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00:00C'est une véritable épée de Damoclès pour les femmes enceintes les plus vulnérables et vous en avez cité quelques cas.
00:08Alors aujourd'hui, est-ce qu'on peut guérir de la fistule obstétrique ? Est-ce qu'il y a des traitements adéquats aujourd'hui ?
00:15Est-ce que les lésions causées par cette maladie peuvent être réparables ? Qu'est-ce qu'il en est ?
00:21Alors, ce qui est important, c'est que la fistule, on peut la traiter. A 95%, on peut la traiter.
00:30Sauf certains cas très complexes ou qui ont été, disons, délaissés pendant plusieurs années, parfois plus d'une décennie,
00:41avec des complications locales très très importantes. Là, c'est des cas assez rares.
00:47Mais sinon, la plupart du temps, 95%, on peut les opérer pour fermer la fistule de la femme.
00:53C'est une bonne nouvelle.
00:54Mais le plus important, je crois que c'est vraiment la prévention.
00:58Et c'est pour ça, le thème de cette année de la Lutte, de la Journée internationale de lutte contre la fistule obstétrique
01:04est centré sur la prévention, c'est-à-dire rompre le cycle et prévenir la fistule dans le monde.
01:11La prévention, elle est très importante parce que, par rapport aux facteurs que j'avais cités tantôt,
01:17on peut agir sur ces différents facteurs pour pouvoir éviter la survenue de la fistule obstétrique.
01:24Et les rares cas qui suivent une règle pourraient être pris en charge assez rapidement
01:29parce que plus tôt elle est prise en charge, mieux la guérison est totale et redonne à la femme tout son potentiel.
01:40Alors, un aspect important que j'avais peut-être oublié de souligner tantôt, c'est que la fistule,
01:49les jeunes filles, j'allais dire, sont particulièrement vulnérables par rapport à la fistule obstétrique
01:57parce que justement, elles n'ont pas encore la maturité nécessaire pour pouvoir porter une grossesse
02:04et surtout faire face au travail d'accouchement.
02:07Quand vous dites les jeunes filles, est-ce qu'on peut avoir une tranche d'âge ?
02:10De 15 à 19 ans.
02:12Il se trouve que dans nos pratiques au niveau communautaire, c'est encore répandu que les grossesses sont précoces.
02:19Les mariages d'enfants sont très importants, sont à un niveau élevé.
02:24Et ça, c'est des facteurs qui vont occasionner la survenue de fistules obstétriques
02:30et qui justement permettent d'entretenir cette maladie.
02:36Donc, il y a un thème d'intervention et de prévention.
02:40Des interventions qui doivent être menées impérativement au niveau communautaire,
02:44c'est-à-dire informer largement la population dans toutes ses couches
02:49et surtout, on voudrait mettre à l'accent tous les partenaires qui peuvent intervenir à ce niveau,
02:56notamment la société civile, les organisations féminines, les leaders communautaires.
03:01En tout cas, tous les partis peuvent jouer une partition pour informer largement la population par rapport à cette maladie et ses dangers.
03:09Justement, comment l'UNFPA s'y prend ?
03:12Parce qu'on le sait, l'UNFPA est très engagée dans la lutte contre la fistule obstétrique.
03:17Quelles sont les actions qui sont menées sur le terrain ?
03:21L'UNFPA appuie le gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique de santé publique.
03:28Et dans le domaine spécifique de la santé maternelle, il y a un certain nombre de stratégies qui sont développées par le gouvernement
03:36et qui font l'objet d'un appui technique et financier de la part de l'UNFPA.
03:44Peut-être pour serrer, je dirais, toutes les actions en rapport avec la prévention de la fistule obstétrique.
03:52C'est vraiment toutes ces actions qui, tous au niveau communautaire, en termes d'information, en termes de plaidoyer,
03:59en termes de lutte contre les pratiques néfastes, l'excision, le mariage d'enfants, les questions d'égalité du sexe.
04:10Parce que c'est important, parce que la femme est en mesure de décider par elle-même d'aller chercher des soins.
04:17C'est un aspect très important et qui peut lui éviter ce genre de difficultés.
04:24Donc, il y a ces actions au niveau communautaire.
04:27En même temps, on renforce les capacités des femmes et des jeunes filles pour leur autonomisation.
04:34Et surtout, à faire face à l'accouchement, par exemple la préparation à l'accouchement.
04:45Parce que cette étape est cruciale.
