Ce mercredi 12 juin 2024, Diane Wattrelos, aussi connue sous pseudo de (@les_maux_en_couleurs) sur les réseaux sociaux, sort "Addict sur ordonnance", aux éditions Leduc. Atteinte d’une algie vasculaire de la face, maladie neurologique aux douleurs insoutenables, elle raconte comment elle, mère de famille, est tombée dans l’addiction aux opioïdes légaux et plaide pour lever le tabou.
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00:00 On a l'impression qu'on nous plante vraiment des épines dans tout le corps.
00:03 Il y a du chaud-froid, de la transpiration, on se vit de tous les côtés, on vomit, il
00:09 y a la diarrhée, c'est vraiment terrible.
00:12 Je m'appelle Diane et je viens sensibiliser à l'addiction aux opioïdes et j'ai écrit
00:16 un livre sur l'addiction.
00:17 C'est en 2013 que mon généraliste m'a prescrit du tramadol et puis par la suite
00:24 de la morphine pour mes douleurs, pour mon algivescler de la face qu'on m'a détecté
00:31 par la suite.
00:32 L'algivescler de la face c'est une maladie neurologique au niveau du cerveau qui donne
00:35 des douleurs vraiment terribles au niveau de la face, notamment au niveau de l'œil.
00:39 L'impression qu'on nous plante un tournevis dans l'œil.
00:42 La douleur est vraiment comparable à une amputation par exemple sans anesthésie.
00:46 Je pense que très rapidement je suis tombée dans le cercle vicieux de l'addiction en
00:50 fait sans le savoir.
00:51 Ça ne marchait pas donc on augmentait et puis je suis arrivée vite au stade où on
00:55 ne pouvait plus diminuer parce que ça me créait du manque.
00:57 Sauf que le manque je pensais que c'était des douleurs.
01:00 On a l'impression qu'on nous plante vraiment des épines dans tout le corps.
01:03 Il y a du chaud-froid, de la transpiration, on se vit de tous les côtés, on vomit, il
01:09 y a la diarrhée, c'est vraiment terrible.
01:12 Je ne me suis jamais dit qu'il y avait un problème parce que je prenais le tramadol
01:14 comme je prenais mes médicaments pour mon algivescler de la face.
01:17 Je ne le savais pas, je ne connaissais pas les risques.
01:20 Pendant 9 ans, il n'y a pas eu une journée où je n'ai pas pris du tramadol.
01:22 Pendant mes grossesses, il n'y a pas eu une journée sans tramadol.
01:25 Je mélangeais beaucoup les médicaments.
01:26 J'ai compris aussi que je me mentais à moi-même, c'est-à-dire que je pensais que je ne multipliais
01:30 pas les ordonnances, que je ne multipliais pas les pharmacies.
01:33 Alors que si, je demandais le dosage maximum à mon médecin généraliste, je demandais
01:38 le dosage maximum à ma neurologue pour pouvoir avoir des dosages qui étaient extrêmement
01:44 élevés et c'est là où vraiment le danger arrivait et que je risquais vraiment l'overdose.
01:49 J'ai vu plein de médecins qui m'ont donné du tramadol, de la morphine pendant 9 ans.
01:52 Il a fallu attendre 9 ans pour qu'on me dienne aussi mon addiction.
01:56 C'est vrai qu'on a l'image d'une personne addicte plus solitaire, pas insérée à travers
02:01 la société, du moins pas la mère de famille.
02:04 C'est un sujet tellement tabou qu'on ne se rend pas compte que ça existe, une personne
02:09 addicte mère de famille.
02:11 Ça a été très difficile parce que j'étais face à une équipe du centre antidouleur
02:15 qui ne me comprenait pas.
02:16 C'est-à-dire que j'essayais, j'essayais vraiment.
02:19 Mon livre m'a beaucoup aidée à rencontrer des personnes, les bonnes personnes qui m'ont
02:24 aidée à trouver le Xapa qui est un centre vraiment spécialisé que dans l'addiction.
02:32 Ça m'a sauvée.
02:33 On a arrêté tout du jour au lendemain, le tramadol et la morphine et on m'a mis sous
02:40 substitut.
02:41 Et du coup, là, ça fait un mois et demi que je suis ce vrai et que j'ai un substitut.
02:45 Enfin !
02:46 Je suis fière de moi.
02:47 Je ne risque plus de l'overdose.
02:49 Mon mari avait extrêmement peur de me retrouver plus là, morte.
02:55 J'arrive pas à dire, mais morte le matin.
02:58 Aujourd'hui, c'est fini.
02:59 Pendant neuf ans, je ne pensais pas que ça pouvait m'arriver à moi.
03:05 Et je pense que pour beaucoup, c'est ça le problème.
03:07 C'est que l'addiction aux opioïdes concerne tout le monde.
03:11 Il faut arrêter d'en faire un sujet tabou.
03:13 Vraiment.
03:14 [Musique]