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00:00:00 *Générique*
00:00:02 Hello et bienvenue sur le podcast "Les Matchs de ma vie"
00:00:05 à travers 5 matchs de foot dont l'invité parle de son amour pour ce sport
00:00:08 et nous ouvre ainsi sur quelques chapitres de sa vie.
00:00:11 5 matchs à raconter, beaucoup de bonheur à partager avec vous
00:00:14 où que vous soyez, où que vous nous écoutiez.
00:00:16 Merci déjà de nous avoir choisis, c'est parti pour ce nouveau numéro 2
00:00:19 "Les Matchs de ma vie"
00:00:21 avec moi Adam Ventulette et notre invité aujourd'hui qui est...
00:00:23 - Fabrice Abriel.
00:00:25 - Effectivement Fabrice, ravi de t'avoir avec nous, on peut se tutoyer ?
00:00:28 - Bien sûr, entre jeunes on peut.
00:00:31 - Au moment de cet enregistrement,
00:00:34 et depuis 2021 tu es entraîneur de l'équipe féminine de Fleury,
00:00:37 club que tu as réussi à emmener en finale de la Coupe de France, félicitations déjà.
00:00:41 Après une victoire sur l'OL en demi-finale,
00:00:43 c'était pas facile quand même d'arriver en finale de la Coupe de France.
00:00:46 - Déjà d'éliminer Lyon en demi-finale,
00:00:49 sachant que cette équipe n'a jamais pardu de demi-finale,
00:00:53 c'était déjà un bel exploit.
00:00:55 Et ensuite, la finale,
00:00:57 il faut toujours un vainqueur et un perdant,
00:01:00 et c'est le Paris Saint-Germain qui l'a emporté.
00:01:02 C'était une belle expérience, une belle aventure humaine.
00:01:04 - Oui, 1-0 pour le PSG,
00:01:05 mais devoir jouer et l'OL et Paris Saint-Germain en Coupe de France,
00:01:08 c'est pas facile effectivement.
00:01:10 Donc félicitations à toi et à Fleury.
00:01:12 En tant que joueur, Fabrice, formé au Paris Saint-Germain,
00:01:14 tu as été champion de France avec Marseille,
00:01:16 après des saisons avec Amiens, Guingamp et puis Lorient,
00:01:20 où tu étais un merlu très apprécié.
00:01:22 Tu as aussi joué aux Servettes pour Nice et pour Valenciennes.
00:01:26 Ça en fait des matchs, Fabrice, à quel point c'était difficile pour toi de ne choisir que 5 ?
00:01:31 - Difficile de parler de soi, d'abord.
00:01:34 J'ai fait appel à ma mémoire, à mes souvenirs,
00:01:38 et en fait, j'ai sélectionné des matchs
00:01:40 auxquels je n'ai pas participé, c'est plus simple,
00:01:43 et d'autres auxquels j'ai participé.
00:01:45 Donc il y a des souvenirs de jeunesse et des souvenirs d'adulte.
00:01:47 - Oui, on va voir effectivement que ta modestie
00:01:51 t'empêche de parler de toi à un moment,
00:01:54 mais je vais faire en sorte quand même de te faire sortir un petit peu
00:01:58 de cette modestie, Fabrice.
00:02:00 C'est parti pour les matchs de la vie de Fabrice Abriel.
00:02:03 Et le numéro 1, Fabrice, c'est quoi ton choix et pourquoi ?
00:02:07 - Pourquoi ce match ?
00:02:08 Pourquoi ? Parce que le joueur,
00:02:09 le joueur Diego Armando Maradona, j'ai grandi avec.
00:02:12 À cette époque, on est en 86, j'ai 7 ans, je suis né en 79.
00:02:18 Mon père m'offre cette cassette vidéo de Diego Maradona,
00:02:21 sur laquelle je m'inspire et que je regarde en boucle tous les jours.
00:02:24 - Les vieilles cassettes vidéo, oui.
00:02:26 - Exactement, oui, jongle de la tête, du pied,
00:02:29 et puis on revoit les exploits de Marocampès,
00:02:31 on voit ensuite Maradona effectuer
00:02:35 un certain nombre de choses extraordinaires à Barcelone, Naples, l'Argentine.
00:02:41 Et en fait, il marque deux buts, deux buts extrêmement
00:02:45 controversés, contrastés, exceptionnels de par la forme.
00:02:49 Un certainement de la main, et un autre qui ne souffre d'aucune contestation,
00:02:56 où il part du milieu de terrain et qui dribble toute l'équipe pour marquer tout seul.
00:03:02 - Oui, peut-être le meilleur but dans l'histoire de la Coupe du Monde.
00:03:04 On est le 22 juin 1986, effectivement,
00:03:07 quart de finale de la Coupe du Monde au Mexique,
00:03:09 l'Angleterre contre l'Argentine,
00:03:11 sur fond de la guerre des Malouines en plus,
00:03:13 donc c'était une assez sensible situation.
00:03:16 Et tu choisis de commencer par le match avec la main de Dieu.
00:03:20 Tu me taquines un peu, tout de suite, je vois.
00:03:22 (rires)
00:03:24 Pour l'Angleterre, évidemment, pour les Anglais, ça a fait très mal ce match.
00:03:27 - C'est vrai que l'adversaire, on s'en souvient parce que Maradona.
00:03:33 Mais au final, c'est vrai que ça masque un petit peu la confrontation,
00:03:39 parce qu'il y avait quand même énormément de qualité en face,
00:03:41 on est à 0-0, c'est un but qui déclenche.
00:03:44 Qui déclenche un peu des choses, de la nervosité.
00:03:47 Mais lorsqu'il prend le ballon tout seul au milieu de terrain,
00:03:49 en fait, il vient clôturer pour dire "Pardon, excusez-moi,
00:03:53 j'ai peut-être fait une erreur sur le premier,
00:03:55 peut-être qu'il est litigieux,
00:03:56 mais celui-là, il n'y a rien à dire, parce que j'ai passé tout le monde en revue".
00:03:59 Et quand on voit ce but comme si on était au ralenti
00:04:04 et que chaque adversaire essayait, l'un après l'autre,
00:04:07 d'arrêter le titan, le héros,
00:04:11 et je le vois avec sa conduite de balle,
00:04:13 intérieure, extérieure, avec une feinte de corps très petite.
00:04:16 On avait encore le droit d'être petit,
00:04:22 de ne pas être très bien physiquement,
00:04:24 on avait le droit de ne pas être un athlète,
00:04:26 de ne pas être dessiné,
00:04:28 on avait le droit d'être que technique au final.
00:04:30 Et voilà, c'était un peu avec lui que j'ai grandi.
00:04:35 J'ai jamais eu ces qualités, mais il m'a quand même touché.
00:04:38 - C'est une inspiration, Diego Maradona, pour toi.
00:04:41 - Oui, chaque leader,
00:04:43 un leader se doit d'être inspirant.
00:04:45 Il l'est par son empreinte.
00:04:48 On règle beaucoup de choses.
00:04:52 Quand on est joueur 4, ressources,
00:04:54 le mental, le physique, la technique et la tactique.
00:04:57 On peut avoir des joueurs très intelligents, faire des carrières,
00:04:59 des joueurs qui sont très forts mentalement aussi, avec très peu de qualité.
00:05:02 Mais lui, techniquement, il a réglé beaucoup de choses.
00:05:04 Il était au-dessus et il a ralenti le temps.
00:05:08 On dit souvent, est-ce qu'à cette époque,
00:05:12 aujourd'hui, quand on parle, est-ce que Diego Maradona
00:05:16 aurait pu être un excellent joueur par rapport à ce qu'on demande, la vitesse du jeu ?
00:05:20 Et moi je dis qu'en fait, quand il jouait à cette époque,
00:05:23 il était déjà plus rapide que les autres.
00:05:25 Dans la lecture, dans l'inspiration,
00:05:27 on n'a plus trop de joueurs d'inspiration, créatifs.
00:05:32 On a beaucoup de joueurs structurés,
00:05:34 qu'on leur demande à chaque fois de bien défendre.
00:05:37 - De rentrer dans un cadre.
00:05:39 - Exactement.
00:05:40 Et lui, c'est un peu l'histoire de sa vie aussi.
00:05:44 Je ne suivrai pas l'homme en dehors de la vie,
00:05:48 je ne le prendrai pas comme exemple.
00:05:49 Mais en tout cas, sur ce qu'il a représenté,
00:05:52 parce que je trouve qu'il faut être aussi une personnalité.
00:05:56 Il s'est aussi positionné dans des combats.
00:05:58 Je pense que pour marquer aussi les esprits,
00:06:00 il y a le terrain et en dehors aussi du terrain.
00:06:03 Il y a aussi le fait qu'à cette époque-là,
00:06:06 peu protégés par les arbitres, les joueurs de sa trompe,
00:06:10 le nombre de fautes qu'il a subies.
00:06:11 - Je me souviens les Italiens qui ont fait un plan anti-Maradona
00:06:16 avec un joueur en marquage individuel
00:06:17 qui utilisait déjà la faute à l'époque.
00:06:21 Et très peu de carton, pas de vare, pas de vidéo,
00:06:25 très peu de protection.
00:06:27 C'était un peu...
00:06:28 Il livrait à lui-même et il insistait quand même dans son jeu.
00:06:32 Il n'a jamais perdu son football.
00:06:34 Il est resté dans la provocation, balle au pied,
00:06:38 mais aussi capable de délivrer des caviards, les yeux fermés,
00:06:40 de faire jouer un peu les autres
00:06:42 et surtout de rassurer tout un effectif.
00:06:45 - Champion du monde, effectivement, avec son pays,
00:06:48 après cette victoire contre l'Angleterre,
00:06:50 la main de Dieu et puis le bout de fou qu'il met.
00:06:53 Comme tu as dit, tu as presque 7 ans le jour de cette rencontre.
00:06:56 Tu es né le 6 juillet 79 à Suresnes, dans la région parisienne.
00:06:59 Donc, si les gens ne connaissent pas Suresnes,
00:07:02 est-ce que tu te souviens où tu étais le jour de ce match
00:07:05 et avec qui tu regardais ?
00:07:06 - J'étais chez moi avec mon père.
00:07:08 Mon père, il n'a jamais joué au football.
00:07:11 Mais c'est lui qui m'a...
00:07:13 qui m'a invité à...
00:07:18 à faire mes premiers pas.
00:07:21 Pourquoi ? Je ne lui avais jamais posé la question,
00:07:23 mais ensuite, il m'a dit "un jour, tu étais en bas de la maison,
00:07:27 on habitait à Marley-le-Roi".
00:07:29 Il m'a dit...
00:07:31 J'étais vu dribbler des joueurs.
00:07:33 Je me suis dit que j'allais t'inscrire,
00:07:35 donc ma première licence, débutant à Marley-le-Roi, dans le 78,
00:07:39 pas très loin de Saint-Germain-en-Laye.
00:07:41 Et...
00:07:43 j'ai jamais eu de difficultés, en fait, dans le football.
00:07:46 J'ai eu des moments où je ne jouais pas,
00:07:48 où je n'ai pas joué, au Paris Saint-Germain.
00:07:50 On y reviendra peut-être plus tard, mais...
00:07:53 Voilà, c'était mes premiers pas.
00:07:56 Il m'a offert cette cassette, et moi, je l'ai gardée.
00:07:58 Il y avait celle de Pelé,
00:08:01 il y avait celle de Yohann Cruyff,
00:08:03 c'est celle-là qui m'a marqué le plus.
00:08:05 - Et ton papa était fan de foot s'il ne jouait pas ?
00:08:07 - Il est fan, mais il ne sait pas jouer.
00:08:09 Il n'a pas fait de carrière.
00:08:11 Mais il a une très bonne lecture, en fait, à chaque fois que...
00:08:14 j'écoute ses débriefs de match,
00:08:17 ils sont très lucides, très clairs.
00:08:19 Il aurait pu être coach,
00:08:21 mais il préfère observer.
00:08:23 Il a surtout ce côté où il est toujours pour celui qui a le moins de moyens.
00:08:27 C'est marrant.
00:08:29 - Il est pour les petits contre les grands.
00:08:31 Et donc toi, tu avais une relation comment avec lui
00:08:33 quand tu as 7 ans, le jour de ce match par exemple ?
00:08:35 - Bah moi, je...
00:08:37 En fait...
00:08:39 Je sens qu'il y a beaucoup de spectacles.
00:08:42 Je sens que lui, déjà, il a beaucoup d'attentes.
00:08:45 Parce que l'Angleterre,
00:08:47 désolé, un peu comme les Italiens,
00:08:50 ont essayé, par des moyens qui,
00:08:53 aujourd'hui, seraient réprimandés,
00:08:55 d'arrêter le talent.
00:08:57 Et en fait, mon père,
00:08:59 quand il me parle de football,
00:09:01 il me parle souvent de créativité.
00:09:03 Il me parle souvent de dribbler,
00:09:07 d'essayer d'être surprenant,
00:09:13 d'être spontané.
