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00:00On en parle ce matin parce que c'est un véritable phénomène, le film, un petit truc en plus,
00:04D'Artus, a dépassé les 6,5 millions de spectateurs en seulement 6 semaines, c'est le plus gros
00:09succès du cinéma français en salle depuis le Covid, un film drôle et qui parle de handicap.
00:15Alpovark.
00:16Bonjour Xavier Vacheret.
00:17Bonjour.
00:18Alors, vous avez longtemps accompagné, vous, votre frère, atteint de trisomie 21, vous
00:22avez vu, vous aussi, ce fameux film, en quelques mots, vous en avez pensé quoi ?
00:26Beaucoup de bien, j'ai été ravi de voir un peu qu'on puisse regarder le handicap sous
00:32un autre angle et de manière tout à fait empathique et avec beaucoup de bienveillance,
00:37j'ai trouvé dans ce film.
00:38Oui, les retours sont plutôt positifs, y compris par les éducateurs, par exemple,
00:43qui sont au quotidien avec des personnes en situation de handicap, on l'a entendu ce
00:47matin, par exemple, à l'IME de Vesoul.
00:49Vous qui avez vécu avec votre frère pendant X années, comment vous avez vécu cela ? Est-ce
00:56que c'est compliqué lorsqu'on a un frère atteint de trisomie, de se promener dans la
01:01rue ? Est-ce qu'effectivement le regard est différent ?
01:03Oui, c'est compliqué dans le sens où quand on est jeune, on a envie d'avoir la même
01:08vie que tout le monde, donc on est obligé de prendre en charge aussi l'accompagnement
01:13de son frère pour soulager un peu nos parents, donc on vit ça un petit peu parfois comme
01:17une injustice, on lui en veut alors qu'on n'a aucune raison de lui en vouloir, et avec
01:22le temps, on s'aperçoit qu'on est là aussi pour lui, et on partage des moments formidables.
01:29Est-ce que vous perceviez en tant qu'enfant, puis adolescent, puis adulte, ce regard des
01:36autres ?
01:37Oui, énormément.
01:38Mais de quelle façon ? Un regard comment ?
01:40Un regard insistant, comme j'ai entendu tout à l'heure.
01:43Interrogateur ?
01:45Interrogateur, parfois une espèce de rebut qui est fait, qui est exprimé pas simplement
01:52avec les yeux, mais parfois avec les mots, et ça c'est beaucoup plus violent, mais souvent
01:56c'est parce que c'est une méconnaissance de ce qu'est le handicap en tant que soi et
02:01de la personne qui est handicapée.
02:03En fait, ce sont des personnes qui sont au cash, comme on le voit dans le film, qui sont
02:07d'une grande sensibilité, sans filtre, et qui peuvent avoir beaucoup d'humour.
02:13Il avait beaucoup d'humour, votre frère ?
02:15Oui, oui.
02:16Vous vous souvenez de circonstances, vous avez des souvenirs de petites phrases ou de
02:21moments où, effectivement, peut-être ça vous mettait aussi, vous, dans l'embarras
02:25en tant que frère, parce qu'effectivement, il était nature ?
02:28Il était nature, alors quand c'était dans le cercle familial, je veux dire, bon, voilà,
02:34tout le monde savait, connaissait, quand c'était dans des lieux un petit peu publics, on va
02:39dire, ou à l'extérieur, bon, moi, ça me faisait beaucoup rire.
02:41Pas tout le monde ?
02:43Non, par contre, pas tout le monde, et les gens ne comprenaient pas qu'on puisse le laisser
02:48s'exprimer de cette façon-là, quoi.
02:49Ah oui ?
02:50Oui, oui.
02:51Donc, il y a une sorte d'interdit, enfin, de...
02:54C'est ça, oui, oui, il faut les canaliser, il faut les calmer, il faut un peu comme la
02:58scène qu'on voit dans le film où ils partent faire leurs courses dans leur supermarché,
03:02où tout le monde les regarde parce qu'ils sont très, très expansifs, et on leur demande
03:06un justificatif à la caisse, est-ce que vous avez le droit de passer à cette caisse
03:11réservée aux personnes handicapées ? Et en fait, la simple vue des personnes handicapées
03:16suffit à apporter la réponse, quoi, voilà.
