Le Nouveau Passé-Présent - 6 juin 1944 - Histoires méconnues et héros du Débarquement avec Dominique Lormier

  • il y a 3 mois
Le Débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin 1944, a marqué la mémoire collective comme l’événement majeur de la Libération, éclipsant d’autres opérations qui ont joué, elles aussi, un rôle capital dans l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Mais est-ce que nous avons tout sur cette gigantesque opération ? Y-a-t-il encore des secrets cachés dans les archives ? C’est ce que nous allons voir avec notre invité Dominique Lormier.

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00:00Le système tremble.
00:01Jamais depuis l'existence de TVL,
00:04le pouvoir n'a été autant placé face à ses propres échecs.
00:07Économique, celui qu'on qualifiait de prodige de Mozart de la finance,
00:12a creusé la dette de plus de 1 000 milliards d'euros en 7 ans.
00:16Sécuritaires, Enzo, Thomas, Lola et combien d'autres
00:21ont péri sur l'autel de l'injustice et du laxisme d'État ?
00:24Géopolitique, ils veulent à présent envoyer nos soldats à la guerre,
00:29face à une autre puissance nucléaire qui ne nous menace pas.
00:33Ils ont conduit la France au désastre.
00:36Et pourtant les médias du système,
00:38dont vous assurez la survie financière malgré vous,
00:41pointent du doigt non pas cette élite toxique au pouvoir,
00:44mais le danger des extrêmes, comme ils disent.
00:48Ils obéissent aux ordres, ils vous intoxiquent, ils vous désarment.
00:52Sur TV Liberté, nous ne recevons de consignes de personne
00:56et nous n'en donnons à personne.
00:58Sur TV Liberté, nous vous livrons les clés et vous décidez.
01:03Mais pour vivre, TV Liberté doit compter sur votre soutien financier.
01:07Pas d'oligarque, pas de subvention.
01:09Nous ne piquons pas dans votre porte-monnaie,
01:11comme le service public le fait.
01:13C'est vous qui jugez de notre utilité avec votre nom.
01:17Vous êtes la seule garantie de notre survie.
01:19Alors, je compte sur vous.
01:26Sous-titrage Société Radio-Canada
01:57Le débarquement des Alliés en Normandie
02:02Bonjour à tous.
02:04Le débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 1944
02:08a marqué la mémoire collective comme l'événement majeur de la Libération,
02:12éclipsant d'autres opérations qui ont joué, elles aussi,
02:16un rôle capital dans l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
02:18Mais est-ce que nous savons tout sur cette gigantesque opération ?
02:22Y a-t-il encore des secrets cachés dans les archives ?
02:25C'est ce que nous allons voir avec notre invité Dominique Lormier.
02:28Dominique Lormier, bonjour.
02:29Bonjour.
02:30Alors, vous êtes historien.
02:32Nos téléspectateurs vous connaissent.
02:34Vous êtes l'auteur de plus d'une centaine de livres.
02:36180, je crois.
02:38Et vous êtes un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance.
02:41Et là, vous venez de publier simultanément deux ouvrages,
02:45Les vérités cachées de la Libération, aux éditions du Rocher,
02:50et Nouvelles histoires extraordinaires du débarquement, aux éditions Alésio.
02:56Nous allons faire deux émissions, l'une consacrée au débarquement,
03:00et l'autre consacrée plus à la Libération de l'Europe.
03:03D'une manière générale, quel axe avez-vous suivi pour ces deux ouvrages ?
03:10J'ai voulu dévoiler des faits qui étaient souvent méconnus du grand public.
03:15Et notamment à travers le premier ouvrage,
03:19Les vérités cachées de la Libération,
03:22de mieux faire connaître certains événements qui n'avaient pas été mis suffisamment en avant.
03:27Je pense notamment à l'action de la Résistance dans la région du Sud-Ouest,
03:30notamment, qui est peu connue.
03:31On met surtout en avant la bataille du plateau d'Iglier, du Vercors,
03:35qui ont été des échecs d'ailleurs, des défaits de la Résistance,
03:37alors qu'il y a eu des succès assez importants de la Résistance dans le Sud-Ouest.
03:42Également aussi des figures dont on a voulu en faire des héros,
03:45alors qu'on découvre finalement qu'ils ont commis un certain nombre d'erreurs tactiques et stratégiques
03:50durant les opérations militaires.
03:52Je pense notamment à Rommel, Montgomery et également Patton.
03:56Donc j'ai voulu démythifier un certain nombre de mythes,
03:59et également mettre en avant aussi des faits d'armes peu connus
04:02de l'armée française de Libération, qui est souvent la grande oubliée,
04:06notamment le débarquement de Provence ou d'autres événements militaires
04:09où les Français ont été mis en avant.
04:11Également aussi les troupes italiennes qui sont souvent méprisées, je dirais à tort,
04:15et qui se sont vaillamment battues au sein de la République sociale italienne,
04:19puisqu'ils ont lutté jusqu'au bout aux côtés des Allemands et de Mussolini.
04:22– Je me dis, est-ce que 80 ans après, est-ce qu'on trouve encore des histoires secrètes,
04:28il y a encore des archives qui s'ouvrent, on découvre des choses ou pas ?
04:30– Oui, on découvre beaucoup de choses,
04:31parce qu'en 2015 les archives ont commencé à s'ouvrir,
04:34et justement beaucoup d'historiens de ma génération
04:37découvrent maintenant des faits qui balaient tout ce qui avait pu être raconté par les vainqueurs.
04:42Il est bien connu que ce sont les vainqueurs qui racontent l'histoire.
04:45Alors il ne s'agit pas de reprendre bien sûr la version propagandiste des vaincus,
04:50il s'agit d'avoir une vision panoramique des événements
04:53et de dévoiler justement des faits méconnus.
04:55– Surtout méconnus.
04:56Alors maintenant on va attaquer, si je puis prendre cette expression, le débarquement,
05:01et nous allons parler de deux hommes, de deux figures qui s'affrontent
05:04lors de cette bataille de Normandie.
05:06Vous les avez cités tout à l'heure, Rommel et Montgomery,
05:10dont vous dites qu'ils furent mythifiés par la propagande.
05:12Alors on va commencer par Rommel, tiens.
