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Alain Polonski, le président du collectif Val de Grâce, est l'invité de France Bleu Paris, vendredi 21 juin, un an après l'explosion de la rue Saint-Jacques qui a fait 3 morts et des dizaines de blessés.

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Transcription
00:00Vous écoutez France Bleu Paris, 8h15, 21 juin, aujourd'hui 21 juin, c'est le triste anniversaire de l'explosion de la rue Saint-Jacques à Paris.
00:08Notre invitée vient de nous rejoindre en studio, Aude, c'est Alain Polonsky.
00:11Bonjour Alain Polonsky.
00:12Bonjour.
00:13Vous êtes le président du collectif Val-de-Gras, c'est 21 juin pour vous désormais, c'est ça ?
00:18Tout à fait.
00:19C'est l'explosion, c'est le gaz, ce pavillon du Val-de-Gras s'est ventré, les flammes, les gravats, trois personnes qui perdent la vie.
00:27Nous on y pense très fort, aujourd'hui, c'était il y a un an, mais vous, le voisin de l'explosion, vous y pensez encore tout le temps, tous les jours, ça a changé votre vie ?
00:36Effectivement, ça a changé la vie de notre quartier.
00:40C'est-à-dire que de nombreuses personnes ont vu leur vie changer brutalement, de manière totalement inattendue, par cette explosion que, évidemment, nous n'attendions pas.
00:52Cette explosion s'est produite, je le rappelle, dans une école, une école de design, la Paris American Academy.
00:57Une enseignante, d'ailleurs, a perdu la vie.
00:59Une enseignante a perdu la vie et deux autres personnes qui étaient à proximité.
01:02Il y a eu également une cinquantaine de blessés, 20 personnes blessées grièvement, 5 en urgence absolue, donc c'était le bilan à l'époque.
01:12Avec un pavillon de garde qui fait partie de l'ensemble architectural du Val-de-Gras.
01:17C'est ce pavillon qui a explosé ?
01:18Qui a explosé, qui a été entièrement pulvérisé.
01:21Et vous parlez des victimes de l'époque, vous avez dit, mais les victimes d'aujourd'hui ?
01:26Alors voilà, un an plus tard, où en sommes-nous, effectivement ?
01:30Aujourd'hui, une trentaine de personnes continuent à être suivies psychologiquement, médicalement, par la mairie de Paris, et Paris est de victimes.
01:40Donc, cette reconstruction se fait peu à peu.
01:46Et ce sont surtout des blessés physiques ou des blessés psychologiques ?
01:50Alors il y a encore quelques blessés physiques importants, vous en avez interviewé un ce matin.
01:57Il y a également le directeur de l'école qui a été brûlé à 80%, donc il se remet lentement de ses blessures, physiquement, psychologiquement et aussi évidemment.
02:07Et il y a aussi beaucoup de personnes, et on le sous-estime, qui ont été très touchées psychologiquement.
02:13C'est-à-dire que cet événement qui survient très brutalement dans votre vie vous impacte profondément, et la psychologie, on est vraiment affecté.
02:26Justement, je voudrais qu'on écoute un habitant, il s'appelle Patrick, et son témoignage est intéressant, puisque lui n'était pas là pendant l'explosion, et pourtant, voilà ce qu'il nous dit aujourd'hui.
02:39Les 2-3 premières nuits, ça a été, et puis petit à petit, j'ai perdu le sommeil.
02:44Ça a été le début des problèmes.
02:46Pour l'instant, je ne réhabite pas ici, je ne sais même pas si je pourrais revivre, je ne sais pas.
02:52Pour l'instant, je ne réhabite plus ici. Alain Polanski, il y a combien d'habitants comme Patrick qui n'habitent plus la rue Saint-Jacques ?
02:59Alors aujourd'hui, 27 logements dans 4 immeubles différents ne sont pas habitables.
03:03Plus habitables du tout.
03:04Ils ne sont plus habitables du tout, et une cinquantaine de personnes ne peuvent pas loger sur place.
03:10Et on en est où de ça, des relogements ? Est-ce qu'il y a une date ? Est-ce qu'il y a des gens qui disent, ça y est, je vais pouvoir avoir les clés cette année, peut-être pour rentrer, retrouver mon logement ?
03:17Alors, la situation dépend de la proximité de l'explosion.
03:20Le plus grand immeuble, qui représente à peu près la moitié des logements dont je parle, devrait être réinvesti à l'automne.
03:28Donc les travaux sont en cours.
03:30Pour les autres bâtiments qui étaient plus près du pavillon de garde, la structure a été déstabilisée.
03:38Donc des travaux plus importants sont nécessaires qui vont durer plusieurs années.
03:41Ça peut étonner que ça prenne autant de temps, ces travaux, quand on les entend dans le reportage, ces travaux, il y a des bruits, des tractopelles sur place.
03:48Pourquoi ça prend autant de temps ?
03:50Alors pour les travaux privés, ce qui a pris énormément de temps, c'est le travail d'expertise des assurances.
03:58Ensuite, la mobilisation des sociétés pour pouvoir reconstruire.
