Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00Europe 1, Pascal Praud.
00:08Et peut-être pour nous souvenir, on va écouter une interview de François Jouffa.
00:15Précisément, on est le 30 décembre 1966.
00:19Et on est chez elle.
00:21Vous vous souvenez précisément de ce jour ?
00:23Attends, j'ai été reporter pendant 15 ans, j'ai fait de la radio pendant près de 50 ans.
00:28Vous vous souvenez de toutes les interviews ?
00:30Non, parce que récemment on m'a dit, c'est dommage que tu n'aies pas rencontré Léo Ferré,
00:34une ancienne assistante m'a sorti l'interview de Léo Ferré.
00:37Non, on oublie, surtout qu'à l'époque à Europe 1, j'ai été reporter tout terrain.
00:41On peut être un après-midi avec Platini, je dis ça pour vous faire plaisir.
00:45Et le soir avec une princesse d'Angleterre.
00:48Donc le 30 décembre, vous êtes en direct ce jour-là ?
00:50Non, c'est enregistré avec mon agra 3 mono et bande magnétique BRSF, je m'en souviens.
00:57Et c'était chez elle, rue Saint-Louis en Lille, où elle habitait un appartement à côté de Georges Boustaki.
01:03Je dis ça parce que je sais, en vous regardant souvent à la télé, que vous connaissez bien la chanson.
01:08Et elle est déjà avec Jacques Dutronc à ce moment-là ?
01:1166, 67 ans.
01:12Elle est avec Jean-Marie Perrier peut-être ?
01:14Jean-Marie Perrier, sûr, Jacques Dutronc, je ne me rappelle plus à quel moment ça s'est fait.
01:17De toute façon, elle a continué.
01:18On écoute cette interview, plus populaire dans d'autres pays, dit-elle.
01:22C'est quand même paradoxal, puisque vous êtes une chanteuse française,
01:24mais ça marche surtout à l'étranger.
01:26En Italie, en Allemagne et en Angleterre, vous êtes une très grande vedette.
01:29Oui, mais enfin, c'est beaucoup une question de personnage, peut-être plus qu'une question de disque.
01:35Ça a démarré par un disque dans les pays que vous venez de citer.
01:38Et puis maintenant, en Italie, par exemple, ça fait un temps fou que je n'ai pas fait de disque.
01:42Et je ne sais pas, j'ai une publicité terrible dans les journaux.
01:45Alors je pense que c'est à cause du personnage, plus qu'à cause des chansons.
01:48Quand on lit les magazines anglais, et même les quotidiens, presque tous les jours, il y a une photo de François Zardy.
01:52C'est la minijupe, dans le fond, qui a relancé François Zardy.
01:55On ne sait même plus d'ailleurs si ce sont les Anglais.
01:57De toute façon, ce sont les Anglais qui ont lancé la minijupe.
01:59Enfin, disons que l'histoire de la jupe au-dessus des genoux a été lancée vraiment par courage.
02:06Et que les Anglais ont vulgarisé ça beaucoup et avec excès.
02:13Et ça a donné la minijupe.
02:15Et c'est là-bas que j'ai vu les minijupes pour la première fois.
02:18Et ça m'a donné l'idée d'en porter parce que je trouvais que ça m'allait mieux que les jupes longues.
02:23En quoi était-elle différente des autres artistes de l'époque, François Jouffas ?
02:29A l'époque, la génération Préhéllier était rockeuse.
02:34Sylvie Vertan, la si mignonne Sylvie Vertan, était une twisteuse.
02:37Il y avait énormément de jeunes filles.
02:39Avant, Sheila, et puis par la suite, il y en a eu beaucoup, jusqu'à aujourd'hui, Véronique Sanson.
02:43Mais elle était dans la lignée de la chanson française.
02:47A l'époque, des filles aux cheveux longs, minces, belles, comme ça.
02:52Il y a Marie-Josée Noville, ça vous dit peut-être quelque chose, avec des tresses et tout.
02:57Et il y en avait très peu.
02:59Elle n'était pas comme les autres futurs yéyés.
03:03Elle n'était pas dans le moule.
03:04Mais bientôt, elle le sera parce que la plupart des filles de son âge se sont mises à rassembler.
03:09Soit Sheila...
03:10Mais c'est une question de caste populaire, j'ose dire le mot caste.
