L.Europe des fronts populaires

  • il y a 3 mois
L'Europe des fronts populaires était un mouvement politique qui a émergé dans les années 1930 en réponse à la crise économique mondiale et à la montée des fascismes en Europe. Voici les principaux points à retenir sur ce sujet :

Suite au krach boursier de 1929 à Wall Street, l'Europe fut frappée par une grave crise économique et sociale qui favorisa l'essor des mouvements d'extrême droite comme le nazisme en Allemagne et le fascisme en Italie.
Pour faire barrage à cette menace, les partis de gauche (communistes, socialistes, radicaux) décidèrent de s'unir au sein de "fronts populaires" dans plusieurs pays européens.
En Espagne, le Frente Popular arriva au pouvoir dès 1934 après une alliance ouvrière dans les Asturies.
En France, le Front populaire mené par Léon Blum remporta les élections législatives de 1936 avec le programme "Pain, Paix, Liberté" et forma un gouvernement de coalition de gauche.
Des stratégies similaires de fronts communs furent adoptées en Belgique, Grèce, Portugal et Autriche, parfois de manière clandestine face à la répression.
Ces fronts populaires rassemblaient non seulement les partis de gauche mais aussi des syndicats, des intellectuels et de nombreux citoyens pour défendre la démocratie contre le fascisme.
Malgré leurs succès initiaux, les fronts populaires ne parvinrent pas à enrayer la montée des totalitarismes qui conduisit à la Seconde Guerre mondiale.
Transcript
00:00Au printemps 1936, l'Europe est au bord du gouffre, mais la victoire électorale des
00:21gouvernements de front populaire remplit la rue d'espoir.
00:24Manuela Sanea en Espagne et Léon Blum en France incarnent le triomphe d'une stratégie
00:30qui a rassemblé pour la première fois ouvriers, partis, syndicats et intellectuels autour
00:35de l'antifascisme dans une Europe ébranlée par une crise économique sans précédent.
00:54Tout commence à New York le 24 octobre 1929.
01:22En quelques heures, la bourse de Wall Street s'effondre.
01:26Ce jeudi noir provoque un désastre économique, social et politique qui va bouleverser le
01:32monde.
01:33La récession frappe de plein fouet les Etats-Unis, l'Europe se croit à l'abri.
01:51Et cependant, deux ans plus tard, elle est à son tour balayée par la tourmente.
01:56Les piliers de l'économie capitaliste s'écroulent, les systèmes monétaires et bancaires sont
02:01ébranlés, des milliers d'entreprises en faillite.
02:04Les chômeurs se comptent par millions, à Londres, à Paris, à Vienne comme à Berlin,
02:10le peuple descend dans la rue, il réclame du travail et du pain.
02:15L'Allemagne qui paie encore les réparations de la première guerre mondiale est avec l'Autriche
02:20le pays le plus touché par la crise.
02:21En 1933, on y recense 6 millions de chômeurs, trois fois plus qu'en Grande-Bretagne et six
02:28fois plus qu'en France.
02:29Aucune démocratie ne parvient à enrayer la misère qui sévit dans toute l'Europe,
02:43une misère qui renforce le racisme et la xénophobie.
02:47Tout particulièrement en Allemagne, pays vaincu et humilié, une Allemagne où ni les
02:52socialistes ni les communistes dont le parti est particulièrement influent ne mesurent
02:57la portée de cette détresse sociale, ils sont aveuglés par des querelles internes.
03:01Pour les communistes, les ennemis à combattre en priorité sont les sociodémocrates, qu'ils
03:09accusent de trahir le monde ouvrier en soutenant la bourgeoisie.
03:11Pour les socialistes, la révolution est le pire des scénarios.
03:15Cette guerre fratricide que se livrent les deux grands partis de gauche favorise la
03:32progression d'un nouveau parti, le parti nazi.
03:35C'est en effet Hitler qui récupère les voix des chômeurs après avoir rallié les
03:45paysans, les classes moyennes et les milieux d'affaires.
03:48La menace est grande.
03:50Cette menace est d'autant plus grande qu'en Italie, Mussolini parvient depuis dix ans
04:08à sortir le pays de la crise.
04:10Vu de loin, le fascisme fascine plus qu'il n'effraie.
04:14Le Duce a pourtant déjà imposé un parti unique, une police politique, il a aussi écrasé
04:20les syndicats.
04:21Mais la vraie nature du fascisme n'est pas encore perçue à la mesure de ce qu'elle
04:25est.
04:26Une menace véritable pour la paix et la démocratie en Europe.
04:29En Europe, cette dictature est perçue comme un problème national italien, mais aussi
04:47comme un modèle d'efficacité et le meilleur des remparts au communisme.
04:51Hitler lui-même attribue au succès de Mussolini une part de la victoire électorale qui le
04:57mène au pouvoir.
04:58C'est l'incendie du Reichstag, le parlement allemand, un mois à peine après son accession
05:10au pouvoir, qui sort les gauches européennes de leur léthargie en février 1933.
05:14Cet incendie est une provocation nazie, un prétexte.
05:19Hitler accuse aussitôt les communistes sur lesquels s'abat une répression terrible.