00:09:15 Tout ce côté artistique, en fait.
00:09:17 Et moi, pas artistique,
00:09:21 je suis esthétique,
00:09:23 mais je suis structuré pour être pragmatique.
00:09:27 Parce que le football français, il est comme ça.
00:09:31 - Avec le pragmatisme du politique.
00:09:33 - Voilà, avec de l'esthétisme,
00:09:35 c'est-à-dire qu'on a quand même une qualité de contrôle,
00:09:37 une qualité de... l'envie de donner des bons ballons,
00:09:40 de faire aussi parfois des déviations,
00:09:43 parce que ça accélère le jeu,
00:09:44 mais on est toujours quand même très efficace.
00:09:46 Alors que Diego Maradona,
00:09:48 il y avait parfois un peu de spectacle.
00:09:50 - Oui, quand même.
00:09:51 Le créateur, le rêve un petit peu.
00:09:53 Donc, il y a qui d'autre à la maison ?
00:09:55 - Il y a mon grand frère,
00:09:56 mais mon grand frère, il joue au foot,
00:09:58 mais c'est pas ce qui l'intéresse.
00:10:01 C'est un sportif, il réussit dans tous les sports.
00:10:03 Ping-pong, judo, basket,
00:10:05 il a deux ans de plus que moi.
00:10:07 Quand on rentre au Paris Saint-Germain,
00:10:09 c'est lui qui est le plus talentueux.
00:10:11 Donc, toute l'énergie est concentrée sur lui,
00:10:15 puisqu'il est grand, il joue aux Elyées,
00:10:18 il joue au francif, il joue au ping-pong,
00:10:20 il est classé, il joue au basket,
00:10:23 il marque beaucoup de paniers,
00:10:25 et c'est un talentueux,
00:10:27 mais il n'a jamais tenu longtemps dans un sport.
00:10:32 Il a beaucoup changé.
00:10:34 Et en fait, on est trois
00:10:38 et on ne vit pas les choses de la même façon.
00:10:40 Parce que moi, je suis à Basourdi, en fait.
00:10:43 7 ans, je suis à Basourdi, je regarde,
00:10:46 je vois des joueurs qui essaient d'arrêter un joueur
00:10:50 qui n'y arrive pas.
00:10:52 Je n'ai pas cette lecture en corps tactique, technique,
00:10:54 je ne connais pas le football,
00:10:55 je n'ai pas assez de formation de base,
00:10:57 je suis juste à l'initiation, à l'éducation.
00:10:59 Mon père, lui, il est dans la créativité,
00:11:01 donc forcément, il a une émotion.
00:11:04 Mon frère, lui, il regarde par à-coups,
00:11:08 parfois par la fenêtre, parfois à la télé.
00:11:11 Et puis quand il y a un truc exceptionnel, il regarde.
00:11:14 Et moi, je suis là, je suis capté,
00:11:16 mais je capte que des... je flash.
00:11:18 C'est mes yeux qui clignent et qui flashent, en fait,
00:11:22 pour garder en mémoire des bribes.
00:11:25 Et quand je le retranscris après dans la cassette vidéo
00:11:31 où j'ai toute la carrière de Maradona,
00:11:34 je revois ça.
00:11:35 Et je revois cette partie où il est à Mexico 86,
00:11:37 et on revoit le parcours.
00:11:39 Donc la première chose que...
00:11:41 quand je vous ai répondu, c'est celle-là.
00:11:43 C'est Mexico 86, Maradona, l'Angleterre.
00:11:47 - Oui, les images sont là, encore dans la tête, effectivement.
00:11:51 Parlons un petit peu de Paris Saint-Germain.
00:11:54 Alors, à quel moment on te remarque et on te fait venir ?
00:11:58 - Alors, moi, on me remarque pas,
00:11:59 c'est moi qui frappe à la porte du Paris Saint-Germain.
00:12:01 C'est en 88-89.
00:12:04 Donc à l'époque, on appelait ça les pupilles,
00:12:06 les pupilles minimes cadées.
00:12:08 Donc moi, je suis pareil,
00:12:10 Marele et le Roi, H.R. 78,
00:12:13 à 5 minutes, géographiquement.
00:12:16 Donc on est 500 candidats
00:12:18 à vouloir entrer et porter le maillot.
00:12:22 Ça se passe en plusieurs tours,
00:12:24 quasiment 4-5 tours.
00:12:26 On en garde peut-être à chaque fois 100, puis 50.
00:12:30 Au départ, on est 500, après on est 150.
00:12:32 Après, ça se réduit sur 4-5 tours
00:12:35 pour arrêter à 25,
00:12:37 et ensuite on en garde que quelques-uns.
00:12:39 Et je fais partie des 5 ou des 4 qu'on a gardés.
00:12:43 - Waouh ! Et à ce moment-là,
00:12:45 est-ce qu'on comprend ? Parce qu'on est jeunes.
00:12:46 Tu es à quel âge ?
00:12:47 - J'ai même pas 10 ans, un peu avant 10 ans.
00:12:49 - Ah ben c'est très jeune encore.
00:12:51 Mais quelque part, tu comprends que tu viens d'éliminer
00:12:53 tous ces autres gamins.
00:12:54 Tu as été choisi, que tu es bon, quoi.
00:12:56 - Non, je comprends rien.
00:12:57 - Non ? - Non, je comprends rien.
00:12:58 Parce qu'en fait, moi, je joue au foot.
00:13:00 En fait, quand j'arrive au Paris Saint-Germain,
00:13:02 on est 500, on a des maillots différents.
00:13:04 C'est un peu... Il y a beaucoup de personnes qui notent.
00:13:07 Il y a des encadrants, des cadres techniques.
00:13:09 Il y a le directeur technique qui s'appelle Jacques Jarry,
00:13:12 qui est là.
00:13:14 Je me rends compte qu'il y a des maillots de Monaco,
00:13:18 de Marseille, de Lens.
00:13:20 Ça vient de partout.
00:13:22 Amateurs.
00:13:24 On est tous avec des couleurs différentes.
00:13:26 On met des chasumes, on se connaît pas, on joue.
00:13:28 Onze contre onze.
00:13:30 Et puis moi, en fait,
00:13:32 je touche le ballon, 15-20 minutes,
00:13:34 et le directeur technique, Jacques Jarry,
00:13:36 me dit "Bon, c'est bon,
00:13:38 tu reviens au prochain rassemblement."
00:13:40 20 minutes. Et en fait, je sais pas,
00:13:42 il a vu quelque chose.
00:13:44 J'étais pas très grand. J'étais même, je pense,
00:13:46 dans les plus petits.
00:13:48 Et... Tour d'après, pareil,
00:13:50 troisième tour, pareil, je joue un peu,
00:13:52 mais il a compris, en fait,
00:13:54 quelque chose. Il a vu quelque chose, mais je sais pas
00:13:56 ce que c'est. - Ah oui. Toi, tu es pas capable de dire...
00:13:58 - Il me dit juste "C'est beau, tu reviens la semaine prochaine."
00:14:00 - Mais toi, t'es pas capable de dire ce qu'il a senti.
00:14:02 - Je suis pas capable parce que... Oui, en fait,
00:14:04 on part toujours sur le côté
00:14:06 où on est dans l'éducation du football.
00:14:08 Et...
00:14:10 Je dirais même pas l'éducation, c'est l'initiation.
00:14:12 L'éducation, elle arrive, à partir du moment où on commence
00:14:14 à s'entraîner, un peu de façon structurée,
00:14:16 tous les jours, voire trois à quatre fois
00:14:18 par semaine. Là, on commence à comprendre
00:14:20 qu'il faut de la technique, il faut de la tactique,
00:14:22 il faut une bonne qualité de passe, première touche,
00:14:24 deux bas... Là, on commence à comprendre
00:14:26 ce qu'on attend de nous.
00:14:28 Et puis, on essaie de comprendre aussi
00:14:30 quelle est notre qualité.
00:14:32 Et puis moi, je pense que
00:14:34 quand j'avais le ballon,
00:14:36 je faisais pas trop n'importe quoi.
00:14:38 Il y avait un sens.
00:14:40 Je pense qu'ils ont vu ça. Quand je l'avais et quand je l'avais pas,
00:14:42 quand je me déplaçais pour l'avoir,
00:14:44 j'offrais une solution qui était
00:14:46 intéressante. Et quand je l'avais,
00:14:48 tout de suite, en fait, c'était évident.
00:14:50 L'action d'après, l'entraîneur,
00:14:52 il était en capacité de dire "Ouais, c'est logique, en fait.
00:14:54 Le 1-2, là, il est logique.
00:14:56 Là, il s'est mis là pour aller là-bas.
00:14:58 En fait, c'est logique. Mais il y a rien
00:15:00 d'extraordinaire
00:15:02 dans mes ressources. - Mais tu avais ça en toi.
00:15:04 - Je pense que moi, j'étais à l'aise.
00:15:06 Je pense que je me suis jamais
00:15:08 caché.
00:15:10 Et puis, à un moment donné, j'arrive
00:15:12 à l'avant-dernier tour. Et sur l'avant-dernier
00:15:14 tour, on n'est plus... Je crois qu'on est
00:15:16 50, un truc comme ça.
00:15:18 On n'est plus beaucoup. Et moi, je jouais
00:15:20 déjà avec des grands
00:15:22 devant chez moi et tout ça. Je jouais tout le temps, moi.
00:15:24 Dans mon garage, devant mon garage,
00:15:26 à 5, à 10. J'allais en match,
00:15:28 je faisais mon match, je revenais, je rejouais.
00:15:30 Je jouais avant, je jouais après. Je jouais tout le temps.
00:15:32 Et en fait, je me fais une entorse
00:15:34 et je vais quand même à la détection. Et je dis "J'ai une entorse."
00:15:36 Et, bon, mon père,
00:15:38 je me souviens, à cette époque, il me prend une bassine,
00:15:40 il me met du gros sel, il me met de l'argile
00:15:42 verte, etc.
00:15:44 Il n'a jamais joué au foot, mais
00:15:46 il savait très bien
00:15:48 me soigner. Et je me retrouve
00:15:50 avec un œdème un peu dégonflé,
00:15:52 mais je joue quand même, je joue sur une jambe.
00:15:54 Et ça suffit.
00:15:56 En fait, ils me disent "Non, c'est pas parfait."
00:15:58 Ok, j'ai vu.
00:16:00 Et on ira sur le dernier tour.
00:16:02 Et après le dernier tour,
00:16:04 c'était la suite logique,
00:16:06 en fait. Et ensuite,
00:16:08 je signe au Paris Saint-Germain,
00:16:10 donc en 89 jusqu'à 2001.
00:16:12 - Et ça implique quoi, alors ?
00:16:14 Parce que tu es petit, comment ça marche ?
00:16:16 - Ça implique que
00:16:18 je suis à l'école
00:16:20 tout simplement à Hachère,
00:16:22 donc à 5-10 minutes, que mon père
00:16:24 doit faire des allers-retours
00:16:26 avant l'entraînement, après l'entraînement,
00:16:28 qu'il travaille toujours à Marly-le-Roi,
00:16:30 qu'il est facteur, que ma mère travaille
00:16:32 aussi à Marly-le-Roi dans un centre pour aveugles.
00:16:34 Ça veut dire qu'il y a
00:16:36 beaucoup d'allers-retours. Il commence très tôt à 6 heures,
00:16:38 il rentre à 13 heures,
00:16:40 il me dépose à 18 heures, il revient
00:16:42 me chercher à 20 heures, 21 heures.
00:16:44 Je me souviens très bien que c'était extrêmement compliqué,
00:16:46 qu'on s'entraîne sur du sable,
00:16:48 que je mettais des survêtements blancs,
00:16:50 et que ma mère allavait mes vêtements et me disait
00:16:52 "j'en peux plus". Ça, en fait,
00:16:54 c'est des choses, je me suis rendu compte,
00:16:56 de l'investissement qu'ils ont eu.
00:16:58 - L'amour
00:17:00 quand les parents s'occupent. Parce que
00:17:02 combien de petits, effectivement,
00:17:04 sont dans des situations comme ça, ou sans les parents,
00:17:06 sans le soutien des parents ? - Impossible,
00:17:08 vous ne pouvez pas réussir. Moi, ils ont été
00:17:10 dans l'accompagnement
00:17:12 systématique, en plus on avait les deux.
00:17:14 Mon frère, lui, il était avec
00:17:16 les minimes, et donc en fait ça faisait double.
00:17:18 C'était incroyable,
00:17:20 c'était des allers-retours tout le temps.
00:17:22 - Ça doit être fatigant pour les parents,
00:17:24 quand même. - Ouais, ouais, bah en fait,
00:17:26 c'est aussi une des raisons pour laquelle je devais
00:17:28 réussir.
00:17:30 - Oui, tu le sentais, tu le ressentais.
00:17:32 - Oui, pour dire, au final,
00:17:34 quand je dis ça, c'est
00:17:36 touchant parce que
00:17:38 je me rends compte qu'il fallait
00:17:40 rendre, tu vois,
00:17:42 il fallait rendre
00:17:44 l'investissement.