03:13Les gens très populaires, les jeunes filles très populaires, suivaient Sheila avec des couettes.
03:20Et les petites bourges suivaient Sylvie Vertan.
03:23Et François Zardy, c'était un peu...
03:25Les intellos ?
03:26Oui, les intellos, un peu.
03:27Moi, j'ai fait quelques études dans une université américaine.
03:30Ils connaissaient François Zardy comme ils adoraient John Bass.
03:33C'était un peu le même climat folk.
03:35D'ailleurs, elle était toujours étonnée, quand on lui parlait de ça.
03:38Elle ne le savait même pas.
03:39Elle s'en foutait un peu.
03:40Bob Dylan, le grand Bob Dylan, futur prix Nobel quand même,
03:43le grand Bob Dylan, quand il est venu à Paris à l'Olympia,
03:46et qu'il a chanté le dos au public,
03:49les gens criaient nasal,
03:51il n'a voulu commencer son tour de chant
03:54qu'après que François Zardy ait dénié venir le saluer.
03:58Il saluait, il était venu en France pour voir François Zardy.
04:01Alors, écoutons la dernière interview, cette fois-ci, de François Zardy sur Europe 1.
04:04C'était le 20 mars 2021, avec Michel Deniseau.
04:08Écoutons-la.
04:10Mes meilleures chansons sont vraiment autobiographiques.
04:14Elles partent du fond de ce que j'avais dans le cœur,
04:18de douleur et de frustration,
04:20puisque par chance, pour les chansons,
04:23j'ai eu une vie sentimentale assez douloureuse.
04:28Combien de chansons avez-vous écrites à destination de Jacques Dutronc ?
04:31Inspirées par les sentiments que j'éprouvais pour lui ?
04:34C'est impossible à compter, il y en a trop.
04:37Je crois que le plus grand nombre de mes chansons est encore récemment.
04:42Dans mes derniers enregistrements, par exemple,
04:45il y a un album qui s'appelle « Personne d'autre »,
04:47mais c'est aussi le titre d'une chanson,
04:50dont j'ai écrit le texte,
04:52et le texte résume mon histoire avec Jacques.
04:56Dans l'album précédent, il y avait une chanson
05:00qui s'appelle « Rendez-vous dans une autre vie »
05:04et le rendez-vous, c'est à Jacques que je m'adresse.
05:07Est-ce qu'il vous répond ?
05:09Pendant très longtemps, il n'a jamais écouté mes chansons.
05:13Vraiment ?
05:14Je crois, oui.
05:16Je sais que j'ai fait tout un album en pensant à lui
05:19et en espérant le rendre jaloux.
05:21Dans l'album « Entracte »,
05:23je racontais une rencontre avec quelqu'un
05:26avec qui se passait quelque chose
05:28parce qu'on en avait marre d'être un meuble pour l'autre.
05:32La voix de François Zardy avec Michel Deniso.
05:35Il est 12h27, on est avec François Jouffard,
05:38on est également avec Julien Pichenay,
05:40qui est journaliste sur Europe
05:42et que l'on retrouve chaque matin dans Culture Média.
05:44Julien nous dira dans quelques secondes
05:46et nous parlera de François Zardy
05:48et notamment des pépites qu'il a trouvées dans les archives.
05:52L'hommage à François Zardy continue sur Europe 1 avec vous.
05:56Avec vous aussi, auditeurs d'Europe 1, au 01.80.20.39.21.
06:00A tout de suite.
06:08Julien Pichenay, que vous retrouvez donc chaque matin dans Culture Média.
06:12Vous avez peut-être trouvé des pépites dans les archives.
06:16Parce que c'est aussi un artiste européen.
06:19Exactement, mais qui était plus un télo à l'époque RTL,
06:22qui était vécu comme cela.
06:24Disons pour simplifier, je me permets de faire une parenthèse.
06:27Il n'y avait qu'Europe numéro 1,
06:29ce n'est pas le même radio, c'était Europe numéro 1.
06:32Il n'y avait que cette station,
06:34qui était à 26 Bistrût-François 1er,
06:36alors que nous sommes ici ailleurs.
06:39C'était la seule radio qui diffusait
06:42cette génération ayayée dans celle-ci.
06:44Les copains, 10 millions d'auditeurs.
06:46Après RTL, qui était Radio Luxembourg, a essayé,
06:50France Inter a commencé à parler des Beatles
06:53une fois qu'ils se sont séparés.