05:23Cette répression, suivie de l'interdiction des partis communistes et sociodémocrates,
05:42suscite l'indignation en Europe.
05:44La débâcle de la gauche allemande impose de se mobiliser contre le fascisme.
05:49D'autant que s'ouvre à l'automne à Leipzig le procès de quatre communistes accusés
05:53de l'incendie du Reichstag.
05:54L'un des prévenus, Georgi Dimitrov est le représentant de l'Internationale Communiste
06:05à Berlin, une organisation fondée par Lénine dont dépendent tous les partis communistes.
06:18Ce procès, qui dure trois mois, est relayé par la
06:48presse mondiale.
06:49Militant et connu jusqu'alors, Dimitrov devient le symbole de la lutte antifasciste.
06:54Jusqu'à Londres, où sa sœur dénonce la machination hitlérienne.
07:18Ce procès provoque une onde de choc au sein des gauches européennes et parmi les intellectuels.
07:39Des intellectuels indissociables de la vie politique, qui constituent l'avant-garde
07:44de la lutte antifasciste.
07:46Tout particulièrement en France, où ils ont fondé de multiples revues et collaborent
07:50à de nombreux journaux.
07:51En ce début des années 30, de nombreux écrivains font en effet de l'engagement une priorité.
08:14C'est ainsi qu'André Gide et André Malraux sont les présidents du comité de défense
08:18de Dimitrov.
08:19André Malraux note alors.
08:21« Des militants sont rentrés en Allemagne, sachant ce qu'ils risquaient, et ont photographié
08:26l'acte d'accusation clandestinement avec un laïcat.
08:29Ensuite, ils ont passé la photo morceau par morceau.
08:31On ne connaît pas un seul des noms de ceux qui l'ont fait, et je pensais à eux en regardant
08:35Dimitrov ».
08:36Ce combat, mené pour obtenir la libération de Dimitrov et des communistes allemands,
08:48est la première grande action de résistance au fascisme en Europe.
08:51« Demandez l'humanité ! Demandez Dimitrov, camarade ! Demandez la photo de Dimitrov
09:02pour soutenir les vaillants lutteurs antifascistes d'Allemagne !
09:06Deux fois la grande photographie, à titre de solidarité, pour aider nos camarades d'Allemagne
09:11à éditer des traces illégaux et à diffuser dans des conditions d'illégalité terrible ! »
09:18Grâce à cette pression internationale, Dimitrov est acquitté.
09:21Il est accueilli en héros à Moscou.
09:24Le socialisme soviétique est alors un mythe.
09:27Les images de cette société rêvée fascinent une partie de la gauche antifasciste.
09:32« L'URSS, c'est pour beaucoup la seule alternative.
09:36La seule force vivante du monde », écrit l'écrivain communiste français Paul Nisan
09:41en juin 1933.
09:43« La tâche la plus présente des prolétaires et des intellectuels est d'entrer dans l'armée
09:47des défenseurs de l'URSS, de se joindre au Front Rouge, de ceux qui ont résolu de
09:51suivre l'exemple qu'elle donne au monde. »
10:02« L'URSS, c'est pour beaucoup la seule alternative.
10:05La seule force vivante du monde ».
10:32L'engagement des intellectuels se radicalise,
10:35tandis que le nazisme contraint une partie de l'intelligentsia allemande à l'exil.
10:41A Berlin, plus de 20 000 livres sont interdits et brûlés
10:45sur ordre du ministre de la Propagande et de l'Information, Joseph Goebbels.
10:50Réfugiés à Prague, Vienne et surtout à Paris,
10:53les exilés allemands se mobilisent pour sauver la culture de la barbarie nazie.
10:57Ils protègent, traduisent et diffusent dans toute l'Europe les œuvres interdites.
11:02Parmi les grands défenseurs de cette outre-Allemagne, l'Allemagne démocratique,
11:06les écrivains, beaucoup d'écrivains et écrivains de l'extrême-droite,
11:10sont les écrivains et les écrivains de l'extrême-droite.
11:13Les écrivains et les écrivains de l'extrême-droite,
11:17l'Allemagne démocratique,
11:19les écrivains Bertolt Brecht, Anna Segers, Walter Benjamin et Heinrich Mann.
11:24Ce dernier multiplie ses publications anti-nazis
11:27et publie en France un pamphlet, La Haine.
11:30L'auteur, qui, dépouillé par ses tristes vainqueurs,
11:33ne possède plus que sa pensée et ses talents d'écrivain,
11:36les met ici au service de l'Allemagne, ainsi que de l'Europe et du monde.
11:40C'est au tour d'Heinrich Mann que des écrivains allemands et français
11:44se réuniront bientôt dans un comité préparatoire de front populaire allemand,
11:48un front populaire en exil et éphémère.
11:59D'autres intellectuels sont en revanche fascinés par le nazisme.
12:03Ils militent au sein des ligues d'extrême-droite françaises,
12:07des droites qui n'ont qu'un rêve, renverser la République dont elle dénonce
12:11la corruption des parlementaires, impliquée dans une série de scandales politico-financiers.
12:17Le dernier en date, c'est l'affaire Stavisky.
12:20L'escroquerie de ce banquier qui a bénéficié de protections politiques
12:23provoque des émeutes d'une grande violence le 6 février 1934.
