sont commises plutôt dans l'entourage ou alors dans des situations
26:03en tout cas du quotidien, d'entourage, voire familial.
26:07Mais en tout cas, c'est très rarement quand même l'inconnu
26:11étranger qui vous agresse sexuellement, etc.
26:14Ça, c'est une fable qu'on démonte chaque année quand il y a des rapports
26:18sur le viol, qu'on le démonte tous les ans.
26:21Donc voilà, ils utilisent...
26:23Il y a une instrumentalisation de ce sujet pour servir
26:27toujours, toujours, toujours la même chose.
26:29Il y a Dolce Diva qui nous fait un très bon lien aussi dans le chat.
26:32Mais juste avant, je voudrais qu'on termine sur l'IVG, mais après Dolce Diva
26:35qui précise qu'on parle de la politique nataliste du RN et qui est dans le même temps
26:38aussi qui veulent empêcher les couples LGBT qu'ils aient accès à une famille.
26:43Ça, on va en parler aussi dans un tout petit peu d'instant.
26:45Mais juste pour terminer aussi sur l'IVG, est-ce que ça veut dire que demain,
26:48si le RN arrive au pouvoir à terme, même après ces élections législatives,
26:52est-ce que l'IVG peut être en danger en France ou est-ce que le fait
26:55qu'il ait aussi été inscrit dans la Constitution, ça le protège de tout danger,
26:58même de celui de l'extrême droite ?
26:59Alors, ça ne le protège pas de tout danger, l'IVG dans la Constitution,
27:04mais on a pu déjà en parler et s'il y a besoin de repréciser des choses,
27:08il n'y a aucun souci.
27:09Nous, on avait en tout cas besoin de protéger le fait de pouvoir avorter.
27:12Ça, c'est quelque chose, c'est-à-dire qu'en France,
27:14il n'y aura plus de débat sur le fait d'avorter ou non.
27:16Dans quelles conditions ?
27:18C'est la loi, en fait, qui va conditionner la question de l'avortement.
27:21On peut réduire les semaines, on peut enlever le déremboursement,
27:24comme je disais tout à l'heure, on peut interdire aux mineurs d'avorter.
27:27En fait, il y a pas mal de choses qui peuvent se passer autour de ça.
27:30Un des ennemis qu'il y a sur l'avortement, au-delà de l'accès et de la loi,
27:34c'est l'information.
27:37En France, il y a des mouvements anti-choix et anti-droit qui sont très opérants,
27:41qui ont beaucoup d'argent.
27:42C'est les mêmes personnes, vous savez, qui ont mis sur les vieilles libres des autocollants.
27:45Une action comme ça, ça coûte très, très cher.
27:48Donc, en fait, moi, la peur que j'ai, c'est si on enlève les financements du planning,
27:52en fait, l'information, ça sera pas la bonne.
27:55Il y a énormément de désinformation qui circule.
27:59Et en fait, moi, ce que j'ai peur, tout simplement, c'est que les femmes soient perdues
28:03quand elles souhaitent avorter. Vers quoi elles vont aller ?
28:06Aujourd'hui, il y a des discours anti-choix et anti-droit qui s'adressent aux personnes
28:09qui souhaitent ou qui s'interrogent sur stopper une grossesse ou pas.
28:13Et en fait, sur l'accès à l'information, je crois vraiment,
28:16et c'est le jeu de l'extrême droite, c'est la désinformation.
28:19Le planning familial, on est attaqué en disant tout et n'importe quoi
28:22sur ce qu'on fait, sur ce qu'on dit, ça, c'est un des exemples.
28:24C'est leur machine de guerre.
28:25En fait, ça veut dire dire n'importe quoi sur tout le monde.
28:28Je ne pense pas que je sois difframatoire à dire ça.
28:32C'est vraiment une manière de faire, une manière de communiquer.
28:35Et bien évidemment que moi, je le dis,
28:38moi, j'ai parlé avec des femmes polonaises qui se sont dit très longtemps
28:41l'extrême droite arrive au pouvoir, il ne se passera rien.
28:43En quatre mois, les droits ont été fragilisés sur l'accès et une restriction du droit.
28:48Et pourquoi en France, ça serait autrement ?
28:51Enfin, très clairement, il y a une espèce de pensée
28:53que l'extrême droite française est plutôt sympa par rapport à la Hongrie,
28:56à la Pologne, à l'Italie ou à Trump.
28:58Je vous assure que c'est la même.
29:00C'est tout à fait la même.
29:01Il n'y a pas d'exception à la française, vraiment.
29:03Mais je trouve un peu qu'il y a cette mélodie qui tourne aussi
29:06et aux personnes qui se diraient on va essayer.
29:10Le fascisme, ça ne s'essaye pas.
29:13Souvent, c'est des personnes qui restent au pouvoir
29:15et quand on appelle des droits, c'est très compliqué de les de les réavoir.
