Tennis - Roland-Garros 2024 - Fabrice Santoro : "Sinner le froid, Alcaraz le chaud, Djokovic le patron"

  • il y a 3 mois
Fabrice Santoro au micro de Tennis Actu en marge de la présentation du tournoi et Trophée des Légendes à Roland-Garros 2024.

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Transcript
00:00 Les tournois de Grand Slam ?
00:03 On les a, ils sont nombreux et on va rentrer dans une ère où les tournois seront beaucoup plus ouverts.
00:10 Il y aura peut-être des vainqueurs de Grand Slam différents, peut-être des numéros un mondiaux qui vont changer un peu plus régulièrement.
00:17 On va revenir dans ce que selon moi, c'est pas écrit, mais on pourrait revenir dans ce que l'on a vécu au début des années 2000,
00:24 avec des vainqueurs de grands tournois un petit peu différents.
00:28 Moi ce qui me fait plaisir c'est de voir que lorsque les demi-heures de la nouvelle génération, à savoir Alcaraz et Sinner,
00:34 lorsqu'ils rentrent sur le châtelier, il y a le feu. On pouvait s'interroger, est-ce qu'ils vont attirer les foules,
00:39 est-ce que les gens ne se rendent pas nostalgiques du Big 3 ?
00:42 En fait, moi quand je vois Sinner et Alcaraz rentrer sur le terrain, les gens sont en trance,
00:47 donc c'est une transition de ce qui me semble déjà réussie.
00:50 Toi tu as une préférence pour un type de joueur entre les deux, lequel te plaît le plus, lequel te convainc le plus ?
00:58 Tu disais tout à l'heure que tu l'as vu venir Sinner quand il a joué contre Rafa sur le central.
01:03 Je l'ai vu et je pense l'avoir commenté ce match, même si c'était en 2020, à l'automne.
01:09 Début de match, impressionnant, on parle d'un joueur de 18 ans qui joue Rafa Roland Garros, autant dire que la barre est haute.
01:19 Il fait jeu égal jusqu'à 5 partout, à 5 partout il break, il sert pour le 7,
01:23 ça coince un peu parce qu'on sait que breaker Rafa c'est difficile, mais confirmer le break c'est encore plus difficile.
01:30 Finalement il perd en 3-7 mais il fait un gros match, je me suis dit "oula".
01:33 18 ans, il tient face à Rafa sur une heure de jeu, sur le chatrier, pas mal à suivre.
01:40 Et depuis il n'a fait que grimper.
01:42 Il y a aussi ce projet de carrière du gars qui, bien que très jeune, prend ses décisions,
01:48 a été formé par un entraîneur exceptionnel qui est Ricardo Pesci,
01:51 à un moment donné il pense qu'il faut autre chose, il s'organise différemment.
01:55 Et puis le gars, quand on le voit, on sait où il veut aller, il ne veut pas faire des quarts et des demi.
02:01 Ils se blessent souvent quand même les deux là ?
02:04 Oui, mais le tennis est devenu tellement exigeant qu'il y a tellement d'exigences physiques,
02:12 de concurrence aussi sur le circuit qu'à un moment donné pour exister, pour survivre,
02:18 pour faire partie des meilleurs, il faut tout le temps aller chercher la limite.
02:22 Tu ne peux pas faire d'entretien, tu ne peux pas dire "je vais m'entraîner sérieusement, ça ne suffit pas".
02:25 Tu vas tous les jours l'entraînement chercher ta limite.
02:27 Et quand tu vas la chercher, parfois ça casse.
02:30 Est-ce que tu n'as pas l'impression qu'il y a un peu un germain, un germanic qui est froid par rapport aux événements
02:36 et qui est prêt à arrêter si ça ne va pas, et tu as un latin qui ne tient plus en place
02:41 et qui se blesse peut-être encore plus souvent ?
02:43 Alors les deux ont été blessés ces dernières semaines.
02:46 Mais c'est vrai qu'il y a deux cultures différentes, parce qu'on pourrait dire un espadion et un italien c'est la même chose,
02:51 mais en fait ce n'est pas la même chose parce que Yannick est peut-être,
02:55 mais il faut que je vérifie mes sourds, j'ai commencé à faire des recherches, peut-être le plus grand sportif italien du nord de l'Italie.
03:02 J'ai même vérifié qu'Alberto Tomba est de Bologne, donc je suis allé faire mes trucs.
03:07 Je ne sais pas s'il y a déjà eu un grand sportif italien du nord de l'Italie avec cette culture un peu germanique.
03:13 En tous les cas, c'est un gars qui est super élégant, classe, classe sur le terrain dans sa manière de jouer, classe quand il prend la parole.
03:21 Hier j'ai adoré son discours après le match où il dit "mais attendez, c'est normal, le public a été fantastique,
03:28 le public était contre moi, mais il était pour Corentin, c'est normal".
03:32 Et derrière, pour la petite histoire, moi en coulisses, il me dit "ça a été le public, ils m'ont juste soutenu".
03:36 Il me dit "mais c'est normal Fabrice, si on avait joué en Italie, ça aurait été pire".
03:41 Et par rapport à Alcaraz, qui est peut-être de temps en temps un peu trop tenté de forcer la chose ?
03:48 Alcaraz est plus dans le show, il est plus dans le spectacle.
03:52 Il y a des moments où il est extraordinaire comme joueur, et il y a des moments où son envie de faire plaisir au public prend le dessus sur le coup juste à jouer.
04:02 On ne peut pas lui en vouloir, ça nous fait plaisir, on se régale, mais ça l'amène à surjouer parfois.
04:10 Et même quand il fait une grosse toile parce qu'il surjoue, c'est pour notre bonheur et il en rigole, donc c'est chouette quand même.
04:17 Vous n'oublierez presque le numéro 1 mondial ?
04:20 Il a été plus discret depuis 6 mois, mais il a été monstrueux aussi il y a 48 heures.
04:27 À la minute où on se parle, il est en train de lutter, je pense qu'il est au début ou au milieu du 3ème set.
04:32 Il est peut-être un peu blessé aussi, mais c'est quand même le numéro 1 mondial qui nous a régalé le plus depuis le début du tournoi.
04:39 C'est quand même lui le patron, c'est lui qui a joué le match du tournoi.
04:43 C'est lui également qui a eu le comportement exemplaire d'un immense champion à se battre au milieu de la nuit face à un joueur qui était en feu
04:53 pour finalement aller gagner un 3ème tour de Grand Chelem à 37 ans alors qu'il en a gagné 24.
05:01 Moi je dis respect.
05:03 Merci.
05:03 [Musique]

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