• il y a 5 mois
Björn Borg, l'ancien champion légendaire de tennis, a été interviewé par Isabelle Langé et Henri Leconte dans le cadre intimiste du salon Rolex à Roland-Garros
.
Cet entretien a eu lieu car Rolex est un partenaire majeur du tennis mondial depuis 1978, et Björn Borg est l'un des ambassadeurs prestigieux de la marque
.
L'interview s'est déroulée dans le salon Rolex installé sur le site de Roland-Garros pendant le tournoi
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Sport
Transcription
00:00 Björn Borg, bonjour. Merci infiniment de nous avoir accordé cet entretien.
00:05 On est dans un endroit magique ici à Roland-Garros, dans la loge Rolex, face à ce cours central.
00:11 Il était comment ce cours central le 9 juin 1974 ?
00:16 Je crois que pour tous les joueurs de tennis, le cours central est quelque chose de vraiment exceptionnel à Roland-Garros.
00:24 Et pour moi, c'était vraiment particulier. C'était mon premier Grand Slam que j'ai gagné sur ce cours.
00:33 Et j'ai un bon sentiment à Paris, j'ai un bon sentiment lors de l'Open français de Roland-Garros.
00:42 Donc pour moi, pour que je commence ma carrière, mon premier Grand Slam à Paris, à Roland-Garros, c'était vraiment exceptionnel.
00:49 C'est simplement la deuxième participation à 18 ans quand même à Roland-Garros.
00:54 C'était quoi vraiment Björn, ton feeling ici ? Tes émotions ? C'est ça qui était important de pouvoir ressentir ?
01:02 Je crois, quand on est joueur de tennis, vous savez vous aussi Henri, quand on participe à un Grand Slam et qu'on s'en sort vraiment bien,
01:16 j'avais 17-18 ans et je venais à Roland-Garros, c'était selon ma deuxième fois, j'avais perdu la première fois 7 à 3.
01:26 Je n'avais que 16 ans. Adriano Panata, notre bon ami. Et l'année d'après, j'ai eu de la chance, je me sentais en confiance.
01:37 Mais cependant, je n'étais pas favori. Je savais que je jouais bien au tennis, mais je n'étais pas forcément le favori.
01:47 Match après match, je me sentais de mieux en mieux, je commençais à jouer de mieux en mieux, mais je n'avais aucune pression cette année en particulier.
01:55 Donc en fin de compte, j'ai gagné contre Arantis 5-7 en finale. Accomplir cela, c'était un de mes rêves.
02:05 Quand on est gosse, on a ses rêves, on espère gagner des tournois, mais gagner le Grand Slam, c'était quelque chose d'absolument inoubliable, incroyable.
02:18 Et après le match, je suis allé à un endroit très célèbre, vous connaissez peut-être la Tour Eiffel.
02:27 J'ai dîné en haut de la Tour Eiffel. Je vais revenir demain soir à la Tour Eiffel pour marquer les 50 ans.
02:38 Replongeons-nous Björn dans cette finale de 1974 contre l'Espagnol Manuel Arantes.
02:45 Vous êtes mené 6-2, 7-6, et puis après, vous lui mettez une raclée. 6-0, 6-1, 6-1, qu'est-ce qui s'est passé ?
02:54 Ce match en particulier, je pense que Arantes s'est fatigué quelque peu.
03:01 C'est vrai que j'ai perdu les deux premiers sets, mais ensuite j'ai vu qu'il se fatiguait de plus en plus.
03:07 Et moi je me sentais de mieux en mieux. Et pour moi, 5-7, ça ne me dérangeait pas physiquement. J'étais toujours au top physiquement.
03:15 Alors il se fatiguait de plus en plus. Et il avait plus de pression que moi en fait lors de cette finale.
03:24 Je n'avais pas vraiment de pression. Arantes à l'époque, c'était un des meilleurs joueurs.
03:31 Il n'avait jamais gagné Roland-Garros. Il aurait peut-être dû le faire. Mais bon, je l'ai battu.
03:39 Et je pense que la pression quand on joue, la pression, ça peut se retourner contre vous si on la ressent.
