À trois semaines des élections européennes, un constat s’impose : les différentes campagnes auxquelles nous assistons sont particulièrement machistes. Prenons l’exemple de Manon Aubry, tête de liste de La France Insoumise, qui se retrouve quasiment éclipsée par Jean-Luc Mélenchon. Le constat est le même lorsqu’on observe la campagne de Valérie Hayer, tête de liste Renaissance. Explications avec la chronique politique de Nathalie Schuck, journaliste politique au Point.
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NewsTranscription
00:00 Alors, on est à trois semaines des élections européennes
00:02 et on va en profiter pour pousser un petit coup de gueule.
00:05 Parce qu'on n'a jamais vu une campagne aussi machiste.
00:08 Quand on regarde plusieurs des candidats de tête de lit se démener
00:11 pour s'imposer dans leur propre camp, on a un petit peu mal.
00:14 Je pense d'abord à Manon Aubry, à El-Effi,
00:17 qui est quasiment éclipsée par Jean-Luc Mélenchon
00:19 et la juriste franco-palestinienne Rima Hassan.
00:22 Exit les thèmes qu'elle voulait imposer sur la lutte contre l'austérité,
00:26 la création d'un impôt sur la fortune européenne
00:28 ou la neutralité carbone en 2040.
00:30 Non, sa campagne est totalement cannibalisée
00:33 sur ordre du chef de l'LFI par la guerre au Proche-Orient.
00:37 Pire, Mélenchon a carrément décrété que cette campagne était un petit peu la sienne
00:41 puisqu'il s'agit, selon lui, du premier tour de la présidentielle de 2027.
00:45 Même mal aise lorsqu'on observe la campagne de la tête de liste Renaissance Valérie Heyer.
00:49 Qu'est-ce qu'on dit d'elle dans les rangs macronistes ?
00:51 Qu'elle est courageuse, qu'elle fait ce qu'elle peut,
00:53 que c'est une fille bien, qu'elle est gentille.
00:55 Bonjour le paternalisme.
00:56 Nos confrères du Parisien rapportaient cette phrase incroyable
00:59 d'un membre de l'équipe Heyer,
01:01 lui expliquant qu'elle était prête à affronter les plateaux télé.
01:04 Jusqu'ici, je cite, je t'avais mis sous papier bulle,
01:07 mais maintenant je vais l'enlever.
01:09 Comme s'il s'agissait d'une poupée Barbie sous cellophane.
01:12 Le moment le plus malaisant reste cette vidéo du 17 avril
01:14 où Valérie Heyer apparaît derrière Emmanuel Macron
01:18 en veste rose, totalement muette, contrainte de faire de la figuration.
01:22 Question, aurait-on réservé le même traitement à Bruno Le Maire
01:26 ou à Stéphane Séjourné ?
01:27 Or, ce n'est pas tant la faute de Valérie Heyer,
01:29 si sa liste peine à se maintenir dans les sondages,
01:32 que celle de l'exécutif, qui, à force de tirer à droite,
01:35 a ouvert un espace à gauche à la liste de Raphaël Glucksmann.
01:39 Pire, la candidate macroniste a désormais perdu les commandes de sa propre campagne
01:43 puisque tous les projecteurs sont braqués sur le débat
01:46 entre Jordan Bardella et Gabriel Attal,
01:48 voire même entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
01:51 Alors oui, il est tout à fait classique que les poids lourds
01:53 viennent en renfort dans la dernière ligne droite,
01:55 mais de là à éclipser la tête de liste,
01:57 Manon Aubry comme Valérie Heyer sont pourtant deux excellentes eurodéputées.
02:01 Qu'on partage ou non leurs idées ?
02:02 Deux bosseuses, deux fines connaisseuses des enjeux européens
02:05 et pas des petites filles qui auraient besoin qu'on vienne, je cite,
02:09 "les secourir".
02:10 Non, les femmes en politique ne sont pas des marionnettes
02:12 et encore moins des têtes de gondole.
02:14 [Musique]