29:19Toutes les luttes pour le droit des femmes,
29:21ça a été des luttes permanentes et dures, vraiment.
29:24Donc, je pense qu'il y a vraiment
29:27ces attaques qui iront sur l'avortement.
29:29Pourquoi ? C'est toujours la chose qui l'a attaqué en premier.
29:33Pour revenir sur le volet famille,
29:34est-ce que vous voulez rebondir aussi sur la remarque de Dolce Diva
29:37qui disait tout en voulant empêcher que les couples LGBT aient accès à une famille ?
29:41Oui, parce qu'effectivement, ils étaient de toute façon en première ligne
29:46mariage pour tous ou ouverture de la PMA
29:49aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires.
29:52Ils sont évidemment aussi un peu naturellement transphobes.
29:57Donc, en vérité,
29:59évidemment que leur vision de la famille est une vision, encore une fois,
30:02blanche, hétérosexuelle, tout à fait normée
30:07dans des normes extrêmement conservatrices.
30:10Voilà, c'est typiquement de l'extrême droite.
30:14Donc, encore une fois, tous ces sujets-là
30:17sont instrumentalisés pour servir la même cause.
30:19Et c'est une cause qui n'a rien à voir avec la liberté
30:23de faire ce qu'on a envie, de vivre comme on le veut, etc.
30:26Il y a ça à voir avec une vision du monde qui est figée,
30:30d'une part, à peu près en 1952,
30:34et à l'époque où on ne pouvait pas signer un chèque sans l'accord de son mari.
30:37Je pense que voilà.
30:38N'oublions pas que le Rassemblement national, jusqu'en 2012, dans ses programmes,
30:42ils avaient quand même l'idée du revenu parental.
30:46En fait, le revenu parental, c'était le salaire maternel,
30:48parce qu'il ne faut quand même pas se cacher derrière son petit doigt.
30:51C'était quand même l'idée, mais ils ont prené ça longtemps.
30:53Donc, voilà.
30:55Ce qui consistait en quoi, du coup ?
30:56Donner un dossier, dire que les femmes étaient à la maison
30:58et qu'on les payait pour ça, quoi.
31:01Donc, voilà.
31:03Donc, ce qui peut être une question qui peut être débattue
31:07par des féministes par ailleurs.
31:08Non, mais tout à fait.
31:09Mais par exemple, le chômage,
31:10ils l'expliquent par le fait que les femmes travaillent,
31:12que les personnes exilées, immigrées travaillent.
31:16Il y a toujours des bouquets mincères et souvent, c'est toujours les mêmes.
31:19En fait, c'est les femmes et les personnes exilées
31:23ou en parcours de migration ou étrangères, en fait.
31:25Donc voilà, ils ont quand même des cibles.
31:29Voilà, très clairement.
31:30Je voulais aussi qu'on reparle d'un autre extrait, du coup,
31:32de la vidéo de Jordan Bardella.
31:33C'est ce dont tu parlais tout à l'heure, Johanna,
31:35sur son petit passage sur la question de l'insécurité.
31:39On va se retrouver ce petit extrait.
31:41C'était mon caricatural, mon dieu, que je vous mets.
31:45Je veux m'adresser aux femmes atteintes d'endommagement
31:47à renfoncement de bons soirs des femmes et du soir du soir
31:50et par les revenus exonérés d'impôts.
31:53Cette mesure, parmi d'autres incitatives,
31:55doit permettre d'accroître l'offre de santé partout en France.
31:59Nous mèderons par ailleurs une lutte implacable contre l'insécurité,
32:02qui fait régresser la liberté de chaque femme de France
32:05de se déplacer dans les rues et dans l'espace public.
32:09Nous reprendrons le coup.
32:10Alors ça, sur ce sujet là,
32:13qu'est ce que vous en dites ?
32:14Parce qu'au départ, le problème de l'insécurité
32:18ou même du harcèlement de rue, des agressions sexistes et sexuelles des femmes,
32:22c'est un problème qui est réel.
32:23Qu'est ce que vous en dites, vous, quand Jordan Bardella l'approche
32:26et en parle de cette manière ?
32:28On voit très bien qui il vise quand il dit ça,
32:32parce que si on parlait de manière générale de la sécurité des femmes,
32:36il faudrait d'abord les sécuriser peut être au sein de leur propre famille
32:40ou au sein de leur propre foyer, par exemple,
32:43ce qui est aucunement le désir du Rassemblement national.
32:47Il ne faudrait pas uniquement prendre l'espace public comme une espèce de...
32:51C'est la vision du monde qu'ils veulent développer,
32:53donc comme une espèce de jungle où il y aurait beaucoup d'étrangers
32:57belliqueux et désireux d'accomplir des actes de violence.
33:01En fait, c'est ça la vision qui est dite.