03:51 Et après 5 sets, on peut devenir angoissé, nerveux, des choses comme ça. La pression, la fatigue, chez lui. Et moi je me sentais bien.
04:04 Et sur ce match, est-ce que tu te souviens un petit peu de l'ambiance ? Parce qu'aujourd'hui, ça a tellement évolué.
04:09 Parce que c'était quelque chose de tellement fort, puissant. On te sentait toujours, d'ailleurs on t'appelait toujours Iceborg, parce que tu restais calme.
04:17 Mais est-ce que tu te souviens de ce premier moment ?
04:19 Henry, tu sais, j'avais 17-18 ans. Cours central, blond, les yeux bleus, suédois.
04:31 Très beau !
04:33 Exactement. Donc on me disait, ah, on aime ce gosse de Suède. C'était quelque chose de nouveau dans le tennis à l'époque.
04:43 Et je crois que tout le monde m'aimait beaucoup. J'étais très profumé en 50 ans.
04:49 Encore, on t'aime encore. On t'aime encore plus.
04:53 Mais vous pouvez imaginer, il y a 50 ans. Voilà, c'est un fait, c'était il y a longtemps. Les gens, je crois qu'ils m'appréciaient beaucoup, les français.
05:04 Et même aujourd'hui, je crois qu'ils m'aiment encore un peu.
05:09 Encore plus, parce que ce que tu as réalisé, parce que tu as arrêté ta carrière très tôt, et faire ce que tu as fait.
05:17 On parle bien sûr que de Roland-Garros, mais il nous faudrait des heures pour parler encore de ta carrière sur Wimbledon.
05:22 Mais tu as mis le tennis dans une autre dimension.
05:27 Non, je pense que Henry, toi et moi, tu as été un grand joueur aussi. Roland-Garros, pour les joueurs français comme toi, comme Yannick, ça a vraiment beaucoup de sens.
05:45 Pour moi également, parce que je suis européen, je suis suédois, donc ça a du sens pour moi de venir ici en Europe, à Paris, participer à ce tournoi.
05:55 Ça a beaucoup de sens pour moi, si on est en confiance, si on vient à Paris comme moi, comme je l'ai fait, comme je le ferai toujours.
06:05 Venir participer à ce cours central spécial, ça a vraiment du sens, comme toi aussi, tu le sais.
06:15 Parce que tu as participé à la finale aussi.
06:19 Vous avez quand même réussi quelque chose d'extraordinaire, parce que trois années de suite, vous faites le doublé Roland-Garros - Wimbledon.
06:27 Et on rappelle qu'à l'époque, il y avait très peu de temps entre les deux tournois, il y avait deux semaines.
06:31 Donc il fallait s'adapter, terre battue, gazon.
06:35 Pas le même gazon qu'aujourd'hui.
06:38 Je me souviens de toi, avec les raquettes en bois.
06:42 Tu devais descendre la première semaine, tu avais mal tellement aux fesses qu'il fallait descendre.
06:46 Mais c'était pas du tout, les balles blanches, c'était rapide.
06:50 Tu jouais avec les McEnroe, c'est des services volés.
06:54 Aujourd'hui, c'est plus lent que la terre battue.
06:56 Comment tu faisais ?
06:58 C'est vrai ce que tu dis là.
07:04 Mais c'est vrai, aller de Paris à Wimbledon, sur le gazon, à ce moment, c'était différent.
07:13 C'est vrai que c'était plus rapide à Wimbledon comparé à maintenant.
07:19 Mais je crois que pour que de jouer à Paris, ensuite à Londres, à Wimbledon, c'était deux choses vraiment sublimes.
07:29 Et ça fait partie d'un rêve.
07:32 Jouer ici à Paris, et juste après, le cours central à Wimbledon, c'est les deux meilleures courses.
07:40 Il faut s'adapter aux surfaces, mais on l'a fait, on l'a accompli, toi aussi.
07:46 Si on est un grand joueur, on doit savoir s'adapter à toutes les surfaces, peu importe les conditions.
