C'est la journée européenne de lutte contre l'homophobie et la transphobie ce vendredi.
Le ministère de l'intérieur a annoncé hier que les actes anti-LGBT+ ont augmenté de 13% en 2023 en France.
Le ministère de l'intérieur a annoncé hier que les actes anti-LGBT+ ont augmenté de 13% en 2023 en France.
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00:00 - On va participer au débat du jour, à vos témoignages aussi sur cette question.
00:03 Êtes-vous inquiet par l'augmentation des actes homophobes ou transphobes en France, Guillaume ?
00:07 - Je vous l'ai, puisque vous êtes d'abord plus de 200 à avoir voté, 218 très exactement.
00:12 Et l'écart s'est même encore agrandi, puisqu'on était sur 70-30 tout à l'heure.
00:17 Là on est à 72% de oui et 28% de non.
00:21 Vous continuez à voter via l'appli, ici, via notre page Facebook ou le site francebleu.fr.
00:26 Et puis on attend vos appels au standard de France Bleu Héro, surtout si vous avez été victime directement d'actes ou paroles homophobes ou transphobes.
00:35 - Venez témoigner au 04 67 58 6000 en échange avec Yves Dusselfage, c'est le délégué SOS Homophobie Languedoc-Roussillon.
00:43 - Bonjour Yves Dusselfage. - Bonjour.
00:45 - Vous serez d'ailleurs avec le maire et président de la métropole de Montpellier, Michael Delafosse, en fin de journée,
00:50 pour une cérémonie dans laquelle, justement, vous allez aussi revenir sur le rapport 2024, dévoilé, les grandes lignes du rapport 2024 de l'association SOS Homophobie,
01:00 dont vous êtes le délégué Languedoc-Roussillon.
01:02 J'ai envie de vous poser la même question qu'à vous, qu'à ceux qu'on a posé, je vais y arriver, à nos auditeurs de l'auditoire ce matin.
01:11 Ça vous inquiète ce chiffre de 13% d'augmentation annoncé hier par le ministère de l'Intérieur, ça vous inquiète aussi ?
01:16 - Oui, c'est inquiétant dans la mesure où ça corrobore ce que nous on observe sur le terrain.
01:22 On voit que le rapport que nous avons fait montre que la situation se dégrade, il y a un environnement qui se dégrade,
01:31 ça peut être expliqué par un contexte aussi un peu géopolitique, mais si on va plus dans le détail,
01:40 on voit qu'en particulier la transphobie est un point qui est souvent rapporté dans les situations, les témoignages que nous avons.
01:51 - L'homophobie en règle générale a aussi basculé maintenant sur la transphobie dont on parle beaucoup ?
01:58 - Alors en fait on parle beaucoup de LGBT-phobie pour inclure, c'est-à-dire que l'homophobie c'est ce qui va être en lien avec l'orientation sexuelle,
02:07 et pour la transphobie c'est plus des questions d'identité de genre qui sont posées.
02:11 Donc c'est sur ces deux champs-là qu'on a des témoignages.
02:16 - Alors ce rapport 2024 d'SOS Homophobie, il dit quoi ? D'abord plusieurs choses.
02:20 2377 cas de LGBT-phobie recensés en 2023, 2300 c'est beaucoup.
02:28 - Voilà, alors ce sont des cas, on distingue les cas et les témoignages,
02:31 c'est-à-dire qu'un témoignage peut donner lieu à plusieurs cas au niveau du répertoire des catégories que nous faisons,
02:38 et de même qu'il pourrait très bien qu'on ait pour un cas, pour une situation donnée qu'il y ait plusieurs témoignages.
02:48 Alors il y a tout un travail justement qui est fait pour essayer d'éliminer les doublants,
02:52 pour essayer de préciser les choses au niveau de la répartition de ces cas.
02:59 - Il y a eu une explosion notamment il y a une dizaine d'années,
03:03 je vois parce que vous publiez aussi une courbe de l'évolution des cas,
03:06 une explosion en 2012-2013, ça s'est un petit peu redescendu, puis ça remonte à nouveau depuis quelques années ?
03:12 - 2012-2013 c'était au moment du débat sur le mariage.
03:16 - Évidemment.
03:17 - Et effectivement ça suscite des questions, ça peut penser pour certaines personnes comme ça libère la parole.
03:26 Quelquefois on voit bien aussi au niveau politique comment la parole se libère,
03:30 on a vu les propos qu'il y avait pu y avoir au moment de, que ce soit le Pax il y a quelques années,
03:35 ou en 1999, ou bien que ce soit le Mariage pour tous.
03:39 Donc effectivement on voit qu'il y a un pic.
03:43 En général d'ailleurs dès qu'il y a des débats, souvent on peut observer ce type de pic.