33:03Donc sur des choses qui sont réelles, parce que la question
33:07de la place des femmes dans l'espace public,
33:08c'est évidemment une question qui réfléchit depuis des années par les féministes
33:11et qui est une réelle question de comment on l'occupe cet espace.
33:14Mais il n'a absolument rien à voir avec ni la couleur de peau, ni quoi que ce soit,
33:18ni la religion qu'on peut pratiquer, ni le pays d'origine
33:21dont on pourrait être originaire.
33:23Ça n'a absolument rien à voir.
33:24Donc, en fait, c'est pareil, on prend des choses qui sont
33:27et c'est là où on est sur une sorte de fémisme washing classique.
33:32C'est qu'on prend quelque chose qui, effectivement,
33:35est quelque chose d'un peu palpable, qui existe, qui voilà.
33:38Et puis on le tourne en mettant toujours la même chose,
33:42toujours la même vision du bouc émissaire, etc.
33:45Non, non, si on veut vraiment, on fait en sorte que déjà
33:49les enfants dans les familles soient protégés par des violences sexuelles.
33:52Rien que ça, quoi.
33:54C'est à dire qu'on prend le sujet dans sa globalité,
33:55parce que faire une politique féministe, ça n'est que ça.
33:58C'est prendre les choses dans leur globalité.
34:00Donc, très clairement, il y a comme sur tout une instrumentalisation
34:04et c'est toujours les mêmes boucs émissaires
34:06et les mêmes victimes dans l'histoire.
34:08Oui, et puis ce que j'aimerais rajouter, c'est que depuis quelques mois,
34:13le Rassemblement national et ses potes et leurs potes,
34:16parce que je ne les nommerai pas,
34:18en fait, s'amusent à attaquer l'éducation à la sexualité.
34:22Je pense que nous, le planning, avec d'autres associations,
34:24on est très mobilisés sur la loi de 2001,
34:26sur les séances d'éducation à la sexualité.
34:29Et on pense que c'est une réponse
34:32en partie sur comment est-ce qu'on se comporte
34:35et la question des violences et la question
34:38d'avoir des espaces pour échanger autour de stéréotypes
34:41de la virilité, de la féminité, vraiment ces espaces-là.
34:45C'est des personnes qui attaquent de manière générale
34:48la question de l'éducation à la sexualité, les questions de prévention.
34:51On est plutôt sur un discours de répression qui est assez alarmant.
34:55Et encore une fois, sur un stéréotype, en effet,
34:58c'est que les personnes étrangères qui attaquent,
35:00comme tu le dis très bien, en fait,
35:02plus de 90% des personnes savent qui sont leurs agresseurs.
35:06Quand on va chercher dans la famille, en fait, on se rend compte
35:09que c'est là où se retrouvent les violences de manière
35:12le plus générale et ça, il n'en parle pas du tout.
35:13Alors qu'aujourd'hui, la CIVIS et d'autres ont vraiment démontré
35:16que c'était le cas.
35:17Il y a eu une révolution du MeToo et du mouvement féministe
35:20sur la question des violences
35:21et aussi sur la question des violences des enfants,
35:23qui n'est pas oubliée loin de là.
35:25Et en fait, on voit que c'est très réducteur sur ce sujet.
35:28Et c'est le message aussi qui est entretenu.
35:31Attention, mesdames, si vous sortez dehors, vous êtes en danger.
35:34Et en fait, ça doit sûrement percuter.
35:36S'il en parle, c'est que ça doit percuter parce qu'on le voit
35:39de toute façon, dès qu'il y a une joggeuse qui est attaquée.
35:43Et c'est rien du tout, c'est rien qu'on traîne.
35:45Mais en fait, c'est très rare.
35:48Vu les chiffres, il y a une femme qui meurt sous les coups
35:50de son conjoint ou de son ex-conjoint tous les deux jours et demi.
35:53Tous les deux jours et demi, il n'y a pas un article
35:56ou un truc de BFM pendant toute la journée pour dire attention.
36:01Voilà, c'est des faits divers. C'est ce qu'on appelle des faits divers.
36:04Donc, voilà, il y a quelque chose qui est entretenu aussi.
36:06Et je pense que
36:08l'ORN va là dessus, va sur la peur, sur l'insécurité.
36:12Et il ne joue pas sur des sujets d'émancipation,
36:14de protection et de prévention,
36:16mais seulement sur de la répression et de l'insécurité et des peurs.
36:19Je voudrais qu'on rebondisse aussi sur un message du coup de
36:21Espa FR dans le chat qui dit en répondant à quelqu'un d'autre dans le chat.
36:26Je me suis rendu à une réunion politique dans laquelle des RN étaient conviés.
36:29Et ce n'est pas du tout ce qu'ils disent.
36:30En réalité, ils veulent lutter contre toute l'insécurité,
36:32que ce soit celle causée par des Français de souche comme des étrangers.
36:35Est ce que c'est votre sentiment également ?
36:37Pas du tout.
