Un déjeuner partagé avec Fanny Agostini, journaliste, animatrice, présentatrice de télévision, chroniqueuse radio, pour parler de "la ferme collective". Au moment où les agriculteurs sont en grande difficulté, l'objectif: l'entraide, le partage des frais et éviter l'isolement. Au menu également : le lait maternel, grande source de bienfaits pour les bébés prématurés.
Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:17Bonjour à tous et bienvenue dans Politique à table sur LCP,
00:20l'émission où on parle agriculture, écologie,
00:23mais aussi un peu politique et, bien sûr, alimentation.
00:26Nous recevons cette semaine Fanny Agostini.
00:28Bonjour. Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:31Avec moi, pour présenter cette émission,
00:33Jean-Pierre Montanay. Bonjour.
00:35Bonjour, Fanny Agostini.
00:37Vous êtes journaliste, animatrice et présentatrice de télévision,
00:40chroniqueuse radio, mais aussi politique,
00:43puisque vous êtes conseillère municipale de la Bourboule,
00:46petite commune du Puy-de-Dôme où vous habitez.
00:49Vous avez été élue sur une liste PS,
00:51mais vous êtes sans étiquette.
00:53Pourtant, il y en a une qu'on pourrait vous accoler,
00:55c'est celle d'écologiste.
00:57Vous êtes une militante de la cause du climat,
00:59parce que vous avez présenté la météo sur BFM TV,
01:02Thalassa, En Terre Ferme ou Génération Bouchefoyat,
01:05mais aussi parce que vous avez fondé, avec votre mari,
01:08l'ONG environnementale Landestini
01:10et cofondé Climate Bootcamp,
01:12une session de formation annuelle
01:14pour sensibiliser à la défense de l'environnement
01:17et à la protection de la biosphère.
01:19Avec un tel parcours, laissez tomber la viande rouge
01:21et les plats en sauce.
01:23Ça, c'est sûr.
01:24Salade de fèves avec légumes lacto-fermentés.
01:28Miam, miam.
01:29Choux, radis, betteraves,
01:31et en dessert, des fromages d'Auvergne.
01:33Dans le dessous des plats,
01:35l'esprit d'équipe appliqué à l'agriculture
01:37s'adonne une ferme collective avec un slogan.
01:41Ensemble, on est plus forts.
01:42Dans les pieds d'emploi, on manque de lait maternel
01:45pour les grands prématurés.
01:47Dario Borgogno est allé à la recherche de l'or blanc.
01:49Allez, on passe à table, tout de suite, cuisine et confidence.
01:54Générique
01:55...
02:00Fanny Agostini, la bio et la fiche Wikipédia de nos invités
02:03sont souvent bourrés d'indices pour deviner leur souhait
02:06pour ce repas.
02:08Pour vous, Père Corse.
02:09Direct, on se dit avec Brigitte, pourquoi pas des cannellonis
02:12au brodchoux, plat signature de Lille, mais non, raté.
02:15Côté maternel, racines auverniates.
02:18On rêvait d'un alligot, mais niet.
02:20Le fromage à filet, fausse piste.
02:22Pourquoi pas une bonne pizza, M. Seguin, par exemple,
02:25au fromage de chèvre, pour rendre hommage à Loulou,
02:28la pizzeria familiale de la Bourboule,
02:30mais là encore, raté.
02:31Dans votre CV de journaliste,
02:33une ligne retient l'attention, la reprise de Thalassa,
02:36magazine de la mer.
02:37Pourquoi pas des poissons, des fruits de mer,
02:40des palourdes, par exemple, du Morbihan,
02:42pour nous rappeler que votre montgolfière,
02:44ce jour-là, grosse frayeur, a failli se transformer
02:47en filet de pêche, mais encore à côté de la plaque.
02:50Plus pour longtemps, car la voilà la bonne piste,
02:53la ferme pédagogique que vous avez créée à Boisset,
02:56en pleine pamparotoir, une ferme écolo,
02:58en mode laboratoire et autarcie,
03:00pour produire comme avant,
03:02pour reconnecter, Brigitte, les citadins à la terre.
03:05Bingo, et ça donne une salade de fèves,
03:08aux légumes lacto-fermentés, choux, radis, betteraves.
03:11Ne crions pas, Brigitte, avant d'avoir mal.
03:13Goûtons avant de juger.
03:15Ce qui est sûr, c'est que Fanny, vous profitez de l'aubaine
03:18pour nous convertir à une pratique oubliée,
03:20la lacto-fermentation. Je me trompe ?
03:22Merci pour cette présentation, Jean-Pierre.
03:25Un poil caricatural.
03:26Oui, c'est mon... C'est ma marque de fabrique.
03:29Sans accusation, je ne suis pas végétarienne.
03:32Sachons-le, je suis une grande fan...
03:34C'est une bonne...
03:35Une grande fan du fin gras du Maison.
03:37Vous savez, voilà la viande que l'on peut trouver
03:40sur le plateau du Maison, juste en face de chez moi.
03:43J'ai besoin, quand je mange de la viande,
03:45que celle-ci soit sourcée, ultra sourcée.
03:47Je ne sais pas que je ne vous fais pas confiance,
03:50mais j'ai choisi un plat plutôt végétal,
03:52un support de discussion à travers la lacto-fermentation.
03:56C'est intéressant, on ne connaissait pas bien.
03:58La lacto-fermentation, c'est quoi ?
04:00Sinon...
04:01Je pourrais vous le dire, mais on va attendre la réponse de Fanny.
04:05On va laisser Jean-Pierre développer,
04:07mais c'est un procédé de conservation des aliments.
04:10Il y a plusieurs façons de conserver les aliments.
04:13La conservation thermique, quand on fait chauffer les aliments
04:17et qu'on les ferme dans un contenant.
04:19La lacto-fermentation, c'est une méthode de conservation
04:22à travers une saumure, qui a la vertu de conserver
04:25tous les nutriments et toutes les vitamines,
04:27tous les minéraux des aliments.
04:29Là, effectivement, ces aliments viennent de la lacto-fermentation.
04:33Ils ont été produits comme ça.
04:35Vous en mangez beaucoup ?
04:36C'est-à-dire qu'à la maison, j'ai un immense potager
04:39qui me permet de faire le tour de l'année.
04:41On ne parle pas d'autonomie totale ni d'autarcie,
04:44mais qui me permet de générer une production alimentaire
04:48capable de fournir ma famille.
04:50Ce n'est pas un jardin d'agrément.
04:52Quand je dis que je fais le tour de l'année,
04:54il faut conserver ce qui est produit à la pleine saison.
04:57Une des méthodes phares de conservation que j'utilise,
05:00c'est la lacto-fermentation.
05:02Vous ne mangez pas que des légumes ?
05:04C'est un condiment.
05:05Je n'en mange pas des assiettes.
05:07Il y en a beaucoup trop, pour vous, dans cette assiette ?
05:10Il y a des fèves. Les fèves ne sont pas lacto-fermentées.
05:14Là, il y en a beaucoup.
05:15C'est peut-être un portion.
05:17Vous avez très bien chargé, mais l'assiette est jolie.
05:20L'assiette est belle.
05:21Goûtez, Brigitte. Vous allez me dire ce que vous en pensez.
05:25Je vous attendais.
05:26Je reviendrai sur cette technique plus vite,
05:28puisqu'on a déjà un peu...
05:30Est-ce que ça ressemble à un beau légume ?
05:32C'est du quiche.
05:34Je vais prendre les fèves.
05:35Non, mais ce n'est pas lacto-fermenté.
05:38C'est très, très bon.
05:39Alors, juste, Brigitte,
05:41c'est une technique ancestrale qui était tombée en désuétude,
05:44car il y a eu les produits stérilisés, le réfrigérateur.
05:48C'est un procédé très écologique.
05:50C'est pour ça que Fanny l'utilise.
05:52Il n'y a pas besoin d'énergie.
05:54Un légume fermenté peut contenir jusqu'à 10 fois plus de vitamine C
05:57que le légume frais.
05:59Une fois fermenté, par exemple, le soja,
06:01lui, contient 47 fois plus de vitamine B2.
06:04Très souvent, on consomme des produits lacto-fermentés
06:07sans vraiment en avoir conscience.
06:10La choucroute, c'est lacto-fermenté.
06:12Le yaourt, c'est lacto-fermenté.
06:14Les cornichons, c'est lacto-fermenté.
06:16Pour ceux qui aiment la cuisine asiatique,
06:19le kimchi, c'est du chou fermenté, à la mode coréenne,
06:22avec des piments.
06:23Cela consiste à plonger les aliments dans de l'eau salée
06:27pour favoriser la macération
06:28et le développement des bactéries lactiques,
06:31dites bactéries, c'est pour ça qu'on dit lacto-fermentées,
06:34privées d'air.