00:17:46 - Tout ce qu'ils ont fait pour toi, pour ton frère.
00:17:48 - Ouais.
00:17:50 - Je vois bien, effectivement.
00:17:52 Non mais c'est beaucoup d'émotion quand on pense
00:17:54 à ça aussi. - Ouais, parce que
00:17:56 au final, c'est des
00:17:58 petits détails, mais
00:18:00 c'est infime, c'est pas visible.
00:18:02 Et en fait,
00:18:04 c'est le moteur, même.
00:18:06 Moi, aujourd'hui,
00:18:08 je peux en pleurer parce que
00:18:10 c'est terminé, quoi.
00:18:12 Mais je pense que
00:18:14 je les ai rendus fiers.
00:18:16 - Oui. - Tu vois.
00:18:18 - Ouais, effectivement.
00:18:20 Quand ils t'ont vu réussir.
00:18:22 - Ils m'ont suivi après, mais
00:18:24 ils m'ont
00:18:26 moins accompagné quand j'étais pro.
00:18:28 Parce que
00:18:30 au final,
00:18:32 je pense qu'ils avaient,
00:18:34 ils se sont dit "c'est bon, on a fait le
00:18:36 max, là, il a signé pro,
00:18:38 maintenant il faut qu'il fasse un carrière, on va le suivre
00:18:40 à la télé".
00:18:42 Il m'a beaucoup suivi à Lorient.
00:18:44 Mon père, il a beaucoup aimé le jeu de Lorient.
00:18:46 C'est pour ça que
00:18:48 j'ai...
00:18:50 On verra après, mais...
00:18:52 Et ensuite, il a moins suivi Marseille,
00:18:54 bizarrement, par le jeu. Je sais pas pourquoi.
00:18:56 Même si j'étais champion
00:18:58 et qu'on a gagné la Coupe
00:19:00 de la Ligue, on a fait des doublés.
00:19:02 Ça a été moins marquant.
00:19:04 - On va y arriver, effectivement. Passons donc au match
00:19:06 numéro 2, Fabrice.
00:19:08 Cet hommage touchant à tes parents.
00:19:10 - Oui. - Effectivement.
00:19:12 Nous sommes désormais le 18 mars
00:19:14 1993 au Parc des Princes pour un quart de final
00:19:16 retour de la Coupe de l'UEFA.
00:19:18 Un match mémorable, effectivement, entre Paris-Saint-Germain
00:19:20 et le Real Madrid. Les Espagnols avaient gagné
00:19:22 le match aller. 3-1.
00:19:24 Pourquoi tu choisis ce match-là ?
00:19:26 - On est en 93, je suis rentré en 89.
00:19:30 Ça fait 4 ans que je suis au Paris-Saint-Germain.
00:19:32 Ça fait 4 ans que je gagne tout.
00:19:34 Et on nous appelle les petits pros. C'est-à-dire que moi,
00:19:36 on m'appelait Valdo. On avait un latéral gauche
00:19:38 qui s'appelle David Diamant
00:19:40 qui on appelait... C'était David Ginola.
00:19:42 On avait un numéro 9
00:19:44 qui marquait tout le temps qui s'appelle Banga,
00:19:46 un grand, c'est Jean Jouya.
00:19:48 On avait un profil...
00:19:50 On nous appelait les petits pros, en fait.
00:19:52 Et je me souviens, cette
00:19:54 année, on a quasiment tout gagné.
00:19:56 8 tournois
00:19:58 sur 9, à part le nôtre.
00:20:00 On a perdu en demi-finale contre Nantes.
00:20:02 On finit 3e.
00:20:04 Et on se rend compte,
00:20:06 en fait, que
00:20:08 au final, c'est...
00:20:10 Il y a un parallèle parce que
00:20:12 moi, je voyais les pros.
00:20:14 Parce qu'à l'époque, on n'était pas trop séparés.
00:20:16 Physiquement, on les voyait.
00:20:18 On se croisait.
00:20:20 Daniel Bravo, David Ginola, Jean Jouya,
00:20:22 Bernard Lama, Le Gouen, Guérin...
00:20:24 Voilà, on est sur une génération.
00:20:26 Et puis,
00:20:28 autour du stade,
00:20:30 il y a des ramasseurs de balles.
00:20:32 Et...
00:20:34 Ils ont un an plus que moi.
00:20:36 Et en fait, on se connaît.
00:20:38 Et quand je les vois à la télé, aussi,
00:20:40 sur le premier but de Jean Jouya,
00:20:42 et qu'il part au point de corner,
00:20:44 et qu'il saute, et que c'est Kabou.
00:20:46 Kabou, c'est celui qui saute sur lui,
00:20:48 qui est en survêtement.
00:20:50 Muesli,
00:20:52 ou je sais plus, Nestlé,
00:20:54 tout noir, nail.
00:20:56 Il lui saute dessus, et lui, je voyais déjà
00:20:58 la catégorie d'au-dessus en défense centrale.
00:21:00 Et puis, je vois tout autour,
00:21:02 tous mes camarades, etc., des 78.
00:21:04 Et 77, voilà. Et moi, j'étais 79.
00:21:06 Et en fait,
00:21:08 tout est réuni. Et après, je vous parle pas
00:21:10 du match, parce que le match, il est...
00:21:12 Il est juste incroyable, quoi.
00:21:14 Le scénario, il est...
00:21:16 Il est incroyable. - Oui, il faut rappeler
00:21:18 à l'auditeur qu'effectivement, George Weir,
00:21:20 il marque pour le 1-0.
00:21:22 Mais à 10 minutes de la fin,
00:21:24 le Paris Saint-Germain est éliminé.
00:21:26 Il reste 10 minutes, il faut faire quelque chose.
00:21:28 Et c'est là où ça commence à être un peu magique.
00:21:30 Il y a Ginola qui marque, il y a Valdo,
00:21:32 après la fameuse feinte, qui marque
00:21:34 pour le 3-0. Et juste
00:21:36 à ce moment-là, donc, ça veut dire que Paris est qualifié
00:21:38 après le 3-1 de Madrid
00:21:40 au match à aller. Mais alors que
00:21:42 le parc, ébondissant, plein de joie,
00:21:44 Zamorano marque
00:21:46 après 92 minutes.
00:21:48 Et on se dit, prolongation
00:21:50 après tout ça. Mais non. Parce qu'il
00:21:52 reste encore un coup franc.
00:21:54 Raconte où tu étais
00:21:56 pour regarder ce match
00:21:58 et ce coup franc avec la tête de Camboret.
00:22:00 - Moi je suis chez Moura, casque d'or en tant que Camboret
00:22:02 qui est devenu après entraîneur
00:22:04 et que j'ai eu en tant qu'entraîneur aussi à la réserve
00:22:06 du Paris Saint-Germain.
00:22:08 En fait, moi je suis à la maison,
00:22:10 je ne suis pas assis sur le canapé, je suis assis au sol.
00:22:12 J'ai le dos contre le canapé.
00:22:14 J'ai mis
00:22:16 mon survêtement
00:22:18 du Paris Saint-Germain, Nike, blanc,
00:22:20 avec écrit "Müller". Voilà, c'est ça, c'était
00:22:22 Müller. Je me souviens, Muesli,
00:22:24 on est avec
00:22:26 les nouveaux yaourts, avec les céréales.
00:22:28 Je me souviens très bien,
00:22:30 je suis comme ça, je suis dedans.
00:22:32 Et moi je regarde le...
00:22:34 Bon, j'assiste au spectacle comme tout
00:22:36 le monde, je vois mes amis qui sautent.
00:22:38 Et puis en fait, il y a une longue attente
00:22:40 du scénario.
00:22:42 Il y a la dramaturgie,
00:22:44 mais il y a aussi
00:22:46 le dénouement. Et il est long à venir.
00:22:48 Et à un moment donné,
00:22:50 à 2-0, bon on est qualifiés à 2-0 sur la remise...
00:22:52 On a
00:22:54 David Ginola, on a Daniel Bravo,
00:22:56 on a
00:22:58 Georges Ouéa qui
00:23:00 soulève le ballon, qui la donne à Daniel Bravo,
00:23:02 qui remise de la tête,
00:23:04 et la demi-volée sous la barre de David Ginola.
00:23:06 À 2-0, on y est.
00:23:08 On est bien, voilà.
00:23:10 Tout se passe bien,
00:23:12 ça continue. Et là, il y a
00:23:14 le joueur à lequel on me
00:23:16 compare, donc
00:23:18 David Ginola qui fixe
00:23:20 un axe, il fait un red, il pousse
00:23:22 le plus loin
00:23:24 son action pour décaler
00:23:26 Daniel Valdo,
00:23:28 candidat philo Valdo.
00:23:30 Valdo qui arrive dans la surface de réparation,
00:23:32 qui feinte une première fois. Et là, la feinte,
00:23:34 c'est ce que mon père aimait,
00:23:36 et ce que nous on aimait aussi avec Maradona, c'est que
00:23:38 le joueur, il est complètement surpris,
00:23:40 il tourne le dos
00:23:42 au ballon,
00:23:44 ce qu'il ne faut pas faire
00:23:46 défensivement dans les centres de formation.
00:23:48 Et avec beaucoup
00:23:50 de calme, de sang-froid,
00:23:52 de justesse technique, il place un petit ballon,
00:23:54 pas de force, pas de puissance,
00:23:56 comme celui de David Ginola. Chacun dans
00:23:58 son ADN, dans son
00:24:00 identité, et avec son
00:24:02 atout, la justesse, la technique,
00:24:04 la réalisation. Et là, on est à 3-0,
00:24:06 et là, moi je suis
00:24:08 aux anges parce qu'en fait,
00:24:10 Valdo qui marque,
00:24:12 3-0, c'est bon, c'est top,
00:24:14 on y va, on y va, on y va,
00:24:16 et...
00:24:18 il y avait un joueur à surveiller,
00:24:20 il a appelé l'hélicoptère.
00:24:22 Il y avait un joueur qui rentre comme ça,
00:24:24 et puis on dit, bon lui,
00:24:26 il faut le surveiller, mais il faut surveiller
00:24:28 principalement Boutragueño.
00:24:30 Boutragueño,
00:24:32 Emilio Boutragueño, que j'ai revu
00:24:34 après avec Marseille,
00:24:36 en Ligue des Champions à Madrid,
00:24:38 et c'est lui l'ambassadeur qui nous reçoit
00:24:40 avec le costume, et là je vois c'est Boutragueño.
00:24:42 Et Boutragueño, quand je le vois
00:24:44 au stade Bernabeu,
00:24:46 quand j'arrive en Ligue des Champions,
00:24:48 je me souviens
00:24:50 de la passe qu'il fait, la remise de la tête
00:24:52 à Zamorano, en fait,
00:24:54 ça voyage rapidement à une vitesse
00:24:56 que j'étais obligé
00:24:58 de donner ce match-là,
00:25:00 tellement
00:25:02 il est ancré.
00:25:04 Et on arrive à 3-1,
00:25:06 3-1, mais
00:25:08 Zamorano, il fête, mais il fête tout seul.
00:25:10 Et en fait, à 2-0 et à 3-0,
00:25:12 vous reverrez peut-être le match,
00:25:14 les journalistes,
00:25:16 les photographes sont
00:25:18 en train de photographier
00:25:20 Arthur Georges sur le banc,
00:25:22 comme si le match il était fini.
00:25:24 Ils sont entrés, ils sont mis devant
00:25:26 le banc et tout,
00:25:28 c'est la une.
00:25:30 Mais c'est pas la une, parce qu'il y a 3-1,
00:25:32 et que voilà, maintenant, il faut tout refaire,
00:25:34 qu'est-ce qui se passe,
00:25:36 cette agitation, mais bon, Bernabé
00:25:38 a toujours été,
00:25:40 vous reverrez les images, Bernabé a toujours été juste
00:25:42 dans son comportement à 2-0, il a dit
00:25:44 "replacez-vous",
00:25:46 à 3-1, il a dit "encore, ça va venir"
00:25:48 et tout, et puis on voit
00:25:50 tout le monde monter, et moi je sais qu'à l'époque,
00:25:52 cette équipe du Paris Saint-Germain, sur coup de
00:25:54 piarreté, elle était extrêmement forte,
00:25:56 extrêmement forte, avec tous les joueurs qu'il y avait,
00:25:58 extrêmement forte, et
00:26:00 on voit, donc,
00:26:02 Assassus et tout, machin, des grands,
00:26:04 Georges Ouéart, etc, Ginola et tout,
00:26:06 mais il y en a un qui arrive de loin,
00:26:08 en retard, après tout le monde,
00:26:10 c'est Cambouaré, Antoine Cambouaré,
00:26:12 et Antoine Cambouaré, c'est pas le
00:26:14 joueur le plus talentueux du Paris Saint-Germain
00:26:16 à cette époque. On a Guérin,
00:26:18 on a Le Gouen, on a Ginola,
00:26:20 on a Valdo, il y a
00:26:22 Georges Ouéart, il y a Amara Simba,
00:26:24 voilà, derrière,
00:26:26 on sait que c'est pas des
00:26:28 philanthropes, mais
00:26:30 Cambouaré, c'est pas le plus
00:26:32 philanthrope des philanthropes, c'est-à-dire que
00:26:34 c'est le moins technique de tout ça,
00:26:36 mais... - Pas toujours titulaire non plus.
