• il y a 7 mois
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00:00 "O les plus honnêtes, les plus puissants, les plus honnêtes, le salut est à vous"
00:09 Hassan Nasrallah, l'homme qui incarne 25 ans de résistance à Israël
00:14 et l'émergence au Liban d'un grand parti islamiste chiite, le Hezbollah.
00:19 Un héros pour des millions de musulmans qualifiés de terroristes par George Bush
00:24 et de dangereux fondamentalistes par une partie de l'opinion publique occidentale.
00:29 Derrière ces définitions contradictoires se dissimule une réalité plus nuancée.
00:35 Nous avons passé un mois à Beyrouth et au sud Liban pour la découvrir.
00:40 Son image est partout dans Beyrouth, en particulier dans son fièvre de la banlieue sud,
00:49 mais personne ne sait où il vit, travaille et se cache car Israël l'a officiellement déclaré objectif militaire.
00:57 Nasrallah est protégé par un appareil de sécurité extraordinaire.
01:01 Après des mois de négociations, il a accepté de nous rencontrer.
01:05 Il ne s'était pas adressé à une télévision occidentale depuis la guerre de juillet 2006
01:10 qui a opposé le parti de Dieu à Israël.
01:14 Ses services ont monté pour nous un studio improvisé dans un sous-sol de la capitale
01:19 que nous rejoignons après plusieurs changements de véhicules, aux vitres aveugles.
01:25 Hassan Nasrallah a étudié la théologie avec des mollas iraniens à Najaf en Irak et à Qom en Iran,
01:32 avant de prendre la tête du Hezbollah.
01:35 Il rencontre régulièrement depuis l'ayatollah iranien Kamenei dont il suit les recommandations en matière religieuse.
01:43 Ses critiques l'accusent de dépendre politiquement de l'Islam,
01:47 et voit dans le Hezbollah le bras armé de la révolution iranienne au Liban.
01:52 Donnez-moi un seul exemple en 25 ans d'existence où le Hezbollah aurait servi les intérêts de l'Iran contre les intérêts du Liban.
02:00 La ligne de conduite du Hezbollah et son expérience démontrent que nous sommes un véritable parti national
02:06 et que nos objectifs sont des objectifs de l'Islam.
02:09 Quand vous voyez Hassan Nasrallah, vous avez l'impression d'avoir vraiment un Libanais en face de vous ou un Iranien ?
02:16 Il a des références religieuses en Irak ou bien en Iran,
02:23 comme les catholiques peuvent avoir des références au Vatican ou ailleurs.
02:29 Mais c'est quelqu'un qui adore cette terre, qui est né au Liban, qui aime sa communauté.
02:36 Je ne vois pas des shéites qui sont en train de combattre pour l'Iran. Ils sont morts pour le Liban.
02:41 A l'image de sa capitale, Pachouak de Kultur, le Liban compte quatre grandes communautés religieuses.
02:48 Shiites, sunnites, chrétiens maronnites et druzes. De 1975 à 1989, leurs milices s'affrontent dans une sanglante guerre civile.
03:03 Le Hezbollah naît entre 1982 et 1985 du rassemblement de différents groupes islamistes chiites
03:10 dans la mouvance de la révolution iranienne. Après 1989, toutes les milices sont désarmées, sauf le Hezbollah.
03:18 Avec l'accord de la Syrie, présente militairement au Liban, il combattra désormais Israël, qui occupe le sud du pays.
03:27 Mars 2007. Sept ans après le départ d'Israël du sud du Liban en 2000 et un an après la guerre de juillet dernier,
03:46 le Hezbollah constitue l'un des trois principaux groupes parlementaires du pays avec 14 députés.
03:52 Il a participé au gouvernement avant de le quitter en décembre 2006 avec Amal, l'autre grand parti chiite.
04:00 Ses partisans occupent la grande place du centre de Beyrouth et manifestent pour réclamer un gouvernement d'union nationale
04:07 avec le principal parti chrétien et quelques petits partis sunnites, druzes et laïcs.
04:13 Ils forment ensemble une nouvelle opposition au cabinet pro-américain de Fuad Sinyora.
04:22 Face aux caméras d'Almanach, la chaîne de télévision du parti de Dieu, qui retransmet ce meeting en direct,
04:34 se rassemble aujourd'hui des hommes politiques que le Liban n'a pas l'habitude de voir au coude à coude.
04:40 Un Molla chiite, proche de la direction du Hezbollah, le frère du général chrétien Michel Aoun,
04:47 un député Hezbollah de la capitale, des responsables de petits partis panarabes ou pro-syriens.
04:55 "Résistance, résistance !" crie la foule car le moteur essentiel de cette coalition, malgré sa diversité,
05:05 reste le Hezbollah, auréolé par la guerre de l'été 2006, présentée comme une divine victoire sur Israël.
05:13 Le Hezbollah effraie toujours dans les quartiers sunnites du centre de la capitale chez les tenants du pouvoir,
05:21 bien que depuis 1992, il se soit intégré à la vie électorale du pays.
05:26 Radwan el-Sayed est devenu l'un des principaux conseillers du premier ministre Fuad Sinyora.
05:32 Après avoir travaillé avec Rafi Kariri, l'ancien premier ministre assassiné.
05:38 "Ils forment un parti fort et armé qui n'est pas sous contrôle de l'Etat.
05:46 Et nous ne connaissons pas leurs objectifs.
05:51 Jusqu'à aujourd'hui, ils s'approvisionnent en armes au travers de la Syrie,
05:57 et continuent à dire qu'ils veulent résister à Israël.
06:02 Mais comment peuvent-ils le faire, avec 25 000 soldats de l'armée libanaise et de l'ONU au sud, à la frontière d'Israël ?
06:12 En outre, ni les autres communautés, ni l'Etat, ni les autres partis politiques n'ont le moindre contrôle sur Israël.
06:22 Un parti religieux, un parti pro-iranien."
06:28 "La question des armes est une question liée au conflit avec l'ennemi israélien.
