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00:00À l'époque, il y avait une émission qui s'appelait « À la Clairefontaine » qui
00:13passait tous les soirs, je crois, et on suivait des jeunes garçons qui étaient au centre
00:20de formation de Clairefontaine, justement, et quand je voyais ça, c'était vraiment
00:24ce que j'avais envie de faire.
00:26Et je disais « je veux faire ça, je veux faire ça, je veux faire ça ».
00:28Et c'est arrivé un jour où on m'a appelée pour passer la détection au centre de Clairefontaine
00:36et quand j'ai intégré le centre, là, j'ai dit « waouh, c'est ça le haut niveau
00:39quoi ». C'est fatigant, au début, je n'assumais pas, vraiment, je m'entraînais
00:44peut-être deux ou trois fois dans la semaine dans mon quartier, ce n'était pas la même
00:48exigence et là, il fallait que tu sois performante à l'école, au foot, tu avais le match avec
00:54les résultats le week-end.
00:55Quand tu arrives à Clairefontaine, tu as quoi ? Tu as 14 ans, 13-14 ans, tu es en pleine
01:01phase d'adolescence, donc en fait, tu poursuis ta formation footballistique, mais en plus
01:08tu as l'école à côté et puis tu deviens une femme.
01:11Donc, ça a été un tout, ça a été mon adolescence, ça a été les bêtises avec
01:18les copines, mais en même temps, il y avait le foot à côté, tu prépares quand même
01:21ton avenir parce qu'à l'école, il faut être sérieuse, tu apprends les règles,
01:25tu apprends la vie en communauté, tu apprends énormément de choses.
01:29J'étais vraiment, je mangeais foot, je dormais foot, j'étais vraiment foot à 100 %. Là,
01:37j'ai découvert le haut niveau et je me suis dit « déjà, je vais jouer au haut niveau
01:42». Après, en faire une carrière, je ne pensais pas, je jouais sans penser à l'avenir
01:48en final. Je voulais progresser, donc là, j'ai découvert le haut niveau, les entraînements
01:52tous les jours, l'exigence. C'est en sortant de Clairefontaine, quand j'ai intégré l'Olympique
01:59Lyonnais, c'est là que j'ai découvert le monde professionnel. À partir de ce moment-là,
02:04les résultats comptent. Ce n'est plus la progression, mais les résultats en plus.
02:08C'était à partir de vers 17 ans.
02:10J'ai découvert l'équipe de France de football en général, c'était en 1998,
02:20quand la France a été championne du monde. Là, je me suis dit « waouh, c'est trop
02:23beau, moi aussi, je veux le faire. Moi aussi, je veux soulever des trophées, moi aussi,
02:28je veux chanter, moi aussi, je veux tout ça. Je veux les paillettes, je veux les victoires.
02:34C'était Azizou, surtout qu'il jouait milieu, donc moi, j'avais commencé à me positionner
02:41en tant que milieu. Après, je ne regardais pas forcément des vidéos pour lui ressembler,
02:46mais en tout cas, ce qu'il dégageait, c'était très beau.
02:48Après, au fur et à mesure, quand je suis rentrée à Clairefontaine, il y a les sélections
02:52jeunes qui ont commencé en 17 ans. Et là, j'ai découvert le premier maillot bleu que
02:57je pouvais porter. C'est de la fierté, c'est de l'émotion, c'est mon pays, c'est beaucoup
03:06de choses. Avec les mots, je ne saurais pas dire, mais quand je chante la marseillaise,
03:11en tout cas, des fois, j'ai envie de pleurer. Je ne sais pas pourquoi, parce que tu représentes
03:16quelque chose. Tu es sur l'élite de ton sport et tu ne peux pas arriver au plus haut niveau.
03:22Il n'y a pas de routine. Tu n'as pas le temps d'avoir de la routine. Alors oui, des fois,
03:26c'est fatigant. C'est beaucoup de sacrifices, parce que des fois, tu ne peux pas participer
03:31à un mariage ou à un anniversaire. Tu loupes des moments. Mais je pense que ce qu'on vit,
03:39ça compense. On a beaucoup de chances d'être là. Et il y a beaucoup de personnes qui rêveraient
03:45d'être à notre place et qu'on n'a pas le droit de se plaindre. Je te dis ça là, mais
03:50des fois, ce n'est pas facile. Des fois, je me lève un jour, je vais dire, je suis fatiguée,
03:53j'en ai marre. Mais non, au final, je suis toujours là. Et c'est ce qui me plaît. C'est
03:57ce qui me fait vivre au final. Quand on va jouer, le stade se remplit de plus en plus.