05:14– Rommel a été, je dirais, l'archétype de l'offusier
05:18qui a été mis en avant par le Troisième Reich,
05:20étant donné qu'il ne venait pas de l'aristocratie,
05:22il vient de la moyenne bourgeoisie, il est né en 1891,
05:26au sein d'une famille dont le père est professeur,
05:29la mère est issue de la petite noblesse,
05:31mais néanmoins lui est véritablement, Rommel, un guerrier né,
05:34c'est-à-dire un homme de terrain, il participe à la Première Guerre mondiale
05:38dans un régiment d'infanterie, puis il intègre à partir de 1915
05:42un bataillon de montagne du Württemberg qui va se distinguer en Roumanie,
05:47d'abord dans les Vosges en Roumanie, et ensuite après sur le front italien
05:50durant la bataille de Caporetto, où il gravit rapidement les échelons,
05:54puis après il est placé en état-major, il va connaître un peu l'état-major,
05:58puis durant la République de Weimar, il est également au sein d'un régiment d'infanterie,
06:04puis au moment de la montée du Troisième Reich, il va être mis en avant par le régime,
06:08étant donné que c'est vraiment l'archétype de l'officier guerrier qui s'est distingué,
06:12il a été décoré pour le mérite, la plus haute distinction militaire allemande,
06:16il s'est illustré comme un soldat intrépide,
06:20il était toujours en première ligne aux côtés de ses hommes,
06:23et petit à petit va se créer une légende autour de lui,
06:26puisqu'il va être chargé de la garde rapprochée d'Adolf Hitler,
06:30Ribbentrop voit tout de suite en lui l'officier du National Socialiste type,
06:35il n'est pas très grand, il est plutôt rabelé, mais très costaud, musclé,
06:40et il a vraiment un physique allemand,
06:42donc c'est vraiment, je dirais, l'officier qui convient parfaitement au régime pour le mettre en avant,
06:47puis ensuite il va côtoyer Hitler de près,
06:50puisqu'il va faire partie, il va commander sa garde rapprochée,
06:54puis ensuite on va lui donner le commandement d'une division bien blindée,
06:58la 7e Panzer Division, où il va s'illustrer durant la campagne de 40.
07:03Néanmoins, on voit déjà certains aspects, je dirais, moins glorieux du personnage,
07:07c'est-à-dire qu'il a tendance à s'attribuer des faits qui sont en vérité,
07:10non pas au sein de sa division, mais au sein du corps d'armée,
07:13puisqu'il est rattaché à un corps d'armée où il y a également la 5e Panzer Division du général Hoth,
07:18et il va notamment s'attribuer un certain nombre de faits durant la campagne de 40,
07:23en vérité il essaye d'éviter certaines poches de résistance française
07:26pour aller en profondeur et justement désarçonner véritablement l'adversaire,
07:31et notamment il va affronter la première division curacée durant un combat à Flavion,
07:37où il va perdre un certain nombre de chars, il va justement dérouter ensuite sa division
07:41pour éviter un engagement frontal contre les chars lourds français B1-Bis,
07:45contre lesquels les chars allemands sont assez impuissants,
07:47puis il va foncer vers les côtes du Nord,
07:51et à ce moment-là il y a une contre-attaque britannique et franco-britannique à Arras,
07:55qui va être une des causes de l'échec des allemands à Dunkerque,
08:02puisqu'il va dire qu'il est attaqué par plusieurs divisions alliées
08:06alors qu'il s'agit simplement d'un groupement blindé britannique,
08:09et justement ça va freiner l'avance des allemands à Dunkerque,
08:13puisque les allemands vont estimer qu'ils sont attaqués et contre-attaqués
08:16par plusieurs divisions alors qu'il s'agit simplement d'un groupement blindé,
08:19ce qui va ralentir justement la progression des allemands vers Dunkerque
08:23et permettre justement aux alliés d'assurer la défense de la poche de Dunkerque.
08:29– Mais c'est principalement dans l'Afrika Korps qu'il s'illustre ?
08:33– Oui absolument, alors il est envoyé au début de l'année 41,
08:36il va commander l'Afrika Korps qui est un corps motorisé allemand,
08:40il y a notamment 2 à 3 divisions,
08:42et il a sous ses ordres également les unités italiennes,
08:45qui vont d'ailleurs s'illustrer aussi très vaillamment,
08:48et finalement il ne tient pas compte des conseils
08:52du hauteuté-major italien qui lui demande de ralentir pour assurer la logistique,
08:56mais c'est un fonceur et ça va être une des causes de ses premiers échecs,
09:00notamment devant Tobruk en 1941,
09:03il doit retraiter et de nouveau relancer une offensive durant le mois de mai-juin,
09:07où notamment il va affronter la première brigade française libre à Bir Hakeim,
09:11où les français vont poser une résistance acharnée pendant 3 semaines,
09:14ce qui va ralentir la progression des allemands jusqu'en Égypte,
09:17c'est-à-dire l'Allemagne, où là il va tomber sur Montgomery
09:20et il subit un échec militaire où il sera contraint à reculer.
09:23– Montgomery, on va revenir à Romell après,
09:25donc Montgomery lui commence sa carrière militaire glorieusement également.
09:29– Également, durant la première guerre mondiale, il est né en 1887,
09:33ils sont pratiquement de la même génération,
09:35lui est issu d'une famille très rigoriste, de chrétiens très rigoristes,
09:39je dirais presque à la limite intégristes,
09:42si bien qu'il sera extrêmement influencé par son milieu familial,
09:45et il cultivera une sorte d'ascétisme lorsqu'il sera dans l'école militaire,
09:49il ne boit pas, il ne fume pas, etc.
09:52C'est quelqu'un qui est un peu, je dirais, complexé de ses origines sociales,
09:57il vient d'un milieu plus modeste que les grandes écoles britanniques
10:00où là il va se retrouver avec des officiers d'aristocratie,
10:03il combat à Dunkerque également, il se bat d'ailleurs vaillamment,
10:08durant la première guerre mondiale il est blessé au début des opérations
10:11et après il va se retrouver en état-major,
10:13durant la seconde guerre mondiale il débute donc à Dunkerque,
10:16durant la campagne de France, il réussit à échapper à la capture
10:19et il participe à la mise au plan de l'opération de Dieppe en 1942
10:24qui serait un désastre, puis il est envoyé en Afrique du Nord
10:27où là il prend le commandement de la 8ème armée britannique
10:30où il va s'illustrer durant la bataille d'Israël à l'Allemagne.
10:32C'est là où il rencontre Rommel.
10:33Voilà, et d'ailleurs il va baptiser un de ses chiens Rommel et l'autre Hitler.
10:38Il avait un côté, je dirais, assez excentrique, typiquement british,
10:42ce qui donnait un aspect sympathique du personnage,
10:45il était très proche de ses hommes et il était assez critique
10:48vis-à-vis des officiers qu'il avait à ses côtés.
10:50Il a eu une attitude parfois assez égocentrique,
10:53comme ça sera le cas aussi de Rommel et également de Patton.
10:56Donc les deux hommes vont se retrouver en Normandie, si je puis dire.
10:59Voilà.
11:00Parce que Hitler a confié à Rommel la défense des côtes.
11:04Voilà, Rommel va prendre le commandement
11:08d'abord des fortifications et de la défense des côtes de l'Atlantique
11:12et ensuite le groupe d'armée, la 7e et la 15e armée,
11:15où là il est sous les ordres du Maréchal von Rundstedt.
