• il y a 6 mois

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00:00À cette époque-là, c'était confirmer notre domination sur le plan européen,
00:13avoir été champion du monde. Deux ans après, de pouvoir enchaîner et être champion d'Europe,
00:21ça prenait encore un peu plus de valeur. Ça a été aussi, si ce n'est plus difficile. Et puis,
00:31à titre personnel, puisque j'étais un peu en fin de carrière ou au bout et je savais avant de
00:39commencer la compétition que ça allait être ma dernière compétition avec l'équipe de France,
00:47quoi qu'il se passe. Voilà, Danemark, c'est une bonne équipe européenne. République Tchèque
00:55aussi. Ce n'était pas le premier un peu plus facile quand même par rapport au Danemark. On
01:00avait un peu plus de marge par le résultat aussi. République Tchèque, ça a été déjà plus accroché.
01:10Comme je viens de le dire, l'objectif est atteint. On est qualifié après le deuxième,
01:15même si l'objectif était de finir premier. On n'a pas réussi à le faire sur ce troisième match
01:21face aux Pays-Bas que l'on a perdu. La première partie, pas dans la facilité, mais en atteignant
01:29l'objectif. Mais malgré tout, on est qualifié. Mais on finit sur un troisième match où on le
01:35perd et on est deuxième. Tout dépend comment ça se passe après pour le quart de finale. Si
01:43le quart de finale se passe bien, il n'y a rien qui ressort. Pourquoi ils n'ont pas fini premier,
01:47pourquoi ils n'ont pas fait en sorte que l'on passe le passage des quarts ? Il n'y a pas
01:54d'incidence. Mais sur le moment, malgré la qualification qui était l'objectif, tu restes
02:00sur une défaite au troisième match et une qualification, mais en étant deuxième.
02:07On part sur autre chose. Il n'y a pas de choix. On ne peut pas gérer. C'est une élimination directe.
02:17C'était magnifique qu'ils aient pu mettre le but en or quand on est du bon côté. C'est fantastique.
02:27C'est une belle équipe à souvenir. Il y avait de belles générations. Ça ne se jouait pas à
02:37grand-chose. On est malmené. Il y avait vraiment de la qualité avec une génération expérimentée
02:47aussi, qui était évidemment très représentative des deux grands clubs, Barcelone et Real Madrid.
02:54On avait l'habitude de se jouer. Ça a toujours été des confrontations difficiles. On est passé par
03:03un petit trou de souris, mais on est passé quand même. Ça ne se joue pas à grand-chose. Quand ça
03:10tourne du bon côté, on ne s'en rappelle pas trop. On a une mémoire sélective et on se dit que c'est
03:18passé. Ça ne te tient pas à grand-chose des fois, comme souvent. On basculait du bon côté ou du
03:24mauvais côté. Autrement, on fait les bagages et on rentre à la maison. Ce n'était pas notre cas,
03:32heureusement. Il y a une génération de Portugais. Il y a un moment qu'ils étaient là. On se
03:40connaissait tous bien, puisqu'ils étaient dans les meilleurs clubs étrangers. On avait dû
03:46répondre en menée. Après, on va en prolongation. Il y avait cet épisode. À l'époque, il n'y avait
03:53pas la VAR. Il y avait ce pénalty que l'arbitre central ne voit pas, qui est signalé par l'arbitre
04:00de touche. Je me rappelle vraiment bien. Je ne me rappelle pas de tout. Mais avec les Portugais qui
04:08font un harcèlement sur l'arbitre de touche, sur l'arbitre central, j'ai la sensation, en voyant
04:16l'arbitre central, que lui, il ne l'a pas vu. C'est son arbitre de touche. Il n'est pas loin de pouvoir
04:23revenir sur la décision. Je fais en sorte de m'occuper surtout de lui, de l'arbitre de touche,
04:29pour ne pas que... Il y a pénalty. Il l'a vu. Après, c'était Abel Xavier. Certainement, si ça avait
04:35été en français, dans le même cas, il aurait nié l'évidence. La main est liée. Après, intentionnelle
04:42ou pas intentionnelle, la main est liée. Il allait jusqu'à dire qu'il n'avait pas touché le ballon de la
04:46main. L'arbitre est peut-être masqué. Il ne voit pas l'arbitre central. L'arbitre de touche voit bien.