03:19Alors, justement, bon, vous dites, voilà, il y avait ce regard, là, on parle de ce
03:23film, avec cet espoir, pour beaucoup de nos auditeurs également qui nous écrivent sur
03:28la page Facebook de France Bleu Besançon, que le cinéma puisse changer le regard.
03:33C'est important, ça, que le cinéma fasse des films, propose des films aussi comme ça ?
03:39Je crois, oui, que c'est important parce que dans la vie quotidienne, c'est assez difficile
03:44de faire évoluer les choses.
03:45On a beau essayer d'en parler, alors, de se battre, je ne suis pas forcément le mieux
03:49placé pour ça, mais je l'ai vécu quand même.
03:50Faire passer le message, ce n'est pas toujours évident.
03:53On ne se rend pas toujours compte de tout ce que ça peut impliquer, et là, le regard
03:58de ce film, entre autres, était un peu décalé, on n'a pas regardé Le Handicap avec les
04:04mêmes yeux, avec cette même réserve, je pense qu'ils ne se sont pas trop posé de
04:07questions, certainement, quand ils ont fait le film, et ça s'est fait naturellement.
04:10Et je crois qu'il faut laisser parler le côté humain de la chose.
04:14Souvent, quand on parle handicap, on parle problème, on parle insertion dans les institutions,
04:19aménagement de locaux, etc., donc on est dans des problématiques qui éludent un petit
04:25peu ce côté humain.
04:26Xavier Vachery, pourtant, on parle de plus en plus d'inclusion, notamment dans l'éducation
04:30nationale, donc les enfants vivent, pas tous, mais quand même pour beaucoup maintenant,
04:35au quotidien, avec des personnes en situation de handicap, ça évolue trop lentement ?
04:40Ça évolue, pour moi, beaucoup trop lentement, oui.
04:43J'ai entendu des choses, nous sommes des enseignants, nous ne sommes pas des éducateurs,
04:47alors déjà rien, quand on entend ça, ça fait mal.
04:49On est avant tout des humains, je crois, et ça on l'oublie.
04:53Dans l'établissement dans lequel je travaille, effectivement...
04:55Alors vous travaillez, effectivement, j'allais y venir, vous êtes dans l'enseignement supérieur,
04:59donc là, on est face à des jeunes adultes, plutôt, vous êtes à l'ENSEM, l'école
05:02d'ingénieurs de mécanique de Besançon, oui, dites-nous.
05:05Oui, j'essaye de militer, si je peux le dire comme ça, pour qu'on puisse disposer d'un
05:10référent handicap au sein de l'école, pour faciliter un peu l'accueil, pas seulement
05:14des élèves, mais du personnel, pour qu'il y ait une réflexion de fond sur l'essence
05:19de circulation, comment avoir accès à la circulation dans les locaux, etc.
05:23Alors, il y a des normes qui sont respectées, il y a des rampes d'accès, etc., mais il
05:28y a des rampes d'accès avec des pentes qui ne sont pas forcément toujours adaptées.
05:31Quand vous avez des bâtiments qui représentent une certaine longueur, vous avez un accès
05:35à un bout du bâtiment, quand la personne handicapée doit se déplacer d'un bout à
05:38l'autre, ce n'est pas toujours facile.
05:40Le franchissement des portes, enfin voilà, de façon à ce qu'il y ait une réflexion,
05:44une meilleure intégration.
05:45Il y a toujours du travail.
05:46Il y a toujours du travail.
05:47Merci beaucoup pour votre témoignage, Xavier Vacheret, on vous souhaite une belle journée,
05:52et puis bon film à tous, parce que tout le monde ne l'a pas vu, 6 millions et demi passaient
05:57même en six semaines, le film toujours en salle bien évidemment, et vous continuez à
06:02poster vos témoignages, vos commentaires sur la page Facebook de France Bleu Besançon.