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Transcription
00:00Le Brésil, le Brésil de Lula, va-t-il encore durcir les règles de l'avortement ?
00:05Aujourd'hui au Brésil, l'IVG n'est autorisé qu'en cas de viol, d'anomalie pour le fœtus ou de risque pour la mer.
00:11Et bien demain, ces garanties pourraient voler en éclats et une peine de 20 ans de prison pourrait être prononcée en cas de non-respect de la loi.
00:17Bonjour Louise Rollet, on vous retrouve en direct de Rio de Janeiro.
00:20Des députés sont tentés de serrer la vis à un projet de loi et donc en préparation.
00:24La question divise-t-elle la société brésilienne d'abord ?
00:30Oui, c'est un débat ici qui divise et qui suscite de vives réactions.
00:35D'un côté, le camp conservateur qui parle d'une victoire de la vie.
00:39De l'autre, les opposants au projet, principalement les mouvements féministes.
00:44Alors sous le slogan « Un enfant n'est pas une mère », les féministes manifestent depuis jeudi dernier dans les principales grandes villes du pays
00:52comme à São Paulo où elles étaient plus de 10 000 samedi dernier.
00:55Alors elles surnomment elles ce texte de projet de loi de la grossesse infantile.
01:00Car en plus d'être un recul pour les droits des femmes, ce texte selon elles représente un véritable danger pour les enfants et les adolescentes.
01:08Toutes les 15 minutes au Brésil, une jeune fille de moins de 13 ans est violée.
01:13Et ces dix dernières années, depuis 2014, plus de 200 000 enfants et adolescentes sont devenues mères.
01:19Le Brésil a pourtant déjà une réglementation très stricte autour de l'avortement.
01:25Louise, je le disais, il y a donc ce texte en préparation et qui risque d'alourdir encore ces peines.
01:36Oui, tout à fait, comme vous le disiez, l'avortement ici est illégal.
01:40Il est même passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans.
01:43Vous l'avez dit, il est possible que dans trois exceptions.
01:46Et alors, si ce projet de loi passe, il prévoit de qualifier l'avortement d'homicide simple s'il est réalisé après 22 semaines de gestation.
01:58Même si cette grossesse résulte d'un viol, concrètement, ça veut dire qu'une femme violée pourrait bénéficier d'une peine plus lourde que son violeur.
02:07Elle risquerait entre 6 et 20 ans d'emprisonnement contre maximum 10 ans pour un violeur.
02:13Et c'est justement ce point-là qui suscite toute l'indignation.
02:17Le président Lula l'a d'ailleurs qualifié de folie car il victimiserait encore plus des femmes déjà traumatisées par un viol.
02:24Et toutes ces répercussions négatives, elles ont un effet sur la cote de popularité du texte, Louise ?
02:31Oui, le texte a déjà perdu une partie des soutiens des élus.
02:36Alors même s'il était adopté à la Chambre des députés, il aurait un peu moins de chances de passer au Sénat qui lui opposerait une plus forte résistance.
02:44En tout cas, ce texte, c'est avant tout une manœuvre politique.
02:48S'il a été approuvé en caractère d'urgence à la Chambre des députés, c'est parce que le président de cette Chambre, Arthur Lira, voulait s'assurer du soutien du lobby évangélique.
02:57Un lobby qui représente une force majeure au Congrès, à la Chambre des députés, c'est une centaine de députés.
03:05Et alors Lula a réagi quand même assez tardivement, il ne s'est exprimé que samedi.
03:10Même s'il a dit que l'avortement doit être traité comme une question de santé publique parce qu'il est une réalité au Brésil, lui-même se dit à titre personnel contre l'avortement.
03:22Il essaye d'une part de s'attirer l'électorat évangélique.
03:26Les évangéliques représentent 30% de la population au Brésil.
03:29Ils sont généralement acquis à la cause de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
03:34Lula a dit qu'il ne reviendrait pas sur la législation actuelle, c'est-à-dire qu'il ne compte pas non plus légaliser l'avortement malgré les demandes répétées d'une partie de son électorat.
03:44D'autre part, Lula, on le voit, a les mains liées par le Congrès sous son mandat.
03:49Le Congrès, les thèmes conservateurs au Congrès avancent beaucoup plus que sous son prédécesseur Jair Bolsonaro.
03:56Lula a du mal au Congrès à former une majorité dans un Parlement dominé par les alliés de Bolsonaro, par les conservateurs et par la droite.
04:08En tout cas, ce débat ici au Brésil, il est loin d'être terminé car le député à l'origine de ce projet, un député évangélique, a promis que si le texte n'était pas adopté à la Chambre des députés,
04:20le lobby évangélique reviendrait avec un projet encore plus strict appelé le statut de l'enfant à naître.
04:27Il vise à inscrire dans la législation les droits du fœtus dès sa conception et de qualifier l'avortement de crime odieux.
04:35Merci de nous avoir exposé ce débat au Brésil.

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