• il y a 6 mois
Députée écologiste de Haute-Garonne, Christine Arrighi est opposée au projet d'autoroute A69 qui doit relier Castres à Toulouse. Député « Renaissance » du Tarn, Jean Terlier y est favorable. Ils sont respectivement rapporteure et président d'une commission d'enquête parlementaire qui étudie le montage juridique et financier de ce projet. LCP les a suivi tous les deux lors d'une visite de terrain parfois mouvementée où leurs désaccords sont apparus au grand jour.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 Je suis force de proposition et je ne me contente pas de faire de la politique politicienne.
00:05 Je fais ici des propositions qui sont aujourd'hui des propositions pour eux.
00:09 C'est grâce à la commission d'enquête, M. Terlier, que je sache que ce n'est pas Renaissance
00:12 et qui a proposé une commission d'enquête sur ce dossier et qui permet, ce faisant,
00:16 que vous rencontriez des collectifs que vous n'aviez jamais rencontrés.
00:19 Bonjour, je suis Christina Righi, je suis députée de la 9e circonstitution de Haute-Garonne
00:40 et rapporteur de la commission d'enquête sur l'A69, chantier sur lequel nous sommes.
00:45 Ma question est la question que se posent les écologistes et évidemment tous celles et ceux
00:49 qui ne sont pas favorables à cette autoroute, c'est la pertinence d'une infrastructure en 2023,
00:55 en 2024, à l'heure du dérèglement climatique qui pourrait être évité.
01:01 Bonjour, Jean Terlier, député de la 3e circonscription du Tarn.
01:04 L'autoroute A69 va permettre de désenclaver le sud du Tarn.
01:08 Elle va pouvoir redonner de l'attractivité à ce territoire qui en manque cruellement.
01:13 Les forces vives du sud du Tarn demandent la réalisation de cette infrastructure autoroutière depuis plus de 30 ans.
01:21 Leurs circonscriptions sont à une cinquantaine de kilomètres l'une de l'autre.
01:26 Jean Terlier est député du sud du Tarn dans la région de Castres.
01:30 Christina Righi est élue de Haute-Garonne au sud de l'agglomération toulousaine.
01:35 Ces deux circonscriptions devraient bientôt être rapprochées par l'autoroute A69,
01:40 actuellement en construction.
01:42 Elle mettra Castres à 35 minutes de Toulouse contre 55 aujourd'hui.
01:47 Jean Terlier et Christina Righi s'investissent tous les deux sur ce dossier.
01:51 Ils sont respectivement présidents et rapporteurs d'une commission d'enquête parlementaire
01:57 qui étudie le montage juridique et financier de la future autoroute.
02:01 Le travail se fait surtout à l'Assemblée au fil des auditions.
02:06 Mais ce jour-là, les parlementaires débarquent sur le chantier pour une visite de terrain.
02:14 Les deux députés vont pouvoir confronter leur vision du projet.
02:19 - Voici.
02:20 - On a en réalité deux viaducs qui sont identiques, côte à côte.
02:27 Un viaduc pour le sens Toulouse-Castres et un viaduc pour le sens Castres-Toulouse.
02:31 Donc aujourd'hui, on est en train de construire les murs-gares de grève.
02:34 Ensuite, il y aura du remblai.
02:35 On devrait pouvoir circuler dessus à l'horizon de cet automne.
02:38 - On a, voilà, une mise en circulation qui est prévue pour l'année 2025.
02:43 Est-ce que c'est un timing qui va pouvoir être respecté ?
02:47 - Des fois, les conditions de travail ne sont pas toujours simples,
02:49 parce qu'on a des fois de l'obstruction quand même à notre chantier,
02:52 ou même des fois des agressions vis-à-vis de nos personnels.
02:55 On a eu 4 engins qui ont brûlé, donc on a effectivement des obstructions de ce type-là.
02:59 Néanmoins, comme il y a un tracé sur 53 km, il y a de quoi travailler partout.
03:02 Donc on peut néanmoins avancer.
03:04 - Faire avancer les travaux, un défi,
03:07 tant la construction de cette autoroute suscite des contestations.
03:11 Des dizaines de collectifs ont vu le jour et organisent régulièrement des manifestations.
03:17 On y vient de toute la France et même de plus loin.
