• il y a 7 mois

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Transcription
00:00 Mesdames, Messieurs les rapporteurs, mes chers collègues,
00:03 J'ai longtemps cherché les mots justes pour mon intervention ce soir devant vous.
00:07 Nous abordons chacun ce débat avec nos convictions, notre foi, nos expériences personnelles,
00:13 notre vécu, notre culture, notre propre rapport à la mort.
00:17 Chacun, en tant que législateur, nous sommes pleinement conscients
00:21 de ne pas légiférer pour nous personnellement.
00:25 Mais pourtant, il nous est à la fois difficile, voire impossible,
00:30 de ne pas nous projeter personnellement dans ce nouveau droit sur lequel nous sommes amenés à légiférer.
00:36 Car à mon sens, il s'agit bien d'un droit nouveau que nous nous apprêtons à créer en France.
00:42 Non pas un droit absolu, non pas un droit à mourir, et surtout pas un droit à donner la mort,
00:48 mais un droit à pouvoir mettre fin à sa vie, dignement, légalement, quand cette vie n'est plus que souffrance.
00:55 Un droit à choisir pour soi.
00:58 Un droit qui ne dépend pas de son état de fortune, comme c'est le cas actuellement,
01:03 quand les plus fortunés des Français peuvent se rendre en Belgique ou en Suisse,
01:08 quand les plus pauvres ou les plus éloignés de l'Hexagone n'y ont pas accès.
01:13 La volonté libre et éclairée, c'est là la pierre angulaire de l'aide à mourir.
01:19 Et c'est bien là l'argument principal que nous apportons à ceux qui y sont farouchement opposés.
01:24 Personne, personne ne sera contraint d'y recourir.
01:29 Le respect des croyances et des valeurs de chacun prévaudra toujours.
01:34 Mais la souffrance réfractaire, physique ou psychologique, ne doit plus être une fatalité.
01:41 Les soins palliatifs doivent être renforcés.
01:44 Au sein de notre groupe, nous sommes unanimes sur la nécessité d'apporter plus de moyens aux soins palliatifs,
01:50 de les garantir pour tous ceux et toutes celles qui peuvent et souhaitent y recourir.
01:56 Nous pensons tous, sans exception, que les professionnels de santé doivent disposer des moyens nécessaires
02:03 pour accompagner ceux qui souffrent et dont la vie touche à sa fin.
02:08 Mais le recours et le renforcement des soins palliatifs n'est pas un préalable obligatoire à l'aide à mourir.
02:14 Le recours et le renforcement des soins palliatifs n'est pas la solution ultime à toutes les souffrances.
02:20 L'aide à mourir ne concernera qu'une minorité.
02:24 Elle ne sera pas possible pour tous.
02:26 Elle sera soumise à des conditions strictes.
02:28 Elle sera soumise à une procédure rigoureuse.
02:31 Et ce n'est qu'ainsi que nous ne pouvons concevoir ce nouveau droit.
02:35 Pour autant, nous sommes également soucieux de ne pas trop restreindre l'accès à l'aide à mourir
02:40 à tel point que la loi en soit réduite à une lettre d'intention.
02:44 Même les plus favorables d'entre nous avons rédigé nos amendements, je vous assure, la plume tremblante,
02:51 en pesant chaque mot, en mesurant chaque condition.
02:55 Nous avons déposé des amendements pour supprimer la condition de nationalité
02:59 ou encore pour revenir à la formule initiale du texte qui prenait en compte les souffrances physiques
03:05 au même titre que les souffrances psychologiques.
03:08 Nos débats en commission ont montré toute la difficulté du sujet.
03:12 Au gré des amendements et des articles, nous avons ouvert, puis refermé, les conditions de l'aide à mourir.
03:19 Le texte final présente d'ailleurs quelques incohérences.
03:22 Le texte issu de la commission ne parle plus que de souffrances physiques réfractaires
03:26 accompagnées éventuellement de souffrances psychologiques,
03:30 reléguant ainsi celles-ci au second plan et créant une sorte de hiérarchie entre les souffrances
03:36 qui ne nous semblent pas acceptables.
03:39 Les conditions, les délais et la procédure même de mise en œuvre de l'aide à mourir
03:44 seront l'objet de difficiles débats.
03:47 La possibilité pour les proches d'administrer la substance légale nous divise encore.
03:52 Mais pour certains d'entre nous, il n'est pas acceptable qu'un tel droit, qu'une telle responsabilité
03:58 puisse peser sur ceux qui sont censés accompagner et non pas mettre en œuvre l'aide à mourir.
04:05 La possibilité d'ouvrir ce droit aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives nous interroge aussi.
04:12 Et nous avons déposé des amendements en ce sens, notamment en lien avec les directives anticipées.
04:18 Nous devrons trouver les mots justes, les formulations qui assureront la sécurité juridique,
04:23 l'équilibre délicat d'un texte qui, assurément, représente un tournant dans notre société.
04:29 Ce sujet de l'aide à mourir sûrement nous divisera toujours, car il fait appel à la morale, à la philosophie,
04:36 à la religion et finalement à l'intime.
04:39 Ce sujet divise, et vous aurez compris, jusqu'au sein de notre groupe,
04:43 dans le respect des pours et des contres et de toutes leurs nuances.
04:47 La liberté de vote sera donc totale.
04:49 Et je formule le vœu que nos débats se déroulent dans le respect et l'écoute de la position due à chacun.
04:55 Merci.

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