• il y a 5 mois
La scène est son milieu naturel, l’humour est sa langue maternelle. Isabelle Delleaux, dite Zaza, est comédienne, improvisatrice et clown. Isabelle dans son quotidien, Zaza sur les planches, elle nous livre un petit aperçu du chemin qui l’a menée jusqu’au public.

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Transcription
00:00Je me suis dit que c'est plus facile d'être une mauvaise comédienne
00:03que d'être une mauvaise infirmière.
00:05Ça va tuer moins de gens.
00:11Je vis de mon art aujourd'hui.
00:12Je suis intermittente du spectacle, entre les clowns, l'impro.
00:16Je suis plutôt Zaza sur scène ou à l'hôpital en clown.
00:20Et puis Isabelle, c'est la maman, c'est la copine, la sœur, la fille.
00:27C'est plutôt mon humain ordinaire et quotidien.
00:35C'est le petit diminutif qui m'est arrivé à La Réunion.
00:39Donc moi, j'arrive à La Réunion en 2000.
00:41Et depuis 2000, Zaza est arrivé.
00:45Zaza est montée sur scène.
00:47Zaza est devenue clown.
00:49Zaza a fait des milliers de choses.
00:51Donc c'est Zaza qui est restée.
00:53J'aime beaucoup Isabelle, mais c'est Zaza qui passe avant.
00:57La Créole
01:01Ah oui, bien sûr, mes cosses créoles.
01:04Le créole, ça rentre dans mes oreilles comme une langue presque maternelle.
01:08J'ai habité d'abord à Grand Galet, si vous connaissez Grand Galet.
01:11Là-bas, là-haut, dans les Hauts-de-Saint-Joseph.
01:14Et là, tout le monde était autour de moi, tout le monde était cosses créoles.
01:18Même mon petit garçon qui était servi à l'école là-bas,
01:20il était en rentrée de l'école en disant « Maman, mes gars n'ont pas fait ça,
01:22mes gars n'ont pas fait ci ».
01:24Et moi, mes gars n'ont même pas compris ce qu'ils avaient dit.
01:26Donc après, il m'a été obligée d'apprendre le créole.
01:29Cosses avec mon voisin, cosses avec le bout de la boutique,
01:32cosses avec tout le monde, Grand Galet.
01:34Et c'est comme ça que le créole, là, rentre dans mon habitude.
01:38La conservatoire
01:43Quand moi, j'ai décidé de devenir comédienne,
01:46et quand j'ai dit « Moi, j'aimerais bien faire le conservatoire
01:48plutôt qu'une école en sortant du lycée »,
01:52là, ça a fait alarme.
01:54On ne fait pas ça dans la famille, on n'est pas des saletins banques,
01:57ce ne sera pas une vie pour toi.
01:59Donc, il faut que tu aies d'abord un métier et après, tu seras comédienne.
02:04Donc, je suis montée à Paris pour faire des études d'infirmière,
02:07ce qui m'a plu énormément et j'adore le côté soins et contact avec les gens.
02:12Et puis, à un moment donné, la comédie, le plaisir de jouer,
02:17de partager sur scène a pris le dessus.
02:20Rire
02:24Être sur scène et partager des rires avec le public,
02:28donner au public l'opportunité de rigoler,
02:32ça me fait beaucoup de bien parce que je sais que je fais du bien aux gens.
02:37Ça rejoint un peu mon métier d'infirmière,
02:40c'est-à-dire que je n'ai pas l'impression de soigner les gens avec le rire,
02:43mais il y a quand même ce moment où on sait qu'on leur fait du bien,
02:48je sais que je leur fais du bien.
02:51Et ça, il n'y a rien de mieux dans la vie que de faire du bien aux gens.
03:02Il apparaît un moment assez dramatique de ma vie.
03:06Je perds le papa de mon deuxième fils qui s'en va dans les étoiles.
03:13Et là, je suis une espèce de dépression, ça n'étonnera personne.
03:18J'ai un peu de mal à remettre les pieds sur scène,
03:21surtout parce qu'à l'époque, je fais beaucoup de théâtre d'improvisation.
03:24Et c'est une copine qui me dit « mais il faut que tu ailles faire du clown,
03:30tu vas voir, le clown, c'est la liberté, c'est le lâcher-pris,
03:34c'est être soi, à 100%, on ne joue plus à rien, on ne joue qu'à être soi. »
03:39Ça a été une libération.
03:41Il m'a permis d'exprimer mon malheur,
03:45et au travers de mon malheur, de pouvoir en rire, de faire le pas de recul.
03:51La chance que j'ai eue, c'est que Eclat de Lille,
03:53une compagnie de clowns hospitaliers, après mes stages et tout ça,
04:00a fait des recrutements, donc on est en 2011-2012.
04:03Et puis, je vais aux auditions en me disant « super, je vais devenir clown à l'hôpital.
04:08En fin de compte, j'étais infirmière, je suis comédienne,
04:10qu'est-ce qu'il y a de mieux que de devenir clown à l'hôpital ? »
04:13Et bim, ça fonctionne.
04:20C'est d'avoir 53 ans, d'en paraître 22.
04:26Non, c'est surtout d'avoir grandi avec des gens qui m'ont fait grandir,
04:33d'avoir fait confiance à des gens que je ne connaissais pas,
04:36d'avoir fait confiance à moi-même, de ne pas toujours avoir écouté mes parents,
04:40d'avoir été un peu contre aussi l'autorité par moments.
04:44Et vraiment, quand je me suis retrouvée face à mon miroir,
04:47j'ai su me dire « je t'aime ».
04:49Ça, c'est une force.
04:51Et dites-le tous les jours.
04:52Regardez-vous tous les jours et dites-le-vous tous les jours.
04:55C'est vous, c'est vous qui est important.
05:06Sous-titrage Société Radio-Canada