00:26:38 - Voilà, et quand il monte,
00:26:40 il monte, et
00:26:42 ça, ça restera son...
00:26:44 le but de sa vie,
00:26:46 mais c'est aussi comme ça qu'il est.
00:26:48 C'est plus de détermination
00:26:50 que tout le monde, et quand il monte,
00:26:52 qu'il la dévie, juste il la
00:26:54 prolonge, et c'est encore Valdo
00:26:56 qui est en train de tirer, c'est lui qui
00:26:58 prolonge,
00:27:00 et c'est terminé. Et là, j'ai...
00:27:02 l'ascenseur émotionnel...
00:27:04 fait que
00:27:06 je l'ai retenu toute ma vie, celui-là.
00:27:08 - Oui, fabuleuse victoire.
00:27:10 Fabuleuse qualification. - J'envoie comme
00:27:12 DPG Réal, c'est quoi le plus beau souvenir, c'est celui-là.
00:27:14 - Tu sais quoi ? J'ai eu la chance d'être au match.
00:27:16 - Ouais ? - Oui, j'étais jeune arrivé à Paris,
00:27:18 fin de foot,
00:27:20 j'arrive à avoir une place côté Boulogne
00:27:22 avec mon pote anglais, on est deux anglais dans le stade
00:27:24 quand même, et là, comme deux...
00:27:26 Nous, on est juste là pour s'amuser, et
00:27:28 effectivement, on a eu des réels buts où les trois buts sont marqués
00:27:30 à la fin. Donc moi aussi,
00:27:32 ça fait partie de mes souvenirs très très forts.
00:27:34 - Des frissons ! - C'est extraordinaire, cette soirée.
00:27:36 - Frissons, tu vois, je regarde le match aujourd'hui,
00:27:38 j'ai des frissons.
00:27:40 - Il est top. - Il est...
00:27:42 il est ancré. - Et donc tu as eu
00:27:44 Comboiré comme entraîneur, plus tard ? - Oui, parce que lui,
00:27:46 il arrête sa carrière, quand il arrête
00:27:48 sa carrière, il débute
00:27:50 ce métier d'entraîneur, il commence par
00:27:52 le Paris Saint-Germain et la réserve. Et moi, à cette époque-là,
00:27:54 j'étais déjà pro,
00:27:56 mais de temps en temps, je redescendais
00:27:58 pour faire des matchs, pour garder du rythme.
00:28:00 Donc je crois qu'on est en 2000-2001.
00:28:02 - D'accord. - Et lui, il y a
00:28:04 Bernard Guignodoux,
00:28:06 sur la N3,
00:28:08 puis les deux, après, partiront à Strasbourg
00:28:10 pour exercer ensemble
00:28:12 sur la première division, et après
00:28:14 je le retrouve à Valenciennes, etc.
00:28:16 Après on s'est toujours croisés, je l'ai revu à Nantes,
00:28:18 et je l'ai revu il n'y a pas longtemps aussi,
00:28:20 nous, on jouait
00:28:22 l'année dernière,
00:28:24 on jouait Lyon,
00:28:26 Fleury, en Coupe de France,
00:28:28 en demi-finale,
00:28:30 sur Billines,
00:28:32 au groupe Hamas,
00:28:34 en levée de rideau de
00:28:36 Lyon-Nantes. - Ah oui.
00:28:38 - Et donc c'est là où je le croise,
00:28:40 et il vient en fait, moi je suis éliminé,
00:28:42 il vient me voir, il me dit "Ah, Fendré, ça va ?"
00:28:44 Je dis "Ouais".
00:28:46 Et je lui dis que bon, je suis au
00:28:48 métier d'entraîneur, je continue la formation,
00:28:50 etc. Et là, il me dit "Je suis content,
00:28:52 toi, j'ai eu toi, j'ai eu
00:28:54 Julien Stéphan,
00:28:56 et je suis de près
00:28:58 vos carrières, et c'est toujours
00:29:00 un plaisir".
00:29:02 Mais lui, il sait pas que, c'est un
00:29:04 peu...
00:29:06 Mon idole, mais il fait partie de mes meilleurs
00:29:08 souvenirs, quand j'étais jeune.
00:29:10 Mais il le sait pas.
00:29:12 - Il le saura maintenant, en écoutant le podcast.
00:29:14 On va revenir sur
00:29:16 le Paris Saint-Germain peut-être un petit peu plus
00:29:18 tard, parce que tu vas jouer ton premier match pro
00:29:20 avec le P.E.G.
00:29:22 Mais d'abord, match numéro 3, on est en
00:29:24 94 maintenant. Donc, un
00:29:26 an après le match de P.E.G. contre le Real Madrid.
00:29:28 Et on va parler de la Coupe du Monde aux
00:29:30 États-Unis, c'est la première fois que c'est sur le sol américain.
00:29:32 Et toi, tu es tombé sous le charme
00:29:34 du duo d'attaquants brésilien,
00:29:36 Bebeto et Romario,
00:29:38 qui ont gagné la Coupe du Monde pour le Brésil,
00:29:40 après une finale, contre l'Italie,
00:29:42 c'était pas le meilleur match du tournoi.
00:29:44 Mais il y a quelque chose qui se passe
00:29:46 pour toi, Fabrice, en regardant
00:29:48 ce paire d'attaquants, c'est ça ?
00:29:50 - Ouais, en fait, ce qui marque le plus,
00:29:52 c'est que là, de la campagne brésilienne
00:29:54 globale, avec
00:29:56 toujours cette Samba,
00:29:58 ce jeu...
00:30:00 On peut se souvenir
00:30:02 de la célébration de Bebeto et Romario
00:30:04 avec le bébé dans les bras,
00:30:06 ça nous avait marqué.
00:30:08 Je suis pas
00:30:10 loin de Saint-Germain-en-Laye,
00:30:12 je suis à H.R., je vis toujours chez mes
00:30:14 parents. On est en
00:30:16 94,
00:30:18 j'ai 15 ans,
00:30:20 je suis...
00:30:22 On est en décalage horaire,
00:30:24 en fait. On se lève à 3h du matin
00:30:26 pour voir ces matchs.
00:30:28 Brésil-Cameroun, la Suède,
00:30:30 Thomas-Berlin, Daline,
00:30:32 là il y a énormément de souvenirs.
00:30:34 Parce que là, on est vraiment à 15 ans,
00:30:36 là on commence à vraiment comprendre ce qui se passe.
00:30:38 - Ouais, on magasinait pas mal de choses.
00:30:40 - Ça reste
00:30:42 dans les plus beaux souvenirs
00:30:44 de jeunesse,
00:30:46 et en fait,
00:30:48 il y a le duo
00:30:50 Bebeto-Romario,
00:30:52 mais il y a
00:30:54 la prestation
00:30:56 de Romario,
00:30:58 elle est XXL.
00:31:00 Quand vous voyez
00:31:02 comment il se déplace,
00:31:04 l'intelligence du joueur,
00:31:06 la connexion
00:31:08 qu'il a avec Bebeto,
00:31:10 le fait d'être rusé,
00:31:12 moi j'ai en mémoire
00:31:14 sa virgule à Barcelone,
00:31:16 il fait une virgule
00:31:18 quasiment en demi-tour sur lui-même,
00:31:20 ses centres de gravité très bas,
00:31:22 et l'extérieur du pied droit,
00:31:24 quand on parle de l'extérieur du pied droit
00:31:26 de Modric, allez voir
00:31:28 l'extérieur du pied droit de Romario,
00:31:30 et vous allez comprendre ce que c'est
00:31:32 l'extérieur. Mais quand je dis,
00:31:34 c'est un toucher exceptionnel, il marque
00:31:36 peut-être trois buts comme ça,
00:31:38 de l'extérieur du pied droit,
00:31:40 dont un en demi-volée,
00:31:42 il la reprend, il la repousse,
00:31:44 il y en a deux où il marque de la pointe,
00:31:46 tout droit, mais c'est comme l'extérieur,
00:31:48 et c'est très fin,
00:31:50 et il se faufile, et il est petit,
00:31:52 et c'est ça qu'on aime,
00:31:54 c'est ça qu'on aime, on aime les joueurs
00:31:56 qui sont capables de trouver des solutions dans des
00:31:58 moments où, face à des adversaires qui
00:32:00 vous posent des problèmes, sur le plan athlétique, on est là,
00:32:02 sur l'athlétique, derrière on veut toujours des grands,
00:32:04 et en fait, on se rend compte que le joueur
00:32:06 qui est intelligent, il trouve toujours des solutions.
00:32:08 - Oui, je vois que, quand tu parles de
00:32:10 ceux qui t'inspirent,
00:32:12 on est sur Maradona, on a été sur Valdo,
00:32:14 on est sur Romario, effectivement,
00:32:16 tous des petits gabarits,
00:32:18 et tous des joueurs très intelligents.
00:32:20 - En fait, moi, c'est ce que j'aime,
00:32:22 j'aime l'intelligence. Ce que j'aime,
00:32:24 c'est bien sûr, savoir
00:32:26 le partager, et c'est pour ça que
00:32:28 je vous parlais de la célébration avec Romario Bebeto,
00:32:30 parce qu'en fait, il y a une connexion, il marque, c'est le buteur,
00:32:32 c'est l'ego du buteur,
00:32:34 mais il sait qu'il le doit aux autres.
00:32:36 Mais il le fait
00:32:38 d'une façon tellement esthétique,
00:32:40 tellement malin, rusé,
00:32:42 à se faufuler entre tout le monde,
00:32:44 à se faire oublier, il marque un but de la tête,
00:32:46 c'est le plus petit. Moi, je ne comprends pas comment il peut
00:32:48 marquer un but de la tête en Coupe du Monde,
00:32:50 alors que c'est le plus petit.
00:32:52 En fait, il est super bien positionné,
00:32:54 il a une détente qui est peut-être même
00:32:56 plus importante que quelqu'un qui est grand,
00:32:58 en termes de centimètres,
00:33:00 par rapport à sa taille,
00:33:02 et il a
00:33:04 cette...
00:33:06 cette façon de réaliser
00:33:08 qui, techniquement,
00:33:10 que ce soit au pied ou de la tête,
00:33:12 c'est réalisé.
00:33:14 Et au final, il marche, il sait tout faire.
00:33:16 Si vous regardez
00:33:18 les matchs, il sait tout faire.
00:33:20 Et notamment se faire oublier,
00:33:22 ce qui aujourd'hui est une dorée rare.
00:33:24 - Et donc tu regardes ça,
00:33:26 tu as des bons souvenirs de cette Coupe du Monde, tu regardes les matchs
00:33:28 avec qui alors ? Avec tes potes de l'Académie ?
00:33:30 Ou comment ?
00:33:32 - Non, avec mes amis de...
00:33:34 de ma...
00:33:36 J'ai pas envie de dire... de mon quartier,
00:33:38 voilà, en fait, on a quatre bâtiments,
00:33:40 mais c'est pas dangereux, on n'est pas...
00:33:42 Je veux pas faire le cliché
00:33:44 des gens qui sont au bon lieu.
00:33:46 Mais il y a quand même quatre bâtiments,
00:33:48 au milieu, c'est notre terrain de foot,
00:33:50 je joue avec des grands qui sont fans
00:33:52 de Barcelone, il y en a qui sont
00:33:54 fans de l'Angleterre. En fait, c'était l'époque
00:33:56 où on pouvait sortir en jean
00:33:58 et avoir un maillot. Et le maillot de l'Angleterre,
00:34:00 umbro, il était exceptionnel.
00:34:02 Le maillot du Brésil, umbro, il était aussi
00:34:04 exceptionnel. Et en fait, chacun avait son maillot,
00:34:06 Barcelone, etc., et habillé
00:34:08 comme on était en civil, avec une petite veste
00:34:10 en jean. C'était l'époque
00:34:12 où, voilà, on commençait un peu à sortir
00:34:14 sur les Champs-Élysées.
00:34:16 Et...
00:34:18 20h50, les horaires.
00:34:20 Deux par heure, fallait pas le rater.
00:34:22 Voilà. Et en fait, je me retrouve
00:34:24 chez eux, à regarder les matchs,
00:34:26 à 3h du matin, quoi.
00:34:28 Et...
00:34:30 Le Cameroun, je sais pas si vous vous souvenez
00:34:32 de la campagne du Cameroun avec Roger Millard qui danse...
00:34:34 - Oui, bien sûr. Formidable.
00:34:36 - Voilà. Et moi, mes amis, ils sont blacks,
00:34:38 ils sont arabes, ils sont blancs, ils sont
00:34:40 portugais, ils sont de partout.
