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Au programme :
Le Journal olympique de Cécile Grès :
• Dopage : des JO sous surveillance
Invité : Franck Dubosc
• Le président Franck Dubosc
• Le message inattendu de Claude Lelouch à Franck Dubosc
• L’hommage à Anouk Aimée
• Le cinéma de Franck Dubosc
• Maladie de Charcot : le message d’Antoine Mesnier
• Franck Dubosc : en toute intimité
Invités : Bruno Jeudy, Ivanne Trippenbach et Guillaume Durand
• Le RN a-t-il réussi sa « dédiabolisation » ?
• Le RN aux portes du pouvoir
• Vaujours, la ville de Seine-Saint-Denis qui a voté RN
• Vaujours, la ville de Seine-Saint-Denis qui vote RN
• Le vote RN en Seine-Saint-Denis
• Ils ont voté RN en Seine-Saint-Denis
• Législatives : dans les coulisses de la campagne
• Quand la droite s’alliait déjà au FN
• Ciotti / Bardella : les dessous d’une alliance
Le mot de la fin
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Le mot de la fin
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TVTranscription
00:00Générique
00:05Bienvenue dans C'est les deux, la suite, on est ensemble jusqu'à 21h avec Natacha, Victor et Eva.
00:09Nous recevons ce soir un invité spécial, Franck Dubosc, président du jury du festival de cinéma de la Bôle,
00:14avec Claude Lelouch en invité d'honneur.
00:16Nous rendrons aussi hommage à Anouk Aimé qui nous a quitté cette semaine.
00:19Et puis page spéciale législative à 20h20, nous sommes à 8 jours du premier tour,
00:24le RN a-t-il réussi sa dédiabolisation ?
00:27On remontera le cours de l'histoire avec Bruno Jeudy de La Tribune Dimanche,
00:30Guillaume Durand et Ivan Trippenbach.
00:33Mais d'abord, avant de recevoir Franck Dubosc, c'est le JO, le journal olympique de Cécile Gray,
00:37on est à J-33.
00:47L'un des gros enjeux des JO, c'est la lutte contre le dopage.
00:50Cécile, vous avez rencontré cette semaine la patronne de l'anti-dopage en France,
00:54Béatrice Bourgeois, elle aussi se prépare pour tenter d'éviter le scandale.
00:58Elle est au travail, elle se fait très discrète,
01:00elle a accepté de répondre à ses léptos, ce sera sa seule télé.
01:02Depuis un an, cette ancienne conseillère d'Etat a pris la direction de l'agence française
01:06de lutte contre le dopage, une autorité publique totalement indépendante
01:09pour garantir un sport propre.
01:11Elle nous explique quels athlètes sont et seront contrôlés.
01:15Pendant longtemps, la lutte contre le dopage, ça a été d'abord la sphère répressive.
01:20Il fallait contrôler les fraudeurs, les prendre, les sanctionner.
01:24Mais à côté de ça, il y a une autre mission qui est une mission d'éducation
01:28parce que le dopage, c'est compliqué aussi de savoir se prévenir
01:31contre un dopage non intentionnel.
01:33Il y a une analyse de risque qui est faite en amont, qui est extrêmement précise.
01:37Elle voit les risques par discipline, parce que si vous êtes dans des disciplines
01:40qui demandent beaucoup de puissance, beaucoup d'endurance,
01:43forcément les produits de pompe peuvent avoir un intérêt plus grand
01:46et une étude de risque individuel.
01:49Tel sportif, il en est à quel moment de sa carrière ?
01:52Est-ce qu'il a des facteurs de fragilité ? Est-ce qu'il a des enjeux très grands ?
01:55Et donc on teste tel sportif à tel endroit et à tel moment.
01:59C'est extrêmement précis.
02:01Les sportifs ne savent jamais quand ils vont être testés.
02:04Ça, c'est le plus nécessaire pour la réussite.
02:06En 2023, 12 044 prélèvements sur des sportifs ont été effectués
02:10pour 105 résultats anormaux.
02:12A votre avis, quel est le sport le plus touché par le dopage en ce moment ?
02:16Cyclisme.
02:17On pense toujours au cyclisme.
02:18L'athlétisme, non ?
02:19C'est le MMA.
02:20Bien sûr, il est récent.
02:22Pour les Jeux olympiques, 6 000 prélèvements seront faits,
02:252 600 pendant les paralympiques.
02:27Et en amont, tous les athlètes français sont géolocalisés
02:30et soumis à des règles très strictes, contrôlées inopinément tout au long de l'année.
02:34En temps normal, les process sont un peu longs.
02:36Pour les JO, on met les bouchées doubles.
02:38Pour les Jeux, c'est très rapide.
02:40Il faut tout de suite avoir les résultats.
02:42Vous avez des contrôles qui sont diligentés.
02:45Il y a 300 prélèveurs qui sont un peu partout, sur tous les sites.
02:48Dès qu'on leur donne une mission, ils vont jusqu'à la compétition.
02:53Là, le prélèvement est effectué dans la foulée.
02:56Ils peuvent avoir lieu à tout moment, la journée, y compris la nuit.
02:59Très vite, les transports qui sont mis en place par le COJO
03:02permettent de transporter les gentillons
03:04qui arrivent au laboratoire français antidopage,
03:08qui est le seul compétent pour les traiter.
03:10Et là, en l'espace de 24 à 72 heures, on aura la réponse.
03:14Tous les podiums seront contrôlés pour les JO.
03:17Non seulement ils seront contrôlés,
03:19mais les échantillons qui seront pris vont être gardés pendant 10 ans.
03:22Et pendant 10 ans, ils sont susceptibles d'être réanalysés.
03:25C'est-à-dire que si on fait des progrès en matière scientifique
03:29sur des choses qu'on n'arriverait pas à détecter encore parfaitement aujourd'hui,
03:33c'est dans 5 ans, 8 ans, on les détecte.
03:35C'est de manière rétroactive.
03:37Évidemment, la médaille est perdue,
03:39mais c'est celui qui aurait dû l'avoir qui l'a.
03:42Donc c'est quand même assez dissuasif.
03:44En 2023, année pré-Olympique,
03:46le nombre de dossiers disciplinaires enregistrés a été multiplié par deux.
03:49Les anabolisants sont les produits dopants les plus pris
03:51et constituent 30% des violations.
03:53Et Béatrice Bourgeois le rappelle,
03:55au-delà de la triche, c'est mal,
03:57mais surtout, tricher, c'est très mauvais pour la santé.
04:00On va retenir ce slogan. Merci beaucoup, Cécile.
04:02La semaine prochaine, vous allez trampoliner.
04:04Oui, avec vous tous.
04:06Oui, bien sûr.
04:08On a hâte de voir ça.
04:10À la semaine prochaine.
04:12Nous accueillons maintenant Franck Dubosc.
04:14J'entends rien.
04:16J'entends rien.
04:18Bonsoir, Franck Dubosc.
04:20Bonsoir.
04:22On est très contents de vous recevoir.
04:24Bonsoir, monsieur le président.
04:26C'est ça que vous aurez dû dire.
04:28Pas de mots qui portent malheur.
04:30Président du jury.
04:32Vous présidez le jury du Festival de cinéma et musique de film de la Bôle
04:36du 26 au 30 juin.
04:38Invité d'honneur cette année, le réalisateur Claude Lelouch.
04:40Il va y avoir un grand concert symphonique
04:42qui va rejouer les bandes originales lelouchiennes.
04:46Ça s'annonce comme étant magnifique.
04:48Il y aura aussi le chef Nicolas Guirault,
04:50l'arrangeur des musiques de film,
04:52qui va, c'est ça, rejouer les musiques.
04:54Il me semble que c'est ça.
04:56Je voulais.
04:58Lelouch a un message pour vous.
05:00Mon cher Franck,
05:02je sais qu'on a le projet
05:04de faire un jour un film ensemble.
05:06C'est toujours dans ma tête.
05:08Prochainement, sur cet écran,
05:10tu auras peut-être de mes nouvelles.
05:12Je t'embrasse très fort.
05:14C'est quoi cette histoire ?
05:16Ça fait longtemps qu'on veut faire un film ensemble.
05:18On est passé à côté.
05:20À l'époque, on devait en faire un.
05:22Ça ne s'est pas fait pour des raisons
05:24de santé d'un autre acteur.
05:26Ça fait longtemps.
05:28On s'en parle toujours.
05:30Le même projet ?
05:32Non, un autre acteur.
05:34Non, c'est à moi,
05:36Claude Lelouch.
05:38Je suis un grand fan de tous ses films.
05:40Le concert qui va avoir lieu à La Baule,
05:42j'ai vu le concert
05:44en grosse grandeur
05:46au Palais des Congrès.
05:48C'était formidable.
05:50Voir les extraits de films
05:52avec la musique, un orchestre.
05:5450 % cinéma, 50 % musique.
05:56Il a su mettre...
05:58Tourner avec Claude Lelouch,
06:00j'aimerais bien.
06:02On a compris que c'était pour bientôt.
