7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Vivatech 2024: jusqu'où l'intelligence artificielle va bouleverser nos vies?

  • il y a 4 mois
Comme chaque année, Viva Technology prend ses quartiers Porte de Versailles, à Paris. Au menu de cette édition 2024, toujours plus d'intelligence artificielle et des invités de marque. 

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00:00 [Musique]
00:05 Vivatech qui ouvre ses portes aujourd'hui au Parc des Expos et qui sera ouvert au public à partir de samedi.
00:09 Avec nous ce matin, un invité exceptionnel, Luc Julia.
00:13 Vous êtes ingénieur, vous êtes aussi le co-inventeur de Siri, la petite voix de nos téléphones portables,
00:19 l'intelligence artificielle qui comprend nos questions orales et qui y répond aussi.
00:24 On va parler beaucoup, quasi exclusivement d'ailleurs, d'intelligence artificielle pendant ce salon Vivatech.
00:30 Et la première question qu'on avait envie de vous poser Luc ce matin, c'est que c'est vrai qu'on est partagé entre la fascination
00:37 et l'angoisse face à l'intelligence artificielle. Vous aussi ?
00:40 Non. Moi je pense qu'il faut respirer un tout petit peu, se calmer avec la hystérie.
00:45 C'est assez rassurant.
00:47 Voilà, exactement. Soyons rassurants parce que la vérité c'est qu'on en fait ce qu'on a envie d'en faire.
00:51 D'accord ? Donc on va juste... Il faut comprendre déjà, il faut s'éduquer, il faut comprendre comment ça marche.
00:58 Une fois qu'on comprend comment ça marche, alors c'est pas la peine d'être ingénieur pour comprendre comment ça marche,
01:02 une fois qu'on a compris un tout petit peu, on peut se dire qu'on peut utiliser à bon ou à mauvais escient.
01:06 Parce que Luc, le sentiment qu'on a, c'est qu'on est dépassé, on est dépassé par la machine,
01:11 qu'elle va devenir plus forte que nous, qu'elle va prendre le pas sur nous.
01:15 Tout à l'heure on parlait par exemple avec Lorraine des artistes, des doubleurs, des voix françaises,
01:23 qui ont peur d'être remplacés par l'intelligence artificielle.
01:26 Il y a des tâches qui vont être remplacées, ça c'est sûr, mais c'est la vérité pour toutes les technologies depuis la nuit des temps.
01:31 Les tâches sont remplacées, les métiers c'est beaucoup plus difficile à remplacer.
01:34 Les métiers créatifs, en l'occurrence ici, ne vont certainement pas être remplacés par des machines.
01:38 Les machines ne créent pas. Les machines elles ne font qu'imiter des choses de temps en temps,
01:42 alors effectivement pour les voix dont on parlait tout à l'heure, c'est un peu compliqué parce qu'on peut imiter ces voix.
01:48 Mais par contre la créativité, c'est-à-dire ce qui va sortir de la personne elle-même,
01:53 ça c'est beaucoup plus compliqué pour une machine à créer.
01:57 Encore une fois, les machines, c'est pas probable qu'on ait appelé ça IA générative, on n'a pas appelé ça IA créative.
02:03 On fait souvent le lien et on fait souvent l'amalgame, mais il ne faut pas,
02:06 parce que ces IA ne sont pas créatives, elles sont génératives.
02:09 Justement, comment faut-il comprendre ça, que ces machines, ces intelligences ne créent pas, mais qu'elles génèrent ?
02:15 C'est-à-dire qu'elles vont chercher des informations sur les réseaux.
02:20 Ces informations peuvent être justes ou peuvent être fausses.
02:23 Et c'est ce que vous dites, c'est qu'elles sont souvent fausses.
02:25 Elles sont souvent fausses, enfin souvent, il faut un peu aussi modérer le propos.
02:30 La vérité c'est qu'en gros aujourd'hui, quand on parle de Tchadjipiti, Tchadjipiti 4 l'an dernier,
02:36 en gros, la base de données, si vous voulez, c'est tout Internet.
02:41 Et on sait tous que sur Internet, il y a des trucs vrais et des trucs faux.
02:44 Il y a plus de trucs vrais que de trucs faux, mais en gros, considérez qu'il y a une trentaine de pourcent de choses qui sont fausses.
02:51 Et donc ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que l'IA est à l'image de ça,
02:56 c'est-à-dire que de temps en temps, il y a des choses qui sortent qui sont fausses.
02:59 Ce qu'on reproche à l'IA, c'est aussi d'aller chercher, par exemple dans le cadre de l'art,
03:05 c'est d'aller piller quelque part des choses qui sont protégées normalement par le droit d'auteur,
03:12 par exemple dans les dessins, d'aller chercher le trait d'autres dessinateurs.
03:16 Et ça c'est très intéressant parce que la réalité c'est que, encore une fois, c'est basé sur des vrais, sur des données,
03:21 c'est basé sur des données qui existent, sur des données du passé, parce qu'on n'a pas les données du futur.