36:38Moi, en tant que féministe, je ne me sentirais pas en insécurité
36:40le 8 juillet dans les rues, je peux vous assurer.
36:43Enfin, non, mais ce que je veux dire par là, c'est que
36:46ce n'est pas du tout le discours qui est dit actuellement.
36:48Marion Maréchal, Le Pen, la très populaire Le Pen maintenant.
36:52Mais bon, moi, je n'arrive pas à enlever Le Pen.
36:54Pardon, je suis vraiment désolée.
36:55C'est Marion Maréchal.
36:57A eu que ce sujet là, ça veut dire que pendant toute la campagne,
37:00elle était presque devenue féministe.
37:02Non, mais il y a eu quand même des amalgames qui ont été faits,
37:05qui étaient assez dingues.
37:06Ils n'ont jamais parlé que...
37:08Ils n'ont parlé que des étrangers comme des auteurs de violences.
37:12C'est vraiment des cibles en permanence.
37:16Donc, et des boucs émissaires, c'est les étrangers,
37:18les femmes.
37:19Il y a eu très longtemps, par exemple, sur le fait des médecins
37:22ou le fait qu'il y avait un désert médicaux.
37:23C'est parce que les femmes s'étaient mises à travailler,
37:26devenaient médecins et comme elles avaient des enfants,
37:28elles devaient s'occuper des enfants et finissaient leur journée plus tôt.
37:30C'est toujours, c'est très caricaturel ce que je dis,
37:33mais je vous assure qu'on peut le lire dans les journaux
37:35et que ça peut s'entendre de la part de personnes politiques du RN.
37:38Et pour répondre à cette personne plus précisément, en 2018,
37:42lorsque Marlène Schiappa avait proposé la loi
37:45renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes,
37:47on avait à l'époque six députés Rassemblements Nationaux.
37:51Il y en a cinq qui se sont abstenus.
37:53À l'échelle européenne, les eurodéputés RN
37:56se sont opposés à la résolution de 2021 contre le harcèlement
37:58au sein des institutions européennes.
38:00Donc, visiblement, sur les questions de violences faites aux femmes,
38:03ils ont quand même des prismes.
38:06Tout à fait.
38:06Voilà, ils font des choix, disons.
38:09Et X-Place, cité,
38:11désolé si toutes les réponses ne te conviennent pas,
38:13mais en fait, à vrai dire, on reprend
38:15précisément tous les faits en analysant justement
38:18sur la question des droits des femmes, ce que le RN propose,
38:20ce que le RN a fait par le passé.
38:22Et donc, on développe ensuite chaque point sur les différents sujets qu'on évoque.
38:26D'ailleurs, je voulais aussi avoir votre position et votre avis
38:28parce que tu le mentionnais tout à l'heure, Sarah, sur la question du MeToo.
38:32La position du Rassemblement National, je le regardais tout à l'heure en 2017,
38:35par exemple, Marine Le Pen disait qu'elle n'était pas sûre
38:37que le hashtag Balanchetonport aide les femmes et jugeait la formulation
38:40extrêmement brutale et injurieuse.
38:42Je cite.
38:42Qu'est-ce que vous en pensez, vous, de cette position-là ?
38:44Exprimez-moi Marine Le Pen en 2017.
38:46Moi, je ne suis pas objective.
38:47Non, mais c'est une des dernières révolutions féministes.
38:51Ça veut dire que,
38:53alors, dans le MeToo, il y a des choses, en effet,
38:56qui sont questionnables, mais pas sur le principe et le truc révolutionnaire
39:01que les femmes dans des sociétés patriarcales vivent des violences.
39:05Ça a été quelque chose d'assez impressionnant.
39:08Là où je dis, c'est juste que la justice, il y a des problèmes au niveau de la justice.
39:12Ça veut dire que les femmes ont toujours pris la parole.
39:14Nous, on les entendait dans nos permanences depuis 50 ans.
39:17Sauf que la question, les médias n'ont pas pris la parole en compte des victimes.
39:22Les professionnels n'ont pas pris en compte.
39:23La police n'a pas pris en compte.
39:25Toutes les personnes n'ont pas pris en compte, finalement.
39:28Et là, on a arrivé à assister à quelque chose qui est quand même assez dingue.
39:31On a encore des soucis de justice dans le sens où aujourd'hui,
39:34les femmes vont porter plainte, par exemple, et que la justice ne va pas jusqu'au bout.
39:40Ça veut dire qu'évidemment, on voit que c'est médiatisé pour des personnes,
39:44pour des célébrités, mais en effet, ce n'est pas le cas pour tout le monde.
39:47Et je pense qu'il peut y avoir un peu de déception autour de ça.
39:50Mais au-delà de ça, c'est révolutionnaire ce qui s'est passé.
39:53Ça veut dire que tout d'un coup, on a mis en avant.
39:57Déjà, les violences sont devenues un sujet.