00:34:42 Des Antillais, ils sont de partout, en fait.
00:34:44 Et on arrive
00:34:46 à chaque fois à se retrouver
00:34:48 pour
00:34:50 regarder un match. Pour regarder.
00:34:52 - Alors que c'est une Coupe du...
00:34:54 C'est une Coupe du monde sans l'équipe de France.
00:34:56 - Exactement ! C'est peut-être même
00:34:58 la plus belle ! Je suis désolé !
00:35:00 Mais en fait, à cette époque-là,
00:35:02 ça en avoue...
00:35:04 Je l'avoue un peu.
00:35:06 Le Brésil,
00:35:08 pour moi, c'était
00:35:10 la meilleure équipe du monde.
00:35:12 Voilà. Moi, j'ai toujours aimé
00:35:14 le jeu. Je sais pas
00:35:16 forcément de...
00:35:18 Je sais pas...
00:35:20 Patriote, mais...
00:35:22 Quand ça joue super bien,
00:35:24 ça joue super bien, faut le reconnaître.
00:35:26 - Effectivement. Le Brésil qui bat l'Italie
00:35:28 en finale après une séance
00:35:30 de tir au but. C'était la première fois qu'une finale
00:35:32 a été réglée par une séance de tir au but.
00:35:34 - Ouais. Et en face, y'a un de mes joueurs préférés
00:35:36 aussi, c'est Roberto Baggio, qui a la queue de cheval.
00:35:38 - Oui ! - Avec...
00:35:40 Y'a Albertini,
00:35:44 y'a quand même...
00:35:46 Y'a quand même quelques joueurs...
00:35:48 Barresi,
00:35:50 Maldini,
00:35:52 Dinobaggio... - Y'a un p'tit Zola aussi
00:35:54 qui s'en est pas là, par moments, effectivement.
00:35:56 - Voilà, on est quand même sur du talent,
00:35:58 là. Y'a vraiment des deux côtés, c'est
00:36:00 exceptionnel. - On est pas mal, effectivement.
00:36:02 Cette Coupe du Monde 94, les bons souvenirs,
00:36:04 donc, pour Fabrice Abriel, vous écoutez
00:36:06 les Matchs de ma vie, le podcast de BeinSport,
00:36:08 où notre invité raconte les 5
00:36:10 matchs de foot qui ont le plus marqué sa vie. On arrive au match
00:36:12 numéro 4. Fabrice, notre ami
00:36:14 entraîneur de fleurie, donc, depuis
00:36:16 3 ans, battu en finale de la Coupe de France, cette
00:36:18 saison, par le PIG, un but à 0,
00:36:20 on en parlait tout à l'heure, et je me demandais
00:36:22 comment, Fabrice, tu es arrivé
00:36:24 dans le foot féminin ?
00:36:26 - Alors, je suis arrivé,
00:36:28 d'abord, j'ai arrêté ma carrière en
00:36:30 2015, à Valenciennes,
00:36:32 et ensuite, j'ai
00:36:34 entamé un processus de formation
00:36:36 pour mes diplômes d'entraîneur,
00:36:38 qui a pris du temps,
00:36:40 qui a pris quasiment
00:36:42 aujourd'hui, 8, 9 ans, quoi.
00:36:46 On est sur 9 ans, là, je termine
00:36:48 mon cursus avec
00:36:50 le BEPF, que certainement
00:36:52 je validerai dans le mois de mai.
00:36:54 - Félicitations ! - Voilà, merci.
00:36:56 - Ah, ben c'est un joli...
00:36:58 - Comme ça, on n'aura plus que le recyclage
00:37:00 à faire tous les 2-3 ans,
00:37:02 mais sinon, il n'y a plus de formation
00:37:04 à passer. - Donc ça, c'est déjà
00:37:06 une belle réussite. Et est-ce que c'était
00:37:08 quelque chose, être entraîneur,
00:37:10 qui était déjà en toi, en tant que
00:37:12 joueur, parce que je vois comment tu analyses
00:37:14 les matchs, même quand t'es petit,
00:37:16 et tu as cette intelligence tactique
00:37:18 et technique et tout, tu étais déjà,
00:37:20 quand tu étais joueur, tu pensais déjà à ça,
00:37:22 ou pas ? - Moi, j'analysais tout,
00:37:24 j'observais tout, parce que j'avais besoin de ça
00:37:26 pour trouver les solutions, aller vite,
00:37:28 aller vite dans l'analyse,
00:37:30 vite dans la réalisation.
00:37:32 Et en fait,
00:37:34 c'est encore
00:37:36 innocemment, puisque je ne sais pas ce qu'est
00:37:38 le métier d'entraîneur.
00:37:40 Je ne sais pas en quoi ça consiste.
00:37:42 Et au final, je le fais naturellement.
00:37:44 J'ai aimé observer,
00:37:46 analyser, décrypter les exercices,
00:37:48 trouver les failles de chaque exercice,
00:37:50 des séances. Et en fait,
00:37:52 quand j'ai eu une conversation avec Christian Gourcuff
00:37:54 en 2013,
00:37:56 2013-2014, je suis à Nice,
00:37:58 je joue Nice-Lorient, on discute
00:38:00 à la fin du match, il me dit "Bon, qu'est-ce que tu fais
00:38:02 après ta carrière ? Est-ce que tu sais déjà ?"
00:38:04 Je dis "Non, je sais pas, mais je vais jouer encore", il me restait
00:38:06 un an de contrat. Et je lui dis
00:38:08 "J'ai envie de jouer", parce qu'en ayant parlé avec
00:38:10 Bernard Lamarre, Abessane Rataner, avec qui j'ai joué
00:38:12 après en 2000, au Paris Saint-Germain,
00:38:14 etc., tous ces anciens,
00:38:16 ils m'avaient, Ali Ben Arbia et tout,
00:38:18 ils m'ont conseillé de continuer à jouer, parce que le jour
00:38:20 où ça allait s'arrêter, on pouvait
00:38:22 plus faire le machine arrière. Donc, j'ai
00:38:24 joué au maximum, et c'est
00:38:26 peut-être un ou deux ans après, donc en
00:38:28 2014-2015,
00:38:30 à la fin de l'année à Valenciennes,
00:38:32 il me restait encore deux ans de contrat, je décide
00:38:34 clairement d'arrêter et de
00:38:36 commencer à comprendre ce qu'était
00:38:38 le métier d'entraîneur.
00:38:40 Et donc, je commençais à passer mes
00:38:42 premiers diplômes
00:38:44 autour de
00:38:46 Valenciennes,
00:38:48 à Écodin,
00:38:50 exactement,
00:38:52 une PH, et je passe
00:38:54 mon BEF, donc c'est l'UEFA A,
00:38:56 mais c'est un
00:38:58 des premiers diplômes, en fait, et on commence
00:39:00 à être sur les ordinateurs,
00:39:02 repartir sur les bancs,
00:39:04 voilà, on n'était plus trop
00:39:06 habitués, donc il faut s'y remettre,
00:39:08 il faut maîtriser les
00:39:10 PowerPoint, il faut maîtriser
00:39:12 Excel, voilà, on se remet sur les
00:39:14 bancs d'école. - Ouais, c'est ça,
00:39:16 un retour à l'éducation. - Ouais, et
00:39:18 là, on comprend que,
00:39:20 ah oui, donc en fait, le métier d'entraîneur,
00:39:22 c'est
00:39:24 plus de préparation,
00:39:26 plus d'anticipation, plus de planification,
00:39:28 plus de bureau, etc.
00:39:30 Et
00:39:32 j'apprends
00:39:34 les outils, les outils pédagogiques, les procédés,
00:39:36 etc, et je les remets tout de suite en
00:39:38 pratique
00:39:40 avec mon équipe et ça fonctionne, on monte.
00:39:42 Et en fait, voilà,
00:39:44 c'est comme ça que j'accroche. - D'accord. - C'est comme ça
00:39:46 que je rentre. Et dans le football féminin,
00:39:48 clairement, quand je
00:39:50 m'inscris pour
00:39:52 les tests d'entrée au DES,
00:39:54 donc c'est celui d'après le BEF,
00:39:56 j'ai une conversation avec Noël Legret.
00:39:58 Et Noël Legret, il me dit dans le bureau,
00:40:00 "Tiens Fabrice,
00:40:02 on est en 2018,
00:40:04 2017-2018",
00:40:06 il me dit,
00:40:08 "Tiens Fabrice, qu'est-ce que t'en penses
00:40:10 du football féminin ?"
00:40:12 Et moi je lui dis,
00:40:14 j'en pense rien
00:40:16 parce que je ne connais pas.
00:40:18 Mais effectivement, comme je suis aussi consultant
00:40:20 à la télé, et que
00:40:22 à l'époque, on commence à avoir l'Euro
00:40:24 en 2018 féminin,
00:40:26 et on commence à commenter des matchs,
00:40:28 et que
00:40:30 derrière, on a la Coupe du Monde féminine
00:40:32 à Paris en 2019,
00:40:34 je commence à assister à des matchs,
00:40:36 notamment aux quart de finale
00:40:38 France-Etats-Unis
00:40:40 au Parc des Princes,
00:40:42 et je commence à comprendre un petit peu,
00:40:44 voilà,
00:40:46 mais j'ai pas cette opportunité, je fais pas de démarche.
00:40:48 Et c'est que
00:40:50 deux ans après, donc en 2020,
00:40:52 si je me trompe pas,
00:40:54 c'est 2020, le 16 novembre 2020,
00:40:56 je signe mon contrat en tant qu'entraîneur
00:40:58 adjoint avec David Fanzel,
00:41:00 qui avait besoin d'une part
00:41:02 de l'aide sur
00:41:04 la structurer des séances,
00:41:06 mettre en place des séances tactiques, ce côté
00:41:08 tactique des séances,
00:41:10 et aussi la traduction en anglais,
00:41:12 puisqu'il y avait beaucoup de joueuses étrangères
00:41:14 qui parlaient anglais, et il avait besoin
00:41:16 aussi d'un traducteur, et moi,
00:41:18 c'était la période
00:41:20 Covid, j'avais arrêté à Amiens,
00:41:22 au centre de formation, et je voulais,
00:41:24 je m'étais fixé l'objectif
00:41:26 de rejoindre
00:41:28 un club en cours de saison, parce que
00:41:30 j'avais imaginé que ça faisait partie
00:41:32 du métier que de venir s'adapter
00:41:34 avec un groupe qu'on n'avait pas choisi, de ne pas l'avoir
00:41:36 pris au début.
00:41:38 - Des marches intéressantes. - Je m'étais projeté
00:41:40 sur cet exercice. - D'accord.
00:41:42 - Et voilà comment j'arrive
00:41:44 en tant qu'adjoint, et quand j'arrive,
00:41:46 forcément, 3 matchs, 3 victoires, alors
00:41:48 qu'ils n'avaient pas gagné encore,
00:41:50 voilà... - Ça commence bien !
00:41:52 - Bah en fait,
00:41:54 ça crée déjà de la joie, de l'enthousiasme,
00:41:58 de la sécurité, moi ça donne envie
00:42:00 de me voir numéro 1, c'est ça ?
00:42:02 Et comme David, il arrivait
00:42:04 sur la fin,
00:42:06 il arrivait sur la fin,
00:42:08 il voulait plus passer au recrutement,
00:42:10 au management, etc., bah à la fin
00:42:12 de l'année on a commencé à changer les rôles, et puis moi
00:42:14 je travaillais avec lui, on est toujours ensemble,
00:42:16 et j'ai pris le poste de numéro 1,
00:42:18 et puis voilà, pendant 3 ans en fait.
00:42:20 Et pendant 3 ans, mon poste il a évolué, j'ai été
00:42:22 entraîneur, après je suis directeur du football,
00:42:24 donc maintenant je me suis enrichi
00:42:26 aussi de ce poste de manager, j'ai une
00:42:28 vision à 360, j'essaye
00:42:30 de mettre en place le projet sportif,
00:42:32 de le piloter, sans oublier l'équipe
00:42:34 féminine, mais aussi de limiter
00:42:36 les impacts aussi sur les interactions
00:42:38 entre les différents pôles, et comme
00:42:40 c'est un club qui est amateur et qui tend vers
00:42:42 le professionnalisme, et qui depuis
00:42:44 l'année prochaine sera
00:42:46 forcément
00:42:48 avec le statut professionnel,
00:42:50 parce que la Ligue vient de
00:42:52 voir le jour
00:42:54 avec Jean-Michel
00:42:56 Lolas, voilà donc
00:42:58 il y a un cahier des charges, il faut être professionnel,
00:43:00 il faut recruter, il y a des diplômes
00:43:02 à avoir, voilà, c'est extrêmement
00:43:04 très précis, et moi j'ai participé à tout ça,
00:43:06 l'ouverture du centre de formation, etc.