03:26 Et donc ce que ça fait, c'est que ça fait une sorte de mélange de ces données.
03:31 Ces données peuvent avoir été pillées par les OpenAI, parce que c'est ce qu'ils avaient à disposition,
03:36 ils l'ont pris et puis ils ont fait ce qu'ils avaient à faire.
03:38 Maintenant, de plus en plus, ceux qui créent les intelligences artificielles, ils font attention à ça,
03:42 et ils font attention à ne prendre que les choses auxquelles ils ont droit.
03:46 Ce qui fait que maintenant, ce qui est généré va être de plus en plus des choses légales.
03:50 Mais c'est vrai que jusqu'à hier, ce n'était pas le cas.
03:54 Ça veut dire qu'il faut que la loi dise "ça c'est permis, ça, ça n'est pas permis".
03:57 Vous savez, c'est exactement comme... Finalement, les IA, parce qu'il y en a de multiples et variées,
04:03 ce sont que des outils. Et l'outil, quel qu'il soit, il faut qu'on décide collectivement à un moment
04:09 comment on l'utilise, ce qui est bien et ce qui n'est pas bien.
04:11 Moi, je comporte souvent une intelligence artificielle à un marteau.
04:13 Le marteau, on l'utilise à bon escient pour planter le flou, on a tous décidé que c'est super.
04:17 Mais le marteau, si j'utilise pour vous taper sur la tête, on a tous décidé que ce n'était pas bien.
04:20 C'est exactement ça, les IA. Il faut qu'on décide collectivement quel est le bon usage.
04:25 - Quels outils vous impressionnent le plus aujourd'hui avec l'intelligence artificielle
04:28 et quel usage vous en avez-vous dans votre vie quotidienne, par exemple ?
04:31 - Ce qui est impressionnant, c'est vrai que ce qui est de la limitation des voix aujourd'hui,
04:36 moi je suis assez sensible aux voix, je suis assez sensible à tout ce qui est reconnaissance de la parole
04:40 et production de la parole, c'est quand même impressionnant ce qu'on arrive à faire aujourd'hui
04:44 dans la fluidité et dans la capacité. Quand on se rappelle des call centers,
04:49 des choses qu'on appelait qui étaient des voix insupportables,
04:51 on en arrive à raccrocher au bout d'une seconde et demie, là maintenant c'est quand même pas mal.
04:55 La façon dont moi j'utilise et dont on va tous utiliser de plus en plus,
04:59 c'est à travers ces fameux assistants. Petit à petit, il y a en Syrie qui a un vieux assistant maintenant,
05:04 mais ces assistants vont nous aider dans la vie quotidienne, dans nos métiers
05:09 ou dans la vie de tous les jours pour faire des tâches. Ils vont être là pour nous aider.
05:14 Moi, la façon dont j'utilise, à la maison par exemple, j'ai ce qu'on appelle une smart home,
05:19 une maison intelligente et j'ai plein de petits assistants qui m'aident à faire les tâches quotidiennes,
05:23 ouvrir les volets et les choses comme ça.
05:25 C'est de la domotique ?
05:26 C'est de la domotique, c'est ce qu'on appelait la domotique dans les années 70.
05:29 Parfois, ça garde !
05:31 On arrive aujourd'hui à la faire marcher justement avec ces assistants qui vont nous aider
05:36 à faire des choses qui ne sont pas tellement agréables, qui sont fastidieuses
05:39 et qui vont être prises en charge par ces IA, mais toujours sous notre contrôle.
05:43 C'est ça qu'il faut bien faire.
05:44 On va revenir vers vous dans quelques instants, on va faire un petit crochet par Vivatech.
05:49 C'est l'aspect médical avec Cédric Fech, le reporter de première édition.
05:52 Vous êtes avec les fondateurs de, j'espère que je prononce bien, Galéon,
05:55 qui ont développé un logiciel médical. Qui sert à quoi ?
05:58 Ils prononcent à la française ici, ils disent Galéon.
06:03 Alors, un logiciel informatique pour la santé, effectivement.
06:06 Je vous entendais parler avec l'inventeur de Siri de la donnée.
06:09 C'est vraiment le nerf de la guerre, les données médicales, c'est ça ?
06:12 C'est ce que vous collectez ?
06:13 Exactement, en fait, nous on collecte, comme vous pouvez le voir ici,
06:15 les données, température, âge, maladie, etc.
06:18 Et donc la force de Galéon, c'est de collecter ces données-là
06:21 et de bien les ranger, de bien les structurer,
06:23 pour qu'on puisse ensuite les exploiter pour l'intelligence artificielle,
06:27 et du diagnostic, etc.
06:28 C'est un logiciel qui est installé pour l'instant dans 16 hôpitaux en France.
06:31 Évidemment, c'est en train de se développer.
06:33 Et alors, je suis maintenant avec le médecin.
06:35 On va se mettre à la hauteur de ce document-là pour avoir une application pratique.