06:35 Elle n'a jamais été liée à une quelconque situation interne libanaise.
06:41 Ce qui doit rassurer les Libanais, c'est ce qu'a accompli le Hezbollah durant les années passées.
06:48 Le Hezbollah n'a jamais utilisé ses armes à l'intérieur du pays.
06:53 Toutes les élections auxquelles il a pris part démontrent que nous nous sommes vraiment engagés dans le processus électoral et la vie politique du pays.
07:01 Nos armes n'ont jamais servi lors de conflits politiques internes.
07:06 Telle est notre ligne de conduite, et telle est notre histoire."
07:11 Le mystère Hezbollah est tout entier résumé dans ses paroles de Hassan Nasrallah.
07:18 Comment une résistance armée peut-elle s'intégrer de manière crédible dans la vie politique nationale ?
07:25 Comment un parti aussi marqué religieusement peut-il rassembler des secteurs aussi larges et divers ?
07:32 Enfin, qui sont les combattants qui ont fait de ce parti un élément incontournable de la crise libanaise ?
07:40 "Longue vie !"
07:42 Malgré une domination aérienne sans partage et des bombardements massifs,
07:53 l'armée israélienne a perdu plusieurs dizaines de chars pendant la dernière guerre sous le feu de missiles modernes et efficaces,
08:00 comme nous le montrent ces images tournées par des combattants du Hezbollah.
08:05 Le combat de Hezbollah
08:09 Pour rencontrer les hommes qui se dissimulent derrière cette force de frappe, nous avons pris le chemin du sud.
08:19 Haït el-Chab, un village chiite de 5 000 habitants collés à la frontière, a subi les premiers assauts de l'aviation et des blindés israéliens.
08:28 3 000 soldats d'élite sont entrés au sud Liban, à la hauteur d'Haït el-Chab.
08:34 La guérilla a combattu ici à 1 contre 10.
08:38 33 jours de bombardement et de corps à corps.
08:41 L'armée israélienne n'a jamais pu pénétrer dans le village.
08:45 Cet homme est un combattant. Il a pris part à la bataille.
08:53 Fait prisonnier lors d'une opération commando dans les années 80, il a passé 13 ans dans les prisons israéliennes et préfère nous parler de dos.
09:02 Il y a eu des combats très violents durant lesquels des chars et des bulldozers ont été détruits.
09:08 Et ensuite l'ennemi s'est retiré immédiatement.
09:12 Par exemple, deux chars sont montés jusque là avec deux bulldozers.
09:22 Ils ont construit ces talus de terre.
09:28 Ils étaient là depuis deux ou trois heures quand un résistant s'est approché avec un lance-missile et il a fait exposer un char et un bulldozer.
09:36 Les autres se sont retirés immédiatement.
09:40 La résistance a ensuite freiné l'avancée des troupes israéliennes en leur infligeant plusieurs frappes.
09:49 Incapable de prendre position dans les villages, l'armée israélienne aura encore plus de mal à empêcher les tirs de missiles sur son territoire et à saisir les stocks de roquettes.
09:59 Des roquettes de courte portée comme les Katyusha et des missiles de moyenne portée capables d'atteindre Haïfa et Tel Aviv.
10:07 Haïtel Shab a perdu 30 combattants depuis l'invasion israélienne du sud Liban en 1982.
10:17 Ceux de l'été dernier, une douzaine, le chiffre peut surprendre compte tenu de la violence des combats, sont enterrés ici dans un cimetière tout neuf.
10:26 Parmi les derniers martyrs de Haïtel Shab, il y a deux grands chefs.
10:34 Deux d'entre eux étaient de grands commandants de la résistance.
10:40 À Kiam, à 40 kilomètres au nord, un village aussi durement touché qu'Haïtel Shab, le Hezbollah dit n'avoir perdu que deux combattants.
10:49 Leurs effigies dominent la place du village.
10:52 C'était quelqu'un de très croyant. Il me disait "nous devons combattre l'ennemi pour atteindre notre objectif, pour la victoire".
11:09 Je suis heureuse qu'il soit parti en martyr, heureuse de cet acte de foi.
11:15 Je suis un peu triste aussi bien sûr, mais plus heureuse que triste.
11:21 L'épouse d'un martyr, sa soeur, sa mère, sa famille, savent qu'il est du Hezbollah.
11:32 Mais ils ne savent pas quel est son rôle dans le mouvement.
11:35 Cela doit être préservé pour des raisons de sécurité et dans l'intérêt de la résistance.
11:40 Cela doit demeurer secret. Même les Israéliens n'ont pas réussi à connaître ces secrets.
11:45 Cela fait partie des éléments qui ont aidé à la victoire.
11:48 La plupart des combattants d'Haïtel Shab, ceux qui constituent les unités locales, n'ont pas quitté leur village.
11:58 On les retrouve à la mosquée pour la prière du soir, nous affirme Nogid.
12:02 Très jeunes pour la plupart.
12:05 Les troupes d'élite, spécialisées dans le maniement des fusées et missiles, ont en général regagné leurs bases arrières.
12:12 Depuis un an, les troupes de l'ONU, qui patrouillent sans cesse sur la frontière israélienne,
12:23 et l'armée libanaise qui contrôle les routes du sud-liban,
12:27 n'ont pas trouvé la moindre trace des stocks d'armes utilisés par le Hezbollah pendant la guerre.
12:32 Ces armes que le Hezbollah montrait tous les jours sur la télévision al-Manar, avant le début des hostilités.
12:47 25 000 roquettes de type Grad, vulgairement appelées "Katyusha",
12:52 des missiles sols-sols pouvant atteindre 150 km d'origine iranienne et chinoise,
12:57 et une panoplie très variée d'armes anti-tank de technologies russes et françaises.
13:02 Ce sont les gardiens de la révolution iranienne qui ont entraîné les combattants du Hezbollah au service de ces armes sophistiquées.
13:18 Dans la banlieue sud de Beyrouth, les portraits des martyrs de la guerre de l'été dernier occupent des avenues entières.