06:04On repense à Un homme et une femme.
06:06On a appris la mort de l'actrice mythique
06:08qui était très présente
06:10dans le cinéma de Fellini,
06:12La Dolce Vita,
06:14ou encore Lula de Jacques Demy.
06:16On va regarder un extrait d'Un homme et une femme.
06:18Vous n'avez jamais pensé
06:20être comédienne ?
06:22Oui, mais ça m'aurait ennuyée.
06:24Pourquoi ?
06:26Je ne sais pas.
06:28Il faut un peu...
06:30Je ne sais pas.
06:34Ce n'est pas tellement difficile
06:36de jouer la comédie, non ?
06:38Ce n'est pas plus difficile que d'être script
06:40ou monteuse, non ?
06:42Oui. Je suis ravie
06:44de faire mes dégâts.
06:46Ça m'aurait un peu ennuyée d'être actrice.
06:48C'est plus sérieux d'être technicien ?
06:50Plus sérieux, c'est peut-être plus vrai.
06:56Ce qui est étonnant, c'est juste avant,
06:58dans ce dîner,
07:00elle lui demande ce qu'il fait.
07:02Je suis un métier qui ennuie les femmes.
07:04C'est assez étrange.
07:06Aujourd'hui, ce sont des choses
07:08qu'on ne mettrait pas...
07:10C'est un homme et une femme.
07:12Je le revoyais l'autre jour.
07:14C'est étonnant.
07:16Il se dit des choses de ces années-là,
07:18entre les hommes et les femmes.
07:20C'est très beau, c'est très joli.
07:22C'est un homme et une femme,
07:24mais qu'on ne mettrait plus dans les films d'aujourd'hui.
07:26Vous êtes nostalgique ?
07:28Oui.
07:30On va réécouter
07:32comment elle racontait le tournage.
07:34J'ai eu un problème avec toi.
07:36Elle ne voulait pas monter sur le bateau
07:38pour faire la séquence du bateau.
07:40Elle m'a dit non pas du tout.
07:42Moi, je ne monte pas sur un bateau.
07:44Si vous les tournez sur un bateau,
07:46vous n'avez qu'à faire le concert.
07:48C'était d'ailleurs le premier jour.
07:50Je ne sais pas aller sur un bateau
07:52s'il y a des vagues.
07:54Après le bateau, les vagues...
07:56Elle a été insupportable.
07:58C'est l'histoire la plus drôle du tournage.
08:00C'est celle-là.
08:02Elle m'embêtait avec Félini.
08:04Félini par-ci, Félini par-là.
08:06Il ne m'a jamais fait monter sur un bateau.
08:08C'est amusant ce caprice du bateau.
08:10C'était une grande star.
08:12Elle donne sa chance à un jeune réalisateur.
08:14Je suis très content
08:16qu'il soit à l'honneur dans ce festival.
08:18Dans tous nos réalisateurs,
08:20je trouve que c'est celui
08:22qui est le plus représentatif
08:24du cinéma et de la musique.
08:26On a tous...
08:28On donne des titres
08:30et on est capables de fredonner...
08:32Chabadabada.
08:34Oui, c'est vrai.
08:36On l'a mal dit.
08:38C'est devenu presque une expression.
08:40Une musique devient une expression.
08:42C'est un peu chabadabada.
08:44Oui.
08:46C'est formidable.
08:48Si votre vie était une BO,
08:50ce serait quoi ?
08:52Celle-là.
08:54Sans hésiter.
08:56Si on ne l'avait pas entendue là,
08:58je chercherais.
09:00Mais je vous dis que c'est celle-là.
09:02Quand on parle de musique et de cinéma,
09:04on pense à un acteur très populaire,
09:06à la fois crooner et acteur,
09:08Guy Marchand, qui nous a quittés
09:10juste avant les fêtes de Noël.
09:12Vous l'aimiez beaucoup.
09:14Il jouait votre père dans un téléfilm
09:16la dernière partie.
09:18Il avait 86 ans.
09:20Il était comment ?
09:22Il était...
09:24En fait, il jouait mon père.
09:26Il avait quelque chose...
09:28Je trouve qu'il était mon père.
09:30Mon père aurait été très fier.
09:32Il était...
09:34élégant.
09:36Un peu seigneur.
09:38Il avait la voix tremblotante
09:40parce que c'était un peu la fin,
09:42la fatigue.
09:44Il était très fatigué,
09:46mais sans le montrer,
09:48avec un esprit de jeune homme.
09:50C'est un homme âgé avec un esprit
09:52de jeune homme.
09:54On sentait, quand il parlait,
09:56l'envie de raconter des choses
09:58avec sa façon de parler,
10:00ses mots un peu à l'ancienne.
10:02L'élégance d'un ancien boxeur
10:04élégant.
10:06L'élégance en amour.
10:08Ce film dont on parle,
10:10dans lequel il jouait votre père,
10:12c'était l'histoire d'un homme
10:14qui se faisait euthanasier.
10:16C'est l'histoire de votre père
10:18qui était atteint de la maladie de Charcot.
10:20C'est vrai qu'on était tout proche
10:22récemment d'une loi sur la fin de vie.
10:24Elle était en train d'être débattue.
10:26La dissolution de l'Assemblée nationale
10:28a tout stoppé.
10:30Vous allez entendre la réaction
10:32d'un médecin qu'on aime beaucoup
10:34de la possibilité de m'exprimer
10:36par cette vidéo sur la loi sur la fin de vie
10:38qui est mise en cause dans ce moment
10:40par la dissolution et par les partis politiques.
10:42Si je veux à tout prix
10:44crier ma colère, c'est parce que
10:46cette loi est indispensable
10:48parce que ça peut toucher tout le monde.
10:50Aujourd'hui, moi qui suis atteint de la maladie de Charcot,
10:52j'ai envie qu'on puisse
10:54m'aider à mourir le jour où je le déciderai.
10:56Pour l'instant, j'ai envie de vivre, j'ai envie de me battre,
10:58j'ai envie de faire plein de choses.
11:00J'ai essayé d'aller voir tous les hommes politiques
11:02sur la fin de vie et aujourd'hui, je vois qu'elle est mise
11:04à la poubelle ou qu'elle est mise en cause
11:06et que certains partis politiques veulent la supprimer.
11:08Je suis en colère, non seulement parce que
11:10j'ai une maladie et que je n'avais pas envie de l'avoir
11:12et non seulement parce que je n'aurais même pas le droit
11:14de mourir au moment où j'en aurais envie
11:16alors que je suis condamné.
11:18Je vous en supplie, essayez de bouger les choses
11:20et soutenons-nous.
11:22Moi, je pense qu'il faut être libre de choisir sa mort.
11:24Il faut être égaux parce qu'on est tous égaux
11:26devant la mort et devant le droit de mourir
11:28et en être fraternels.
11:30Comment vous réagissez ?
11:32Il a raison.
11:34Moi, mon père s'en est arrangé de la loi.
11:36Je peux le dire, tous ceux qui ont participé
11:38sont morts maintenant.
11:40Moi, je n'ai pas participé.
11:42Il s'en est arrangé, mais effectivement,
11:44j'ai vu mon père essayer d'écrire
11:46une lettre avant qu'il ne puisse plus écrire
11:48puisque il ne pouvait plus parler.
11:50Mais je trouve qu'effectivement,
11:52après, c'est un débat,
11:54c'est très difficile.
11:56Moi, si on me demandait aujourd'hui
11:58est-ce que si tu tombes dans le coma,
12:00par exemple,
12:02est-ce que tu nous autorises
12:04à te faire finir ta vie,
12:06je suis incapable de le dire aujourd'hui.
12:08Si je dis oui, peut-être que j'aurais envie de dire non.
12:10Mais dans le cas des gens
12:12qui ont encore leur plein esprit,
12:14je pense qu'il faut les laisser.
12:16Moi, mon père ne voulait plus vivre.
12:18Il avait toute sa tête. Je suis allé lui dire au revoir.
12:20On s'est dit au revoir. On a fait une partie de Scrabble.
12:22C'était le titre de la dernière partie.
12:24On a joué ensemble. Il m'a dit au revoir au balcon,
12:26je l'ai regardé et je savais que deux jours après,
12:28c'était fini.
12:30Mais il savait ce qu'il faisait.
12:32Il n'était pas...
12:34Dans ces cas-là, alors c'est pour ça,
12:36c'est difficile les lois parce qu'il y a des cas différents.
12:38Il y a des cas particuliers.
12:40Quelqu'un qui est dans le coma,
12:42quelqu'un qui a un légume,
12:44peut-être que quelqu'un qui a un légume a encore envie de vivre,
12:46j'en sais rien. C'est une loi difficile.
12:48Mais l'abandonner, là, en ce moment,
12:50je trouve que c'est vraiment horrible.
12:52Il y a une anecdote qui raconte très bien
12:54votre père et votre amour de la scène.
12:56Quand votre père meurt, vous montez sur scène
12:58et ça vous aide dans votre chagrin.
13:00Vous dites, le fait que les gens rient sans savoir,
13:02ça m'a beaucoup aidé.