12:27Le bilan est lourd, 5 morts, 2300 blessés.
12:38En réaction à ces émeutes, les socialistes appellent à la grève générale.
12:42Communistes et socialistes, divisés, défilent séparément sur le cours de Vincennes,
12:47quand soudain, l'improbable se produit.
12:50Les manifestants appellent à la fusion des deux cortèges.
12:57La rue a triomphé des divisions.
13:00Cette unité, la rue, la rue, la rue.
13:04La rue a triomphé des divisions. Cette unité est déterminante.
13:08Matrice du futur Front Populaire, elle émeut le syndicaliste Daniel Guérin.
13:13Enfin, pour la première fois, nous agissons ensemble.
13:17Ce dont le mouvement ouvrier allemand s'est révélé incapable
13:20jusqu'à la dernière minute contre Hitler, nous venons, nous, de le faire.
13:25La Provence, soulevée tout entière.
13:28Paris, rassemblée dans cette manifestation,
13:33signifie aux hommes du fascisme et du royalisme qu'ils ne passeront pas.
13:40La réaction ne passera pas.
13:43Vive la République des travailleurs.
13:46Vive la liberté.
13:50Vive la liberté.
13:54Vive l'unité prolétarienne sans laquelle aucune victoire n'est possible.
14:02Vive le peuple ouvrier de Paris.
14:13Devançant les partis politiques, la gauche intellectuelle,
14:16déjà unie dans le combat pacifiste,
14:18constitue dans les jours qui suivent un comité de vigilance antifasciste.
14:22Unis par-dessus toute divergence devant le spectacle des émeutes fascistes de Paris
14:27et la résistance populaire qui leur a fait face,
14:30nous venons déclarer à tous les travailleurs, nos camarades,
14:33notre résolution de lutter avec eux,
14:35pour sauver contre une dictature fasciste
14:37ce que le peuple a conquis de droit et de liberté publique.
14:49Le fascisme continue de progresser.
14:52Après l'Allemagne et l'Italie, la Bulgarie et la Lettonie
14:55viennent de tomber sous le joug des dictatures.
15:10Le Duce, c'est le modèle du chancelier d'Autriche, Engelbert Dolfus.
15:15Au pouvoir depuis un an,
15:17il a progressivement établi un régime fasciste chrétien.
15:20Les organisations ouvrières ont été remplacées par un syndicat unique.
15:24Privés de leurs acquis sociaux,
15:26les ouvriers, déjà dans la misère, n'aspirent qu'à s'insurger.
15:29Les communistes, dont le parti est interdit, les y incitent.
15:33Mais la direction du parti social-démocrate s'y refuse.
15:38Dans les cités ouvrières où se sont constitués des syndicats clandestins,
15:42les perquisitions et les arrestations se multiplient.
15:45C'est de là que part la révolte.
16:08La grève générale est proclamée à Vienne.
16:11Même s'il n'est que partiellement suivi,
16:13le chancelier Dolfus décrète aussitôt l'état de siège.
16:16Il lance un ultimatum aux ouvriers.
16:19Réfléchissez, ouvriers d'Autriche,
16:21qui, dans votre aveuglement,
16:23vous trouvez encore de l'autre côté de la barricade.
16:26Le gouvernement dispose d'assez de moyens de violence,
16:29et il en a fourni la preuve, le cœur gros.
16:31Mais c'était inévitable.
16:33Et si vous continuez la lutte, nous la continuerons aussi jusqu'au bout,
16:36aussi tragique soit-elle,
16:38et bien qu'elle ne puisse aboutir qu'à votre destruction.
16:45La semaine sanglante de Vienne fait des centaines de victimes
16:49et se solde par une longue et violente répression.
16:52La gauche est décimée.
16:54Le puissant parti social-démocrate est interdit.
16:57Ses dirigeants s'exilent en Tchécoslovaquie
17:00où ils fondent une nouvelle organisation.
17:02Leur publication est distribuée clandestinement en Autriche.
17:12Mais pour ces dirigeants socio-démocrates,
17:14s'allier aux communistes reste inconcevable.
17:17C'est donc en dépit de cette consigne
17:19qu'un groupe de jeunes révolutionnaires socialistes restés en Autriche
17:22décide de constituer un front unique antifasciste.
17:25Georg Scheuer fut l'un des militants
17:27de cette tentative clandestine de front populaire
17:30voué à terme à l'échec.
17:33Je continue vers d'autres actions contre le régime austro-fasciste.
17:36Fabrication de matériel, transmission, distribution,
17:39réunion clandestine, lancement de tracts, manifestations éclaires.
17:44Le régime prévoit le même tarif pour chacun de ces actes.
17:47Pour un seul tract de haute trahison,
17:49on écope de la même peine que pour un attentat à l'explosif.
17:52Nous savons que pour l'ensemble des activités d'une seule journée,
17:55nous en aurions pour cent ans de réclusion.
18:00La réforme agraire
18:08Quelques mois plus tard, en octobre 1934,
18:11c'est le peuple espagnol qui se soulève
18:13contre la droite monarchiste et fascisante de retour au pouvoir.
18:16Une droite soutenue par Mussolini.
18:19La réforme agraire en cours, dans une Espagne essentiellement rurale,
18:22est abandonnée.
