• il y a 7 mois
Analyser en temps réel des images de vidéosurveillance pour signaler des comportements suspects. Repérer automatiquement la plaque d'immatriculation d'un véhicule recherché. Retrouver des criminels de guerre en Ukraine. Tout cela sans aucune intervention humaine. L'intelligence artificielle en train de révolutionner le monde de la sécurité. Des logiciels intelligents de ce type seront utilisés pour assurer la sécurité des Jeux olympiques de Paris cet été, de manière officiellement très encadrée. Mais la loi est en retard, prise de vitesse par des algorithmes surpuissants et des entreprises parfois peu scrupuleuses, qui vont jusqu'à remettre en cause la notion même de vie privée. Difficile pour les forces de l'ordre de résister aux promesses de la reconnaissance faciale ! Quentin Baulier, Jeremy Muller et Nicolas Duchêne ont enquêté en France, aux États Unis, en Ukraine. Tous surveillés, la révolution IA, un document Ligne Rouge pour BFMTV.

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Transcription
00:00 La petite ville de Chicopee, dans le Massachusetts, est à l'avant-garde de ce bouleversement technologique.
00:07 Un passé industriel, mais le futur est déjà là, niché dans les caméras de vidéosurveillance.
00:13 - On a ici une caméra multicapteur, une caméra 360 et trois caméras lecture de plaque.
00:21 Eric Watson est le numéro 2 de la police, chargé de la recherche et du développement.
00:28 Il vient de s'équiper du logiciel dont il rêvait depuis des mois.
00:32 Avec son téléphone portable, il a accès à toutes les caméras de la ville en temps réel.
00:38 - Regardez, c'est cette voiture-là. On va la voir passer sur mon écran.
00:43 - On peut même envoyer un drone en l'air, envoyer la vidéo dans Fusus et chaque officier y a accès directement, depuis son ordinateur ou son téléphone.
00:57 Fusus, c'est le nom de ce logiciel qui fait fureur chez les policiers américains.
01:03 La solution de vidéosurveillance ultime, accessible de partout, presque sans limite.
01:09 - C'est une application à base de cartes qui s'appuie sur toutes les caméras disponibles.
01:21 Ici, pas de mur d'écran surdimensionné, mais un seul moniteur.
01:26 Et surtout pas besoin de policier pour le scruter.
01:29 C'est une intelligence artificielle qui se charge d'analyser toutes les images de la ville.
01:34 - Je vais vous donner un exemple de l'efficacité.
01:38 Si je tape le numéro de la plaque d'immatriculation de ma voiture, regardez cette image.
01:43 C'est ce matin, 7h30. J'arrivais du boulot.
01:46 - Est-ce qu'on peut essayer avec notre voiture ? Vous nous avez vu arriver ?
01:50 - Votre plaque d'immatriculation ?
01:52 - 36B-IZ2.
01:55 En quelques secondes, l'intelligence artificielle retrouve les images de notre voiture sillonnante chicopie le jour même.
02:03 Le policier peut bien sûr être alerté quand un véhicule recherché entre dans la ville.
02:16 L'IA nous a aussi identifié en train de filmer les caméras de vidéosurveillance, dont la qualité est par ailleurs bluffante.
02:24 - Vous pouvez chercher une voiture ou un camion, mais ça va encore plus loin.
02:30 Au besoin, si vous savez qu'un suspect était dans une zone avec un pull rouge ou une veste rouge,
02:34 il vous trouve toutes les personnes qui sont passées avec un vêtement rouge.
02:41 L'officier de police commence seulement à découvrir le potentiel du logiciel.
02:46 Les serveurs viennent d'être installés dans le sous-sol du commissariat.
02:50 Une dépense de 150 000 euros par an, l'équivalent des salaires de deux policiers.
02:56 - L'intelligence artificielle est installée dans ces serveurs et elle analyse des centaines de caméras en ce moment même.
03:07 Et elle nous les envoie sur le cloud, où on y a accès.
03:10 - Avoir des yeux sur des centaines de caméras, je n'ose même pas imaginer combien ça coûterait.
03:14 Analyser les images en temps réel, au moment où elles arrivent.
03:17 Et rien ne lui échappe.