39:59Les violences intrafamiliales, les violences conjugales et les violences envers les enfants
40:03avec tout ce qui s'est passé autour de la civise et sur les violences.
40:07Moi, je pense vraiment que c'est quelque chose, c'est une belle avancée.
40:12Il faut savoir que la droite et l'extrême droite, il y a toujours eu un débat.
40:17C'est que le privé n'est pas forcément politique.
40:19Ça veut dire que les questions qui se passent à la maison,
40:21quand on ferme la porte, pour une partie de ces personnes, ça doit rester à la maison.
40:26Eh bien, nous, on n'est pas d'accord.
40:27Quand il y a des violences envers un enfant, envers une femme,
40:31voilà, c'est politique, en fait.
40:34Ça veut dire que le patriarcat s'installe et c'est impossible de fermer les yeux là-dessus.
40:38Mais c'est vraiment des débats de qu'est-ce qui est politique, qu'est-ce qui est du privé.
40:41C'est vraiment des débats, par exemple, sur l'éducation à la sexualité.
40:44Ils considèrent que ce n'est pas à l'école d'éduquer les enfants
40:46sur les questions de sexualité, mais aux parents.
40:48Mais quand on sait que les parents peuvent être auteurs de violences,
40:51c'est questionnant quand même.
40:52Ou quand, par exemple, vous annoncez que vous êtes homosexuel
40:55ou que vous annoncez que vous êtes enceinte et que vous vous faites jarter de la maison.
40:59La famille, ça peut être un lieu très sécurisant, mais ça peut être aussi un lieu de violence.
41:03Donc, il y a tout ça autour de ça.
41:05Mais en tout cas, pour nous, MeToo, ça a été quelque chose d'assez révolutionnaire.
41:08Est-ce que tu peux ajouter quelque chose, Joanna, là-dessus ?
41:10Je pense que le fait que Marine Le Pen, et comme le RN, n'ait absolument pas ni pris la mesure
41:15ou peut-être qu'ils ont pris la mesure, mais en tout cas pas voulu.
41:20Pas voulu dire à quel point c'était une révolution et ça l'a prouvé,
41:24puisque ça fait quelques années maintenant et on voit
41:26que c'est véritablement une révolution, et par ailleurs mondiale.
41:30Le fait qu'ils n'aient pas voulu voir ça, je pense que ça en dit beaucoup, justement,
41:34du fait qu'ils ne sont absolument pas, dès le départ, sensibles à la parole des femmes,
41:39aux choses qu'elles peuvent vivre, à la question des violences sexuelles notamment,
41:46mais pas que d'ailleurs, puisque surtout les autres sujets, encore une fois,
41:49ils sont absolument contre, la question de parité, d'égalité des salaires, etc.
41:55Il n'y a absolument rien qui vient dans ce sens-là,
41:58et il n'y a absolument rien qui vient en termes de précarité,
42:02enfin voilà, tout ce qui peut aider les femmes,
42:04et encore une fois, la question des violences, ils ne l'ont pas prise en compte,
42:07donc forcément, Me Too, à un moment donné, cette prise de parole ne pouvait pas les satisfaire.
42:12Donc je pense que c'est tout à fait normal qu'il n'ait pas...
42:15Et à l'époque, peut-être aussi qu'ils n'étaient pas encore dans le moment politique
42:19où ils pouvaient le reconnaître, parce qu'aujourd'hui, peut-être,
42:22qu'ils auraient pu avoir une parole un peu moins condamnante,
42:28avec quelque chose d'un peu plus au tiède,
42:32histoire de dire, on ne ferme pas la porte totalement à ce qui se passe,
42:35parce que c'est probablement ce qui va se passer aussi dans les années à venir,
42:38et il faut se préparer à ce genre de choses qu'ils utilisent,
42:41parce qu'ils ont vu que, quelque part, ça y est, c'était entré sans eux dans la maison.
42:46Donc voilà, ça je pense que ça fait partie de leur nouvelle stratégie.
42:50En 2017, on n'en était pas du tout là,
42:53et donc ça me paraît totalement cohérent.
42:57Dans tout ce qu'on dit depuis tout à l'heure, malheureusement,
42:59il y a une ligne qui est absolument claire là-dessus,
43:03et les petites choses qui dépassent et qui ont l'air d'être féministes
43:06sont quand même très facilement démontables.
43:11Alors on parle depuis le début aussi, là,
43:12on va y revenir sur cette vidéo de Barrella qui essaye de parler de certaines choses.
43:17En fait, il fait valoir certaines choses que le RN mettrait en place
43:19pour protéger les droits des femmes.
43:21Il y a autre chose qu'il aborde dans sa vidéo,
43:24c'est au sujet du cancer du sein,
43:27et j'aimerais avoir votre réaction là-dessus,
43:29parce que là aussi, il semble y avoir des petites précisions à apporter en tout cas.