13:04Oui, parce que j'avais une réplique
13:06où j'imitais mon père.
13:08Il venait de mourir dans l'après-midi.
13:10On m'a appelé, ça y est, c'est fait.
13:12Ce n'est pas fait aussi facilement que ça,
13:14mais au téléphone, c'était facile.
13:16Et sur scène, je parlais de lui.
13:18Mon père m'a dit...
13:20En plus, avec une façon de parler
13:22un peu comme ça.
13:24C'est comme ça qu'il était dans la vraie vie.
13:26C'était pour se moquer de lui avant.
13:28Et les gens riaient.
13:30Je leur disais, ne vous moquez pas de lui.
13:32Ne vous moquez pas de mon père.
13:34Je leur disais, il n'est pas là.
13:36Ce soir-là, il n'était pas là.
13:38Effectivement, les gens riaient.
13:40Je me disais, c'est bon qu'ils rient
13:42parce qu'ils n'ont pas à supporter, moi,
13:44ce que je viens de vivre dans la journée.
13:46Ils sont là pour rire, pas pour vivre ma vie.
13:48Je trouvais que c'était un poids
13:50que le public n'avait pas à supporter.
13:52Et en ne le supportant pas,
13:54il m'aidait, moi,
13:56à ne pas l'oublier,
13:58mais à le mettre de côté sur cet instant-là.
14:00J'ai toujours été marqué par la façon
14:02dont vous avez, sur scène et dans les films,
14:04une façon de vous caricaturer,
14:06presque de vous ridiculiser
14:08à certains personnages.
14:10On pense tout de suite à Patrick Chirac
14:12dans Camping, mais il y a plein de rôles comme ça.
14:14Est-ce que c'est si facile que ça
14:16de se ridiculiser, au fond ?
14:18Non.
14:20Ou est-ce que ça vous permet, peut-être,
14:22d'avoir une distance, de mettre un masque de clown ?
14:24Vous savez, quand on est jeune
14:26et vous avez la chambre qui n'est pas rangée,
14:28vous dites, regarde pas ma chambre,
14:30elle est mal rangée.
14:32Vous avez l'impression que personne ne va la regarder.
14:34Oh, regarde pas, j'ai un bouton.
14:36En faisant ça, en me ridiculisant,
14:38je me suis toujours dit, au moins,
14:40les gens ne me regarderont pas, moi.
14:42C'est un masque.
14:44Ça ne vous atteint pas ?
14:46Vous vous cachez, en fait ?
14:48Oui, je me cache.
14:50Oui, oui, je ne suis pas...
14:52Je n'ai jamais mis de pantalon,
14:54de zip-boots en bas, dans la vraie vie.
14:56Alors, quand on vous demande
14:58de citer vos références, vos modèles,
15:00vous citez assez souvent Bourvil.
15:02C'est-à-dire, Bourvil, cet acteur
15:04qui, sous des odeurs comiques,
15:06avait, en fait, une humanité, une tendresse.
15:08Peut-être qu'on peut l'écouter, Bourvil.
15:10Oui.
15:12Tom et moi, nous sommes très près des enfants
15:14de leur inculquer
15:16la joie de vivre.
15:18Parce que nous sommes heureux d'être sur Terre,
15:20alors on voudrait qu'ils le soient aussi.
15:22Qu'est-ce que vous aimez leur apprendre ?
15:24Je ne sais pas.
15:26Tout.
15:28Le bonheur d'être sur Terre, quoi.
15:30Par exemple, nous allons
15:32bientôt à la montagne,
15:34alors je leur dis
15:36combien ils ont de la chance
15:38de pouvoir y aller.
15:40Il y en a beaucoup d'autres qui ne peuvent pas y aller.
15:42Et...
15:44Je ne voudrais pas qu'ils trouvent ça naturel, quoi.
15:46Bien sûr.
15:48Et je crois que ça les aide
15:50à mieux apprécier.
15:52Certainement.
15:54Qu'est-ce qui vous touche chez Bourvil ?
15:56La gentillesse.
15:58Je ne sais pas.
16:00C'est quelqu'un de gentil.
16:02C'est quelqu'un d'humain.
16:04C'est un acteur formidable.
16:06C'est sûr.
16:08Mais ce qui me touche, c'est d'écouter le parler.
16:10Il a l'air gêné de parler.
16:12Et puis...
16:14Je trouve que ce qu'il dit,
16:16pour toutes les époques, ce qu'il est...
16:18Et puis il est normand, comme moi.
16:20C'est ça.
16:22Du Bosque, avant la carrière qu'on connaît de vous,
16:24vous avez aussi connu le succès Outre-Manche.
16:26C'est ce que l'on sait moins.
16:28Vous jouiez dans une série Coronation Street.
16:30C'était bien.
16:32C'était quand même 20 millions de téléspectateurs
16:34à chaque fois. Vous étiez une star.
16:36Et avant ça,
16:38vous avez même été reporter pour Channel 4.
16:40C'était 26 millions.
16:42Alors les 6 millions...
16:44C'est dingue.
16:46Ça avait 29 ans d'existence
16:48quand je suis arrivé dans la série.
16:50Et ça existe toujours.
16:52Et avant ça, on ne le sait pas non plus.
16:54Vous étiez journaliste pour Channel 4.
16:56Vous faisiez des sujets sur les transsexuels
16:58à Istanbul, sur le coup d'État à Moscou,
17:00sur la secte homiste dans le sud de la France.
17:02Est-ce que c'est un métier qui vous plaisait, journaliste ?
17:04Non.
17:06Pourquoi ?
17:08Non.
17:10Parce que...
17:12Je trouve qu'on arrangait
17:14parfois la réalité.
17:16Il m'arrivait
17:18de ne pas avoir
17:20ce que je voulais avoir
17:22dans le reportage.
17:24Mais pas trop dans le reportage.
17:26On s'arrangeait toujours pour avoir
17:28ce qu'il fallait avoir.
17:30Vous truquiez vos reportages ?
17:32On ne truquait pas, mais on dirigeait.
17:34On rentrait dans la vie des gens.
17:36J'étais tellement mal.
17:38Je me souviens des transsexuels à Istanbul.
17:40C'était très dur d'aller interroger
17:42des transsexuels à Istanbul.
17:44Déjà aujourd'hui, ça doit être difficile,
17:46mais en plus à l'époque.
17:48On leur faisait dire des vérités.
17:50Poser des questions, aller dans leur intimité.
17:52J'étais très mal à l'aise.
17:54Ils étaient tellement malheureux
17:56de leur situation, de tout ça,
17:58qu'aller chercher ça...
18:00J'avais du mal.
18:02Vous n'êtes pas trompé
18:04en changeant de carrière après ?
18:06C'était un intermède.
18:08J'avais fait Coronation Street.
18:10J'étais connu là-bas.
18:12Je cherchais un Français connu
18:14pour aller courir l'Europe.
18:16Vous êtes revenu en France
18:18parce que vous vouliez réussir en France.
18:20Je rentrais en France.
18:22Je vivais en Angleterre
18:24dans une grande suite.
18:26Quand je rentrais en France,
18:28j'avais ma petite chambre de bonne.
18:30Tout le monde s'en foutait.
18:32Je suis revenu ici.
18:34Merci beaucoup d'être venu nous voir.
18:36Vous présidez le Festival Cinéma et Musique
18:38de la Bôle du 26 au 30 juin.
18:40Il y a un film avec vous à l'affiche,
18:42Loup-Garou, qui sort bientôt sur Netflix.
18:44Il y a un film qui sera projeté.
18:46C'est prodigieuse, dans lequel je joue
18:48avec Isabelle Carré, Camille Raza,
18:50qui sera projeté le 26 à la Bôle.
18:52Après, il y aura Loup-Garou
18:54qui sortira sur Netflix
18:56en octobre.
18:58Merci encore d'avoir été notre invitée.
19:00On ouvre maintenant une page spéciale législative.
19:02À huit jours du premier tour de l'élection,
19:04nous recevons Bruno Jeudy, Guillaume Durand
19:06et Yvan Trippenbach.
19:10Bonsoir, Yvan.
19:12Bienvenue dans ce lieu.
19:14Bonsoir, Guillaume.
19:16Je vous laisse prendre place.
19:18Guillaume Durand, vous animez Bande à part
19:20le dimanche sur Radio Classique de 19 à 20h.
19:22Bonsoir.
19:24Vous sortez un livre à la rentrée
19:26politique qui s'appelle Bande à part.
19:28Vous avez eu le prix Renault d'eau l'an dernier.
19:30Vous êtes aussi un de nos plus grands intervieweurs politiques.
19:32C'est en passé.
19:34Bonsoir, Yvan Trippenbach.
19:36Vous êtes grand reporter au monde.
19:38Vous nous faites vivre chaque jour les coulisses
19:40et la campagne des législatives sur le terrain.
19:42Merci d'être avec nous ce soir.
19:44Et bonsoir, Bruno Jeudy.
19:46Vous êtes directeur délégué de la Tribune Dimanche.