06:54Il n'y avait qu'Europe numéro 1.
06:56Et moi, le plus jeune des reporters,
06:58j'étais le seul qui était sur la route avec les Stones, les Beatles,
07:00François Zardy, Johnny, Cloco, etc.
07:02Et donc Julien Pichenay a trouvé peut-être des pépites ?
07:06Je vous propose tout d'abord d'écouter son tout premier passage télé.
07:09Alors ça, ce n'est pas une archive européenne,
07:11c'est une archive de la télévision.
07:13Nous sommes le 6 février 1962,
07:15c'est à cette date-là que les Français font connaissance avec François Zardy.
07:18Bon, à l'époque, il n'y a qu'une chaîne,
07:20donc ça avait un impact énorme.
07:21L'émission s'appelle Le Petit Conservatoire de la Chanson,
07:23elle est présentée par Mireille.
07:24Bien sûr, on peut comparer ça à la Star Académie,
07:26quoique c'était peut-être encore plus fort,
07:28parce que justement, il n'y avait qu'une chaîne,
07:29et ça pouvait avoir un impact énorme.
07:31François Zardy a 18 ans,
07:32elle est étudiante à la Sorbonne.
07:34Écoutez.
07:35Vous êtes triste dans la vie ?
07:37Non, ça dépend.
07:38Ça dépend, mais dans la chanson, là, c'est très joli.
07:40Oui, je préfère les chansons tristes.
07:41Tristes ?
07:42Bon, on verra.
07:43Tournez-vous, il y a quelque chose qui m'intrigue.
07:46Ça, c'est curieux.
07:47Vous avez mis votre chandail à l'envers exprès ?
07:50Oui, c'est parce que le pull-over est trop grand.
07:53Mais c'est une idée de mode, ça.
07:55C'est joli.
07:56C'est joli.
07:57Merci, mademoiselle.
07:59Il y a tout François Zardy, déjà, dans cet extrait.
08:01Et le chandail, ce beau qui a disparu.
08:03À l'envers, sublime, bien sûr.
08:04Les gens disent pull-over, peut-être.
08:06Vous avez mis votre chandail.
08:08Et vous savez, l'originalité de François Zardy,
08:10il s'est énervé Mireille.
08:11Je fais une parenthèse pour les jeunes,
08:13comme j'étais à l'époque, je suis un vieux maintenant.
08:15Mireille, alors que c'était une grande dame de la chanson française,
08:18nous énervant,
08:20c'était le ton de Philippe Aki sur Europe numéro 1,
08:22était bien sûr différent.
08:24Mais le chandail, figurez-vous qu'elle le portait à l'envers.
08:27C'est-à-dire, à l'envers, c'est-à-dire le V du chandail,
08:31un pull en V, le V dans le dos.
08:33À l'envers.
08:34C'est le principe d'être à l'envers.
08:36Et c'est avec son chandail à l'envers...
08:37Julien Fichenay, la pépite !
08:40C'est avec son chandail à l'envers qu'elle a chanté
08:44Une Fille Comme Toi, qui était son premier titre.
08:46À l'époque, au moment de ce premier passage télé,
08:48elle n'avait jamais rien enregistré.
08:49Elle le fera dans la foulée de ce premier passage télé.
08:51Et vous l'avez dit, François Jouffa, tout à l'heure,
08:53il n'était pas du tout à la mode en 1962,
08:55parce qu'en 1962, la mode est au twist, au yé-yé.
08:57Il faut twister, c'est l'année de, j'irais twister le blues,
08:59de Richard Anthony, de twist à Saint-Tropez,
09:01des Chats Sauvages.
09:02Et François Zardi arrive au milieu de tout ça,
09:04avec ses chansons douces, ses chansons délicates,
09:06dont une qui s'appelle Tous les garçons et les filles.
09:09On peut entendre un extrait, même si on la connaît par cœur.
09:11Et les producteurs n'y croient pas du tout.
09:13Ça ne marchera jamais, ça, Pascal Praud !
09:15Et pourtant, 2 millions d'exemplaires seront vendus.
09:19Elle devient aussitôt une incarnation
09:21de l'élégance de la douceur et de la beauté.
09:25Merci, Pascal, pour ça.
09:28Et Rope N°1 n'est pas étranger à ce succès,
09:30parce que le morceau va passer en boucle
09:32sur l'antenne à l'époque.