11:19Là il rentre en conflit avec lui parce que lui veut que les divisions blindées
11:22soient au plus près des plages, il estime que le jour J sera le jour
11:27où véritablement la guerre pourra être gagnée ou perdue.
11:30Si on arrête à arrêter directement sur les plages les troupes britanniques
11:35et américaines, à ce moment-là, l'Allemagne sera assurée peut-être
11:40d'un succès et d'un échec pour les alliés au moment du débarquement
11:45dès le premier jour.
11:46Donc dès le premier jour il veut l'engagement des Panzerdivisions
11:49alors que von Rundstedt lui préfère les avoir plus éloignées des côtes
11:52parce que von Rundstedt a gardé le souvenir de la Sicile
11:55où des Panzerdivisions avaient été trop engagées à ce moment-là
11:58et elles avaient été détruites par l'artillerie navale.
12:01Donc les deux points de vue se défendent mais néanmoins on peut estimer
12:04qu'effectivement Rommel avait raison de ce côté-là.
12:07Néanmoins il se trompe puisque le 6 juin il n'est pas là
12:10au moment du débarquement.
12:11Il estime qu'il n'aura pas lieu le 6 juin.
12:13Il est en train de fêter l'anniversaire de son épouse
12:15et en plus il se trompe sur le lieu du débarquement.
12:18Alors qu'Hitler a eu l'intuition que le débarquement
12:21pouvait avoir lieu en Normandie, Rommel reste persuadé
12:24qu'il va avoir lieu dans le Pas-de-Calais.
12:27Jusqu'au mois de juillet il va être persuadé que le débarquement
12:32en Normandie est simplement une feinte pour empêcher,
12:37fixer certaines Panzerdivisions.
12:40Alors que les alliés d'après lui vont débarquer dans le Pas-de-Calais.
12:43Il attribue des effectifs aux alliés deux fois plus importants
12:47que la réalité.
12:48Donc on peut dire qu'il a été mystifié par les alliés Rommel ?
12:53Alors il a été mystifié à la fois par les alliés effectivement,
12:59notamment par les Anglais au début qui ont étudié pas mal d'échecs
13:02en Afrique du Nord.
13:03Et donc ils ont voulu mettre en avant les compétences de Rommel
13:06pour cacher justement leur médiocrité au niveau du commandement.
13:09Et face à leurs échecs contre également les troupes italiennes,
13:12il convient de le souligner.
13:13Et également le fait que Montgomery avait une certaine admiration
13:17pour Rommel.
13:18Et donc effectivement Rommel a été véritablement mis en avant aussi
13:24par l'historiographie anglo-américaine qui ont voulu le présenter
13:27comme un génie tactique et stratégique.
13:29Alors sur le plan tactique, il s'était véritablement un officier
13:32tout à fait compétent.
13:33Sur le plan stratégique, il a commis un certain nombre d'erreurs
13:36comme d'ailleurs le haut commandement allemand.
13:38Donc erreur d'appréciation sur le lieu du débarquement, sur la date.
13:41Mais ça il n'est pas le seul.
13:42Oui, oui, absolument.
13:43Sur la date et également sur le lieu réel du débarquement.
13:47Alors que Hitler est véritablement persuadé que le débarquement
13:50aura lieu en Normandie.
13:51Ils n'ont pas d'informations particulières non plus ?
13:53Alors si, il commence à y avoir des informations.
13:56Alors on a estimé souvent qu'il n'en avait pas eu.
13:58Les récentes recherches historiques ont dévoilé qu'il y avait eu des informations
14:01puisqu'ils avaient quand même renforcé petit à petit le front
14:04justement, enfin le secteur de Normandie.
14:07Alors est-ce qu'ils ont commis l'un et l'autre des erreurs
14:10au moment du débarquement ?
14:11Est-ce que Rommel réagit comme il faut le 6 juin 1944 ?
14:13D'abord le 6 juin, malheureusement il n'est pas là.
14:15Et puis après, il est assez brouillon.
14:18On ne retrouve pas le Rommel de la campagne de 1940
14:20ou des débuts de la guerre en Afrique du Nord.
14:22Il est contraint à une guerre défensive qu'il assume très mal.
14:26Et il disperse ses troupes.
14:28Et surtout, il fixe une grande partie de ses Panzer Divisions
14:30dans le secteur face à Montgomery.
14:32Il est tombé dans le piège que lui a tendu Montgomery.
14:34C'est-à-dire de vouloir essayer de rejeter, de défendre Caen
14:39qui est un point stratégique.
14:40Et de vouloir rejeter d'abord les Britanniques à la mer
14:43en fixant la majorité de ses Panzer Divisions face aux Britanniques
14:46alors que la percée a lieu dans le secteur américain au mois d'août 1944.
14:52En revanche, du côté allié, Montgomery lui aussi commet des erreurs.
14:56Il y a beaucoup d'occasions manquées.
14:57Alors, il y a pas mal d'occasions manquées, effectivement.
14:59Néanmoins, c'est un fin tacticien.
15:01C'est-à-dire qu'il utilise beaucoup l'artillerie.
15:03Et l'artillerie était un des points forts de l'armée britannique.
15:06L'infanterie est assez diminuée du fait des précédentes campagnes.
15:09Il faut savoir que les divisions britanniques, en moyenne,
15:12sont constituées à peu près de 16 000 hommes,
15:14dont 4 000 sont véritablement des combattants effectifs.
15:17Donc, c'est des effectifs extrêmement réduits par division,
15:20par régiment.
15:21Il y a surtout des fusils mitrailleurs Bren,
15:23et pas l'équivalent des MG42 allemandes,
15:26des mitrailleuses allemandes qui tirent 1 200 coups à la minute,
15:28alors que les FM Bren tirent 500 coups à la minute.
15:31Donc, il y a véritablement, je dirais, au niveau de l'armement léger,
15:35une puissance réelle du côté allemand.
15:38Et néanmoins, Montgomery est un tacticien hors pair.
15:42C'est-à-dire qu'il va, petit à petit,
15:44contraindre les Allemands à engager la majorité de leurs troupes,
15:4775% des Panzer Divisions, face à l'artillerie britannique,
15:50où à chaque fois, les contre-attaques allemandes vont se casser les dents
15:53face, justement, au déluge de feu de l'artillerie britannique.
15:56Néanmoins, Montgomery, comme vous l'avez souligné,
15:59va également louper un certain nombre d'occasions.
16:01Il aurait pu enfoncer le front dès le 7 juin.
16:04À ce moment-là, les défenses allemandes étaient totalement désorganisées.
16:08Il va buter sur Caen,
16:10alors qu'il aurait pu s'emparer de Caen dès le 6 juin.
16:13Mais c'est un homme méthodique.
16:14C'est-à-dire qu'il avance petit à petit.
16:16Les prévisions étaient de prendre Caen dès le 6 juin ?