19:48C'est quoi la une demain ?
19:50Il y a un sondage et la bataille de Matignon.
19:52La question que nous nous posons ce soir,
19:54est-ce qu'il réussit sa dédiabolisation ?
19:56Est-ce pour cela qu'il est aujourd'hui aux portes du pouvoir ?
19:58Vous savez quand le terme dédiabolisation
20:00est sorti pour la première fois
20:02dans la presse ou pas ?
20:04En fait, c'est surprenant.
20:06Je crois qu'il est sorti dans les années 80.
20:08C'est ça, en 89 dans le monde.
20:10Dans le monde sous la plume d'Olivier Bifo.
20:12On sait que c'est Bruno Maigret qui militait
20:14pour la dédiabolisation.
20:16Et on va regarder l'archive deux ans avant.
20:18Guillaume Durand, vous receviez Jean-Marie Le Pen
20:20dans l'émission Face à la France.
20:22Je vous demande d'applaudir notre troisième invité,
20:24Monsieur Jean-Marie Le Pen.
20:30C'est Séguin ici, qui d'ailleurs m'a prêté
20:32un propos sur lui tout à fait erroné.
20:34Il a dit que j'avais dit qu'il avait
20:36un gros derrière et une petite tête.
20:38Il a une grosse tête aussi, n'est-ce pas ?
20:40Monsieur Le Pen, vous déshonorez la France
20:42en vous présentant
20:44comme un homme d'une vulgarité insoutenable.
20:46Monsieur Durand, qui est ce petit Robespierre ?
20:48Oh, ce petit Robespierre.
20:50Je vous en prie, pas de grossière.
20:52Pas de grossière, rien encore.
20:54Pas de grossière, rien encore.
20:56Vous vous croyez déjà
20:58dans un tribunal révolutionnaire.
21:00Ce n'est pas encore le cas.
21:02Ce n'est pas encore le cas.
21:04Et je crois que vous êtes là
21:06pour poser des questions
21:08et pas pour faire des réquisitoires.
21:10Monsieur Gorbatchev n'a pas encore gagné l'Europe.
21:12Vous gardez quel souvenir de cette émission ?
21:14Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie
21:16à l'époque étaient les deux
21:18les deux plus redoutables en direct.
21:20L'expression se mettre en danger en direct
21:22était avec eux une véritable réalité.
21:24Aucun tabou.
21:28Tous les coups sont permis.
21:30A la fois les invités,
21:32les chroniqueurs,
21:34vous-même.
21:36On sentait quelque chose était en train de se passer
21:38du côté de ce qu'était le Front National
21:40parce que c'est vrai qu'il avait un abattage
21:42phénoménal, mais de là
21:44à voir ce qui s'est passé
21:46et ce que maintenant
21:48on constate tous ensemble maintenant,
21:50il y a évidemment une énorme différence.
21:52Une énorme différence
21:54qui est passée par le second tour
21:56au détriment de Lionel Jospin
21:58qui a quand même été une surprise.
22:00C'est pour ça qu'on convoque l'histoire
22:02pour comprendre comment on passe de cette émission
22:04à aujourd'hui Jordan Bardella, Premier ministrable.
22:06Vous parliez vous-même du 21 avril 2002
22:08quand Jean-Marie Le Pen arrive au second tour
22:10et il y a tout de suite des manifestations
22:12contre lui, des manifestations
22:14au Front National qui sont très suivies
22:16et Yvanne, quand Marine Le Pen
22:18voit ces images, elle se dit tout de suite
22:20qu'il faut dédiaboliser le parti.
22:22C'est l'entreprise qu'elle va commencer à faire.
22:24Oui, absolument. En fait, ça date de 2002.
22:26Marine Le Pen prend en main cette dédiabolisation.
22:28D'ailleurs, elle conseille à son père
22:30de se rendre plus aimable, d'apparaître
22:32moins clivant pour se débarrasser
22:34de la tunique de Belle Zébuth
22:36parce qu'à l'époque, on le surnomme Diable de la République.
22:38Donc, le terme dédiabolisation
22:40date des années 80, mais ensuite
22:42est vraiment incarné avec Marine Le Pen
22:44et de plus en plus à la tête de son parti
22:46à partir de 2011.
22:48C'est devenu une stratégie à force de
22:50renoncement, de mensonges par omission,
22:52de travail
22:54de marketing politique
22:56qu'on a vu de plus en plus
22:58de manière accélérée depuis la campagne présidentielle
23:00de 2022.
23:02Ça devient, et ça je trouve que c'est frappant
23:04depuis quelques mois, de manière très accélérée
23:06une croyance aussi. Il y a la stratégie
23:08qu'on a beaucoup décortiquée, qu'on analyse,
23:10qu'on affronte depuis des années. Aujourd'hui,
23:12on le voit dans une partie des milieux économiques,
23:14une partie de la bourgeoisie.
23:16On a envie de croire
23:18en cette dédiabolisation.
23:20Elle a senti à plusieurs moments qu'elle avait raison
23:22de vouloir dédiaboliser le parti
23:24ou en tout cas donner cette image, notamment en 2007
23:26quand elle est la seule candidate FN au second tour
23:28et en 2013, on va regarder cette archive importante.
23:30Elle refuse qu'on qualifie
23:32son parti d'extrême droite.
23:34On peut continuer à dire que le SN est un parti d'extrême droite.
23:36Vous avez votre petite médaille d'ailleurs.
23:38Non, non, il n'y a pas de médaille.
23:40Chaque fois que j'ai un journaliste de gauche devant moi,
23:42vous vous êtes fait un pari,
23:44vous gagnez quoi quand vous...
23:46Il faut qu'ils disent extrême droite.
23:48Je me pose la question de savoir, monsieur, si c'est encore utile
23:50puisque maintenant, tous les Français ont bien compris
23:52qu'en réalité, ce terme d'extrême droite
23:54était un arme politique entre les mains
23:56d'un certain nombre de journalistes de gauche
23:58et d'adversaires politiques
24:00pour criminaliser les idées du Front National.
24:02Si cette grille de lecture est intégrée
24:04par les Français, alors 99%
24:06du travail est fait. Merci.
24:08Il est important ce moment, Bruno, je dis.
24:10Depuis, le Conseil d'État a validé
24:12le fait que le RN était un parti d'extrême droite.
24:14Mais elle a aussi mené la bataille sur ce terrain-là.
24:16Oui, parce que ça fait partie
24:18de sa stratégie de dédiabolisation.
24:20À partir du moment où elle entame ce processus,
24:22lorsqu'elle prend la tête du parti
24:24qui va l'amener à installer
24:26cette stratégie, elle va aussi aller
24:28jusqu'à
24:30virer son père.
24:32Donc tous ces éléments-là font partie
24:34d'une stratégie de dédiabolisation
24:36puis, aujourd'hui, j'allais dire banalisation.
24:38Moi, j'ajouterais
24:40maintenant reniement, puisqu'en fait,
24:42par rapport à tout ce qui a été écrit
24:44dans les programmes du RN
24:46depuis tant d'années, on voit
24:48que depuis 2017,
24:50et même depuis l'entre-deux-tours
24:52de 2017, où il y a l'abandon
24:54de l'euro, on est face à une succession
24:56de reniement.
24:58Et on voit bien que c'est un petit peu, aujourd'hui,
25:00ce qui se passe entre Marine Le Pen et Jordan Bardella.
25:02Jusqu'où on revient maintenant
25:04sur les éléments importants
25:06du programme du RN.
25:08Mais le terme d'extrême-droite,
25:10elle a gagné en partie
25:12cette bataille.
25:14Pourquoi ? D'abord, il y a beaucoup de médias
25:16qui n'utilisent plus le terme d'extrême-droite
25:18pour qualifier le RN.
25:20C'est un fait, avec des choix
25:22qui ont été faits par certains...
25:24Vous pensez à quels médias ?
25:26Je pense que...
25:28Est-ce que c'est les médias généralistes ?
25:30Je ne peux pas les citer, sinon on va dire que je ne peux pas les citer.
25:32Le journal du dimanche ne veut plus citer,
25:34depuis déjà plusieurs années d'ailleurs,
25:36le RN comme un parti
25:38d'extrême-droite. Mais il y en a d'autres.
25:40Il y a d'autres médias.
25:42Donc oui, ça fait partie
25:44de la stratégie de dédiabolisation.
25:46Et ça marche en partie.
25:48Dédiabolisation, banalisation. La banalisation,
25:50c'est la stratégie de la cravate à l'Assemblée nationale.
25:52Et maintenant, je pense qu'on arrive
25:54à la période de reniement.
25:56Dans la stratégie de dédiabolisation, il y a aussi la volonté
25:58de couper avec le père. C'est ce que vous commencez à dire,
26:00Yvan, couper avec
26:02le passé antisémite.
26:04Jean-Marie Le Pen devrait faire preuve de sagesse.
26:06Et peut-être
26:08arrêter ses responsabilités
26:10politiques.
26:12Et je dois dire que j'ai honte
26:14que la présidente du Front National
26:16porte mon nom.
