Manuel Valls : «Il y a eu un basculement en 2015»

  • il y a 3 mois
L'ancien Premier ministre, Manuel Valls, parle de la situation en France : «Il y a eu un basculement en 2015».

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00:00Vous savez, il y a 23 ans, juste après la Deuxième Intifada,
00:03comme maire d'Évry, j'étais l'un des premiers à alerter
00:07des violences sur les Français juifs
00:11qui se rendaient ou qui revenaient des synagogues le samedi matin.
00:15Je me rappelle d'une enseignante, je l'ai souvent évoquée,
00:18qui m'avait dit qu'un des élèves, CM1 ou CE2, lui avait dit,
00:24et aujourd'hui nous avons beaucoup de témoignages de ce type,
00:27que son ennemi, sa détestation, c'était le juif, déjà, à l'époque.
00:32Et puis après, on a voulu cacher,
00:35ne pas parler de ce qui se passait dans les quartiers populaires
00:38et du fait que cette haine des Juifs, cet antisémitisme,
00:42venait essentiellement à travers les paraboles, l'éducation des parents
00:46du monde arabo-musulman, c'était ça.
00:49Et donc on n'en parlait pas puisque ça ne venait pas de l'extrême droite,
00:52ça venait de ce monde-là.
00:54Bon, moi je pense que mon gouvernement a beaucoup agi sur ces sujets-là,
00:58mais on voit bien que...
01:00C'est passé quoi en 20 ans, depuis l'assassinat d'Ilhan Alimi,
01:02qui avait une vingtaine d'années aujourd'hui ?
01:03Une prise de conscience.
01:04C'est une gamine de 12 ans, j'ai l'impression qu'on est retourné en arrière.
01:07Oui, bien sûr, mais il y a eu une prise de conscience de nos compatriotes.
01:09Il y a eu un basculement, évidemment, en 2015,
01:12quand on s'est aperçu que l'islamisme ne visait pas uniquement
01:17les journalistes de Charlie, les policiers, mais visait aussi,
01:23où les juifs, mais visaient aussi un mode de vie,
01:25une culture avec les attentats du 13 novembre.
01:28Mais le 7 octobre dernier, c'est un basculement.
01:31Et il y a cette phrase de ce grand philosophe français,
01:34incroyable, résistant, juif,
01:37mais qui avait compris en 1967 que l'antisionisme,
01:40c'est-à-dire la haine d'Israël,
01:41était la manière confortable d'être tout simplement antisémite.
01:44Je veux parler de Vladimir Yankelevitch.
01:46C'est toujours des actualités.
01:47Mais le problème, c'est que chez nous, en permanence,
01:51aujourd'hui, il y a un tweet infâme de M. Caron
01:57qui parle de deux poids, deux mesures.
01:59On n'a pas parlé d'une femme d'origine rome
02:03qui a été violentée il y a quelques mois.
02:06– Légationnisme, vous dites en fait.
02:08– En fait, heureusement, Anne Sinclair, Caroline Fourest,
02:13Simone Rodan, parmi d'autres, ont évoqué.
02:16Mais il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon,
02:20parlait d'antisémitisme résiduel.
02:24Vous vous rendez compte ce que ce mot veut dire ?
02:27Et après des semaines et des mois où, encore une fois,
02:31on alimente, je le répète, la haine d'Israël
02:35pour que ça retombe sur les juifs.
02:37Et je termine, parce que moi, je ne suis pas venu ici
02:40pour marquer mon indignation uniquement vis-à-vis…
02:45– Et on affiche le tweet que vous évoquiez
02:47où Aymeric Caron évoque ce crime raciste,
02:50personne n'en parle pour évoquer ce que vous nous disiez.
02:53Aucun débat sur les chaînes.
02:54– Je ne suis pas venu ici pour m'indigner uniquement de cette horreur.
02:59C'est difficile de mettre des mots et de penser
03:02à ce que cette fillette a subi, à ce que sa famille ressent.
03:07Mais pour dire qu'il y a quand même des responsabilités
03:11qui sont établies.
03:13Et ça fait des mois, le maire de Courbevoie le disait,
03:16dans ce reportage, qu'on alimente,
03:20à travers notamment la campagne des Européennes,
03:23menée par Manon Aubry, par Mme Rima Hassan,
03:28par toute la France insoumise, qu'on alimente cette haine.

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