16:19Dès le 6 juin, ou dès le 7 juin,
16:21ou dès la première semaine du débarquement.
16:23Alors que ça va tomber, finalement, simplement vers la mi-août,
16:28donc véritablement du fait, après, de l'arrivée des renforts allemands,
16:31une résistance acharnée des troupes allemandes,
16:33notamment des divisions SS.
16:35Alors, le débarquement et la bataille de Normandie qui suit,
16:39c'est aussi une histoire de combattants, de soldats sur le terrain.
16:43Dans votre livre, après avoir évoqué Montgomery, Rommel,
16:47et puis, effectivement, les premiers combats,
16:51vous décrivez, vous donnez le point de vue
16:53de différents belligérants, différents combattants,
16:57de tous les côtés, différents héros.
16:59Alors, ça dépend de quel côté, bien évidemment.
17:02On se place.
17:03On se place.
17:04Et le premier que vous évoquez, d'ailleurs, c'est un Allemand.
17:07Oui.
17:08Qui n'a rien à l'héros, d'ailleurs.
17:10Qui est un combattant, j'allais dire, de base.
17:13C'est un simple fantassin.
17:15De la 352ème division d'infanterie.
17:18C'est Heinrich Severloh.
17:20Lui, en revanche, Heinrich Severloh, pour ceux qui connaissent Omar,
17:24on les invite, effectivement, c'est au milieu de la baie.
17:27Oui, oui.
17:28C'est le WN62.
17:30Et on est vraiment au milieu de la baie de la plage de Colville.
17:34Et lui se trouve, effectivement, le 6 juin, au matin, face à l'armada.
17:39Et il raconte son histoire ?
17:41Absolument.
17:42Qu'il vous a confié que vous l'avez rencontré ?
17:44Voilà.
17:45J'avais eu l'occasion de le rencontrer.
17:46Il me semble, si j'ai bonne mémoire, que c'était en 1994.
17:50Donc, je l'avais rencontré.
17:52Et il faut se dire qu'il a 18 ans.
17:54Oui, oui.
17:55Il est né le 23 juin 1923 à Metzingen.
17:59Et il est donc mitrailleur au sein de la 352ème division d'infanterie
18:04à Colville-sur-Mer, sur la plage de Omaha Beach.
18:06Où sont concentrés à peu près 3000 soldats allemands.
18:09Ils vont recevoir le choc de 34 000 soldats américains.
18:13Notamment la fameuse division qu'on voit dans le film, le soldat Ryan,
18:17la Big Red One, la première division d'infanterie.
18:20Et il va combattre.
18:22Il se trouve à ce moment-là, à 6h30, face à l'armada alliée qui va déferler.
18:27Et durant 9h, il va tirer 12 500 cartouches avec sa mitrailleuse MG42.
18:33Et 400 avec son fusil Mauser.
18:35Quelle est son impression, qu'est-ce qu'il livre comme impression
18:38quand la brume se lève, quand le jour se lève ?
18:41Là, il est dans un état, je dirais, de superfection totale.
18:44Il découvre une véritable armada.
18:46Il les voit arriver sur lui.
18:47Il y a également un déferlement d'artillerie.
18:49Heureusement, l'artillerie va être peu précise.
18:51Et elle tape beaucoup plus loin.
18:53Elle tape beaucoup plus loin.
18:54Il y a également un bombardement aérien qui tape beaucoup plus loin également.
18:57Si bien que les défenses allemandes de première ligne au bord de la plage
19:00sont peu entamées.
19:01Si bien qu'elles vont être en mesure de pouvoir recevoir, je dirais,
19:04à leur juste mesure, la déferlante du débarquement
19:07en causant des pertes énormes aux alliés.
19:10Puisque les américains vont perdre environ 4000 hommes
19:13rien que le 6 juin sur la plage de Omaha Beach.
19:16C'est un véritable Vincent que restitue d'ailleurs très bien le film le soldat Ryan.
19:21Et lui, comme je l'ai rappelé, il va tirer 12 500 cartouches.
19:25Il tire toute la journée ?
19:27Il tire pratiquement toute la journée pendant 9 heures
19:29avec sa mitrailleuse MG42
19:32qui est une mitrailleuse qui tire quand même 1200 coups à la minute.
19:35Ensuite, il est légèrement blessé.
19:37Sa mitrailleuse est endommagée.
19:39Et il continue de tirer ensuite avec son fusil Mauser
19:43durant encore plusieurs heures.
19:44Finalement, il est contraint à reculer du fait d'un nouveau pilonnage d'artillerie.
19:48Cette fois de l'artillerie navale.
19:50Si bien qu'il rejoint un poste de secours.
19:52Il va être capturé le lendemain, le 7 juin.
19:54Et pendant tout ce temps-là, il est ravitaillé en munitions ?
19:57Il a de la situation à Pourvoyeur qui est là pour le ravitailler.
20:00Qui appartient à une unité voisine.
20:03Si bien qu'il est véritablement cramponné à sa mitrailleuse.
20:06Et il tire, il tire, il tire.
20:07Justement pour ne pas être tué.
20:09Parce qu'effectivement, il a énormément peur d'être tué par les Américains.
20:12Puisqu'il voit arriver sur lui toute la déferlante du débarquement.
20:15Les soldats qui sortent des pays de débarquement, etc.
20:18Et qui sont mitraillés et qui subitent des pertes terribles.
20:22Puisqu'ils sont à la fois mitraillés par les mitrailleuses,
20:25tirés au fusil Mauser.
20:26Mais également, il y a des tirs de mortiers
20:28qui causent des pertes énormes dans les troupes américaines.
20:30Ce qui est assez saisissant dans ce qu'il vous raconte,
20:32c'est qu'il raconte déjà qu'il attend que les soldats aient l'eau jusqu'aux genoux.
20:36Qu'ils soient assez ralentis.
20:38Mais est-ce qu'il se rend compte véritablement de ce qu'il est en train de faire ?
20:42Il va se rendre compte plus tard.
20:44C'est ça qui est intéressant.
20:45Il est tellement pris dans le feu de l'action que je dirais, il y a l'adrénaline.
20:49Donc véritablement, il est cramponné à sa mitrailleuse.
20:52Sauf qu'il peut.
20:53Sauf qu'il peut.
20:54C'est-à-dire, je tire, sinon je serai tué.
20:57Et c'est finalement des décennies plus tard ?
20:59Qu'il va avoir une prise de conscience.
21:01Il va d'ailleurs nouer des contacts avec des anciens combattants américains.
21:04Il reviendra plusieurs fois en Normandie.
21:06Et donc véritablement, il va s'attacher à la Normandie.
21:09Et il va nouer des contacts avec des vétérans américains
21:14qu'il avait en face de lui lors du débarquement.
21:16Il aura une prise de conscience.
21:17Il se rendra compte également de l'horreur du régime national socialiste, bien entendu.
