Derrière l'image : tensions à la frontière entre le Liban et Israël

  • il y a 3 mois

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00:00Bienvenue dans votre rendez-vous derrière l'image.
00:03Cette séquence pour prendre le temps de décrypter l'info à partir de photos qui font sens.
00:07Et nous tournons le regard aujourd'hui vers le Proche-Orient.
00:09Alors que la guerre se poursuit à Gaza, nous nous intéressons à cette autre bataille qui se joue sur le Front Nord.
00:15Depuis le 7 octobre, les tensions n'ont fait qu'aller crescendo à la frontière entre Israël et le Liban.
00:20Un jeu risqué de coup pour coup qui s'est intensifié ces dernières semaines.
00:24On en parle avec vous Cyril Payen. Bonjour Cyril.
00:26Bonjour.
00:27Alors c'est la tradition, vous n'êtes pas venu les mains vides. Avec vous un cliché, une photo prise du ciel dont on avait déjà parlé la semaine dernière. Expliquez-nous.
00:35Oui, effectivement. Ce n'est pas ce qu'on fait d'habitude. Je me présente mais c'est juste pour ça.
00:39C'est une capture de vidéo qu'on va vous présenter qui n'est évidemment, vous le voyez, qui n'est pas là pour son esthétique.
00:45Ce n'est pas très très beau mais plus pour son symbole, sa valeur de propagande.
00:50C'est une capture d'une vidéo, donc effectivement, on a parlé il y a quelques jours parce qu'on en parle encore beaucoup dans cette partie du monde.
00:58Et notamment dans les parties du monde que ça concerne, c'est-à-dire le Sud Liban, la milice du Hezbollah qui a filmé ces images.
01:05Et bien évidemment l'ennemi, je dirais, le frère ennemi israélien, le Nord d'Israël.
01:10Donc ce sont des navires de guerre israéliens qui sont dans le port, la partie militaire du port de Raïfa, la grande ville du Nord d'Israël, l'une des cibles potentielles du Hezbollah.
01:22Pourquoi ces images sont là ? Et bien parce que c'est un extrait de cette vidéo d'un drone de reconnaissance du Hezbollah d'environ 9 minutes.
01:30Ce n'était jamais arrivé d'avoir un drone qui rentre comme ça, qui fait ces images et qui sort sans avoir été abattu par l'armée israélienne.
01:37Ça c'est vraiment un pied de nez propagandiste du Hezbollah.
01:40Donc ça montre évidemment des navires de guerre.
01:43Ce n'est pas terrible ça pour cacher évidemment son arsenal, mais ça va bien au-delà.
01:47Puisque cette vidéo montre aussi, et donc les photos qui vont après, montre même le dôme de fer.
01:53Ce système antimissile dont se sert abondamment Israël pour repousser toute forme d'attaque.
02:00Ça montre aussi l'aéroport de Raïfa.
02:04Donc en général ces vidéos se cantonnaient au kibbutz militarisé, aux forces en présence juste sur la frontière, n'allaient jamais aussi loin.
02:12Ou alors la ville de Kiryat Shmona qui est à quelques centaines de mètres de la frontière.
02:17Donc c'est un énorme défi qui fait beaucoup couler dans, qui a déchaîné les passions.
02:22Surtout que suite à cette photo extrêmement claire, limpide, le chef du Hezbollah, l'ennemi juré d'Israël, le chef de la milice pro-iranienne au sud de Liban,
02:32a fait une déclaration tonitruante en disant vous voyez nous savons où sauvons-ci.
02:36Nous avons cette capacité et nous sommes donc prêts à en découdre avec vous.
02:40Donc parfois une image en elle seule, symboliquement, est une véritable déclaration de guerre.
02:45D'ailleurs ça a mis vraiment le feu aux poutres parce que, vous en parliez, on n'a jamais été aussi proche, dans le climat de tension, d'une guerre entre les deux parties
02:55depuis l'attaque du 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël.
02:59Voilà, vous venez de le dire, ce cliché qui intervient dans un contexte bien précis.
