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00:00Ils dorment dans la rue, dans des squats ou des voitures, une centaine d'enfants d'une douzaine d'écoles de l'agglomération bordelaise n'auraient pas accès à un hébergement
00:07selon le collectif RESF, réseau éducation sans frontières, qui regroupe syndicats enseignants, associations de parents d'élèves et associations de défense des droits de l'homme.
00:15Avec vous ce matin Stéphanie Brossard, Gérard Clabé, membre de RESF depuis sa création en 2004 et enseignant retraité.
00:21Bonjour Gérard Clabé.
00:22Bonjour.
00:23Qui sont ces enfants en classe le jour et à la rue donc la nuit ?
00:29Ce sont des enfants, en ce qui nous concerne, on parle plutôt des enfants étrangers, le réseau éducation sans frontières c'est sa vocation
00:38d'accompagner les familles avec des enfants scolarisés, des familles étrangères.
00:42Ce sont des familles qui sont avec un titre de séjour ou pas et qui ont d'énormes difficultés pour trouver un logement
00:53ou un hébergement même, un hébergement d'urgence et des fois la seule solution, c'est pas une solution, finalement c'est la voiture, un parking, une tente
01:06parce qu'il n'y a rien qui est proposé, même si ils téléphonent tous les jours au 115 qui est le numéro d'appel pour avoir un hébergement d'urgence.
01:16Une centaine sur la métropole de Bordeaux selon votre recensement, c'est un chiffre qui est stable, qui est en hausse ?
01:23Je pense que c'est un chiffre qui est en hausse, c'est pour ça qu'il y a eu cette mobilisation, une mobilisation qui est déjà ancienne au réseau éducation sans frontières.
01:35On est mobilisés depuis longtemps sur cette question parce que pour nous, et j'espère que c'est une approche qui devient un petit peu universelle,
01:44pour nous un enfant c'est pas seulement un élève à l'école, c'est une personne avant l'école, après l'école, ce qui fait que globalement la situation de ces enfants devient très mauvaise sur Bordeaux.
01:58Et ils sont parfois en insécurité dans ces squats, évidemment ils ne peuvent pas dormir dans de bonnes conditions, ils ne mangent pas toujours à leur faim non plus ?
02:07Bien sûr, on est très loin de ce que la convention internationale des droits de l'enfant rappelle.
02:13Les mots clés concernant les enfants c'est protection, c'est protection pour la santé, pour la sécurité, c'est un minimum d'hygiène.
02:24Et tout ça évidemment, quand on dort dans la rue, quand on dort dans une voiture, quand on dort sur un parking, dans une cage d'escalier ou quand on dort dans un squat, ça n'existe pas.
02:37Vous le disiez, ça fait des semaines voire des mois que ça dure, des années que RSF se mobilise, pourquoi avoir manifesté à nouveau hier précisément devant l'école Anatole France de Bordeaux ?
02:48Parce que c'est quelque part notre ADN, au réseau éducation sans frontières on est très en phase, en lien avec les écoles.
02:57L'essentiel des personnes qui sont au réseau éducation sans frontières sont issues de l'éducation.
03:04Mais c'était pour tenter d'alerter à nouveau les autorités, le pouvoir public, le préfet en particulier ?
03:10Parce que des écoles se sont mobilisées, donc nous on prend le relais de ces écoles pour essayer de rassembler et faire un mouvement.
03:19Par exemple, dès le mois d'avril cette année, des écoles sur Bordeaux se sont mobilisées et ont posé des banderoles devant l'école pour signaler que des enfants dans cette école, des élèves dorment à la rue la nuit.
03:35Et puis d'autres écoles se sont mobilisées et au final on s'est rendu compte qu'il y avait de la part des enseignants, des parents d'élèves de ces écoles, l'envie, l'urgence, la nécessité d'informer la population sur cette situation.
03:52France Bleu Gironde, il est 7h48, Gérard Clabé, membre de réseau éducation sans frontières et notre invité, il répond à vos questions Stéphanie Brossard.
03:59C'est pour dire quoi ? La solidarité ça suffit ? Puisqu'on a vu ces enfants hébergés dans des familles françaises régulièrement, il y avait une mobilisation à l'école de la Benoge aussi, ils avaient dormi dans les classes.
04:12C'est pour dire, les cagnottes ça va bien un temps mais ça n'est pas à nous de faire ce travail, c'est ça le message que vous vouliez faire passer ?
04:20Oui, tout au moins rappeler qu'il y a dans ce pays des lois et que l'état en particulier est responsable et doit assurer un hébergement d'urgence quand une famille, quand des personnes sont en...
04:38Et la préfecture vous répond quoi quand vous l'interpellez ?
04:42Alors la préfecture déjà, on a eu un petit peu de mal à avoir une communication et je pense qu'en fait on est dans un contexte où les réponses ne sont pas données concernant l'hébergement d'urgence.
04:59Il n'y a pas assez de place, il n'y a plus de place.
05:02Il n'y a pas aussi la volonté vraiment de mettre les moyens en face de cette nécessité actuelle, ce qui fait que de fait l'hébergement d'urgence à Bordeaux dans ce pays n'est pas convenablement respecté, c'est le moins qu'on puisse dire.
05:18Mais ça serait quoi la solution ?
05:20C'est mettre des moyens, mettre des moyens, prendre, considérer qu'un enfant à la rue c'est inadmissible, ne serait-ce qu'un enfant à la rue c'est inadmissible.
05:32Et comme nous on évalue à une centaine d'enfants sur Bordeaux, on est face à un questionnement, un drame humain d'envergure auquel il faut répondre en mettant des moyens et en considérant encore une fois qu'un enfant à la rue c'est intolérable.
05:48Et la préfecture répond chaque année, en particulier en hiver, qu'elle met de plus en plus de places d'hébergement d'urgence à disposition.
05:56C'est ce qu'on nous dit, cependant nous on est obligés de faire le constat, les écoles font le constat, quand on est enseignant, quand on est parent d'élève et qu'on apprend que des enfants dorment à la rue, c'est pas seulement des chiffres, c'est une réalité qui est insupportable.
06:13Cette réalité elle est encore présente.
06:17Est-ce que vous faites le lien aussi entre ce chiffre d'une centaine d'enfants à la rue et l'approche des Jeux de Paris dans moins de 50 jours maintenant et le déplacement de sans-abri de la capitale vers la province ?
06:28Hélas, je pense qu'on peut faire le lien.
06:31La situation qui n'était pas bonne déjà sur Bordeaux, je pense, est aggravée encore avec ce qu'on appelle les sas régionaux d'accueil.
06:41Des lieux d'accueil aménagés pour les sans-abri qui étaient à Paris.
06:44Actuellement, toutes les trois semaines arrivent des bus de 50 personnes venues de la région parisienne.
06:51Vous savez qu'il y a un collectif sur la région parisienne qui s'appelle le revers de la médaille.
06:56Le terme est assez bien trouvé et qui pointe le fait qu'en effet des gens sont déplacés, quittent la rue à Paris et se retrouvent à Bordeaux et retrouvent une autre rue, la rue Bordelaise.
07:10Gérard Clabé, vous êtes donc membre du réseau Éducation sans frontières, mobilisé hier en particulier à nouveau à Bordeaux pour cette centaine d'enfants qui se retrouvent à la rue.
07:20Merci à vous d'avoir été notre invité ce matin. Bonne journée.
07:22Merci à vous. Au revoir.