03:47 - Alors qu'est-ce qui en ce moment explique, surtout pas justifie,
03:51 mais explique effectivement cette remontée du nombre de cas recensés,
03:55 ou que vous recevez, vous SOS au mot vos bisques,
03:58 en fait les gens vous signalent, les gens vous appellent spontanément, c'est ça, ça se passe comme ça.
04:02 - Oui, mais déjà on voit qu'au niveau international, ces questions LGBT sont de plus en plus importantes,
04:09 ou servent de marqueur politique pour certains pays, pour se différencier.
04:13 C'est aussi vrai d'ailleurs pour les partis politiques,
04:15 souvent les positions qu'on peut avoir sur ces questions là sont...
04:20 - La montée de certains populismes favorise ça ?
04:23 - Personnellement je...
04:24 - Des complexes certains par rapport à ces questions ?
04:28 - Oui, ce qu'on observe d'ailleurs notamment sur les réseaux sociaux, sur la haine en ligne,
04:33 où là il y a souvent avec l'anonymat, il y a une parole qui se libère encore plus, qui se lâche,
04:41 et des fake news qui sont véhiculées.
04:46 Toutes ces questions là, effectivement, je pense que ça contribue à cette augmentation.
04:55 - Oui, la haine en ligne par rapport à 2022, c'est explosif.
04:58 - Ça c'est une constante, la haine en ligne depuis quelques années.
05:01 - En 2022 c'était 17% des cas, aujourd'hui c'est 23% des cas, pas sur 4.
05:05 - Voilà, avec le petit bémol sur le fait qu'on a changé au niveau de la méthodologie de comptage,
05:13 mais quand même la tendance c'est une augmentation.
05:16 - 0467 58 6000, venez témoigner si vous avez été victime d'actes homophobes, transphobes, biphobes.
05:23 0467 58 6000, on échange avec Yves Dusselfage, qui est le délégué SOS homophobie Languedoc-Roussillon.
05:29 Est-ce qu'il y a plus de cas où la parole s'est libérée et on déclare plus ce genre de type d'actes ?
05:36 Est-ce que les deux vont ensemble ? Est-ce que ça n'est pas le cas ?
05:39 - C'est une question, effectivement, c'est toujours difficile de dissocier ce qui est l'augmentation des cas réels
05:49 ou ce qui est le fait d'une plus grande libération de parole.
05:53 - C'est comme #MeToo.
05:55 - Voilà, c'est pareil, sur ces questions-là c'est très difficile.
05:58 Mais une chose est sûre, par exemple, on entend souvent des insultes anti-LGBT et on ne porte pas plainte.
06:08 Donc il y a beaucoup de cas qui sont invisibles.
06:12 Souvent quand on porte plainte c'est pour des situations relativement graves.
06:16 - Alors justement, j'aimerais qu'on évoque cette question maintenant avec vous.
06:20 C'est la question de la réponse, parce que là il y a le diagnostic, il y a le constat, ça augmente,
06:24 tant de cas, de plus en plus même, année après année, tant de signalements.
06:28 La réponse à la fois sociétale et judiciaire.
06:32 Dans le département, les deux parquets, que ce soit celui de Béziers comme celui de Montpellier,
06:38 sont particulièrement vigilants maintenant aux réponses à apporter par rapport à ces signalements ?
06:44 - Tout à fait, les parquets de Béziers, de Montpellier, interviennent pour que déjà au niveau du dépôt de la plainte,
06:53 il y ait le maximum de précautions qui soient prises,
06:56 de façon à ce qu'éventuellement les circonstances aggravantes puissent être retenues.
07:02 - Sauf que parfois, le délit, s'il s'agit bien de délit en l'occurrence, n'est pas forcément toujours bien caractérisé.
07:10 Ça peut être un peu flou.
07:12 - Oui, ça peut être aussi bien...
07:14 - L'intention homophobe parfois n'est pas tout à fait établie, on est bien d'accord.
07:18 - Exactement, c'est-à-dire que l'intention homophobe doit être prouvée, doit être qualifiée,
07:22 ce n'est pas toujours évident. Quand il y a des insultes homophobes,
07:26 que des témoins aient pu entendre ces insultes, ça peut faciliter les choses,
07:37 mais c'est vrai que ce n'est pas toujours facile.
07:40 Et puis aussi, pour la personne qui raconte, qui a été victime,
07:44 ce n'est pas toujours facile de donner les détails qui, juridiquement, seraient intéressants.
07:49 Pour la personne qui recueille la plainte, c'est là qu'on voit qu'il y a un besoin de formation.