13:24 200 selon Hezbollah, 600 selon Israël.
13:27 Beaucoup de ces hommes venaient de la capitale, voire de villages du nord,
13:31 où la présence militaire du Hezbollah était inconnue avant la guerre.
13:35 Autant que le patriotisme, une fois sans faille, les motivait.
13:45 L'ayatollah Fadlallah est le leader spirituel des chiites libanais.
13:50 Il ne reconnaît pas, contrairement à Hassan Nasrallah, le leadership religieux des ayatollahs iraniens.
13:56 Pourtant, de nombreux militants du Hezbollah et même des dirigeants du parti, comme ici au deuxième rang,
14:04 suivent son prêche chaque vendredi.
14:07 Fadlallah a toujours légitimé la résistance à Israël.
14:13 Le prêche de l'ayatollah, comme celui de nombreux mollahs chiites,
14:17 lie religion, foi et politique.
14:20 L'islam chiite, réprimé pendant des siècles par les musulmans sunnites,
14:25 a souvent exprimé cette profonde dimension politique.
14:29 Parlons de l'Amérique.
14:37 L'occupation américaine de l'Irak entre dans sa cinquième année.
14:43 Il se livre aujourd'hui à une féroce critique de la politique américaine dans la région
14:49 et de l'occupation de la Palestine par l'armée israélienne.
14:53 Sa dénonciation se fonde autant sur les valeurs de l'islam que sur des principes politiques.
15:00 Salawat ala Mohamed et sa famille.
15:04 Ce court métrage de propagande dédié par Al Manar aux martyrs de la dernière guerre
15:22 aide à comprendre ce qui fait la force des combattants du Hezbollah.
15:26 Ces hommes sont tombés en juillet dernier.
15:29 Filmés ici à l'entraînement avant la guerre,
15:32 ils interrompent leurs exercices militaires pour prier et se mettre sous la protection du Coran.
15:38 "La Marseillaise"
16:03 Août 2006. Nasrallah fête la victoire devant un million de personnes.
16:08 Mais le coup de la bataille est pour le Hezbollah plus important qu'il n'y paraît.
16:13 La force de l'ONU, la FINUL, a stratégiquement installé ses bases entre les villages du sud tenus par le Hezbollah.
16:27 Près de 14 000 soldats, dont trois gros contingents espagnols, français et italiens,
16:32 quadrillent un territoire grand comme le tiers d'un département français.
16:36 L'armée libanaise, elle, avec 15 000 hommes, contrôle tous les accès aux bastions du Hezbollah.
16:45 La FINUL et les Américains travaillent en outre à la modernisation de cette armée
16:50 qui renforcera sa présence au sud-liban dans les prochaines années.
16:54 Jour et nuit, les soldats de l'ONU patrouillent pour éviter les provocations sur la frontière.
17:01 Ils y maintiennent un calme relatif.
17:04 Le Hezbollah manifeste souvent devant ses grilles
17:07 et depuis leur bunker planté sur la ligne frontière,
17:10 les Israéliens ont à plusieurs reprises tiré en direction du territoire libanais,
17:15 voire même franchi la ligne pour arrêter des Libanais suspects.
17:19 La FINUL démine aussi les champs sur lesquels Israël a déversé des centaines de milliers de bombes à fragmentation.
17:30 Le bataillon espagnol de l'ONU a recensé les munitions utilisées pendant la bataille,
17:35 dont des restes de roquettes iraniennes et chinoises utilisées par le Hezbollah.
17:39 Sur dénonciation des habitants du voisinage, il a même découvert un petit arsenal de munitions.
17:45 Rien de bien significatif, la FINUL n'a pas pour mission de désarmer le Hezbollah,
17:50 mais par sa présence, elle lui lie les mains et l'empêche de se déplacer comme il le faisait avant la guerre.
17:58 Comme le montrent ces films de propagande, le Hezbollah contrôlait alors totalement le territoire au sud du fleuve Litani,
18:05 où il maintenait des positions militaires à la frontière au vu de tous.
18:10 Il a dû les abandonner et les remettre à l'armée libanaise.
18:14 Ce Hezbollah, sous haute surveillance, est-il en condition de reprendre les armes au sud de Liban ?
18:25 A Qiyam, autre bourgade ayant férocement résisté aux israéliens, aucune présence visible de combattants.
18:33 Le village est calme et la reconstruction va son train.
18:38 Le maire de la ville et son adjoint nous reçoivent, ils ne font pas partie de l'appareil militaire du Hezbollah,
18:48 mais en savent assez pour nous rassurer.
18:51 Si une colonne de blindés israéliens arrive dans la plaine demain, vous pouvez ressortir toutes les armes ?
19:00 Oui, exactement.
19:02 C'est encore ici ?
19:03 Oui.
19:04 Oui, oui.
19:07 Expliquez un peu, sans faire de révélations mystères.
19:11 Ça c'est du domaine militaire, c'est du domaine militaire.
19:15 Ce qui était caché avant la guerre et que l'on a pu voir pendant la guerre a de nouveau été dissimulé après la guerre.
19:22 Notre position est la suivante, tant que l'armée libanaise est capable de gérer le problème, nous n'intervenons pas.
19:28 Mais si l'armée libanaise et la finule ne parviennent pas à le résoudre, alors la résistance entre en action.
19:34 La mairie de Qiyam avait construit un musée pour les israéliens,
19:40 dans les installations de cet ancien hôpital souterrain, construit par les alliés durant la seconde guerre mondiale.
19:46 Soupçonné par Israël d'habiter une base de la guerre IA, il a été sévèrement bombardé.
19:51 Les journalistes libanais ayant visité les installations du Hezbollah avant la guerre,
19:57 affirment qu'ils disposaient d'un impressionnant réseau de bases souterraines.
20:01 Ce réseau de tunnels était un des plus grands entreprises de la guerre.
20:06 Il a été construit pour les combats, et pour les combats, il a été construit pour les combats.