06:35Elles vont proliférer en se nourrissant des sucres
06:38dans les aliments, qu'elles vont transformer en acide lactique
06:42qui va détruire les mauvaises bactéries.
06:44Pas de pourrissure, pas de moisissure.
06:46C'est pour ça qu'on peut les conserver.
06:49Il y a tout le même goût, non ?
06:51Non, c'est pas très bon.
06:52Encore une fois, c'est un condiment.
06:54Ca se mélange avec une salade.
06:56J'en mets beaucoup dans mes salades de riz,
06:59mais une cuillère à café, simplement.
07:01Là, il faut assaisonner un peu, non ?
07:03Non, c'est un assaisonnement à part entière,
07:06mais c'est pour ça qu'il se met en petites portions
07:09dans une assiette avec autre chose
07:11pour booster l'effet d'apport de vitamines et de minéraux.
07:15C'est pour l'apport de vitamines que vous faites ça ?
07:18Pour la conservation des légumes,
07:20pour ne pas perdre une partie de ma production.
07:22Vous pourriez les congeler ?
07:24Non, mes préférées...
07:26La congélation ou la stérilisation thermique
07:28ont malheureusement des effets...
07:33des effets dommageables sur le produit.
07:35La lactofermentation est un bon moyen
07:38de booster notre microbiote.
07:40L'idée derrière tout ça, c'est vraiment un aliment santé.
07:44On l'a compris.
07:45La congélation, j'ai toujours entendu dire
07:47que ça préservait les vitamines, ça les booste peut-être pas.
07:51J'ai toujours entendu que c'était plutôt très bon.
07:54Là, c'est un effet multiplicateur.
07:56Si on doit faire un classement du top 3 de la conservation,
07:59la lactofermentation arrive en tout premier.
08:01Vous avez découvert ça ? Vous faites ça depuis quand ?
08:04Depuis 4-5 ans.
08:05Je crois que c'est une amie qui m'a offert un livre
08:08qui s'appelle Ni cru ni cuit, avec des recettes de lactofermentation.
08:12Je me suis essayée à cela, avec les produits de mon jardin.
08:16C'est très à la mode.
08:17Beaucoup de chefs poussent sur la fermentation.
08:20À l'heure où on parle du microbiote intestinal,
08:22de l'importance de préserver et de nourrir les bonnes bactéries
08:26que nous avons dans notre intestin,
08:29on a compris que la lactofermentation
08:31est un atout sérieux pour la santé.
08:33Ca fait plutôt cru, non ?
08:35Oui, mais c'est un peu cuit par la fermentation.
08:38Mais c'est fermenté, donc c'est un peu pourri sans pourrir.
08:41Pour ceux qui nous écoutent et qui découvrent la lactofermentation,
08:45quels légumes se prêtent le plus à la lactofermentation ?
08:48Est-ce qu'on peut tout... ?
08:50On peut tout lactofermenter,
08:52mais j'ai un exemple assez particulier.
08:54J'aime pas trop les bleds, les blettes, les cardes, les cardons.
08:58Je sais pas comment vous les appelez,
09:00mais les bleds, ma grand-mère les faisait en béchamel,
09:03gratinés avec du gruyère.
09:05C'était pas forcément le plat qui me parlait beaucoup
09:08quand j'étais petite, voire que je rechignais à manger.
09:11J'ai des bleds dans mon jardin,
09:13même pour la déco, parce que je trouve ça joli.
09:16C'est vraiment pour le côté visuel.
09:18Le vert des bleds, c'est bon,
09:19c'est après les côtes.
09:21Et donc, j'ai trouvé une recette de lactofermentation
09:24très intéressante, où vous coupez menu les bleds,
09:26vous les faites...
09:30Vous les mettez dans une semure pour leur faire rendre l'eau.
09:33À côté, vous préparez des carottes
09:35râpées avec de la sauce soja,
09:38un poêle de sucre,
09:40également un peu de piment,
09:42un peu d'ail.
09:43Voilà, tout ça mélangé.
09:46Et après, dans le pot,
09:48dans un bocal, vous tassez par couche.
09:50C'est très joli, c'est très visuel, très graphique.
09:53Ça apporte un peu de goût.
09:55C'est-à-dire qu'on ferme bien, hermétiquement,
09:58et c'est consommable qu'à partir d'un mois ou deux.
10:01Et le goût va évoluer tout au long.
10:03Vous pouvez garder ça 2 ou 3 ans.
10:05Un produit lactofermenté, c'est plusieurs années ?
10:08Il n'y a pas de date de péremption ?
10:10Je ne pense pas que ça soit imputraîcible.
10:12En revanche, effectivement, on peut les conserver longtemps.
10:16Au bout d'un certain temps, la fermentation s'arrête.
10:19Autrement, elle s'arrête.
10:20C'est consommable...
10:22Je ne sais pas combien d'années...
10:24C'est bien refrigérable ?
10:25Vous diriez ?
10:26C'est l'ancêtre de la boîte de conserve.
10:29Oui, voilà.
10:30Et ce produit...
10:31C'est pour ça que le sel, auparavant, était important.
10:34Les salaisons et les saumures qu'on faisait,
10:37la lactofermentation qu'on faisait à partir du sel,
10:40étaient vitales.
10:41Voilà pourquoi l'or blanc avait ce nom-là.
10:44A priori, si on est sur de la lactofermentation de l'aiguille,
10:48on ne prend pas de risque.
10:49Si jamais c'est pas très bon, ça va se sentir mauvais,
10:52vous n'allez pas le manger.
10:54Vous n'allez pas être malade avec un légume lactofermenté
10:57qui aura été en dehors de...
10:59Vous disiez que le chou était lactofermenté,
11:02le chou de choucroute.
11:03Ça ne se digère pas très bien, le chou de choucroute.
11:06C'est le sens des propres choux.
11:08On disait tout à l'heure que tous les légumes
11:10étaient lactofermentables.
11:12Il est vrai que le chou, à réputation,
11:14à l'instar des flageolets, etc.,
11:16d'avoir une difficulté à se digérer.
11:19C'est le propre chou et pas à la fermentation en elle-même.
11:22Ou lactofermenter des betteraves ou, par exemple, des blettes,
11:26comme je le disais tout à l'heure.
11:28C'est à la fois extrêmement bon.
11:30J'aurais dû vous en ramener la prochaine fois.
11:32Je vous en ramènerai un.
11:34Est-ce qu'on peut lactofermenter des courgettes, des betteraves ?
11:38Bien sûr, des carottes, tout ce que vous voulez.
11:40Il y a quoi dans le jardin, chez vous ?
11:43Il y a tout, et surtout, j'ai des serres
11:45qui me permettent de... Je suis à 800 m d'altitude,
11:48donc j'ai des serres qui me permettent de démarrer
11:50la production assez tôt, dans le printemps.
11:53Mais là, actuellement...
11:55On peut nourrir plus qu'une famille ?
11:57Oui, j'enfile aux voisins.
11:58Ah oui, c'est ça.
12:00Les échanges et le troc.
12:01Vous vous troquez ?
12:02Non, je ne fais pas les marchés.
12:04Peut-être pour ma future reconversion, on verra.
12:07Mais en tout cas, oui, j'en ai bien trop.
12:09C'est pour ça que je conserve et que je donne beaucoup
12:12à ce que je ne produise pas chez moi.
12:14Voilà, donc c'est...
12:16Il y a des bêtes aussi ?
12:17On a un petit cheptel, on a toute la basse-cour,
12:20pindades, poules, etc.,
12:22et puis quelques chèvres et chevaux.
12:24On peut lactofermenter les fromages ?
12:26Est-ce que c'est de la lactofermentation,
12:29les fromages ?
12:30Bonne question.
12:31Est-ce que le fromage n'est pas en lui-même ?
12:34Oui, parce qu'effectivement...
12:35À part la lactofermentation,
12:37êtes-vous sur des expérimentations,
12:39des expériences avec vos produits ?
12:41Est-ce que c'est un laboratoire, votre ferme ?
12:44Là, on a parlé de la conservation,
12:46mais moi, ce que je privilégie,
12:48c'est de manger du frais et de l'ultra-frais.
12:50C'est-à-dire que je vais chercher...
12:53Alors, bio, nécessairement,
12:54puisque forcément, les intrants que je mets,
12:57ce sont effectivement, voilà, tout ce que me fournit
13:00mes poules, mes chèvres et mes chevaux.
13:02Tout est naturel.
13:04Donc voilà, ce que j'amène dans le jardin,
13:06c'est la litière des animaux.
13:08Et eux se nourrissent de ce qu'il y a dehors ?
13:10Exactement. C'est un peu en chaîne fermée,
13:13mais voilà, à mon échelle, et encore une fois,
13:15c'est pas but commercial, en tout cas pas encore.
13:18C'est un concept de vie, quand même,
13:20c'est une philosophie de vie.
