• il y a 6 mois
Ce nouvel épisode des "Incontournables" plonge le lecteur-internaute au cœur du Festival International des Jardins 2024.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 17 millions de Français cultivent leur jardin. Une passion verte et vertueuse grandissante qui fait de plus en plus de disciples. La vie au jardin a du bon. C'est ce que l'on découvre dans ce mini-documentaire en plein air, guidé par Chantal Colleu-Dumont, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et du Festival International des Jardins, Commissaire des Saisons d'Art, et l'artiste peintre Damien Cabanes.
Transcription
00:00 [Musique]
00:21 Ce festival des jardins a pour thème "Jardin source de vie"
00:24 avec cette idée que le jardin rassemble toutes les forces du vivant.
00:30 C'est un lieu de pollinisation, c'est un lieu de développement exponentiel de la végétation
00:38 auquel il faut que nous fassions très attention.
00:41 On sait que 75% des insectes ont disparu depuis 30 ans, pour de multiples raisons,
00:48 et donc le jardin est le lieu qui leur apporte leur nourriture
00:52 et la pollinisation est fondamentale pour la nôtre.
00:56 Et donc ces jardins du festival, il y en a 24 parcelles,
01:00 vont illustrer un certain nombre d'idées fondamentales sur ce qu'est le jardin.
01:06 L'importance du sol, il faut qu'il y ait des sols riches,
01:09 il faut que nous veillions à ce qu'il n'y ait pas ce dépauvrissement, ce dessèchement du sol.
01:15 Donc il y a des solutions avec des éléments végétaux qui vont permettre à la terre de se régénérer
01:21 et puis il y a des méthodes de protection du sol.
01:24 Par exemple, il y a une idée très originale qui est la présence de laine,
01:29 on dirait de la neige avec la végétation verte,
01:32 qui protège le sol et en même temps garde l'humidité.
01:38 On a aussi beaucoup de jardins qui, cette année, présentent des arbres morts.
01:46 Naguère, quand un arbre mourait, on s'en débarrassait hâtivement.
01:51 Maintenant, on a compris qu'un tronc d'arbre va être colonisé par les mousses,
01:56 par les insectes et va redonner à l'humus une richesse qu'on ne soupçonnait pas.
02:03 Il y a donc une multiplicité de jardins qui valorisent aussi l'eau,
02:08 puisque l'eau est fondamentale pour les plantes et pour les hommes.
02:13 C'est le phénomène de l'évapotranspiration qui va maintenir une humidité
02:17 qui est importante pour la respiration des plantes et la respiration des hommes.
02:23 Bref, ce sont des jardins tout à fait extraordinaires.
02:26 À côté de ces jardins, nous avons deux paysagistes très connus,
02:30 Arnaud Maurière et Éric Hossa,
02:32 qui ont accompagné le festival au moment où il naissait, il y a plus de 30 ans,
02:37 et qui ont, dans notre collection de jardins liés aux grandes civilisations du jardin,
02:41 créé un jardin émotionnel, un jardin moderniste qui fait référence à Louise Baragam.
02:47 On a même, parce qu'on a toujours le sens de l'humour, créé le jardin de la déclaration.
02:53 C'est pour les jeunes générations qui font leur déclaration d'amour sur Instagram.
02:57 Et donc on a créé un kiosque un peu baroque avec un fauteuil
03:02 où les jeunes gens qui cherchent maintenant des lieux particuliers
03:08 pour s'agenouiller devant leur belle, et inversement parce que tout est possible,
03:13 eh bien là, ils auront absolument la possibilité, au milieu des fleurs,
03:18 de venir faire leur déclaration.
03:20 Vous voyez, on n'oublie pas d'être de notre temps et on n'oublie pas la dimension humoristique.
03:24 Il est très important que le végétal soit fortement réintroduit dans les villes.
03:31 Et donc un de nos concepteurs, David Simonson, a créé avec le jardin des Murmures,
03:39 un jardin avec des enveloppes d'arbres qui protègent des arbres nouvellement plantés
03:46 en béton bas carbone, en ciment bas carbone, qui vont pouvoir être escaladés par le végétal.
03:52 La présence d'un arbre et l'ombre apportée par les arbres, c'est 10 degrés de moins assuré.
03:58 Dans cette serre, on a une végétation qui, évidemment, est adaptée au climat chaud,
04:05 adaptée à l'univers des serres, des plantes résistantes,
04:10 qu'il va falloir que nous installions de plus en plus.
04:15 On a des cactées, on a des aeoniums, c'est le genre noir, qui sont absolument extraordinaires.
04:21 On a des oiseaux de paradis.
04:23 On peut, avec des végétaux qui réclament moins d'eau, créer des univers infiniment poétiques.
04:30 Ça aussi, c'est un message qu'on passe.
04:32 En tout cas, on sait que quand on est à l'intérieur d'un jardin,
04:37 quand on est dans un parc, il y a un bienfait qui s'installe immédiatement.