20:11 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:14 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:17 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:20 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:23 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:26 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:29 Il a été construit pour les combats, et pour les combats.
20:32 Après la réoccupation du sud-liban par Israël, le Hezbollah se lance dans la résistance armée.
20:38 Pendant des années, il va attaquer les positions de l'armée du Liban sud, majoritairement chrétienne, alliée d'Israël.
20:46 Plusieurs tomberont ainsi entre ses mains.
20:49 Sur la frontière, il harcèle aussi les convois de blindés israéliens.
21:00 L'armée israélienne se retire finalement en 2000.
21:03 L'armée du sud-liban se décompose.
21:09 Pendant plusieurs jours, juchées sur les blindés récupérés à l'adversaire,
21:16 les commandos du Hezbollah paraderont du sud-liban à Beyrouth.
21:20 L'allié s'éclate dans tout le pays.
21:30 "Nous sommes les soldats, nous sommes les soldats, nous sommes les soldats, nous sommes les soldats, nous sommes les soldats, nous sommes les soldats, nous sommes les soldats"
21:38 Nasrallah célébrera la victoire dans un village du sud.
21:42 Parce qu'il est le parti de la résistance, et seulement pour cela,
21:46 le Hezbollah gagne alors le soutien de larges secteurs de la société, sunnites et chrétiens, voire druses,
21:52 pourtant très éloignés de son idéologie islamique.
21:55 Un autre facteur lui attire la sympathie.
21:58 Il n'a exercé aucune représailles sur les milliers de collaborateurs de l'armée du sud-liban, en particulier les chrétiens.
22:06 Le président de l'époque, Emile Laoud, lui aussi chrétien, reçoit Nasrallah comme un héros national.
22:16 Pendant ces années de guerre, une grande complicité s'est nouée autour de l'idée de résistance entre le Hezbollah
22:27 les laïcs de gauche, les communistes et les nationalistes arabes, chrétiens ou musulmans.
22:33 Le 4 mars dernier, les funérailles d'un éditorialiste de gauche prestigieux,
22:40 le rédacteur en chef du journal Al Arbar, qui soutient l'opposition au gouvernement, nous ont permis d'en prendre conscience.
22:48 Face au cercueil de Joseph Samaha, un grec orthodoxe,
22:52 se recueillent ensemble le secrétaire général du parti communiste et un membre du conseil politique du Hezbollah,
22:58 directeur de l'information de la télévision al-Manar.
23:01 Devant eux, le numéro 2 du parti chrétien maronite, du général Aoun.
23:09 Plus loin, un ancien membre du bureau politique des phalanges chrétiennes.
23:18 A l'heure des condoléances, Mohamed Afif, très proche de Hassan Nasrallah,
23:22 tombe dans les bras du directeur très laïc d'un grand quotidien.
23:26 Pour moi Hezbollah c'est la résistance.
23:34 Il n'y a pas de contradiction entre être libanais et chrétien et résister à Israël.
23:40 C'est une complémentarité qui doit être dans chaque Libanais à mon sens.
23:46 Il ne faut pas regarder Hezbollah en tant que mouvement chiite,
23:50 il faut regarder Hezbollah en tant que Libanais, en tant que mouvement de résistance contre Israël.
23:59 Maintenant que la politique régionale de certains régimes,
24:03 ou la politique américaine, veuillent diaboliser Hezbollah à l'intérieur du pays ou dans le monde,
24:10 c'est leur politique, mais ce n'est ni la vérité ni notre conviction.
24:16 Officiellement, le parti de Dieu a toujours nié la légitimité de l'État hébreu.
24:22 Pendant des années, avant 2006, la télévision d'Hezbollah a montré ces combattants
24:27 manœuvrant à la frontière d'Israël et menaçant de libérer bientôt Jérusalem.
24:32 Elle a souvent offert aux Libanais les images terribles des soldats israéliens tombés dans ces embuscades.
24:40 Mais après la guerre de l'été dernier, le déploiement de la finule et de l'armée libanaise sur la frontière sud
24:46 rendent à terme moins probable une nouvelle invasion israélienne
24:50 et la position d'Hezbollah sur le conflit israélo-palestinien semble avoir légèrement évolué.
24:56 L'idée de deux États est une idée de deux pays,
25:04 jusqu'à présent, elle est un échec.
25:07 Créer un État palestinien à côté d'Israël signifie l'écrasement de cet État.
25:12 La solution serait la création d'un seul État,
25:16 un seul État dans lequel coexisteraient musulmans, juifs et chrétiens.
25:21 Un État démocratique, pluraliste et multiculturel.
25:26 Si le Hamas, dans un an, deux ans, trois ans, reconnaît officiellement l'État d'Israël,
25:32 est-ce que le Hezbollah reconnaîtra aussi l'État d'Israël ?
25:36 Pas nécessairement. Cela ne m'oblige en rien à reconnaître l'État d'Israël.
25:41 Mais je n'ai pas à décider pour les palestiniens.
25:44 Je ne leur dis pas "Vous devez les expulser, vous devez les tuer, vous devez les jeter à la mer".
25:48 Je dis simplement qu'on doit reconnaître l'État d'Israël.
25:52 Je ne leur dis pas "Vous devez les expulser, vous devez les tuer, vous devez les jeter à la mer".
25:56 Je dis simplement qu'on doit rendre leur bien à leur détenteur légitime.
26:00 Mais quoi qu'il arrive, nous respecterons le choix du peuple palestinien
26:04 et la volonté du peuple palestinien, quel que soit son choix et sa volonté.
26:09 Le Hezbollah s'est aussi gagné une place de parti politique à part entière
26:21 et a finalement renoncé à son projet de société islamique.
26:25 Influencé par la révolution iranienne de 1979, jusqu'en 1990,
26:31 le Hezbollah prône l'instauration d'une république islamique
26:34 et ne reconnaît pas l'État libanais considéré comme illégitime.
26:38 Mais au terme de longs débats internes, notamment sous l'impulsion de Hassan Nasrallah,
26:45 il prend en 1992 la décision de participer aux élections.