09:33Le texte, elle n'aimait plus cette chanson,
09:35comme souvent les anciens yé-yés détestent leur premier titre,
09:38qui a fait nos premiers émois.
09:40Mais si vous écoutez le texte à la fin,
09:42elle parle d'un garçon, d'une fille,
09:44ils se tiennent dans la main, ils s'embrassent,
09:46ils flirtent et tout.
09:47À la fin, elle est seule,
09:48et toute son œuvre,
09:49car c'était une grande auteur,
09:51je ne dis pas autrice, moi,
09:52toute son œuvre, c'est la solitude,
09:54l'angoisse d'être seule et d'attendre.
09:56Sauf qu'elle a un fils !
09:57Et justement, je voulais vous faire écouter...
09:59Oh, Thomas !
10:00Thomas, je voulais vous faire écouter
10:02cette dernière interview de François Zardy sur Europe 1,
10:04le 20 mars 2021,
10:05où elle parle avec Michel Deniso de son fils.
10:07J'imagine que vous êtes fière du parcours
10:09de votre fils Thomas ?
10:10Ah bah oui, très fière !
10:12Je suis très fière de tout,
10:14mais particulièrement des chansons
10:17que je trouve absolument géniales,
10:20qu'il a composées et écrites.
10:23Je les trouve formidables,
10:25parce qu'il a un langage à lui,
10:27il écrit des textes qui ne ressemblent
10:29à aucun autre,
10:31et qui sont pleins de sensibilité,
10:35vraiment, c'est un langage à lui,
10:37et ça, c'est la chose la plus difficile
10:40à trouver et à faire.
10:42Mais lui, ça lui est naturel,
10:44parce que c'est un créateur.
10:47C'est un créateur, et c'est vrai
10:49qu'il y avait ce rapport fusionnel,
10:50il était là hier, vous étiez avec...
10:52Il était là hier matin, dans Culture,
10:53effectivement, à 10h,
10:55dans le studio Coluche,
10:57et d'ailleurs, nous lui avons partagé
10:58une archive de François Zardy,
11:00qui avait donc un rapport très très étroit
11:02avec Europe 1, un lien très très fort,
11:04depuis 62, depuis ses premiers succès
11:07qui avaient été diffusés sur l'antenne,
11:09et en 1973, elle vient,
11:11juin 73, elle vient d'accoucher
11:13de Thomas, et deux jours après,
11:15elle accepte de répondre aux questions d'Europe 1,
11:16alors qu'elle est encore à la maternité,
11:18et nous avons diffusé cet extrait
11:20à Thomas Dutronc, qui était particulièrement ému,
11:22hier, écoutez.
11:23Jean-Patrick Branque est dans la voiture avec nous,
11:25on te donne un petit paquet, là.
11:26Tu vois ça ?
11:27Non, c'est pas la bonne archive,
11:29on va réécouter donc Thomas Dutronc,
11:31c'est Thomas Hill qui écoute
11:33l'archive de 1973
11:36de sa maman, qui évoque donc l'arrivée
11:38du petit Thomas dans la famille Dutronc.
11:42Comment tu parles de cette chanson ?
11:43C'est pas ça non plus.
11:44C'est pas sa préférée,
11:46après, moi, celle-là, je l'adore,
11:48elle est géniale, je trouve ça mignon,
11:50mais elle, elle l'aime moins,
11:52parce qu'elle en a assez,
11:54elle en a marre,
11:56mais c'est une chanson qui est touchante,
11:58toute une époque, mais c'est vrai qu'elle cachait un petit peu
12:00les disques de ses 2-3 premières années.
12:02Je connais très peu d'elle.
12:04C'est qui les chanteurs qui lui plaisent en ce moment ?
12:06Je crois que c'est Juliette Armen,
12:08elle m'en a beaucoup parlé.
12:10Et puis moi, évidemment, attention.
12:12Restez numéro 1, quand même.
12:14Elle suit tout ce que vous faites tout le temps.
12:16C'est vrai, en plus.
12:18C'était Thomas Dutronc, effectivement,
12:19qui évoquait cette chanson, notamment.
12:21On a compris que ce n'était pas non plus l'extrait
12:23dont vous parliez, mais alors cet extrait,
12:25on peut l'écouter, ou il a disparu dans la machine ?
