• il y a 6 mois
Transcription
00:00Ami Babinoth, bonjour et bienvenue dans cette édition d'Espace littéraire. Nous accueillons
00:13aujourd'hui Céric Lavey, écrivain ivoirien, spécialiste en communication digitale. Passionné
00:20de culture, particulièrement de littérature africaine, il est l'auteur du roman intitulé
00:26Femmes de Ministres. Bonjour, c'est Céric Lavey, nous sommes honorés de vous avoir parmi nous
00:31aujourd'hui. Bonjour, j'espère que vous allez bien, je suis très heureux d'être parmi vous.
00:36Quelle est l'histoire derrière le choix du titre Femmes de Ministres ? A la base le titre c'est
00:43Yako aux femmes et après discussion avec la maison d'édition, on a trouvé qu'on pourrait
00:52faire une collection, toute une collection et donc cette collection pourrait s'appeler Yako
00:57aux femmes et donc dans cette collection il pourrait y avoir plusieurs tomes découlés et
01:02pour celui-là on a décidé de le nommer Femmes de Ministres en fonction de l'histoire qui découle
01:07du livre. Quelles sont les thématiques que vous évoquez dans votre oeuvre ? Dans celui-là c'est
01:13plus l'égalité du genre, la violence conjugale, le respect de la femme, c'est tout ce qui tourne
01:21autour de la femme. Dans votre livre, le personnage Bali Habib, époux d'un citant et complexe,
01:27montre à la fois des traits tendres et violents. Quel message souhaitez-vous transmettre sur la
01:33nature humaine et la possibilité de changement ? Alors dans ce personnage, je veux tout simplement
01:40faire comprendre à tout le monde, aux femmes, que l'apparence est souvent trop puissante. On
01:46peut tomber amoureux ou rencontrer une personne timide, à première vue gentille, mais dans le
01:54fond lorsqu'on découvre la personne, on voit que c'est un autre démon. A travers le personnage de
02:00Sabine, comment voyez-vous le rôle des proches dans la prévention et la résolution des cas de
02:06violence domestique ? Je pense que tout le monde n'a pas la même force de se défendre, tout le
02:11monde n'a pas la même volonté de vouloir en parler, tout le monde n'a pas la même vision des choses,
02:16je pense que ceux qui peuvent aider ces victimes là, c'est la famille, les amis, les proches,
02:22les collègues, ceux qui sont aux alentours qui constatent ce genre de cas. Donc je pense que Sabine,
02:28c'est ce rôle que nous tous on doit jouer. C'est vrai après, est-ce qu'on a la légitimité de
02:34s'infiltrer dans le quotidien de tout le monde ? Mais je pense qu'avec la procédure, avec la
02:40manière, c'est d'emmener progressivement ces victimes à sortir de ce cas où elles se trouvent,
02:47de leur faire comprendre que ce n'est pas normal ce que vous vivez. Parce que très souvent,
02:50lorsqu'on vit la situation, on est sous l'emprise, on ne sent pas que, on se dit que c'est normal,
02:55c'est tout à fait logique, mais c'est ceux qui sont aux alentours qui comprennent. Donc c'est ce
03:00rôle là que nous tous on doit jouer, ce rôle de Sabine. Le roman explore également les conséquences
03:05psychologiques et émotionnelles de la violence conjugale, en particulier à six temps. Est-ce
03:12qu'on peut en parler ? Alors je pense qu'à première vue, on voit les blessures, on voit les pleurs,
03:20on se dit que c'est ça le vrai mal. Mais le réel mal, ça se passe au niveau de la tête. Parce
03:26qu'une fois que tu es touché, psychologiquement, tu ne peux plus rien faire. Ta passion disparaît,
03:32la joie de vivre disparaît. Et une fois qu'on enlève tout ça, je pense que tu n'es plus vraiment
03:38un être humain. Vous terminez votre œuvre par cette décision des autorités de camoufler les
03:44circonstances de la mort de Bali. Ne pensez-vous pas qu'une telle fin retire au lecteur l'espoir
03:50que les violences conjugales peuvent se terminer sur des notes de justice ? Alors je dirais tout
03:56simplement que si les autorités, parce qu'eux l'ont fait pour une cause précise, parce qu'ils
04:00ont envie de protéger leur gouvernement, ils ont envie de protéger leur pouvoir. Mais je pense
04:05que la plus grande force dans un pays, dans une nation, c'est la société civile, c'est la
04:09population. De quoi que l'autorité fasse pour préserver ses intérêts, je pense que la population
04:16a tout le pouvoir, a toute la force nécessaire pour pouvoir balayer un problème. Et donc c'est
04:21une invitation à tout le monde pour dire que c'est des choses qui se passent dans l'ombre et on aura
04:27toujours des gouvernements, des états qui veulent protéger les intérêts. Mais c'est à nous-mêmes de
04:31pouvoir prendre le devet de la chose et de se dire que c'est trop, et de parler à ceux-là.