26:49 Dès lors, pour les Libanais, l'image du Hezbollah change.
26:53 De religieuse et guerrière, elle évolue vers une image plus politique.
26:57 Les écoles du Hezbollah offrent une image claire de ce caractère très contrasté du parti de Dieu.
27:09 Les douze écoles primaires et secondaires qu'il a construites dans tout le pays
27:14 sont ouvertes à toutes les communautés et quelques sunnites ou laïques y amènent leurs enfants.
27:19 Pourtant, dès l'entrée, les portraits des ayatollahs chiites, iraniens,
27:30 Khomeini et Kamenei, son successeur, nous accueillent.
27:34 Le directeur de l'établissement et Leila, notre guide,
27:38 nous reçoivent sous l'effigie de Rouhola Khomeini.
27:43 Partout dans les couloirs est clairement affiché que les références religieuses du Hezbollah
27:48 sont bien les guides de la révolution islamique iranienne.
27:52 Sur tout ce qui touche à l'application de la loi coranique dans la vie quotidienne,
27:59 le clergé sympathisant du parti de Dieu applique les recommandations de l'ayatollah Kamenei.
28:06 Leila, professeur de français, notre guide,
28:09 ne nous cache pas non plus que cette école est une école très engagée.
28:13 A l'occasion des anniversaires des grandes dates de la résistance et de la lutte contre Israël,
28:18 l'école organise des expositions de photos et de dessins rappelant le sacrifice des Israéliens.
28:24 Ils ont par exemple construit cette maquette de Roquette Katyusha.
28:28 Ce sont les élèves qui ont fait cela. Bien sûr c'est en relation avec la guerre.
28:33 Vous voyez ce sont les missiles.
28:35 Pour eux, vraiment, croyez-moi, c'est leur vie.
28:41 Chaque dix élèves, on a un élève. Son père est un martyr, son oncle, son frère, sa mère peut-être.
28:47 Et alors c'est leur vie.
28:48 Même ceux qui n'ont pas des cousins, des amis, des amis de la famille,
28:53 des amis que les Israéliens ont tués, alors ils savent cela.
28:58 Bonjour, merci d'être venu.
29:00 C'est ma classe, c'est une classe de WC.
29:03 Ils ont à peu près 12 à 13 ans.
29:06 Levez le doigt ceux qui ont un membre de la famille qui est mort au combat.
29:12 Tous.
29:18 Vous leur donnez des cours d'histoire de la résistance ?
29:22 Ah non, des cours non, mais ils vivent cela.
29:25 Bonjour tout petit.
29:30 Bonjour, soyez bienvenue.
29:32 On dit bonjour tous ensemble ?
29:36 Mais cette école très militante réserve quelques surprises en matière de programme et de pédagogie.
29:42 On n'a pas une éducation spécifique pour nos écoles.
29:45 Non, nous suivons l'éducation générale de l'État.
29:49 Ah, expliquez-moi ça.
29:51 Alors par exemple pour les livres d'histoire, la géographie,
29:54 même les livres de français sont de la France.
29:57 Nos livres arabes, c'est une série utilisée dans plusieurs autres écoles
30:01 qui n'ont pas de relation avec Hezbollah.
30:04 Vous avez des cours de l'éducation ?
30:06 Oui, on a des cours de l'éducation.
30:08 On a une séance par semaine où les élèves apprennent la religion islamique.
30:12 Dans les écoles publiques, ils ont une séance de religion ici au Liban.
30:16 Ce n'est pas simplement en relation avec les écoles islamiques.
30:19 Et encore pour les écoles chrétiennes, ils ont une séance de religion.
30:24 C'est normal au Liban.
30:26 Les écoles du Hezbollah se plient au programme état.
30:30 Ils ont des cours de religion, des cours de l'éducation,
30:33 des cours de la religion, des cours de la religion.
30:36 Les écoles du Hezbollah se plient au programme établi par l'éducation nationale libanaise
30:41 et par bien des côtés, les techniques pédagogiques utilisées
30:44 font penser à n'importe quelle école occidentale.
30:47 Au centre-ville, au cœur de la Beyrouth moderne et cosmopolite,
31:01 la rédaction Dalarbar, le grand journal d'opposition au gouvernement Sinyora,
31:05 fondé après la dernière guerre par le défunt Joseph Samar,
31:09 est un bon exemple des étonnantes convergences qui se font jour dans le Liban d'aujourd'hui.
31:14 Véritable mosaïque de courants politiques et melting pot des différentes communautés,
31:21 Dalarbar tente de prouver que les alliances politiques doivent désormais
31:26 se construire sur des idées et non pas des crédos religieux.
31:30 On a une rédaction très variée, d'abord de majorité féminine.
31:37 Vous venez d'une famille chiite, vous êtes très religieuse, pas très religieuse ?
31:41 Pas du tout.
31:43 Maha est aussi chiite mais religieuse, laïque comme sa voisine mais sympathisante du Hezbollah.
31:49 Wafa et Rula, respectivement sunnites et chrétiennes maronites, affichent des opinions de gauche.
31:59 Hassan milite à temps perdu au courant patriotique libre du chrétien Michel Aoun.
32:05 C'est quand même un journal qui reflète la sensibilité de l'opposition, même s'il est tout près à la critiquer.
32:12 Il y a un grand dénominateur commun qui est, un, l'opposition au projet américain israélien,
32:21 deux, on est pro-Hezbollah dans un sens politique, militant, résistant.
32:29 Les sympathisants les plus farouches du Hezbollah ici ne sont pas chiites.
32:32 C'est-à-dire moi et mes 4 ou 5 collègues qui ne jurent que par Hassan Nasrallah, c'est des chrétiens.
32:37 Jamais dans nos pages vous ne verrez la promotion d'une société islamique, au contraire.
32:43 Plusieurs journalistes militants du Hezbollah sont intégrés dans la rédaction,
32:49 comme cet ancien prisonnier d'Israël converti au journalisme après sa libération.