18:24Les salaires sont revus à la baisse, la misère s'accroît.
18:31La gauche socialiste redoute d'être écrasée
18:34comme l'ont été les gauches allemandes et autrichiennes.
18:37Socialistes, anarcho-syndicalistes et communistes
18:40constituent le premier front unique antifasciste d'Europe.
18:43Ils se regroupent dans une alliance ouvrière
18:46et appellent à la grève générale.
19:01A Barcelone et à Madrid,
19:03les grévistes sont rapidement neutralisés par l'armée.
19:06Mais dans le bassin industriel des Asturies,
19:09mineurs et métallurgistes particulièrement organisés et armés
19:12résistent pendant deux semaines à l'assaut de l'armée.
19:15Un jeune garçon témoigne de la violence de la répression.
19:20La répression n'a eu aucune limite.
19:23Pendant des mois, les gens ont été assassinés dans toutes les Asturies,
19:26après avoir été torturés d'une façon qui dépasse l'imaginable.
19:29Les forces marocaines, commandées par le général Franco,
19:32brûlaient et assassinaient les ouvriers par centaines.
19:39Des milliers de révolutionnaires sont incarcérés.
19:42Déterminés à poursuivre la lutte,
19:45la gauche et l'extrême gauche font de l'unité
19:48la condition de la victoire finale.
19:51Prélude au futur front populaire,
19:54l'Assemblée nationale de solidarité.
19:57Une dirigeante du Parti communiste, Dolorès Ibaruri, se rend à Paris.
20:24Pour mener cette lutte, les socialistes espagnols et français
20:27ont accepté de s'allier aux communistes.
20:30Ils font la figure d'exception.
20:33L'Europe sociale-démocrate y est en effet majoritairement hostile.
20:36Réunie à Paris, l'international socialiste vient d'ailleurs de se prononcer contre.
20:48A l'initiative de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires,
20:51Paris devient pendant cinq jours la capitale de l'antifascisme.
20:54Venus de 38 pays,
20:57230 intellectuels se réunissent pour le premier congrès
21:00des écrivains pour la défense de la culture.
21:03Présidé par André Gide et André Malraux,
21:06ce congrès rassemble des personnalités de sensibilité diverse.
21:09Certains sont engagés dans ce combat
21:12car ils sont victimes de dictatures,
21:15comme l'écrivain allemand Heinrich Mann.
21:18D'autres par humanisme communiste,
21:21comme le journaliste russe Ilya Rönnberg.
21:24Les écrivains allemands Gustav Regler et Anna Segers.
21:27Le poète français Paul Éluard.
21:30Le surréaliste suisse Tristan Tzara.
21:33D'autres encore par humanisme, comme André Malraux.
21:36Parmi les intellectuels venus débattre du sens
21:39et de la nature de leur engagement,
21:42il y a le dramaturge allemand Berthold Brecht.
21:45Le fascisme répond par un éloge fanatique de la sauvagerie.
21:48Accusé d'être fanatique,
21:51il répond par l'apologie du fanatisme.
21:54L'inculpe-t-on de violation de la raison,
21:57il franchit le pas allègrement et condamne la raison.
22:00La barbarie ne vient pas de la barbarie,
22:03mais des affaires qu'on ne peut plus faire sans elle.
22:06L'écrivain autrichien Robert Musil.
22:16Le surréaliste français André Breton.
22:28L'essayiste italien Gaetano Salvemini.
22:46Les critiques sur le communisme soviétique
22:49sont alors systématiquement écartées,
22:52même si le régime a fait ses premières victimes.
23:00C'est l'assassinat de Kirov,
23:03le chef du Parti communiste de Leningrad.
23:06Il s'agit de l'assassinat de Kirov,
23:09le chef du Parti communiste de Leningrad.
23:12L'assassinat de Kirov, le chef du Parti communiste de Leningrad,
23:15qui a donné en décembre 1934 le coup d'envoi
23:18aux grandes purges et aux déportations.
23:21Mais pour l'heure, la plus grande menace
23:24reste le Troisième Reich.
23:27Une menace qui conduit Pierre Laval,
23:30le ministre français des affaires étrangères à Moscou en mai 1935.
23:33Face à la menace fasciste, la France et l'URSS
23:36ont décidé de signer un pacte d'assistance mutuelle.
23:42Je pars profondément touché
23:45de l'accueil qui m'a été fait par le gouvernement soviétique
23:48et par la population de Moscou.
23:51Je n'oublierai jamais cet accueil.
23:54L'amitié est scellée entre nos deux pays.
24:02La signature de ce pacte
24:05et l'entrée de l'URSS dans la société des nations
24:08quelques mois plus tard,
24:11consolident les liens encore fragiles
24:14entre les socialistes et les communistes français.
24:17Les élections municipales de mai 1935 en France
24:20confirment alors la force d'une union des gauches.
24:23Pour la première fois, le candidat le moins bien placé
24:26accepte de se retirer au profit de l'autre.
24:29L'expérience se solde par un triomphe,
24:32notamment pour les communistes en région parisienne.
24:35Les banlieues rouges sont nées.
24:42C'est la date symbolique du 14 juillet
24:45que socialistes, communistes et radicaux
24:48choisissent pour sceller leur pacte d'unité d'action.
