3 juin 1984, l'Equipe de France de Michel Hidalgo affronte le Portugal en demi-finale de l'Euro 1984 organisé en France. Au terme d'un match haletant et riche en rebondissements, les Français vont arracher dans un stade Vélodrome de Marseille en liesse leur qualification pour la finale au bout du suspense (3-2 a.p.). Retour sur ce moment fort de l'histoire des Bleus, avec Jean-François Domergue, l'ancien défenseur du Toulouse FC, héros de cette rencontre avec deux buts marqués.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 23 juin 1984, dans un stade vélodrome de Marseille bondé, la France de Michel Hidalgo affronte
00:16 le Portugal en demi finale de son Euro.
00:18 Un match progressivement haletant, une ambiance survoltée, les bleus passent par tous les
00:22 états.
00:23 Mais au coup de sifflet final, au terme de la prolongation, c'est une explosion de
00:27 joie qui retentit dans tout le pays.
00:28 La France s'impose 3-2 et poursuit sa quête du trophée.
00:31 Héros de cette rencontre, le défenseur Jean-François Demergue, auteur d'un doublé, revient sur
00:36 ce moment fort dans l'histoire de l'équipe de France et de sa carrière.
00:39 Le Portugal, on sait déjà que c'est quand même une qualité et une génération forte
00:45 qui arrive plus ou moins à la fin de parcours avec des joueurs de qualité, Jordan Aou,
00:51 Shalana sur le point offensif, des défenseurs aussi de qualité, Bento dans les buts, des
00:56 joueurs qui étaient très représentatifs au niveau de leur club, principalement du
01:00 Benfica et certains aussi du Sporting.
01:02 On avait une attention toute particulière à leur qualité technique, leur expérience
01:07 et leur volonté d'essayer d'aller au bout d'une compétition européenne.
01:13 Le plan de jeu français fonctionne en première période puisque Jean-François Demergue
01:16 ouvre la marque à la 25ème minute de jeu, sur un superbe coup franc, un exercice habituellement
01:22 réservé au capitaine Michel Platini.
01:24 J'ai vu quand même malgré tout, j'avais une petite ouverture par rapport à l'axe
01:28 où se situait Bento et en la frappant bien avec un bon pied d'appui et mon coup de pied,
01:34 peut-être que ça aurait la chance d'aller au fond.
01:36 J'ai dit je le sens, Michel notre capitaine m'a dit ok vas-y et puis je suis parti.
01:42 La réussite a été au bout puisque Michel était présent.
01:46 Est-ce que Bento a peut-être pensé que Michel allait le tirer par-dessus ? On voit qu'il
01:52 est rouge, à un moment donné, qu'il anticipe peut-être un petit peu sur sa gauche.
01:55 J'ai tiré pleine force, extérieur pied gauche et elle est partie dans la lunette petit filet.
02:00 C'est phénoménal, je marque 1-0.
02:03 C'est un moment superbe.
02:05 Je me souviens très bien, j'ai Bernard Lacombe, Alain Giresse qui arrive les premiers,
02:10 Michel aussi qui arrive, Jean Tigana.
02:12 Bernard Lacombe me dit pense à ton père.
02:15 Ce sont des mots qu'on n'ose pas imaginer, peut-être quand on regarde le match.
02:20 J'en parle parce que c'est quelque chose qui m'a marqué.
02:23 Et puis derrière cet effet d'adrénaline à haut niveau, il faut se replonger dans
02:31 le match, dans la concentration.
02:32 Mais les Bleus qui ont eu de très nombreuses occasions de tuer le match voient les Portugais
02:36 égaliser la 74ème minute puis prendre l'avantage en début de prolongation grâce à deux réalisations
02:42 de Giordao.
02:43 Tout est à refaire et le spectre de l'élimination en demi-finale du Mondial 82 face à l'Allemagne
02:48 plane sur le vélodrome.