03:03Le Hezbollah menace et les Israéliens de leur côté apparaissent sur le pied de guerre.
03:08Oui, effectivement, dans cette zone ultra militarisée entre le sud du Liban et le nord d'Israël,
03:15cette ligne bleue qui est en fait une répartition assez incroyable parce qu'on ne parle que quelques dizaines de kilomètres
03:22qui concentrent toute cette violence, toute cette haine.
03:26Alors oui, effectivement, du côté israélien, on n'est pas en reste puisque ce qui est sous-entendu depuis quelques semaines
03:31dans les chancelleries et dans les milieux du renseignement militaire, c'est qu'une offensive serait en préparation de la part des Israéliens.
03:36Mais là, c'est bas les masques. Effectivement, le commandant des forces israéliennes du nord a dit que toute l'opération,
03:42elle est prête pour attaquer le sud du Liban et peut-être un peu plus d'ailleurs.
03:47L'idée est en fait générale et le Premier ministre Benjamin Netanyahou l'a également dit dans une interview à un journal français.
03:53Tout est prêt, nous allons repousser le Hezbollah qui est un ennemi, je dirais, presque structurel, originel.
03:59Mais aussi le fort peu diplomatique ministre des affaires étrangères des Israéliens, Israel Katz,
04:05qui lui a carrément parlé de guerre totale en disant que nous, à Tel Aviv, nous sommes prêts à changer très bientôt les règles du jeu.
04:12En bref, pour résumer, un certain nombre de chancelleries, dont les ressortissants sont très présents au Liban,
04:17ont préparé leur plan d'évacuation. C'est le cas de la France, c'est le cas du Canada, du Kuwait, des Etats-Unis.
04:22Mais là, on sent bien qu'il y a une accélération. Les personnels des entreprises qui ne sont pas nécessaires
04:27se mettent à partir. Et beaucoup de chancelleries occidentales, notamment, recommandent absolument à leurs ressortissants
04:34de ne pas se rendre au Liban. Donc on sent que sur ce fond de tension, d'acrimonie, de messages biliqueux et d'énormes provocations,
04:41il y a ces fameuses lignes rouges dont on parle qui sont de plus en plus dangereusement franchies.
04:46Et il a enfoncé le clou hier Benjamin Netanyahou, vous l'évoquiez, première conférence de presse depuis le 7 octobre dernier en hébreu.
04:52Il répond aux questions des journalistes sur une chaîne israélienne et il indique que les renforts qui sont actuellement
04:58dans le sud de l'enclave palestinienne vont être redéployés vers le nord.
05:02Effectivement, et on va l'écouter, je crois qu'on va le laisser parler. C'était sur la chaîne 14 israélienne.
05:08Il s'adresse assez peu aux télévisions israéliennes. Il a des mots assez forts, notamment sur l'avenir de la guerre.
05:13Écoutez, c'est Benjamin Netanyahou, pardon, le Premier ministre israélien.
05:17Une fois la phase la plus intensive terminée, nous aurons la possibilité de déplacer une partie de nos forces vers le nord.
05:23Et nous le ferons. D'abord et avant tout à des fins défensives et deuxièmement pour ramener nos résidents évacués chez eux.
05:30Si nous le pouvons, nous le ferons de manière diplomatique. Sinon, nous le ferons d'une autre manière.
05:35Mais nous ramènerons tous les résidents chez eux, ceux du nord comme ceux du sud.
05:39Alors si Benjamin Netanyahou parle de ses résidents du nord, c'est que c'est un énorme problème de politique intérieure.
05:44Il y a 140 000 personnes qui vivaient dans ces zones frontalières, qui ont été évacuées préventivement quelques jours après l'attaque du Hamas
05:53avec une arrivée massive de soldats israéliens. Et ces habitants, 140 000 personnes tout de même, sont tous hébergés
06:00aux frais du gouvernement israélien, plus au sud, en Galilée, autour du lac Tiberia.
06:04Donc il y a une grogne puisque ces gens veulent rentrer chez eux, on peut le comprendre, avoir leurs activités professionnelles et sociales.