13:22Oui, et on va dire que c'est 60 % de mon temps,
13:25parce que j'ai encore une activité médiatique,
13:27et puis, voilà, donc je fais les deux,
13:29mais aujourd'hui, je pourrais pas m'en passer.
13:32Je rêve jardin.
13:33Quand je m'endors, le soir,
13:35je fais le tour de mon jardin et je me dis
13:37que là, je devrais plutôt implanter tel chemin de culture,
13:41plutôt ça, là...
13:42Il faut présenter, sinon, ça pousse.
13:44Voilà.
13:45Ca vous vient de votre famille, aussi, de votre grand-père ?
13:48C'est un peu quelque chose qui est revenu sur le tard.
13:51Mon grand-père faisait le jardin,
13:53alors j'ai toujours regardé et profité de manger
13:56des bons produits à table, mais sans m'y intéresser.
13:58Et comme un atavisme, c'est revenu à 30 ans.
14:01J'ai commencé, quand on a déménagé avec mon mari,
14:04j'ai commencé un petit peu à gratouiller,
14:06et c'est devenu obsessionnel.
14:08Vous n'étiez pas installés là par hasard ?
14:10Vous avez décidé de quitter la ville ?
14:12Oui, il y avait une démarche,
14:13mais pas forcément de mettre les mains dans la terre
14:16tous les jours et dès que j'ai cinq minutes.
14:18Alors que là, c'est...
14:20Oui.
14:21Mon plus grand bonheur, c'est de voir mes enfants,
14:24mon grand, qui a quatre ans,
14:25se régaler avec les produits du jardin.
14:28Il a les mains vertes, un peu.
14:30Complètement. Il est sérieux.
14:31C'est un fin connaisseur.
14:33Il connaît des choses que, à son âge,
14:35je ne connaissais pas,
14:36des choses extrêmement techniques.
14:38Il s'est nommé la fleur et la faune,
14:40comme un petit garçon de quatre ans.
14:42On n'apprend plus à l'école,
14:44on ne sait plus les petits gens dans les villes.
14:46Il a une porosité à tout ce qui l'entoure.
14:49Ca me réjouit au quotidien.
14:50Vous avez dénoncé mon côté caricatural,
14:53j'opine,
14:54mais chez vous, dans votre ferme,
14:56on mange autre chose que des produits lactofermentés ?
14:59Est-ce que vous vous lâchez ?
15:00Vous nous faites des belles entrecôtes ?
15:02C'est quoi, les plates, Fanny Agostinia ?
15:05Vos racines italiennes ?
15:06On veut faire simple.
15:07Corse, d'ailleurs.
15:09Corso Berniette, effectivement.
15:11Le fin gras du mésin,
15:12c'est effectivement une appellation
15:15très, très locale d'une race...
15:17Ce n'est pas une race bovine, d'ailleurs.
15:20C'est plutôt des bovins qui ont mangé
15:22certaines essences et certaines...
15:24Une composition florale sur le plateau du mésin,
15:27nourrie au foin pendant la période hivernale,
15:29ce qui parfume magnifiquement bien la viande.
15:32Une entrecôte, elle est retour dans la poêle.
15:34C'est juste magnifique,
15:36bien sûr, agrémentée d'une petite salade du jardin,
15:39mais j'adore.
15:40Vous mangez beaucoup de viande ?
15:42Pardon ?
15:43Vous mangez beaucoup de viande ?
15:45Vous êtes quand même assez militante.
15:47Non, j'en mange raisonnablement
15:49et avec, comme je vous le disais en introduction,
15:53avec, effectivement, un sourçage,
15:55là, pour le coup, je dois savoir...
15:57Très lisible, la traçabilité.
15:59...comment a été élevée la bête
16:01et où... Voilà, exactement.
16:02Et petit élevage extensif, obligatoirement.
16:05Je suis incapable de manger une entrecôte dans une brasserie.
16:08Si on me dit, effectivement, origine France,
16:11ça ne va absolument pas me parler.
16:13Quand ils disent origine salaire, ça ne suffit pas ?
16:16Non, parce qu'effectivement, il y a...
16:18Il y a des méthodes d'élevage qui...
16:21Voilà, qui ont besoin d'être regardées
16:24et passées au crible.
16:25On a quelques chèvres, on mange nos chevraux,
16:29voilà, on...
16:30Aujourd'hui, on ne peut pas...
16:32Vous êtes quasiment autosuffisante ?
16:34Non, non, non.
16:35C'est un...
16:36Entre l'autosuffisance fantasmée et ce que je fais,
16:39euh...
16:40Voilà, je pense qu'il y a, il y a, il y a...
16:43On a bien déplacé le curseur.
16:45En revanche, effectivement, je ne tends pas vers ce 100 %,
16:48parce que j'habite sur un territoire
16:50où il y a une diversité fabuleuse avec plein de producteurs.
16:53A 800 m de chez moi, il y a une ferme qui fait de la viande,
16:57mais aussi les yaourts, les glaces, les fromages,
16:59tout ce qui est...
17:01C'est supralocal.
17:02Je ne fais pas mon pain, je ne fais pas mon pain,
17:04mais sur un petit marché un petit peu underground,
17:07parce que ce n'est pas un marché qui est déclaré,
17:10voilà, une voisine qui, dans sa ferme,
17:13accueille le poissonnier, accueille les maraîchers, etc.
17:17Même le coiffeur qui fait...
17:19La coiffeuse fait du troc,
17:20coupe de cheveux contre panier de légumes.
17:23C'est drôle.
17:24A l'ancienne.
17:25C'est sympa.
17:26Vous reconnaissez que les restaurateurs
17:29font des efforts.
17:30On a de plus en plus d'établissements
17:32qui nous disent d'où vient la provenance.
17:34Votre combat paye auprès des professionnels.
17:37Oui, et puis au fil des scandales sanitaires,
17:39au fil, effectivement, de cette conscientisation
17:43grand public, bien sûr,
17:46aujourd'hui, je pense qu'on est un peu plus avertis
17:51et on a envie...
17:52Alors, je dis on, c'est peut-être pas bien
17:55de faire des généralités, évidemment,
17:57mais j'ai le sentiment qu'il y a cette recherche-là,
18:00en tout cas, qui n'est pas une lame de fond,
18:02mais qui existe, quoi.
18:04Voilà, de comprendre ce qu'on a dans l'assiette
18:07et de...
18:08Et de manger plus sain, peut-être.
18:10Voilà, et de ne plus souscrire à certaines pratiques
18:13d'élevage et d'une certaine forme d'agriculture nocive
18:16pour le vivant avec un grand V, et nous y compris.
18:19Alors, avec ce plat,
18:21vous nous avez proposé de boire du kéfi.
18:24Alors, le kéfir, c'est une boisson
18:26qui est issue de la fermentation du lait
18:28ou de jus de fruits sucrés.
18:30Ca se prépare en ajoutant des grains de kéfir,
18:32qui est un levain constitué de bactéries lactiques
18:35et de levure.
18:37Alors, celui-là a goût de citron.
18:39Sa particularité, c'est que c'est légèrement gazeux.
18:42Vous avez goûté, Jean-Pierre ?
18:43Et ses propriétés sont, soi-disant, diététiques
18:46et considérées comme improbiotiques.
18:48Donc, c'est pour ça, vous, que vous en buvez...
18:51C'était pour rester dans la thématique,
18:53pour qu'on tire le fil de notre conversation
18:56sur l'aspect santé, le microbiote intestinal, etc.
18:59Là aussi, ça va être un booster.
19:02C'est une boisson qui va nourrir les bonnes bactéries
19:05qui peuplent notre intestin et dont nous avons besoin
19:07pour rester nous-mêmes en bonne santé.
19:10Donc, vous en buvez beaucoup ?
19:11J'en fais à la maison. On m'a filé quelques graines.
19:14Après, c'est ultra simple.
19:16Vous mettez de l'eau, les graines de votre kéfir,
19:19du citron, une figue,
19:21et vous mettez ça dans des bouteilles de limonade,
19:24qui ferment hermétiquement.
19:25La fermentation démarre,
19:27et la boisson va se gazéifier naturellement.
19:29Pendant combien de temps ?
19:31Sept jours, à peu près.
19:32On peut faire ça avec plein de choses.
19:35C'est pas du gaz carbonique rajouté.
19:37Vous pouvez faire la même fermentation.
19:39C'est une limonade, avec du sureau, du lilas, par exemple.
19:42Peu de gens savent qu'avec un certain nombre de fleurs,
19:45on peut faire des boissons fermentées
19:48et naturellement gazeuses.
19:50Grâce à ce procédé.
19:51C'est pas mal. J'aime bien.
19:53Vous avez des fleurs aussi,
19:55qui sont comestibles, dans votre jardin ?
19:57Qu'est-ce qu'on a ? Je mets beaucoup de fleurs
20:00pour l'esthétique et pour attirer les pollinisateurs,
20:03pour qu'il y ait de la complémentarité
20:05dans le jardin et que les pollinisateurs
20:08donnent un coup de main pour que tout se pousse bien.