43:41Alors on reprend juste le petit extrait que je vous mets ici.
43:44Un traumatisme à vie pour toutes celles et tous ceux qui en suivent.
43:48Lorsque des propositions de bon sens sont venues d'autres partis politiques,
43:51nous les avons votées sans sectarisme et avec l'unique obsession de protéger les femmes.
43:56Je pense à la prise en charge intégrale par l'assurance maladie
43:59des soins liés au traitement du cancer du sein.
44:02Parce qu'aucune femme ne doit craindre.
44:04Alors voilà, là, Jordan Barrella parle du fait que les députés RN ont voté
44:09pour la prise en charge du traitement du cancer du sein.
44:11Qu'en est-il par rapport à ça ?
44:13Est-ce que les députés RN ont bien suivi cela et ont manifesté leur soutien ?
44:17Alors, j'ai dit que je ne pouvais pas répondre à toute réponse sur le cancer du sein.
44:22Moi, de ce que j'ai retenu en tout cas, c'est qu'encore une fois,
44:24ce n'était pas quelque chose de clivant et qu'il y avait des amendements
44:27qui avaient été mis sur la question du remboursement pour les dépassements d'honoraires
44:31et que ça avait été refusé de la part du Rassemblement national.
44:34En fait, comme disait Johanna, on est toujours sur l'à peu près.
44:37Ça veut dire sur l'avortement, on est d'accord, mais il ne faut pas trop quand même.
44:41Sur la question du cancer du sein, c'est la même chose.
44:43Sur l'endométriose, c'est la même chose.
44:45En fait, ils sont d'accord sur les principes, mais sur les conditions des femmes
44:48et les femmes les plus éloignées du droit, les plus pauvres,
44:50il n'y a aucune prise en compte, en fait.
44:52Donc, moi, ça fait vraiment partie, encore une fois, le cancer du sein.
44:57Enfin, on ne peut pas se positionner contre.
45:00Ce n'est pas clivant comme sujet, en fait.
45:02C'est comme les violences, on n'est pas pour les violences, en fait.
45:05Vous voyez ce que je veux dire ?
45:06On n'est pas contre l'endométriose, enfin, pour l'endométriose.
45:10Donc, en fait, ils ont réussi à mettre en avant des sujets lors de ce discours.
45:17Ce n'était pas des choses qui étaient forcément portées par eux.
45:18Parce que ce que tu me disais, Johanna, c'est que c'était porté par le parti communiste, en fait.
45:23Et donc, en fait, évidemment qu'il y a quelque chose à montrer, une image plutôt lisse
45:28qui ne va pas se positionner contre, mais qui ne va pas se positionner avec en même temps.
45:32Et donc, c'est une des stratégies qu'ils ont depuis très longtemps.
45:36Voilà, et surtout des sujets, j'ai l'impression, sociaux, en tout cas.
45:40Il y a un autre, alors on parlait, quand j'ai introduit l'émission,
45:42je parlais du droit des femmes, mais je voudrais aussi parler des droits des personnes transgenres
45:47aussi concernées, en cas d'accession aussi au pouvoir du Rassemblement national
45:50ou en tout cas en cas de score assez fort lors des prochaines législatives.
45:55Puisque je voyais que, par exemple, sur la transition de genre,
45:59le Rassemblement national est plutôt opposé, plutôt réactionnaire par rapport à ça.
46:03Quelle est cette position par rapport à ce sujet, Johanna?
46:06Oui, alors là, ça paraît pas du tout étonnant parce qu'ils peuvent pas vraiment...
46:12Je pense qu'ils estiment qu'il n'y a absolument aucun gain politique à être pour.
46:16Donc là, là dessus, ils peuvent rester sur leur position d'avant,
46:19puisqu'ils voient que la société française n'a pas encore beaucoup avancé sur ces sujets là.
46:23Elle est encore très crispée sur plein de choses et encore plein de parties qui ne sont pas très claires.
46:29On en a eu la preuve hier soir avec Emmanuel Macron, d'ailleurs.
46:32Donc on voit bien qu'il y a des choses qui ne sont encore pas tout à fait gagnées.
46:39Donc là dessus, c'est très évident qu'ils ne vont absolument pas en faire une question idéologique.
46:47Ils ne vont pas essayer de faire du femme-washing, comme on dit, avec ce sujet là.
46:51Je pense qu'ils n'y voient aucun intérêt.
46:53Et je rajouterais que, pour information,
46:57qu'il y a une espèce de violence contre les personnes trans actuellement,
47:02Nous, on l'a vécu avec la fameuse affiche au planning où on sait aussi que les hommes peuvent être enceints.
47:08Donc vous imaginez bien que ça nous tient toujours et que ça a été un raid hyper violent,
47:12auquel évidemment ça a été relayé par l'extrême droite de manière aussi très importante,
47:17puisque c'est bien ces personnes là qui nous attaquent.