07:57 Et j'ai eu l'occasion, je vais le dire comme ça, en Suède où j'ai grandi,
08:10 on jouait sur la terre battue, à l'intérieur souvent, à cause de la météo.
08:16 Donc j'ai eu l'habitude de jouer sur des sols où il fallait être très rapide.
08:22 En hiver, j'ai appris à m'adapter à toutes les surfaces à cause de ça.
08:27 Donc moi, je pouvais peut-être m'adapter plus vite que les autres joueurs,
08:29 mais cela dit, il faut quand même maîtriser le coudoir, le revers.
08:34 Avec le matériel de l'époque, en plus.
08:37 La fameuse raquette donnée, tout le monde voulait la même que vous.
08:39 Moi, je...
08:40 A la maison, signé de lui.
08:42 On est bons amis, Henri et moi.
08:49 Et je le suis aussi, il est venu me voir, c'est vrai qu'il m'a battu deux, trois fois,
08:56 mais c'est la génération un peu plus jeune que la mienne, très bon joueur.
09:01 Mais techniquement, ça a vraiment évolué quand même, ça n'a rien à voir.
09:04 Vous pourriez jouer avec...
09:06 Si on leur donnait une raquette en bois aujourd'hui aux joueurs, ils y arriveraient ?
09:10 Je crois que la chose la plus importante, c'est comment on frappe la balle, en avant, en arrière.
09:21 Ce n'est pas tellement ce qu'on a dans la main, si on a une raquette en bois ou une autre raquette.
09:24 C'est facile, hein ?
09:25 Oui, exactement.
09:27 Non, c'est...
09:29 Oui, c'est comme ça.
09:31 C'est différent aussi, ce n'est pas la même chose quand on...
09:34 Il y a le même matériel.
09:36 Oui.
09:39 Mais si on compare quand on jouait, quand je jouais, comparé à aujourd'hui,
09:45 aujourd'hui les frappes sont tellement plus dures.
09:48 Il y a une si grande différence.
09:50 Et c'est comme ça qu'on compare mon époque et celle d'aujourd'hui.
09:56 Quand on va voir les matchs ici à Roland-Garros, c'est vrai qu'il y a une différence.
10:01 Björn, vous avez gagné 11 tournois du Grand Chlem, 6 fois Roland-Garros, 5 fois Wimbledon.
10:06 Vous avez passé 109 semaines à la tête du classement mondial, entre 77 et 80.
10:11 Vous êtes allé en finale à l'US Open 4 fois.
10:14 C'est une frustration quand même de ne pas avoir gagné à l'US Open.
10:17 Je me sens terrible.
10:20 Je me sens terrible.
10:22 Merci, merci.
10:26 Tous les soirs, avant de m'endormir.
10:32 Non.
10:34 J'ai eu une carrière exceptionnelle dans mon domaine.
10:40 J'en suis ravi.
10:42 Parfois on perd des finales, on perd des matchs, on ne décroche pas la première place d'un tournoi.
10:48 Pour tout vous dire, je suis très satisfait de ma vie, de mon travail.
10:53 Peut-être que je me suis arrêté trop tôt, je n'avais que 26 ans.
10:58 Peut-être que j'aurais gagné un ou deux tournois de plus.
11:01 Mais je pense que ce qu'on choisit dans la vie, nos choix sont importants.
11:07 J'ai choisi beaucoup d'autres choses qui étaient plus importantes pour moi en tant que personne à ce moment-là.
11:14 Quand il s'agit de l'aspect mental, le tennis c'est génial.
11:18 Les gens du monde entier viennent vous voir.
11:20 J'ai rencontré plein de personnes vraiment sympas, comme ce gars qui est assis là.
11:25 On reste en contact.
11:27 Mais je pense que ce qu'on choisit dans la vie, c'est ça qui est important.
11:32 Et pourquoi jamais l'Australie ?
11:34 Pourquoi jamais l'Australie ?
11:36 L'Australie, c'était en décembre, à la fin de l'année.
11:42 Et pour moi, personnellement, je voulais rester chez moi avec ma famille pour les fêtes de fête.
11:49 Je crois que je l'ai fait une fois, en 1974.
11:53 C'était un super tournoi.