26:18S'il souhaite monter
26:20un autre mouvement, il le fera.
26:22Moi, je ne crains aucune nuisance.
26:24C'est pas frais qu'il conseille de tuer le père ?
26:26Il s'exprime
26:28ce matin dans Le Parisien. Il dit d'ailleurs
26:30qu'il estime que vous avez tourné
26:32une page. Je pense que sa campagne
26:34a été trop cool. Il dit qu'au fond,
26:36votre brouille a été ce qui vous a
26:38coûté l'élection présidentielle.
26:40Oui,
26:42c'est son analyse.
26:44Elle change le logo du parti, elle change le nom.
26:46On sait quels sont ses liens aujourd'hui avec Jean-Marie Le Pen ?
26:48Ses liens aujourd'hui
26:50sont avant tout familiaux.
26:52Parce que Jean-Marie Le Pen
26:54arrive au bout de sa longue vie.
26:56Mais elle n'a jamais
26:58complètement renié
27:00l'héritage politique
27:02de son père pour autant.
27:04Et pour revenir sur ce qualificatif
27:06d'extrême droite, c'est depuis l'origine
27:08du Front National, en réalité,
27:10que les dirigeants de ce parti
27:12parlent d'étiquette infamante.
27:14Jean-Marie Le Pen, dans les années 80, disait
27:16l'extrême droite, ça sent le souffre. Il ne faut pas qu'on soit associé
27:18à l'extrême droite. Vous réalisez d'où vient le FN ?
27:20Oui, alors le FN
27:22est un chapel
27:24de toutes les extrêmes droites françaises,
27:26y compris intégrant des mouvements
27:28néofascistes.
27:30Et Jean-Marie Le Pen, en fait, était à l'époque
27:32le plus modéré. C'était une vitrine
27:34de ses
27:36différentes mouvances.
27:38Et il a pris le pouvoir et il s'est imposé
27:40comme le seul numéro un.
27:42Et il en a fait un parti de masse.
27:44Une extrême droite électoraliste
27:46qui a réussi
27:48et qui en est
27:50au porte du pouvoir aujourd'hui.
27:52Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer, Yvanne,
27:54l'importance que ça a eu
27:56qu'elle vire son père du parti.
27:58Parce que dans des diabolisations,
28:00couper avec le père,
28:02c'est aussi couper avec l'extrême droite
28:04qui était aux origines
28:06très antisémite. Jean-Marie Le Pen
28:08est un antisémite. Il a été
28:10condamné pour ça. Et c'est vrai que Marine Le Pen,
28:12en se débarrassant de l'image,
28:14du poids... Comment elle se débarrasse de l'image
28:16d'antisémite ? Parce qu'il y avait Louis Alliot
28:18qui avait dit, vice-présidente
28:20du FN de 2011 à 2008,
28:22la dédiabolisation ne porte que sur l'antisémitisme
28:24en distribuant des tracts dans la rue.
28:26Le seul plafond vert que je voyais,
28:28ce n'était pas l'immigration, ce n'était pas l'islam.
28:30D'autres sont pires que nous sur ce sujet-là.
28:32Je le cite. C'est l'antisémitisme qui empêche
28:34que des gens votent pour nous.
28:36C'est ce qu'il dit. Et regardez où on en est
28:38aujourd'hui. Le moment que beaucoup d'observateurs
28:40ont remarqué et qui
28:42est sans doute une bascule,
28:44c'est le 12 novembre 2023, quand Marine Le Pen
28:46défile à la marche
28:48contre l'antisémitisme. Elle est forte,
28:50cette image.
28:52Marine Le Pen a toujours eu une caractéristique, je parle de l'enfance,
28:54qui était assez particulière. D'abord, c'est la seule femme
28:56en France qui, à partir du petit-déjeuner
28:58à l'âge de 3 ans, a entendu parler des présidentielles.
29:00C'est-à-dire qu'elle a petit-déjeuné,
29:02déjeuné pendant des années
29:04avec un père obsédé
29:06par un mélange d'envie présidentielle
29:08et de mettre une sorte de chaos dans le pays.
29:10Donc ça, c'est le point numéro 1. Deuxièmement, c'est une
29:12jeune femme
29:14qui n'a pas du tout la même
29:16post-adolescence que, par exemple, des gens
29:18comme Valls ou Cambadélis, qui sont des
29:20militants dans une université. Elle est dans les boîtes de nuit,
29:22elle voit
29:24des gens de tous les milieux,
29:26elle danse comme une folle avec ses soeurs, etc.
29:28Ce qui fait qu'elle a toujours
29:30été, à mon avis, assez mal à l'aise,
29:32non pas avec
29:34l'ambiance familiale,
29:36mais avec l'idée d'une extrême-droite
29:38rigoriste, en gros,
29:40streptocentsue fasciste. Non, elle n'était pas
29:42comme ça.
29:44Le fait de sortir
29:46n'est pas une garantie de démocratie,
29:48mais c'est une garantie que la façon
29:50qu'on l'a vue au moment du Pax, par exemple,
29:52elle n'était pas exactement sur la même ligne
29:54qu'une grande partie de ses électeurs,
29:56et notamment quand il a été question
29:58du mariage.
30:00Donc elle a cette différence qui est intuitive.
30:02Après, moi, je pense que
30:04toutes les arrières-pensées des uns et des
30:06autres, fustelles d'extrême-droite,
30:08d'extrême-gauche, etc., elles ne peuvent
30:10tout d'un coup s'appliquer si le 7 juillet,
30:12c'est le chaos. Car, en fait, ce n'est pas tellement
30:14ce qui est écrit dans les programmes, comme vous le disiez,
30:16tout ça peut exploser au dernier moment.
30:18On peut même avoir des surprises.
30:20C'est le fait que les Français aient peur,
30:22c'est le fait que règne une sorte de désordre
30:24indescriptible dans les rues,
30:26soit parce que le RN est majoritaire,
30:28soit parce qu'on ne trouve pas d'alliance,
30:30soit parce que si on voit que le RN est majoritaire,
30:32M. Mélenchon, que j'ai reçu tout à l'heure,
30:34demande à ses troupes de défiler. Et c'est à partir
30:36de ces espèces de chaos de la rue
30:38que peut se constituer quelque chose
30:40qu'elle essaye de faire disparaître,
30:42mais qui existe dans la France,
30:44c'est-à-dire quelque chose de radical,
30:46qui existe des deux côtés.
30:48Je voulais vraiment qu'on s'arrête sur cette image
30:50de Marine Le Pen à la marche contre l'antisémitisme
30:52et qu'on écoute ses propos qui ont été tenus
30:54par Serge Klarsfeld il y a quelques jours.
30:56Je n'aurai pas d'hésitation,
30:58je voterai pour le RN.
31:00Je suis
31:02confronté à
31:04une extrême-gauche
31:06qui est sous l'emprise
31:08de la France insoumise, avec des relents
31:10antisémites et
31:12un violent
31:14antisionisme, et un parti,
31:16un rassemblement national
31:18qui a fait sa mue.
31:20Alors qu'en 2022, il co-signe une tribune
31:22dans Libération, nom à Le Pen, fille du racisme
31:24et de l'antisémitisme. Comment est-il passé
31:26de cette tribune à l'interview
31:28qu'on vient d'entendre ?
31:30C'est un travail extraordinaire qui a été
31:32mené par Louis Alliot,
31:34président du RN, et par Marine Le Pen
31:36elle-même. Un travail de rapprochement
31:38avec Serge Klarsfeld
31:40pendant deux ans,
31:42progressif,
31:44mais effectivement, le moment de bascule,
31:46c'est la marche contre l'antisémitisme
31:48et l'erreur de Jean-Luc Mélenchon
31:50de ne pas y participer, et des insoumis,
31:52qui a fait, qui a convaincu
31:54la famille Klarsfeld
31:56que la protection des Juifs
31:58en France se trouvait du côté du RN.
32:00Marine Le Pen a
32:02beaucoup joué là-dessus, sur ce renversement.
32:04Elle a saisi le moment politique
32:06à ce moment-là, en novembre, puis
32:08elle a rencontré la famille
32:10Klarsfeld, donc Arnaud, le fils
32:12Serge et Béat, en
32:14février, donc tout récemment,
32:16chez eux, pour les rassurer,
32:18pour parler des animaux, parce qu'ils aiment
32:20beaucoup les animaux, tous,
32:22des chiens, des chats...
32:24Ça s'est aussi joué là-dessus ? Oui, ça a compté.
32:26Et en fait, ce que
32:28moi j'ai observé en les rencontrant
32:30récemment, c'est,
32:32en tout cas, Serge Klarsfeld, un homme qui a
32:34peur, qui est,
32:36il le dit
32:38très franchement, qui a peur de l'immigration,
32:40qui a peur des musulmans,
32:42qui a peur de ne pas être protégé par l'État,
32:44et qui doute aussi. Mais dans ce
32:46doute, il va jusqu'à, effectivement,
32:48qualifier le RN de parti pro-juif,
32:50et ce faisant, il a l'air de mettre
32:52les Français
32:54de confession juive
32:56à l'écart de la communauté nationale.
