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00:00Autant le dire tout de suite, Elvis, pour moi, c'est le film de l'année.
00:03Baz Luhrmann, qui est un réalisateur très excentrique, très controversé de part sa mise en scène totalement folle,
00:09a ici trouvé son sujet de prédilection.
00:11Un sujet qui était fait pour lui.
00:13Qui d'autre pouvait mettre en image la folie Elvis ?
00:15Il va mettre toute l'extravagance d'Elvis au service de sa mise en scène,
00:19et ça va nous offrir un biopic totalement unique.
00:21Il y a beaucoup de biopics musicaux depuis assez longtemps,
00:25mais c'est vrai que depuis Bohemian Rhapsody et son succès, ça enchaîne.
00:27Mais à chaque fois, ça le fait de manière différente, et ça, c'est cool.
00:30Rocketman, par exemple, proposait une espèce de comédie musicale,
00:34et là, ce Elvis, à travers sa mise en scène, raconte l'ascension et la chute du King avec une vraie force de l'image.
00:41Et en faisant vivre les scènes de musique qui sont tout aussi incroyables
00:45grâce à la magnifique prestation d'Austin Butler,
00:48qu'on a pu apercevoir dans What's Up with the Time in Hollywood de Tarantino,
00:51et qui, ici, prouve qu'il est un futur grand sur lequel on devra compter dans les années à venir,
00:56et qui, j'espère, sera multiplement récompensé grâce à ce rôle.
00:59Le film veut se raconter à travers le point de vue du colonel, qui est l'impresario d'Elvis,
01:03et donc l'antagoniste de cette histoire, puisque c'est lui qui causera sa perte.
01:07Et le colonel commence le film en disant « Non, non, c'est pas moi le méchant, c'est vous »,
01:10en parlant de nous, les spectateurs et les fans d'Elvis.
01:13Il nous dit que c'est son amour pour nous qui l'a poussé à aller trop loin,
01:16qui est évidemment pas forcément vrai, en tout cas, il y a de la nuance,
01:19mais je trouve ça assez couille de commencer comme ça,
01:20et de faire de ce colonel le narrateur de cette histoire,
01:25même si le concept ne sera pas forcément poussé jusqu'à son paroxysme,
01:29puisque le film ne va pas complètement embrasser le point de vue du colonel,
01:32vu que, justement, le film va se positionner du côté d'Elvis, et donc contre le colonel.
01:36Le film va aussi proposer des scènes de chant et de concert assez conséquentes,
01:42mais qui vont raconter véritablement quelque chose.
01:44La scène où Elvis se produit à Las Vegas et chante « Suspicious Mind »,
01:48oui, je sais, mon accent anglais est pourri,
01:50et où on a en parallèle de cette prestation le colonel,
01:52qui est en train de littéralement vendre son poulain au patron de l'hôtel à Las Vegas,
01:57et où les paroles de cette chanson disent littéralement que Elvis est coincé,
02:01et qu'il ne peut plus s'en sortir,
02:02mais non seulement ça fait un parallèle sur le fait qu'Elvis est en train de perdre pied,
02:05et de perdre le contrôle,
02:06mais ça met aussi en avant les mal-êtres du colonel,
02:09qui est un homme totalement rongé par la cupidité et par l'avidité,
02:13qui est dépendant au jeu d'argent,
02:15et qui fera tout, même briser le destin d'un jeune homme comme Elvis,
02:19pour pouvoir subvenir à ses besoins maladifs.
02:21Cette scène, c'est littéralement Elvis qui signe un contrat avec le diable,
02:24et qui le fait à travers sa prestation, sans même s'en rendre compte.
02:27Et c'est là qu'Hustin Butler est grand,
02:29puisqu'il offre une certaine sensibilité à son personnage.
02:31Et pourtant, c'est là aussi où ça aurait pu basculer, à travers sa prestation,
02:34parce que beaucoup aujourd'hui connaissent Elvis à travers ses parodies, quasiment,
02:37à travers ses sosies.
02:39Et donc avec cet imaginaire qu'entoure ce véritable personnage mythologique,
02:42ben ça n'a pas dû être évident de pouvoir se l'approprier,
02:45sans rentrer dans la caricature, justement.
02:47Et Hustin Butler est à la frontière de cette caricature,
02:49notamment quand il reprend sa voix, à travers sa gestuelle, son regard de braise,
02:53mais ne dépasse jamais cette frontière,
02:55et en plus parvient à être ultra crédible.
02:57Il fait d'Elvis cet aigle de toute beauté, qui n'a rêvé que d'une chose, c'est s'envoler,
03:01mais qui sera coincé dans une cage dorée, et dompté par son mentor,
03:05qui sera un homme mauvais, qui ne fera que se servir de lui,
03:09et le museler tout au long de sa vie.
03:10Baz Luhrmann va mettre en avant un Elvis ultra starifié, ultra clinquant.
03:14Il aurait pu, comme les autres biopics, se dire on va justement déconstruire ce personnage,
03:17et en faire quelqu'un de lambda.
03:19Sauf qu'Elvis n'est pas quelqu'un de lambda.
03:20Et durant tout le film, quelles que soient les situations,
03:22Elvis reste ce personnage ultra mythique, dont l'aura éblouit chaque scène.
03:27Le fait que, durant ses débuts de carrière, Elvis se produise dans des foires,
03:30ça n'est pas anodin, puisqu'Elvis, à ce moment là, est littéralement une bête de foire.
03:34Elvis, à travers justement cette manière de bouger quasi extraterrestre,
03:39à travers ses tenues folkloriques que personne n'a jamais vues,
03:41à travers ce maquillage que personne n'a jamais vu,
03:44à travers ce personnage qu'il s'est construit,
03:46et qui dénote complètement de l'être humain lambda,
03:48il est littéralement une bête de foire.
03:50Donc on a un biopic qui raconte vraiment quelque chose, et ça c'est plutôt cool.
03:54On a aussi un biopic qui prend des libertés sur la véritable histoire,
03:57mais comme tous les biopics.
03:58Je vous avoue que quand Bohemian Rhapsody est sorti,
04:00que les gens critiquent le fait que le film prenne des libertés sur la véritable histoire de Mercury et de Queen,
04:05pour moi ça n'avait aucun sens.
04:06Puisqu'un biopic va récupérer une base d'histoire réelle,
04:10et la remodeler pour raconter quelque chose à travers la mise en scène.
04:13Donc on peut ne pas aimer certains biopics à cause de cette mise en scène,
04:17mais ne pas aimer un biopic parce qu'il n'est pas fidèle à l'histoire originale,
04:20je trouve ça n'a pas de sens.
04:21En tout cas là, contrairement à Bohemian Rhapsody,
04:23personne n'a rien eu à redire, et c'est pas plus mal.
04:25Et d'ailleurs Elvis est beaucoup mieux maîtrisé que Bohemian Rhapsody, ça on va pas se mentir.
04:29Donc voilà, Elvis c'est un grand film,
04:31c'est pour moi le meilleur film de l'année,
04:33donc si vous ne l'avez pas vu, n'hésitez pas.