04:03Reconstruire, par exemple, fabriquer une fenêtre prend 4 à 5 mois.
04:07La pause, etc.
04:09Donc en moyenne, parce qu'il faut savoir qu'à peu près 60-70% des fenêtres de toute la place ont été soufflées, en dehors des 4 immeubles dont je parle.
04:17Il y a toujours ces bâches, on voit toujours aussi des échafaudages, il y a toujours ce bâtiment complètement éventré, ce pavillon.
04:24Vous, vous regrettez que ce soit si long ?
04:26Alors effectivement, c'est-à-dire que le pavillon lui-même, qui fait partie de l'ensemble architectural du Val-de-Grèce,
04:32qui est un ensemble exceptionnel du baroque français du XVIIe, lui est entièrement pulvérisé, donc il nécessite une reconstruction qui va prendre du temps, on le sait.
04:41Ce qui est par contre choquant, c'est que même le déblément des gravats, que l'on voit des gravats qui sont encore calcinés, qui rappellent à tous l'événement.
04:51Oui, vous passez devant tous les jours.
04:53Et ceci réveille le choc, le traumatisme que tous ont vécu le 21 juin dernier.
05:02Et donc il est important que ce moignon à ciel ouvert, si vous voulez, soit vite déblayé.
05:08Et pourquoi ce n'est pas déblayé justement ? Parce que là on pourrait se dire c'est simple, on déblaie, on enlève les gravats, pourquoi ce n'est pas fait ?
05:13Alors ça a été commencé à l'automne dernier, suite à l'explosion, mais de la miante a été trouvée.
05:21Ceci est de la miante qui n'est pas pulvérisée, c'est-à-dire qu'il n'est pas dans l'air, ce n'est pas dangereux, mais c'est dangereux de le déplacer.
05:27Et donc ça a nécessité de mobiliser de nouvelles équipes, et ceci a pris beaucoup de temps.
05:33Où est-ce qu'on en est Alain Polanski de l'enquête sur cette explosion de la rue Saint-Jacques ?
05:39On parle de gaz, le gaz pour vous aujourd'hui c'est l'ennemi, vous considérez que c'est un très gros danger, on pense aussi à l'explosion de la rue Trévisan.
05:46En 2019 il y a eu 4 victimes.
05:49Exactement, ce qui est choquant je trouve c'est que ce genre d'accident lié au réseau de gaz ou aux infrastructures intérieures du gaz, on ne sait pas encore très bien, se reproduit fréquemment.
06:01A Trévisan, à Boulogne également deux ans plus tôt en 2017, il y a eu d'autres accidents mais qui étaient plus liés au gaz dans les immeubles.
06:09Il est choquant que ceci se reproduise aussi souvent.
06:13Et donc il est vraiment capital qu'on puisse connaître les causes de ce sinistre, que l'enquête se poursuive, s'accélère.
06:21Et qu'on refasse peut-être le réseau de gaz ? Il y a un souci avec le réseau de gaz à Paris ?
06:27Le gaz était justement en train d'être renouvelé.
06:30Est-ce que c'est lié à l'explosion ? Je ne sais pas.
06:32Il y avait des travaux dans la rue ?
06:33Il y avait des travaux.
06:34On ne sait pas si ce sont ces travaux qui ont causé l'explosion ?
06:36On ne sait pas, ça peut être un facteur ou pas.
06:38L'enquête est en cours, je ne peux pas me prononcer dessus.
06:41L'enquête pour homicides et blessures involontaires, je le précise.
06:45Et effectivement, l'enquête est toujours en cours.
06:48Alain Polanski, vous êtes président du collectif Val-de-Grâce.
06:51Il y a cette cérémonie d'anniversaire, si on peut dire.
06:54Cérémonie devant le pavillon.
06:56Demain, ce pavillon, ce moignon, comme vous l'appelez, il y aura beaucoup de monde ?
07:00Oui, on attend beaucoup de monde.
07:02On attend également des représentants de la mairie de Paris, de la mairie du 5ème, Madame Berthoud.
07:06Mais beaucoup de victimes ou pas ?
07:07Est-ce que les gens ont besoin de commémorer ou est-ce qu'ils veulent oublier ?
07:10Je pense que oui.
07:11Et ça, c'est le côté positif quelque part de ce drame.
07:15C'est que ça crée un effet de solidarité entre habitants, entre victimes.
07:21Et nous nous retrouvons régulièrement.
07:24Et je pense que ce sera là l'occasion de nous retrouver de manière plus solennelle.
07:28Notamment au sein de l'église aussi pour un concert.
07:32Concert effectivement demain dans l'église du Val-de-Grâce
07:35pour les un an de cette explosion dévastatrice de la rue Saint-Jacques.
07:40Merci d'être venu dans le studio France Bleu Paris, Alain Polanski.
07:43Vous êtes le président du collectif Val-de-Grâce
07:45qui s'est monté juste après cette explosion pour aider les victimes.
07:51Merci à vous et on vous souhaite une bonne journée malgré tout, malgré ce souvenir difficile.
07:56Merci.

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