11:55 Mais pour moi, aller en Australie, à cette période où normalement on devrait être avec nos familles, en famille, avec nos enfants,
12:05 moi je préférais rester chez moi.
12:07 Mais peut-être que j'aurais pu gagner si j'y étais allé.
12:13 C'était une autre époque aussi.
12:15 Pour y aller, c'était beaucoup plus long.
12:17 Oui, il fallait prendre un bateau.
12:19 Et le train.
12:21 Et le train.
12:23 Et le vélo.
12:25 C'était quoi les rapports avec les autres joueurs de cette époque-là ?
12:27 Les Connors, Mike Enro, Gerulitis, Nastas.
12:29 On est resté en contact.
12:31 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:33 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:35 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:37 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:39 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:41 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:43 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:45 Pour moi, Jimmy et John, on s'appelle de temps en temps.
12:47 Et il n'y a pas que ça.
12:49 Et il n'y a pas que ça.
12:51 L'année dernière, j'étais capitaine de la Team Europe.
12:53 L'année dernière, j'étais capitaine de la Team Europe.
12:55 Le prochain sera Yannick Noah.
12:57 Le prochain sera Yannick Noah.
12:59 Qui va me remplacer.
13:01 Qui va me remplacer.
13:03 Et je pense qu'il va être vraiment un capitaine d'exception.
13:05 Et je pense qu'il va être vraiment un capitaine d'exception.
13:07 Mais pour moi, oui, je reste en contact.
13:09 Même avec ces joueurs-là.
13:11 Même avec ces joueurs-là.
13:13 Dans les Rock'Ups, tout le monde joue.
13:15 Dans les Rock'Ups, tout le monde joue.
13:17 On s'amuse très bien.
13:19 C'est sympa.
13:21 Par le passé, on est toujours restés en contact.
13:23 On s'appelle.
13:25 On se voit même occasionnellement.
13:27 Et c'est un honneur pour moi.
13:29 Et c'est un honneur pour moi.
13:31 Je crois que c'est un honneur pour eux aussi.
13:33 On a l'impression d'avoir accompli quelque chose de positif pour les tennis.
13:35 On a l'impression d'avoir accompli quelque chose de positif pour les tennis.
13:37 Mais il y a eu quand même une relation particulière avec Vitas.
13:39 Mais il y a eu quand même une relation particulière avec Vitas.
13:41 J'ai eu la chance aussi, grâce à toi, à Anastaz, de le rencontrer.
13:43 J'ai eu la chance aussi, grâce à toi, à Anastaz, de le rencontrer.
13:45 C'était une belle personne.
13:47 C'était une belle personne.
13:49 Je l'ai missé.
13:51 Ça va faire 30 ans.
13:53 En septembre.
13:55 Depuis sa disparition.
13:57 Depuis sa disparition.
13:59 C'était un de mes meilleurs amis.
14:01 Je l'ai missé beaucoup.
14:03 Ce qu'il a fait pour le tennis.
14:05 Il a joué ici de nombreuses fois.
14:07 Je l'ai battu en finale une fois.
14:09 Je l'ai battu en finale une fois.
14:11 Il avait une énorme personnalité au service du tennis.
14:13 Il avait une énorme personnalité au service du tennis.
14:15 Nous tous l'avons manqué.
14:17 Nous tous l'avons manqué.
14:19 Moi aussi.
14:21 Moi aussi.
14:23 Moi aussi.
14:25 Moi aussi.
14:27 Moi aussi.
14:29 Impressionnant.
14:31 Impressionnant.
14:33 Non.
14:35 Non.
14:37 Je crois que le tennis a changé.
14:39 Je crois que le tennis a changé.
14:41 Il y a 50 ans.
14:43 Il y a 50 ans.
14:45 Quelque chose s'est passé au tennis.
14:47 Quelque chose s'est passé au tennis.
14:49 Un peu.
14:51 Un peu grâce à moi.
14:53 Le tennis a toujours été un sport très important.
14:55 Le tennis a toujours été un sport très important.
14:57 En dehors des cours de tennis,
14:59 En dehors des cours de tennis,
15:01 quelque chose s'est passé.
