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00:00Avec nous depuis Beyrouth, Anthony Samrani, bonjour, merci d'être sur l'antenne de France 24, rédacteur en chef de l'Orient Le Jour, quotidien libanais de référence, merci beaucoup.
00:16Antonio Guterres déjà, qui met en garde contre ce qu'il appelle un autre Gaza au Liban, on l'a entendu. Il exagère ?
00:24Non, il n'exagère pas du tout. La menace est réelle et en cas d'escalade, de conflit, ce qu'on appellerait une guerre totale aujourd'hui entre le Hezbollah et Israël, il serait probable, ou en tout cas il y aurait un risque important, qu'une partie du Liban ressemble de plus en plus à ce qu'est malheureusement aujourd'hui la bande de Gaza.
00:45Entre Israël et le Hezbollah depuis le 7 octobre, Anthony Samrani, il y a eu ces échanges de tirs, ces bombardements quasi quotidiens avec un bilan humain assez conséquent, mais la guerre totale redoutée jusqu'ici n'a pas eu lieu. Est-ce que cette sorte de statu quo peut durer quand on voit ce qu'il s'est passé cette semaine ?
01:04Du côté du Hezbollah, il peut durer encore des mois. Quand vous interrogez les membres du Hezbollah, c'est ce qu'ils répondent. Ils ne veulent pas de guerre totale, ils feront tout pour éviter la guerre totale et en même temps ils considèrent que ce qu'ils font est un minimum et qu'ils ne peuvent pas faire moins.
01:19Ce qui est intéressant d'ailleurs du point de vue du Hezbollah, c'est qu'il y a quelques mois ils étaient dans une phase plutôt défensive, dans une phase où ils ne savaient pas vraiment comment gérer la situation.
01:28Ils encaissaient les coups sans pouvoir répondre. Aujourd'hui ils sont au contraire à l'offensive, ils sont dans un sentiment d'hubris, ce qui complique un peu les négociations.
01:37Côté israéliens par contre, on assure que la situation ne peut plus durer. Il y a à peu près 100 000 Israéliens qui ont été déplacés à la frontière nord.
01:46Benjamin Netanyahou leur a promis qu'ils pouvaient rentrer chez eux avant septembre.
01:50Israël subit des frappes de plus en plus fortes, de plus en plus en profondeur de la part du Hezbollah et Israël a un besoin impératif de son point de vue de changer le statu quo au plus vite à la frontière.
02:05Et justement quel pourrait être l'élément qui déclenche la conflagration redoutée ? On pense à un scénario du pire évidemment.
02:12Alors on peut imaginer à mon avis deux types d'événements. La première c'est une décision claire d'Israël de se dire l'éventuel accord diplomatique ne permettra pas d'obtenir ce que l'on souhaite
02:27et la seule façon de le faire c'est de passer par une offensive militaire, une offensive qui sera probablement dans un premier temps une intensification des bombardements et dans un second temps une offensive terrestre.
02:41Et la deuxième hypothèse c'est une frappe, une frappe qui aurait été mal calculée, une erreur de calcul qui produirait d'un côté comme de l'autre une escalade importante qui serait à partir d'un certain moment inarrêtable.
02:57Anthony Samrani, rédacteur en chef de Lorient Le Jour. Israël menace régulièrement de faire subir au Liban le même sort que Gaza, vous l'avez souligné tout à l'heure.
03:05Au-delà du seul cas du Hezbollah qui est, comme on sait, un État dans l'État au Liban. Comment est-ce qu'au Liban on apprécie ces menaces ?
03:14Au Liban on est extrêmement inquiets, c'est-à-dire qu'il y a une forme d'ambivalence parce que d'une part une partie de la population libanaise se sent particulièrement solidaire de ce qui se passe à Gaza
03:27et peut-être moins sujette à critiquer le Hezbollah qu'elle ne l'était il y a un an par exemple.
03:35Mais en même temps toute la population libanaise, y compris la base populaire du Hezbollah, est très hostile à l'idée d'une guerre au Liban.
03:44Il y a quelques jours, vous l'avez sans doute rapporté, le secrétaire général Hassan Nasrallah a directement menacé Chypre.
03:50Chypre c'est assez symbolique parce que c'est un pays où les Libanais généralement vont se réfugier en cas de guerre.
03:57Et hier certains amis libanais par exemple me disaient mais où est-ce qu'on va aller maintenant ?
04:02Il n'y a même plus de pays dans lequel on pourrait se réfugier en cas d'escalade incontrôlée.
04:07Et Chypre c'est aussi un pays membre de l'Union Européenne, Anthony Samrani.
04:11Est-ce que le Liban a les moyens de faire face à une éventuelle attaque massive d'Israël ? Quels sont ses soutiens, ses alliés ?
04:17Dans le cas d'une confrontation totale, le risque c'est évidemment la guerre régionale de grande ampleur.
04:27Téhéran a déjà expliqué qu'il interviendrait, en tout cas a déjà menacé d'intervenir via les canots américains.
04:35On imagine certainement que les Russies au Yémen en feront de même, que les milices chiites qui viennent d'Irak
04:41et peut-être même certaines ou certains acteurs syriens interviendront eux aussi.
04:48Donc on risque très rapidement d'être face à deux blocs.
04:53Un bloc israélien où les Américains seraient contraints, qu'ils le veuillent ou non, d'intervenir assez rapidement.
04:59Et de l'autre côté le grand bloc de l'axe de la résistance qui essayera d'activer tous ses leviers.
05:04Et tout ça risque de provoquer des dégâts immenses, non seulement au Liban, mais aussi en Israël et plus généralement dans toute la région.
05:14Et pour éviter ce déluge de feu, Anthony Savrani, quelle place pour la diplomatie ?
05:19Il faut un accord, il faut absolument un accord.
05:23Le Hezbollah n'est pas opposé à un accord.
05:27Il est possible qu'il l'accepte à certaines conditions.
05:30Mais pour lui cet accord n'est possible que s'il y a un cessez-le-feu à Gaza.
05:36Donc on se retrouve dans une situation extrêmement complexe où le Hezbollah veut un cessez-le-feu à Gaza
05:42parce qu'il considère que c'est une victoire stratégique pour lui et pour l'axe de la résistance.
05:47Israël n'accepte pas ce cessez-le-feu, notamment parce qu'il considère qu'à l'heure actuelle ce serait une défaite.
05:53Et en même temps Israël veut stabiliser la situation avec le Hezbollah.
05:58Et la seule façon de le faire, du point de vue du Hezbollah en tout cas, c'est d'arrêter la guerre à Gaza.
06:05On a affaire à un billard à plusieurs bandes.
06:07Merci beaucoup Anthony Savrani d'avoir été avec nous sur France 24,
06:11rédacteur en chef à l'Orient le jour, quotidien libanais de référence.
06:15Merci.