32:54 Parlant hébreu, il est chargé de suivre la politique israélienne sur Internet.
32:59 Amal Nasr est journaliste au service politique.
33:04 Pensez-vous que cette société sera un jour une société islamique ?
33:11 Non, non, ce n'est pas possible.
33:13 Pas possible car nous avons différentes religions et chacun a le droit de vivre conformément à sa croyance.
33:20 C'est un mélange de religions.
33:24 Une société islamique n'est pas possible.
33:27 Si nous étions dans un pays d'islam, et si l'écrasante majorité de ses habitants étaient musulmanes,
33:36 nous aurions sans doute oeuvré pour une république islamique.
33:41 Mais au Liban, en raison de son pluralisme et de sa diversité communautaire et religieuse,
33:46 du fait qu'il y a aussi ici des musulmans qui ne souhaitent pas un Etat islamique,
33:51 il est tout à fait normal qu'en raison de ces spécificités, nous préconisions une autre voie.
33:57 Celle d'une république populaire, issue d'élections, basée sur un consensus
34:03 qui essaiera de réaliser le plus de justice et d'égalité, qui sont les valeurs que défend l'islam.
34:10 Ce sont les objectifs que regarde l'islam.
34:12 Le Liban
34:17 Les chrétiens du Liban représentent 30% de la population, un monde aux antipodes du monde chiite.
34:24 C'est pourtant là que Nasrallah a trouvé ses principaux alliés du moment,
34:29 les chrétiens maronites du courant patriotique libre, et en particulier sa jeunesse, très occidentalisée.
34:38 Comme le Hezbollah, ils affichent un patriotisme exacerbé, mais curieusement,
34:43 la fierté de ce mouvement, c'est d'avoir résisté dans les années 1990 à l'occupation syrienne du Liban,
34:50 quand le Hezbollah, allié de Damas, luttait alors contre Israël.
34:54 Le général Aoun, exilé en France pendant 16 ans par les Syriens,
34:59 a passé un accord avec le parti de Dieu, qui pourra garder ses armes,
35:03 jusqu'à la restitution des quelques kilomètres carrés de terre que l'état hébreu occupe encore à la frontière sud.
35:10 En échange, le Hezbollah participera avec lui à un gouvernement national,
35:15 qui prendra ses distances avec Damas, et s'engagera sur la voie de la construction d'un état pluraliste.
35:22 Ils reconnaissent le droit à la différence, il faut les voir dans leur milieu.
35:29 Il y a des chiites qui ne sont pas, beaucoup de chiites qui ne sont pas du Hezbollah,
35:33 qui ne partagent pas leur opinion.
35:35 Donc du fait qu'ils reconnaissent le droit à la différence, nous, nous devons reconnaître leur droit.
35:40 Les partisans de Michel Aoun sont marqués par les souvenirs des massacres intercommunautaires de la guerre civile de 1975 à 1989.
35:53 Les chiites en général, et le Hezbollah en particulier, ne les ont alors jamais pris pour cibles.
36:00 Ils sont aussi là des affairistes de toute croyance au pouvoir depuis l'arrivée de Rafi Kariri au poste de Premier ministre en 1992.
36:09 Malgré d'énormes différences culturelles, le Hezbollah semble leur inspirer confiance.
36:15 Tu penses qu'ils ne sont pas corrompus ?
36:17 Corrompus au niveau du pays ? Non, ils ne sont pas corrompus.
36:21 Ce qui me prouve que le Hezbollah est fluent et honnête, c'est qu'ils n'ont jamais fait partie d'un gouvernement jusqu'en 2005.
36:29 Tous les gouvernements, depuis 1990 jusqu'en 2005, ils ont appauvri le peuple, volé l'argent du peuple.
36:35 C'est pour ça qu'on a confiance en eux.
36:37 Ils sont honnêtes. Ils sont très honnêtes.
36:40 Nous, on est une famille chrétienne et pratiquante.
36:47 Donc, dans notre maison, on a mis un petit hôtel.
36:51 Vous êtes sûr que le Hezbollah ne veut pas créer une république islamique ?
36:59 On est sûr qu'il n'y a pas de fanatisme.
37:01 Ils sont très religieux, on ne peut pas le nier, mais ils ne sont pas fanatiques.
37:06 Être attaché à sa religion, on ne veut pas dire être fanatique.
37:11 Je suis attaché à la chrétienté, mais je ne suis pas fanatique.
37:14 En l'absence d'infrastructures publiques en matière de santé, les islamistes ont pris le relais de l'État, se gagnant d'autres sympathies.
37:26 La banlieue sud de Beyrouth compte deux grands hôpitaux privés, construits par des associations caritatives chiites.
37:33 Celui-ci est l'œuvre de l'Association des Martyrs du Hezbollah.
37:37 Cet hôpital de toute première classe soigne gratuitement les familles des combattants morts au combat et offre des tarifs préférentiels aux travailleurs des institutions du parti.
37:48 Il est doté des équipements les plus modernes, servis par des spécialistes souvent formés en Europe,
37:54 et soigne aussi, à plein tarif, des clients venus de tous horizons, voire de riches clients venus de l'étranger.
38:00 L'hôpital Al-Rasoul est devenu une très bonne affaire.
38:05 "La petite, ça s'appelle quoi ? Je porte le voile, mais cela ne veut pas dire que je suis du Hezbollah, c'est seulement par conviction religieuse.
38:16 Il y a ici des gens de toute confession, des chrétiens, des sunnites, des druzes, mais on ne connaît pas leur croyance."
38:22 Dans les services, on croise parfois des malades appartenant à l'armée ou aux forces de sécurité, dépendant d'un gouvernement pourtant peu suspect de sympathie pour le Hezbollah.
38:34 A l'origine, l'hôpital a été construit pour soigner les guerrilleros blessés et les familles de combattants morts à la guerre.
38:48 Cet homme est le père de l'Inde.
38:51 "Je rends grâce à Dieu pour mon Etat et à Hassan Nasrallah sans qui aujourd'hui il n'y aurait plus de Liban."