00:43:08 Donc voilà comment je me suis retrouvé à Florie,
00:43:10 voilà aussi pourquoi je suis resté à Florie
00:43:12 aussi, parce qu'il n'y a pas que les résultats, il y a aussi
00:43:14 toute la structure à mettre en place,
00:43:16 toute l'organisation,
00:43:18 et après l'aventure
00:43:20 aujourd'hui avec
00:43:22 la finale de Coupe de France, c'est un petit peu
00:43:24 mettre en lumière un peu
00:43:26 le club de Selega sur 3 ans.
00:43:28 - Donc tu as appris
00:43:30 beaucoup de choses et tu as construit des choses aussi,
00:43:32 ça fait partie d'un parcours
00:43:34 d'entraîneur, pour rester dans
00:43:36 le foot féminin ou pour aller chez les garçons ?
00:43:38 - Non, parce que maintenant j'ai passé le diplôme,
00:43:40 le BPF, c'est un diplôme qui
00:43:42 vous permet d'entraîner au plus haut
00:43:44 niveau masculin,
00:43:46 donc du coup,
00:43:48 après mon passage chez les garçons,
00:43:50 et cette belle expérience chez les filles,
00:43:52 mais surtout sur le rôle
00:43:54 de directeur
00:43:56 ou de manager,
00:43:58 j'ai plus d'idées.
00:44:00 Et maintenant que je termine
00:44:02 mon cursus de diplôme,
00:44:04 du BPF,
00:44:06 maintenant je peux contracter dans le monde.
00:44:08 Et en fait ça c'est vraiment
00:44:10 quelque chose de riche,
00:44:12 parce que
00:44:14 il n'y a pas de limite maintenant.
00:44:16 Donc...
00:44:18 - En anglais on dit "the world is your oyster".
00:44:20 "Le monde est ton huître",
00:44:22 ça ne veut rien dire en français, mais bon...
00:44:24 Tu vois ce que je veux dire ?
00:44:26 - Il est à demi ouvert !
00:44:28 - Oui ! - Ses huîtres, il est à demi ouvert !
00:44:30 - Maintenant tu as
00:44:32 plein de possibilités devant toi en tout cas.
00:44:34 On arrive au quatrième match, pardon,
00:44:36 de ta liste, on est le 15 novembre 2008,
00:44:38 tu joues pour l'Orient, et avec Lémerleux
00:44:40 tu es en déplacement pour un match de Ligue 1
00:44:42 au Vélodrome contre l'Olympique de Marseille,
00:44:44 un match complètement renversant,
00:44:46 mais pourquoi tu l'as choisi toi ?
00:44:48 - Moi je l'ai choisi parce que
00:44:50 c'est ce qu'on appelle le point de bascule,
00:44:52 c'est le point de bascule entre
00:44:54 l'Orient et Marseille, c'est à ce moment-là
00:44:56 où je frappe
00:44:58 très fort dans les yeux
00:45:00 et dans l'idée
00:45:02 du club de Marseille de me recruter.
00:45:04 Notamment celui de José Anigo,
00:45:06 qui a...
00:45:08 qui voit
00:45:10 que sur ce match, en fait...
00:45:12 Il aurait souhaité que je sois en face quoi, enfin avec lui...
00:45:16 - Oui, et tu vas l'être
00:45:18 quelques mois plus tard.
00:45:20 - Je suis quelques mois plus tard
00:45:22 marseillais, je crois que c'est le 17
00:45:24 juillet,
00:45:26 et je rejoins
00:45:28 tardivement
00:45:30 au final, le club de Marseille,
00:45:32 c'est Didier Deschamps qui m'appelle
00:45:34 sur la route pour me dire
00:45:36 "Nous t'attendons avec impatience,
00:45:38 il y a des places à prendre,
00:45:42 il y a la concurrence,
00:45:44 mais les meilleurs jouent"
00:45:46 et effectivement, je jouais.
00:45:48 - Oui, c'était une belle reconnaissance
00:45:50 effectivement. Mais pour revenir sur ce match,
00:45:52 d'abord contre l'OM pour Lorient,
00:45:54 Christian Gorkul,
00:45:56 on a parlé de lui tout à l'heure, c'est ton entraîneur,
00:45:58 et tu es capitaine de cette équipe de Lorient
00:46:00 qui va s'imposer contre l'équipe
00:46:02 menée par Geretz, Pénarfa,
00:46:04 Valbuena, Ziani, Nyong,
00:46:06 il y a une belle équipe de Marseille en face
00:46:08 qui mène 2-0 justement après
00:46:10 l'heure du jeu. Il y a même un but refusé
00:46:12 pour Nyong, qui n'est pas en jeu.
00:46:14 - Un petit peu imaginaire.
00:46:16 - Pour moi il n'est pas en jeu. - Mais vous allez en profiter
00:46:18 les Lorientais. Amalfitano,
00:46:20 Dohaen, Fabrice Abriel,
00:46:22 tiens, 2-2, et Gamero
00:46:24 pour le but de la victoire.
00:46:26 - Ouais, on est sur...
00:46:28 Il y a tout dans ce match.
00:46:30 Il y a le talent marseillais
00:46:32 d'abord qui frappe très fort. On est au Vélodrome,
00:46:34 vous avez cité les joueurs,
00:46:36 je pense qu'un joueur c'est la masse salariale
00:46:40 des onze
00:46:42 qui sont sur le terrain en face de nous.
00:46:44 Mais pour autant,
00:46:46 on représente quand même
00:46:50 les idées de l'entraîneur.
00:46:52 Les idées de Christian Gourcuff,
00:46:54 c'est créer une intelligence
00:46:56 collective où on est
00:46:58 capable de lire l'action
00:47:00 ensemble
00:47:02 de la même façon et d'avoir le
00:47:04 comportement attendu.
00:47:08 On prend souvent cette image de bande poisson
00:47:10 qui se déplace
00:47:12 de façon symétrique,
00:47:14 asymétrique, parallèle,
00:47:16 synchronisée.
00:47:18 Je me souviendrai toujours que
00:47:20 Christian me disait
00:47:24 de la mémorisation vient l'anticipation,
00:47:26 vient la créativité. Plus c'est précis,
00:47:28 plus vous prenez du plaisir.
00:47:30 Et on est sur
00:47:32 un projet, un club,
00:47:36 et en face on a
00:47:38 quelque chose de totalement différent.
00:47:40 On est sur de l'individualité,
00:47:42 la compétition, ils doivent gagner chaque match
00:47:44 avec des objectifs
00:47:46 très élevés. Et là on a
00:47:48 deux styles qui s'opposent.
00:47:50 Et la première chose qu'on doit faire nous,
00:47:52 c'est d'essayer
00:47:54 de couper
00:47:56 cette équipe en deux
00:47:58 parce qu'on a toujours observé que
00:48:00 les attaquants veulent attaquer
00:48:02 et les défenseurs ne veulent pas prendre des buts
00:48:04 et au milieu, il n'y a plus personne.
00:48:06 Et comme nous,
00:48:08 on se déplace en bloc,
00:48:10 c'est-à-dire qu'on est toujours
00:48:12 12 mètres l'un de l'autre
00:48:14 dans les lignes, dans le bloc,
00:48:16 entre les lignes, et c'est très
00:48:18 structuré et que
00:48:20 c'est pas le contexte
00:48:22 ou le ballon, enfin je veux dire, c'est pas l'événement
00:48:24 qui fait qu'on est trop bas,
00:48:26 on est trop haut, on suit juste le ballon
00:48:28 de façon bloc
00:48:30 et on se déplace comme ça
00:48:32 et on se rend compte que
00:48:34 à un moment donné, quand il y a
00:48:36 trop d'espace au milieu de terrain
00:48:38 chez l'adversaire,
00:48:40 en faisant nous des séquences,
00:48:42 plusieurs séquences,
00:48:44 on allait créer le doute chez l'adversaire
00:48:46 et notamment l'impatience du public
00:48:48 qui allait commencer à siffler son équipe
00:48:50 parce qu'elle n'était pas venue
00:48:52 pour voir Lorient faire 15 passes, 20 passes
00:48:54 d'affilée au vélodrome
00:48:56 ou au parc parce qu'on a gagné à Gerland,
00:48:58 on a gagné au parc, on a gagné au vélodrome
00:49:00 et en fait c'est ça, c'est tout ça
00:49:02 et après il y a des...
00:49:04 ce qu'on appelle des buts
00:49:06 ça vient ponctuer un peu cette pensée
00:49:08 ça vient mettre du poids
00:49:10 à ce qu'on est en train de faire
00:49:12 et quand on est mené et qu'on revient et qu'on retourne
00:49:14 la situation et que
00:49:16 sur le but, moi que je marque
00:49:18 le deuxième but
00:49:20 mais en fait
00:49:22 l'action elle est exceptionnelle
00:49:24 elle a une touche de balle, c'est une remontée rapide
00:49:26 je vais fixer, je vois qu'il n'y a personne
00:49:28 je connais un peu Mandanda, je connais un peu
00:49:30 le côté où il est moins à l'aise
00:49:32 je sais que c'est à droite, je frappe, il y a un rebond
00:49:34 qui est juste devant sa main
00:49:36 il ne peut pas la sortir
00:49:38 voilà, celui d'Amalphitano
00:49:40 c'est une reprise de volée
00:49:42 c'est un peu une surprise
00:49:44 mais ça nous reconnecte dans le genre
00:49:46 on est là, et le dernier
00:49:48 on fait une contre-attaque, je prends le ballon à gauche
00:49:50 j'échange avec Marama, Vairua
00:49:52 Kevin Gamero qui va à 2 000 à l'heure
00:49:54 j'ai pas besoin de lui mettre dans les pieds
00:49:56 mais il y va tout seul
00:49:58 il fixe, il frappe
00:50:00 c'est terminé, on est maintenu
00:50:02 parce que, il faut savoir que
00:50:04 quand je suis venu à Lorient
00:50:06 ce club avait été monté deux fois
00:50:08 et été redescendu deux fois
00:50:10 ils n'avaient jamais connu le maintien en fait
00:50:12 et moi quand je suis arrivé
00:50:14 de Guingamp
00:50:16 qui m'ont transféré
00:50:18 c'est une histoire de long terme, c'est écrit sur le gros cuivre
00:50:20 parce qu'ils me voulaient quand j'étais au Paris Saint-Germain
00:50:22 il s'est passé 6 ans avant que je rejoigne le club
00:50:24 et en fait
00:50:26 quand je rejoins le club, on me dit
00:50:28 Fabrice, nous on vient, il faut qu'on se maintienne
00:50:30 et là j'ai tout donné pour nous maintenir
00:50:32 et on s'est maintenu
00:50:34 assez facilement, 7-8 matchs
00:50:36 on était très heureux
00:50:38 comme ça, la deuxième année
00:50:40 la troisième année, c'était pérenniser
00:50:42 et d'installer le club de Lorient
00:50:44 dans le temps, en Ligue 1
00:50:46 et de pouvoir avoir un centre de formation
00:50:48 et en fait, pourquoi je vous dis ça
00:50:50 parce que c'est un peu le résumé de dire
00:50:52 c'est une méthode
00:50:54 c'est une équipe contre une autre
00:50:56 un savoir-faire différent
00:50:58 avec nos armes, mais que rien n'est impossible
00:51:00 quand collectivement c'est réalisé
00:51:02 et ça, c'est ce que je vais garder de façon
00:51:04 inspirante par rapport à Christian Gourcuff
00:51:06 par rapport aussi au modèle
00:51:08 je me dis que rien n'est impossible
00:51:10 et c'est ce que j'ai remis
00:51:12 à essayer de remettre un peu en place
00:51:14 mais pas dans le 4-4-2
00:51:16 il faut vraiment du temps pour le mettre en place
00:51:20 c'est ce que je souhaitais mettre en place
00:51:22 avec Fleury en fait
00:51:24 - Il t'a fallu donc quelques années pour trouver
00:51:26 ta place en Ligue 1
00:51:28 parce que tu as passé par d'autres clubs
00:51:30 on n'a pas le temps de te faire tout le parcours
00:51:32 mais effectivement à Lorient, quand tu commences à vraiment
00:51:34 t'imposer dans cette belle équipe
00:51:36 des Merlues d'ailleurs, élues deux fois de suite
00:51:38 Merlues d'or par le public de Lorient
00:51:40 - Cresse en poisson - Qui récompense
00:51:42 le meilleur joueur du club
00:51:44 pourquoi ça n'a pas pu être
00:51:46 avec Paris Saint-Germain, le club de tes débuts
00:51:48 pourquoi il a fallu
00:51:50 je sais pas, que tu aies 26-27 ans
00:51:52 pour vraiment être un cadre
00:51:54 d'un club de Ligue 1
00:51:56 - Bah parce qu'en fait j'avais besoin aussi
00:51:58 de passer mes paliers
00:52:00 il y a des progressions fulgurantes
00:52:02 des joueurs qui sont phénoménaux
00:52:04 j'ai grandi avec, on est deux
00:52:06 en 89-90 à être entré
00:52:08 au Paris Saint-Germain
00:52:10 et avoir signé pro au Paris Saint-Germain
00:52:12 on est deux
00:52:14 sur tous les joueurs que j'ai pu voir
00:52:16 jouer
00:52:18 grandis, on est que seulement
00:52:20 deux à avoir fait l'intégralité
00:52:22 il y a moi et il y a Nicolas Nelka
00:52:24 on n'est pas
00:52:26 nombreux, donc pour vous dire
00:52:28 comment c'est déjà dur
00:52:30 - T'es en bonne compagnie déjà - Non, c'est pour vous dire
00:52:32 comment c'est dur de sortir
00:52:34 et de jouer pro, de signer pro dans ce club
00:52:36 après avoir passé
00:52:38 autant d'années, et quand on arrive chez
00:52:40 les professionnels, on se rend compte
00:52:42 et Nicolas a dû partir à Arsenal, et moi j'ai dû
00:52:44 partir parce qu'à un moment donné
00:52:46 j'avais pas le temps de jeu
00:52:48 et il y a un écart entre la réserve
00:52:50 et l'équipe première du
00:52:52 Paris Saint-Germain, c'est à dire que
00:52:54 l'équipe première du Paris Saint-Germain
00:52:56 joue pour être champion
00:52:58 et la Ligue des champions, ou la coupe
00:53:00 d'Europe, et
00:53:02 la CFA, ou la réserve, ou les
00:53:04 19 nationaux, on est sur du
00:53:06 un truc un peu moins compétitif
00:53:08 en termes de niveau
00:53:10 et donc il faut aller gagner un peu de
00:53:12 temps de jeu, moi j'ai mes prédécesseurs
00:53:14 Pierre Ducrot, Jérôme Leroy
00:53:16 Gregory Peslet
00:53:18 on est formé
00:53:20 ensemble, Djamel Belmady, etc.