06:40 En fait, qu'est-ce qu'elle permet l'intelligence artificielle avec votre logiciel ?
06:43 Ce qui est bien dans l'IA, c'est que, vous savez, le médecin,
06:46 il a son expérience, sa pratique de vie, mais elle est limitée,
06:49 puisqu'il a vu quelques centaines, voire quelques milliers de patients.
06:52 Avec l'IA, on va avoir l'expérience de milliers de médecins
06:55 qui auront vu des millions de patients.
06:57 Et donc, grâce à l'IA, ça va permettre de détecter des petits signaux de maladie
07:01 que le médecin, lui, n'aurait pas vus ou n'aurait pas remarqué.
07:03 Par exemple, là, sur une échographie d'une femme enceinte,
07:06 l'IA, elle va voir quoi ?
07:08 Elle va collecter des moyennes,
07:11 elle va repérer des anomalies qu'un médecin ne peut pas toutes connaître.
07:15 Tout à fait. Prenons l'exemple d'un médecin qui, dans sa pratique,
07:19 il est fatigué, c'est la fin de la journée,
07:21 et finalement, il n'aura pas vu un petit détail qui est hyper important.
07:24 L'IA, elle, elle n'est pas fatiguée.
07:26 L'IA va lui dire, tiens, fais attention, il y a cet élément-là,
07:28 l'enfant, il a peut-être un problème,
07:30 et du coup, ça va permettre de le traiter très tôt
07:32 et justement d'éviter des complications.
07:34 Donc, on n'est vraiment qu'au début, parce que les datas, les données,
07:37 elles ne sont pas toutes encore super bien collectées,
07:39 mais une fois qu'on aura mieux collecté, mieux rangé ces données,
07:42 l'IA, elle va vraiment exploser.
07:44 Raphaël ?
07:45 Oui, sur l'IA médicale, finalement, on arrive au meilleur garde-fou,
07:48 l'intelligence artificielle, c'est ce qu'on appelle la responsabilité.
07:51 C'est-à-dire que si demain, dans l'imagerie, vous avez un médecin
07:53 avec de l'IA qui va aider à analyser les images,
07:56 in fine, la responsabilité, c'est le médecin.
07:59 On parlait de générer des textes.
08:01 Si demain, en tant que journaliste, je publie quelque chose
08:04 qui a été rédigé par Tchad GPT, j'engage ma responsabilité.
08:07 Et donc, finalement, le meilleur garde-fou,
08:09 et c'est le terme outil qui est très important,
08:11 parce que c'est un outil, mais derrière, la personne,
08:14 entre guillemets, ou l'entreprise qui livre le produit de l'IA
08:17 engage sa responsabilité.
08:19 Et donc, c'est vraiment, et d'ailleurs, c'est à ce niveau-là
08:21 qu'il y a aussi de la réglementation, et c'est vraiment ça,
08:23 l'enjeu essentiel.
08:24 Mais justement, Luc Julia, est-ce que vous n'avez pas
08:26 une vision un petit peu romantique ?
08:27 C'est-à-dire que là, on voit que tout est basé
08:29 sur la collection des données.
08:31 Ces données, elles ne sont pas protégées, finalement ?
08:33 Pas suffisamment ?
08:34 Pour que ça marche, il ne faut pas qu'elles le soient, en fait ?
08:36 Ça dépend.
08:37 En fait, elles peuvent l'être.
08:39 On ne veut pas piller, justement.
08:41 Il faut faire attention à piller.
08:42 Ça dépend du genre de données.
08:43 C'est pour ça qu'on fait ce qu'on appelle l'open source.
08:46 Donc, il y a beaucoup, maintenant, de ces IAs.
08:49 C'est-à-dire que les données sont ouvertes ?
08:50 Les données sont accessibles, ouvertes, effectivement.
08:52 Donc, les données, les algorithmes.
08:53 Donc, ça, ça permet, effectivement, de vérifier
08:55 et d'avoir la communauté qui va regarder
08:57 si on n'est pas en train de voler des choses.
08:59 Mais bon, tout n'est pas open source.
09:01 Donc, des fois, c'est un peu gris, tout ça.
09:04 C'est même, enfin, c'est revendiqué, d'ailleurs,
09:06 par certaines boîtes comme OpenEye, sur la culture,
09:09 d'utiliser, de baser, on va dire, leurs données
09:12 sur des contenus qui sont protégés par le droit d'auteur.
09:15 Ils le disent.
09:16 Ils disent, nous, on entraîne notre IA sur des données
09:19 et sur des musiques, des vidéos,
09:21 qui sont protégées par le droit d'auteur.
09:22 Finalement, quelle est la différence entre ça
09:24 et un artiste qui va produire une chanson
09:25 en s'étant inspiré de la musique qu'il a écoutée ?
09:27 Ça, c'est un enjeu juridique important aussi.
09:29 Merci beaucoup.
09:30 - Merci beaucoup. - Passionnant.
09:32 - Merci beaucoup d'être venu nous voir ce matin sur la plateau de première édition.

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