32:58Le diable a changé de camp. C'est très perturbant.
33:00Le diable a changé de camp, en fait.
33:02En 20 ans, on peut se dire
33:04que, finalement, aujourd'hui, c'est
33:06Jean-Luc Mélenchon, que vous receviez,
33:08qui fait office d'épouvantail.
33:10Et Serge Klarsfeld, derrière lui, on a entendu
33:12le fils de Mireille Knoll,
33:14une vieille dame qui a été assassinée
33:16sur fond d'antisémitisme,
33:18dire la même chose que Serge Klarsfeld.
33:20C'est-à-dire qu'au fond, pour
33:22une partie des juifs de France, aujourd'hui,
33:24le diable,
33:26à partir si c'est antisémite, c'est, j'allais dire,
33:28une partie des insoumis.
33:30Et pourtant, quand même, dans le giron du parti
33:32et dans le giron de Marine Le Pen,
33:34on retrouve, et on a souvent
33:36parlé de Frédéric Châtillon, par exemple,
33:38et Axel Lustho, qui étaient des anciens
33:40membres du GUD. Ils étaient au cœur
33:42d'un reportage d'Envoyé spécial qui avait été diffusé
33:44en 2017. Je vous propose un extrait.
33:46Comment vous décririez le personnage
33:48de Frédéric Châtillon ?
33:50Il ne lui manque que la moustache.
33:52Et plus le groupe est restreint,
33:54il se penche sur des saluts nazis,
33:56des croix gammées.
33:58Bon, le négationnisme est omniprésent.
34:00Et ils rigolaient sur Auschwitz,
34:02qu'il y avait un stade de foot,
34:04une piscine pour les juifs,
34:06et qu'ils n'étaient pas gazés
34:08du tout. Ils étaient juste
34:10morts de maladies, d'épuisement.
34:12Mais c'est dit sur quel ton ?
34:14Sur le ton de « On n'en a pas tué assez ».
34:16Comme vous mettez 5 femmes ensemble,
34:18au bout de 10 minutes, elles parlent de leurs enfants.
34:20Vous mettez 5 nazis ensemble,
34:22et au bout d'un moment, ils parlent des juifs.
34:24C'est pareil.
34:26Le témoin qu'on vient d'entendre est un ancien proche
34:28de Frédéric Châtillon.
34:30Il y avait un autre fait qui rentrait en compte
34:32dans ce reportage.
34:34C'était une photo, vous la voyez à l'écran,
34:36d'Axel Loustan, en 2011,
34:38lors d'une fête pour son anniversaire,
34:40que le site Mediapart avait retrouvé.
34:42Une photo sur laquelle on le voit effectuer
34:44un salut nazi.
34:46D'autres propos de certains membres du RN ont choqué.
34:48C'est le cas d'un candidat dans le Morbihan,
34:50propos tenus en 2018, qui ont ressurgi.
34:52C'était un tweet.
34:54Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah.
34:56Le RN a annoncé mercredi, d'ailleurs,
34:58que ce candidat investi ne siégerait pas
35:00au sein du groupe RN.
35:02Est-ce que, selon vous, cet entourage
35:04avec lequel Marine Le Pen dit avoir pris
35:06cette distance, a quand même encore
35:08de l'influence au sein du parti ?
35:10De l'influence,
35:12je ne sais pas. En tout cas,
35:14le travail de pur géré, alors.
35:16Il a été mené...
35:18Voilà.
35:20Il a été mené au fil des années,
35:22mais il reste toujours une idéologie,
35:24il reste toujours des militants
35:26de la base ou dans les fédérations
35:28départementales qui partagent
35:30ces idées antisémites
35:32ou le racisme. Il y a d'autres candidats
35:34aussi qui ont été mis en évidence
35:36par nos confrères de Libération,
35:38qui ont des propos qui flirtent
35:40avec l'antisémitisme, des caricatures
35:42d'Emmanuel Macron manipulées par des
35:44personnalités de confession juive.
35:46Ça existe.
35:48Ça existe à chaque élection, d'ailleurs. Il y a toujours
35:50des candidats qu'on découvre
35:52avec ce type de
35:54dérapage.
35:56De l'influence, c'est difficile
35:58à dire parce que ce sont des personnalités
36:00sulfureuses ou qui sont, en tout cas,
36:02cachées, mises à l'écart, marginalisées
36:04en apparence, comme par exemple
36:06Lustau dont vous parliez.
36:08En tout cas, il y a toujours ce type
36:10de personnalités au sein de la base
36:12et du parti, évidemment.
36:14Il ne faut pas oublier que c'est
36:16un phénomène européen
36:18et que donc, à trop regarder
36:20le FN, le RN
36:22comme étant un objet d'étude, on oublie
36:24qu'il est partout, c'est-à-dire qu'il est
36:26chez les Belges, il est chez les Hollandais,
36:28il est au pouvoir en Italie, avec l'AFD
36:30en Allemagne, Vox existe.
36:32Donc, on ne peut pas simplement
36:34se concentrer, même si, justement,
36:36je l'ai fait, j'allais dire,
36:38anecdotiquement, sur la famille Le Pen.
36:40Il y a un mouvement général
36:42et un mouvement, en gros, qui est de refus
36:44de la mondialisation et qui
36:46se divise en deux parties,
36:48ceux qui veulent une solution
36:50où on garde des droits inaliénables,
36:52ceux qui ne veulent pas
36:54que l'IA bouleverse tous les métiers,
36:56ceux qui veulent qu'on reste
36:58dans un contexte national, etc.
37:00Donc, il y a plusieurs réponses à un même phénomène
37:02qui est, au fond, une situation qui n'est pas tolérée.
37:04Quand je disais tout à l'heure que des Français
37:06sont des contre-cycliques, qui sont là avec leur drapeau,
37:08qui n'ont pas envie qu'on leur impose
37:10une situation mondiale, c'est un peu le thème
37:12de ma voisine d'en face
37:14dans son journal tout le temps,
37:16mais c'est vrai, il y a une minorité
37:18ou une majorité de Français qui sont quand même
37:20assez hostiles à ce qui se passe,
37:22assez hostiles à ce qu'on leur promet
37:24comme avenir, et qui choisissent
37:26les votes les plus extrêmes
37:28pour essayer de contrecarrer
37:30ce libéralisme qui ne leur va pas.
37:32– On va leur donner la parole, justement,
37:34pour essayer de comprendre la montée du RN.
37:36Victor Duquiver, vous êtes allé
37:38à Vaujour, une ville de Seine-Saint-Denis
37:40où le RN est arrivé en tête aux européennes.
37:42– Oui, c'est une ville de près de 8000 habitants
37:44dans la Seine-Saint-Denis,
37:46le département le plus pauvre de France, LFI,
37:48a fini en tête des élections européennes,
37:50mais pas à Vaujour, où Jordan Bardella
37:52récolte plus de 32% des suffrages,
37:54un score qui dénote là-bas
37:56et qui nous a donné envie d'en comprendre les ressorts.
37:58Alors, grâce à Cécile Korinek et Théo Mandis,
38:00mercredi dernier, nous sommes allés les rencontrer,
38:02ces citoyens, des bouchers,
38:04des médecins, des boulangers à la retraite
38:06et des fonctionnaires.
38:08– Vous ne comprenez pas pourquoi les gens ont voté RN par exemple ?
38:10– Moi, ça ne m'intéresse pas tout ça.
38:12– Vous n'avez pas à voter ?
38:14– Non, on n'est que des pions, malheureusement,
38:16et si ça doit être décidé, ça doit être décidé.
38:18Si on ne vote pas, c'est pareil.
38:20– On en arrive là parce qu'on ne nous écoute pas.
38:22Macron, il dit, oui, je vous ai compris.
38:24À chaque fois, il nous a compris,
38:26mais à chaque fois, il en remet une couche.
38:28Un président doit rassembler, et lui, il divise.
38:30– Et vous pensez que le RN
38:32peut rassembler, justement ?
38:34– On ne l'a jamais essayé, voilà.
38:36– La population ici,
38:38elle en a marre du maire actuel.
38:40– Le maire, il a été en garde à vue,
38:42de reprise, la population,
38:44elle perd confiance.
38:46– C'est un coup de colère, ce vote ?
38:48– Ah oui, oui, c'est un ras-le-bol.
38:50– Vous, c'est la première fois que vous votiez RN ?
38:52– Oui, c'est la première fois.
38:54– Effectivement, tous ceux qu'on a croisés nous ont parlé du maire.
38:56Dominique Bailly est soupçonné d'avoir participé
38:58à l'enfouissement de terres polluées
39:00dans un terrain agricole de la commune.
39:02Il a été placé deux fois en garde à vue.
39:04Il dément toute implication.
39:06Mais beaucoup de ceux qu'on a interviewés,
39:08RN ou pas, ont aussi mentionné
39:10le changement d'ambiance de la ville
39:12depuis une quinzaine d'années.