39:00 "D'un point de vue médical, les familles de martyrs sont sous notre responsabilité.
39:08 Quelle que soit la maladie dont ils se plaignent, ils viennent à l'hôpital et nous devons prendre en charge à 100% leur traitement.
39:17 Qu'il s'agisse de chirurgie ou d'une consultation médicale, quels que soient leurs besoins, nous devons y subvenir et comme ce sont des familles de martyrs, le traitement est gratuit."
39:29 1200 martyrs sont officiellement reconnus par le Hezbollah depuis 1982, auxquels il faut rajouter les 200 victimes de la dernière guerre.
39:40 "Au début de l'hôpital, l'association des martyrs d'Iran a aidé notre association des martyrs ici au Liban.
39:49 Après quoi notre association a été aidée par des gens qui font la charité au Liban de partout dans le monde.
39:56 Nous recevons des dons du Golfe ou d'Afrique de partout."
40:01 "Bonjour"
40:03 "Les gens du Hezbollah ne sont pas des chiites comme les autres.
40:21 Ce sont des partisans de l'ayatollah iranien Kamenay, leur référence.
40:27 Cela veut dire qu'il peut leur donner des ordres, non seulement en matière religieuse, mais aussi en matière politique.
40:34 C'est nous qui décidons de ce que nous faisons, quand nous combattons ou non, si nous devons entrer au gouvernement ou au parlement,
40:42 avec qui nous formons une coalition, avec qui nous devons rompre ou non, si nous devons négocier et accepter un compromis."
40:49 "Il peut arriver que publiquement, le Hezbollah et le gouvernement de M. Ahmadinejad manifestent des points de vue différents sur les confirmés régionaux par exemple."
41:01 "Absolument. La République islamique d'Iran est un état avec ses intérêts régionaux.
41:07 Elle peut entrer en conflit avec des états voisins.
41:10 Sommes-nous obligés d'entrer en conflit avec ces mêmes états ? Nous ne sommes pas obligés."
41:18 La reconstruction donne l'occasion d'analyser cette relation en particulier sur le plan financier.
41:25 14 pays arabes, le Qatar en tête, ont offert un peu plus d'un milliard de dollars pour la reconstruction des villages du sud les plus bombardés et de la banlieue chiite de la capitale.
41:37 La somme ne suffit pas pour remettre sur pied les 90 000 logements totalement ou partiellement détruits.
41:44 Le Hezbollah apporte donc la différence sur ses fonds propres.
41:48 La plupart de ces fonds viennent d'Iran.
41:51 Bilal Naim est membre du conseil exécutif du Hezbollah chargé de superviser la reconstruction.
42:08 "S'agissant de l'argent qui parvient directement au Hezbollah, il nous arrive dans le cadre d'une disposition particulière de la loi coranique, que nous appelons le Homs dans la communauté chiite.
42:19 Chaque croyant et chaque croyante chiite doit s'acquitter d'un cinquième de ses revenus annuels, ses sommes étant investies dans des opérations humanitaires.
42:29 Dans la situation actuelle, la direction religieuse des chiites, représentée par l'ayatollah Kamenei, non pas en tant que chef d'état iranien mais comme leader des chiites à travers le monde,
42:37 a réservé une grande partie de l'argent que les croyants lui donnent pour la reconstruction du Liban.
42:50 Le Jihad El-Binah, l'institution du Hezbollah chargée de la reconstruction, a été inscrit par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes au même titre que le parti de Dieu.
43:02 Ses relations avec un pays présenté comme l'incarnation du mal pèsent sur son image en Occident.
43:08 Est-ce que ça gêne le Hezbollah que l'on dise en Europe ou en Amérique que l'Iran donne aussi de l'argent pour l'armement du Hezbollah ?
43:18 Que ce soit l'ayatollah Kamenei en Iran ou les pouvoirs qui financent le Hezbollah, qu'ils soient arabes ou non,
43:26 tous savent que le Hezbollah possède des armes, que c'est un mouvement de résistance et qu'il peut utiliser ses fonds pour acheter des armes.
43:34 Le Hezbollah a toujours dit qu'il était un mouvement de résistance et que ses armes servaient pour la défense du Liban contre les agressions israéliennes que nous subissons et celles auxquelles il faut s'attendre à l'avenir.
43:45 Cela ne pose donc pas de problème aux amis du Hezbollah de le financer, y compris quand cet argent est utilisé pour se procurer des armes, ils le savent, destinées à la résistance.
43:54 Le qualificatif de terroriste colle toujours à la peau du Hezbollah malgré 25 ans de résistance militaire et 15 ans d'activité politique.
44:11 Tout le monde parle du terrorisme du Hezbollah. Je n'ai jamais noté un acte de terrorisme en Europe qui a été monté par Hezbollah ou bien en Amérique.
44:20 Je ne peux pas admettre qu'un acte de résistance contre Israël dans un territoire libanais occupé soit noté comme étant un acte terroriste.
44:32 Les attaques suicides menées entre 1982 et 1984 contre l'ambassade des Etats-Unis et des installations militaires israéliennes, françaises et américaines ont été réalisées par des combattants dont la mémoire est depuis vénérée par le Hezbollah, bien que le parti n'ait pas formellement existé à l'époque.
44:53 Je pense que le Hezbollah a joué un rôle majeur dans la question en tout cas des otages et dans les deux opérations qui a eu contre des positions américaines et françaises à la fin des années 82, 83.
45:10 Les prises d'otages des années 1986 à 1988 ont elles été revendiquées par le djihad islamique.
45:18 Des cadres du Hezbollah acceptent aujourd'hui l'idée que les auteurs des enlèvements aient eu des liens avec la structure militaire de leur parti.
45:26 On sait en tout cas que la libération des otages a été négociée entre Paris et Téhéran.
45:32 Malgré ces soupçons, les adversaires libanais du Hezbollah hésitent à condamner le parti de Dieu.