04:42 On sait que le végétal, les parfums, les couleurs du végétal agissent sur notre psychisme
04:49 et que dans un monde assez dur, il faut en convenir,
04:53 plus le végétal sera présent et plus les uns et les autres seront heureux.
04:58 Nous sommes dans les Galeries Hautes du Château,
05:04 où nous avons un grand espace d'exposition de neuf salles,
05:07 qui nous permet d'accueillir l'une des trois expositions,
05:11 qui est l'œuvre de Vincent Bioules.
05:15 Vincent Bioules est un peintre qui a été un des fondateurs de Support Surface en 1972
05:21 et qui est retourné vers l'affiguration.
05:25 Ce que le public peut découvrir avec ces 40 tableaux,
05:31 ce sont des fenêtres, le dedans, le dehors, des jardins, des arbres,
05:39 des paysages, de très grands paysages et aussi l'eau.
05:45 L'eau est très très présente.
05:46 On a également Anne et Patrick Poirier, des artistes habitués du domaine de Chaumont-sur-Loire,
05:52 qui, dans la cour de la ferme, ont peint des tulipes, des orchidées,
05:58 ils ont fait aussi des impressions sur porcelaine.
06:02 Et la dernière exposition nous a permis de présenter le travail d'un artiste extraordinaire
06:08 qui s'appelle Damien Cabane,
06:09 et qui a effectué une résidence à Chaumont en confrontation avec nos massifs.
06:15 Mais à Chaumont-sur-Loire, il n'y a pas que l'intérieur du château,
06:20 on a aussi un grand parc.
06:22 Et dans ce grand parc, dans nos grands parcs,
06:26 puisqu'il y a des œuvres aussi dans le Parc des Prêts du Goualou,
06:30 des œuvres se sont installées cette année qui donnent l'impression que nous ressemblons
06:34 au parc de Bomarzo, qui est un parc historique en Italie,
06:38 avec des sculptures de monstres, des maisons pranchées,
06:41 enfin tout à fait extraordinaire.
06:43 Puis nous avons une autre artiste prenourrie qui, elle, propose une métamorphose,
06:49 une métamorphose d'un homme en arbre, on est toujours dans le végétal.
06:54 Et puis il y a aussi d'autres artistes qui vont montrer l'importance de la terre,
07:00 un artiste japonais qui s'appelle Koshi Kurita,
07:04 qui collectionne les terres de toute la France,
07:08 mais là on a présenté toutes les terres de Loire.
07:11 La chance de Chaumont, c'est ce dialogue, ce dialogue avec le paysage,
07:15 avec la mémoire du château, ça crée une ambiance différente,
07:21 le lieu est plus habité dans tous les sens du terme,
07:24 je crois que les artistes sont sensibles.
07:27 Le pinceau c'est mes yeux, en fait je ne vois rien avant,
07:31 j'ai un pressentiment, j'ai une intuition,
07:33 mais je sais ce que je vois que quand je le peins.
07:35 Depuis quelques années je travaille beaucoup avec le thème des fleurs,
07:38 mon atelier est rempli de fleurs.
07:40 C'est venu en fait au moment du confinement,
07:43 je me suis acheté des fleurs à ce moment-là, j'ai fait mon plein de fleurs,
07:46 j'en avais un peu assez d'être focalisé sur une forme qui était la figure humaine,
07:52 je voulais que la couleur soit éclatée dans l'espace.
07:56 Donc Chantal Colleu-Dumont avait vu une de mes expos sur le thème des fleurs,
08:00 et elle m'avait proposé une résidence parce que c'est le thème du domaine,
08:05 et ils ont des beaux parterres de fleurs.
08:07 Il fallait trouver une fenêtre où la météo était impeccable,
08:11 c'était en septembre dernier, la dernière semaine de septembre,
08:13 je n'aime pas la lumière du mois d'août, elle est trop forte,
08:16 et puis il fait trop chaud,
08:17 et la lumière du septembre a été magnifique,
08:20 et on a trouvé plus d'une semaine, dix jours, sur lesquels j'ai fait tout ce travail.
08:24 Je travaillais à quatre pattes, le papier et le rouleau déroulés,
08:28 et il n'y a pas de perspective, je suivais en même temps que le rouleau,
08:32 c'est comme un travelling où j'enregistrais chaque morceau de nature.
08:36 Il y a une espèce de fusion entre le voyant et le visible,
08:39 le visible se révèle en même temps que le voyant d'ailleurs se réserve,
08:43 il se révèle lui-même, après il y a peut-être une unité avant, puis une autre après,
08:46 et la peinture c'est le témoignage de cette rencontre.
08:50 On peut penser en premier d'abord aux impressionnistes, et principalement Monet,
08:54 c'est lui qui a été le plus loin dans la sensation.
08:57 Cézanne disait "Monet c'est qu'un œil, mais quel œil !"
09:00 Vraiment la sensation est une justesse chez lui,
09:03 quand on voit une meule de foie, on sent l'odeur du foin,
09:06 on sent le matin, il fait un peu frais, mais qu'il va bientôt y avoir du soleil.
09:10 [Musique]
09:36 Sous-titrage Société Radio-Canada

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