Quand Macron et Le Pen se font la courte échelle

Europe 1

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à l'intérêt commun pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen d'organiser un débat.   Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezet.

00:05 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:06 Alors le 23 mai prochain, dans 10 jours, il y aura un débat télévisé entre Gabriel Attal et Jordane Bardella.

00:12 On parle aussi peut-être d'un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

00:15 Alexis, d'où vient cette subite passion pour les affrontements au sommet ?

00:19 Nous n'en ballons pas Dimitri, en vérité le débat Macron-Le Pen n'aura pas lieu,

00:24 et en tout cas pas avant les européennes, parce que la candidate du RN ne veut pas faire ce cadeau au président.

00:29 Mais le simple fait qu'Emmanuel Macron l'ait envisagé, et implicitement proposé, même si dit aujourd'hui le contraire,

00:36 est disons-le assez sidérant.

00:38 Sur le plan de la logique politique tout d'abord,

00:40 on ne peut pas claironner qu'on veut intéresser les Français aux enjeux européens et susciter un débat purement national.

00:47 Sur le plan du respect des principes démocratiques ensuite,

00:51 alors qu'une bonne douzaine de listes sérieuses s'affrontent,

00:54 il n'y a aucune raison légitime de focaliser tout le débat autour de deux partis et deux partis seulement.

00:59 Alors la raison, je crois que chacun maintenant l'a bien comprise,

01:04 une fois de plus il s'agit de rejouer le grand combat de l'ombre et de la lumière,

01:09 la bataille du fascisme contre la démocratie,

01:12 l'affrontement des méchants nationalistes et des gentils progressistes.

01:16 Depuis 2017, le parti macroniste et le RN, pour éliminer tout leur concurrent, se font la courte échelle.

01:23 Le problème pour Emmanuel Macron, c'est qu'avec le temps, les rôles se sont inversés.

01:28 Le président a longtemps pris appui sur le RN pour se hisser vers la victoire,

01:32 mais aujourd'hui, objectivement, c'est lui qui propulse Marine Le Pen au sommet.

01:38 Et c'est même tellement flagrant que certains se demandent si tout cela est bien le fruit du hasard.

01:43 - Que voulez-vous dire Alex ?

01:45 - Ce n'est qu'une question Dimitri, une question que certains se posent parmi les adversaires d'Emmanuel Macron,

01:50 mais aussi dans le rang de ses alliés.

01:52 Elle tient en peu de mots, mais lourde conséquence.

01:55 Au fond, Emmanuel Macron a-t-il vraiment intérêt à la défaite de Marine Le Pen en 2027 ?

02:02 Je sais, ça peut sembler choquant, mais essayons d'analyser tranquillement les choses.

02:06 Si en 2027, c'est le candidat du corps central qui l'emporte,

02:10 Edouard Philippe, Guerrier Lattal ou un autre,

02:13 Emmanuel Macron, qui lui aura passé le flambeau, peut se targuer devant l'histoire

02:17 d'avoir jusqu'au bout empêché le RN.

02:19 Satisfaction d'ego.

02:20 Mais pour lui, la suite politique devient très difficile à écrire.

02:24 Soit le nouveau président, qu'il a contribué à faire élire réussi,

02:27 et alors il faudra bien le soutenir la fois d'après.

02:30 Soit il est chaud, et c'est tout le macronisme et les chances pour Macron de revenir qui s'effondrent avec lui.

02:36 A l'inverse, si Marine Le Pen est élue, Emmanuel Macron se verra évidemment accusé de lui avoir pavé le chemin,

02:43 et ce qui est vexant.

02:45 Mais enfin, bon, il pourra toujours dire que c'est le candidat choisi par son camp pour le succéder

02:49 qui n'a pas été à la hauteur, et que les choses évidemment seraient allées autrement

02:53 si lui-même avait pu se présenter une troisième fois.

02:55 Mais dans cette hypothèse, pour le coup, le chemin politique d'Emmanuel Macron pour les 5 ans qui viennent est tout tracé.

03:02 Le soir de l'élection de Marine Le Pen, il se pose aussitôt en chef de l'opposition

03:07 et part à la bataille pour reconquérir l'Elysée en 2032.

03:11 - Mais certains pensent vraiment qu'Emmanuel Macron pourrait souhaiter la victoire de Marine Le Pen pour mieux revenir après ?

03:17 - Non, personne ne dit les choses aussi brutalement,

03:19 parce que tout le monde sait que chez l'inventeur du rang, en même temps, les perceptions sont plus complexes.

03:24 De la même façon qu'il y a un Emmanuel Macron qui souhaite sincèrement que Gabriel Attal réussisse,

03:29 et un Emmanuel Macron qui ne peut s'empêcher de jalouser les succès du jeune Premier ministre qu'il a donné à la France,

03:35 et bien, de la même façon, il y a sans doute un Emmanuel Macron qui ne veut pas se résoudre à la victoire du RN,

03:42 parce que c'est vrai, le RN représente tout ce qu'il déteste,

03:45 et un Emmanuel Macron qui, sans souhaiter la victoire de Marine Le Pen, s'en accommoderait bien,

03:50 et pense surtout qu'il faut s'y préparer en préparant les batailles futures.

03:54 Alors je sais bien Dimitri, 2032 c'est loin, mais il y a quelque chose qu'il ne faut jamais oublier,

04:00 cette année-là, Emmanuel Macron n'aura que 55 ans.

04:04 - L'édito politique sur Europe, un merci Alexis Brezel.

04:07 À une du Figaro ce matin, la guerre en Ukraine, Poutine repasse à l'offensive et menace Kharkiv,

04:11 et si le moment approchait pour les Occidentaux de devoir envoyer des troupes au sol pour aider Kiev ?

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