21:22Et véritablement, il va faire une sorte de retour sur lui-même, un peu spirituel.
21:26Où il va nouer des contacts, j'y dirais, amicaux avec ces soldats qu'il avait combattus.
21:31On sait combien de personnes il a pu tuer dans cette journée ?
21:33Alors, on estime qu'il y a eu à peu près un millier de tués ou blessés.
21:37Voilà, de tués ou blessés sur les 4000 soldats américains qu'on a tués.
21:41À partir de son point d'appui.
21:42Voilà, à partir de son point d'appui.
21:44Parce qu'il était véritablement dans l'axe où il y a eu le gros du débarquement.
21:48C'est-à-dire, avec sa mitrailleuse, il a pu pilonner véritablement les américains.
21:55Et il faut savoir que la mitrailleuse MG42 est une mitrailleuse extrêmement performante.
21:59Puisqu'elle tirait 1200 coups à la minute.
22:01Et elle équipe toujours la Bundeswehr ainsi que d'autres armées.
22:04Ils ont changé le nom, ils l'appellent la MG3.
22:07Mais c'est exactement la même mitrailleuse qui était en service durant la Seconde Guerre mondiale.
22:13Ce qui lui a valu plus tard dans la presse, je crois, le nom de Boucher de Ma.
22:18Voilà, le Boucher de Ma.
22:20Bon, il appréciait modérément, bien entendu.
22:22Mais après, du fait qu'il a noué des contacts avec les anciens soldats alliés.
22:28Effectivement, ça a donné un aspect beaucoup plus sympathique du personnage.
22:31Et il faut savoir que les allemands ont résisté pendant 9 heures.
22:35Avec 350 hommes face à une déferlante de 34 000 soldats américains.
22:39Ce qui montre que cette division s'est vraiment battue très vaillamment.
22:43Concernant, je dirais, notamment ce régiment allemand.
22:48Alors en face de lui, il y a des américains, il y a des français et des britanniques.
22:53On va en prendre quelques-uns.
22:56Vous racontez l'histoire de Mark Russell qui est un fantassin américain de base.
22:59Voilà, justement de la première division d'infanterie.
23:03Il est né en 1920.
23:05Il intègre cette division début 1944 en Grande-Bretagne.
23:08Il est décédé en 2015.
23:11Et puis, au sein de cette division, la division la plus prestigieuse de l'armée américaine.
23:19Elle s'est illustrée durant la première guerre mondiale.
23:21Donc c'est la division qui débarque à Omaha Beach.
23:25Qui d'ailleurs est rendue célèbre également par le soldat Ryan.
23:29Puisque c'est exactement cette division-là qu'on voit justement opérer dans le film.
23:34Et c'était une division qui a compté jusqu'à 44 000 hommes.
23:39Et qui a quand même eu pratiquement plus de 21 000 pertes
23:44durant la période de la campagne de l'ouest.
23:48C'est-à-dire du débarquement de Normandie jusqu'à la campagne d'Allemagne.
23:52Elle a eu la moitié de ses effectifs qui ont été mis hors de combat.
23:56Et elle perd pratiquement 4 000 hommes dès le 6 juin 1944.
24:00Donc ce vétéran Russell, vous l'avez également rencontré.
24:03Il vous a confié ses souvenirs.
24:06Il m'a confié ses souvenirs.
24:08Ça a été vraiment un moment cauchemardesque pour lui.
24:11J'ai même appris qu'il dormait plusieurs années après
24:14caché sous son oreiller avec un Colt 45.
24:17Parce qu'il avait vraiment subi des chocs qu'on peut appeler aujourd'hui
24:22en jargon militaire de choc post-traumatique.
24:26Donc il a été vraiment traumatisé par ce combat.
24:30Et puis après il a enchaîné avec la campagne de Hollande et la campagne d'Allemagne.
24:34Je voudrais revenir à son expérience du débarquement.
24:36Donc il nous raconte vraiment comme il est dans la péniche du débarquement.
24:39Il sort de l'eau, il voit tomber tous ses camarades.
24:42La plupart meurent.
24:44Lui arrive, il a le réflexe étant donné qu'il a eu un très bon entraînement militaire.
24:50Il suit les vétérans.
24:51Il a la présence d'esprit de suivre les vétérans qui ont déjà fait la guerre en Tunisie.
24:56Mais ce n'est pas son premier combat lui quand même.
24:58Lui si.
24:59Lui c'est véritablement son premier combat.
25:02Donc il découvre véritablement l'horreur le premier jour.
25:05Mais il a la présence d'esprit de suivre les vétérans.
25:07Il se rend compte que les vétérans ne restent pas figés sur la plage
25:11où les autres se font véritablement descendre.
25:14Et il va jusqu'à un endroit où il était à l'abri derrière un mur anti-chars
25:18qui était en partie détruit.
25:20Ce qui lui permet de s'abriter avec les restes de son unité.
25:25Puis il reste cloué durant plusieurs heures
25:27où ils subissent véritablement un matraquage.
25:29Et finalement ils arrivent à trouver une brèche
25:32notamment par des soldats américains plus endurcis
25:35qui trouvent une brèche dans les défenses allemandes.
25:37Et c'est à ce moment-là qu'il s'engouffre.
25:38Et il est amené à un combat au corps-à-corps
25:40puisqu'il tue même un Allemand d'un coup de bayonet au ventre.
25:44Et il a d'ailleurs le visage de l'Allemand qui va le hanter durant des années
25:49d'un jeune soldat allemand.
25:51Puis ensuite après il participe à la progression des troupes américaines
25:58après la conquête de Omaha Beach.
26:01Alors il y a un autre soldat américain qui lui est connu.
26:05Il est connu pour ceux qui passent à Sainte-Mère-Église.
26:08Alors l'histoire est certainement un peu exagérée.
26:11Vous allez nous dire, c'est John Steele.
26:14Celui qu'on voit dans le film, non pas le soldat Ryan mais dans le jour le plus long.
26:18Alors qu'est-ce qui lui est arrivé à ce John Steele ?
26:20Alors lui, il est né en 1912 et il a intégré la 80ème division aéroportée
26:26et notamment le 505ème régiment aéroporté.
26:31Il participe d'abord au combat en Sicile en 1943
26:34où il se casse la jambe en Sicile.
26:37Puis de nouveau, il intègre ensuite de nouveau cette unité
26:41après avoir été soigné.
26:43Et il participe donc dans la nuit du 5 au 6 juin
26:46au saut en parachute sur Sainte-Mère-Église.
26:49Alors bien sûr, effectivement, ça a été un peu romancé dans le film le jour le plus long.
26:54Il n'est pas tombé exactement à l'endroit qui était indiqué dans le film.
26:58Normalement, ils auraient dû être parachutés. À quel endroit ?
27:00Alors ils auraient dû être parachutés un peu plus loin
27:02et justement les pilotes qui pilotaient les avions
27:06étaient effrayés par la puissance de la flaque allemande.