15:03 C'était plus que les coups droits, les refaires.
15:05 Il se passait quelque chose d'intéressant.
15:07 Que faisaient les joueurs ?
15:09 Ah, ils font ci, ils font ça.
15:11 Il y a eu les médias, la télévision, la musique.
15:13 Il y a eu les médias, la télévision, la musique.
15:15 Tout a commencé.
15:17 Et ça a fait beaucoup de bien au sport.
15:19 Et ça a fait beaucoup de bien au sport.
15:21 Personne n'était jamais plus grand que le sport lui-même.
15:23 Personne n'était jamais plus grand que le sport lui-même.
15:25 Mais à ce moment-là,
15:27 quelque chose a changé
15:29 qui était bon pour le tennis, pour le sport.
15:31 On a commencé à construire des cadres,
15:33 des stades plus grands.
15:35 Il y a eu les médias,
15:37 les sponsors.
15:39 Quand on regarde le tennis aujourd'hui...
15:41 Et vous, avec John,
15:43 avec Jimmy,
15:45 et toi,
15:47 vous avez vraiment fait le tennis
15:49 dans une autre dimension.
15:51 Des rockstars, des gens qui étaient
15:53 vraiment les fans. Je me souviens d'une fois,
15:55 excuse-moi, je vais le dire,
15:57 rappelle-toi, tu étais sur le central de Wimbledon,
15:59 tu jouais ton match,
16:01 et une femme a lancé son soutien-gorge
16:03 sur le central.
16:05 Tu t'en rappelles ou pas ?
16:07 Moi, je m'en souviens.
16:09 Je l'ai gardé.
16:11 Je l'ai encadré.
16:17 Non, ça c'est pas vrai.
16:21 Je me rappelle de cette action.
16:23 Et c'est vrai que
16:25 le court central,
16:27 la tradition à Wimbledon,
16:29 il y avait des filles qui venaient
16:31 en courant,
16:33 20, 30 filles qui venaient en courant.
16:35 Elles n'avaient pas des chaussures.
16:37 Pas des tennis, elles n'avaient pas les bonnes chaussures.
16:39 Vous voyez ce que je veux dire ?
16:41 Il fallait qu'elles fassent attention.
16:43 Les talons, le gazon.
16:45 Donc, c'est là que ça a commencé.
16:47 Et les Anglais,
16:49 ils disaient,
16:51 "Tu n'es pas censé être là,
16:53 tu n'es pas censé faire ça."
16:55 Vous auriez aimé
16:57 les réseaux sociaux d'ailleurs
16:59 à cette époque-là ?
17:01 Oui.
17:03 Je pense que les réseaux sociaux,
17:05 pour moi, c'est toute une histoire aujourd'hui.
17:07 Nous, on n'avait pas ça à l'époque.
17:09 Mais je pense que
17:11 c'est bien
17:13 si on peut maîtriser son utilisation,
17:15 bien sûr,
17:17 ce qui est parfois difficile.
17:19 Ça aurait pu être difficile à l'époque
17:21 avec les réseaux sociaux, non ?
17:25 Je dirais non.
17:27 Je vais répondre non.
17:29 Je crois que
17:31 tout le monde a les réseaux sociaux,
17:33 tout le monde est dessus.
17:35 Aujourd'hui, c'est la vie.
17:37 Et devenir adulte,
17:39 ça fait partie de la vie.
17:41 On intègre ça, on ne peut pas changer,
17:43 on ne peut pas faire ce qui s'est passé.
17:45 Surtout les joueurs, les nouveaux joueurs maintenant,
17:47 pour eux, les réseaux sont
17:49 très importants,
17:51 avec les sponsors, les médias.
17:53 Il y en a un qui, lui, n'est pas du tout
17:55 sur les réseaux sociaux, qui est
17:57 Yannick Siner, qui malheureusement a perdu
17:59 hier, mais qui est vraiment,
18:01 qui a une mentalité, grâce
18:03 tu as parlé bien sûr d'Adriano Panata,
18:05 qui avait gagné ici,
18:07 en sauvant une balle de match au premier tour,
18:09 contre Ulka.