03:20 L'activiste suédoise Greta Thunberg s'est même rendue sur place.
03:24 Si la plupart de ses actions se sont déroulées pacifiquement,
03:27 certaines n'ont entraîné d'erreurs avec la police,
03:30 notamment sur cette voie ferrée qui se trouve juste à côté du chantier
03:34 que visitent les députés.
03:36 - C'est important de voir comment les opposants à l'autoroute
03:39 ont la capacité de bloquer une voie ferrée,
03:41 alors que de l'autre côté, vous êtes les premiers à promouvoir le rail.
03:45 C'est le paradoxe de...
03:46 - Mais si vous cherchez la polémique, M. Tavanzerlier,
03:49 vous ne la trouverez pas avec moi, donc c'est pas la peine.
03:51 - Non, c'était pas la polémique.
03:52 - Non, non, si, si, vous cherchez la polémique permanente.
03:54 - Simplement vous interroger sur la cohérence.
03:55 - Non, mais je vous le dis, ne cherchez pas la polémique avec moi,
03:58 vous ne la trouverez pas.
04:00 Non, parce que je ne veux pas répondre, je ne cherche pas la polémique,
04:02 et donc vous ne me trouverez pas sur cette polémique.
04:04 - Vous avez quand même entendu le directeur de Tosca venir vous dire
04:07 qu'il y avait eu, dans les 15 derniers jours,
04:10 4 engins de chantier qui ont été brûlés.
04:11 - Non, je pense que c'était ça.
04:12 - Donc on ne peut pas nier cette réalité que les anti-autoroutes
04:14 usent de manière violente.
04:16 - Puisque pour la 53e fois, je vous dis que je dénonce les actions violentes.
04:19 Si ce chantier donne lieu à de vives tensions politiques,
04:24 c'est d'abord en raison de son impact sur l'environnement.
04:28 Devant les parlementaires, à Tosca, l'entreprise concessionnaire
04:32 se veut rassurante.
04:34 - C'est une autoroute qui a été vraiment adaptée
04:36 au dernier standard de ce qui peut se faire en termes d'environnement.
04:39 Aujourd'hui, vous avez, par exemple, des ouvrages de franchissement
04:41 pour la faune, pour la grande faune, pour l'hydraulique.
04:44 Je pense qu'effectivement, il y a des personnes
04:45 qui souhaitent aller vers une transition écologique,
04:48 une transition énergétique à marche forcée,
04:51 et qui ont pris cette autoroute comme symbole, peut-être,
04:54 et qui ne connaissent pas ce projet.
04:56 Un projet symbolique, sans doute parce qu'il pose cette question.
04:59 Peut-on encore construire des autoroutes en 2024 ?
05:03 - C'est un chantier qui n'a pas de sens.
05:05 Si on n'arrive pas à se réinterroger à chaque fois
05:08 sur la pertinence de ce type de projet,
05:10 eh bien, nous continuerons à avoir +1,5, +2.
05:14 Et on sait très bien qu'est-ce que c'est que d'avoir une France à +4 degrés.
05:19 - Je pense que dans le choix du concessionnaire qui a été fait,
05:20 il a été fait parce qu'il était le mieux disant
05:22 d'un point de vue des compensations environnementales.
05:25 On sait que demain, cette autoroute,
05:26 elle permettra de désenclaver le sud du Tarn, enfin.
05:29 - Le désenclavement, c'est le principal argument
05:34 mis en avant par les défenseurs de l'A69.
05:37 Aujourd'hui, la circonscription de Jean Terlier n'est reliée à Toulouse
05:41 que par une route nationale et une ligne TER.
05:44 A la sous-préfecture de Castres,
05:48 le député a voulu que les membres de la commission
05:51 rencontrent des partisans du projet.
05:53 - Ce qu'on voudrait, c'est quand même profiter un peu
05:58 de l'expansion de Toulouse.
06:01 Donc, si on n'a pas de voie de communication moderne,
06:04 on n'attirera aucune entreprise sur notre territoire ou très peu.
06:08 Et en plus de ça, il y en a qui partiront.
06:10 On en a besoin.
06:11 Et si on veut faire vivre notre territoire,
06:12 il faut qu'on l'ait rapidement et dans la sérénité.