06:10Et ils ont rejoint de plus en plus le cortège de ces dizaines, de ces centaines de milliers d'israéliens, membres de la société civile,
06:16de tout horizon d'ailleurs, qui manifestent bruyamment tous les week-ends contre Benjamin Netanyahou.
06:20Alors je vous propose justement de donner la parole à l'un d'entre eux, un ressortissant franco-israélien.
06:26C'est Jean Noël qui habite, lui, dans l'un des kiboutz, le kiboutz de Barham, qui est l'un de ceux qui étaient un jet de pierre de la frontière libanaise.
06:33On va écouter ce qu'il a eu à dire. On le remercie d'avoir témoigné sur notre antenne. Écoutez.
06:41Un retour dans nos foyers, tout habitant du nord d'Israël en rêve bien sûr, mais pas à n'importe quel prix.
06:47Nous avons tous un manque de confiance envers le gouvernement, un manque de confiance flagrant.
06:54Le gouvernement et ses belles promesses. Nous avons l'habitude de cette poudre aux yeux qui ne change rien à notre situation.
07:04Beaucoup de personnes déplacées, je pense, sont prêtes à rentrer immédiatement.
07:08Mais le véritable défi, à mon avis, sera de demander aux parents d'emmener leurs enfants ou d'envoyer leurs enfants à l'école, au collège, en prenant le bus le long de la frontière du Liban.
07:22Personne ici n'a envie de souhaiter un autre 7 octobre, mais dans le nord, cette fois-ci.
07:32Voilà, c'est très concret. La question c'est des placés israéliens qui commencent à devenir un vrai problème, un sérieux problème que Benyamin Netanyahou est appelé à régler.
07:40Absolument. Et là, Jean-Noël le dit très clairement. Et c'est très courageux d'ailleurs d'affirmer comme ça sur une télévision française qu'il est en total désaccord avec la stratégie,
07:48s'il y en a une, de Benyamin Netanyahou et qu'il ne croit pas à cette sécurisation puisque Benyamin Netanyahou a promis depuis deux semaines à peu près
07:56que les résidents pourraient rentrer dans leur foyer du nord d'Israël d'ici septembre.
08:00Alors, on ne sait pas ce qui va se passer entre-temps. Est-ce que ça veut dire que la négociation diplomatique aura eu raison des tensions ?
08:06Ou alors, est-ce que ça veut dire qu'il y a une opération militaire, une grosse offensive qui est en cours et qu'il peut déjà estimer qu'en septembre, tout cela sera terminé ?
08:16D'où les grandes interrogations et puis, il faut le dire très clairement, les craintes de beaucoup des résidents dont faisait écho évidemment le discours de Jean-Noël
08:25qui habite dans ces kibouts de la frontière libanaise.
08:28On va revenir peut-être à l'interview du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qui explique aussi, qui annonce surtout la fin prochaine de la guerre intense à Gaza.
08:38Le mot intense, c'est le sien.
08:40Oui, c'est intense dans l'intensité. Tout est un peu relatif dans la définition de l'intensité d'une guerre comme Rafa,
08:45sachant que l'organisation humanitaire Save the Children a annoncé ce matin qu'il y avait une estimation de 21 000 enfants gazaouis,
08:55dont on n'a pas de nouvelles, pas de traces qu'ils soient morts, qu'ils aient disparu d'une manière ou d'une autre.
08:59Donc évidemment, des chiffres effroyables. Il parle de changer d'intensité certainement.
09:04La vraie question en creux dans cette interview, c'est est-ce qu'il y a un consensus en Israël pour ouvrir un deuxième front ?
09:11Alors que même si on baisse d'intensité dans l'offensive sur Rafa et sur Gaza,
09:18ouvrir un front contre le Hezbollah, le Hezbollah, c'est quatre fois supérieur en roquettes, en nombre, que la masse, c'est un autre problème.
09:27En tout cas, on va aussi avoir un témoignage et une réaction à chaud depuis Gaza à cette interview du Premier ministre Netanyahou,
09:36dont on parle aussi beaucoup dans cette région.