00:53:22 on est tous formé ensemble, mais ils doivent
00:53:24 partir à l'extérieur dans nos clubs, à Laval
00:53:26 à Servette de Genève pour Greg
00:53:28 à Martigues
00:53:30 pour Djamel, Belmady
00:53:32 voilà, on doit tous partir un peu ailleurs
00:53:34 pour aller gagner du temps de jeu
00:53:36 et revenir, essayer de revenir fort
00:53:38 on n'est jamais revenus
00:53:40 donc en fait
00:53:42 une fois qu'on est parti, on est parti
00:53:44 tout simplement, et j'ai mis 5
00:53:46 ans entre
00:53:48 parce qu'à miens je suis aussi élu meilleur joueur
00:53:50 de la saison par les supporters
00:53:54 deux fois c'est l'icorne cette fois-ci
00:53:56 je suis prêté à
00:53:58 Servette de Genève, 6 mois avec Lucien Favre
00:54:00 on gagne la coupe de Suisse, ça c'est déjà
00:54:02 la première, parce que c'est un élève
00:54:04 entre guillemets de Christian Gourcuff, donc il y avait une vraie connexion
00:54:06 et j'apprends déjà quelque chose
00:54:08 et en fait je me dis, ça y est maintenant j'ai envie de jouer
00:54:10 bon je vais être titulaire de mon poste
00:54:12 mais j'ai pris le temps de passer mes paliers
00:54:14 ça veut dire que j'ai pris 3 ans à Amiens
00:54:16 le temps de vraiment
00:54:18 parce que pour moi je les découpe comme ça
00:54:20 une première année c'est révélation, une deuxième année c'est confirmation
00:54:22 une troisième année c'est statistique
00:54:24 c'est un peu la réalisation
00:54:26 de tout ce qu'on a fait
00:54:28 et ensuite il y a un départ
00:54:30 et donc je prends mon temps
00:54:32 et quand je fais 3 ans, je suis dans les meilleurs
00:54:34 joueurs de Ligue 2, dans les équipes type
00:54:36 vous voyez les trophées etc
00:54:38 et bien j'attends d'aller en Ligue 1
00:54:40 et là
00:54:42 j'ai Lens, j'ai Nice qui vient de monter
00:54:44 j'ai Metz avec Carlo Molinari
00:54:46 qui m'appelle, il vient de monter
00:54:48 voilà on a un certain nombre de clubs
00:54:50 qui me suivent, Lens-Lille
00:54:52 parce qu'on est dans le nord
00:54:54 Nice avec Garnet-Ror qui vient de monter etc
00:54:56 donc je vois que ça s'agit de beaucoup mais
00:54:58 ça se fait pas
00:55:00 parce qu'il y a un transfert
00:55:02 parce que voilà je pense que le club d'Amiens aussi
00:55:04 avec Denis Troche à l'époque
00:55:06 vous voyez la connexion
00:55:08 - Le lien avec le Paris Saint-Germain
00:55:10 - Et donc voilà je ne pars pas
00:55:12 mais il y a quelqu'un qui est très déterminé
00:55:14 et qui lui attend le dernier jour du mercato
00:55:16 pour venir me récupérer
00:55:18 dans ma dernière année de contrat et payer
00:55:20 c'est Noël Legrette
00:55:22 - Ah oui
00:55:24 - En fait voilà, il est à Gangant
00:55:26 il redescend de Ligue 1 en Ligue 2
00:55:28 et il souhaite remonter et il me dit voilà
00:55:30 qui est le meilleur joueur de Ligue 2, allez me le chercher
00:55:32 c'est un peu Noël Legrette, c'est un peu comme ça
00:55:34 tout le monde cherche et se rend compte que c'est moi
00:55:36 qu'il me reste un autre contrat, que je suis à Amiens
00:55:38 il me reste un an, je vais partir libre
00:55:40 c'est Alex Dupont
00:55:42 père à son âme qui était mon coach
00:55:44 capitaine et il vient de me chercher
00:55:46 et puis je dois me transférer
00:55:48 à Gangant
00:55:50 donc je mets 5 ans
00:55:52 je suis déjà marié, je commence à avoir
00:55:54 mon premier enfant
00:55:56 mon fils, ma fille qui est née à Lorient
00:55:58 mon fils qui est né à Amiens
00:56:00 je me suis marié un an avant
00:56:02 2003
00:56:04 voilà donc en fait
00:56:06 on n'est plus dans le même
00:56:08 c'est plus la même situation
00:56:10 on a des responsabilités
00:56:12 on a plus de maturité, on est plus calme
00:56:14 voilà, plus aguerri
00:56:16 et puis en fait quand j'arrive à Lorient
00:56:18 assez tardivement
00:56:20 mais je sais que je vais réussir
00:56:24 parce que je suis prêt
00:56:26 j'y vais pas à la découverte
00:56:28 non, là je suis prêt
00:56:30 - Et après les réussites avec Lorient
00:56:32 c'est donc, tu tapes dans l'œil
00:56:34 de Josianigo et de l'OM
00:56:36 avec surtout cette rencontre dont on vient de parler
00:56:38 on arrive donc au dernier des 5 matchs
00:56:40 qui ont le plus marqué ta vie Fabrice
00:56:42 et pour finir en beauté nous allons retrouver l'OM justement
00:56:44 et parler d'un match fou
00:56:46 un match mythique du championnat de France
00:56:48 le 8 novembre 2009
00:56:50 Lyon reçoit Marseille
00:56:52 au Stade Gerland
00:56:54 5 partout
00:56:56 incroyable ce match
00:56:58 - Il a été élu
00:57:00 plus beau match
00:57:02 de ces 10 dernières, 15 dernières
00:57:04 années
00:57:06 l'Olympico comme on l'appelle maintenant
00:57:08 scénario
00:57:10 incroyable en termes de
00:57:12 rebondissement
00:57:14 l'avantage d'un côté, l'avantage de l'autre
00:57:18 l'égalisation, puis ça reprend l'avantage
00:57:20 et on est jusqu'au bout
00:57:22 en fait dans les arrêts de jeu
00:57:24 et pfff
00:57:26 personne ne gagne
00:57:28 personne ne gagne
00:57:30 ce jour là je fais 3 passes décisives
00:57:32 dans un match
00:57:34 il s'inscrit dans
00:57:36 4 matchs
00:57:38 du mois de novembre il me semble
00:57:40 où je suis élu joueur du mois
00:57:42 avec une passe décisive
00:57:44 aussi en Ligue des Champions
00:57:46 2 passes décisives, avec une passe décisive
00:57:48 en classico Marseille-Paris-Saint-Germain
00:57:50 qu'on gagne 1-0
00:57:52 qui met un peu l'épaule
00:57:54 les deux anciens parisiens qui marquent
00:57:56 pour les Marseillais, bon c'était marrant
00:57:58 on est sur 4 matchs
00:58:00 il y a Nancy aussi 3-0
00:58:02 enfin je marche sur l'eau
00:58:04 vraiment
00:58:06 à ce moment là je suis vraiment très très bien
00:58:08 Marseille n'est pas très très bien en termes de
00:58:10 classement mais moi je suis très très bien
00:58:12 et en fait
00:58:14 ce 5-5
00:58:16 il est dans les mémoires
00:58:18 des spectateurs, il est dans nos mémoires
00:58:20 mais à la fin
00:58:22 ça va être paradoxal dans le vestiaire
00:58:24 on s'est fait attraper
00:58:26 par Didier Deschamps
00:58:28 comme une faute professionnelle, c'est clair
00:58:30 parce que j'ai une phrase
00:58:32 qui est très pragmatique
00:58:34 et je la réutiliserai
00:58:36 de toute façon en tant qu'entraîneur
00:58:38 c'est si on doit marquer 5 buts à l'extérieur
00:58:40 pour ramener qu'un point, on va pas en ramener
00:58:42 beaucoup des points, voilà
00:58:44 et là c'est clair
00:58:46 mais comme moi
00:58:48 je suis plus du côté offensif ce jour là
00:58:50 je me dis qu'on a quand même réussi
00:58:52 à revenir à chaque fois
00:58:54 mais si j'avais été du côté
00:58:56 de la défense
00:58:58 j'aurais peut-être pas été heureux
00:59:00 et en fait on se rend compte
00:59:02 après coup
00:59:04 que
00:59:06 dans la zone mixte
00:59:10 donc dédiée aux médias
00:59:12 que le match il est
00:59:14 exceptionnel, que sur mon téléphone
00:59:16 ça arrête pas d'envoyer des messages
00:59:18 ça sonne, de félicitations, bravo
00:59:20 quel spectacle extraordinaire machin
00:59:22 et nous, on sort d'une remontrance
00:59:24 quand même
00:59:26 donc on fait pas les malins
00:59:28 et en fait
00:59:30 quand on traverse la zone mixte et qu'on arrive dans le bus
00:59:32 on est quand même un peu mesuré
00:59:34 et voilà pourquoi il est extraordinaire
00:59:36 parce que ce que vous avez vu en termes
00:59:38 de spectacle et ce qui s'est passé aussi
00:59:40 autour du match et pour moi
00:59:42 personnellement dans ce mois de novembre
00:59:44 où je marque
00:59:46 mon empreinte à Marseille
00:59:48 parce que Marseille vous pouvez être rapidement
00:59:50 vous pouvez rapidement
00:59:54 être lambda en fait, être inconnu
00:59:56 parce que Marseille a tellement une histoire assez riche
00:59:58 avec des joueurs exceptionnels
01:00:00 que c'est un peu
01:00:02 à ce moment là que marquer dans un
01:00:04 classico... - Faut s'imposer
01:00:06 - Il faut avoir son moment
01:00:08 où on a existé et puis
01:00:10 c'est pour ça que pour moi la seule
01:00:12 tissu quand on signe à Marseille c'est de gagner
01:00:14 des titres à la fin, sinon
01:00:16 vous passez au travers d'une histoire bien sûr
01:00:18 comme n'importe quelle
01:00:20 personne qui n'a pas gagné. - Trois passes
01:00:22 décisives dans ce match qui termine 5 partout
01:00:24 la Marseille qui avait mené 4-2
01:00:26 sur la pelouse de Lyon et puis
01:00:28 la dernière minute, Michel Bastos
01:00:30 il y a 5-4 pour Lyon et c'est grâce
01:00:32 à Jérémy Toulalan
01:00:34 avec un CSC dans les arrêts de jeu
01:00:36 que vous ramenez un 5 partout
01:00:38 - On l'a aidé
01:00:40 - En fait il y a des matchs, il y a des joueurs exceptionnels sur la pelouse
01:00:42 il y a Lissandro Lopez notamment
01:00:44 il y a Timbicomis
01:00:46 il y a Pjanic
01:00:48 il y a Sidney, Gauvoux, il y a
01:00:50 énormément de qualités sur le terrain
01:00:52 et en fait on se rend compte que
01:00:54 ce match à un moment donné il prend
01:00:56 une vitesse à 4-2
01:00:58 quand on mène 4-2, 4-3 et on perd
01:01:00 ils reviennent à 4-3, ils reviennent à 4-4
01:01:02 ils passent devant à 5-4
01:01:04 si vous regardez le match
01:01:06 et vous voyez la réaction
01:01:08 des deux présidents
01:01:10 propriétaires de club qui sont là, présents
01:01:12 ils n'en peuvent plus
01:01:14 et si vous voyez le coach Didier Deschamps
01:01:16 sur le banc, il est
01:01:18 enfoncé
01:01:20 dans son banc
01:01:22 et avec
01:01:24 toute l'expérience qu'il a, il n'a pas les mots
01:01:26 parce que là
01:01:28 ça n'appartient à plus personne en fait
01:01:30 - On n'a jamais vécu un truc comme ça
01:01:32 même Didier Deschamps n'a jamais vécu un truc comme ça
01:01:34 - On n'est plus dans ça
01:01:36 donc 5-5
01:01:38 franchement on savait qu'on allait revenir, je ne sais pas pourquoi
01:01:40 - C'est quand même un truc de fou ce match
01:01:42 dernier match de championnat avec 10 buts
01:01:44 daté de 1957
01:01:46 comme quoi ça n'arrive pas très souvent
01:01:48 bref à la suite de la
01:01:50 36ème journée de cette saison
01:01:52 joué au Stade Vélodrome contre le Stade Rennais
01:01:54 l'OM est sacré champion de France
01:01:56 et après avoir remporté
01:01:58 la Coupe de la Ligue aussi