27:09Donc ils ont largué au plus vite les parachutistes.
27:11Ils étaient gênés également par le vent qui soufflait assez fort.
27:14Si bien que finalement, il a été parachuté.
27:16Il tombe directement sur le village là.
27:19Alors il y a eu différentes versions sur l'endroit où il a atterri véritablement.
27:23Maintenant c'est contesté comme quoi il aurait atterri sur le clocher de l'église.
27:27Mais il a atterri, semble-t-il, plutôt sur un des toits de l'église
27:32où il est resté accroché.
27:34Alors contrairement à ce qui a été annoncé souvent par lui-même
27:38parce qu'il avait un côté un peu mythomane.
27:40Donc on a dû remettre à, je dirais, d'aplomb par la suite
27:43le bon grain de livret.
27:48Il a été effectivement blessé certainement par un éclat au pied
27:51et certainement pas par un tir d'un soldat allemand qui l'avait repéré d'en haut.
27:55Et finalement il a été fait prisonnier par la suite par un soldat allemand, Rudolf May.
28:00Il a été blessé, il a été soigné dans un hôpital de campagne à l'arrière.
28:06Il s'est évadé trois jours plus tard.
28:08Puis il participe à la campagne de Hollande et à la campagne d'Allemagne en 1944-1945.
28:13Et il décède en 1969.
28:15Mais il est quand même resté longtemps accroché ce toit de lit ?
28:18Oui, il y a différentes versions qui disent qu'il n'aurait pas été accroché
28:22et d'autres qui disent qu'il a été accroché, mais pas certainement du côté du clocher de l'église
28:28mais plutôt sur le toit.
28:29Et il n'était pas le seul, il y avait également un autre parachutiste américain
28:33qui a été accroché aussi sur le toit.
28:35Et on a le témoignage du soldat allemand qui l'a capturé ?
28:38Oui, par contre, on a retrouvé le témoignage de ce soldat allemand qui l'a justement...
28:42ça a permis de vérifier, je dirais, la vérité des faits concernant son histoire
28:48comme quoi il avait bien été capturé sur le toit et justement par ce Rudolf May, ce soldat allemand.
28:54Bien. Alors maintenant on va passer du côté français,
28:57parce que les français étaient là aussi lors du débarquement,
29:01notamment avec les commandos de fusillés marins de la France Libre
29:09et l'un des plus connus d'entre eux qui est mort récemment.
29:12Oui, oui, qui est décédé en 2023, c'est Léon Gauthier.
29:15C'est Léon Gauthier, alors quelle est l'histoire de Léon Gauthier ?
29:17Il est né en 1922, donc c'est quelqu'un qui est mort à 101 ans.
29:20Il s'était engagé d'abord dans la mairie nationale en février 1940
29:26au sein du cuirassé Courbet, qui va être un des cuirassés qui va rallier la France Libre.
29:31Dès le 13 juillet 1940, il intègre les forces navales françaises libres.
29:36Puis en 1943, il intègre le premier bataillon de fusillés marins commandos
29:41qui est commandé par un certain lieutenant de vaisseau, Philippe Kieffer,
29:46qui va regrouper 177 hommes et qui le 6 juin 1944, à 7h55,
29:52va débarquer à Colville-sur-Orne à Sword Beach.
29:56Qui sont ces fusillés marins commandos ?
29:58Alors ce sont des français libres qui ont rallié le général de Gaulle.
30:02Ce sont pour la plupart des aventuriers, c'est-à-dire des hommes d'action.
30:05Ils vont suivre l'entraînement des commandos britanniques,
30:07qui est, je peux vous assurer, un entraînement de très haut niveau.
30:11Il y a pas mal d'hommes qui échouent au bout de quelques semaines,
30:16même au bout de quelques jours.
30:18Ce sont des entraînements qui ont lieu notamment en Écosse,
30:20dans des conditions extrêmement difficiles.
30:22Mais lui, c'est un breton pur qui est né à Rennes,
30:25comme je l'ai dit auparavant, en 1922.
30:27Et c'est vraiment un homme qui a une mentalité de guerrier,
30:30de baroudeur, de combattant.
30:33C'est vraiment quelqu'un d'extrêmement courageux.
30:35Et il va combattre durant plusieurs semaines, donc sur le front normand.
30:39En Normandie, ils sont débarqués ? Ils sont parachutés ?
30:41Non, non, ils arrivent le 6 juin à 7h55.
30:44Ils débarquent donc à Colville-sur-Orne.
30:47Et ils vont s'emparer des fameux fortins allemands.
30:50Quelle est leur mission ?
30:51Alors c'est d'être emparés de plusieurs points-clés allemands.
30:54Et notamment d'un fameux fortin allemand qu'on voit dans le jour le plus long,
30:57qui a été, j'y dirais, représenté sous la forme d'une énorme bâtisse.
31:02Alors qu'en vérité, il s'agit en réalité d'un bunker,
31:05d'un point d'appui allemand assez dur à prendre.
31:08Où les Français libres vont subir un certain nombre de pertes.
31:11Mais en Normand, ils vont réussir à s'en emparer,
31:13grâce notamment à l'appui d'un char
31:15que le lieutenant de vaisseau Kieffer,
31:17qui a été bien que blessé à la jambe, est allé récupérer.
31:20Et qui va permettre de dégager la position.
31:22Et de permettre ensuite au commando Kieffer
31:24de progresser à l'intérieur des terres.
31:26Et de mener une guerre de position qui va perdurer
31:28en pratiquement près de 2 mois,
31:30pendant plus de 70 jours,
31:32contre des troupes allemandes, notamment des troupes SS.
31:35Où le commando Kieffer sera engagé aux côtés de troupes britanniques.
31:38Où va s'y illustrer notamment, bien entendu, notre Léon Gauthier.
31:44– Bien. Alors, on va en terminer avec le débarquement.
31:49Parce que dans ce livre,
31:50Une nouvelle histoire extraordinaire du débarquement et de la libération.
31:55Vous faites aussi, ça m'a surpris, effectivement, à des femmes.
32:00Notamment deux femmes, Jeanne Boeck, parachutiste de la France Libre.
32:04Je ne savais pas qu'il y avait eu des femmes parachutistes de la France Libre.
32:07Et également une autre femme…
32:10– Pauline Jacquier.
32:11– Non, celle qui m'intéresse c'est Violette Sasebo.
32:14– Oui.
32:15– Est-ce que vous pouvez nous raconter, il nous reste quelques minutes,
32:18les aventures, enfin les histoires de Jeanne Boeck et de Violette Sasebo.
32:22– Alors, Jeanne Boeck a subi un entraînement au sein du BCRA.
32:25Elle a rejoint la France Libre.
32:27– Qu'est-ce que c'est que le BCRA ?
32:28– C'est le bureau central de renseignement et d'action.
32:30Ce sont les services spéciaux de la France Libre.