12:27J'en ai plein d'autres, Pascal, si vous voulez.
12:29Écoutez, de toute façon,
12:31toute la journée, on va les entendre,
12:33j'imagine, parce que
12:35entendre sa voix...
12:37On va l'entendre, sa voix, si vous voulez.
12:39Comme ici, en 1965,
12:41parce qu'elle en a fait tellement, des interviews,
12:43François Zardy.
12:45Vous avez dit qu'elle était à sa première émission.
12:47Je correspondais par e-mail avec François Zardy.
12:49Et voilà un e-mail où elle me dit
12:51qu'elle en a assez d'entendre des faussetés
12:53sur sa première émission de télé.
12:55Elle me dit que sa première émission de télé,
12:57c'était une émission de André Salvé.
12:59Toute la chanson, elle me l'écrit.
13:01Vous avez été en contact avec elle ces derniers mois,
13:03ces dernières années ? Non, parce que
13:05j'envoyais des mails, puis un jour je me suis aperçu
13:07qu'elle ne les lisait plus,
13:09ou elle ne répondait plus. Parce qu'elle avait
13:11souvent émis l'idée
13:13de vouloir en finir.
13:15Alors c'est d'actualité.
13:17Bien sûr, dans le débat de la fin de vie, par exemple,
13:19elle avait, d'une certaine manière,
13:21fait entendre sa voix.
13:23Je crois qu'elle a apostrophé le président Macron à ce sujet.
13:25Bien sûr.
13:27Je n'aime pas parler de ça, mais je crois qu'elle a abrogé
13:29la fin. Bon, peu importe.
13:31C'est trop triste.
13:33Personne n'a cette information.
13:35Thomas en parlera un jour.
13:37Il faut être très
13:39vigilant et très prudent.
13:41Son fils en parlera un jour. Elle souffrait depuis
13:43tellement longtemps. Il y a longtemps qu'elle a arrêté
13:45tout traitement et qu'elle souffrait.
13:47Il y a 20 ans qu'elle a cette maladie.
13:49Dans un de ses bouquins, l'avant-dernier,
13:51elle est d'un plage, elle explique qu'elle va très mal
13:53et personne ne l'a lu, personne n'a compris
13:55qu'elle allait très mal. C'est curieux.
13:57Julien Pichenay, je disais
13:59depuis ce matin que c'est aussi une femme d'une
14:01certaine époque. C'est-à-dire qu'elle est folle amoureuse
14:03de son homme. Elle ne le quittera jamais.
14:05Elle est en dévotion
14:07totale pour lui.
14:09Mais lui,
14:11il vivait dans des appartements séparés.
14:13Il n'écoutait pas forcément ses chansons.
14:15Oui, mais j'ai une anecdote. Non, mais c'est lui
14:17qui était spécial. Elle était fidèle.
14:19Quoique non, dans un de ses bouquins, elle raconte
14:21qu'elle a eu une passion pour un autre chanteur. On n'a jamais
14:23très bien su qui c'était. Elle a eu d'autres
14:25aventures quand même. Ce n'est pas la
14:27loi blanche ou la bécasse, comme on veut bien
14:29dire. Non, c'est vrai
14:31qu'elles habitaient ensemble, même séparées.
14:33Et là, une des dernières fois que je l'ai vue pour une émission
14:35de Drucker, Michel qui m'avait demandé de venir
14:37en disant, il y a Françoise Hardy. Dans ces cas-là,
14:39quand c'est un ancien yéyé, souvent on vient
14:41me dire, bonjour Françoise, c'est la belle
14:43Françoise. Et là, elle m'a regardé
14:45tristement et j'ai envie de chialer. Elle m'a dit
14:47que ce n'est plus d'actualité.
14:49Triste.
14:51Mais la fameuse photo
14:53de Salut les copains,
14:55combien sont vivants aujourd'hui ?
14:57Oh, je regardais le toit puis j'ai
14:59arrêté au bout d'un moment.
15:01C'est vrai. Ce que vous dites, c'est affreux.
15:03Mais il y a encore des gens qui sont
15:05vivants. Eddie Mitchell, il est sur la photo ?
15:07Oui, oui. Donc il y a Eddie Mitchell.
15:09Oui, je le passe sous les yeux.
15:11D'ailleurs, ça serait intéressant
15:13de voir cette photo.