18:11 Qu'est-ce que tu penses de Siner ?
18:13 La Coupe Levers, je crois,
18:19 ce sera un des joueurs.
18:21 Yannick,
18:23 va être,
18:25 la semaine prochaine,
18:27 ou très bientôt sera le joueur
18:29 numéro un mondial, ou un des plus grands.
18:31 Il le mérite très certainement.
18:33 Cette nouvelle génération, c'est incroyable
18:35 la façon dont ils jouent.
18:37 Lui et d'autres,
18:41 Novak joue toujours,
18:43 même s'il est blessé.
18:45 Rafa, je crois,
18:49 a fait un match incroyable.
18:51 J'ai été vraiment surpris
18:53 de voir ce qui s'est passé.
18:55 La nouvelle génération,
18:57 avec Yannick,
18:59 numéro un,
19:01 c'est quelque chose d'important.
19:03 C'est énorme.
19:07 Pour suivre ce gars-là,
19:09 ils font la promotion du tennis
19:11 de façon vraiment positive.
19:13 Cette jeune génération,
19:15 ils sont obligés de le faire, et ils savent
19:17 ce qu'ils doivent faire.
19:19 Le tennis est un des plus grands sports
19:23 dans le monde.
19:25 Les joueurs ont
19:27 de grandes responsabilités.
19:29 Pour faire la promotion
19:33 de ce sport, il le faut très bien.
19:35 Yannick, justement, et comme vous,
19:37 ambassadeur Rolex,
19:39 est-ce qu'il va faire un bon numéro un mondial ?
19:45 Yannick, cette année,
19:47 il a gagné certains matchs,
19:49 perdu d'autres en demi-finale,
19:51 mais tous les ambassadeurs Rolex,
19:53 cette nouvelle génération,
19:55 les garçons et les filles,
19:57 ils ont les meilleurs noms.
19:59 Et pas que ça,
20:03 Rolex, c'est une des meilleures marques
20:05 du monde.
20:07 Pas seulement leur soutien
20:09 apporté au tennis,
20:11 plein d'autres choses.
20:13 Je suis un ambassadeur
20:15 de cette marque, mais d'être aussi
20:17 impliqué dans le tennis qu'ils le sont
20:19 aujourd'hui, c'est incroyable.
20:21 Toutes les choses positives qu'ils font,
20:23 qu'ils amènent à ce sport.
20:25 Ils sont dans le multisport, dans la Formule 1,
20:27 dans la voile, dans le tennis.
20:29 Ils ont toujours été un support.
20:31 Ils ont commencé beaucoup avec le golf au départ,
20:33 et maintenant, c'est devenu quelque chose
20:35 de fantastique.
20:37 C'est quoi votre quotidien, d'ailleurs,
20:39 aujourd'hui, Björn Borg ?
20:41 Rien.
20:43 Je le savais.
20:45 Non, je m'amuse de la vie.
20:47 Non, non, je m'amuse de la vie.
20:49 Je me lève le matin,
20:51 je suis avec ma femme,
20:53 ma famille,
20:55 j'ai deux filles,
20:57 j'ai deux petits-enfants,
20:59 j'ai un chien,
21:01 je vais peut-être prendre un perroquet.
21:03 Un perroquet aussi ?
21:05 Moi, je voulais...
21:07 T'as pris un perroquet ?
21:09 Non.
21:11 Non.
21:13 C'était une blague.
21:15 Mais se réveiller le matin,
21:17 et se sentir bien,
21:19 et en bonne santé.
21:21 Je me sens bien, et...
21:23 Léo va bien ?
21:25 Oui.
21:27 Oui.
21:29 La finale de ce Roland-Garros
21:31 va opposer Carlos Alcaraz
21:33 à Alexander Zverev.
21:35 Vous la voyez comment, cette finale ?
21:37 Comme j'ai dit,
21:39 avant le tournoi, j'ai dit Alcaraz.
21:41 Non seulement
21:43 parce qu'il est en finale,
21:45 je l'ai dit deux semaines avant le début,
21:47 on m'a posé la question, qui va gagner ?