39:14La population de la ville a augmenté de 30%,
39:16une croissance exponentielle,
39:18notamment due à la construction
39:20de logements sociaux.
39:22– Je vis dans cette ville, ça fait 45 ans.
39:24Je peux vous dire,
39:26quand je me promenais le samedi-dimanche,
39:28j'ai rencontré 10 personnes.
39:30C'est une espèce magnifique.
39:32Et ça s'est dégradé au fur et à mesure.
39:34– La population s'est vraiment développée énormément.
39:36Et puis on a aussi
39:38une grosse population de gens
39:40qui sont venus,
39:42beaucoup d'eux qu'associés aussi.
39:44– On ne se sent plus beaucoup chez nous.
39:46Un truc tout bête,
39:48si vous trouvez une charcuterie,
39:50je vous paye des cacahuètes.
39:52Moi je suis un ancien boulanger.
39:54Toutes les boulangeries ici,
39:56maintenant 99% sont machin.
39:58Si vous essayez de travailler un gâteau
40:00avec de l'alcool dedans, vous n'en tomberez pas.
40:02– Alors on n'a pas trouvé de charcuterie à vos jours,
40:04mais on a rencontré Karim, un artisan boucher
40:06qui ne se reconnaît pas du tout dans cette analyse.
40:08– Tous ceux qui travaillent avec moi,
40:10ils sont issus de l'immigration.
40:12Tous ceux qui font le rangement dehors,
40:14ils sont issus de l'immigration.
40:16Tous ceux qui nous ramassent les eaux,
40:18toutes les poubelles dehors,
40:20ils sont issus de l'immigration.
40:22Donc ça c'est vraiment pas le problème.
40:24Au contraire, c'est des travailleurs.
40:26– Qu'est-ce qu'ils vont faire ?
40:28Ils vont rien faire.
40:30Parce qu'ils n'ont pas de programme en fait.
40:32Leur programme c'est l'immigration,
40:34les frontières, l'islam, c'est tout.
40:36C'est pas le problème.
40:38C'est pas ce qui va résoudre les problèmes
40:40de ceux qui n'ont rien à manger,
40:42de moi je suis commerçant à vos jours.
40:44Je le vois, tous les clients qui viennent
40:46à la fin du mois, ils sont ric-rac.
40:48– Bruno Jeudy, les scores du RN progressent aussi
40:50dans des territoires qui étaient normalement
40:52des territoires de gauche, comment vous l'expliquez ?
40:54– La Seine-Saint-Denis à vos jours
40:56c'est quand même un cas à part.
40:58Oui bien sûr, il fonctionne, parce qu'en fait
41:00ça c'est, j'allais dire, on va revenir
41:02à ce qu'on disait tout à l'heure,
41:04la dédiabolisation c'est pour aller conquérir
41:06justement les terres de gauche,
41:08les terres qui étaient jadis communistes,
41:10c'est le nord Pas-de-Calais, cette région-là.
41:12Et puis petit à petit pénétrer
41:14des zones qui aussi votaient.
41:16– Partout.
41:18– Pas seulement communistes mais aussi socialistes.
41:20Et ils ont grignoté partout.
41:22Ils sont partout.
41:24Avant en gros il y avait le FN du Sud et le FN du Nord.
41:26Les politologues ils ont raisonné
41:28pendant des années sur ces deux,
41:30le FN du Sud en gros c'était
41:32les rapatriés, et puis le FN du Nord
41:34c'était les bascules ouvriers communistes
41:36qui étaient passés au Rassemblement,
41:38au Front National. Là maintenant ils sont partout,
41:40ils ont progressé parce que c'est l'insécurité,
41:42c'est l'insécurité et l'immigration
41:44qui font que ça pousse un certain nombre
41:46de Français à voter pour le Rassemblement National.
41:48Vous ajoutez à ça la question
41:50du pouvoir d'achat ces derniers mois
41:52qui a été, on le voit bien, la bataille toute la semaine.
41:54C'était quoi ? C'était la facture de gaz
41:56– C'est la préoccupation numéro 1 des Français.
41:58– Préoccupation numéro 1.
42:00Et ça Marine Le Pen elle ne l'a pas oubliée.
42:02Elle ne l'avait pas oubliée déjà en 2022
42:04pour devancer Éric Zemmour qui lui ne croyait pas
42:06à cette question du pouvoir d'achat.
42:08Il a eu bien tort parce qu'elle est restée devant lui.
42:10Et donc le mix des trois fait qu'ils ont progressé
42:12au-delà de leur bastion habituel
42:14pour pénétrer la classe moyenne.
42:16– Autre image de la semaine, le duo Éric Ciotti
42:18et Jordan Bardella, c'est la première fois qu'on le voyait.
42:20Ils ont passé leur grand oral devant les grands patrons.
42:22C'est une nouvelle étape dans l'histoire d'URN.
42:24Et ce n'est pas la première fois
42:26que la droite s'allie au Front National.
42:28C'est le flash-back de Natacha Pomamy.
42:30– Générique
42:32– Générique
42:34– Générique
42:36– Générique
42:38– Générique
42:40– Eh bien oui, on n'en finit pas de ressasser
42:42les mêmes expressions depuis dimanche 9 juin.
42:44C'est les digues ont sauté.
42:46On parle là de la règle jusqu'ici
42:48respectée par l'immense majorité
42:50des dirigeants de la droite
42:52de ne pas s'allier au Front National.
42:54Petit rappel historique.
42:56Au début des années 1980,
42:58le Front National compte environ 700 membres.
43:00C'est rien du tout.
43:02Et son patron Jean-Marie Le Pen n'a pas obtenu
43:04les parrainages pour se présenter
43:06à la présidentielle de 1981.
43:08Tout petit parti donc.
43:10Mais à Dreux, en septembre 1983,
43:12une élection municipale partielle
43:14devient un test national
43:16alors que la campagne
43:18se joue sur l'immigration,
43:20sur fond de marche des beurres.
43:22Au premier tour,
43:24la liste du numéro 2 du Front National,
43:26Jean-Pierre Stirbois,
43:28fait 16,7%.
43:30Il risque donc de faire perdre
43:32au second tour le candidat RPR,
43:34Jean Hiau.
43:36Qui fait donc alliance
43:38pour le second tour ?
43:40Certains s'en émeuvent à droite
43:42mais écoutez ce qu'en disait Jacques Chirac
43:44à ce moment-là.
43:46Après six ans de gestion socialiste,
43:48les électrices et les électeurs
43:50de Dreux ont sanctionné
43:52la majorité au pouvoir.
43:54A l'opposition,
43:56qui vient de reprendre cette mairie,
43:58de prouver, dans le respect
44:00de chacun, et je suis sûr
44:02qu'elle le fera,
44:04son efficacité et son sens
44:06du dialogue.
44:08Et surtout, écoutez cette passe d'armes
44:10entre Jean-Claude Godin
44:12et Simone Veil.
44:14Tout le monde a toujours considéré, dans le pays,
44:16depuis la deuxième guerre mondiale,
44:18que ce n'était pas une formation politique
44:20de l'opposition comme les autres.
44:22Jamais on n'a considéré qu'on pouvait
44:24faire ce type d'alliance avec l'extrême droite
44:26sans que ça ait des conséquences
44:28sur la stratégie politique
44:30générale de l'IDF.
44:32Nous sommes engagés dans un combat
44:34politique.
44:36C'eût été grave à Dreux
44:38si nous avions perdu.
44:40Mais la doctrine a changé
44:42ensuite, pourquoi ?
44:44Déjà parce qu'en 1984,
44:46le FN fait 11% aux Européennes.
44:48On passe à tout autre chose.
44:50Et puis surtout,
44:52Jean-Marie Le Pen multiplie
44:54les provocations, comme la fameuse
44:56sur les chambres à gaz,
44:58détails de l'histoire de la seconde guerre mondiale.
45:00Et il devient donc,
45:02non seulement infréquentable,
45:04mais dangereux. Pour autant,
45:06en 1988, Jean-Claude Gaudin,
45:08qu'on vient de voir, baron de la droite
45:10marseillaise, accepte que le FN
45:12se désiste en sa faveur.
45:14Et là encore, il assume parfaitement
45:16écouter sa réaction.
45:18Ça n'est quand même pas, n'exagérons rien,
45:20la guerre civile.
45:22On n'entend pas le bruit
45:24des bottes sur la cannebière.
45:28J'ai appris que M. Peset me traitait
45:30d'Edenbourg.
45:32Il y a quelques semaines, c'était de vente papaine.
45:34Je dois progresser dans cette hiérarchie.
45:36N'exagérons rien,
45:38quand même.
45:40Cela a un peu
45:42un côté ridicule.
45:44Alors, évidemment, peu à peu,
45:46au gré des insanités de Jean-Marie Le Pen
45:48et des progrès
45:50du multiculturalisme, des sujets d'immigration,
45:52la droite édicte
45:54sa doctrine du cordon sanitaire.
