Marguerite Lecarpentier avait 6 ans le 6 juin 1944 lors du débarquement des Alliés en Normandie. Ce jour-là, avec ses parents, elle a dû fuir sa maison située à Saint-Lô, dans la Manche. C'est aussi le dernier jour où elle a vu son frère, Henri, vivant.
80 ans plus tard, à l'occasion des commémorations du 80e anniversaire du débarquement, Marguerite Lecarpentier témoigne sur cette journée qu'elle n'oubliera jamais. Un témoignage bouleversant qui met en lumière cette bataille de Saint-Lô qui a coûté la vie a plus de 300 personnes.
#Guerre #Débarquement #6juin1944 #DDay #Commémoration #WWII #Témoignage #Evergreen
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80 ans plus tard, à l'occasion des commémorations du 80e anniversaire du débarquement, Marguerite Lecarpentier témoigne sur cette journée qu'elle n'oubliera jamais. Un témoignage bouleversant qui met en lumière cette bataille de Saint-Lô qui a coûté la vie a plus de 300 personnes.
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NewsTranscription
00:00 Pour maman c'était très difficile parce qu'elle disait
00:05 si mon fils avait été prisonnier il serait sûrement rentré.
00:11 Et il n'est pas rentré.
00:27 Le 6 juin 1944, le matin, je suis allée en classe.
00:31 Et j'ai joué tout l'après-midi avec une amie qui avait deux ans de plus que moi.
00:35 Dans mon souvenir le temps était très lourd, c'était assez orageux.
00:39 Je suis rentrée chez moi, l'heure exacte je ne sais pas,
00:42 mes mamans avaient déjà mis le couvert pour la soupe.
00:46 Et mon frère est arrivé, il travaillait dans une grande quincaillerie de Saint-Lô.
00:51 Son patron faisait partie de la défense passive.
00:53 Donc eux ils avaient sûrement des informations.
00:56 Il a dit "va prévenir tes parents, il faut qu'ils quittent la maison.
00:59 Préviens tes voisins, tes amis et reviens, on va avoir besoin d'aide".
01:04 Le premier soir on a dormi le long d'une haie.
01:09 Et puis après ça a dû s'organiser, on a trouvé une bergerie pas très loin.
01:14 Et c'est là qu'on s'est retrouvés à 27 dans cette bergerie
01:18 avec des matelas qui avaient été apportés par les uns et par les autres.
01:23 Et puis on a passé trois semaines dans cette bergerie.
01:28 Pas d'hygiène, rien du tout, on était là.
01:30 Et puis ça pétaradait de partout parce que là on voyait quand même
01:34 tout ce qui se passait sur Saint-Lô.
01:36 On était sur la hauteur donc on a vu des avions tomber etc.
01:40 Bon, ce n'était pas facile.
01:43 Mais après le bombardement, où tout était partout des gravats,
01:48 on est rentré un peu chez nous.
01:50 Et là il y avait un obus qui était tombé entre-temps sur la maison.
01:53 Notre maison c'était une petite cuisine, une salle et puis deux chambres.
01:57 Et l'obus est tombé sur l'armoire de mes parents,
02:01 notre chambre est tombée sur la table de la cuisine.
02:04 Là nécessairement, on était cinq autour de la table, il y aurait eu des morts.
02:08 Et puis est arrivé le décès de mon frère.
02:11 Mon frère s'est donc retrouvé embarqué avec son patron
02:16 qui faisait partie de la défense passive
02:18 et un autre monsieur qui s'appelait M. Roiseau.
02:20 Là, la gendarmerie a été bombardée.
02:23 Et il y avait des logements dans cette gendarmerie.
02:26 Ils ont donc commencé à déblayer.
02:28 Mon frère a participé.
02:30 Le deuxième bombardement, ils sont morts tous les trois.
02:32 Ils ont été inhumés provisoirement dans la cour d'un garage
02:36 qui était à quelques 50 mètres de la gendarmerie.
02:40 Ils sont restés là jusqu'à ce qu'on rentre d'Exode.
02:42 Parce qu'après nos trois semaines dans la bergerie,
02:46 on est parti dans le Sud Manche à pied, tout un périple.