04:51Il a été solide. Parce que quand ça vient, il y a une place en finale. Si le pénalty est marqué,
04:58ça s'arrête là. C'est la chose qui s'est passée. Il y a eu deux ou trois minutes. J'étais content
05:06qu'il confirme. Après, Zizou était là pour ça. Il fallait qu'il le mette. Ce n'était pas simple
05:12non plus. Je n'ai pas eu peur, mais je voyais le doute. Le doute sur le visage de l'arbitre.
05:19Comme lui, si lui voit... Là, c'est son collègue. Il repousse un peu tout le monde pour aller voir
05:27et qu'il soit vraiment sûr, l'arbitre assistant, qu'il avait vu. Il n'a pas bougé, mais l'arbitre
05:35assistant, il fait confiance sans que lui ait réellement vu. Je comprends la responsabilité
05:41qu'il a aussi. Puis les Portugais, il y a les Italiens qui sont bons pour ça. On n'a pas été
05:47trop mal, nous non plus. Je n'ai pas été le seul, mais je n'ai pas lâché l'arbitre pour qu'il puisse
05:53avoir un doute plus important. Mais il avait le doute. J'ai ressenti sur son visage qu'il
06:00y avait un doute. Et c'est un doute, si c'est pour une qualification, c'est toujours important.
06:05Là, il y a une place en finale. Et puis comme il y avait Butanor, ça pouvait s'arrêter là,
06:11et ça s'est arrêté là. C'est Zizou. Zizou ne peut pas se permettre de rater un pénalty. Il était
06:17tranquille, oui. Après, confiance, il l'avait en lui. Nous, on l'avait en lui aussi. Mais bon,
06:22ça peut changer l'histoire. Il faut toujours le mettre. Ça semble évident, un pénalty,
06:27s'il le tire bien, le gardien ne peut rien faire. Mais bon, malgré tout, que ce soit le grand Zizou,
06:36il avait cette confiance et cette sérénité qui lui permettaient d'être hermétique à tout ce qui
06:44se passe à l'extérieur. Mais il fallait qu'il puisse franchir la ligne bien sur son pénalty
06:51aussi. Après, la délivrance et puis, voilà. Objectif, deuxième finale en deux ans.
06:57On n'a pas eu de soucis, comme ça peut l'être quand c'est une première fois,
07:04à gérer le côté émotionnel, tout ce qu'il y a autour. On était dans notre truc,
07:09on savait pourquoi on était là. Mais c'est l'Italie. De par son jeu,
07:12il nous en fait déjouer complètement. On est tombé sur un gardien, un Toldo,
07:17qui était au sommet de son art, pas bien rentré. Il mène au score et puis il y a les minutes qui
07:27passent, qui passent, qui passent. On se dit, moi je ne me suis pas dit ça tant que l'arbitre n'a pas
07:32fini. Mais bon, je pense qu'il y en a beaucoup sur le terrain, mais surtout sur le banc de touche,
07:37sur la fin de match. En avoir parlé avec ceux qui étaient de notre côté, qui étaient sur le banc de
07:42touche, pour eux ils avaient déjà gagné. Et puis c'est sur un action et un but où Toldo,
07:49après tout ce qu'il avait fait avant, je pense qu'il peut faire mieux. Je ne veux pas enlever
07:54le mérite à Steven Wiltord. Et puis là, ça bascule. Pour eux, ils étaient déjà champions
08:01d'Europe. Nous, on n'était pas bien, mais tant qu'il a pacifié, on n'était pas beaucoup à y croire.