03:19 Tout ça avec juste ces petits serveurs qui prennent peu de place.
03:22 Et vous n'avez pas à payer tous ces gens à être assis.
03:25 On est très excités.
03:28 Ça faisait des années qu'on voulait avoir un truc de ce genre.
03:31 Et enfin, c'est installé chez nous.
03:34 Le logiciel FUSUS repousse une autre limite.
03:38 En plus des caméras publiques de la ville, il peut aussi analyser les images des caméras privées installées par des entreprises ou des particuliers.
03:47 - Vous pouvez installer ça chez vous ou dans votre entreprise.
03:54 Et là, même topo, ça enregistre et on y a accès depuis le cloud si on en a besoin.
03:58 Dans son monde idéal, aucun espace public de la ville n'échappera plus aux caméras intelligentes.
04:06 Alors, Eric Watson et ses collègues sillonnent Chicopy pour convaincre des habitants de brancher leurs caméras à FUSUS.
04:14 - On est toujours en train de regarder où on peut mettre de nouvelles caméras, de chercher des commerces par exemple qui souhaitent coopérer.
04:21 Ici, par exemple, on est ravis que le commerçant est accepté parce qu'il est à proximité d'une école.
04:34 Jack tient une petite entreprise de menuiserie.
04:37 Il n'a pas hésité longtemps quand la police lui a proposé d'acquérir le boîtier, moyenne en 250 dollars.
04:46 - Il y a deux caméras ici et une autre dans l'angle qui filme cette zone.
04:53 Cette caméra permet de voir le parking et le carrefour.
04:56 Il y a deux autres caméras à l'avant du bâtiment qui filment dans cette direction et tout le long de la rue.
05:04 Dans quelques jours, ces six caméras seront connectées en direct avec le poste de police.
05:10 Et tous les mouvements captés passeront dans la moulinette de l'intelligence artificielle.
05:15 - Les policiers utilisent un réseau qui est déjà en place, dont ils n'ont pas besoin d'acheter des caméras et moi non plus.
05:26 C'est un gain de sécurité puisqu'ils peuvent observer tout ce qui se passe dans le quartier.
05:31 - Ce serait un long processus pour mettre de nouvelles caméras en place.
05:35 Entre le début du projet, l'achat puis l'installation du matériel, ça aurait pris des mois.
05:40 Alors qu'il nous a suffi de venir ici, de livrer notre boîtier.
05:43 Ça ne prend que quelques jours. On acceptera toutes les bonnes volontés.
05:47 - Vous en espérez combien ?
05:51 - C'est dur à dire. On a pris un premier abonnement pour traiter jusqu'à 1500 caméras, ce qui serait fantastique.
05:59 Je ne sais pas si c'est réaliste, mais on fait tout pour.
06:02 De l'autre côté de la rue, Tracy a elle aussi fait le choix de collaborer.
06:14 - 1, 2, 3... Nous avons 9 caméras extérieures.
06:26 Pourtant, à bien y réfléchir, elle admet que l'omniprésence des caméras
06:31 impacte déjà son comportement dans l'espace public.
06:34 - C'est comme ça, quand vous allez à l'épicerie, vous êtes filmé.
06:41 Vous allez au parc, jouer avec vos enfants, vous savez que vous allez être filmé.
06:48 Tout est sous surveillance. En tout cas, tout le monde est sous surveillance.
06:54 En tout cas, c'est ce que je pense.
06:56 Je prends ça en compte dans tout ce que je fais en public.
07:03 Si je veux faire n'importe quoi, c'est mon choix.
07:06 C'est le monde dans lequel nous vivons, malheureusement, parfois.
07:09 - À quel point notre vie privée est-elle menacée ?
07:13 - Je ne sais pas, c'est une question difficile.
07:20 - Je pense que nous sommes très respectueux de la vie privée des habitants.
07:24 Dire que nous perdons notre droit à la vie privée quand on est dans l'espace public...
07:28 Vous êtes dans l'espace public, donc tout le monde peut vous voir.
07:32 Et si vous avez des caméras, elles ne font que voir ce que d'autres auraient pu voir.
07:37 - Je pense que c'est une question de respect.
07:45 de toute perspective publique.

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