20:11J'ai des fleurs de bourrage, des fleurs de capucine,
20:14des soucis du calendula.
20:15Vous ne les mettez pas dans les plats ?
20:17Non.
20:19J'en fais des macérats, des trucs à mesure perdue, évidemment.
20:23On va continuer à parler alimentation
20:25et on va voir si vous êtes incollable.
20:27C'est le quiz.
20:32Pour fermer le chapitre lacto-fermenté,
20:35c'est pas grave.
20:36Pour ceux qui sont intéressés et qui n'ont pas le courage
20:39de les faire, comme Fanny,
20:41ça existe dans certains points de vente en boîte
20:44et on peut manger du kimchi, du chou, de l'hébétrave,
20:47de l'hébétrave fermentée à bon entendeur.
20:49Le quiz.
20:50A la présentation de Thalassa,
20:52avec, vous avez sillonné toutes les mers du monde,
20:55sauriez-vous nous dire de quel pays proviennent
20:58justement ces poissons fermentés ?
21:01Alors, l'igougnac, qui est un morse fermenté,
21:05ça fait partie... Ça vient de quel pays ?
21:07Vous avez au choix la Suède, le Soudan,
21:09le Groenland et la Malaisie.
21:11L'igougnac, le morse fermenté.
21:14Du morse fermenté ?
21:18Je dirais le Groenland.
21:20Enfin, le Grand Nord, le Suède ou le Groenland.
21:23Un ou trois.
21:24C'est bon, allez, un point.
21:26C'est le Groenland. Bravo.
21:28Le pécasame, qui est un poisson-chat fermenté.
21:32Là aussi, c'est très bon.
21:34Il faut aimer, mais c'est très bon.
21:36Vous avez déjà goûté ?
21:37Poisson-chat, c'est un poisson d'eau douce ?
21:40Oui, alors je sais pas.
21:41Je crois qu'il y a des poissons-chats aussi dans la mer.
21:44Dans quel pays on mange du pécasame
21:47en poisson fermenté ?
21:49Je dirais Malaisie.
21:50Très bien, Malaisie.
21:52Le fésique, ce sont des mulets.
21:56Ça, c'est quel pays ?
21:58Mulet, mulet, mulet et...
22:01Je mettrais les harangs en Suède et le mulet au Soudan.
22:04Voilà, vous avez raison.
22:06Le fésique, c'est le Soudan.
22:08Et les sorge-troming, ces fameux harangs,
22:11on peut en manger pas loin d'ici.
22:12C'est très bon.
22:13Donc, ça, c'est pour... Bravo.
22:15C'était votre domaine.
22:16C'est un peu loin, Thalassa. J'ai quelques restes.
22:19Oui, mais c'était aussi la fermentation.
22:22C'est pas si évident que ça.
22:24Alors, grâce à votre ancrage Auvergnat,
22:27vous connaissez forcément le tripou
22:29à base de ponce de veau et d'agneau.
22:31Sauriez-vous nous dire
22:33quelle ponce d'animal est utilisée dans ces recettes ?
22:36A, le U ventru de Corse.
22:39Oh, ben l'agneau, non ?
22:41Voilà où le veau.
22:43Le porc.
22:44C'est le porc.
22:45Ah, bon.
22:46Là, c'était... Pour vous, la Corse.
22:49Je suis allée trop vite.
22:50Alors, B, la falette d'Aveyron.
22:54Agneau.
22:55Agneau, bravo.
22:56L'andouille Béarnaise.
22:59Ben, le porc.
23:01Le porc.
23:02Et le loup piège-dénis.
23:03Le veau.
23:04Bravo.
23:06Je me suis précipitée.
23:09Quasiment insensé.
23:10Les choux sur la Corse.
23:13Tu vas pas être content.
23:14Pardon, papa, faute de caractère.
23:17C'est souvent autour de la table
23:19que se nouent les meilleures histoires,
23:21que se font les petites et les grandes histoires,
23:24et c'est la brève de Comptoir.
23:29Vanille Agostineau, on vous a demandé
23:31de nous raconter une histoire autour d'un repas,
23:34pourquoi pas en politique,
23:36mais pas forcément.
23:37Vous avez une anecdote pour nous ?
23:39Je le raconte qu'en surface,
23:41parce que c'était quand même assez inédit dans une vie.
23:44J'ai eu l'occasion de dîner à l'Elysée,
23:46en très petit comité,
23:48avec le président de la République et Brigitte Macron.
23:51À quelle occasion ?
23:53À l'occasion, effectivement, d'une invitation.
23:55Ce qui est assez surprenant, c'est que le jour où on m'a invitée,
23:59j'ai reçu un appel de l'Elysée, et je ne comprenais pas pourquoi.
24:02On m'a dit qu'on m'invitait à un dîner
24:05à l'occasion de la panthéonisation de Josephine Baker.
24:08J'ai demandé, mais je ne vois pas le lien.
24:11On m'a dit que j'avais fait les JO, donc encore moins.
24:14Il a fallu qu'on m'envoie l'invitation pour que je percute.
24:17Il se trouve que j'ai tourné mon émission
24:20en terre ferme avec le prince Albert II de Monaco,
24:23qui, lui, venait à Paris à la panthéonisation
24:26de Josephine Baker, et qui, le soir,
24:28dînait à l'Elysée et composait sa table
24:31avec des personnes qu'il avait envie de voir ce soir-là.
24:34J'ai eu l'honneur d'en faire partie.
24:36J'ai été à cinq autour de la table.
24:38J'ai eu l'invitation d'Albert II de Monaco,
24:40pour qui j'ai beaucoup d'amitié.
24:42C'est assez lunaire de se trouver en six petits comités
24:45à l'Elysée et de pouvoir échanger avec le président de la République
24:49lors duquel on n'a pas du tout parlé de politique.
24:52On a parlé de quoi ?
24:53Non, non, non, pas mal d'écologie.
24:55Et puis, effectivement, de la façon dont on avait rencontré
24:59les uns et les autres, Mgr Albert II de Monaco,
25:02quels étaient nos projets en cours et à venir.
25:04C'était sympa.
25:06Vous avez pu avoir un échange direct
25:08avec le président de la République.
25:10Il vous connaissait, il vous suivait.
25:12C'est le talent de tous les politiques
25:15de vous donner l'impression d'être important.
25:17Mais vous avez une petite fibre politique,
25:20puisque vous...
25:21C'est plus qu'actuellement.
25:23Effectivement, je m'étais présentée pour aider un ami
25:26qui a repris la mairie
25:28il y a... lors du dernier mandat.
25:31Pour l'aider à constituer une vie.
25:33Il est difficile, dans les petites villes,
25:35dans nos ruralités, ne serait-ce que de constituer une liste.
25:38J'avais prêté main-forte pour ça et par amitié pour lui,
25:42mais absolument pas encartée,
25:43absolument pas du tout politique au sens propre du terme.
25:47A l'Elysée, vous vous souveniez de ce que vous avez dîné ?
25:50Il y avait tellement...
25:51Je me souviens du plateau de fromage extraordinaire
25:54avec le prince Albert II de Monaco.
25:56On débattait sur le Saint-Nectaire,
25:58s'il était bien talonné ou...
26:00Des fromages d'Auvergne.
26:01Il y a un très beau plateau de fromage.
26:03C'est ça qui m'a marquée.
26:05C'est une bonne fourchette, Albert.
26:07Il mange bien.
26:08Pour assurer l'agriculture de demain
26:11et pallier au départ en retraite des paysans,
26:13un nouveau concept, la ferme collective,
26:16c'est le dessous des plats.
26:23Brigitte, c'est un concept dans le vent,
26:25la ferme collective, au moment où l'agriculture manque de bras,
26:29où les reprises d'exploitation agricole sont plus difficiles.
26:32Ca rassemble un tas d'avantages pour assurer la relève,
26:35comme le montrent ce reportage d'Hélène Bonduelle
26:38et de Marion Devauchelle, dans le Tarn.
26:43Sur la ferme de la Guilde de la Roque,
26:46il y a les trois maraîchers et éleveurs de poules pondeuses.
26:50On reprend la première vraie saison de la ferme 2024.
26:53Pour l'instant, on a des radis, des sucrines, du persil,
26:57des blettes et des fèves.
26:59On en a plus qu'à la semaine dernière, des fèves.
27:02Il y a aussi les deux brasseurs.
27:04Ici, ils récupèrent les drèches.
27:06Ce sont les déchets de la bière brassée.
27:09Dans le collectif Rien ne se perd,
27:12les déchets sont directement recyclés sur la ferme.
27:15Ca va servir pour les maraîchers ?
27:17Eux, ils paillent avec.
27:19Et quand c'est du bio, quand c'est la gamme bio,
27:22ils peuvent en donner aussi aux poules.