04:03On est de plus en plus médiatisé. Il y a de plus en plus de licenciés aussi pour les petits.
04:08Donc oui, je pense qu'on devient de bons exemples. C'est beau quand tu sors d'un match ou quand tu
04:15vas à un match et que tu vois tous ces encouragements. Tu ne peux pas imaginer comment
04:23c'est. Et même des fois sur le match, tu vas être fatiguée. Et là, tu vas entendre les supporters
04:27et tu vas dire, non, il ne faut pas que je lâche. Il faut que je continue parce qu'ils sont là,
04:31ils sont derrière moi. Et même quand des fois, parfois, on descend du bus et ils sont tous là
04:36derrière les barrières à nous encourager. C'est énorme. Ça te donne de la motivation,
04:42mais fois 100. Et là, je suis dans la phase, il me faut un titre. Parce que c'est bien de faire
04:49des matchs. C'est bien d'avoir des sélections. Mais si tu n'as pas le trophée ou la victoire au
04:56bout, c'est bien. Mais j'ai envie que ça soit très bien.
05:12Trois adjectifs. Alors bonne vivante. Compétitrice. Capricieuse. Capricieuse parce que j'aime avoir
05:29ce que je veux. Que ce soit pour tout dans la vie en général. Si je n'ai pas ce que je veux,
05:36ça ne va pas et je vais tout faire pour y arriver. C'est foot, manger, rigoler. C'est ma vie. Je vis
05:46de ma passion. Pour l'instant, je suis dans l'élite. J'en profite un maximum et j'ai tout
05:54ce qu'on peut rêver pour être heureuse. J'en profite. Que ce soit des blagues du premier
06:01degré au second degré. Tout me fait rire. J'essaie de relativiser au maximum les choses. Même si
06:08des fois, il y a des choses qui vont me blesser ou me vexer, je vais essayer de tourner la chose
06:15en rigolant. Parce qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Demain, ça ira mieux. Personnellement,
06:21j'ai besoin de partager, d'échanger, de rigoler et de déstresser avant un match. C'est un match de
06:27foot. Quand on regarde, c'est qu'un match de foot. Après, c'est une façon de relativiser la
06:35chose. Parce que parfois, il y a des ambitions, il y a des objectifs derrière. Mais le foot,
06:40pour moi, ça reste un jeu. Je pense qu'une carrière de footballeuse, c'est assez court
06:46et qu'il faut en profiter à la fin. La famille, les proches, c'était la base. Parce que dans une
06:54carrière, tu as des moments durs. Et si tu n'es pas bien entourée, c'est là que je pense que ça
07:01passe ou ça casse. Pour ma part, j'ai eu une grosse blessure au genou à l'âge de 18 ans. Si
07:07je n'avais pas été soutenue, je pense que j'aurais peut-être arrêté le foot. Heureusement qu'ils
07:11étaient là. Grâce à eux, j'en suis là aujourd'hui. Mon père, s'il pouvait venir à tous les matchs,
07:19il viendrait. Après, j'ai eu les proches, j'ai la sœur, le petit ami aussi qui sont présents. J'ai
07:26beaucoup de chance. Mon plus beau souvenir professionnel, c'est la première Ligue des
07:41Champions que j'ai remportée avec mon club. Mon plus beau souvenir en général au foot, c'est
07:50quand mes copains venaient me chercher après l'école pour aller jouer derrière le stade. Tu
07:56ne penses à rien, tu t'amuses, tu t'éclates. C'était mes plus beaux souvenirs. C'était ma
08:10première sélection, c'était face à la Suisse. Après, j'aimerais dire que ce sera en 2019,
08:16j'espère. Ce serait vraiment le plus beau souvenir. C'est une grosse responsabilité. C'est une fierté,
08:32mais il y a deux grosses responsabilités. On sait qu'on montre l'exemple et en plus,
08:36ça sera en France. Tu représentes un pays. Quand tu es dans le pays haute, tu te dis que c'est
08:43quelque chose. C'est un objectif. En plus, j'avais 28 ans, j'arrive en fin de carrière. Ce serait
08:48l'apothéose de ne pas finir, mais de remporter une Coupe du Monde en France. Je pense que déjà,
08:56remporter une Coupe du Monde, c'est quelque chose d'énorme. En plus, dans ton pays, tu ne peux pas
08:59rêver mieux. Il y a énormément de potentiel. Je pense que si ça se passe bien à la Coupe du
09:05Monde, ça mettrait un gros coup de pouce. Un mot de conclusion ? Qu'il faut soutenir
09:17l'équipe de France. J'espère que ça sera un grand rendez-vous et que nous aussi,
09:22on sera à rendez-vous. J'espère qu'on sera championnes.