08:07Moi j'y croyais parce que j'ai ça dans mon esprit. On ne sait jamais sur une erreur, sur quoi que ce
08:14soit. Je suis fait comme ça, j'ai été fait comme ça et je ne changerai pas. Tant qu'il n'a pas sifflé,
08:19tout peut arriver. Même une situation, un scénario improbable, c'est ça la magie du sport et du
08:27football, où ça se joue à peu de choses. Et pratiquement en égalisant, il y avait des
08:36prolongations. Mais là, ça a basculé. Autant eux, ils y croyaient être si proches. Il faut
08:44toujours avoir un peu d'empathie. J'en ai encore plus maintenant avec l'âge. Mais de se mettre à
08:50la place des autres, c'est dur. Et puis après, ça s'est fait presque naturellement jusqu'à la
08:58délivrance avec ce but de David Trezeguet qui est fabuleux. Il fait un changement qui n'est pas
09:08tout à fait, comment je pourrais dire, je ne peux pas dire cohérent parce que tout peut exister.
09:13Mais il sort Bichente Lizarazu qui est arrière gauche et il met Robert Pires. C'est une option
09:19très offensive et c'est de là que vient le danger avec Robert. Ce n'est peut-être pas très
09:26rationnel. Je ne pense pas qu'on ait retenu beaucoup ce fait-là. Moi, après, avec le temps
09:35et en avoir discuté, d'avoir fait ce choix-là, non pas au détriment de l'ISA que j'adore et qui
09:45n'était pas moins bien que les autres, mais c'est un choix offensif. Et c'est ça qui nous a fait
09:50basculer du bon côté. Moi, ça se joue à 40 secondes. C'est souvent les joueurs du banc qui
09:55font la différence dans ces grandes compétitions. Il ne faut pas lâcher. Il ne faut pas les lâcher.
09:59Eux, ils n'ont pas lâché. Ils savaient qu'ils avaient peut-être, je n'aime pas ce terme-là,
10:04mais des miettes entre guillemets. Le temps de jeu était un peu limité, mais ils étaient là. Et à
10:11chaque fois, le peu de temps qu'ils avaient, plus ou moins long, leur devoir, c'était de faire
10:16changer la donne. Ça n'est pas facile de mivoler. Gaucher, droitier, même s'il est plus droitier.
10:27Mais il était jeune. Il en a mis beaucoup après. Malgré sa stature qui est plutôt grande, il a
10:36une souplesse de hanche, une habilité devant le but qu'il a encore améliorée par la suite. Mais
10:42c'est quelque chose qu'il avait, qui était inné chez lui. Et là, de faire cet enchaînement,
10:46ce n'est pas facile en termes de souplesse, de vitesse gestuelle et de précision. Voilà,
10:56c'est David. J'ai eu encore là une, deux secondes. Je me dis, je suis prêt dans ma tête à dire on se
11:06replace. Parce que quand on marque les fusions, je dis oh oh. Et puis non, je vois Roger qui part
11:11de son bas de touche avec les bras en l'air. On avait le cop des supporters juste derrière ce
11:18but là aussi. Après, c'est évidemment la délivrance. Deux ans, champion du monde,
11:27champion d'Europe. Je ne vais pas me la raconter ou faire croire, mais avec le recul, on se rend
11:32compte du poids que ça a dans l'histoire déjà. Et il fallait le faire quand même. Même s'il y
11:41en a d'autres qui l'ont fait après, mais il fallait le faire. Il a pris un train en route et
11:50qui fonctionnait très bien. Et c'est une intelligence de dire, moi je ne suis pas là
11:55pour modifier quoi que ce soit, juste pour qu'il continue. Évidemment, ça dépendait de nous. On
12:01avait beaucoup de respect pour lui. Il aurait pu amener, modifier des choses. Il avait vu que
12:06ça allait marcher. Il comptait sur nous. Il faisait confiance. On était très très
12:10responsabilisés. Je vous donne un exemple. Tout ce qui était échauffement dans les entraînements
12:21et tout ça, il n'avait même pas à s'en occuper. On se prenait en charge et je dis Roger, on est
12:26prêt. Et l'entraînement commence. Parce qu'on était habitué à savoir. Chacun faisait, ou par
12:32petit groupe ou pas, mais on savait ce qu'on avait à faire. Nous, on a continué à faire. Même s'il
12:37avait, comme tout sélectionneur ou entraîneur, des décisions à prendre qui lui étaient propres.