47:21Et que moi, je partage mon inquiétude aussi, c'est que juste avant la dissolution,
47:26il y a les Républicains qui ont fait une proposition de loi par rapport aux enfants trans
47:30et sur le parcours où dedans il y avait des choses assez infâmes.
47:33C'est passé au Sénat, on était assez rassurés avec Mélanie Vogel et d'autres sénateurs et sénatrices
47:39et d'autres personnes des associations de se dire
47:41ça passera pas parce qu'à l'Assemblée, jamais ça passera.
47:44Je peux vous assurer que là on est assez inquiète sur la suite,
47:47puisque potentiellement ça pourrait repasser à l'Assemblée Nationale
47:50et qu'au vu de la composition qu'on risque d'avoir,
47:55la question des droits des personnes trans risque d'être attaquée et que le RN le porte en plus.
48:00C'est ça le pire.
48:01Parce que par exemple, le RN disait qu'ils sont pour l'interdiction des transitions pour les mineurs.
48:06Oui, c'est ça, mais comme sur la question de la thérapie de conversion,
48:10je n'aurais pas en tête leurs idées.
48:12Mais en tout cas, je peux vous assurer que les personnes trans n'existent pas
48:17dans le discours du Rassemblement National et que quand il existe, c'est pour l'attaquer.
48:22La preuve est, comme je le disais tout au départ,
48:25ce cher M. Bordela qui se définit tout d'un coup féministe
48:29n'a pas du tout parlé des personnes LGBTQIA+.
48:31Alors qu'aujourd'hui, il y a eu des avancées.
48:34Les féministes et les mouvements LGBT ont vraiment fait un travail extraordinaire
48:39depuis des années sur ces sujets.
48:41Et donc, bien évidemment qu'ils n'apparaissent pas dans le discours.
48:44Les personnes n'existent pas. Je crois qu'il n'y a rien de pire.
48:47Et d'ailleurs, Joana, tu faisais bien de mentionner la petite intervention
48:51de notre président de la République, Emmanuel Macron, puisque je l'avais sous la main.
48:53Et d'ailleurs, je voulais recueillir votre réaction là-dessus.
48:56Ce n'est pas agréable de regarder des vidéos.
48:59Et comme ça, ça permet à tout le monde de bien avoir aussi en tête ce dont on parle.
49:02Alors attendez que je vous la retrouve. Voilà, voilà.
49:06Encore une fois, moi, j'ai confiance dans l'intelligence des Françaises et des Français.
49:10Et je vois bien quelles sont les offres.
49:13Le Rassemblement National et ses associés,
49:15ils proposent des choses qui peut-être font plaisir aux gens.
49:18Enfin, c'est 100 milliards par an.
49:20C'est 100 milliards par an.
49:22C'est un peu avrait.
49:53C'était là-dessus que je voulais vous entendre,
49:55sur le « aller changer de sexe en mérite ».
49:56C'est une proposition du coup de la gauche.
49:59Qu'est-ce que vous en dites de cette intervention d'Emmanuel Macron ?
50:04C'est de la communication politique dramatique, quoi.
50:10En fait, moi, je crois que c'était dans son programme de facilité.
50:13Il faudrait re-regarder, mais il faudrait regarder.
50:17Mais je crois qu'il y avait quelque chose autour de la simplification.
50:20C'est quelque chose qui a été porté par Mélanie Vogel au Sénat,
50:22via une PPL, il n'y a pas si longtemps que ça.
50:27Mais encore une fois, les personnes trans sont la cible, en fait.
50:29Enfin, je suis désolée de le dire, quoi.
50:31Ça veut dire, pour faire de l'électoralisme,
50:33puisqu'on est en campagne électorale, quand même, il ne faut pas l'oublier.
50:36Il s'adresse à des personnes en stigmatisant, en attaquant
50:40et en réduisant le parcours et le vécu des personnes trans aujourd'hui en France.
50:45Comme je le dis, la transphobie est assez puissante, en fait, actuellement.
50:50Et que, bien évidemment, que moi, je n'ai rien d'autre à dire.
50:55Ça me fait mal pour les personnes trans, par contre.
50:56En fait, c'est plutôt, encore une fois, ils sont la cible d'attaques.
51:00Et à chaque fois qu'il y a des attaques trans, c'est vraiment les personnes concernées.
51:04Comment ils vont quand ils voient tout ça et quand ils entendent tout ça ?
51:09Pour terminer, conclure nos discussions,
51:11c'est une question que j'aime bien poser à nos invités,
51:14mais ce n'est pas toujours une note très positive.
51:16Mais j'aimerais savoir comment est-ce que vous anticipez,
51:19vous, la suite des choses ?
51:20Comment vous appréhendez la suite, là, dans cette séquence politique
51:23et du coup, sur les conséquences que ça peut avoir ?
51:25Comment, personnellement, vous voyez les choses évoluer ?