45:56Même si, dans les années 90,
45:58le programme du RPR en matière d'immigration,
46:00c'est quand même préférence nationale,
46:02mais on édicte
46:04une doctrine.
46:06Et en 1998, Charles Millon
46:08et Jean-Pierre Soissons, eux, sont
46:10exclus de l'UDF pour avoir
46:12accepté les voix du Front
46:14national pour la présidence
46:16de région.
46:18Alors, Guillaume Durand,
46:20Bruno Jeudy, Ivan Trippenbach,
46:22il y a longtemps que l'électorat du RPR est parti
46:24au Rassemblement national.
46:26Aujourd'hui, la perspective, ce n'est plus du tout une alliance,
46:28comme ce qu'on voyait. C'est une absorption.
46:30Est-ce que la doctrine
46:32du cordon sanitaire, elle est encore comprise
46:34par les électeurs dans ce cadre-là ?
46:36Pour répondre à la tâche,
46:38les choses sont assez simples. Au moins, on a une mesure.
46:40C'est la réaction des sympathisants
46:42les républicains à la décision
46:44d'Éric Ciotti de pactiser
46:46seul avec Jordan Bardella.
46:48C'est à peu près moite-moite. Il y a à peu près la moitié
46:50qui sont pour, la moitié qui sont
46:52contre. On voit bien qu'il y a une fracture
46:54entre, pour faire simple, entre la base
46:56et l'élite
46:58l'état-majeur, les dirigeants
47:00du parti. Ils sont tiraillés
47:02comme ça depuis longtemps. Moi, je pense
47:04que pour la droite, l'histoire récente de la droite
47:06de gouvernement, pour la faire simple,
47:08c'est au fond la campagne de François Fillon.
47:10François Fillon
47:12maintenait à peu près 20%
47:14au deuxième tour, malgré
47:16cette campagne compliquée
47:18avec l'histoire
47:20de sa femme.
47:22Il termine quand même à 20%, donc il tient encore le choc.
47:24Il fait quasiment le jeu égal avec
47:26Marine Le Pen. Et derrière, en fait,
47:28c'est la déliquescence du parti,
47:30la déliquescence de l'état-majeur
47:32qui ne tient plus sa base. Et on se retrouve
47:34aujourd'hui avec un état-majeur qui
47:36fait pactise avec
47:38Jordan Bardella sans en parler
47:40aux autres. – Vous restez avec nous ?
47:42– Ils ont tout dit. – Oui, ils ont tout dit. On passe au mot de la fin
47:44de Tanguy Pastureau.
47:46Musique
47:48Musique
47:50– Oui, oui, oh là là, les amis,
47:52je suis excité. Alors, attention,
47:54rien de graveleux, ce n'est pas l'effet du printemps.
47:56On n'a pas eu de printemps, ma bonne dame. – Non.
47:58– Non, d'ailleurs, si je suis ici, ce n'est pas pour vous, c'est pour les projecteurs.
48:00Parce que grâce à ces lèvres d'eau, je fais
48:02une luminothérapie. Et en plus, je suis payé.
48:04Regardez Victor, c'est un frais.
48:06Regardez Natacha. – Non.
48:08– Bon. Mais non.
48:10Non, si je suis excité, c'est à cause de la politique.
48:12Je veux dire, en ce moment, c'est comme l'amour qu'on n'a pas fait
48:14depuis longtemps, angoissant et à la fois excitant.
48:16On est là, sur le site de la chaîne
48:18parlementaire, regardez ça comme avant.
48:20Regardez YouPorn. Il y a des catégories
48:22« souveraineté agricole »
48:24« finance publique »
48:26« législative 2024 »
48:28Mais on vit ce qu'on ne pensait jamais vivre.
48:30L'impatience d'entendre
48:32Gérard Larcher s'exprimer sur les situations
48:34des LR. Une prise de parole de
48:36Stanislas Guérini. Il y a même
48:38des pratiques BDSM. Sandrine Rousseau
48:40affirme que c'est très dur, je la cite,
48:42d'être avec des antisémites au sein
48:44du Front populaire, mais elle y reste quand même.
48:46Les derniers que j'ai vus se faire autant de mal volontairement,
48:48ils étaient en cuir.
48:50Raphaël Glucksmann dit même que l'accord avec le nouveau
48:52Front populaire n'est pas un mariage d'amour.
48:54En fait, c'est son envie de contrer le RN
48:56qui l'a forcé. Bardella, il a obligé
48:58des gens qui ne s'aiment pas à s'unir.
49:00Il a la vie d'un curé trop autoritaire.
49:02Alors, bien sûr, bon, il joue le jeu.
49:04Glucksmann était à Marseille cette semaine
49:06pour soutenir la candidate de gauche.
49:08Pascaline l'écorchait. Voilà, une dame
49:10qu'on n'a pas envie de provoquer. Et il s'est fait
49:12mystique. Il a dit vouloir refermer
49:14les portes de l'enfer
49:16que Macron a ouvert.
49:18Il va finir au Hellfest en première partie d'un groupe
49:20de death metal. Et en fait, de l'amour
49:22en politique, il y en a peu. Bruno Jeudy
49:24qui passait sa vie à observer la vie politique,
49:26mais le soir, je pense, est brisé.
49:28À mon avis, il a même encore des peluches dans sa chambre
49:30contre lesquelles il se roule en boule, en pleurant.
49:32Vraiment, regardez les filles. Je veux dire,
49:34il y a tellement de courant là-dedans que le parti est classé en spot
49:36de surf dangereux. D'un côté, Mélenchon
49:38et ses fidèles. De l'autre, tous ceux
49:40qui lui ont déplu. Garrido, Corbière, Madame
49:42Simonet, ils se sont tous réunis à Montreuil.
49:44Montreuil, c'est la porte d'hôtel de la gauche.
49:46Donc dans une belle ambiance, puisque
49:48selon Alexis Corbière, quand il a dit
49:50bonjour à Mathilde Panot, elle n'a pas
49:52répondu. Parce que tous ces gens se parlent
49:54moins que dans un Charlie Chaplin.
49:56Corbière qui a retrouvé l'ancien boss
49:58de la CGT, Bernard Thibault,
50:00qui fait des galas en tant que sosie de Renault.
50:02Voilà, ça fait dix ans qu'il se met des caisses
50:04juste pour continuer à lui ressembler.
50:06Mais à droite, et à droite de la droite,
50:08mais il n'y a plus d'amour non plus. Éric Zemmour,
50:10le malheureux, qui a une crue,
50:12qui a une love story, s'est fait avoir
50:14par une brouteuse qui a vidé
50:16les comptes de son parti avant de se barrer.
50:18Rare brouteuse à avoir agi en France
50:20et pas depuis l'Afrique de l'Ouest, parce qu'elle est
50:22patriote. Ce qui signifie que ses arnaques
50:24sont 100% françaises. Marion
50:26Maréchal, selon le canard enchaîné, a claqué
50:28plusieurs centaines de milliers d'euros
50:30de Zemmour en déplacement,
50:32frais de logement. Bernard Arnault
50:34à côté, c'est un alter mondialiste en sarouel,
50:36en l'inéquitable. Zemmour qui est
50:38tellement seul comme un chien qu'il va finir
50:40abandonné cet été au bord de l'Assis.
50:42Il dit, Bardella ne répond pas
50:44à mes appels. Ben oui,
50:46mais j'ai envie de dire, ok boomer.
50:48Jordan, il y a encore deux ans, il aurait pu faire les Kids United,
50:50il fait mille selfies à l'heure,
50:52mais envoie lui un DM sur Snapchat.
50:54N'essaye pas de l'appeler, il fait un featuring
50:56avec Dame So, là il va te calculer.
50:58Oui, il y a peu d'amour en politique
51:00et peu de rêve. Édouard Philippe l'a dit,
51:02ceux qui promettent de baisser l'âge de la
51:04retraite, c'est juste pour faire plaisir
51:06aux Français. Alors oui, bien sûr,
51:08mais personne n'a envie d'entendre la réalité.
51:10Est-ce qu'Aurélie, au moment de m'accueillir,
51:12elle dit tout de suite, on retrouve Tanguy Pastureau, c'est assez
51:14inégal, mais ce soir peut-être ça va être bien.
51:16Ben non, non, bien sûr, elle ne le fait pas.
51:18Parce qu'il faut faire rêver, donc rêvons, rêvons
51:20par pitié. Bravo, ce n'est pas si mal.
51:24Merci d'avoir été nos invités, Bruno Jeudy.
51:26Gros sondage demain à la haine de la
51:28Tribune Dimanche. On va avoir un indice ou pas ?
51:30Non. Non ?
51:32Yvette Trippenbach, on continue à vous lire
51:34dans le monde. Guillaume Durand, on vous écoute
51:36sur Radio Classique le dimanche
51:38de 19h à 20h pour Bande à part,
51:40qui sera aussi le titre de votre livre qui sort
51:42chez Plon à la rentrée. J'ai tout bon ?
51:44Exact. Tout est bon. Et nous, on se dit
51:46samedi prochain, dès 19h,
51:48d'ici là, très bonne semaine.