21:49 C'était ma réponse, parce que
21:51 il a joué vraiment bien l'année dernière,
21:53 il s'est blessé en semi-finale
21:55 contre Djokovic,
21:57 mais je crois que
21:59 si Zverev sert bien,
22:01 il a une chance de gagner.
22:03 Mais il faut absolument
22:05 qu'il sert bien.
22:07 S'il rate son service,
22:09 il aura de gros problèmes.
22:11 Il a très bien servi en demi-finale.
22:13 C'est vrai que pour lui,
22:15 c'est la chose la plus importante.
22:17 Mais il a beaucoup progressé.
22:19 Je pense que Zverev,
22:21 on en parlait avec Isabelle,
22:23 le fait qu'il ait eu malheureusement
22:25 cette blessure il y a deux ans,
22:27 lui a fait comprendre beaucoup de choses.
22:29 Je crois qu'il y a deux ans,
22:31 il s'est blessé,
22:33 et tout le monde disait
22:35 "Est-ce qu'il va revenir ?
22:37 Est-ce qu'il va rejouer au tennis un jour ?"
22:39 Et on s'est dit tous les deux
22:41 "Bien sûr, il va être endurci."
22:43 Et maintenant, il est en finale.
22:45 Vous voyez ?
22:47 Et il a quand même une chance de gagner,
22:49 Roland-Garros, je pense.
22:51 Moi, ça m'impressionne.
22:53 Quand je vois la façon
22:55 dont il a rebondi,
22:57 mentalement,
22:59 il est résilient,
23:01 il a vraiment un bon mental.
23:03 Et ça, ça compte.
23:05 J'ai juste une dernière question.
23:07 Je voulais savoir comment tu es arrivé à gérer tes émotions ?
23:09 Parce que, connaissant,
23:11 quand tu étais enfant,
23:13 tu étais assez nerveux,
23:15 ta maman t'a dit
23:17 "Tu vas arrêter de jouer pendant un certain temps,
23:19 et puis tu reviendras."
23:21 Et tu es devenu ce que tu es devenu, Iceberg.
23:23 Est-ce que tu travaillais là-dessus ?
23:25 Est-ce que tu avais quelque chose avant ton match ?
23:27 Non, je pense que
23:29 la question est très intéressante.
23:31 Quand on me voit sur les cours,
23:33 c'est vrai que j'étais très calme.
23:35 Mais en revenant à l'hôtel,
23:37 avec mon coach, Léonard,
23:39 c'est lui qui en prenait plein la fure.
23:41 Quand on entrait
23:45 dans la chambre d'hôtel,
23:47 c'est là que ça commençait.
23:49 Il fallait que j'extériorise mes émotions.
23:51 Donc c'est lui qui prenait tout
23:53 quand on revenait à l'hôtel.
23:55 Mais pas sur les cours,
23:57 mais à l'hôtel.
23:59 Et il me connaissait extrêmement bien.
24:01 Il acceptait.
24:03 Et il était là, il m'écoutait.
24:05 Il disait, "Oui Bjorn, pas de problème.
24:07 Oui, je sais, tu as raison."
24:09 Oui, mais c'est incroyable.
24:11 C'est ça.
24:13 Et c'est comme ça que
24:15 mes émotions, mon ressenti,
24:17 il fallait que je l'exprime.
24:19 Est-ce que Carlos Alcaraz
24:21 est l'héritier de Nadal ?
24:25 Je crois que la jeune génération,
24:27 il n'y a pas que Alcaraz,
24:29 il y a énormément de bons joueurs.
24:31 Et je pense qu'on va les voir jouer
24:33 pendant de nombreuses années.
24:35 Les gens acceptent
24:37 que la nouvelle génération,
24:39 on va voir du tennis incroyable.
24:41 Et c'est vrai que la fonction
24:43 dont ils jouent déjà est incroyable.
24:45 Et bien sûr,
24:47 on va voir des joueurs
24:49 qui vont jouer du tennis incroyable.
24:51 Et je pense que c'est ça
24:53 qui va être incroyable.