27:24Il y a aussi Romain,
27:26qui en utilise pour faire du pain.
27:29Il a fait du pain à la drèche et des petits gâteaux à l'apéro.
27:33Romain, c'est le paysan boulanger.
27:36Il s'est installé, il y a un an, lui aussi,
27:39dans la ferme collective.
27:41On est tous indépendants.
27:42Il y a trois entreprises, mais qui partagent un même lieu.
27:45C'est un open space, mais pour l'agriculture.
27:48Je ne pouvais pas le faire de manière indépendante
27:51parce qu'il y a trop d'investissement tout seul.
27:54Le choix de la ferme, l'allocation des terres tout seul,
27:57moi, je ne pouvais pas supporter ça avec mes petites épaules.
28:01Pour limiter l'endettement,
28:03les 6 paysans agriculteurs ont acheté les bâtiments
28:06et une partie du matériel en commun.
28:09Et ils sont locataires des terres.
28:11Je pense que je vais aller vider ça, là.
28:13Je commence à être lourde.
28:15Toi seul, tu portes tout sur toi, sur tes épaules.
28:19Là, nous, les poules, il faut s'en occuper tous les jours.
28:22Si on était seuls,
28:24on ne peut pas partir en week-end, on ne peut pas prendre de vacances,
28:28alors que là, on a quand même une certaine liberté.
28:31C'est devenu juste la course à l'agrandissement
28:35et être isolé dans son coin.
28:38C'est vrai que revenir sur du collectif,
28:40ça permet de se soutenir.
28:43Aucun n'est issu du milieu de l'agriculture.
28:47Et pourtant, les anciens propriétaires
28:49leur ont fait confiance.
28:51Ah ! Comment ça va ?
28:53Claudette et André, 90 ans,
28:57leur rendent visite régulièrement sur leur stand commun au marché.
29:01On voulait qu'il y ait un avenir sur l'exploitation.
29:06Il y avait des bâtiments, ça valait la peine d'engager quelqu'un
29:10qui puisse se multiplier par diverses choses.
29:16C'est ce qui arrive, alors tout va bien.
29:19Maintenant, ça ne dépend pas de nous.
29:21Moi, j'ai toujours pensé que c'était mieux de travailler ensemble,
29:27on était soutenus,
29:29parce qu'il y a beaucoup de jeunes agriculteurs
29:34qui se suicident maintenant.
29:36Je pense que c'est parce qu'ils sont trop seuls.
29:40Et il y a trop de choses à gérer,
29:44la pauvrerie, les investissements.
29:47Et quand on est seul, c'est trop difficile.
29:50Eviter l'agrandissement des fermes,
29:53faciliter les reprises d'exploitation
29:56en misant sur les fermes collectives.
29:58Lorsqu'on sait que dans 10 ans,
30:00la moitié des agriculteurs partiront à la retraite,
30:03c'est peut-être l'une des clés de la transmission.
30:09Vous n'êtes pas une agricultrice pur jus,
30:11mais vous avez une ferme.
30:13Est-ce que, parfois, ça vous donne des idées
30:15et vous vous dites, si je pouvais m'inscrire dans un projet collectif,
30:19ma ferme et d'autres fermes ?
30:21Peut-être un jour, effectivement, si j'en sens aussi la nécessité.
30:25Il y a quand même un maillage intéressant chez nous
30:28avec déjà tout ce qu'il faut.
30:30Pour l'instant, j'ai un métier parallèlement
30:33qui me permet de gagner ma vie, entre guillemets.
30:36Mais si un jour, je devais me reconvertir,
30:39je pense que je m'orienterais vers cette forme d'agriculture
30:42qui vient d'être présentée.
30:44Parce qu'être paysan, c'est 1 000 métiers en un.
30:47Et la dame sur le marché, elle a le pointé très bien.
30:53Il faut être plusieurs, pour assurer différentes tâches.
30:57C'est pour ça, aujourd'hui,
30:59que certains paysans ne s'en sortent pas,
31:01parce qu'ils sont tenus au collet
31:03par leurs investissements qu'ils n'arrivent pas à rembourser,
31:07mais parce qu'ils ne peuvent pas, en 24 heures,
31:11assurer l'ensemble des tâches,
31:13à la fois administratives, gérer le cheptel,
31:15faire la transformation.
31:17C'est dur d'être seul dans une exploitation.
31:20C'est un travail à la sainte.
31:21C'est une profession touchée par le taux de suicide.
31:24C'est hallucinant.
31:26Vous, par exemple, c'est un travail très physique,
31:29ce que vous faites.
31:30Oui, mais comme moi, j'ai pas de pression financière là-dessus,
31:34si je devais vendre, transformer, vendre ma production,
31:37là, je pense que j'aurais une pression différente.
31:40Et c'est pas le cas aujourd'hui.
31:42Aujourd'hui, effectivement, c'est physique.
31:44J'ai des... Voilà, je commence.
31:46Mais en fait, j'adore ça, ça me fait du bien.
31:49C'est plutôt mon échappatoire, mon exutoire et la façon...
31:52Entre le jardinage et la ferme.
31:54C'est ce qui me procure du bonheur dans la vie,
31:57mais c'est pas ce qui me permet de gagner de l'argent
32:01et de rembourser mon crédit, etc.
32:04Donc, effectivement...
32:06Mais je trouve cette forme de...
32:09C'est une sorte de gag,
32:10c'est une sorte de coopérative,
32:12voilà, agricole.
32:13Avec plusieurs métiers différents.
32:16En cas d'intempéries, on en a plus,
32:18en plus, qui déciment des exploitations agricoles.
32:21Si jamais vous avez une partie décimée,
32:23les autres parties, imaginons une production agricole,
32:26le cheptel peut permettre aux collectifs de survivre.
32:29C'est intéressant de s'associer avec d'autres types d'agriculture.
32:33Mais le modèle complémentaire,
32:35c'est ce qu'on appelle la polyculture élevage.
32:37Avec les groupements agricoles d'exploitation commune.
32:40C'est une loi d'avenir.
32:42Quand on sait que la moitié des agriculteurs
32:44partent à la retraite et qu'il n'y a pas suffisamment de candidats,
32:48qu'il ne faut pas stigmatiser les NIMA,
32:50les non-issus du milieu agricole,
32:52les personnes qui n'ont pas ces racines profondes paysannes,
32:55évidemment qu'on a besoin d'eux, qu'il ne faut pas les stigmatiser,
32:59qu'il faut que les politiques publiques
33:01aident à leur installation.
33:03La polyculture, vous connaissez bien ?
33:05Oui, c'est l'art de cultiver,
33:09d'avoir une production diversifiée.
33:12Quand vous cultivez, vous changez de culture ?
33:15Vous laissez reposer les sorts ?
33:16On sait qu'il y a ce qu'on appelle des fins d'azote
33:20lorsque vous avez une culture qui a pompé l'azote de votre sol.
33:23Il faut mettre...
33:25J'ai choisi qu'il y ait des fèves dans notre assiette ce midi
33:28pour en discuter.
33:29Les fèves vont capter l'azote atmosphérique,
33:32les petits pois aussi,
33:33et vont permettre à cet azote de s'infiltrer dans le sol
33:36et de nourrir le sol.
33:37Là aussi, c'est intéressant.
33:39Pourquoi notre alimentation doit être plus végétale ?
33:44Pour aussi, dans un souci purement écologique,
33:47pour lutter contre le changement climatique,
33:50parce que cette alimentation végétale
33:52va permettre de capter une partie des gaz à effet de serre
33:56présents dans l'atmosphère et d'enrichir les sols.
33:58C'est extrêmement intéressant.
34:00On a entendu beaucoup qu'il fallait réduire l'élevage,
34:03notamment la cour des comptes,
34:05parce que c'est pas bon pour le climat.
34:07Quel regard vous avez là-dessus ?
34:09Vous portez, vous ?
34:10Il ne faut pas être là non plus manichéen, caricatural.
34:14On parlait tout à l'heure du fin gras du mésin
34:17et d'un type d'élevage extensif.
34:19Ce qui est important de rappeler,
34:21c'est que les fermes ancestrales ont toujours fonctionné
34:24en termes de complémentarité et de chaînes fermées.
34:27Les intrants et la matière organique
34:30utiles pour les cultures,
34:32que ce soit les cultures céréalières
34:34ou les cultures en maraîchage,
34:36ont été amendées
34:39avec cette matière organique-là des animaux élevés sur place.
34:43Ce qui est important, je pense, aujourd'hui,
34:46c'est de redimensionner les fermes,
34:48de déspécialiser les régions
34:50et de retisser un maillage sur les territoires
34:54de diversité dans un souci, effectivement,
34:57de multiplier, de démultiplier la production sur place
35:00et de ne plus importer comme on le fait aujourd'hui
35:03et exporter.