09:38Je vous propose d'écouter Rami Abou-Jamous, notre fidèle correspondant qui se trouve dans sa tente, dans un camp de réfugiés dans le sud de Gaza.
09:47Il nous a livré ses impressions il y a quelques instants et puis nous a envoyé ce témoignage. C'est Rami Abou-Jamous.
09:54Malheureusement, cette phase-là, c'est la pire des phases pour la population et surtout pour les déplacer, parce que c'est une phase de non-paix, non-guerre.
10:02On est dans la non-paix, on est dans la non-guerre, on ne sait pas est-ce qu'on doit rester chez nous, est-ce qu'on peut rentrer chez nous.
10:10Pour les déplacer, est-ce qu'on va rester toujours sous les tentes, est-ce qu'on va rentrer chez nous, est-ce que le terminal Rafah va être ouvert, est-ce que l'aide humanitaire va rentrer.
10:19Et donc, c'est la pire des phases et surtout que ce qu'on vit aujourd'hui, la ville de Gaza et le nord de la bande de Gaza,
10:25ce qu'ils sont en train de vivre, c'est la famine, parce qu'ils sont bloqués partout et bombardés quand ils veulent.
10:31Donc les Israéliens, ils ont passé par cette phase de surveiller, surveiller et punir.
10:36Et donc, ils nous surveillent 24 heures sur 24, ils nous punissent quand ils veulent.
10:40Et surtout, cette punition collective de toute la population de Gaza et ce qu'on appelle l'arme de la famine.
10:49Est-ce que ça va être aussi au sud de la bande de Gaza la même chose ?
10:52Et c'est pour ça que cette phase-là, c'est la plus dure des phases.
10:57Et c'est vraiment, on va souffrir parce qu'on ne sait pas, est-ce qu'on est dans la paix ou on est dans la guerre.
11:04Voilà, cette phase-là est la plus dure.
11:07Des mots, évidemment, lourds de sang.
11:10Cyril, quand on voit ce qui s'est déjà passé ces huit derniers mois, notamment pour les Palestiniens,
11:14qu'est-ce qu'il faut comprendre au vu de ce que dit Benjamin Netanyahou,
11:18ce que disent les Palestiniens aussi aujourd'hui en la personne de Rami ?
11:22C'est que le cessez-le-feu qu'on attend, qu'on a longuement annoncé comme imminent,
11:27il est mort, il est tué dans l'œuf ?
11:29Là, ça fait longtemps qu'on attendait ce cessez-le-feu,
11:31dont on connaît très très bien le mode opératoire, le modus operandi,
11:34mais qui ne fonctionne pas puisqu'à un moment, c'est évidemment les opérateurs du Hamas
11:39qui font marche arrière, qui rétropédalent.
11:43Et un autre coup, on le sait bien, c'est le Premier ministre Benjamin Netanyahou
11:46qui, je le rappelle, accorde cette commission d'enquête qui va voir le jour un jour en Israël
11:51pour déterminer le degré de responsabilité dans la faille sécuritaire
11:55qui a mené au massacre du 7 octobre du Hamas,
11:58mais également toutes ces casseroles politico-judiciaires
12:03qui l'attendent une fois que son immunité de Premier ministre sera levée.
12:06Donc là, c'est un secret de polichinelle de ne pas dire que Benjamin Netanyahou a besoin de ce guerre.
12:13Ce qui se passe en tout cas, et on voit bien le désarroi de cet habitant qui est Ramy,
12:18c'est qu'en fait, c'est la phase 3 de la stratégie militaire à Gaza, de l'armée israélienne, qui va commencer.
12:23C'est pour ça que le ministre de la Défense, proche de Benjamin Netanyahou, Yoav Galant,
12:26est en train de vendre, si j'ose dire, à Washington, à l'administration américaine, la pourvoyeuse d'armes,
12:31cette phase 3 qui, de loin en tout cas, signifie la fin de la guerre
12:37et encore moins une occasion de se réjouir pour les Gazaouis.
12:41Voilà, des Gazaouis qu'on aperçoit derrière vous, prises en charge. Merci Cyril.

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