12:43J'étais là pour remonter les informations pour le bien du groupe. Après, c'est lui qui faisait
12:49ses choix aussi. Mais c'est important d'avoir une base de communiquant, comme on dit. Il ne s'appuyait
12:55pas que sur moi. Il y avait d'autres joueurs qui avaient de l'expérience, du vécu, qui avaient ce
13:01statut de leader aussi. Mais comme on échangeait entre nous, on faisait en sorte que ce soit pour
13:07le bien de tout le monde. C'est un moment de joie intense. Je savais que le rideau allait se baisser
13:20pour moi. Tout ce qu'a pu représenter l'équipe de France, ce maillot-là qui a été un moteur,
13:26même si j'étais dans les grands clubs. D'avoir pu être champion du monde et champion d'Europe.
13:33Il y avait des jeunes qui arrivaient. Je savais. C'est toujours mieux, si on peut choisir,
13:42de pouvoir partir à un moment quand il y a un grand succès. On en avait eu les deux sur les deux ans.
13:50Il n'y a pas les mots en termes d'émotion, parce qu'il n'y a rien qui est au-dessus. Comme
13:56d'autres joueurs, j'ai eu le privilège de gagner d'autres titres, mais il n'y a rien qui est au-dessus.
14:03Représenter un son pays et être champion du monde et champion d'Europe, ce n'est pas minimiser les
14:10titres nationaux ou les ligues des champions. C'est tout en haut. J'avais un attachement
14:17tellement fort, que j'ai toujours d'ailleurs, par rapport à ce maillot. En ayant connu,
14:22je le répète, des moments vraiment difficiles. On a connu des moments difficiles, on apprécie
14:28après encore plus les bons moments. Puis parce qu'on avait un groupe de potes, c'est après avec
14:35le temps que tu te rends compte. Puis parce que le scénario de la finale, ça augmente le côté,
14:42ça amplifie le côté émotionnel. Après, en blaguant, il sort la plaisanterie qu'on a appris
14:50aux Italiens à reboucher une bouteille de champagne qui était déjà ouverte. Quand tu es du côté
14:54italien, parce qu'on n'avait rien, on aurait été finaliste. Mais ce n'est pas pareil que d'être
15:00champion d'Europe et ça bascule même pour les gens, le public qui était là. Quand tu es du
15:06bon côté, c'est ce qui fait la différence entre le sport et les autres domaines professionnels,
15:13où il peut y avoir de très belles et de très jolies, très difficiles réussites. Mais là,
15:22l'émotion, c'est multiplié. On est comme sur un nuage. Après, on a nos familles, nos amis,
15:29tout ça. On veut partager ces moments-là. On sait que ça va durer un petit peu. Après,
15:36on est en retour à la réalité, mais on enchaîne sur des vacances qui sont certes un peu plus
15:39courtes. Mais dans ce cas-là, on veut bien qu'elles soient un peu plus courtes.
15:43C'est la consécration d'une génération. C'est très dur de gagner au niveau international.
15:55Et quand tu gagnes de te maintenir, c'est encore plus difficile. On a réussi à le faire tous
16:02ensemble. Pas simple, mais parce qu'il y avait ce qu'il fallait aussi. La qualité, bien
16:06évidemment. Mais un état d'esprit, une vie de groupe qui fait qu'à un moment, quand on est
16:14dans le dur, on sait, on est habitué. Et ça nous permet de passer, de basculer du bon côté.
16:21Comme ça a été le cas en 98, quand il y a un succès comme ça, il nous lie à vie. Parce qu'on
16:31a vécu cet événement, ce bonheur ensemble. On a des routes, on emprunte des routes différentes.
16:37On n'est pas forcément obligés d'être tous des grands amis. Mais quoi qu'il arrive,
16:42on est reliés par ces deux succès, que ce soit le titre de champion de monde et de champion d'Europe.
17:01Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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