24:55 Et bien sûr, Alcaraz
24:57 ou d'autres joueurs
24:59 vont jouer ici, à Paris.
25:01 Les 20 dernières années,
25:03 on a eu trois monstres du tennis.
25:05 Dioco, Federer, Nadal.
25:07 Ils ont trusté
25:09 tellement de titres du Grand Chlem.
25:11 Est-ce que c'est une ère qui a révolu ?
25:13 On va revenir à quelque chose
25:15 d'un peu plus normal.
25:17 Je crois ce que Rafa a fait
25:21 ici à Paris.
25:23 Il a été le roi de Paris.
25:25 Il a été le roi de Roland-Garros.
25:27 Ce qu'il a accompli,
25:29 14 championnats.
25:31 Je crois que personne
25:33 ne va jamais refaire ça.
25:35 Du moins, moi je ne le pense pas.
25:37 On est assis ici.
25:39 Peut-être que dans 25 ans,
25:41 on sera assis ici et ce sera accompli.
25:43 Mais ce qu'il a fait
25:45 de façon générale
25:47 pour le sport,
25:49 pas seulement le tennis,
25:51 ce qu'il a accompli ici à Roland-Garros,
25:53 je crois que personne
25:55 ne pourrait s'y mesurer.
25:57 Même dans d'autres sports.
25:59 Je crois qu'on
26:01 ne peut même pas s'en approcher.
26:03 De Roland-Garros, notamment.
26:05 J'en ai pas.
26:15 J'en ai plus.
26:17 Non.
26:19 Je les cherchais,
26:23 mais je ne les ai pas retrouvés.
26:25 Tu ne les trouves plus ?
26:27 C'est peut-être tes enfants ?
26:29 Je les ai perdus.
26:31 Je vais parler à l'organisation.
26:33 Oui, bien sûr.
26:35 Il peut te refaire, bien sûr.
26:37 Mais attends.
26:39 Monsieur Borg, quand même.
26:41 Qu'est-ce que ça va faire de remettre le trophée ?
26:43 Parce que tu vas remettre le trophée
26:45 dimanche.
26:47 Tu l'as déjà fait.
26:49 50 ans après, jour pour jour.
26:51 Oui.
26:53 Pour moi, c'est un grand honneur.
26:55 D'abord, d'assister à la finale,
26:57 d'être ici,
26:59 à Paris, à Roland-Garros,
27:01 et aussi de donner le trophée
27:03 au vainqueur.
27:05 Je suis vraiment heureux
27:07 et très fier, bien sûr.
27:09 Si on nous donne ce genre de mission,
27:11 faire ça,
27:13 il n'y a pas tellement de joueurs
27:15 qui ont cette chance.
27:17 Donc pour moi,
27:19 donner le prix au gagnant,
27:21 ça vient du cœur.
27:23 C'est super.
27:25 Si vous aviez une image
27:27 qui vous revient tout de suite en mémoire
27:29 de votre victoire ici il y a 50 ans,
27:31 ce serait laquelle ?
27:33 C'est une question difficile.
27:35 Quand vous gagnez
27:37 ce dernier point
27:39 dans le Grand Slam Final,
27:41 c'est quelque chose d'énorme.
27:43 Les rêves,
27:45 les espérances,
27:47 il y a tout ça.
27:49 Mais pour moi,
27:51 je ne me souviens pas
27:53 tellement de détails
27:55 du match en question.
27:57 Je me souviens
27:59 de la Tour Eiffel,
28:01 du 10ème en haut.
28:03 La Tour Eiffel, en fait,
28:05 je me rappelle plus de ça que du match.
28:07 Merci infiniment,
28:09 Björn, de nous avoir accordé cet entretien.
28:11 C'est un plaisir.
28:13 Et encore joyeux anniversaire.
28:15 Deux victoires ici.
28:17 Et pour vous, parce que c'était il y a quelques jours.
28:19 Et moi, juste dire que
28:21 je suis tellement fier d'être avec mon idole.
28:23 Parce que c'est mon idole
28:25 depuis que je suis enfant.
28:27 Et c'est toujours un plaisir de voir Björn.

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