06:16 - Nous, en tant que transporteurs routiers,
06:19 cette autoroute, elle est plus que vitale.
06:21 Elle va nous apporter en premier temps de la sécurité.
06:24 Sur autoroute, il y a beaucoup moins d'accidents que sur la nationale.
06:26 Elle va nous apporter un gain de temps.
06:28 Pendant 30 mois, j'ai dû aller sur les trois plateaux hospitaliers
06:32 de Toulouse et ça quotidiennement.
06:34 Et quand vous êtes malade, je peux vous dérentir
06:36 que c'est un sacré parcours du combattant.
06:38 - Cette majorité silencieuse aujourd'hui qui s'est exprimée,
06:45 c'est des habitants de ce territoire.
06:47 On ne fait pas une autoroute par coquetterie,
06:49 mais on fait une autoroute parce que c'est devenu nécessaire
06:51 pour les salariés de ce territoire,
06:52 pour les habitants de ce territoire,
06:54 pour les entreprises de ce territoire
06:55 qui l'attendent depuis plus de 30 ans.
06:57 - Castre est relié par une route nationale,
07:00 par une route, par une voie ferroviaire et par un aéroport.
07:04 Donc comme territoire enclavé, il y a pire en France.
07:07 Plutôt qu'une autoroute, Christine Arrigui aurait préféré
07:12 une modernisation de la route nationale existante
07:16 et une amélioration de la liaison ferroviaire.
07:19 Mais maintenant que le chantier est bien avancé,
07:22 avec plus de la moitié des engagements financiers
07:24 déjà réalisés, la rapporteure de la commission se bat
07:28 pour limiter l'impact environnemental.
07:30 C'est elle qui a inscrit à l'agenda la visite suivante.
07:37 Le cortège parlementaire s'enfonce dans une forêt
07:42 pour accéder à une zone humide.
07:45 Ces terres, qui y abritent une précieuse diversité biologique,
07:48 pourraient être affectées par l'autoroute
07:50 qui passera à proximité immédiate.
07:54 C'est sur ces endroits-là qu'il y a une population de jacinthe de Rome.
07:59 Alors la jacinthe de Rome, c'est une plante protégée en France
08:02 qui vit essentiellement en Occitanie et dont on a sur ces deux parcelles
08:07 les populations les plus importantes du Tarn.
08:10 Pour ce scientifique qui a mené une contre-expertise,
08:13 l'autoroute bloquera en amont les eaux souterraines qui irriguent ces terres.
08:17 Une analyse qui donne lieu à discussion.
08:20 Il y a quelque chose qui est très clair,
08:22 c'est qu'aujourd'hui il y a un contentieux
08:24 qui est devant les juridictions administratives
08:26 et qui va déterminer si les arguments de M. Thaubat sont probants.
08:30 Ils sont en tout cas contestés, ça nous a été dit par le concessionnaire.
08:34 Je voudrais aussi rappeler que dans le cadre des compensations environnementales
08:38 il a été prévu qu'on restaure deux fois plus de zones humides
08:42 que celles qui ont été impactées
08:43 et que cette restauration de deux fois plus de zones humides
08:46 sera contrôlée dans le cadre d'un comité de suivi
08:48 des mesures compensatoires et environnementales.
08:51 Vous prenez vos réalités, vos désirs pour des réalités
08:56 parce que 50% des zones humides de la compensation
08:59 ne peuvent pas devenir zones humides
09:00 tout simplement parce qu'il y a une incohérence dans l'arrêté préfectoral.
09:04 L'arrêté préfectoral dit...
09:06 Il y a un comité de suivi qui permettra de vérifier si oui ou non...
09:08 Le comité de suivi des compétences PIPO...
09:09 Ah bah voilà, tu veux commencer à contester l'autorité de l'État ?
09:12 Tu veux commencer à contester l'autorité de l'État ?
09:14 Les membres qui commencent le comité de suivi,
09:16 ça va être compliqué.
09:19 Ces désaccords techniques alimentent les débats
09:22 au sein de la commission d'enquête.
09:25 Dans ce contexte, la rapporteure écologiste Christine Arrigui
09:29 entend bien se montrer intraitable face aux concessionnaires de l'autoroute.
