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Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d'énergie nucléaire, répond aux questions de Lionel Gougelot. Ensemble, ils s'intéressent aux perspectives de l'industrie nucléaire française et à la question de l'indépendance énergétique de la France.
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00:00 - Europe 1, il est 6h41. - Effectivement, Emmanuel Macron devait se rendre aujourd'hui à Flamanville pour visiter l'EPR qui s'apprête à entamer son processus de démarrage.
00:09 Déplacement annulé finalement, mais après 13 ans de retard et un coup de construction faramineux, la mise en service du réacteur d'ici la fin de l'année pourrait bien changer la donne de notre industrie nucléaire.
00:19 - Et vous en parlez avec votre invitée, Lionel Gougelot. Il s'agit de Valérie Faudon, déléguée générale de la Société Française d'Énergie Nucléaire.
00:25 - Bonjour Valérie Faudon. - Bonjour. - Merci d'être dans les studios d'Europe 1 ce matin. La Société Française d'Énergie Nucléaire réunit une communauté de professionnels, de spécialistes de l'énergie nucléaire en France, et cela depuis 1973.
00:35 - Absolument. - Depuis le début de la grande aventure d'une certaine façon. - Exactement. - Qu'est-ce que le démarrage de cette EPR va changer concrètement pour que nos auditeurs comprennent bien Valérie Faudon ?
00:42 - Alors donc c'est le quatrième EPR qui démarre dans le monde, après les deux en Chine et puis le premier en Finlande, aussi le premier en Europe. Donc c'est très important parce que c'est la fin du chantier et c'est aussi le démarrage d'un nouveau programme de réacteurs nucléaires, de construction de ces réacteurs de dernière génération, afin de commencer à la fin des années 2030 à remplacer le parc nucléaire actuel.
01:06 - On va parler de cela dans le détail dans un instant. Cette EPR, troisième génération, c'est ça ? - Absolument. - Réacteur de troisième génération, puissance de 1600 MW, qu'est-ce que ça représente ? Qu'est-ce qu'en termes de puissance finalement ?
01:16 - Ça représente à peu près 2 millions de personnes, l'alimentation d'électricité 24h/24 parce que ça c'est un point extrêmement important. Le nucléaire produit de l'électricité avec très peu d'émissions de gaz à effet de serre, donc c'est une très bonne solution pour le climat. Et puis aussi il produit de l'électricité 24h/24, donc en ce sens il est très complémentaire des énergies solaires et éoliennes, dans la mesure où il produit tout le temps.
01:41 Vous savez qu'on ne peut pas stocker de l'électricité, donc il faut à chaque fois avoir les moyens de production pour satisfaire la demande d'électricité des français et puis des industriels français aussi.
01:49 - En termes de sécurité, Valérie Foy, donc, qu'est-ce que ça change ? - Alors c'est le réacteur le plus sûr du monde, et il est construit pour fonctionner 60 ans, donc c'est une très grande infrastructure.
02:00 Et ce premier réacteur, donc, il nous a permis, alors d'abord ça fait 25 ans qu'on n'avait pas démarré un réacteur en France, donc on avait un peu perdu la main sur la construction de réacteurs.
02:11 Autant on sait exploiter un réacteur et en être un grand exploitant en nucléaire, autant construire des réacteurs, et il faut voir qu'on construit avec les industriels français, on n'avait pas fait depuis longtemps, donc ça permet de réapprendre, de reformer les gens.
02:24 Et on va bientôt, du coup, on commence déjà à travailler sur les prochains réacteurs, et donc les usines de Framatome en Bourgogne commencent cette semaine, ils ont annoncé, à travailler sur les pièces des futurs réacteurs français.
02:37 - Alors je le disais, cette remise en route, pour dire les choses simplement, qui sera effective d'ici l'automne ou l'hiver prochain, elle marque la fin du statu quo, finalement, que l'on observait dans le développement du nucléaire français.
02:51 C'est une bonne nouvelle dans l'optique de l'indépendance énergétique de la France, retrouvée d'une certaine façon, notamment à la lumière des événements en Ukraine il y a deux ans.