02:49 Quand on voit qu'on est mené 2-1, à ce moment-là, il y a tout qui semble un petit
02:55 peu te tomber dessus.
02:56 Mais j'ai la sensation personnelle, mais je pense qu'on en a un petit peu reparlé,
03:03 très peu, mais on avait le sentiment que tout le monde se disait « putain si on doit
03:07 faire quelque chose, c'est maintenant ». Et je pense que tout le monde s'est lâché.
03:10 Toujours mené à cinq minutes du terme de la rencontre, la France doit son salut à
03:13 Jean-François Demergues qui, après une énième montée sur son côté gauche, arrache l'égalisation,
03:18 le jour de ses 27 ans.
03:19 Je me souviens très bien que sur cette action, avec cet appui avec Yvon, Yvon qui ne peut
03:24 pas mal remettre, qui essaie de pivoter pour frapper.
03:27 Oui, on a les images dans la tête.
03:29 Et bon, ce ballon roule, vient dans la course de Michel.
03:34 Y a-t-il faute ou pas ? L'arbitre juge qu'il n'y a pas faute et je suis derrière et je
03:40 fais un petit piqué intérieur du pied.
03:41 Et c'est le deuxième but.
03:43 À ce moment-là, tu ne penses pas du tout que c'est ton deuxième but.
03:45 Tu penses à la folie.
03:48 Tu es complètement dans une situation secondaire.
03:53 Mais le fait d'être venu, je dirais quelque part, tu as le sentiment de légitimité.
03:59 Mais tu ne veux pas en rester là.
04:02 Le vélodrome rugit puis s'embrase à la 119ème minute lorsque Michel Platini, plein
04:06 de sang-froid, inscrit son huitième but dans la compétition qui propulse les Français
04:11 en finale.
04:12 Tout simplement inoubliable.
04:13 Et ce qui nous a tous marqués, et même si j'en parle un petit peu aujourd'hui, j'ai
04:18 la tête d'un con, mais j'ai des frissons, en me disant que c'est le troisième but.
04:23 Quand on regarde bien l'explosion des gens derrière le but, les gens se lèvent tous
04:28 d'une force, ils explosent.
04:31 Et ça, le lendemain soir, en arrivant à Paris, c'est quelque chose qu'on a ressenti
04:36 tous fortement.
04:37 Et c'est là qu'on s'est rendu compte, c'est toujours pareil, on ne s'en rend
04:41 pas compte nécessairement sur le moment, mais avec le recul de 24 heures, qu'on avait
04:46 fait certainement quelque chose de grand et que les gens avaient vibré, et que les gens
04:50 nous avaient aussi portés, encouragés, avaient été vraiment derrière nous.
04:54 Profitant de la suspension de l'habituel titulaire à gauche de la défense Manuel
04:58 Amoros, suite à son exclusion lors du premier match contre le Danemark, le défenseur de
05:02 Toulouse a su saisir sa chance.
05:04 L'été 84 restera assurément le plus beau de sa carrière sportive.
05:08 C'est le plus grand moment de ma carrière, oui, c'est évident.
05:11 La façon dont j'y arrive, la sélection par le sélectionneur Michel Hidalgo, la façon
05:16 dont j'ai la chance de pouvoir rentrer, parce qu'il faut qu'il y ait une bêtise
05:20 pour qu'un joueur puisse rentrer.
05:22 Et puis le fait que la confiance se perpétue, que les matchs aussi nous permettent de les
05:27 gagner.
05:28 Et puis cette demi-finale qui restera, c'est sûr, le match, mon match quoi, c'est évident.
05:34 J'ai toujours eu du mal à me ressortir par rapport à un collectif, parce qu'on est
05:40 certainement une génération, c'est le clivage des générations, mais je pense qu'on était
05:44 vraiment très groupe, très collectif et que le plaisir d'un était le plaisir partagé
05:49 des autres.
05:51 [Musique]