24:53Au stade Buffalo, aux portes de Paris,
24:56la gauche républicaine prête serment
24:59devant des dizaines de milliers de personnes.
25:02Au nom de tous les partis et groupements de liberté
25:05et des organisations ouvrières et paysannes,
25:08au nom du peuple de France,
25:11rassemblés aujourd'hui sur toute l'étendue du territoire,
25:14nous, représentants mandatés
25:17ou membres du rassemblement populaire
25:20du 14 juillet 1935,
25:23animés par la même volonté
25:26de donner du pain aux travailleurs,
25:29du travail à la jeunesse et la paix au monde,
25:32nous faisons le serment solennel
25:35de rester unis pour désarmer et dissoudre
25:38l'élite anxieuse, pour défendre et développer
25:41les libertés démocratiques et pour assurer
25:44la paix humaine.
25:54Le Front populaire est bel et bien né.
25:57Plus d'un million de personnes manifestent dans toute la France.
26:00À Paris, une foule immense se presse vers la Bastille
26:03où drapeaux rouges et drapeaux tricolores,
26:06champs révolutionnaires et champs républicains se mélangent.
26:33...
27:04Deux semaines plus tard à Moscou,
27:07l'Union des gauches françaises est à nouveau célébrée,
27:10mais dans un cadre officiel.
27:13La direction de l'international communiste
27:16ouvre les portes de son 7e congrès.
27:19La stratégie de Front populaire amorcée par les communistes français
27:22est alors érigée en modèle devant les délégués du monde entier.
27:25Maurice Thorez est acclamé.
27:28La puissante démonstration du Front populaire
27:31le 14 juillet à Paris
27:34a eu de grosses répercussions
27:37en France et dans le monde entier.
27:40Jamais on n'avait assisté à Paris
27:43à une manifestation d'une telle ampleur.
27:46L'unité de la classe ouvrière,
27:49l'union de tous les antifascistes
27:52contre le plus grand crime que connaisse l'histoire,
27:55c'est encore Dimitrov qui l'a stimulée
27:58par son courage tranquille et indomptable.
28:18Nous voulons trouver une commune
28:21qui soit plus vaste et plus massive
28:24pour combattre l'ennemi de la classe.
28:28Nous voulons isoler l'avant-garde révolutionnaire
28:31du secteur de l'armée masculine.
28:35Nous voulons isoler la classe ouvrière
28:38de ses alliés naturels
28:41contre le fascisme.
28:45C'est Dimitrov encore qui annonce
28:48que la priorité de l'international communiste
28:51est désormais de constituer un large Front populaire antifasciste.
28:54C'est maintenant officiel
28:57le Front populaire et le mot d'ordre international.
29:05Et c'est en Espagne, en février 1936,
29:08que cette stratégie remporte sa première victoire électorale.
29:11Manuel Asania, républicain modéré,
29:14prend la présidence du premier gouvernement
29:17de Front populaire de l'histoire.
29:20Dans la rue, l'euphorie est à son comble.
29:23Mais la révolte des Asturies et sa sanglante répression
29:26ont incité la gauche et l'extrême-gauche à faire bloc.
29:29Un bloc qui a remporté 260 sièges au Parlement
29:32quand la droite en a recueilli 150.
29:41Soudée dans le combat antifasciste,
29:44l'Alliance des Gauches ne reste pas moins politiquement fragile.
29:47Dangereusement menacée par une droite déterminée à la renverser,
29:50la France est aussi très divisée.
29:53Et ce n'est pas sans mal que le Front populaire s'est accordé sur un programme.
29:56Un programme modéré, mais qui met fin à certaines injustices.
29:59La réforme agraire est relancée,
30:02les terres sont collectivisées,
30:05l'enseignement laïcisé,
30:08les prisonniers politiques amnistiés
30:11et l'autonomie rendue à la Catalogne.
30:15Le peuple savoure sa victoire
30:18et occupe jusque les grands hôtels.
30:21L'Espagne opprimée prend sa revanche.
30:24Mais ses attentes sont immenses
30:27et dans le sud déjà, des grèves se déclenchent.
30:45Tout comme en Espagne,
30:48en France, les ouvriers revendiquent le droit à la dignité.
30:51En ce printemps 1936,
30:54la misère ne cesse de s'accroître.
30:57Une vague de grèves sans précédent paralyse le pays.
31:04Parties spontanément,
31:07ces grèves surprennent toutes les organisations du Front populaire.
31:10La CGT récemment réunifiée voit ses rangs se gonfler.
31:13C'est la ruée syndicale,
31:16déclare son secrétaire général.
31:19Le patronat est sous le choc.
31:22Pour la première fois,
31:25ouvriers et employés occupent leurs lieux de travail.
31:28Ils y sont plus de 3 millions.
31:37L'enthousiasme indicible
31:40de cette explosion sociale est à la hauteur
31:43des souffrances silencieusement amassées pendant des années,
31:46explique dans un article la philosophe Simone Weil.
31:49« Il s'agit de bien autre chose
31:52que de telle ou telle revendication particulière,
31:55si importante soit-elle.