15:15J'avais cet échange également avec Michel
15:17Drucker tout à l'heure. Il y a plus de gens
15:19bien sûr qui sont morts que de gens aujourd'hui
15:21qui sont vivants.
15:23Et c'est une photo...
15:25Jean-Marie Perrier qui a pris la photo.
15:27Et ceux qui sont vivants
15:29ne seront pas forcément en très bon état.
15:31Jacques Dutronc, que j'adore,
15:33que j'embrasse. Jacques, il est sur la photo ?
15:35Oui, bien sûr.
15:37Jacques, forcément, il est un peu fatigué
15:39mais il n'en reste pas moins que
15:41il est...
15:43Comme on l'est parfois
15:45à cet âge-là. Il est de quelle année, Jacques ?
15:4743. François Zardine, 43. Mick Jagger,
15:4943. Chris Richard, 43.
15:51Johnny... Non, plus jeune.
15:5347, ça ? Beaucoup plus jeune.
15:55Ah oui, beaucoup plus jeune.
15:57Parce que quand il était gamin, vous l'avez raconté,
15:59quand il est venu vous voir, il était venu voir Johnny
16:01en lui proposant des chansons
16:03sur le tournage de « D'où viens-tu Johnny ? ».
16:05Il était gamin, il était un petit garçon.
16:07Ça serait intéressant de savoir effectivement
16:09combien de personnes sont encore de ce monde.
16:11Julien, une dernière archive
16:13peut-être avant de se dire au revoir ?
16:15Une dernière, on parle de la douceur, de la mélancolie
16:17de Françoise Hardy. Elle était aussi
16:19extrêmement fragile et anxieuse.
16:21En 1965,
16:23Pierre Bouteillet l'interview pour
16:25Europe 1 et elle explique
16:27déjà que si elle fait des chansons mélancoliques et tristes,
16:29c'est parce que la vie elle-même est mélancolique et triste
16:31et elle fait part aussi de son angoisse, on est en 65,
16:33de ne pas durer dans le métier.
16:35Je me dis toujours, si ça se trouve,
16:37je vais plus avoir d'idée, je vais plus avoir
16:39d'inspiration, je vais plus pouvoir faire de chansons
16:41et si je ne fais plus de chansons, c'est terminé.
16:43En ce moment, je me dis
16:45j'en ai pour un an encore parce que je sais les chansons
16:47que j'ai d'avant, j'en ai pour un an
16:49et après ça sera terminé
16:51et ça ne me fait pas particulièrement plaisir.
16:53En 1965, elle
16:55se disait « tiens, peut-être que j'en ai que pour
16:57un an » et finalement, sa carrière
16:59aura duré, son parcours aura duré
17:01six décennies. Je veux parler
17:03de ma dernière rencontre et je voulais vous dire que
17:05ils habitaient, Jacques Dutronc et Françoise Hardy,
17:07dans une petite rue, rue
17:09Pergolaise, rue Duray, au coin de l'avenue Foch
17:11à Paris, pas au même étage
17:13et dans cette entrevue avec Michel Truquer
17:15et quand je lui ai dit « tu es belle Françoise »
17:17et qu'elle m'a dit « c'est plus d'actualité »
17:19à un moment, je lui ai dit « on va prendre un café, quelque chose »
17:21il m'a dit « non, il faut que je rentre parce que il faut que je fasse
17:23à manger pour Jacques ». Moi, je lui ai dit
17:25« mais tu ne vis plus avec Jacques pourtant ? »
17:27« Oui, mais je rentre pour lui faire à manger. »
17:29Et lui habitait,
17:31cohabitait avec une autre femme déjà,
17:33elle rentrait pour faire à manger.
17:35C'est mignon.
17:37Oui, vous pouvez dire que c'est mignon, mais c'est aussi
17:39une autre époque, on va le dire comme ça.
17:41Je vous remercie beaucoup François Jouffage,
17:43c'est la première fois qu'on se voit,
17:45mais comme vous êtes une voix très ancienne d'Europe 1,
17:47je vous ai écouté longtemps dans
17:49ma jeunesse, et c'est bien comme ça
17:51qu'il y ait des passerelles entre ceux qui ont
17:53fait cette maison. Si on est là, c'est un peu
17:55grâce à vous, et même beaucoup grâce à vous, forcément,
17:57parce que vous avez fait le succès de cette maison.