LA BANDE PREND LE POUVOIR - Fanny Ardant à contre-courant sur MeToo

  • il y a 3 mois
La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit à l'interview de l'actrice au magazine Causeur, dans lequel elle défend "l'honneur de Roman Polanski" et dénonce une "chasse aux sorcières"

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Transcript
00:00Randall Schwerdorfer, c'est vous qui prenez le pouvoir avec la une du magazine d'extrême-droite Causeur.
00:05Merci Julie de m'avoir laissé le sujet le moins polémique.
00:10Je sais que vous aimez ça, Randall.
00:15Fanny Ardant, pour l'honneur de Romane Polanski, elle redit son soutien au réalisateur,
00:21on le rappelle accusé de violences sexuelles par une dizaine de femmes dans les années 70,
00:25et poursuivi depuis plus de 40 ans par la justice américaine.
00:29Quelle femme.
00:30Quel courage, ça c'est du vrai courage.
00:33Elle dénonce effectivement un système de lynchage médiatique systématique
00:38des hommes connus, reconnus, qui font l'objet d'accusations à caractère sexuel,
00:43qui ne sont que des accusations, pas des preuves et pas des condamnations, mais que des accusations.
00:48Elle dénonce surtout le macartisme de MeToo dans cet article qui est très intéressant,
00:53et j'ai même envie de dire l'inquisition aujourd'hui de MeToo, et je pèse mes mots.
00:57Elle dénonce le fait que sur une simple accusation d'une femme,
01:01cette accusation va devenir une preuve, et ensuite cette accusation qui devient une preuve
01:06va provoquer la condamnation sociale définitive, avant tout procès,
01:11d'une personne connue et reconnue, et va provoquer la mort sociale.
01:16Mais est-ce qu'elle ne remet pas aussi un peu en cause la parole des victimes présumées ?
01:19Naturellement, et elle a tout à fait raison, il faut la remettre en cause.
01:22Ce n'est pas acquis, la parole des victimes ne sont pas des victimes, ce sont des plaignantes,
01:26elle n'est pas sacrée, il y a dans des victimes parfois des victimes qui ne sont pas des victimes,
01:30il y en a qui mentent, il y en a qui disent la vérité, on ne peut pas savoir,
01:33et c'est pour ça qu'il y a des procès.
01:35Le média ne peut pas être un procès, l'opinion publique ne peut pas être un procès.
01:41Seul un procès peut définitivement condamner une personne,
01:44et c'est tout simplement ce qu'elle dit, le cas de Gérard Depardieu,
01:46le cas de M. Koué, le cas de tant d'autres, Ari Abitam et tant d'autres,
01:50qui ne sont coupables que lorsqu'ils sont définitivement condamnés.
01:53Sauf que le problème, et c'est ce qu'elle dénonce, c'est qu'avant tout procès,
01:56toute condamnation aujourd'hui, le problème d'un homme connu aujourd'hui
01:59n'est pas de savoir s'il est coupable de quelque chose, c'est de savoir s'il va être accusé.
02:03Le simple fait d'être accusé va détruire votre vie.
02:05Vous êtes journaliste, vous n'êtes pas visé Julie, mais vous seriez un homme aujourd'hui,
02:09et l'homme que vous êtes est accusé par une femme parce qu'elle le déteste,
02:13et pour plein de raisons, publiquement, ça va être repris par tous les médias.
02:16Je vous laisse deux jours d'antenne.
02:17Votre vie professionnelle est terminée, pire, votre vie personnelle va s'effondrer,
02:21et les conséquences sont irrémédiables.
02:23Elle dit simplement, arrêtons, soyons prudents,
02:26et on n'est pas dans une matière exempte de la recherche de la preuve,
02:30du procès, de la recherche de la vérité qui ne peut se faire que dans le cadre judiciaire.
02:34Elle vous choque cette une, Anna Cabana ?
02:37Moi, je pense qu'il y a du courage à aller contre les vents dominants de l'époque,
02:41c'est-à-dire qu'aujourd'hui, s'afficher, si vous voulez, sur des positions comme ça,
02:47quand on est faniardant, c'est prendre un risque.
02:49C'est prendre un risque parce que le milieu dans lequel elle travaille,