31:58Il s'agit, après avoir toujours plié, tout subi,
32:01tout encaissé en silence pendant des mois et des années,
32:04d'oser enfin se redresser, se tenir debout,
32:07et s'adapter à la société. »
32:10L'attente est si forte que ce conflit social éclate
32:13avant même que ne soit formé le tout nouveau gouvernement de Front Populaire.
32:16Le 4 mai 1936, la gauche unie a remporté 378 sièges
32:19aux élections législatives.
32:22La droite n'en a obtenu que 220.
32:25Tout comme en Espagne, c'est une victoire historique.
32:28Rassemblés autour du programme Dupin, la paix, la liberté,
32:31le Front Populaire soulève de grands espoirs.
32:34Léon Blum, le leader socialiste,
32:37prend la présidence du Conseil.
32:40« Le gouvernement de Front Populaire
32:43agira dans le cadre de la société actuelle,
32:46mais avec la volonté délibérée
32:49d'en extraire
32:52tout ce qu'elle peut comporter
32:55d'ordre, de sécurité,
32:58de bien-être,
33:01et de justice. »
33:04Les grèves obligent le gouvernement
33:07à étendre les réformes de son programme.
33:10La semaine de 40 heures, les conventions collectives
33:13et les congés payés sont institués.
33:16Un office du blé est créé pour assurer un revenu aux paysans.
33:19La scolarité est rendue obligatoire jusqu'à 14 ans.
33:22Le gouvernement, ou pour la première fois entre des femmes,
33:25est soutenu par les communistes qui n'y participent pas.
33:29« Nous accorderons au gouvernement socialiste
33:32une collaboration étroite,
33:35fraternelle et sans éclipse.
33:38Le Parti communiste travaillera
33:41à faire une France libre, forte et heureuse. »
33:46Tout est possible, estime Marceau Pivert,
33:49le leader de la gauche socialiste.
33:52Ce à quoi Maurice Thorez répond le 11 juin.
33:55Il faut savoir terminer une grève
33:58dès que satisfaction a été obtenue.
34:01Le danger, c'est la colère qui monte sérieusement
34:04au sein du patronat et de la droite.
34:07Mais c'est aussi de perdre le contrôle des masses.
34:15Peu à peu dans les usines,
34:18le travail reprend le pas sur la valse.
34:21Mais le rêve ne s'arrête pas là.
34:24Les salariés, les joies inestimables
34:27des premiers congés payés.
34:30Léon Blum dira plus tard
34:33« Tout cela me donne le sentiment
34:36que par l'organisation du travail et du loisir,
34:39j'avais malgré tout apporté une espèce d'embellie,
34:42d'éclaircie dans les vies difficiles, obscures. »
34:49Cette embellie révolte les ligues de droite
34:52et s'améliore aussitôt le spectre du complot communiste.
34:55Ces ligues haineuses et antisémites
34:58aspirent, tout comme le patronat,
35:01à faire tomber le gouvernement de Léon Blum.
35:04Un gouvernement dont l'économie est sérieusement
35:07mise en péril par la fuite des capitaux.
35:10La Belgique, comme la France,
35:13est paralysée par une vague de grèves
35:16d'une ampleur inédite.
35:19Les soixantaines des 40 heures et les congés payés.
35:27Mais contrairement aux Français,
35:30les socialistes belges interdisent toute alliance avec les communistes,
35:33même pour combattre la droite fasciste montante de Léon de Grelle.
35:41Car en Belgique, comme aux Pays-Bas,
35:44en Scandinavie, en Tchécoslovaquie et en Grande-Bretagne,
35:47les directions des partis sociodémocrates
35:50contre toute tentative d'unité d'action.
35:53En Belgique, les opposants seront jetés en prison
35:56et violemment réprimés.
36:04Bloqués par les sociodémocrates en Europe du Nord,
36:07les tentatives de front populaire sont attaquées au Sud.
36:10En Grèce, l'union de front populaire en marche
36:13depuis septembre 1935 est définitivement écrasée
36:16à la demande du roi par un coup d'état du général Metaxas,
36:19le premier ministre.
36:23Il instaure aussitôt une dictature.
36:261330 communistes sont incarcérés.
36:30En 1936, les droites fascistes espagnoles
36:33mettent à exécution leur projet de renverser le front populaire.
36:36Le général Franco a pris la tête
36:39d'un soulèvement militaire.
36:42Le 18 juillet, il proclame l'état de siège.
36:45Partis du Maroc et de l'Allemagne,
36:48l'unité d'action du général Metaxas
36:51se déroule en France.
36:55Le 18 juillet, il proclame l'état de siège.
36:58Partis du Maroc espagnol, l'insurrection
37:01contre le gouvernement légal gagne l'Andalousie.
37:04Une à une, les garnisons rallient le camp des franquistes.
37:07La guerre civile commence.
37:10Elle va durer trois ans.
37:15Sous la pression des organisations de gauche,
37:18le gouvernement de front populaire consente
37:21à l'indépendance du peuple des armes de fortune.
37:30Des milliers d'hommes et de femmes
37:33volent au secours de la République.
37:41Ils ne passeront pas.
37:44Lance la communiste Dolores Ibaruri,
37:47futur passionnariat qui appelle à la résistance.