32:32Donc, elle avait déjà fait de la résistance en Bretagne.
32:34Puis ensuite, elle a été recherchée par la Gestapo.
32:37Elle a rejoint la France Libre du général de Gaulle.
32:39Et elle a subi un entraînement pour être parachutée sur les arrières
32:45des troupes allemandes, avant même le débarquement,
32:48pour mener des opérations de sabotage.
32:50De manière à fixer un maximum de troupes allemandes,
32:53notamment sur les arrières et notamment en Bretagne.
32:55– Mais elle n'est pas parachutée avec le BCRA, j'imagine ?
32:57– Non, elle n'est pas parachutée avec une équipe.
32:59Elle va être surnommée d'ailleurs la plastiqueuse à bicyclette,
33:01parce qu'elle se dépasse à bicyclette et elle plastique un peu à différents endroits.
33:05Si bien, ça va énormément perturber les arrières des troupes allemandes.
33:09Elle sera faite d'ailleurs compagnonne de la Libération
33:11par le général de Gaulle par la suite.
33:13Quant à Violette Sasebo, elle c'est le SOI, c'est d'ailleurs
33:16les services spéciaux britanniques.
33:18Elle est tombée d'ailleurs amoureuse d'un Français
33:20qui sera tué au combat à Bir Hakeim.
33:22Et elle va rejoindre donc ce SOI britannique.
33:25Elle habitait Londres à l'époque.
33:27Elle va subir un entraînement extrêmement poussé.
33:29Elle va être engagée ensuite sur les arrières des troupes allemandes aussi,
33:34où elle va mener aussi des opérations de sabotage.
33:37– C'est le même principe.
33:38– Voilà, principalement, comme l'aura fait également aussi
33:41la précédente personne que nous avons citée au sein de la France-Syme
33:45et elle au sein des troupes britanniques.
33:48– Eh bien Dominique Lormier, merci.
33:50Donc je renvoie nos téléspectateurs à votre ouvrage
33:52parce que là on n'a parlé que de 4 ou 5 personnes
33:55mais il y en a d'autres.
33:56Et puis pour apprendre les quelques vérités,
34:00pas forcément secrètes ni cachées mais du moins méconnues,
34:02qui ne sont pas mises en avant.
34:03– Absolument.
34:04– Parce qu'on ne peut pas tout, notamment dans les manuels scolaires,
34:07on ne peut pas tout apprendre.
34:08– Absolument.
34:09– Donc là c'est vraiment un bon complément.
34:11Donc avant de nous quitter, peut-être un conseil d'une exposition
34:14à aller voir jusqu'au 5 janvier 2025,
34:18c'est le musée de la Romanité de Nîmes
34:21qui présente une exposition centrée sur Achille,
34:24héros légendaire de la guerre de Troie.
34:26Partant de la découverte d'une mosaïque monumentale
34:29mise au jour lors des fouilles de l'antique cité de Nîmes,
34:32elle retrace le parcours de ce personnage mythique
34:34aux multiples facettes qui fascinent depuis l'Antiquité.
34:38Le visiteur est invité à redécouvrir Achille et le mythe de la guerre de Troie
34:43grâce à un parcours immersif jalonné de 100 pièces exceptionnelles.
34:47Le parcours commence par une brève présentation du héros grec,
34:50considéré comme le gardien mythique par excellence,
34:53demi-dieu puissant et sensible, glorieux mais contrarié, agile mais fragile.
34:58La visite se poursuit avec une remise en contexte de la guerre de Troie,
35:02les origines de cet affrontement légendaire
35:04pouvant être facilement appréhendé par le biais d'une carte interactive
35:09installée sur un écran tactile.
35:11Une exposition subtile et captivante
35:13à découvrir donc au très beau musée de la Romanité à Nîmes.
35:17C'était Passer Présent, l'émission historique de TVL
35:21présentée en partenariat avec la Revue d'Histoire Européenne.
35:25Vous allez maintenant retrouver Christopher Lanne et La Petite Histoire.
35:29Mais avant, n'oubliez pas bien sûr de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
35:33et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
35:35Merci et à bientôt !
35:42Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
35:55Ah le Moyen-Âge !
35:56Vous savez ce qu'on dit sur le Moyen-Âge ?
35:57Durant le Moyen-Âge, un million de sorcières furent brûlées pendant l'Inquisition.
36:01Vous savez combien d'erreurs contient cette phrase ?
36:03Quatre !
36:04Et c'est ce que nous allons voir aujourd'hui.
36:05Voilà contenu dans une seule phrase des siècles de propagande anticléricale
36:10et ce qu'on pourrait appeler anti-Moyen-Âge.
36:12Mais les deux sont liés.
36:13Alors premièrement, ça n'était pas au Moyen-Âge.
36:15Officiellement, je dis bien officiellement, car le Moyen-Âge est une période très floue.
36:19Ah oui, t'es marrant toi, ça dure mille ans quand même.
36:21Le Moyen-Âge prend fin en 1492.
36:23Et pour qui s'intéresse de près la chasse aux sorcières,
36:26on se rend compte que dans la très large majorité,
36:28les bûchers ont été allumés de 1550 à 650,
36:32soit, à la période moderne, la Renaissance.
36:35Mais vous savez, depuis les Lumières, le Moyen-Âge étant profondément chrétien,
36:38c'était forcément une période obscurantiste.
36:40Mais oui !
36:41Le Moyen-Âge était rempli de croyances et de superstitions
36:44et donc les gens, forcément, étaient pris dans leur peur,
36:47pauvres apeurés qu'ils soient,
36:48avant que Voltaire et ses amis ne viennent les éclairer.
36:51Le deuxième mensonge dans cette phrase ahurissante,
36:53c'est que le chiffre de 1 million est totalement fantasmatique.
36:56Si on s'appuie sur les travaux de tous les historiens qui ont travaillé sur le sujet,
37:00on arrive en gros à un chiffre compris entre 30 000 et 50 000 sorcières brûlées.
37:05Ce qui est déjà énorme !
37:06Bon, on est loin du chiffre multiplié par 20 qu'on nous donne habituellement.
37:09La troisième mystification, c'est que ce ne fut pas que des sorcières,
37:13au sens féminin du terme.
37:14Si au début, évidemment, on brûlait des paysannes à la campagne,
37:17les choses ont changé,
37:18surtout lorsque la chasse aux sorcières va s'installer en ville
37:21et que c'est les femmes qui vont devenir bourreaux.
37:23Évidemment, la très large majorité de la chasse aux sorcières sont des femmes,
37:26ça, personne ne le conteste,
37:27mais pas que !
37:28Il y a eu aussi des homosexuels, des gens du voyage, etc.
37:31et des hommes qu'on prenait tout simplement pour des sorciers.
37:34Quatrième mensonge, et c'est sans doute le plus gros
37:36après celui qui place la chasse aux sorcières au Moyen-Âge,
37:39elle aurait été le fait de l'inquisition.