35:04Les aliments voyagent plus que nous, c'est aberrant.
35:08Vous êtes contre l'importation d'aliments ?
35:11Je ne suis pas contre,
35:12mais aujourd'hui, on est arrivé à une situation paroxysmique
35:15où les produits alimentaires voyagent plus que nous
35:19et où les régions,
35:21si on parle de la France,
35:24sont plus capables d'alimenter leur bassin de population.
35:27Donc là, il y a quand même un non-sens.
35:29Question cruciale sur l'agriculture,
35:32c'est la transmission des exploitations, des savoir-faire.
35:35Vous, en Haute-Noire, voyez-vous que des exploitations
35:38ne sont pas reprises parce qu'il n'y a pas de jeunes
35:41qui veulent faire ce travail ?
35:43Est-ce que la ferme collective,
35:45ce n'est pas une solution pour faciliter cette transmission ?
35:48Les jeunes, même agriculteurs,
35:50ne veulent plus trimer comme leurs parents 365 jours.
35:53Bien sûr, mais on devrait tous pouvoir souffler,
35:56partir en vacances, y compris les métiers de l'agriculture
35:59et le métier de paysan.
36:02Donc, c'est une formule intéressante.
36:05Il y a des gaëques chez moi.
36:07Effectivement, la ferme d'à côté,
36:10c'est plusieurs personnes qui la gèrent avec plusieurs postes.
36:14Il y a de la transformation fromagère,
36:16de la transformation du lait à travers les yaourts,
36:19les glaces, les crèmes-desserts,
36:21mais il y a aussi un pôle viande.
36:23Donc, c'est super intéressant.
36:25C'est vrai que quand on a des bêtes,
36:27il faut s'en occuper tous les jours.
36:30Donc, il faut être là.
36:32Donc, oui, c'est une formule intéressante.
36:34Encore une fois, on a besoin de nos paysans.
36:37J'ai une amie d'enfance
36:39qui élève des brebis-ravas en Auvergne
36:41et qui me disait, à la fois très poétique,
36:44mais criant de vérité,
36:45quand on parle de biodiversité et d'espèces par appui,
36:49celles qui, effectivement, vont conditionner la survie des autres,
36:54on oublie peut-être le paysan.
36:57Peut-être que le paysan est une espèce par appui de l'humanité,
37:00si on peut le dire ainsi.
37:02Et je trouve qu'elle a fortement raison.
37:05Il faut absolument redonner ses lettres de noblesse
37:08à ce métier, le considérer
37:12comme un des métiers les plus essentiels et fabuleux.
37:17Et...
37:18Il faut les rémunérer.
37:19Et favoriser, effectivement.
37:21Si on ne retrouve pas de personnes qui veulent reprendre ces fermes,
37:25c'est parce qu'on en vit très mal et que c'est difficile.
37:28C'est mal rémunéré.
37:29C'est pour ça qu'il y a beaucoup de pédagogie à faire,
37:32peut-être aussi à travers votre émission.
37:35C'est un peu mon corps de métier.
37:37J'ai fait que ça depuis 15 ans,
37:38essayé de conscientiser, de faire de la pédagogie.
37:41Je crois qu'effectivement,
37:43le consommateur doit être aujourd'hui averti
37:46et faire des choix aussi en conscience.
37:48Quand vous avez des patates à 80 centimes le kilo,
37:51comment est-elle rémunérée, la personne qui a trimé
37:54pour faire sortir de terre ses pommes de terre ?
37:56C'est pas acceptable...
38:00...d'effectivement...
38:05...d'accorder une part importante de son budget
38:08à, peut-être, des choses accessoires et à, effectivement...
38:11Un peu liés entre fin du monde et fin du mois,
38:14mais c'est toujours la même difficulté.
38:17Nous avons tous aujourd'hui un iPhone dans la poche, etc.
38:21Enfin, un smartphone dans la poche, c'est peut-être...
38:25Il faut peut-être se poser différentes questions.
38:28La personne qui va vous dire qu'elle ne peut pas acheter du bio,
38:32en tout cas, chez le paysan du coin, c'est trop cher.
38:35Mais si t'as le dernier smartphone dans ta poche,
38:38on a plutôt envie de te donner une paire de claques.
38:41Parce que c'est carrément énervant.
38:43J'ai été frappée par les propos de Claudette,
38:46qui est assez émouvante.
38:47C'est la propriétaire, là, sur le marché.
38:50Elle m'a émue, parce que quand elle parle du suicide,
38:53elle dit que la ferme collective peut éviter
38:55de suicider. Est-ce que vous le voyez,
38:57ce phénomène des suicides en Haute-Loire,
39:00d'agriculteurs qui sont seuls et qui finissent par remourir ?
39:03Moi, j'ai pas été confrontée directement à cela.
39:06C'est simplement un récit d'un ami qui, effectivement,
39:10pendant la crise du lait, a voulu tout arrêter
39:12et a pensé à mettre fin à ses jours.
39:14C'est aujourd'hui un monsieur qui s'en est sorti par le haut,
39:18Bruno Gourdon, qui a créé une association
39:20qui s'appelle Éleveurs Autrement.
39:22Sa solution, c'était soit de mettre fin à ses jours,
39:25de tout plaquer, soit de revoir la façon
39:28dont il exerçait son métier.
39:30Il a eu beaucoup de courage,
39:31parce qu'il a fait ça tout seul dans son coin,
39:34il a décidé de réduire son cheptel,
39:36de vendre une partie de ses terres, etc.
39:39Et de reconsidérer ses animaux comme des êtres vivants
39:42et de reprendre du plaisir dans l'exercice de son métier.
39:45Aujourd'hui, il a créé une association
39:48où il forme, il a pris son bâton de pèlerin,
39:50il forme plein d'autres agriculteurs en Auvergne
39:53et partout en France.
39:55C'est une association, maintenant,
39:57qui compte des centaines et des centaines d'adhérents,
40:00de paysans. Ca a fait des petits
40:02et ça a créé aussi de l'entrain, de l'émulation
40:05avec des paysans qui ont lâché un modèle productiviste
40:08et qui arrivent à vivre de leur métier.
40:10Il ne faut pas avoir des besoins immenses,
40:13il ne faut pas avoir envie de se barrer au Maldives
40:16tous les quatre matins, mais ce sont des gens heureux.
40:19Ce sont des gens heureux.
40:21Et autour de moi,
40:23pour ce qui est de la Haute-Loire et de mon petit périmètre de vie,
40:26je vois des paysans, des éleveurs qui triment,
40:30qui triment et qui galèrent, effectivement,
40:34pour rembourser leurs investissements,
40:36pour avoir un retour sur investissement
40:38et pour vivre au quotidien.
40:40Ca me rend malheureuse pour eux, effectivement.
40:43Je me dis que c'est un peu le monde à l'envers.
40:46On va continuer à parler d'alimentation,
40:49mais d'alimentation pour les bébés.
40:51Le lait maternel qui a des vertus,
40:54et notamment pour les prématurés.
40:56Mais on manque de lait, on en parle et on met les pieds dans le plat.
40:59Musique dynamique
41:03...
41:05Connaissez-vous l'or blanc ?
41:06C'est le lait maternel, celui qui est bénéfique
41:09aux 3300 prématurés qui naissent en France chaque année.
41:12La pénurie est forte sur tout le territoire.
41:15Dario Borgogno, André Laffont et Yvan Hanavion
41:18se sont rendus dans un des 19 lactariums parisiens
41:22où il est précieusement collecté, analysé et congelé.
41:26Regardez.
41:28Ce bébé né il y a six mois n'est pas le seul à profiter du lait de sa maman.
41:32Depuis son accouchement, sa mère donne ses excédents de lait
41:36pour les enfants prématurés.
41:38Pendant ma deuxième grossesse, je suis tombée sur des témoignages
41:42de mamans qui ont eu des bébés qui sont nés prématurés,
41:45voire très grands prématurés.
41:47Ca m'a bouleversée.
41:48Un mois et demi ou deux mois après sa naissance,
41:51j'ai vu passer sur les réseaux sociaux un appel au don.
41:53J'ai appelé le lactarium, ce qui devait être
41:56un service de renseignement.
41:57Ca s'est transformé en un don directement.
42:00Et 24 heures après, j'avais un coursier qui me déposait
42:04tout le matériel pour faire le don de lait.
42:06Son lait tiré est alors conservé dans des biberons,
42:09dans son congélateur.
42:11Bonjour.
42:12Bonjour.
42:13Un collecteur vient les récupérer toutes les trois semaines.
42:16Direction ensuite l'hôpital Necker,
42:20enfants malades.
42:21Première étape, compter la quantité du don.
42:24La quantité exacte, pour la maman, nous avons 3,6 litres.
42:27Après une congélation de 48 heures,
42:30le lait est préparé dans le lactarium de l'hôpital.
42:32L'un des 19 en France a accepté et a redistribué
42:36le don de lait maternel.