01:02:00 donc ta première saison avec l'OM
01:02:02 c'était ce que tu voulais
01:02:04 - C'est ce que tu voulais
01:02:06 c'est la réussite, c'est la haut niveau
01:02:08 c'est tout quoi
01:02:10 - En fait quand je quitte
01:02:12 Lorient il me reste encore
01:02:14 3 ans de contrat parce que j'ai prolongé chaque année
01:02:16 et
01:02:18 je sens bien que je colle à l'ADN
01:02:20 de Christian qui fait l'équipe autour de moi
01:02:22 je sens bien
01:02:24 qu'il y a une
01:02:26 je deviens
01:02:28 et j'aime pas
01:02:30 parce que je deviens
01:02:32 comme quelqu'un qui
01:02:34 je fais partie des meubles
01:02:36 je suis dans le décor
01:02:38 Christian Gourcuff c'est Lorient
01:02:40 Fabrice Averillès ça peut pas être que Lorient
01:02:42 même si
01:02:44 ça match super bien quoi
01:02:46 et enfin je me dis
01:02:48 je veux plus continuer à avoir
01:02:50 du temps de jeu
01:02:52 parce que j'ai le record en fait
01:02:54 c'est Lorient qui m'a permis de l'avoir
01:02:56 de jouer
01:02:58 d'avoir joué
01:03:00 plusieurs matchs d'affilé
01:03:02 sans sortir, sans être suspendu
01:03:04 sans rater
01:03:06 une minute en fait
01:03:08 et c'est eux qui me permettent d'avoir ce record
01:03:10 en France
01:03:12 mais pour autant il manque quelque chose
01:03:14 il manque ce qu'on appelle
01:03:16 à un moment donné la réalisation, le crédit pour dire
01:03:18 voilà je suis pas seulement un bon joueur
01:03:20 j'aurais pu être dans l'esthétique
01:03:22 mais je me suis
01:03:26 j'ai compris
01:03:28 quand je quitte le Paris Saint-Germain
01:03:30 où j'ai joué 12 ans et que je pensais
01:03:32 que j'allais jouer que dans un seul club
01:03:36 dans ma carrière
01:03:38 parce que moi il y avait Maldini
01:03:40 c'est mon premier match, vous l'avez cité tout à l'heure
01:03:42 c'est Bordeaux en 99
01:03:44 on est en janvier
01:03:46 je fais ma première entrée, ça c'est en championnat
01:03:48 mais mon premier match
01:03:50 vraiment c'est le tournoi Opel
01:03:52 Paris Saint-Germain Milan AC
01:03:54 - Pas mal
01:03:56 - Et sur le terrain c'est Boban
01:03:58 c'est Weah, c'est Leonardo
01:04:00 c'est Donnadoni sur mon côté
01:04:02 on est en Maldini, moi je récupère
01:04:04 le maillot de Maldini quand même
01:04:06 donc en fait là je suis sur
01:04:08 un truc exceptionnel
01:04:10 je me dis bon
01:04:12 le football au départ je pensais que c'était
01:04:14 un seul club et ensuite j'ai compris
01:04:16 qu'en fait c'était voyager
01:04:18 à partir du moment où vous avez pas la possibilité de faire
01:04:20 comme Totti, comme tout le monde un seul club
01:04:22 ben c'est voyager
01:04:24 - Allez voir ailleurs, profiter
01:04:26 - Voilà donc je voyage Bretagne Nord, Bretagne Sud
01:04:28 le Nord, la Suisse
01:04:30 et puis
01:04:32 je me dis maintenant il faut que je gagne des titres
01:04:34 il faut que j'ai un peu plus de pression
01:04:36 il faut que je sorte de ma zone de confort
01:04:38 il faut que j'aille me mettre en difficulté
01:04:40 et il faut
01:04:42 surtout que
01:04:44 est-ce que
01:04:46 mes qualités maintenant
01:04:48 peuvent marcher
01:04:50 à Marseille
01:04:52 ou à Marseille
01:04:54 - Je pense que c'est un peu pareil
01:04:56 - Je pense que c'est un peu pareil
01:04:58 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:00 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:02 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:04 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:06 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:08 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:10 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:12 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:14 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:16 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:18 - Je pense que c'est un peu pareil
01:05:20 - J'ai failli, mais le 3-0 il me passe mal
01:05:22 - J'ai failli, mais le 3-0 il me passe mal
01:05:24 - J'ai failli, mais le 3-0 il me passe mal
01:05:26 - Il me passe très mal, parce qu'en fait
01:05:28 c'est anecdotique, mais je vais vous en parler quand même
01:05:30 - Oui
01:05:32 - Je suis donc forcément sur une très belle lancée
01:05:34 - Je suis donc forcément sur une très belle lancée
01:05:36 mon premier match titulaire
01:05:38 en Ligue des Champions
01:05:40 je vois, parce que j'en ai déjà parlé
01:05:42 et en fait
01:05:44 quand il y a la caméra qui passe
01:05:46 je parle même pas de la veille
01:05:48 où le coach m'annonce que je vais être titulaire
01:05:50 je parle même pas de la veille
01:05:52 où on s'entraîne à Bernabeu
01:05:54 et on redécouvre les pilotes et tout ça
01:05:56 le stade, l'infrastructure
01:05:58 je parle même pas de ça
01:06:00 je parle même pas du vestiaire, je parle même pas de la classe
01:06:02 madrilenne
01:06:04 - La loutre-goutre-guignol
01:06:06 - Il est en costume cravate
01:06:08 tout le monde est en costume cravate, même les joueurs vont jouer en costume cravate
01:06:10 je parle même pas de ça
01:06:12 je parle juste de... on défile la caméra
01:06:14 on passe le visage sur chaque joueur
01:06:16 et moi j'entends la musique de la Ligue des Champions
01:06:18 comme ça, fort
01:06:20 et je vois défiler en une fraction de seconde
01:06:22 toute ma carrière
01:06:24 toute ma carrière qui défile comme ça
01:06:26 du débutant
01:06:28 euh...
01:06:30 Kaka
01:06:32 Granero, Xabi Alonso
01:06:34 Marcelo
01:06:36 Ronaldo
01:06:38 oh je me dis
01:06:40 bon bah on a chaud les gars aujourd'hui
01:06:42 bon, premier ballon
01:06:44 et moi je suis sur le côté de Ronaldo
01:06:46 et je suis avec Laurent Bonnard
01:06:48 premier ballon
01:06:50 et avec Lolo on se dit
01:06:52 parce que Mamad il est à gauche
01:06:54 là-bas de l'autre côté il y a Lucio
01:06:56 on a notre équipe, on est costaud
01:06:58 mais
01:07:00 je me dis bon
01:07:02 il faudra pas être ridicule quand même parce que c'est Cristiano Ronaldo
01:07:04 on va faire comme d'habitude
01:07:06 quand on a un joueur qui a du talent
01:07:08 on lui enlève de l'espace
01:07:10 on lui enlève du temps
01:07:12 on fait des prises à deux
01:07:14 on se jette pas, on le fait reculer
01:07:16 etc.
01:07:18 et je vois le premier ballon qu'il touche
01:07:20 c'est une transversale et lui il se retourne et il fait une passe du dos
01:07:22 (rires)
01:07:24 et là je comprends
01:07:26 qu'en fait moi je suis en train de jouer le match de ma vie
01:07:28 et lui il est en train de jouer un match
01:07:30 comme si c'était un match amical
01:07:32 et là j'ai compris qu'en fait
01:07:34 la Ligue des Champions on est sur un autre palier
01:07:36 pour ça j'ai pas voulu en parler
01:07:38 parce que les gens ils vont pas comprendre de quoi je parle
01:07:40 parce qu'il faut avoir joué en Ligue des Champions
01:07:42 pour comprendre que la Ligue des Champions
01:07:44 même les arbitres ils sont très bons
01:07:46 on les voit pas, j'ai jamais vu un
01:07:48 je suis arrivé, premier match de Ligue des Champions
01:07:50 l'arbitre il rentre dans les vestiaires
01:07:52 et je vois que c'est clair quoi ce qu'il dit
01:07:54 en anglais
01:07:56 et clair, protège Tibia
01:07:58 pas de bijoux
01:08:00 c'est clair et y'en a pas un qui dit
01:08:02 ah c'est bon comme on fait dans le championnat de France
01:08:04 ah c'est bon, chaussettes coupées tout ça c'est bon
01:08:06 y'a personne qui bronche
01:08:08 je comprends qu'en fait c'est protocolaire
01:08:10 et j'aurais pu se... ouais ce match
01:08:12 mais je le sais je choisis pas parce qu'en fait
01:08:14 quand on
01:08:16 soulait, tac, Cristiano Ronaldo
01:08:18 sur le côté qui prend
01:08:20 un carton rouge
01:08:22 on est à 10
01:08:24 c'est moi qui sors
01:08:26 voilà donc en fait je joue une heure de jeu
01:08:30 Bicenti, Elisa Razou qui commentait le match
01:08:32 sur TF1 il me dit "Farouest t'as fait un super match
01:08:34 c'est dommage que vous perdiez"
01:08:36 voilà en fait pourquoi je... parce que
01:08:38 il est pas abouti
01:08:40 je fais un super match
01:08:42 mais il est pas abouti, jusqu'à l'heure de jeu
01:08:44 on est à 0-0
01:08:46 c'est juste un peu ça qui est
01:08:48 mais j'aurais pu le choisir
01:08:50 pour le côté
01:08:52 mémorable oui
01:08:54 ça fait partie des souvenirs forts
01:08:56 de ta carrière de joueur en tout cas
01:08:58 et maintenant carrière d'entraîneur, tu es sur le bond
01:09:00 et on va te retrouver
01:09:02 la saison prochaine, quelque part
01:09:04 on verra bien si c'est à Florey ou si c'est ailleurs
01:09:06 en tout cas on te souhaite le meilleur Fabrice
01:09:08 et merci beaucoup d'avoir partagé ces souvenirs
01:09:10 ces moments de vie avec nous
01:09:12 merci beaucoup, merci
01:09:14 de m'avoir reçu
01:09:16 d'avoir passé ce moment ensemble
01:09:18 et d'avoir eu la possibilité d'exprimer un petit peu
01:09:20 mes souvenirs qui sont les miens
01:09:22 et qui seront maintenant
01:09:24 à disposition des autres
01:09:26 au moins sur ces 5 matchs et d'autres anecdotes
01:09:28 vous avez vu, il y a un podcast un peu long
01:09:32 je vous laisse l'instructure
01:09:34 c'est bien d'être bavard aussi
01:09:36 de partager avec l'émotion comme ça
01:09:38 et ce que j'ai apprécié
01:09:40 aussi Fabrice c'est que pendant tout le podcast
01:09:42 je te tutoie et tu m'as vu voyer
01:09:44 je ne sais pas si
01:09:46 c'est parce que je suis beaucoup plus vieux que toi
01:09:48 certainement la télé
01:09:50 la télé, les médias
01:09:52 on a toujours ce respect
01:09:54 mais c'est bon en tout cas
01:09:56 c'est pas parce que
01:09:58 je vous vois qu'on n'est pas proche
01:10:00 qu'on est proche
01:10:02 ça fait plaisir en tout cas, merci d'avoir passé le temps
01:10:04 avec nous et d'avoir partagé toutes ces histoires
01:10:06 c'était formidable
01:10:08 et on te souhaite beaucoup d'autres matchs mémorables à venir
01:10:10 bien sûr Fabrice
01:10:12 merci à vous cher auditeur de nous avoir écouté
01:10:14 si le podcast vous plaît n'hésitez pas à partager
01:10:16 avec vos amis, à en parler sur vos réseaux sociaux
01:10:18 et sur la plateforme où vous nous écoutez
01:10:20 on apprécie, merci beaucoup
01:10:22 allez à très vite pour un nouvel épisode
01:10:24 de Les Matchs de ma vie
01:10:26 Bye bye