37:41Là aussi, c'est une mystification mue évidemment par l'anticléricalisme
37:45car les sorcières étaient poursuivies et brûlées par des tribunaux laïcs.
37:49La procédure était inquisitoire, certes, mais pas inquisitoriale,
37:53et c'est toute la différence.
37:54Mais quelle est-elle, cette différence ?
37:55Si on parle de l'inquisition avec un i minuscule,
37:58on parle de la procédure inquisitoriale qui était une enquête.
38:01Si on parle de l'inquisition avec un i majuscule,
38:03cette fois, on parle du tribunal ecclésiastique
38:06qui était en charge de la lutte contre l'hérésie.
38:08Ce qui n'a rien à voir.
38:09Mais déjà, il faut dire qu'avant la procédure inquisitoriale,
38:12les procès en général se déroulaient selon la procédure accusatoire.
38:15C'était au plaignant d'apporter les preuves de ce qu'il avançait,
38:18et s'il ne parvenait pas à le faire, il devait dédommager celui qui l'accusait.
38:22Dans la procédure inquisitoire, qui a remplacé la procédure accusatoire,
38:26c'est l'autorité qui prenait en charge les procès,
38:28et cette fois, on enquêtait sur l'accusé.
38:30C'était à l'accusé de se dédouaner des charges qui pesaient sur lui,
38:33à condition que les dénonciations soient suffisantes, évidemment.
39:00Pour en revenir à nos moutons, ce sont bien les tribunaux laïcs qui jugeaient les présumés sorcières,
39:18et justement, l'intervention de l'inquisition dans ces affaires
39:21aura plus servi à épargner aux accusés la fureur populaire dont elles étaient l'objet,
39:26car c'est bien de la fureur populaire dont elles étaient victimes.
39:29L'église a donc requalifié en hérésie ce qu'on prenait pour de la sorcellerie,
39:33et a donc tenté de convaincre plutôt que de punir sauvagement.
39:36Et de toute façon, tout ce qu'on connaît sur l'inquisition,
39:39et ce qui a été repris par tous les historiens et tous les philosophes,
39:42viennent de ce monsieur Étienne de Lamotte-Langon,
39:45qui a inventé tout un tas de choses sur l'inquisition.
39:47Pour lui, par exemple, la chasse aux sorcières
39:49est la suite logique de l'inquisition menée à l'encontre des clans,
39:53et la suite logique de l'inquisition menée à l'encontre des cathares.
39:56L'église, s'étant débarrassée du problème cathare,
39:59aurait ensuite concentré son énergie sur les sorcières, comme ça, pour le plaisir.
40:03Des accusations qui ont été reprises par Michelet et toute la fine équipe, quoi.
40:06Michelet, qui est d'ailleurs l'inventeur d'un mythe persistant sur le Moyen-Âge,
40:10qui est le droit de cuissage, mais ça, ça mériterait un sujet entier.
40:13Et pour savoir précisément tout ce qui a été dit et surtout inventé sur le Moyen-Âge,
40:17et qui est derrière tout ça, je vous renvoie au livre de Marion Cigo,
40:20L'Achelasse aux sorcières et l'Inquisition.
40:22Salut Marion !
40:23Donc on a vu que c'était des tribunaux laïcs, on a vu que ça n'était pas au Moyen-Âge,
40:26on a vu que ça n'était pas que des femmes,
40:28on a vu que l'Inquisition n'avait rien à voir, ou presque, là-dedans,
40:31mais surtout, ce qu'on oublie de dire, c'est que l'immense majorité des sorcières
40:35ont été brûlées en pays protestants,
40:37sur lesquels l'Inquisition n'avait bien sûr aucune prise,
40:39puisqu'elle était issue de l'église catholique de Rome.
40:41Déjà, l'émergence de la réforme à la fin du Moyen-Âge
40:44a entraîné tout un tas de doutes et de peurs dans la population.
40:47Il n'y avait plus de repères, la foi était en recul,
40:49et partout, on craignait le diable et ses vilaines créatures.
40:52Non seulement il y avait des démons partout,
40:54mais ils étaient secondés par des humains, les sorciers et les sorcières.
40:58Car la peur de la sorcière, profondément, c'est la peur du diable.
41:01Et évidemment, dans une société tiraillée par la peur,
41:04comme toujours, on cherche un bouc émissaire.
41:14Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
41:45Pourquoi ce fut plus l'affaire des pays protestants plutôt que les pays catholiques ?
41:49Pas parce que les protestants sont plus méchants,
41:51mais surtout parce qu'il n'y avait plus d'autorité chez les protestants.
41:54Comme ils rejetaient l'église et qu'il n'y avait pas d'intermédiaire entre Dieu et les hommes,
41:58évidemment, il n'y avait plus d'autorité morale supérieure pour réguler cette fureur populaire.
42:03Et c'est bien ça le problème, il fallait une autorité morale sévère et incontestable pour réguler tout ça.
42:09Ce fut, en France et dans les pays catholiques, le rôle de l'église,
42:12et c'est pourquoi il y a eu beaucoup moins de sorcières brûlées.
42:15La chasse aux sorcières se termine officiellement le 25 avril 1672,
42:19au moment où le Conseil royal rend un arrêt qui interdit que l'innocence
42:23soit plus longtemps exposée à la calomnie et à l'avarice.
42:27Là encore, on voit que c'est une autorité supérieure, à savoir le roi et l'État naissant,
42:31qui met fin à ce phénomène devenu incontrôlable.
42:34En conclusion, pour reprendre un peu tous ces mensonges,
42:36la chasse aux sorcières n'a pas eu lieu au Moyen Âge mais à la Renaissance,
42:40elle s'est d'ailleurs terminée au Grand Siècle, comme on vient de le voir,
42:43elle a été l'œuvre de tribunaux laïcs,
42:45et elle a concerné majoritairement des pays protestants
42:48qui étaient dépourvus de l'autorité de l'église susceptible d'arrêter tout ça.
42:52Ce qu'il importe de comprendre aussi, c'est que la chasse aux sorcières et la peur du diable
42:55furent avant tout la conséquence de la perte du sentiment religieux,
42:59et non pas de son excès.
43:00Le problème, c'est qu'aujourd'hui encore,
43:02toutes ces idées reçues sont tenaces et demeurent sur le Moyen Âge.
43:05D'ailleurs, dans les années 70, sur l'impulsion des 68ards,
43:08on ne leur dira jamais assez merci,
43:10on a accolé aux sorcières une image de femmes libres et indépendantes
43:13oppressées par la tyrannique église.
43:15Bon, ça, c'est même pas la peine d'y répondre, quoi.
43:18Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode de La Petite Histoire,
43:21je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures
43:23et de nouvelles démystifications sur TV Liberté.
43:35Sous-titrage Société Radio-Canada

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