42:38Certaines mamans ne peuvent pas laiter
42:40ou, le temps que leur lactation se mette en place,
42:42n'ont pas de lait, alors qu'elles accouchent prématurément,
42:45souvent des bébés de moins de 1 500 grammes.
42:47Ces nouveaux-nés ne peuvent pas être nourris
42:50avec autre chose que du lait de femme.
42:51Le seul substitutif au lait de leur propre mère,
42:54qui n'est pas encore disponible, c'est le lait de don.
42:56Le lait maternel protège ces extrêmes prématurés
42:59contre des complications qui peuvent être mortelles
43:02en période néonatale.
43:03Essentiellement, les protéger contre des infections.
43:06Ca améliore aussi leur croissance,
43:09leur devenir neurologique.
43:11Ca prévient aussi certaines pathologies
43:13qui pourraient développer quand ils seront des futurs adultes.
43:17Une fois pasteurisé,
43:19le lait est délivré en service néonatalogie
43:22pour nourrir, souvent par sonde,
43:24les nouveaux-nés, comme Alban, grand prématuré.
43:26J'ai accouché le 3 avril.
43:28Alban était prévu à la base pour le 24 juillet.
43:30Quand on vous annonce qu'il n'a que 710 grammes, 25 semaines,
43:36c'est très dur.
43:37Quand on m'a expliqué le pourquoi du comment
43:39et qu'on m'a dit que ça pouvait aider mon fils,
43:40à aucun moment, ça me dérange d'avoir du lait d'autre maman
43:44et que je ferais pareil pour d'autres bébés.
43:46Alban, aujourd'hui, il a un mois et une semaine.
43:49Il fait 1,13 kg.
43:50On avance gentiment, mais doucement, et ça fait plaisir.
43:53En région parisienne,
43:543 300 prématurés profitent de ces dons de lait.
43:57En France, 50 000 litres sont collectés chaque année
44:00pour environ 10 000 donneuses.
44:04Fanny Aghestini, vous avez vu ce sujet.
44:07Vous venez d'avoir un 2e enfant,
44:09et vous êtes très sensibilisée à cette question du lait maternel.
44:12J'imagine que vous avez allaité ?
44:14Oui, et j'allais toujours mon petit bébé.
44:16Il a 7 mois.
44:17Et vous comptez l'allaiter jusqu'à quel âge ?
44:21Je ne sais pas.
44:22Non, j'ai pas de... C'est un peu lui qui me dira.
44:26Je ne sais pas. Pour l'instant, il en a toujours besoin.
44:29Pourquoi vous dites qu'il en a besoin ?
44:31Il a besoin de lait.
44:32Il a besoin de lait, mais pas forcément de lait maternel.
44:35C'est-à-dire que...
44:37C'est intéressant, parce qu'il y a un fil conducteur
44:39dans notre conversation depuis le début.
44:42Ce que va inoculer la maman à travers le lait maternel,
44:46ce sont... Le lait évolutif, le lait maternel,
44:49est très différent à la naissance d'un petit nourrisson
44:52et sur un bambin d'un an.
44:55C'est très différent.
44:56Et donc, la maman continue à inoculer des bonnes bactéries
45:00qui vont venir peupler, ensemencer
45:02le microbiote intestinal de l'enfant.
45:04Avant 2 ans, on est vraiment sur la construction de la bonne santé.
45:08Donc, ça va effectivement être impactant sur sa santé,
45:12sur le long terme, en tant qu'adulte.
45:14On parlait de lait maternel pour les prématurés.
45:17On entend aussi, aujourd'hui,
45:20qu'un bébé peut très bien se porter sans lait maternel.
45:23Vous n'êtes pas d'accord ?
45:24Il peut très bien se porter sans lait maternel.
45:27Aujourd'hui, on fait quand même des liens...
45:30Des études dans des revues médicales spécialisées
45:33font des liens entre maladies inflammatoires,
45:35maladies chroniques, et la façon dont un bébé a été nourri
45:39avant sa 3e année.
45:42Il y a des liens forts, aujourd'hui, qui sont réalisés.
45:45Les conditions de naissance, bien sûr.
45:47Si l'enfant a bu le colostrum ou pas,
45:49c'est-à-dire le premier liquide qui sort du sein de sa maman
45:52à la naissance,
45:53il y a une incidence aussi sur certaines maladies.
45:59Et ça peut paraître hallucinant,
46:02mais sur aussi l'autisme, sur des choses comme ça.
46:05On se saurait si un enfant autiste...
46:08C'est des analyses...
46:09C'est des... Alors, on entend rarement
46:12des enfants plus malades qui n'ont pas eu de lait maternel.
46:15Et des allergies aussi.
46:17C'est intéressant d'en parler.
46:18Vous avez la conviction qu'en donnant du lait à votre enfant,
46:22vous avez un enfant qui sera plus fort,
46:24mieux immunisé...
46:25C'est effectivement les études récentes
46:28et des revues médicales spécialisées
46:32qui en parlent et qui font le lien très clairement.
46:35On dit souvent que...
46:38Voilà, tout ce qui est...
46:41naturel, forcément, ne peut pas faire de mal,
46:45mais aujourd'hui, des études scientifiques poussées
46:48montrent qu'il y a un lien entre le peuplement des bactéries
46:51à l'intérieur de l'intestin d'un individu
46:53et la façon dont il a été alimenté avant sa troisième année.
46:57Voilà. Donc, je ne prends pas de risque, à mon sens,
47:00en tout cas...
47:01On l'a vu, il y a une pénurie de lait maternel.
47:03Vous avez donné votre lait ?
47:05J'ai donné au Lactarium Overnheim, le Lactarium Lara.
47:09Non pas que j'avais un surplus,
47:11mais en tout cas, bon, j'ai fait cet effort-là.
47:14Pour les petits prématurés.
47:16Et je pense que, voilà, c'est à l'instar du don du sang,
47:19c'est un geste qu'on peut considérer comme altruiste.
47:22On donne la vie en donnant son lait.
47:24Vous saviez qu'il y avait cette pénurie ?
47:26Oui, oui. Et parce que, l'année dernière,
47:29j'ai effectivement entendu une info
47:32qui m'a un peu atterrée.
47:35Aux Etats-Unis, il y a eu une pénurie de lait artificiel,
47:38une grave pénurie, au point que, effectivement,
47:40des familles étaient complètement en panique.
47:43Politiquement parlant, ça a créé du tumulte à la Maison-Blanche.
47:47Parce qu'il y a un oligopole aux Etats-Unis
47:50qui s'occupe de la mise sur le marché du lait artificiel.
47:54Et dès qu'il y a...
47:55Ça n'échappe pas aux principes de l'industrialisation.
47:58Dès qu'il y a un couac dans les chaînes de production,
48:02ou d'approvisionnement, il n'y avait plus de lait.
48:06Moi, ça me fait effectivement sauter au plafond.
48:09Parce que je me dis, en tant qu'espèce,
48:11on est malgré tout des mammifères,
48:13en tant qu'espèce humaine, on n'est pas capables,
48:16aujourd'hui, de subvenir collectivement.
48:18Quand on le peut, effectivement.
48:20Il y a plein de cas de figure.
48:22Il y a des femmes, aujourd'hui, qui ne peuvent pas allaiter.
48:25Heureusement, effectivement, que le lait artificiel existe.
48:28En revanche, quand on peut,
48:30est-ce qu'il y a un encouragement suffisant dans les maternités ?
48:33J'ai accouché dans une maternité qui a le label
48:35Amis des bébés, et ils sont très pro-allaitement.
48:38Ils sont dans l'encouragement.
48:40Ils ne vous disent pas, la première nuit,
48:42on va prendre votre bébé.
48:44Ca peut être assez stigmatique de vous dire
48:46qu'il faut donner le lait maternel.
48:48C'est pour ça qu'il faut pas que ce soit une injonction.
48:51Mais dans le sens inverse aussi.
48:53Depuis les années 80, ma grand-mère n'a pas allaité ma mère,
48:57et ma mère ne m'a pas allaitée.
48:58Depuis les années 80, et même un peu avant,
49:01l'allaitement, c'était considéré, effectivement,
49:04comme pas forcément...
49:05C'était considéré comme une astreinte de la femme,
49:08mais pas forcément comme un aspect
49:10de l'émancipation de notre condition.
49:13En revanche, dans des pays comme la Suède ou la Finlande,
49:16c'est considéré comme quelque chose d'extrêmement féministe
49:20que de pouvoir avoir le temps de prendre de soin
49:22de son petit bébé au-delà de ses trois mois.
49:25C'est aussi très culturel.
49:26C'est extrêmement culturel.
49:28On voit jamais en France une femme qui donne son sein
49:31dans un bar, sur une terrasse, alors que dans plein de pays étrangers...
49:35En tout cas, j'ai fait ça hier dans le bus.