07:56 Il y a déjà des formations qui sont faites, mais il faut peut-être accroître encore plus ces formations,
08:01 parce que ça nécessite effectivement des compétences particulières
08:06 pour prendre en compte tous ces éléments en particulier liés aux circonstances aggravantes interjubiles.
08:13 - Et alors parfois, ces paroles homophobes vont s'exercer à l'encontre de personnes
08:17 qui ne sont pas forcément membres de la communauté LGBT,
08:20 mais c'est le simple fait de proférer ces paroles.
08:23 Alors ce n'est plus en espèce une circonstance atténuante, mais ça reste quand même un délit.
08:28 La bonne vieille blague, je ne veux pas donner d'exemple, mais on pense tous à la même chose.
08:34 - On y a pensé, oui. Tout à fait.
08:36 Juridiquement, c'est répréhensible.
08:41 Et insulter quelqu'un parce qu'on pense qu'il est gay, même s'il n'est pas gay,
08:46 et s'il y a une insulte homophobe, ça peut être considéré comme une circonstance aggravante d'homophobie.
08:53 C'est l'insulte elle-même.
08:55 - Et c'est répréhensible, il faut le dire.
08:57 - Et c'est répréhensible, tout à fait.
08:59 - Vous dites aussi qu'il y a beaucoup de personnes qui n'osent pas porter plainte quand ça reste au stade de l'insulte.
09:05 Elles le font dès lors qu'il va y avoir peut-être une agression physique, c'est ça ?
09:09 - Je ne dis pas forcément qu'elles n'osent pas porter plainte.
09:12 Il y en a beaucoup aussi qui disent que ça ne sert à rien parce qu'il n'y aura pas de suite donnée.
09:18 Justement, on incite les personnes à porter plainte, même si des fois il n'y a pas de résultat derrière.
09:28 - Et est-ce que vous sentez qu'au sein des services de police et de gendarmerie qui sont chargés de recueillir la plainte,
09:33 on a longtemps dit, par exemple reprenons l'exemple de MeToo,
09:36 où les violences conjugales pendant longtemps, la police ou la gendarmerie avaient tendance à vouloir mettre un peu la poussière sous le tapis.
09:43 Est-ce que c'est la même chose en ce qui concerne l'homophobie ou la transphobie ?
09:48 Ou est-ce qu'il y a aussi une évolution des mentalités au sein de ces services-là ?
09:52 - Du point de vue des problématiques, c'est un peu la même chose.
09:55 Mais il y a une évolution, il faut noter qu'il y a quand même une évolution.
09:58 Il y a une volonté des pouvoirs publics d'inciter justement à recueillir la plainte
10:04 et de ne pas faire par exemple une main courante comme des fois ça se faisait.
10:09 Maintenant, non, il y a vraiment une volonté, en tout cas dans ce que j'ai pu entendre au niveau local,
10:15 au niveau du département lors de réunions à la préfecture,
10:18 il y avait bien une volonté d'inciter les personnes qui recueillent les plaintes
10:24 à vraiment recueillir une plainte et ne pas botter en touche sur une main courante
10:30 même si on sait que ce sera des fois difficile pour donner suite.
10:35 - J'invite toutes celles et ceux qui nous écoutent à consulter les résultats,
10:40 les grandes lignes de ce rapport 2024 de votre association SOS Homophobie
10:45 en allant tout simplement sur le site et on retrouvera aussi toutes les infos.
10:49 - Tout à fait, il y a un dispositif d'écoute, il y a une ligne d'écoute, il y a un formulaire.
10:54 Donc là, pas de souci, c'est très expliqué.
10:57 - Merci Yves Dusselfage, délégué SOS Homophobie Langue de Rousseillon d'être venu ce matin.
11:01 - Merci beaucoup. - Bonne journée.
11:03 - Et puisque c'est la journée européenne de lutte contre l'homophobie et la transphobie,
11:06 je note la marche de la Gay Pride, 30e édition de la marche des fiertés pour être précis.
11:10 Je crois que c'est important qu'il y aura lieu les 16 et 17 juin, c'est ça Yves ?
11:14 J'ai marqué 16 et 17 sur le site internet.
11:17 - Je pense que de mémoire c'est le 14 et 15, c'est un samedi, 15 juin à Montpellier.
11:22 - C'est le 15 juin à Montpellier.
11:24 - Sinon, il y aura, de mémoire, le 1er juin c'est à Béziers,
11:32 ensuite le 22 juin c'est à Perpignan, le 29 juin c'est à Nîmes.
11:37 - On a retenu Béziers et Montpellier.
11:39 Merci Yves Dusselfage.
11:41 Prochain invité, après les infos de 8h, ce sera Raphaël Glucksmann,
11:45 eurodéputé et tête de liste PS aux États-Unis.