03:00 - Absolument, donc on parle d'une industrie française, c'est notre troisième filière industrielle, 220 000 employés, 3000 entreprises, et tout ça dans un contexte de relance mondiale du nucléaire.
03:12 Les choses ont beaucoup changé depuis trois ans, on a de nombreux pays européens qui ont exprimé le besoin de reconstruire de nouveau des réacteurs nucléaires, donc la France, dans ce sens, porte la filière industrielle européenne,
03:26 et donc c'est extrêmement important qu'elle se remette en capacité de construire des réacteurs de manière efficace, et c'est pour ça qu'on lance ce programme de six nouveaux réacteurs nucléaires à construire.
03:38 - Alors on va pas revenir sur les polémiques politiques qui ont fait que justement on a observé ce statut quo, voire même ce recul finalement en termes de savoir-faire,
03:46 mais est-ce que vous diriez que finalement cette nouvelle étape elle va être décisive finalement pour l'ensemble de l'industrie nucléaire, et que cela va permettre justement une filière d'excellence pour les années qui viennent ?
03:58 - Absolument, je pense qu'aujourd'hui les Chinois qui construisent beaucoup, il faut voir que les Chinois décident des constructions de dix réacteurs par an, donc ils sont vraiment dans une optique très industrielle, une optique de série,
04:11 et donc c'est extrêmement important que la France et l'Europe se remettent dans des programmes de manière continue, parce que c'est la souveraineté industrielle européenne, c'est une industrie qui n'est pas partie à l'étranger,
04:24 c'est une industrie qui est sur le sol européen, il y a un million de personnes qui travaillent dans le nucléaire, et c'est très important qu'elles se remettent aux standards mondiaux en termes de rapidité de construction des réacteurs.
04:34 - Alors par ailleurs il y a quand même des centrales qui sont vieillissantes sur le territoire français, qu'en est-il justement des programmes de remise en état, de modernisation ?
04:44 - Alors donc on avance vraiment très bien, on a 56 réacteurs, donc il faut voir que même si certains ont été mis en route il y a 40 ans maintenant, en fait ils sont constamment modernisés, et actuellement il y a un programme d'investissement très lourd,
04:58 de l'ordre de 1 milliard d'euros par réacteur, ce qui fait qu'ils sont aux meilleurs standards, ils sont même plus sûrs que quand ils ont démarré, puisqu'il y a eu du progrès technique depuis, donc ce programme avance très bien.
05:08 - Quand on est comme vous Valérie Faudon, comment dirais-je, secrétaire générale de la Société Française d'Énergie Nucléaire, quel regard on porte sur la notion de mix énergétique, par rapport aux éoliennes, par rapport au solaire, etc.
05:26 Est-ce que vous vous dites d'accord pour cette notion de mix et de complémentarité, ou alors finalement les énergies renouvelables, bon ça va rester sur le côté, il faut vraiment donner la priorité au nucléaire ?
05:38 - Alors nous on porte une vision avec un mix électrique qui comprend du nucléaire et des renouvelables, déjà il y a des pays en Europe qui ne feront pas du nucléaire, donc on a besoin des deux,
05:50 et on pense que le nucléaire, et en particulier le nucléaire français, parce qu'on est au milieu de l'Europe, est un maillon essentiel pour assurer la stabilité du réseau électrique européen.
05:59 Donc on a un rôle spécifique à jouer la France, à la fois en termes d'atteindre des objectifs climat européens, en termes d'équilibre du réseau électrique, et aussi en termes industriels, pour pouvoir être souverain sur cette filière d'excellence.
06:14 - Oui c'est ça, parce que le point le plus important finalement c'est la notion de souveraineté.
06:19 - Souveraineté, et d'une certaine façon de sécurité également, de sécurité énergétique.
06:23 On l'a vu à la lumière du conflit en Ukraine il y a deux ans.
06:29 Merci, merci d'avoir été en studio. - Merci à vous.
06:33 - Merci d'avoir été en studio, je rappelle Valérie Faudon, vous êtes la déléguée générale, pour le titre précis pardonnez-moi, de la Société Française d'Énergie Nucléaire.
06:40 Merci, bonne journée. - Merci beaucoup, bonne journée.

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