51:28Est-ce que vous êtes optimiste, positive ou, au contraire,
51:33particulièrement craintif, du coup, de ce qui peut se profiler dans quelques semaines d'abord ?
51:37Je commence, si tu veux.
51:38Alors moi, je voudrais en profiter puisque j'ai l'occasion d'avoir la parole
51:42et d'avoir un micro, tout le monde ne l'a pas.
51:44C'est de dire qu'il y a eu un réveil féministe en France
51:48qui est assez historique.
51:51Ça veut dire que le mardi, il y avait 90 associations
51:54qui se regroupaient autour d'un mot,
51:57alerte féministe, comme alerte feminista, en fait, en Amérique latine.
52:01Et il y a une grosse manifestation prévue dimanche à République à 14h30.
52:07Le but, c'est de faire du bruit, c'est de montrer qu'on est là.
52:09Donc, c'est les féministes, ces alliés aussi.
52:12Je pense que l'extrême droite est un danger pour le droit des femmes
52:15et des personnes LGBTQIA+.
52:17Donc, j'en profite pour faire cet appel.
52:19Moi, mes deux prochaines semaines, ça va être de la mobilisation.
52:22Ça, c'est certain.
52:23De savoir comment est-ce qu'on peut se mobiliser auprès des candidats,
52:27mais aussi auprès des personnes qui sont intéressées sur le sujet
52:30et qui ont envie peut-être de savoir c'est quoi les risques autour des élections.
52:36Ça sent pas très bon quand même, je le dis.
52:38Même s'il n'y a pas de majorité et que si Bardella n'est pas Premier ministre,
52:41ça va quand même être très dur pour le milieu associatif.
52:44Mais en tout cas, encore une fois, comme partout en Europe et dans le monde,
52:48à chaque fois que le Rassemblement National est son porte du pouvoir,
52:51les féministes réagissent, les femmes et les personnes LGBTQIA+.
52:55Et la société réagit.
52:56Donc, on espère qu'on aura du monde. Voilà.
52:59Johanna, comment vois-tu les choses ?
53:02C'est très compliqué parce qu'à la fois, c'est vrai, Sarah a raison de parler
53:05de cette espèce de piqûre que ça a pu nous faire à tous,
53:11comme citoyens, comme dans notre travail, dans vos associations, etc.
53:17Et effectivement, ça engendre une mobilisation qui est très puissante,
53:20qui est très belle à voir, qui est très intéressante.
53:24Mais j'ai toujours peur du mal qui a déjà été fait.
53:28En fait, le fait que ça installe déjà dans l'idée que le RN puisse être au pouvoir,
53:35c'est déjà extrêmement grave.
53:36En fait, le mal est déjà un peu fait.
53:39Donc, c'est difficile parce que quoi qu'il arrive, effectivement,
53:43ça sera difficile d'en sortir victorieux,
53:48voire totalement hasardeux, voire quasiment impossible, en vérité.
53:54Et donc, tout ça fragilise, évidemment, d'autant plus nos acquis
53:59qui sont, on ne va pas ressortir la phrase de Simone de Beauvoir sur à chaque fois
54:02qu'il y a des...
54:03Je ne sais même plus cette phrase qui est pourtant une tarte à la crème.
54:07Je pense qu'on dit plein de choses.
54:08C'est toujours la même chose.
54:10Mais en gros, voilà, on voit que la phrase sera d'une crise.
54:13Il suffit d'une crise pour que les droits des femmes soient menacés.
54:15Mais ce qui est vrai, cette idée là, elle est réelle.
54:19Et donc, voilà, je pense que ça nous montre à quel point tout ça est extrêmement fragile.
54:24Et j'espère que ça va nous montrer aussi
54:26qu'il faut absolument que la société comprenne à quel point c'est important
54:30de les protéger, c'est-à-dire qu'ils comprennent que justement,
54:33ce ne sont pas des acquis.
54:34On a beaucoup entendu après les années 70
54:37qu'en fait, on avait déjà tout, que tout était là, qu'on avait eu les lois
54:40et que du coup, il n'y avait plus rien à faire.
54:42Et on voit très bien aujourd'hui, on l'a vu avec la Pologne,
54:44on l'a vu avec plein de choses.
54:45Mais on voit, et l'Italie, etc.
54:47On voit que ça n'est pas le cas.
54:48Et donc ça, si ça peut au moins donner aux gens cette idée
54:52que ça n'est pas le cas, c'est déjà important.
54:55Mais j'ai quand même peur que les temps à venir soient très incertains.
54:59Eh bien, en tout cas, merci beaucoup d'être venue avec nous prendre le temps
55:03aussi de voir précisément ce qui se cache derrière le programme
55:06et les idées du Rassemblement national en ce qui concerne les droits des femmes
55:09et des minorités de genre.
55:11Merci beaucoup Sarah et Johanna d'avoir été avec nous.
55:14Bonne soirée à vous.

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