49:37Moi, j'ai pas dérangé.
49:38Bravo.
49:40Je fais ça de manière très naturelle.
49:42Il n'y a pas trop de questions à se poser.
49:44Mais vous savez qui m'a motivée à l'été,
49:46parce que j'avais pas forcément de projection
49:49avant mon premier accouchement ?
49:51C'est mon dentiste.
49:52Mon dentiste.
49:53C'est-à-dire que j'étais enceinte,
49:55et donc, il commence un petit détartrage.
49:58Il me dit, Mme Lagossi, vous pensez à l'été votre fils ?
50:01Je lui dis... Je pensais de quoi je me mêle.
50:03Il m'explique qu'il n'y a pas de dysharmonie dentaire
50:07chez les mammifères.
50:08C'est très rare de voir un cheval, un chien,
50:11ou je ne sais quel mammifère, avec les dents au vrac.
50:14C'est très propre, finalement, à notre espèce,
50:16d'avoir recours systématiquement à l'adolescence, à l'orthodontie.
50:20Donc, il m'explique ça.
50:22Et il m'explique que, surtout,
50:24la sussion du sein versus la sussion d'une tétine de biberon
50:27n'est pas du tout la même
50:29pour la sollicitation de la musculature de la face.
50:32C'est beaucoup plus passif, le biberon versus le sein,
50:35qui demande un peu un effort au bébé.
50:37Ca va conditionner non seulement la forme du visage,
50:40légèrement,
50:41mais aussi l'implantation des dents du futur adulte.
50:44C'est très intéressant.
50:46Je dirais le revoir à l'adolescence de mes enfants.
50:49Si vous n'avez pas eu de lait maternel,
50:51j'ai eu un gros chantier à l'adolescence.
50:54Bon, allez, tout le monde a fini.
50:57Vous voulez lancer un appel.
50:58Il faut que les femmes donnent leur lait,
51:01parce qu'il y a des pénuries souvent dans les laboratoires.
51:04Pas d'injonction, en revanche.
51:06Je pense que c'est plutôt un appel
51:08aux sages-femmes et aux maternités,
51:11plutôt, l'encouragement et la facilitation
51:14lorsqu'une femme manifeste ce désir-là.
51:17Je pense aussi que la société n'est pas organisée
51:20pour que les femmes puissent, au-delà des trois mois,
51:22quand elles reprennent le travail, continuer à laiter leur enfant.
51:26Tirer du lait, ça va cinq minutes.
51:28Ma limite est arrivée là, quand j'étais en tournage
51:31et que j'ai commencé à tirer du lait.
51:33Je préfère qu'embarquer mon fils.
51:35J'ai eu cette possibilité sur mes tournages.
51:38C'est compliqué de venir au bureau avec son enfant.
51:41On ne peut pas avoir un congé maternité qui dure...
51:44Pourtant, en Suède et en Finlande,
51:46le congé maternité va au-delà
51:47pour que les femmes puissent avoir cette liberté-là.
51:50Voilà.
51:51Et ce droit, on n'ouvre pas pas.
51:53Il faut choisir.
51:55Non, mais c'est un sujet.
51:56C'est culturel, c'est sociétal, ce que vous voulez,
52:00mais, effectivement, et d'un point de vue santé,
52:04voilà, penchons-nous sur les études récentes
52:07et regardons-y de plus près,
52:09parce que ça nous indique quelque chose d'intéressant.
52:12On a fini. On va passer au dessert,
52:14ou plutôt, non, au fromage. C'est votre péché mignon.
52:18Musique rythmée
52:20Oui, Brigitte, pas de dessert, pas de sucré
52:23en guise de dessert, mais du fromage,
52:25mais pas n'importe lequel,
52:26produit sur les terres volcaniques d'Auvergne.
52:29Sur ce plateau, on compte quatre stars de l'Auvergne.
52:33Il y a le Saint-Nectaire, le Salers, le Blo d'Auvergne
52:36et un petit nouveau que je ne connaissais pas, le Gapron.
52:40C'est une préparation fromagère avec de l'ail.
52:42Il ne faut pas avoir personne à embrasser derrière.
52:45Comme le boursin. Plus fort, encore.
52:47Ca, c'est du Gapron au lait de vache,
52:49mais je crois qu'il existe aussi du Gapron au lait de chèvre.
52:52Je parle sous votre contrôle.
52:54J'imagine. Je pense que vous avez raison.
52:57La spécificité, c'est la forme,
52:58c'est un espèce de cahier à l'intérieur,
53:01et l'ail qui est très présent.
53:02Oui, ça, c'est sûr.
53:04Alors, lequel vous préférez dans ces...
53:06Vous goûtez, Brigitte ?
53:07J'ai un pire.
53:08Lequel vous préférez ?
53:10Le Saint-Nectaire, ça reste le Saint-Nectaire.
53:12C'est le messe du fromage.
53:14Le Saint-Nectaire.
53:15J'ai fait partie, effectivement, d'un jury,
53:18il y a 2-3 ans,
53:19où j'en ai goûté 40 dans la même journée.
53:22Et il faut qu'il soit bien détalonné,
53:24donc bien bombé au niveau du bord et de la croûte.
53:27C'est un indicateur.
53:29D'accord.
53:31Donc là, c'est un beau Saint-Nectaire.
53:33La couleur, ça doit, effectivement,
53:35plutôt tirer vers le jaune.
53:37Quand il est trop palichon et trop blanc,
53:39ça veut dire qu'il est peut-être moins gras, moins crémeux.
53:42Et pas trop de petits trous,
53:44ce qu'on appelle des bouti...
53:46Je sais plus comment ça s'appelle.
53:48Il ne faut pas qu'il soit trop perforé.
53:50Là, c'est très bien.
53:52Et la croûte, elle a une bonne couleur.
53:54Elle est jolie, la croûte.
53:56La croûte est jolie.
53:57Certains la mangent.
53:59Oui.
54:00Il y a plusieurs écoles où on mange la croûte.
54:02Je pense que c'est bon.
54:04Fanny Agostini, c'est sûr qu'elle mange la croûte.
54:07Parce que là, le truc...
54:08Pas de sucre ?
54:10Non ?
54:11C'était plus parce que vous vouliez parler de...
54:13J'aime, effectivement,
54:15les desserts et les plats sucrés,
54:19mais en revanche, j'allaite encore mon enfant,
54:22qui a sept mois et qui, effectivement,
54:25malgré tout, il faut dire ce qu'il est,
54:28ça fatigue un peu.
54:29Ça donne faim et ça fatigue.
54:31Une des manières de rester dans l'énergie,
54:33même si j'allaite et je dors peu,
54:35c'est de ne pas manger de sucre.
54:37Le fait d'avoir réduit, voire éliminé,
54:39quasiment le sucre de mon alimentation,
54:42pour un temps, pour une parenthèse,
54:44ça m'aide à avoir de l'énergie
54:46que je n'aurais pas si, effectivement,
54:48j'en consommais à nouveau.
54:50Ça m'aide à fonctionner, on va dire.
54:52On reste sur le fromage.
54:53On va écouter une musique,
54:55celle que vous avez choisie pour terminer cette émission.
54:58Musique rythmée
55:00Ils voulaient trouver mieux
55:02Que son long pain de terre
55:04Que son vieil arbre tordu au milieu
55:08Trouver mieux que la douce lumière
55:11Du soir près du feu
55:12Qui réchauffait son père
55:14Et la troupe entière
55:16De ses aïeux
55:18Soleil sur les murs
55:20De poussière
55:21Ils voulaient trouver mieux
55:23C'est peut-être pas la plus connue,
55:25mais Francis Cabrel, c'est...
55:27C'est votre chanteur préféré ?
55:29Non, c'est surtout cette chanson-là.
55:31Et ce qu'elle permet de faire résonner en moi,
55:34c'est une ode à la ruralité,
55:36et peut-être effectivement à apprécier,
55:39à savoir chérir ce que l'on a.
55:41Moi, je me suis pas fourvoyée en quittant la ruralité
55:44pour venir à Paris et pour travailler à BFM TV,
55:47présenter Thalassa, etc.
55:48Mais j'avais pas réalisé, effectivement,
55:51que tout ce que je...
55:54Le terreau dans lequel j'ai grandi était mon essentiel, quoi.
55:57Aujourd'hui, j'ai pris un ticket sans retour
56:00et je pourrais pas revenir habiter dans la minéralité.
56:03Merci d'avoir fait le déplacement jusqu'ici pour cette émission.
56:06Quand vous êtes à Paris,
56:08pour les fromages d'Auvergne, le bon goût fermier.
56:11Très bonne adresse.
56:12Merci, Jean-Pierre.
56:13Merci à vous tous de nous avoir suivis.
56:16A la semaine prochaine
56:17pour un nouveau numéro de Politique à table sur LCP.
56:20SOUS-TITRAGE ST' 501