Le conseil départemental de l'Ardèche lance une campagne de communication avec pour slogan "le loup c'est sans nous". Olivier Amrane assume et dit avoir choisi son camp.
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00:00 - "Le loup c'est sans nous" c'est le slogan de la campagne de communication lancée par le conseil départemental de l'Ardèche.
00:05 Son président Emmanuel Champal est avec nous ce matin.
00:07 - Bonjour Olivier Amran. - Bonjour et merci de votre invitation.
00:10 - "Le loup c'est sans nous", on est plusieurs à avoir lu ce slogan, on ne comprend pas tous la même chose.
00:16 C'est quoi l'idée ? Vous voulez éradiquer le loup en Ardèche ?
00:19 - Tout simplement. C'est assez basique et assez simple, mais avec les acteurs de la ruralité,
00:23 qui sont la Chambre de Agriculture et le Président de la Fédération de chasse,
00:26 on ne veut pas laisser le loup se multiplier dans notre département.
00:28 - Vous ne voulez pas le laisser se multiplier ou vous voulez l'éradiquer ? Vous savez que c'est une espèce protégée ?
00:32 - Bien sûr que c'est une espèce protégée aujourd'hui, mais on a tout un arsenal national
00:37 qui nous permet aujourd'hui de défendre nos troupeaux, notamment avec tir de défense.
00:42 Et c'est pour ça qu'on a mobilisé les acteurs de la ruralité, c'est-à-dire le Président de la Chambre de Agriculture,
00:46 qui s'est mobilisé à mes côtés, ainsi que le Président de la Fédération de la chasse, Jacques Orange,
00:51 pour qu'on puisse avoir une veille départementale, c'est inédit en France,
00:55 qui puisse être mobilisable tout de suite dès qu'il y a une attaque sur le département.
00:59 Je rappelle tout simplement qu'il y a quelques semaines, on a aperçu et vu le loup
01:04 sur la commune de La Voulte, en centre-ville, qui arrivait de la Drôme,
01:07 et ensuite on l'a vu prendre la direction de Saint-Serge.
01:09 Et qu'est-ce qui s'est passé ? Je vous l'avais annoncé, trois jours après,
01:11 on a eu une attaque sur un troupeau avec trois brebis égorgées,
01:16 et au moment où on parle de bien-être animal, où est le bien-être animal quand une brebis,
01:20 j'ai parlé avec l'agriculteur, agonise pendant près de 10 heures avant de mourir ?
01:24 Pour qu'on soit bien d'accord, vous voulez éradiquer le loup, tout en restant dans les clous,
01:28 on est d'accord ? - Bien sûr.
01:30 - Il y a une loi qui est là, évidemment. - Ce n'est pas le président du département que je suis
01:33 qui va dire qu'il hors la loi, bien au contraire,
01:35 et j'ai deux présidents, Benoît Claret, président de la Chambre,
01:37 et Jacques Courange, qui sont aussi des présidents responsables.
01:40 Ce qu'ils veulent, c'est qu'aujourd'hui on puisse dire, tout simplement,
01:44 on le voit au niveau de l'État, ça tremble, on ne veut frustrer personne,
01:47 on dit que le loup a sa place, on veut aussi dire aux agriculteurs qu'ils sont aidés,
01:50 nous non, nous c'est les agriculteurs qu'on défend, c'est le monde de la ruralité et pas le loup.
01:55 - C'est quoi cette veille loup que vous mettez en place ?
01:57 - Alors tout simplement, il y a plusieurs étapes.
01:59 Il y a tout de suite un axe auquel on a une réactivité sans précédent,
02:04 c'est comme je vous l'ai dit, c'est les 200 chasseurs qui ont répondu favorablement à notre appel
02:08 pour dire "demain il y a une attaque ici et là, on peut aller sur place
02:13 avec des pièges photos que le département paye pour bien identifier le loup".
02:16 - Et des pièges photos que vous allez financer, c'est ça ?
02:19 - C'est à charge du département bien sûr,
02:21 mais où on partage avec la Chambre de l'Agriculture et la Fédération Départementale des Chasseurs.
02:25 Et dès qu'il y a une attaque, le président de la Chambre est informé,
02:29 on active les chasseurs locaux à l'échelle du département,
02:32 on en a 200 donc on en a un peu de partout,
02:34 qui peuvent veiller sur le troupeau et tirer sur le loup,
02:36 parce que je le rappelle, on pense que dès qu'on a un tir défense,
02:39 l'agriculteur va aller défendre son troupeau,
02:41 mais déjà il faut qu'il soit en possession d'un permis de chasse,
02:44 et on n'a qu'un quart des agriculteurs qui chassent,
02:45 et d'autres, certains ne chassent plus depuis des années.
02:47 Donc ils ne sont pas équipés, et par contre on a nos chasseurs qui sont équipés.
02:50 - La mise en relation entre éleveurs et chasseurs,
02:52 ça se passe déjà dans d'autres départements,
02:54 sans le Conseil Départemental,
02:56 qu'est-ce que vous apportez de plus, vous, pour votre collectivité ?
02:59 - Aujourd'hui il n'y a rien de changeant dans le discours,
03:02 c'est-à-dire que moi j'ai toujours été du côté des agriculteurs.
