"Pas lieu d'être" Un film de Philippe Lignières - Extrait

  • il y a 3 mois
"Pas lieu d'être"
52'
Un film de Philippe Lignières
Produit par Les Films du Sud
Transcript
00:00 [Musique]
00:09 Ici on est dans un rond-point stratégique où traditionnellement pas mal de gens
00:15 venaient s'asseoir spontanément sur le bord du massif que vous voyez.
00:20 On a mis un dispositif tout autour, une barre de fer, une petite clôture,
00:25 qui sous ses aspects décoratifs est en fait dissuasif.
00:29 Parce que si vous essayez de vous asseoir ici par exemple,
00:32 avant on s'asseyait tranquillement sur ces pierres,
00:34 et là maintenant on a cette barre, et cette barre, les angles sont faits
00:38 effectivement pour endolorir les postérieurs éventuels.
00:41 Ça c'est le type même d'aménagement destiné à éviter que les clochards,
00:48 les jeunes de banlieue, la zone comme on dit ici, viennent squatter les espaces publics.
00:56 [Bruit de la margelle]
01:00 Alors ici on retrouve à peu près le même dispositif qu'à côté,
01:02 mais en plus complexe, en plus sophistiqué.
01:04 La barre qui empêche évidemment les gens de s'asseoir,
01:08 toujours aussi inconfortable bien entendu,
01:10 mais sous des aspects esthétiques, on voit l'eau qui coule, c'est agréable,
01:14 ça ruisselle, qu'est-ce qu'il y a ?
01:16 Il y a un niveau d'eau qui est calculé très précisément
01:19 pour que la margelle soit toujours humide.
01:22 C'est une technique apportée des États-Unis, mouiller au maximum les espaces publics,
01:26 ça peut être des bancs, ça peut être des parvis de cathédrales,
01:28 ça peut être toute une sorte de lieu qui doit être toujours mouillé.
01:31 On fait la même chose dans les halles à Paris, pour que les gens ne s'assoient pas.
01:35 [Bruit de la margelle]
01:41 [Bruit de la margelle]
01:49 En ce qui concerne la prévention de l'insécurité,
01:53 je pense qu'il est important effectivement qu'on prenne de plus en plus en compte l'espace urbain.
01:58 C'est-à-dire que les aménagements urbains tels qu'ils sont conçus,
02:01 réfléchis par les architectes, tiennent compte d'une certaine expérience,
02:07 des difficultés que l'on a connues,
02:09 éviter qu'on fasse trop des grandes places qui sont accessibles pour faire des rodeos,
02:14 qu'on tienne compte des aménagements des entrées d'immeubles, etc.
02:18 De manière à ce que la problématique de sécurité puisse être prise en compte
02:25 et qu'on évite un peu ce qu'on a connu par le passé dans ce domaine-là.
02:29 Alors cette passerelle permettait de mettre en communication la place que nous avons vue tout à l'heure,
02:34 la place d'Occitane avec le quartier Saint-Étienne, qu'on rejoint par derrière.
02:38 Et là on retrouve les grilles qu'on a vues de l'autre côté, qui ferment cette passerelle et cet abri.
02:45 Voilà une entrée qui est en retrait, qui est effectivement privative,
02:52 et dont on a mis les grilles non pas au niveau de la porte, mais quasiment au lieu extérieur.
02:57 Voilà donc finalement cet espace un peu qui est entre la partie publique ici et la partie privée,
03:05 cet espace un peu médian, un peu tout le monde se l'utilise,
03:10 et chacun développe ses stratégies pour éviter les nuisances les uns des autres sans savoir qui nuit à qui.
03:17 En face là, on a essayé d'intégrer les systèmes de grilles un peu architecture.
03:28 Et finalement ce genre de dispositif qui vise à sécuriser la ville, à sécuriser contre les attentats, etc.,
03:35 contribue finalement à exclure des personnes sans domicile,
03:40 et à les mettre dans des situations encore plus précaires, encore plus difficiles pour vivre dehors la nuit,
03:46 et donc encore plus en danger de mort, parce qu'on fait aussi de l'hypothermie à Toulouse,
03:51 pas seulement l'hiver, on fait aussi de l'hypothermie l'été.
04:01 L'exemple le plus frappant c'est quelqu'un qui vit dans un abribus,
04:06 et qui après a des relations avec les commerçants, les habitants, mais vraiment tout autour.
04:11 Et on se rend compte que les gens bougent peu, et finalement autour de cet abribus,
04:16 ils tissent des petits liens avec les personnes autour,
04:21 qui peuvent leur amener à manger, qui peuvent s'occuper d'eux,
04:24 qui en général quand ils vont trop mal, appellent le 115 pour qu'on vienne les voir s'occuper d'eux.
04:29 Donc, oui.
04:30 Hum!

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