02:52parce qu'elle travaille, elle est encore sur scène,
02:54elle se produit, et même elle est étincelante.
02:58Elle est à l'affiche du dernier long-métrage de Polanski.
03:00Et elle revient au théâtre cet automne, après des années d'absence,
03:03la blessure et la soif.
03:04Absolument.
03:04Eh bien, j'irais la voir.
03:05Et ce que je peux vous dire, c'est que ça n'a pas tardé,
03:08c'est-à-dire qu'elle se fait onir sur les réseaux,
03:13elle a tout, le petit microcosme culture à l'eau parisien
03:19qui tombe dessus à bras raccourcis.
03:22Donc, de ce point de vue-là, moi, je salue l'acte de bravoure
03:26que consiste aujourd'hui, pour une actrice de cette trempe,
03:30le fait d'oser dire ça.
03:31Alors après, qu'il y ait là, si vous voulez, de la provocation,
03:35qu'elle même se soit mise en scène comme telle,
03:38parce que le journal aussi fait son gros titre dessus,
03:42il y a un enrobage qui étoffe le côté polémique,
03:46mais si vous vous en tenez à ce qu'elle dit,
03:49eh bien, voilà, je lui tire mon chapeau.
03:51Elle dit précisément que cette société accepte en silence
03:53ce mouvement MeToo parce qu'elle a peur,
03:55parce que chacun protège ses intérêts,
03:57de plus être engagé, de plus gagner de l'argent,
03:59de plus faire partie des bienheureux du monde,
04:01la plus grande peur.
04:02C'est quand même une grosse claque au mouvement MeToo,
04:05Pierre-Édouard Magnan.
04:06Les réactions sur les réseaux, je ne suis pas un grand praticien,
04:08mais j'ai envie de dire, ça fait du bruit,
04:11je ne sais pas ce qu'ils ont fait, une eune,
04:12mais avant tout, d'abord, c'est son droit de dire ça.
04:15Moi, je veux être un peu prosaïque.
04:17Le mouvement MeToo dont on peut, je dirais,
04:20pointer certains excès, certaines dérives
04:22ou certaines erreurs, d'ailleurs, en plein interne,
04:24c'est le retour de balancier d'années et d'années,
04:27où de toute façon, pour le coup,
04:29il n'y avait pas de paroles de victimes,
04:30de paroles de fans, de paroles de plaisantes,
04:31il n'y avait pas de paroles, c'était nié,
04:32ça n'existait pas, terminé,
04:34et les hommes qui se conduisaient comme des criminels
04:36étaient de toute façon couverts par tout le monde.
04:38Et donc, malheureusement, la vie est ce qu'elle est,
04:39les êtres humains sont ce qu'ils sont.
04:41Ça a tellement été long et loin dans un sens
04:44qu'il y a évidemment un retour de balancier
04:46et comme on disait de manière particulièrement
04:48malvenue en période de guerre,
04:49il va y avoir des dégâts collatéraux.
04:51Je le dis avec tous les guillemets qui conviennent,
04:54enfin, je sais que le deuxième degré,
04:55ce n'est pas toujours très télévisuel,
04:56mais voilà, ce que je...
04:57Ce n'est pas beau dire, ce n'est pas grave.
04:58Après, elle, c'est son droit de dire cela.
05:02Mon sujet, c'est comment le balancier
05:04qui est reparti dans un sens
05:05finit par arriver dans un point central...
05:07On y arrivera.
05:08Oui, effectivement, et je pense qu'on y arrivera.
05:09C'est-à-dire qu'on ne rebascule pas de l'autre côté
05:10parce qu'après, quand je lis certains articles
05:11dans Causeur, etc.,
05:12finalement, on utilise certains excès
05:14pour dénoncer, finalement,
05:15l'ensemble de cette prise de parole
05:17qui, fondamentalement, était nécessaire,
05:19était même indispensable.
05:20Il va falloir revenir au milieu,
05:22c'est-à-dire que les femmes qui seront victimes
05:23porteront plainte,
05:24la plainte sera étudiée, traitée,
05:26ne sera pas jugée au bout de 5, 6, 7, 8, 10 ans.
05:29Pourquoi aussi on va juger le tribunal médiatique ?
05:31Parce qu'il est rapide,
05:32sans doute trop et sans doute mal,
05:33mais lui, il a le mérite d'être rapide,
05:34là où le tribunal judiciaire, évidemment,
05:36lui, est extrêmement long.

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