• l’année dernière
Transcription
00:00 Le festival de Cannes s'ouvre dans un climat de tension sur la croisette, porté par une rumeur.
00:04 Celle d'une liste de personnalités mises en cause pour des faits de violences sexuelles,
00:08 une liste qui, en fait, n'existe pas.
00:10 On vous explique comment cette rumeur a enflé, puis s'est dégonflée.
00:14 Début mai, plusieurs comptes sur X, proches des réseaux complotistes et d'extrême droite,
00:18 font état d'une liste de dix noms de réalisateurs, acteurs et producteurs français
00:22 mis en cause pour des violences sexuelles et sexistes,
00:25 et sur le point d'être publiés par plusieurs journaux, dont Mediapart.
00:29 Le 6 mai, le quotidien Le Figaro s'empare de la rumeur et parle de cette liste,
00:33 supposément divulguée pendant le festival de Cannes,
00:36 au milieu d'un article qui titre sur les « sueurs froides » du cinéma français à l'approche de l'événement.
00:40 Personne ne sait d'où proviennent ces accusations anonymes.
00:43 Pour avoir des informations, les financiers du cinéma et les agents de stars
00:47 se retrouvent obligés de contacter directement les reporters d'investigation qui enquêtent sur le sujet.
00:51 C'est flou, mais la rumeur s'emballe tout de même.
00:53 Le Canard Enchaîné titre sur un affolement du cinéma français.
00:56 Touche pas à mon post, embraye sur une séquence dans laquelle Cyril Hanouna
00:59 balbutie des révélations à venir.
01:01 C'est un truc de fou.
01:02 Des médias comme Le Progrès, Le Dauphiné Libéré et même France Info
01:05 parlent de « listes de personnalités » qui devraient être publiées dans une enquête de Mediapart.
01:10 Jusqu'à la mise au point du site Mediapart, le 13 mai, veille de l'ouverture du festival de Cannes.
01:14 Depuis plusieurs jours, nous assistons médusés au parcours fou d'une prétendue liste.
01:18 C'est faux, évidemment.
01:20 Mediapart ne publie pas de listes, mais des enquêtes portant sur des informations recoupées.
01:24 Celles-ci prennent souvent plusieurs mois, au minimum plusieurs semaines.
01:27 Que raconte cet emballement ?
01:29 Déjà, c'est le cheminement typique d'une fake news,
01:32 née dans les sphères complotistes,
01:33 relayées par des médias à coup de conditionnels
01:36 où les infos fiables et sourcées sont absentes.
01:39 En bref, tous les marqueurs d'une rumeur et non pas d'un travail journalistique sérieux.
01:42 Il n'est évidemment pas exclu que des articles qui mettent en cause des personnalités du cinéma français
01:47 puissent être publiés.
01:48 Mais si c'est le cas, ça ne le sera pas sous la forme d'une liste délirante.
01:52 De son côté, le festival de Cannes a fait savoir qu'un dispositif au cas par cas était étudié.
01:57 Des mesures seraient mises en place au cas où une enquête journalistique
02:00 viendrait mettre en cause des artistes sélectionnés.
02:02 Ensuite, comme l'explique l'actrice Judith Godrej sur son compte Instagram,
02:05 ce genre de rumeurs, c'est une manière de faire passer des victimes pour des corbeaux,
02:08 de confondre accusation et délation.
02:11 En créant de toutes pièces une prétendue liste,
02:13 les milieux anti-MeToo font passer l'idée que le mouvement de libération de la parole
02:18 est avant tout une entreprise de délation.
02:20 En propageant la rumeur, la presse contribue à disqualifier le travail d'enquête
02:24 que livrent des médias sérieux comme Mediapart, Libération, Elle
02:28 ou encore Télérama sur des informations d'intérêt public.
02:31 Pour les médias, parler de cette liste, c'est donner du crédit à une fake news.
02:34 Mais ne pas en parler, c'est laisser courir une rumeur et ne pas la stopper avec des faits.
02:39 Et les faits ici sont simples, pas de liste, pas d'enquête et donc pas d'affaire.

Recommandations