04:47S'il y a une grossesse qui revient, il faut la sensibiliser pour qu'elle puisse suivre les consultations prénatales de façon régulière, comme c'est recommandé.
04:55Au moment de l'accouchement, cet accouchement doit être préparé pour réduire le retard de recours aux soins au niveau de la santé.
05:06Parce que nous luttons aussi pour que chaque accouchement soit assisté par un personnel de santé qualifié.
05:13Les sages-femmes sont vraiment au cœur de la lutte contre la fistule obstétrique.
05:18Donc, ce qui est important, c'est de préparer les femmes avec l'accompagnement, le soutien de leurs conjoints, de leurs maris, pour que l'accouchement se passe dans les meilleures conditions.
05:29Et l'autre niveau d'intervention, c'est au niveau du système de santé.
05:35C'est-à-dire faire en sorte qu'il y ait des ressources humaines qualifiées pour pouvoir prendre en charge les urgences obstétriques et néonatales.
05:45C'est ce que nous appelons la mise en place au niveau de la Côte d'Ivoire.
05:48Il y a un réseau de structures qu'on appelle les structures SONU qui vont offrir des soins obstétriques et néonatales d'urgence.
05:58Il y a une réorganisation à un réseau pour être le plus efficace possible et réduire le délai de prise en charge à moins de deux heures.
06:06Donc, voilà un peu l'ambition que nous supportons au niveau de la stratégie nationale pour ce qui concerne les soins obstétriques et néonatales d'urgence.
06:15L'autre élément, c'est la prise en charge des cas de fistules obstétriques qui adviennent.
06:23Là, il y a un accord tripartite depuis 2012 entre le gouvernement de Côte d'Ivoire, à travers le ministère de la santé, de l'hygiène publique et de la couverture des maladies universelles,
06:36et puis la COECA qui est l'agence coréenne de coopération internationale qui finance la lutte, la prévention et la prise en charge des cas de fistules obstétriques.
06:54Dans ce sens, il y a un certain nombre de structures qui ont été capacitées en termes de rénovation, en termes d'équipement,
07:04en termes aussi de formation et de mise à disposition du personnel qualifié, les chirurgiens, pour justement la prise en charge des cas de fistules obstétriques.
07:12Donc voilà un peu ce que nous faisons. Et pour vous donner peut-être une idée, l'année passée, ce sont autour de 400, un peu plus de 400 femmes qui ont été opérées dans le cadre de ce projet, avec un taux de succès à 80%.
07:30En tout cas, merci à l'UNFPA pour toutes ces actions salutaires qui sont à l'endroit de ces femmes atteintes de fistules obstétriques.
07:39Docteur Koulibaly, nous sommes déjà au terme de cet entretien, alors on vous permettra de donner un dernier message à tous nos téléspectateurs pour encore rebondir sur cette question-là.
07:50Le message clé, c'est que la journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétrique, qui est célébrée aujourd'hui, 23 mai 2024,
08:01a mis l'accent sur la nécessité de rompre le cycle et surtout de travailler sur la prévention de la fistule obstétrique à travers le monde.
08:12C'est pour dire que la fistule obstétrique, on peut la traiter, et mieux, on peut l'éviter.
08:19L'appel que nous faisons, c'est de conjuguer les efforts du gouvernement, des sociétés civiles, des partenaires de développement, des communautés, des prestataires de santé,
08:33et de toutes les organisations de jeunes, de femmes. Ainsi de suite, nous devons tous conjuguer nos efforts pour éliminer cette maladie, cette blessure de la corde d'ivoire, d'ici 2030.
08:46Et ça, c'est l'objectif international auquel également la corde d'ivoire s'est engagée. Les moyens existent.
08:54Et je pense qu'en conjuguant nos efforts, nous pouvons atteindre cet objectif, peut-être même avant. Merci.
09:01La fistule obstétrique peut être traitée et évitée. Ce sont les mots de Dr Koulibaly Norbert.
09:07Il est directeur de la Santé, de la Reproduction, de l'UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la Population.
09:14Alors nous disons beaucoup de courage à toutes ces femmes qui sont atteintes de cette maladie.
09:19Beaucoup de courage. C'est possible de traiter cette maladie, comme il a dit, et de l'éviter.
09:24Merci à vous, Dr Koulibaly Norbert. Merci. C'est la fin de cet entretien.
09:29L'actualité continue sur CETInfo et sur www.cetinfo.ci.