02:50 Et c'est quand on est rentré, fin août,
02:53 mon premier souvenir, c'est pas tous les gravats et tout ça,
02:57 c'est la cour où il y avait deux tombes.
02:59 C'était mon frère et M. Roiseau qui sont restés là jusqu'à ce qu'on rentre.
03:04 Mais mon père a dû être prévenu
03:05 parce qu'il a été appelé pour identifier le corps.
03:09 Et il a reconnu mon frère uniquement par ses chaussures qui étaient neuves.
03:15 Apparemment, après l'inhumation, moi je n'ai pas vu ça,
03:18 mais mes soeurs m'ont dit que le cercueil n'était pas bien grand.
03:21 Mon frère a été enterré à Saint-Lô dans le cimetière.
03:24 Quand mon père est décédé en 1967,
03:27 maman a voulu qu'il soit transféré avec mon père.
03:32 Et ma belle-soeur m'a dit, il n'y avait plus de tête.
03:39 Voilà.
03:42 Puis la vie a repris son cours.
03:44 Je suis retournée à l'école en septembre.
03:46 J'ai vécu avec une certaine insouciance.
03:49 Tout reprenait vie.
03:50 On était une bonne petite bande de copains qui étaient revenus.
03:54 Alors c'est quand même un souvenir assez triste.
03:57 Tous les prisonniers qui étaient partis en Allemagne,
04:02 dans notre quartier, sont revenus.
04:04 Sains et saufs.
04:06 Et à chaque fois, maman, c'était très douloureux
04:09 parce qu'ils arrivaient évidemment en désordre.
04:12 Tous les jours ou tous les deux jours,
04:14 il y en avait un qui arrivait.
04:15 Puis tout le quartier était dehors pour bien sûr les accueillir.
04:21 Pour maman, c'était très difficile parce qu'elle disait,
04:26 si mon fils avait été prisonnier, il serait sûrement rentré.
04:32 Et il n'est pas rentré.
04:33 Je ne vais pas dire que pendant 80 ans,
04:36 j'ai pensé tous les jours à lui.
04:38 Mais outre le fait qu'on n'en parlait pas à la maison, c'est vrai.
04:45 Les premières commémorations, maman y allait tout le temps.
04:49 Et moi, j'ai eu à cœur de faire perdurer ça.
04:53 Pour lui, pour maman, pour mes parents.
04:57 Parce que mon père était aiseux, mais...
05:00 Père de son fils aîné, il en a beaucoup souffert certainement.
05:05 Simplement, on n'en parlait pas.
05:07 Est-ce que parce qu'on veut mettre, je ne sais pas,
05:10 le couvercle sur la soupière, qu'on ne veut pas plus entendre parler de ça,
05:14 je ne sais pas.
05:14 Mais oui, j'ai beaucoup de regrets par rapport à ça.
05:16 Des regrets et une envie de m'exprimer.
05:19 Et là, pour le 80e, où vraiment on met le focus sur les victimes civiles,
05:28 j'ai dit oui, d'accord, je veux bien en parler.
05:31 Et moi, ce qui me...
05:36 Je ne vais pas dire que ça m'attriste, mais ça me fait peur,
05:39 c'est tous les événements d'aujourd'hui.
05:41 L'Ukraine, les Palestiniens, tout ça.
05:44 Enfin, tous ces civils et tout qui ont...
05:47 qui vivent des choses qu'on ne voudrait pas revivre.
05:51 Et je suis même arrivée à un point...
05:54 J'ai un petit fils, un petit garçon qui a deux ans et demi,
05:59 qui fait notre bonheur.
06:02 Une petite fille qui a 28 ans,
06:05 qui n'a pas l'air d'être précieuse pour la maternité.
06:08 Et un petit fils de 24 ans.
06:12 Et moi qui aime tellement les enfants,
06:15 j'en arrive à me dire,
06:17 ce serait peut-être mieux qu'il n'en ait pas.
06:20 Donc je suis un peu pessimiste.
06:23 C'est un ensemble de choses,
06:25 sachant que s'ils en ont, je serais vraiment contente de les pouponner.
06:32 Mais ça m'arrive de dire ça, oui.
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