09:35 Le sujet, c'est que si tout le monde,
09:36 toutes ces personnes-là en termes d'activité productiviste
09:40 avaient raison, on ne serait pas dans la situation
09:42 de dérèglement climatique dans laquelle nous sommes.
09:44 Et comme nous sommes dans cette situation
09:47 par le fait de ces erreurs accumulées,
09:49 nous disons attention à partir du moment où on touche à la nature,
09:53 on touche à la terre,
09:56 eh bien soyons le plus respectueux possible.
09:59 En fait, nous ne faisons que promouvoir ce qui est mis en œuvre dans la loi
10:03 et qui a été porté, y compris ce gouvernement.
10:06 Éviter, réduire, compenser.
10:09 Avant de rentrer à Paris,
10:13 les députés ont une dernière visite sur un site bien spécifique du chantier.
10:18 C'est ici que sera installée dans quelques mois
10:21 une centrale à enrober temporaire.
10:23 Elle produira le bitume qui couvrira la route.
10:27 Des membres de collectifs inquiets des possibles nuisances
10:30 pour la santé et l'environnement ont été conviés.
10:34 Le patron d'Atosca va tenter, une nouvelle fois, de rassurer.
10:39 Aucun risque pour la santé, aucun risque en termes de pollution
10:44 ou en termes de santé pour les riverains.
10:46 Et ce à quoi nous nous sommes engagés dans ce contexte d'écoute du territoire,
10:52 c'est mettre en place un programme de contrôle renforcé
10:55 par rapport à ce qui se fait traditionnellement.
10:57 Une précision complémentaire,
11:00 on voit que les premières habitations sont très éloignées.
11:03 Est-ce que vous avez évidemment répertorié
11:05 tout ce qu'il y avait autour de cette centrale à enrober ?
11:08 Je ne peux pas vous laisser dire
11:09 que les habitations les plus proches sont très loin.
11:13 Mes amis habitent cette maison qui est à 200 mètres
11:16 et qui subissent déjà des nocivités à l'heure actuelle.
11:22 Là, on n'est pas du tout à 200 mètres.
11:24 Entre la fin de la montagne noire et le jardin de mes amis.
11:32 Et ce quartier qui subissent déjà les poussières
11:35 et qui ne peuvent plus ouvrir la fenêtre de leur cuisine.
11:40 Ce que je veux redire quand même ici clairement,
11:42 c'est que des centrales à enrober,
11:44 il y en a 500 qui fonctionnent en France.
11:45 500 qui fonctionnent un peu partout.
11:48 C'est des techniques qui sont quand même aujourd'hui reconnues
11:50 et qui fonctionnent.
11:51 À nous maintenant de mettre en place
11:53 les programmes de contrôle qui vont bien.
11:55 On ne peut pas préjuger aujourd'hui
11:56 que cette installation, elle dysfonctionnera.
12:00 Les crispations autour de ce chantier
12:02 auront jalonné toute cette journée de visite,
12:05 à l'image des tensions récurrentes
12:07 qui apparaissent entre Christina Righi et Jean Terlini.
12:12 C'est un classique des commissions d'enquête parlementaires.
12:15 Présidents et rapporteurs sont souvent sur des positions différentes
12:18 afin de garantir une forme d'équilibre dans les travaux.
12:23 La vivacité d'une démocratie,
12:24 c'est justement que nous puissions débattre.
12:26 Évidemment, quand on ne partage pas le même diagnostic sur un projet,
12:31 ça donne lieu à des contradictions
12:33 et à des éléments évidemment qui ne sont pas forcément consensuels.
12:38 Mais la vivacité d'une démocratie, je pense que c'est celle-là.
12:40 Si on avait des commissions d'enquête qui étaient simplement à charge
12:44 et sans aucune contradiction, sans aucun débat,
12:46 et avec que des accords, ce serait peut-être fade.
12:50 Et donc c'est bien que sur des sujets aussi importants que l'autoroute A69,
12:54 dans le cadre du chantier qu'on a pu constater aujourd'hui,
12:57 qu'on ait ces échanges qui sont toujours les bienvenus.
12:59 Les travaux de la commission vont se poursuivre jusqu'à la remise du rapport.
13:05 Elle est prévue pour la mi-juillet
13:07 et pourrait bien donner lieu à de nouvelles tensions
13:10 entre députés pro et anti A69.
13:13 [Musique]

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