04:37Y a-t-il des ressources ou des actions concrètes que vous recommandez aux lecteurs qui sont
04:43confrontés à des situations de violences conjugales ? Alors la première action que je recommande, c'est
04:50d'abord prendre conscience que ce que vous vivez c'est pas normal. C'est vraiment pas normal ce
04:55que vous vivez. Il n'y a aucune raison que une personne qui vous aime, que ce soit votre père,
05:00votre mari, votre frère, votre collègue, peu importe la personne qui prétend vous aimer, vous fasse du
05:06mal. Donc premièrement c'est de prendre conscience que ce que vous vivez c'est pas normal. Et après
05:11la décision d'en parler. Il y a des centres pour écouter, peut-être que dans notre pays
05:18ce n'est pas assez, mais je pense qu'il y en a quelque part qui existent. Après on a des amis,
05:23on a des collègues, on a des amis. Donc une fois qu'on décide d'en parler, je pense que c'est un
05:30grand pas de vouloir en parler. Et après, une fois qu'on a pris la conscience que ce n'est pas
05:35normal et on a décidé d'en parler, c'est à partir de là que des personnes pourront trouver la
05:40nécessité de nous accompagner et de pouvoir nous aider. Un autre type de violence qui n'est pas
05:46tellement médiatisée, celle faite aux hommes, qu'en pensez-vous? Alors moi je pense que la
05:51violence, qu'elle soit du côté de la femme, qu'elle soit du côté de l'homme, une violence
05:56c'est une violence. Une violence n'a pas de couleur, une violence n'a pas de genre, une violence
06:01c'est une violence. Vous faites très bien de poser la question parce qu'il y a des hommes qui
06:04subissent des violences mais qui n'osent pas en parler parce qu'on a des préjugés dans notre
06:08société. Donc c'est une luecane aussi que j'invite ces hommes-là, de une fois que peut-être si vous
06:15avez la possibilité de lire le livre, de décider d'en parler. C'est vrai que ce n'est pas facile
06:21mais en parler ça fait du bien. Le simple fait de parler ça fait du bien. Pour revenir à femme
06:27de ministre, quel impact espérez-vous que cela ait sur la conversation publique autour de la
06:34violence conjugale et sur les efforts pour y mettre fin? Alors premièrement c'est de faire
06:39comprendre aux gens que ce genre de violence existe. Généralement les violences qu'on voit
06:43dans nos quartiers populaires mais là c'est une violence au sommet de l'état, c'est une violence
06:48que subit une femme dans un certain cadre social. Généralement on se dit que ce genre d'hommes-là
06:54ne subissent pas parce qu'ils ont tous les avocats, tout ce qu'il faut pour ne pas subir.
06:59Mais c'est eux qui subissent le plus parce qu'être en couple avec un homme du pouvoir c'est pas
07:05facile, c'est vraiment pas facile. C'est des hommes qui sont très dominateurs, très très très
07:11imposants et donc c'est des violences que ne pas seulement penser à nos dames qui sont dans
07:18les quartiers populaires mais de savoir que même au sommet les ministres et députés subissent ce
07:22genre de violences aussi. Travaillez-vous actuellement sur un nouveau projet ou un nouveau roman? Alors
07:28comme je l'ai dit tout à l'heure en introduction c'est une collection. Donc ça c'est le tome 1.
07:33Le tome 2 il est déjà écrit donc après avec la maison d'édition on va discuter de comment
07:39est-ce qu'on peut sortir le tome 2, le tome 3 et le tome 4. Toujours sur la même thématique.
07:44Pouvons-nous avoir un avant-goût du tome 2? Alors le tome 2 c'est toujours sur la même thématique de
07:53la femme mais ça sera pas sur la violence parce qu'on en a déjà parlé mais ça sera peut-être
08:00sur comment est-ce que les femmes peuvent avoir accès aux institutions dans le domaine de la
08:06politique, comment est-ce que les femmes peuvent avoir le même pouvoir financier que les hommes
08:12de la société. Je pense que ça sera plus dans cette veine là. Nous sommes à présent au terme de notre
08:18interview. Avez-vous un mot de fin, un message à passer? Alors j'aimerais inviter tout le monde,
08:25c'est pas un but commercial mais c'est d'inviter tout le monde à lire ce livre et moi
08:31généralement comme je le dis dans mes séances de dédicace, je dirais, c'est vrai que le livre est destiné
08:38aux femmes mais j'aurais souhaité que les hommes le lisent plus parce qu'une femme qui lit, elle sait
08:45qu'elle a subi une violence mais un homme qui lit, il sait, il réalise le mal qu'elle est en train de faire et
08:50c'est la même manière de guérir le mal qu'elle subisse. C'est l'agresseur qu'il faut
08:57éduquer, c'est l'agresseur qu'il faut sensibiliser et c'est l'agresseur qui doit prendre conscience que
09:01ce qu'il est en train de faire, c'est pas bien. Donc je le recommande plus aux hommes. Donc si vous
09:06êtes une dame, achetez-le et offrez-le à votre mari, à votre frère, à votre collègue et c'est à partir
09:12de là qu'on pourra vraiment guérir ce mal. Merci à vous Tréchet, invité pour cette interview enrichissante.
09:18Ami Babinoth, n'oubliez pas de vous procurer, femme de ministre de l'écrivain série Clavet, pour vivre des
09:25moments de lecture passionnants et profonds.

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