03:05 J'écoutais tout à l'heure votre rubrique excellente avec Nelly Sorbier sur les circuits courts,
03:09 si demain on veut continuer à manger des produits locaux,
03:12 et avoir dans nos assiettes de nos enfants ou de nos aînés,
03:15 des produits issus de notre agriculture ardècheoise,
03:18 il faut aider nos agriculteurs à continuer à garder leur exploitation.
03:22 Et aujourd'hui, nos exploitations sont en danger,
03:24 nos anciens, parce que j'ai beaucoup de respect pour nos anciens,
03:27 se sont battus depuis plus de 100 ans, 1930, le dernier loup en France,
03:31 pour qu'on n'ait plus de loup, c'est qu'il y a une raison,
03:33 c'est que simplement, le loup, moi je le dis, ça fait rire certains,
03:36 mais il a sa place qu'à pogre, dans un parc, et encadré.
03:39 - Le sujet est très sérieux, évidemment, Olivier Amran,
03:41 vous êtes président du Conseil Départemental de l'Ardèche,
03:44 avec cette campagne de communication,
03:46 certains disent que c'est un coup politique finalement, il y a un quart d'heure,
03:50 on entendait le dromoie Jean-David Abel, spécialiste du loup,
03:53 chez France Nature Environnement, parler d'une campagne,
03:56 ce sont ses propres mots, une campagne de pub politicienne,
03:59 très stupide et primaire.
04:01 - C'est basique, j'avoue que c'est très basique,
04:04 oui, nous c'est le loup, et contrairement à certains élus,
04:07 j'aurais plus de facilité, et peut-être plus de soutien,
04:10 en disant "non, je défends le loup et pas les agriculteurs,
04:12 j'ai choisi mon camp, je peux pas amener mes agriculteurs
04:15 au Salon International à Paris et faire la promotion des circuits courts,
04:18 et de l'autre côté, défendre le loup".
04:20 - Mais il y avait besoin d'une campagne de communication pour dire ça ?
04:22 Le loup c'est son loup ?
04:23 - Je pense que c'est important de rappeler aujourd'hui
04:26 la force de nos agriculteurs dans notre département,
04:28 et on le voit à côté, sur des départements voisins,
04:31 le loup s'est installé durablement,
04:33 et tout le monde de la ruralité est touché,
04:35 que ce soit le monde de la chasse, et surtout l'élevage,
04:38 et ce qu'il faut bien sûr, c'est commencer tout de suite
04:41 à s'emparer du sujet, c'est ce qu'on fait avec
04:44 le président de la Chambre de Agriculture et le président de la Fédération des Chasseurs.
04:47 - La veille est déjà en place ? La veille loup est déjà en place ?
04:49 - La veille loup, il y a plusieurs niveaux,
04:51 il y a le premier niveau où les 200 chasseurs sont mobilisés,
04:53 et ça c'est tout de suite, et donc depuis qu'on a avancé,
04:55 c'est-à-dire avant-hier,
04:57 et puis on a sur la durée, avec des formations,
04:59 où il y aura peut-être des battues organisées,
05:01 ou des tirs collectifs,
05:03 où là il y a une formation qui est prise en charge par l'État,
05:05 pour former nos chasseurs aussi, pour des règles de sécurité.
05:08 - Des petits pièges photographiques qui vont arriver aussi, sous quel délai ?
05:11 - Là ça va aller très vite, on en avait déjà commandé,
05:13 parce qu'en 2021, quand je suis arrivé,
05:15 on m'avait, les premières attaques qu'il y avait eues, notamment à Gourdon,
05:17 on nous avait dit au niveau de service de l'État,
05:19 que c'était peut-être des chiens à ranges, et non c'est des loups.
05:21 Il a fallu qu'on leur prouve, comme ça a été fait avec la vidéo
05:23 "Surveillance à la voûte", que c'était vraiment le loup qui était là,
05:25 et on voit bien maintenant qu'il est malheureusement bien installé en Ardèche.
05:29 - Ça coûte cher ces pièges ?
05:31 - On est aux alentours de 1000 euros pièce.
05:33 - La campagne de pub, elle coûte combien ?
05:35 - La campagne de pub, on ne l'a pas chiffrée,
05:37 mais c'est l'équipe du département, avec la Chambre de Agriculture
05:39 et la Fédération des chasseurs, qui se mobilisent
05:41 pour communiquer auprès du monde de la ruralité.
05:43 - Et on va découvrir ces slogans où ?
05:45 - On va les découvrir sur nos routards des choix,
05:47 dans les panneaux publicitaires,
05:49 sur le magazine départemental,
05:51 sur les magazines communaux pour les maires qui voudront aussi s'en emparer,
05:54 mais c'est important de choisir son gagne,
05:56 c'est le monde des paysans qu'on a choisi.
05:58 - Le loup, sujet évidemment très polémique,
06:00 et évidemment important.
06:02 Merci à vous Olivier Amran, président LR
06:04 du Conseil départemental de l'Ardèche.
06:06 - Une interview à retrouver dans quelques instants
06:08 sur francebleu.fr, il est 8h10.