37:50Peuple de Catalogne, de Galice et du Pays Basque,
37:53peuple d'Espagne, défendons la République démocratique.
37:56Consolidons la victoire obtenue par le peuple le 16 février.
37:59Vive le front populaire, vive l'union contre le fascisme,
38:02vive la République du peuple.
38:05Nous ne laisserons pas le fascisme triompher.
38:08Nous ne les laisserons pas triompher.
38:12Le gouvernement Blum apporte son soutien politique
38:15à la République espagnole et lui livre secrètement des armes.
38:18Mais les violentes attaques de la droite,
38:21la pression de sa majorité parlementaire
38:24et de l'Europe sociale-démocrate
38:27qui redoute d'entraîner le continent dans la guerre
38:30le poussent à la non-intervention.
38:33Cet abandon de l'Espagne est perçu comme une trahison
38:36par les communistes et une partie des indépendants.
38:39La non-intervention porte un premier coup
38:42à l'unité du Front populaire français
38:45tout en laissant les mains libres
38:48à l'accélération des offensives franquistes
38:51qui ensanglantent l'Espagne.
38:58Peu avant d'être fusillé par les fascistes,
39:01le poète García Lorca écrit
39:04« J'ai fermé la porte de mon balcon
39:08pour ne pas entendre les sanglots
39:11mais de derrière les murs gris ne percent que des sanglots ».
39:23La tragédie espagnole conduit certains intellectuels
39:26à passer de l'engagement par les mots
39:29à l'engagement par les armes.
39:32André Malraux est l'un des premiers à partir au secours de la République.
39:35En 1899, il crée l'Escadrille España.
39:53Au fil des mois, des dizaines d'autres écrivains
39:56comme Simon Veil et Gustave Regler,
39:59Arthur Kessler ou Ernest Hemingway
40:02et d'autres comme Georges Orwell.
40:05J'étais venu en Espagne dans l'intention d'écrire quelques journaux
40:08mais à peine arrivé, je m'engageais dans les milices
40:11car à cette date et dans cette atmosphère,
40:14il paraissait inconcevable de pouvoir agir autrement.
40:21En France, les manifestations en faveur de l'Espagne
40:24se multiplient et aggravent les dissensions
40:27entre partisans et non-partisans de l'intervention.
40:31Certains intellectuels dont l'écrivain Romain Rolland
40:34appellent à se solidariser avec l'Espagne.
40:53Mais jamais la non-intervention n'est remise en cause
40:56par les socialistes européens.
40:59« Que ce soit inévitable », déclare Léon Blum
41:02qui redoute l'extension du conflit à l'Europe.
41:05La première condition de la paix,
41:08c'est qu'aucune nation ne se trouve contrainte
41:11de défendre par les armes
41:14l'intégrité de son territoire.
41:30Alors que le président du Front populaire français
41:33fait de la défense nationale sa priorité,
41:36en Espagne, la guerre s'internationalise.
41:39Hitler et Mussolini, qui ont promis leur soutien aux nationalistes,
41:42violent maintenant ouvertement les accords de non-intervention.
41:45Le ravitaillement matériel militaire, avions et troupes
41:48renforcent la rébellion menée par Franco.
41:51Proclamé généralissime, il poursuit sa croisade antirépublicaine
41:54avec la bénédiction de l'Église.
42:00Le manque d'armes et d'organisations
42:03menace en revanche le Front populaire.
42:06Le nouveau premier ministre, Largo Caballero,
42:09fait entrer pour la première fois en Europe
42:12des communistes au gouvernement.
42:15Les milices populaires sont réorganisées en armée.
42:18L'arrivée de l'armée,
42:21c'est la première fois que l'armée
42:24fait entrer des communistes au gouvernement.
42:27L'arrivée de l'armée.
42:37En réaction à l'entrée de l'Italie et de l'Allemagne dans la guerre civile,
42:40Staline dénonce à son tour les accords de non-intervention.
42:43Alors que la République ne l'espérait plus,
42:46il envoie à l'automne des cargaisons d'armes,
42:49de chars, des avions et des experts.
42:53Staline a également donné son accord
42:56à l'envoi des brigades internationales.
42:59Recrutés par les partis communistes,
43:0235 000 volontaires d'une cinquantaine de pays
43:05arrivent en renfort sur le Front républicain.
43:08Ils sont acclamés par le peuple.
43:23Majoritairement communistes,
43:26mais aussi simples militants antifascistes,
43:29ces bénévoles sont pour la plupart des ouvriers,
43:32des chômeurs et parfois des aventuriers.
43:40Portés par le seul idéal antifasciste,
43:43ces combattants du monde entier,
43:46dont des Allemands et des Italiens,
43:49ont été renforcés.
44:15L'Europe antifasciste et l'Europe fasciste
44:18sont désormais par les armes sur la terre d'Espagne,
44:21où les combats s'intensifient.
44:24Le camp républicain se divise sur les stratégies
44:27pour gagner la guerre qui décime le pays.
44:48Chaque jour, le fossé se creuse
44:51entre les forces du Front populaire.
44:54Renforcé par l'intervention de Staline,
44:57le parti communiste, insignifiant avant la guerre,
45:00occupe maintenant une place prépondérante au gouvernement.
