• il y a 5 mois
Raphaël Legendre reçoit Anne Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO, en direct de la 15e édition de ParisMat à la Maison de la chimie.

Organisé par le CESAM en étroite collaboration avec le Comité d’organisation, le Rendez-vous ParisMat a pour objet de mettre en valeur les savoir-faire et les connaissances de l’ensemble des acteurs de l’Assurance Maritime, Transports et Aviation évoluant sur le marché français.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, nous sommes au 15e Salon Paris Mat à Paris. J'ai le plaisir d'accueillir
00:19Anne-Sophie Alsif, chef économiste chez BDO. Anne-Sophie, bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Comment évolue le commerce maritime depuis l'embolie qu'on a connue lors de la crise Covid?
00:31Alors, il continue d'augmenter. Après, il y a eu une baisse parce qu'on a eu un
00:35ralentissement de la croissance mondiale, notamment avec la crise inflationniste.
00:38Mais globalement, depuis le Covid, on a eu un rebond. Et comme les échanges se sont repris,
00:42eh bien, il augmente.
00:43En dépit des tensions mondiales qu'on a pu connaître ici ou là, en Indo-Pacifique,
00:48en mer Rouge, le trafic continue. On est sur une pente de croissance.
00:55Oui, tout à fait. Comme on a eu vraiment un rebond de la croissance et donc une forte demande,
00:59notamment des consommateurs, qui a été maintenu avec les politiques d'aide des différents États,
01:04les fameux « quoi qu'il en coûte », eh bien, il y a de la demande, on consomme,
01:07et donc, forcément, il y a un commerce maritime qui s'est repris. Alors, bien sûr,
01:12il y a eu des risques, des chocs. On l'a vu avec des conteneurs qui ont dû être détournés avec
01:17des temps d'attente qui ont augmenté. Mais globalement, sur le prix et, on va dire,
01:21sur la demande, ça n'a pas eu véritablement d'impact. Et même en termes de prix,
01:25comme on a été dans un phénomène de reconstitution des taux de marge suite à la
01:28crise, eh bien, finalement, ça a pu être absorbé. On a vu quand même émerger une forme de découplage
01:34des économies des grands blocs régionaux, États-Unis, Europe, bloc asiatique avec,
01:39évidemment, la Chine en tête. Où se situe l'Europe aujourd'hui dans cette grande compétition mondiale ?
01:47Oui, c'est ça plutôt qui est compliqué. C'est qu'on a vraiment un découplage avec,
01:51d'un côté, la Chine qui est de plus en plus focalisée sur sa région, notamment avec des
01:55traités commerciaux comme le RCEP qui lui permet d'avoir accès à tous les marchés de la région
02:00Asie-Pacifique hors Inde, avec des pays comme le Japon, la Corée du Sud, donc des pays quand même
02:06très développés. Et de l'autre côté, les États-Unis, avec tous les programmes pour attirer
02:10l'investissement comme l'IRA, eh bien, beaucoup d'entreprises qui délocalisent aux États-Unis,
02:16en plus, ça coûte l'énergie très peu cher et donc qui attirent sur son sol de la production,
02:21notamment dans les batteries, dans les nouvelles technologies, dans l'automobile. De l'autre côté,
02:27l'Europe reste assez ouverte, même si, bien évidemment, il y a une nouvelle politique pour
02:31essayer de protéger son marché. Mais concernant le commerce international et maritime, c'est vrai
02:36que c'est l'un des continents qui reste le plus dépendant, qui maîtrise beaucoup moins ses
02:40chaînes de valeurs que d'un côté la Chine, de l'autre côté les États-Unis. Alors, vous êtes
02:44spécialiste du commerce international. Quelles sont vos projections ? Quelles sont les perspectives
02:48pour le commerce maritime à moyen terme ? Alors, il va continuer d'augmenter parce que vous avez
02:53une augmentation toujours de la population mondiale, donc de plus en plus de consommateurs
02:57et donc il y aura de plus en plus de demandes. Par contre, ce qui va se passer, c'est que vous
03:00allez avoir une régionalisation comme pour les économies, avec d'un côté des pays qui maîtrisent
03:05l'enchante des chaînes de valeurs, États-Unis, on l'a dit, avec tout le bloc Amérique, et de l'autre
03:10côté la Chine en lien avec l'Iran, la Russie, l'Afrique également et toute la partie asiatique.
03:17Et en troisième, l'Europe qui est toujours assez ouverte, qui commerce beaucoup avec la Chine mais
03:23aussi les États-Unis et qui sera, on va dire, plus dépendante, en tout cas économiquement, de ces
03:28grands blocs et qui sera sûrement en position de défensif, de mise en place de politique en
03:33réaction, notamment quand on a les dernières élections européennes où les nationalistes ont
03:38tendance à augmenter. Anne-Sophie Elsy, merci. Merci à vous.

Recommandations