45:39 Il faut resituer le problème dans son contexte, pas du tout pour justifier ni ces attentats ni les enlèvements, mais c'est dire par rapport à nous en tant que Libanais, c'est une page de notre histoire que nous avons tournée en disant tout ça c'est des actes de guerre.
45:57 Et il n'est pas question aujourd'hui pour nous de juger le Hezbollah, parce que c'est en gros une guerre civile, et dans un de ses aspects cette guerre était une guerre civile.
46:09 Et donc s'il faut aujourd'hui juger, il va falloir juger tout le monde. Et ce parti a beaucoup évolué depuis. Donc si vous voulez à ses origines, ce parti était beaucoup plus violent qu'il ne l'est aujourd'hui.
46:33 La quasi-totalité des immeubles qui abritaient l'état-major du Hezbollah dans le sud de Beyrouth ont été détruits l'année dernière.
46:41 Alors que nous accompagnons une équipe d'almanachs qui fait le point sur la reconstruction, nous nous rendons compte que le quartier est très surveillé.
47:02 Deux agents de sécurité en civil se rapprochent coup sur coup de notre confrère pour lui demander ce qu'une équipe de télévision étrangère fait là.
47:10 Il doit leur expliquer que nous sommes autorisés à filmer dans ce quartier.
47:15 Nous constatons aussi qu'à la différence d'autres quartiers de la banlieue sud, cette zone dite sécuritaire est surveillée par des volontaires du parti en uniforme, attentifs au moindre mouvement d'une présence étrangère.
47:29 Le Hezbollah affirme que les services de renseignement israéliens sont présents dans Beyrouth et souhaitent en savoir plus sur les techniques de reconstruction des immeubles qui abriteront demain les nouveaux bureaux du parti de Dieu.
47:42 Il ne reste qu'un sigle de l'ancien siège d'almanach.
47:50 L'immeuble de la télévision occupait ce trou, détruit dès les premiers jours de la guerre. La chaîne a pourtant continué à diffuser pendant toute la durée du conflit.
47:59 Almanach avait un autre studio, secret. Il était prêt à fonctionner. Nous savions que Almanach était une cible pour les avions israéliens.
48:15 Pendant la guerre, je travaillais au centre-ville. J'avais un ordinateur et je savais comment monter le sujet. Je couvrais un événement, je montais mon reportage et j'envoyais la cassette à travers une tierce personne qui la portait au studio.
48:32 Aujourd'hui, logiquement, il devrait exister un plan semblable en cas d'une guerre. Toujours possible.
48:43 Nous ne serons pas autorisés à filmer la façade de ce nouvel immeuble de la chaîne.
48:47 Ici, l'installation de la régie et des studios n'est pas encore totalement terminée. Mohamed Afif, le directeur, ne nous cèdera aucune information sur les plans de défense d'Almanach.
48:59 Vous croyez qu'Israël sait en ce moment où se trouvent vos studios ?
49:05 Ni eux, ni vous. Je ne suis pas autorisé à vous dire ce que je sais car c'est la guerre.
49:12 La conférence de rédaction se déroule dans les sous-sols de l'immeuble. Mohamed Afif, l'ancien conseiller en communication de Nasrallah, la dirige. Il y expose la ligne éditoriale à suivre, mais les débats avec ses collaborateurs sont parfois vifs.
49:36 Le contenu des journaux et de la programmation d'Almanach depuis la dernière guerre évolue vers plus de pluralisme car le Hezbollah s'engage dans la bataille politique libanaise avec de nouveaux alliés.
49:47 Leila Mazbouti est rédactrice en chef. D'origine sunnite, elle a vécu longtemps en France avant de rejoindre le Liban et de se convertir au chiisme le plus religieux.
50:03 Elle juge aujourd'hui sa chaîne plus professionnelle qu'islamiste et militante.
50:07 Elle nous rappelle d'abord qu'accusée d'antisémitisme par Israël et la France à la suite de la diffusion d'un feuilleton syrien, Almanach l'a déprogrammée après avoir reconnu son caractère raciste.
50:23 Elle insiste ensuite sur la grande diversité des invités des programmes politiques de la chaîne, membres de la majorité gouvernementale ou alliés critiques du Hezbollah et le respect de l'équilibre dans les journaux télévisés.
50:35 Comment à la fois défendre la ligne du Hezbollah et être pluraliste ?
50:41 Mais il n'y a pas de contradiction. Pourquoi pas ? C'est pas parce qu'on défend la ligne du Hezbollah qu'il ne faut pas être objectif, qu'il ne faut pas voir la réalité telle qu'elle.
50:49 Par exemple, nous, le Hezbollah c'est un parti qui soutient profondément, qui soutient en force l'intifada, qui a soutenu l'intifada, qui soutient la cause palestinienne.
50:58 Mais nous avons des programmes qui reflètent les prises de position dans la presse israélienne.
51:03 Ça veut dire que ce n'est pas parce que nous soutenons le peuple palestinien que nous n'allons pas refléter le point de vue israélien.
51:09 Almanach est la chaîne la plus regardée au Liban, selon le Dimat. Surtout au niveau de l'info.
51:19 Elle est devenue la station de toute l'opposition.
51:22 Une opposition qui est un cocktail de tous nos partenaires, de toutes les régions et de toutes les tendances politiques et confessionnelles.
51:31 Malgré cette ouverture, Almanach reste encore une chaîne très religieuse.
51:37 Et la majorité des Libanais voit toujours en elle la chaîne du Hezbollah.
51:46 Un an après la guerre de juillet 2006, le Liban doit faire face à deux évidences.
51:51 Le poids du parti de Dieu dans la société libanaise et la profonde division du pays en deux camps.
51:57 Les tensions sont vives et l'armée campe à chaque carrefour de Beyrouth.
52:02 Seul un accord entre le gouvernement, soutenu par la France et les États-Unis, et l'opposition emmenée par le Hezbollah,
52:09 un parti controversé mais incontournable, peut éviter de nouveaux affrontements, voire la relance de la guerre civile.
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