45:03Sa priorité, c'est de gagner la guerre.
45:06Les réformes sociales sont suspendues,
45:09les milices populaires militarisées.
45:12Mais pour les anarchistes, comme pour les marxistes du POUM,
45:15proche des trotskistes,
45:18cette guerre doit être aussi une révolution sociale.
45:21Ces divergences se soldent par des affrontements.
45:24Qualifiés d'ennemis du peuple par les communistes,
45:27anarchistes et poumistes sont éliminés.
45:46Cette guerre dans la guerre
45:49pousse le chef du gouvernement de Front populaire,
45:52Largo Caballero, à la démission.
45:55Juan Negrin, son ancien ministre,
45:58favorable à la stratégie communiste,
46:01lui succède.
46:04Le Front républicain perd du terrain.
46:07L'Espagne fasciste de l'autre côté
46:10se déplace.
46:13En France, le malaise économique s'accroît.
46:16Sous la pression des marchés financiers,
46:19Léon Blum a déclaré la nécessité
46:22de faire une pause dans les réformes.
46:25L'incompréhension et la désillusion
46:28succèdent peu à peu à l'enthousiasme.
46:31L'économie, l'économie sociale,
46:34l'économie sociale, l'économie sociale,
46:37l'économie sociale, l'économie sociale,
46:40En juin 1937,
46:43le Sénat lui refusant les pleins pouvoirs financiers,
46:46Léon Blum est à son tour acculé à la démission.
46:49Le député de Montréal,
46:52En juin 1937,
46:55le député de Montréal,
46:58Léon Blum est à son tour acculé à la démission.
47:01Léon Blum est à son tour acculé à la démission.
47:04Léon Blum est à son tour acculé à la démission.
47:07…Léon Blum est à son tour acculé à la démission.
47:11En l'espace de quelques mois,…
47:13…le rêve d'unité des fronts populaires a volé en éclats.
47:16Et avec lui, la légitimité de s'allier aux communistes pour vaincre le fascisme.
47:21Seule une minorité intellectuelle, dont André Gide, ose remettre l'URSS en cause.
47:26Je doute qu'en aucun pays aujourd'hui, fusse dans l'Allemagne de Hitler,…
47:30…l'esprit soit moins libre, plus courbé, plus craintif.
47:38La répression communiste en Espagne, et les grands procès qui ont débuté à Moscou,…
47:42…consacrent aussi des ruptures entre intellectuels.
47:50Mais réunis pour le 2e congrès des écrivains en Espagne, en juillet 1937,…
47:54…ils renouvellent tous leur soutien au front populaire espagnol.
48:00Le front populaire est en difficulté, et ses lendemains sont comptés.
48:16En 1938, les pays signataires de l'Union Européenne…
48:20…reçoivent l'Union Européenne pour la première fois.
48:25En 1938, les pays signataires de la non-intervention…
48:29…ordonnent le départ des brigades internationales,…
48:32…laissant un camp républicain en loque, et à jamais désuni.
48:55En janvier 1939, le front populaire espagnol est vaincu par Franco.
49:04Son gouvernement militaire est reconnu par la France,…
49:07…dont le maréchal Pétain vient d'être nommé ambassadeur,…
49:10…ainsi que par la Grande-Bretagne.
49:12Des milliers de républicains sont condamnés à l'exil.
49:18L'unité d'action antifasciste, à l'origine des fronts populaires,…
49:22…est mortellement trahie par la signature du pacte germano–soviétique…
49:26…en août 1939.
49:30Ce retournement complet de Staline…
49:32…provoque la plus grave crise de l'histoire du Parti communiste français.
49:36Paul Nisan le quitte.
49:38Le choix n'est pas large.
49:40Mener une vie qui n'est qu'une espèce d'angoisse,…
49:42…ou risquer la mort pour conquérir la vie.
49:45Il faut payer ce prix pour ne plus rougir d'être un homme.
49:53Nisan trouvera la mort sur le front en 1940.
50:03L'Europe antifasciste est prise au piège.
50:05Les exilés allemands sont rattrapés en France par le nazisme.
50:10Désespérant d'échapper à la Gestapo,…
50:12…l'écrivain Walter Benjamin se suicide dans le petit village frontière de Portbou.
50:23Dans une situation sans issue,…
50:25…je n'ai d'autre choix que d'en finir.
50:28C'est dans un petit village où personne ne me connaît…
50:31…que ma vie va finir.
50:37Bertolt Brecht est de ceux qui ont pu émigrer aux États-Unis.
50:40Apprenant la mort de son ami,…
50:42…il lui dédie un poème.
50:44Rejeté à la fin vers une frontière infranchissable,…
50:48…tu as franchi, me dit-on, une frontière infranchissable.
50:52Des empires s'écroulent.
50:54Les chefs de bandes parades enjouant les hommes d'État.
50:57Les peuples disparaissent, invisibles, sous les armements.
51:05Constituée pour lui barrer la route,…
51:07…les fronts populaires ont été écrasés par le fascisme.
51:10Mais leur histoire est aussi celle d'une victoire.
51:14La victoire d'une mobilisation exceptionnelle pour le pain, la paix, la liberté,…
51:18…et celle d'un printemps marqué du saut de l'embellie sociale.
51:44Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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